VI.4.4. Effets principaux des variables explicatives
Le
tableau 19 résume les principaux résultats découlant de la
régression effectuée. À la première colonne
figurent les noms des variables ainsi que leurs différentes
modalités (la modalité de référence étant
celle entre parenthèses). Apparaissent ensuite, dans les colonnes qui
suivent, les coefficients estimés âi
des différentes modalités des variables du modèle.
Par leur signe, ces derniers indiquent le sens de la relation entre ces
différents attributs de la femme enceinte et le statut
sérologique. Aux trois dernières colonnes du tableau figurent
respectivement les odds ratio pour les coefficients significatifs, l'effet
marginal associé aux différentes modalités et les
p-valeurs correspondantes.
Région
Il
existe une relation négative entre les modalités à
coefficient significatif de la région et le statut sérologique
des femmes enceintes enquêtées. L'intensité de la relation
varie toutefois d'une région à une autre. Elle est très
significative pour l'Extrême-Nord et l'Ouest, assez significative pour le
Nord et faiblement significative pour le Littoral. Ces résultats
confirment ceux de l'analyse bivariée et de l'ACM s'agissant de
l'Extrême-Nord et du Nord. Toutefois, l'observation des risques relatifs
révèle que, comparée à la femme enceinte dans
l'Adamaoua, une autre femme enceinte ayant les mêmes modalités
pour les autres caractéristiques qu'elle, se trouvant à
l'Extrême-Nord, l'Ouest, le Nord ou le Littoral, court moins de risque
d'avoir un statut sérologique positif. Elle a en effet 55 % plus de
chance de ne pas être séropositive que celle de l'Adamaoua si elle
est à l'Extrême-Nord ou au Nord, 63 % plus de chance si elle est
au Littoral et 52 % plus de chance si elle est à l'Ouest. Les effets
marginaux quant à eux révèlent que le fait de passer de
l'Adamaoua à ces régions diminue le risque d'être
séropositive de 0,031 s'agissant de l'Extrême-Nord ou du Nord, de
0,025 pour le Littoral et de 0,033 s'agissant de l'Ouest.
Milieu de résidence
La
relation entre le milieu de résidence rural et le statut
sérologique est négative. En d'autres termes, le risque de
séropositivité diminue quand on se trouve en milieu rural. Ce
résultat confirme celui de l'analyse bivariée selon lequel c'est
en milieu rural que la proportion de femmes enceintes séropositives est
la plus faible. De même, par rapport à la femme enceinte en milieu
urbain, ayant les mêmes caractéristiques qu'elle pour les autres
variables, la femme enceinte en milieu rural a 80 % plus de chance d'avoir un
statut sérologique négatif. Quand on passe d'une femme enceinte
en milieu urbain à une femme enceinte en milieu rural, le risque
d'être séropositive diminue de 0,014. Ces résultats
s'apparentent également à l'un de ceux mentionnées lors de
la revue de la littérature par GREGSON et collègues en 2001 selon
lequel, vu le fait que les hommes et les femmes habitant en milieu urbain sont
plus susceptibles d'avoir de multiples partenaires sexuels comparés
à ceux vivant en milieu rural, ils sont donc plus à risque
d'être infectés.
Âge
Les
résultats montrent qu'il existe une relation négative entre
«être une femme enceinte âgée entre 15 et 19 ans
révolus'' et le statut sérologique. Cette relation, bien que
significative à 10 % uniquement, est par contre positive avec les femmes
enceintes âgées entre 30 et 34 ans révolus. Toute chose
étant égale par ailleurs, une femme enceinte âgée
entre 15 et 19 ans révolus court moins de risque de sérologie
positive que toute femme enceinte âgée entre 20 et 24 ans
révolus. Elle a en effet 65 % plus de chance de ne pas être
séropositive que celle âgée entre 20 et 24 ans
révolus. D'autre part les femmes enceintes âgées entre 30
et 34 ans révolus courent un risque multiplié par 1,30
d'être séropositives que leurs pairs qui, toute chose égale
par ailleurs, sont âgées entre 20 et 24 ans révolus.
L'analyse bivariée a précédemment
révélé que cette tranche d'âge avait la
prévalence la plus élevée. Quand on passe d'une femme
enceinte dont l'âge varie entre 20 et 24 ans révolus à une
femme enceinte de 15-19 ans révolus, le risque d'être
séropositive diminue de 0,025. Par contre, ce passage vers la femme
enceinte dont l'âge varie entre 30 et 34 ans révolus augmente le
risque de séropositivité de 0,018. Les résultats obtenus
concernant ce facteur contredisent ce que révèle la
littérature à savoir que la prévalence du VIH est plus
élevée chez les adolescentes.
