Analyse du statut sérologique au VIH / sida et de ses déterminants chez les femmes enceintes au Cameroun.( Télécharger le fichier original )par Harris Bénito KOUBEMBA MONA Institut sous-régional de statistique et d'économie appliquée (I.S.S.E.A) - Ingénieur d'application de la statistique ( I.A.S) 2010 |
III.1.3. Connaissances sur les facteurs de risque d'infection au VIH/SIDAIII.1.3.1. Variables liées à l'exposition au VIHLa région et le milieu de résidence suggèrent en fait une certaine tradition des valeurs en matière de sexualité. Plusieurs études ont reporté des différences de prévalence du VIH entre milieu rural et urbain (WAWER et al., 1991 ; KILLEWO et al., 1993 ; MNYKA et al., 1994 ; KIPP et al., 1995 ; BOERMA et al., 1999). Par contre, selon CARAËL (1997), des évidences ne suggèrent pas de différence de comportements à risque entre zone urbaine et zone rurale dans beaucoup de pays d'Afrique Sub-saharienne et que la plus forte prévalence du VIH en milieu urbain peut être simplement le reflet d'une période d'exposition plus longue. GREGSON et collègues (2001), de leur côté, ont trouvé que les hommes et les femmes habitant en milieu urbain sont plus susceptibles d'avoir de multiples partenaires sexuels comparés à ceux vivant en milieu rural et donc plus à risque d'être infectés. La région et le milieu de résidence peuvent ainsi constituer deux facteurs importants dans l'infection au VIH/SIDA. L'âge est un facteur important dans la diffusion de la maladie. Il influence le risque d'infection au VIH. Plusieurs recherches soutiennent que les hommes et les femmes, dans leurs adolescences, sont à haut risque d'infection au VIH du fait qu'ils ont engagé des relations sexuelles non protégées (HULTON et al., 2000 ; ANDERSON et al., 1990). La distribution de la prévalence du VIH dans les populations en fonction des catégories d'âge souligne le fait que les adolescents sont plus touchés par l'épidémie. La propagation du SIDA dans la population saine se poursuit avec une plus grande occurrence parmi les adolescents en raison de la transmission sexuelle (SAMET et al., 1997). Dans plusieurs communautés, le SIDA est la principale cause de décès parmi les jeunes adultes de 25-44 ans révolus (SELIK et al., 1993). Ceux-là impliquent que la majeure partie de ces personnes ont contracté le virus durant l'adolescence étant donné que le temps moyen pour le développement du SIDA après l'infection au VIH est de 11 ans (BACCHETTI et MOSS, 1989). Aux États-Unis par exemple, en 1995, 18,3 % de tous les cas de SIDA provenaient des personnes âgées de 20-29 ans révolus d'après le CDCP. Ces personnes sont celles qui, selon ANDERSON et al. (1990), ont engagé un comportement à risque dans leur jeune âge. En 1993, l'OMS a estimé que la moitié des 14 millions de gens infectés par le VIH dans le monde l'étaient avant l'âge de 15-24 ans. ROSENBERG (1995) a effectué le calcul de l'âge à l'infection au VIH pour les hommes et les femmes blancs, noirs et hispaniques ; dans tous les cas, la plus forte augmentation de l'incidence s'est produite avant l'âge de 20 ans. Au Zimbabwe, la prévalence du VIH la plus élevée (61 %) a été décelée chez les 20-39 ans révolus9(*). Selon MURPHY et BOGGESS (1998), parmi les 40 à 80 mille américains qui sont infectés chaque année par le VIH, 1 sur 4 serait un adolescent. La différence dans le risque d'infection au VIH selon l'âge trouve son explication dans le fait que les individus ont entamé leurs activités sexuelles à des âges différents et dans des contextes divers. L'âge peut également être un facteur de vulnérabilité en ce sens que, les jeunes femmes sont souvent victimes de violences sexuelles en tant que femmes et du fait de leur jeunesse et donc de leur vulnérabilité. En Afrique sub-saharienne, les jeunes filles de 15-19 ans révolus ont six fois plus de risque d'être séropositives que les garçons de