Les exigences et les changements de la fin des années
70 ont poussé le ministre Joseph C. Bernard à plancher sur la
réforme de l'école haïtienne. Etant donné que les
affaires de l'éducation de notre pays sont toujours l'objet de
controverses, ce projet de réforme a failli être
étouffé dans l'oeuf.
Apres plusieurs années, le processus de cette
réforme a été enclenché et maintenant, à
travers le pays, les écoles fondamentales fonctionnent avec leurs
faiblesses de toutes natures. A Torbeck, commune du département du Sud,
ces écoles pullulent avec leurs lots de problèmes sans le
contrôle du Ministère de l'Education Nationale et de la Formation
Professionnelle (MENFP).
Ce travail que nous réalisons se veut une recherche sur
le fonctionnement réel des écoles fondamentales de Torbeck. Pour
ce faire, une démarche méthodologique prenant en compte la
recherche documentaire et de terrain est réalisée à partir
d'un échantillonnage représentatif.
Le but que nous nous sommes fixés est de rapporter par
la description et l'analyse le mode de fonctionnement de ces écoles
pour attirer l'attention de tous les concernés.
Notre travail est divisé en deux parties et quatre
chapitres :
La première partie présente le cadre
théorique et son premier chapitre est axé sur l'implication
familiale dans la vie scolaire, c'est-à-dire, les différents
rapports entretenus entre la famille et l'école, les conditions
économiques des parents et leur situation actuelle ; le
deuxième chapitre aborde la formation et la qualification des
enseignants. La deuxième partie présente le travail de terrain,
le troisième traite de l'organisation méthodologique du travail
et le quatrième traite des résultats, des apports offerts par
certains secteurs afin d'améliorer la situation.
Finalement, nous faisons des recommandations qui puissent
permettre à améliorer le mode de fonctionnement de ces
écoles.
POBLEMATIQUE
L'école, représente l'une des plus grandes
institutions sociales appelée à former des sujets qui puissent
participer au progrès de l'humanité. Cependant, pour
répondre à sa vocation, elle doit remplir un ensemble de
conditions, parmi lesquelles, un fonctionnement pédagogique normal. Car
sans le respect des principes pédagogiques, on risque de produire un
travail bâclé. Les décideurs, alors, doivent intervenir
pour réguler la situation afin de permettre à l'école de
fonctionner dans le respect de ces principes pédagogiques.
Les écoles fondamentales de Torbeck font face à
des difficultés de toutes natures. C'est une situation presque
chaotique. Non seulement les parents n'entretiennent pas de bons rapports avec
les institutions scolaires mais leurs situations économique
précaires conditionnées par leurs professions constituent aussi
des handicaps majeurs pour le bon fonctionnement de ces écoles.
D'un autre coté, le manque de qualification, de
formation et le problème de fréquence de recyclage des
enseignants ajoutés à celui de leurs salaires les empêchent
de fournir un travail satisfaisant. De l'autre, par manque de ressources
qualifiées disponibles sur le terrain, des enseignants viennent des
Cayes et des zones avoisinantes. Ce qui entraîne très souvent
leur retard. Par ailleurs, les salles de classes sont surchargées.
Cette faune scolaire pléthorique pose beaucoup de difficultés aux
enseignants en ce qui a trait à la gestion de ces salles de classe et
à l'application des méthodes d'enseignement qui peuvent
permettre aux apprenants de participer activement aux activités et de
développer certaines valeurs.
Bien qu'il y ait certaines écoles fondamentales de
premier et de deuxième cycle dans les sections communales, la
majorité de celles ayant le troisième cycle se trouve au niveau
du bourg. Par conséquent, la distance parcourue quotidiennement par les
apprenants pour se rendre à ces écoles ne favorise guère
le processus enseignement-apprentissage. En plus l'absence de matériels
didactiques à la disposition des apprenants est un obstacle majeur
à l'appropriation de certains cours.
