3.1.3.LA PALME AFRICAINE
Itinéraire Technique
Avant toute intervention, certains producteurs portent au
laboratoire des échantillons de sol afin de connaitre
précisément les carences en éléments nutritifs et
de pouvoir les corriger. Avant l'installation du palmier à l'huile, il
est nécessaire de réaliser certaines activités. Cela
commence par un « dégrossissement» qui consiste à
nettoyer la zone où les palmiers seront plantés (coupe des
arbres), et ensuite à brûler les quelques mauvaises herbes
présentes. On effectue ensuite le balisage, c'est-à-dire qu'on
identifie les points où il faudra semer les plantules, ce qui est
généralement effectué par une personne qualifiée
pour ce travail, qui sera rémunéré par point
identifié. Une personne peut réussir à baliser
jusqu'à douze hectares par jour. Une fois le balisage fait, il est
nécessaire de faire les trous dans le sol et la transplantation. Les
plantes sont achetées auprès d'entreprises privées ou
à l'institut national
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de recherche agricole, INIAP26. Le prix de la plante
dépend de la variété et du stade de développement
atteint (vendue de 3 à 12 mois si le producteur ne fait pas germer ces
semences lui-même) ; le prix oscille entre 2,5 et 6,0 $/plant pour les
espèce améliorées INIAP.
Bien que les plantes soient au stade de croissance, il est
important de veiller au contrôle phytosanitaire (application d'intrants
chimiques et biologiques), de contrôler le développement des
racines et des mauvaises herbes, et de supprimer des premières fleurs.
D'après les entrevues réalisées, le coût
d'investissement est compris dans une fourchette allant de 1000 à 2200
$/ha.
Certains producteurs combinent souvent la culture du palmier
avec la « Pueraria phaseoloides (Roxb.) Benth ». Il s'agit
d'une légumineuse, qui permet donc de contribuer à l'apport
d'azote, de maintenir l'humidité des sols, de contrôler les
mauvaises herbes, et elle peut être utilisée comme aliment pour le
bétail. Généralement, les bovins qui tirent avantage de
cette plante sont ceux qui ont le plus grand besoin en élément
nutritifs, comme les vaches qui viennent de mettre bas et les jeunes veaux.
La variété et l'âge de la palme sont des
facteurs prédominants de la productivité d'une plantation de
palmiers à huile. Cette productivité est déterminée
par deux paramètres: la production de fruits et le pourcentage
d'extraction d'huile à partir de ces mêmes fruits. Parmi les
instituts et les entreprises qui ont la plus forte incidence dans la zone
d'étude en ce qui concerne la fourniture de semences et de plantules
certifiées sont INIAP, Palmera de los Andes (PDA) en collaboration avec
le CIRAD27.
Remarque : quelque soit la variété
choisie, ce palmier est très demandeur en eau, provocant donc en sein du
canton de Quininde, une baisse moyenne du niveau des nappes phréatiques
rendant son accès de plus en plus difficile pour les systèmes de
cultures des économies paysannes voisines.
La plante commence à produire une fois qu'elle a
atteint sa troisième année de vie. Il est clair que les
premières années de production vont être peu
significatives, atteignant une bonne production à partir de la
septième année, valeur qui continuera à croitre dans le
temps jusqu'à la 20ème année approximativement
(cela dépendant également de la variété
utilisée). Pour garder la plantation exempte d'agents pathogènes,
un élagage fréquent est nécessaire ; les producteurs en
réalisent généralement un à deux par an. La
conduite de la culture est la suivante: chaque trois ou quatre mois est
réalisé l'élagage, autrement dit le nettoyage manuel des
mauvaises herbes autour des palmiers. La personne qui réalise ce
travail, dans le cas d'une main d'oeuvre salariée, est
rémunérée au nombre de plants nettoyés. En
parallèle est effectué le nettoyage de la couronne (disque autour
du tronc). Entre élagage et couronne, une personne peut nettoyer 70
à 80 plantes par jour de travail.