la même classe d'âge, essentiellement à cause des viols, des rapports sexuels contraints et de leur incapacité à obtenir des pratiques sexuelles sûres10(*). Il faut toutefois noter que l'âge ne protège pas les femmes de la violence. Si certaines sociétés respectent la sagesse des femmes âgées, leur accordent une certaine considération et leur offrent une plus grande autonomie, d'autres maltraitent les femmes fragiles et isolées, particulièrement les veuves, qui au Zimbabwe par exemple sont victimes d'agressions car considérées comme des sorcières et rendues responsables de la propagation du VIH11(*). Les liens entre le niveau d'instruction et le VIH ne sont pas bien établis puisqu'il n'y a pas d'unanimité quand aux effets du niveau d'instruction sur l'infection au VIH et sur la perception du risque au VIH et le comportement sexuel12(*). CARAËL (1995) a trouvé une augmentation des activités sexuelles occasionnelles parmi les instruits tandis que MEEKERS (1994) avait remarqué que cette association disparaît après avoir contrôlé l'âge. Alors que l'UNICEF soutient que l'école est l'un des meilleurs remparts contre l'infection au VIH (2005) surtout chez les filles qui, poursuivant leurs études, retardent le moment de leurs premières expériences sexuelles, sont plus au fait de la prévention et comprennent mieux le processus du dépistage du VIH, une étude récente réalisée par l'INS de la République Démocratique du Congo (RDC) et s'appuyant sur les données issues de l'EDS-RDC 2007 révèle que la prévalence du VIH en RDC est plus élevée parmi les femmes les plus instruites comparativement aux moins instruites. Ce qui peut pousser tout observateur à se demander si l'éducation dont les bienfaits sont constatés partout ailleurs, ne risque pas de se révéler plutôt un facteur de risque d'infection à VIH ? Toutefois, plusieurs études ont trouvé des liens significatifs entre l'infection au VIH et le niveau d'instruction (KAPIGA et al., 1994 ; WANNAN et al., FYLKESNES et al., 1997 ; SMITH et al., 1999 ; KAPIGA et LUGALLA, 2002). Le statut matrimonial est un facteur déterminant dans la transmission du VIH/SIDA. Selon plusieurs études, la prévalence du VIH est plus élevée chez les femmes séparées, divorcées ou veuves (AUVERT et al., 2001 ; KIDDUGANU et al., 2003 ; CARPENTER et al., 2002 ; HAWKEN et al., 2002). Les femmes et les hommes séparés, divorcés ou veufs encourent plus de 3 fois le risque de contracter le VIH que les célibataires et les mariés (QUIGLEY et al., 1997). De même pour les femmes lesbiennes, l'expression de la sexualité féminine étant fortement limitée dans de nombreuses cultures, celles-ci ne peuvent pas exprimer librement leur orientation sexuelle et sont souvent contraintes de se marier et d'avoir des relations sexuelles avec des hommes. Les femmes refusant le mariage sont en effet souvent marginalisées et peuvent devenir la cible de violences et de viols, augmentant ainsi les risques de contamination par le VIH (Amnesty International, 2004). Concernant le rôle joué par l'occupation, la littérature montre qu'en l'absence de cette dernière, le pouvoir économique qui permettrait aux femmes de négocier la fidélité ou l'usage du préservatif leur fait défaut et elles sont exposées, dans le domaine de la sexualité, au pouvoir prédominant des hommes, voire à leur violence d'où le risque d'infection au VIH (FENER et al., 2007). L'impact disproportionné de la pauvreté sur les femmes et les jeunes filles les pousse au commerce sexuel comme mode de survie. Ces rapports sexuels transactionnels sont le reflet d'une part de la situation économique supérieure des hommes et d'autre part des difficultés des femmes à satisfaire leurs besoins fondamentaux (FENER et al., 2007). * 9 ADETUNJI, 2000 * 10 Amnesty International, 2004 * 11 MUKUMBIRA, 2002 * 12 AKWARA et al., 2003 |
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