Les problèmes logistiques sont visibles à l'oeil
nu. Plusieurs de ces écoles sont logées dans des locaux non
appropriés ou d'autres constructions de fortune.
A coté des multiples problèmes auxquels ces
écoles sont confrontées, l'absence des nouvelles technologies se
fait sentir. Par ailleurs, une carence de bibliothèque dans les
écoles empêche à tous les acteurs de faire des
recherches.
Tout ce constat nous a poussé à aborder le
problème de la recherche de la manière suivante :
« Le mode de fonctionnement pédagogique des écoles
fondamentales de Torbeck permet-il de bien former les enfants »?
Nous estimons nécessaire d'aborder ce problème
pour les raisons que voici : en premier lieu, cette étude nous
permettra de faire ressortir les problèmes qui empêchent à
ces écoles de bien former les enfants. En deuxième lieu, elle
pourra favoriser une intervention orthopédagogique de la part des
concernés qui entendront résoudre ces problèmes.
Le niveau fondamental a retenu notre attention puisqu'il
symbolise une phase intermédiaire dans la formation des enfants qui
auront besoin d'une solide préparation selon le plan du
Ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle
(MENFP) pour s'orienter soit vers une école technique soit une
école secondaire
PREMIRE PARTIE
CADRE
THEORIQUE
CHAPITRE
L'implication familiale dans la vie scolaire de
l'enfant
La famille est considérée à juste titre
comme la plus ancienne institution sociale où débute
l'éducation de tout individu. Dans son rôle d'acteur
incontournable dans l'éducation et l'instruction des enfants, elle doit
évoluer en étroite collaboration avec l'école afin de
favoriser le développement intégral des enfants. La relation
entre l'école et la famille était et devient tellement importante
ces derniers jours que beaucoup de chercheurs se sont intéressés
à faire des recherches visant à améliorer et à
découvrir les multiples répercussions de sa faiblesse sur le
parcours scolaire des apprenants. C'est dans cette optique que l'année
1994 a été décrétée année
internationale de la famille par l'UNESCO. Et aujourd'hui encore, à
travers le monde, les décideurs organisent des symposiums pour faire le
point sur les recherches et les implications de la famille dans la vie scolaire
et réfléchir sur l'importance de la collaboration entre
l'école et la famille.
C'est dans ce sens que ce chapitre est exclusivement
consacré aux rapports parents-école du point de vue des
chercheurs en éducation. Par conséquent, des points comme :
l'apprentissage et la famille, c'est-à-dire les relations entre
l'école et la famille, les répercussions qu'ont les changements
survenus dans la famille, la situation économique de la famille seront
abordés.
1.1. Le Rôle de la famille dans l'apprentissage
des enfants
Dans les différentes missions de l'école, que ce
soit celle d'augmenter le capital intellectuel, culturel et social des
apprenants par l'éducation et l'instruction, l'apprentissage joue un
rôle primordial. Pour ce faire, la relation entre l'école
et la famille se révèle prépondérante. Ainsi,
selon Richard Cloutier, « si le premier mandat de l'école
c'est l'apprentissage de l'élève, et qu'une école qui fait
bien son travail, c'est une école où les élèves
apprennent, alors, la mission de l'école c'est davantage de faire
apprendre que d'enseigner »1(*). Il est clair que l'auteur veut mettre l'emphase sur
l'aspect de la construction du savoir que sur sa transmission traditionnelle.
A notre sens, selon cette approche, l'apprentissage implique la mise en branle
de l'application de toutes les dernières techniques
psychopédagogiques qui favorisent l'appropriation de la connaissance par
l'apprenant au lieu d'un enseignement transmis de manière
traditionnelle.
En effet, l'acceptation de cette préséance de
l'apprentissage envisage l'enseignement non comme finalité mais comme
moyens pour atteindre son but. On ne peut pas dire plus on enseigne dans
une école, plus les élèves apprennent. Certes, il existe
un lien positif entre la quantité d'enseignement et la qualité
d'apprentissage, mais la corrélation n'est pas toujours parfaite entre
les deux.