Les rachis coupés et vidés de leurs fruits
(après avoir subi le processus d'extraction) sont placés au
niveau de la couronne, puisque qu'ils jouent un rôle d'amendement
organique des sols une fois décomposés. En fonction de la
capacité économique du producteur, la
26 Institut Indépendant de Recherches Agronomiques
27 Centre de Coopération International en Recherche
Agronomique pour le Développement
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fertilisation peut être réalisée de deux
à quatre fois par an, avec des engrais simples ou complets, à la
fois épandus sur le sol et sur les feuilles. De la même
manière, le contrôle des ravageurs et des maladies, selon la
façon dont ils se présentent, peut être fait tous les deux
à trois semaines en hiver, ou tous les mois ou deux mois en
été. Dans certains cas, une correction du pH à la hausse
est réalisée avec l'incorporation de chaux agricole.
La récolte se fait habituellement tous les 15 jours, ce
qui permet de générer un revenu permanent pour le producteur,
bien que les rendements les plus élevés soient en hiver. Les
personnes qui vont récolter doivent couper une ou plusieurs feuilles
avant d'atteindre le régime de fruits, puis charge ce dernier dans une
brouette, à dos de mule, sur un charriot glissant tracté par un
boeuf, dans une remorque, ou encore sur un wagonnet. Les outils
spécifiquement utilisés varient en fonction de l'âge des
palmiers : machette jusqu'à 5-6 ans, faucille au-delà (avec
manche étirable), et un bâton en fer pour ramasser les
régimes coupés.
Une fois récoltés, les régimes sont
immédiatement envoyés à l'usine d'extraction d'huile,
située stratégiquement près des fermes, permettant ainsi
de préserver une qualité de fruit la plus haute possible.
Graphique 14: Répartition des
activités agricoles de la culture de Palme (étude SIPAE
2009)
Les différents systèmes de palme
présents :
Il a été différencié deux
sous-systèmes de culture du palmier à huile, distingués
principalement par le niveau d'utilisation de main d'oeuvre salariale, la
fertilisation et la lutte contre les maladies, ce qui dénote une
distinction sur le niveau de production atteint :
Système de Palme africaine 1
(SP1): ce système est caractérisé par une
utilisation largement majoritaire de produits chimiques pour la fertilisation,
le désherbage, les maladies et les ravageurs ; par l'utilisation de
variétés importées et améliorées comme IRHO,
HSD, Dehli x Lamé et Compacta, INIAP - Tenera. La plupart des
producteurs compte sur un personnel allant des travailleurs permanents et
occasionnels aux administrateurs, en passant par des chefs de groupe, des
superviseurs et des secrétaires. Les rendements ont une moyenne de 17,46
t/ha/an dans la zone.
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Système de Palme Africaine 2
(SP2): ce système est caractérisé par des
producteurs qui appliquent une gestion moins intensive et moins rigoureuse.
Bien que toutes les activités réalisées soient à
peu près semblables, l'injection de produits chimiques est mineure, ce
qui se reflète par une baisse de la production, ayant une moyenne de
13,27 t/ha/an. Les activités d'élagage et de nettoyage des
couronnes requièrent beaucoup de travail ; elles sont effectuées
par des journaliers, alors que la fertilisation et l'application de produits
phytosanitaires sont assurées par les producteurs eux-mêmes.
Habituellement, ils utilisent les variétés INIAP (les moins
chères du marché) et très peu de Deli x Lame.
Les producteurs qui exploitent ce système utilisent des
intrants en fonction de leur capacité d'achat ; se sont
généralement des engrais simples, ce qui ne suffit pas pour une
nutrition adéquate des plantes, en tenant compte du fait que les besoins
nutritionnels de la palme africaine sont élevés. De
manière générale dans ce système, les producteurs
ne disposent pas d'un véhicule personnel et sont donc amener à
s'entraider entres producteurs ou à payer le service de transport.
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