Niveau d'instruction
Il
existe une relation positive et très significative entre le niveau
d'instruction primaire et le statut sérologique ce qui sous-entend que
le risque d'avoir un statut sérologique positif augmente lorsque la
femme enceinte a le niveau d'instruction primaire. Ce nouveau résultat
s'apparente également à celui de l'analyse bivariée qui
montrait déjà que la proportion de femmes enceintes
séropositives la plus élevée a le niveau d'instruction
primaire. La gestante de niveau d'instruction primaire court un risque
multiplié par 1,36 d'être séropositive comparée
à la femme enceinte de niveau d'instruction secondaire ayant les
mêmes caractéristiques qu'elle pour les autres variables.
Lorsqu'on passe d'une femme enceinte de niveau secondaire à une femme
enceinte de niveau primaire le risque de séropositivité augmente
de 0,021.
Statut matrimonial
Les
résultats obtenus attestent qu'il existe une forte relation positive
entre «être célibataire'' et le statut sérologique.
Contrairement à ce que révèle la littérature
consultée, dans le cas de la présente étude, le
célibat pour une femme enceinte augmente le risque d'être
séropositive. Ce résultat confirme celui qu'a
révélé l'ACM. Le risque relatif associé à
cette modalité montre que la femme enceinte célibataire court
1,48 fois plus de risque que celle qui, «ceteris paribus'' est
mariée en monogamie. D'autre part, en passant d'une femme enceinte
mariée en monogamie à une femme enceinte célibataire le
risque d'être séropositive augmente de 0,028.
Occupation de la femme
Il
existe une relation négative assez forte entre le fait d'être
enseignante et le statut sérologique tandis que la relation entre la
modalité commerçante et le statut sérologique est
positive. La femme enceinte enseignante court donc moins de risque d'être
séropositive que la femme enceinte ménagère tandis que la
femme enceinte commerçante encourt plus de risque que la femme enceinte
ménagère d'être séropositive. Le résultat
concernant les femmes enceintes commerçantes est semblable à
celui obtenu lors de l'analyse bivariée qui révélait que
la proportion de femmes enceintes séropositives la plus
élevée est commerçante. Ce résultat n'est par
contre pas semblable à ce que dit la littérature à savoir
que l'occupation prémunit toute femme du risque d'être
séropositive. S'agissant du risque relatif, la femme enceinte
enseignante a 52 % plus de chance d'être séronégative que
la femme enceinte ménagère ayant les mêmes
caractéristiques qu'elle pour toutes les autres variables. La femme
enceinte commerçante court quant à elle un risque
multiplié par 1,32 que la femme enceinte ménagère
d'être séropositive, «ceteris paribus''. De la femme enceinte
ménagère à la femme enceinte enseignante le risque
d'être séropositive diminue de 0,032. Il augmente par contre de
0,02 quand ce passage s'effectue vers la femme enceinte commerçante.
Usage de méthodes contraceptives modernes avant
l'actuelle grossesse
La
relation entre l'usage de méthodes contraceptives modernes et le statut
sérologique est positive. La femme enceinte ayant fait usage de
méthodes contraceptives modernes court donc un risque plus grand
d'être séropositive que la femme enceinte n'en ayant pas fait
usage. Ce nouveau résultat vient conforter celui obtenu pour cette
variable au cours de l'analyse bivariée selon laquelle ce sont les
femmes enceintes ayant fait usage de méthodes contraceptives modernes
qui ont la plus grande prévalence. Le risque relatif associé
à cette modalité montre qu'une femme enceinte ayant fait usage de
méthodes contraceptives modernes court un risque 1,24 fois plus
élevé d'être séropositive qu'une femme enceinte n'en
ayant pas fait usage et avec qui elles ont les mêmes
caractéristiques pour toutes les autres variables. Concernant cette
variable, le risque d'être séropositive augmente de 0,014 quand on
passe d'une femme ayant fait usage de méthodes contraceptives modernes
avant l'actuelle grossesse à une autre pour laquelle cela n'a pas
été le cas.
Âge à la naissance du premier
enfant
Les
résultats de la régression logistique permettent de constater
qu'il n'existe aucune relation significative entre l'âge de la femme
enceinte à la naissance du premier enfant et le statut
sérologique en ce qui concerne cet échantillon.
Les
déterminants du statut sérologique au VIH/SIDA chez les femmes
enceintes enquêtées au Cameroun selon les données de la
SSVS 2009 sont donc : la région, le milieu
de résidence, la tranche d'âge,
le niveau d'instruction, le statut
matrimonial, l'occupation et l'usage ou non
par les femmes de méthodes contraceptives modernes
avant l'actuelle grossesse.
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