A l'instar de plusieurs autres, Cloutier prétend que
« le premier rôle de l'école dans la réalisation
des apprentissages, c'est la mise en scène des relations favorables
à l'acte d'apprentissage. Au coeur de cette mise en
scène, il y a le rapport entre l'élève et la
matière, l'interface entre l'élève et les contenus
d'apprentissage. Voilà la clé de voûte de l'action
scolaire, le foyer du travail de l'établissement qu'est l'école.
La classe est le principal lieu de contact entre l'élève et la
matière et c'est pour cette raison que l'enseignement est très
important dans les apprentissages. La première condition, c'est
l'engagement de l'élève. Personne ne peut apprendre à sa
place, de sorte que lorsque l'élève ne veut pas participer
à l'activité d'apprentissage, le risque d'échec est
beaucoup plus élevé. Dans le scenario de l'apprentissage
scolaire, l'école est le metteur en scène, l'élève
est donc le premier acteur ».
« Réussir et comprendre » disait
Jean Piaget. La réussite et la motivation vont bien ensemble,
l'échec et l'aversion d'ailleurs. Chaque milieu scolaire établit
son équilibre dans l'usage de la « carotte et du
bâton » afin d'inciter les enfants et les adolescents à
exécuter leur travail, mais il reste que le véritable engagement
de l'élève passe par l'intériorisation de sa part du
projet dans lequel on veut l'inscrire. Tant que le contrôle demeure
à l'extérieur, il existe une sorte dépendance par rapport
à l'environnement. C'est la motivation extrinsèque qui domine
plutôt que la motivation intrinsèque.
Alors, l'engagement de l'élève n'est pas
l'affaire d'un soir, mais l'affaire de toute une histoire scolaire
parsemée de réussites encourageantes et d'échecs
démotivants. Dans le contexte de la discontinuité
créée par les enseignants qui changent, les programmes qui se
transforment, les groupes d'élèves qui se recomposent, les lieux
qui se succèdent selon le cycle, les invariants se font rares pour
assurer la continuité du projet éducatif, le maintien de la
persévérance du jeune dans sa recherche de réussite. C'est
à ce moment que la famille entre en scène, en tant que
deuxième acteur du scénario scolaire.
1.2. Les possibilités de la famille
La compréhension et l'importance de l'école pour
son avenir n'est pas un phénomène maitrisé très
tôt par l'enfant. Ainsi, il revient à la famille d'oeuvrer pour la
compréhension et l'intériorisation de cette entreprise afin
d'aider l'enfant à prendre au fur et à mesure en charge son
projet scolaire. Traditionnellement, la participation des parents à
l'école a surtout été associée à l'un des
rôles suivants : auditeur dans les réunions des
parents ; participation à l'organisation de l'école par
l'intermédiaire des comités de parents ; aide dans certaines
activités concernant le primaire (distribution de berlingots de laits
aux petits, accompagnement dans les sorties (etc.).
Cependant, l'examen attentif des facteurs de réussite
de l'élève révèle que c'est dans son rôle de
supervision du travail scolaire de l'enfant que la participation parentale
prend vraiment tout son sens. Des chercheurs, enquêtant
sur des enfants en difficulté d'apprentissage ont montré de
façon répétée que sans le concours actif des
parents, les bénéfices des efforts compensatoires n'ont pas
porté fruits. Pourquoi en est-il ainsi ? C'est parce que la famille
est le milieu qui influe le plus sur le développement de l'enfant.
