Analyse du statut sérologique au VIH / sida et de ses déterminants chez les femmes enceintes au Cameroun.( Télécharger le fichier original )par Harris Bénito KOUBEMBA MONA Institut sous-régional de statistique et d'économie appliquée (I.S.S.E.A) - Ingénieur d'application de la statistique ( I.A.S) 2010 |
II.2. Le SIDA au CamerounII.2.1. Rappel historiqueLe premier cas de SIDA enregistré au Cameroun date de 1985 (TSALA TSALA, 2004). En 1985/1986, 21 cas sont recensés, 604 en 1991, 1 761 en 1994, 3 950 en 1997 et 6 843 nouveaux cas en 1998. L'effectif cumulé des cas enregistrés en 1998 est de 20 419. Après avoir stagné entre 1985 et 1990 (moins de 1 %) la séroprévalence a augmenté de manière inquiétante dépassant les 5 % entre 1990 et 1995. Les femmes et les jeunes paient le plus lourd tribut à l'épidémie (KUATE DEFO, 1998). En effet, les 3/5 des personnes infectées sont des femmes et le tiers des personnes infectées a entre 15 et 34 ans. Il a du reste été établi que 90 % des infections se font par voie sexuelle. Chez les professionnelles du sexe (prostituées) des villes de Douala et Yaoundé la prévalence du VIH/SIDA est passée de 6 % en 1987 à près de 30 % en 1993. Elle est estimée à plus de 45 % dans les années 2000. En 13 ans la séroprévalence a été multiplié par 14. Les statistiques du CNLS estimaient à 69 000 en 2004, le nombre d'enfants infectés dont 90 % par transmission mère-enfant (TME). Le nombre de décès dûs à la pandémie se chiffrait à 39 000 pour l'année 2007. Quant au nombre d'orphelins à cause du SIDA il est estimé à 300 000 (UNICEF, 2007). II.2.2. Sources de données sur le SIDA au CamerounEn l'absence d'études de séroprévalence de l'infection à VIH, les résultats des enquêtes répétées à intervalle régulier (surveillances sentinelles) dans des sites sentinelles (cliniques où l'on peut effectuer des consultations prénatales) que fréquentent les femmes enceintes sont fréquemment utilisés, dans plusieurs pays, comme base de référence, pour estimer la prévalence du VIH à l'échelle régionale et/ou nationale (GAILLARD et al., 2002). Les femmes enceintes en consultation prénatale ont été identifiées comme groupe cible à surveiller pour le suivi de l'épidémie. La surveillance sentinelle a été instaurée en vue de pallier le problème logistique et éthique d'une enquête sérologique classique. Elle est généralement utilisée dans les pays en développement. Malgré l'échantillonnage de convenance découlant des critères suivant lesquels elle est menée, elle a l'avantage de produire des données et des informations permettant aux décideurs politiques et aux gestionnaires de programmes de s'informer sur les tendances de l'épidémie ou d'évaluer l'impact des interventions2(*) et de constituer la sous-population la plus représentative au niveau national (femmes enceintes en première consultation prénatale). Les enquêtes sur le VIH/SIDA au Cameroun ne sont pas nombreuses. Parmi ces dernières, on peut citer : ü l'EDS réalisée par l'INS du Cameroun en 2004 ; ü l'enquête de séroprévalence du VIH et de l'étude comportementale dans les forces de défense réalisée par le CNLS en 2005 ; ü la surveillance sentinelle réalisée en 1989 par le CNLS à Yaoundé et Douala. Elle s'élargira progressivement à 6 sites sentinelles en 1993, 27 sites en 2000, et en 2010 à 32 nouveaux sites pour atteindre un total de 59 sites. Les données issues de ces différentes enquêtes sont celles utilisées le plus souvent par l'ONUSIDA dans plusieurs pays comme indicateurs épidémiologiques. Alors que le Cameroun disposait en 2000 de 27 sites sentinelles, certains pays n'en utilisaient que très peu ; à l'exemple du Gabon qui n'en utilisait qu'un seul, le Lesotho 4 sites, le Mali 4 sites, l'Éthiopie 6 sites, la Gambie 6 sites, la Guinée 7 sites, le Burkina Faso 8 sites, le Burundi 9 sites, le Sénégal 9 sites et la Côte d'Ivoire 10 sites3(*).
* 2 Gaillard, et al., 1998 * 3 ONUSIDA, 2000 |
|