Selon Richard Cloutier, « la famille exerce des
fonctions biopsysociales auprès de l'enfant, c'est-à-dire qu'elle
exerce une influence biologique, psychologique et sociale. Sur le plan
psychologique, la famille représente le contexte le plus important de
développement affectif et cognitif. Elle offrira à l'intelligence
du jeune des stimulations qui influenceront directement son éveil
cognitif. Sur le plan affectif, c'est dans le milieu familial que les premiers
liens d'attachements s'établiront, liens qui servirons de prototypes
à tous ceux qui suivront par la suite ». La famille est donc
un partenaire obligatoire pour toutes les institutions qui contribuent au
processus de socialisation des jeunes. L'école n'y échappe pas,
de sorte que si elle se fixe des objectifs que les parents n'endossent pas
auprès de l'enfant, il est beaucoup moins probable que celui-ci y
adhère, surtout si l'atteinte de ces objectifs exige des efforts de
persévérance1(*)
Il est clair que tous les élèves n'ont pas les
mêmes aptitudes. Les parents dont les élèves travaillent
bien à l'école ont toujours tendance à se tenir plus
proches de l'école que ceux dont les enfants ont des problèmes.
Toutefois, il existe un nombre élevé de parents dont les enfants
ont des difficultés d'apprentissage qui maintiennent également de
très bons rapports avec l'école. Ces parents ont compris que le
fait de lâcher équivaut à laisser l'échec se
produire. La plupart des réussites de récupération
d'élèves en difficultés d'apprentissage ont exigé
une ténacité parentale admirable, c'est à dire des parents
qui n'ont pas lâché.
Pour les élèves talentueux qui fonctionnent de
façon autonome dans leur cheminement scolaire, la supervision
parentale est souvent moins présente dans la réussite. Mais
aussitôt que l'on sorte de cette minorité d'enfants, la
contribution directe des parents devient un élément sans le quel
l'école n'arrive pas à provoquer la réussite de
l'élève de façon durable. Cependant, le rapport entre
l'école et la famille n'est pas toujours facile. Elle demande une
certaine délicatesse.
1.3. Délicatesse des relations entre la famille
et l'école
Josée Roy, Membre du Conseil Supérieur de
l'Education Canadienne, dans un article paru dans la revue éducative
intitulée : « Vie Pédagogique » en
mai-juin 1994, a expliqué que de nos jours, les relations
qu'entretiennent les parents avec l'école sont tantôt harmonieuses
et satisfaisantes et tantôt tendues et frustrantes à certains
égards. Elle a démontré comment l'école s'est
taillé ces dernières années, une place croissante au sein
des structures de participation : comité d'écoles, conseil
d'orientation, comité de parents. De nombreux projets de collaboration
entre l'école et la famille ont vu le jour, que ce soit pour aider les
parents à encadrer leurs enfants dans leurs travaux scolaires, que ce
soit pour favoriser le dialogue entre les parents issus des diverses
communautés culturelles et l'école ou pour faciliter diverses
autres formes de rapprochement.
Mais parents et personnel scolaire n'ont pas l'habitude de
travailler ensemble. Ainsi les parents qui participent aux divers conseils ou
comités déplorent la pauvreté relative des contenus qui
sont à l'ordre du jour ainsi que les limites de l'influence
réelle de ces organismes sur la vie de l'école. Les parents
sont également nombreux à reprocher à l'école de ne
communiquer avec eux que lorsque quelque chose va mal et de les juger ou du
moins d'avoir à leur égard une attitude qui souvent les fait se
sentir incompétents. Toutefois, malgré cette délicatesse
au niveau des relations entre la famille et l'école, on a fini par
comprendre que lorsque l'école et la famille se rapprochent, les enfants
s'accrochent mieux et davantage et cela affermit l'harmonie entre
l'école et la famille.
1.3.1. Retombées de l'harmonie entre école et
famille
Johanne Bernier explique que des initiatives
en milieu scolaire montrent qu'une collaboration harmonieuse entre la famille
et l'école permet de lutter efficacement contre le décrochage
scolaire et favorise une meilleure qualité de vie chez les
élèves. Il est maintenant reconnu que l'école et la
famille ont, plus que jamais, des responsabilités communes envers
l'éducation et le bien être des enfants. L'école, quant
à elle, doit offrir des conditions d'apprentissage épanouissant,
un milieu sain et harmonieux aux élèves.
Johanne Bernier soutient que pour soutenir ainsi
l'élève, l'école doit travailler en étroite
collaboration avec toutes les personnes qui participent à la vie
scolaire. D'abord et avant tout elle doit appuyer son personnel et faire appel
aux ressources personnelles et professionnelles, très riches et
variées, de chacun. Le personnel scolaire est la force agissante de
l'établissement ; c'est lui qui propage les valeurs
éducatives de l'école et qui établit avec
l'élève une relation propice à l'apprentissage afin que
les valeurs qui sont transmises non seulement respectent le système de
valeurs véhiculé dans les familles et la communauté, mais
s'y intègrent, l'école doit également créer des
conditions qui facilitent la participation active des parents à la vie
scolaire des élèves. La collaboration entre l'école et les
parents doit être approfondie par une bonne communication.
1.3.2. La communication avec les parents
Tous les scientifiques en matière d'éducation
admettent que l'enseignement et l'éducation sont essentiellement des
questions familiales. Par conséquent, les bases jetées dans la
famille déterminent, dans une large mesure, le parcours
scolaire4. Cela signifie que les familles doivent disposer aussi
bien de moyens que de la motivation nécessaires pour assumer leurs
tâches éducatives. L'expérience a montré qu'il ne
suffit pas de se doter de moyens matériels pour avoir de bonnes
écoles. Il convient aussi de créer des conditions permettant aux
familles de remplir convenablement leurs taches d'enseignement.
Dans leurs communications avec les parents, les responsables
d'écoles doivent leur donner des conseils brefs et clairs sur la
manière qu'ils peuvent soutenir l'école et le parcours scolaires
de leurs enfants. Ces conseils doivent donc être formulés d'une
manière qui correspond étroitement aux choix que les parents
doivent opérer. Ils doivent aider les parents quelque peu
désemparés, convaincu de devoir permettre à leurs enfants
ce que les autres permettent aux leurs. Ces conseils ne feront très
probablement aucun mal mais nous devons rester très réalistes et
supposer qu'ils feront moins de bien que ce l'on attend
généralement d'un conseil. En effet, ils retiendront surtout
l'attention des parents qui offrent déjà à leurs enfants
un environnement familial très favorable et on peut avoir besoin de bons
conseils.
1(*)
C'est pourquoi, outre la nécessité de rendre
l'information accessible, il faut veiller à créer une relation,
ouverte mais solide, entre l'école et les parents, et surtout avec les
parents d'enfants qui rencontrent des difficultés. Dans cette
communication, l'école doit chercher à créer une ambiance
favorable à la participation des parents dans les activités
scolaires.
1.3.3. Participation des parents
Tenant compte de la responsabilité des parents dans la
formation des enfants, ils doivent nécessairement participer aux
activités de l'école. Comme nous l'avons déjà
démontré, l'engagement des parents dans la vie de l'école
est un facteur important pour le parcours scolaire des enfants. Le manque de
contact entre les parents défavorisés et les professeurs semble
exercer une influence négative à ce sujet. Selon JS. Coleman,
« l'attention des parents envers le comportement de leurs enfants a
diminué »5. De ce fait, l'école a perdu un
soutien actif sur les plans de la motivation, du goût et de l'effort
comme de la discipline nécessaires à l'étude et à
la créativité. Les problèmes de concentration et le manque
de motivation sont souvent cités par les enseignants comme une
importante source d'irritation. La plupart des écoles à
succès sont, du reste, celles qui parviennent à susciter
l'intérêt des parents pour le processus d'apprentissage de leurs
enfants. Une bonne collaboration entre toutes les instances de l'école
ne débouche pas seulement sur de meilleures prestations scolaires mais
aussi sur de meilleures chances d'épanouissement pour les parents.
Cependant, les parents dont les enfants ont plus besoin d'une
relation avec l'école sont souvent ceux qui utilisent le moins les
possibilités de contact et de participation qu'on leur offre. Cette
offre, si bien intentionnée soit-elle, est taillée à la
mesure des parents disposant d'un niveau de formation élevé. Il
est urgent de travailler à intensifier les contacts, l'engagement et la
participation des parents les moins aisés à toucher. Cela suppose
sans doute des formes de travail très différentes de celles qui
sont actuellement intégrées aux dispositifs de participation.
Rappelons, sous ce rapport, les contacts personnels avec les enseignants,
à l'occasion des cours où l'on donnerait des explications sur les
matières et la vie de l'école. Pour ce genre de démarche,
l'attitude et les compétences des enseignants sont importantes :
ils doivent comprendre les cultures des élèves les plus faibles,
apprendre à se comporter avec eux sans blesser leur amour-propre,
à dialoguer avec les parents issus d'un milieu vulnérable.
Georgette Goupil et Michelle Comeau, toutes deux professeures
au département de psychopédagogie de l'Université de
Montréal ont démontré que des relations harmonieuses entre
l'école et les parents sont reconnues pour faciliter les apprentissages
des élèves. Elles ont découvert qu'au cours de ces
dernières années, des efforts importants ont été
faits et ont rapporté dans la documentation la nécessité
de créer un partenariat entre l'école, les professionnels et la
famille5.
Finalement, elles se sont posé plusieurs
questions telles que : Comment les élèves
perçoivent-ils les relations entre la famille et l'école ?
Ne sont-ils pas les premiers intéressés par cette question ?
Afin d'explorer ces perceptions, elles ont interviewé des groupes de
trois à six élèves, soit au total 53
élèves, (32 filles, 21 garçons) du second cycle du
primaire et de la première à la cinquième secondaire.
Elles ont discuté tout d'abord de leurs perceptions
générales sur les communications entre l'école et les
parents. Puis, elles ont posé des questions sur des circonstances
où les parents sont en contact avec l'école plus ou moins
directement, soit par les devoirs et les leçons ou la remise des
bulletins. Par la suite, elles se sont interrogées sur les meilleures
façons dont les parents peuvent aider leurs enfants à
l'école et sur les possibilités d'organiser des rencontres entre
leurs parents et leurs enseignants.
Alors, pour explorer les perceptions générales
des élèves, elles ont d'abord demandé si les parents
doivent communiquer avec l'école. Un premier constat s'impose. Tous les
groupes rencontrés indiquent que des communications ont lieu ou
devraient être effectuées au moment des difficultés.
Presque tous les enfants ont opté pour des rapports étroits entre
l'école et la famille. Toutefois, les élèves du secondaire
souhaitent une démarcation plus nette entre ce qui se passe à
l'école et à la maison.
D'un autre coté, la remise des bulletins
représente une occasion de discussion entre les parents et les
enseignants. Au cours de cette enquête, elles ont donc abordé
cette importante question. Un élément important ressort des
entrevues : la majorité des élèves, sauf quelques
exceptions, aimeraient accompagner leurs parents à cette rencontre. Ils
ont pu rencontrer des élèves fréquentant des écoles
où les parents ont l'habitude d'accompagner leurs enfants à la
remise des bulletins et d'autres élèves fréquentant des
écoles qui n'ont pas cette coutume. Presque tous les
élèves du primaire ou du secondaire ont manifesté le
désir d'accompagner leurs parents à la remise des bulletins.
Les devoirs et les leçons sont également une
occasion permettant aux parents de s'engager en ce qui concerne les
activités de leurs enfants à l'école. Plusieurs
pédagogues, dont (Featherstone en 1985 et Knorr en 1981) reconnaissent
cette pratique comme une occasion de contact entre les parents et
l'école. A cet effet, les enfants, que ce soit du primaire ou du
secondaire, ont exprimé des positions relatives à la
disponibilité de leurs parents. Certains expliquent qu'à cause du
travail de leurs parents, ils font leurs devoirs tout seuls ou recourent
à un grand frère ou une grande soeur. D'autres déclarent
qu'ils n'ont recours à leurs parents que lorsqu'ils sont vraiment en
difficulté6. Cela signifie que la disponibilité
d'horaire des parents pèse dans la balance des études de leurs
enfants. Alors, comment les parents peuvent-ils aider leurs enfants ?
Selon Georgette Groupil et Michelle7 Comeau,
lorsqu'il est question de la communication entre l'école et la famille,
ultimement, c'est dans le but d'aider l'élève. Ainsi, elles ont
donc demandé aux élèves ce que pouvaient faire leurs
parents pour les aider à l'école. Voici quelques
témoignages d'élèves du
secondaire : « Ce n'est pas nécessaire aux parents
de s'impliquer physiquement dans toutes les activités de
l'école. Ils peuvent aider en te demandant ce que tu as fait pendant la
journée, comment ça va, si les travaux sont
remis ? C'est manière est encore plus importante que l'implication
physique à l'école. L'implication des parents, c'est d'abord
une attitude envers le jeune, savoir ce qu'il a fait pendant la
journée, se tenir au courant de ce qui se passe, sans toujours aller
voir les professeurs pour le savoir. C'est faire confiance à son
jeune » (5eme secondaire). « C'est de
l'encouragement, me sentir appuyé par mes parents » (2eme
secondaire). « Nous soutenir au lieu de nous faire des
reproches » (Cheminement particulier). Dans cette atmosphère
de nécessité d'encadrement des enfants d'une manière ou
d'une autre, pour que la communication soit fructueuse, les parents
méritent d'être formés.
1.4. La formation des parents
Dans toutes activités humaines où les
parents sont impliqués, ceux-ci jouent un rôle
prépondérant dans l'encadrement et l'accompagnement de leurs
enfants. La présence des parents est nécessaire à tous
les niveaux du développement de l'enseignement : cognitif, psycho-
moteur et affectif.
Le contact des parents avec les centres de formation
(écoles, jardinières etc.) revêt une importance capitale,
car l'école est l'une des institutions sociales dont les
activités doivent a priori interpeller les parents. Ils sont
foncièrement concernés par tout ce qui se produit à
l'école. Cela s'explique du fait qu'ils représentent l'un des
acteurs les plus actifs et que sans leur participation directe ou
indirecte on risque de ne pas obtenir les résultats escomptés.
Pour ce faire, ils ont besoin d'être informés et formés
pour mieux se comporter et accompagner leurs enfants dans leurs
différentes activités scolaires. A notre sens, la formation
adéquate est la base de toute réussite.
Dans les recommandations de la Commission
Société-Enseignement à la Fondation Roy Baudouin sous la
direction de Jean Marie Deketele8, l'accent est mis sur la formation
des parents. Ainsi, il est expliqué que l'on pourrait aller
au-delà de simples conseils, d'offres de participation et de tentatives
de favoriser activement l'établissement d'une relation positive entre
l'école et les parents. La collaboration entre l'école et la
famille suppose, en effet, des connaissances concernant la manière dont
fonctionnent les écoles, l'univers des jeunes, la manière dont
les matières sont présentées, les objectifs et les
ambitions sous-jacentes à la pratique scolaire. Celle-ci pourrait
être organisée par l'école, en collaboration avec les
institutions de formation permanente existantes, et se donner
parallèlement au parcours scolaire du premier enfant. Elle devrait,
idéalement, avoir lieu dans l'école de l'enfant et traiter, pour
une part, des sujets liés directement à l'école (projet,
approche, matière...) et, pour une autre, des tendances sociales,
scientifiques, pédagogiques et culturelles générales qui
présentent de l'intérêt pour les parents. Une telle
formation ne peut naturellement pas être doctorale.
Au rythme de deux rencontres par an, d'une durée
très restreinte, cette formation devrait toucher le plus
spécifiquement possible l'école et les enfants concernés.
Ce type de formation des parents pourrait s'assortir des entretiens entre les
titulaires et les enseignants. De la sorte, les problèmes particuliers
à chaque famille se siueraient dans un cadre de problèmes,
d'expérience et de solutions plus larges et plus universelles. Cependant
lorsque les parents et l'école sont distancés on peut s'attendre
à de graves difficultés dans les deux camps.
1.4.1. Quand parents et maîtres s'ignorent
« Que peut-il résulter d'une telle
attitude ?
Le mieux que l'on puisse espérer, c'est que l'enfant
bien doué, docile vis-à-vis de son maître et compris de
lui fasse de bonnes études ; mais ne risque- t-il pas de se
détacher de ses parents, de devenir incapable de les comprendre et de
se créer un monde à lui, en dehors de sa propre famille
où il se sent étranger ? Si au contraire l'adaptation
à l'école est difficile, pour de multiples raisons, l'enfant
ne trouvant aucun appui dans son foyer, butera, fuira son école ou
se résignera à n'y être qu'un cancre. Ainsi l'absence
d'une convergence de vues entre collaborateurs nécessaires aura abouti,
dans le premier cas à un succès tronqué et par
là même fragile, dans le second à un échec
irréparable » (L.Firmin)9. D'où la
nécessité pour la famille et l'école d'être en
contact permanent afin d'éviter des difficultés majeures dans le
processus enseignement apprentissage. Dans ce contexte, le rapprochement de ces
deux acteurs peut être réalisé par des réunions.
1.4.2. Les réunions des parents
Dans les écoles de brousse, surtout récentes et
ne contenant qu'une ou deux classes, les réunions de parents ne
paraissent guère possibles. Les maîtres les remplacent par des
contacts individuels, des visites aux familles. Dans les centres plus
développés, par contre, elles devraient se multiplier, du reste,
partout, elles prennent à juste titre de plus en plus d'envergure.
Les parents et le maîtres entretiennent de bonnes
relations, car ils ont progressivement senti tout l'intérêt que,
en fait d'enseignement et surtout d'éducation, ils pourront
bénéficier de ces contacts. C'est peut-être le moyen le
plus sûr pour intéresser les familles aux activités
scolaires et pour prendre ensemble des décisions qui faciliteront
l'éducation.
C'est pour cette raison que F. Macaire a soutenu :
« Le profil de ces prises de contact réguliers avec
l'école est considérable. Elles permettent aux parents de
connaître l'école, l'ambiance qui y règne, l'esprit qui
guide l'action des maîtres, les méthodes adoptées tant
sur le plan scolaire qu'éducatif. Les rencontres les aident
à se familiariser avec le milieu dans lequel se trouvent leurs
enfants. Ces rencontres les aident également à comprendre
les réactions et les transformations réelles qui les
surprennent parfois, les offusquent et les dépassent. On dissipe
ainsi ou du moins on atténue les incompréhensions dues, pour une
bonne part, à ce que les parents et les jeunes vivent comme sur des
planètes différentes »9. Par ailleurs, en plus de
toute cette panoplie de facteurs qui rentrent en jeux dans la relation entre la
famille et l'école la situation économique des parents
pèse aussi de tout son poids.
1.5. Niveau socio-économique de la famille
Du point de vue d'André Renaud et
Richard Cloutier, « l'argent dont dispose la famille conditionne
l'ensemble de ce qu'elle peut s'offrir matériellement : logement,
vêtement, nourriture, équipement de loisirs, services
éducatifs, services de santé, etc. Même si
« l'argent ne fait pas le bonheur », mais un milieu
économiquement pauvre est généralement moins bien
équipé pour offrir à l'enfant une stimulation
intellectuelle de qualité, un soutien constant dans la poursuite des
objectifs de scolarisation à long termes, et ce milieu familial
s'inscrit souvent dans un réseau d'aide sociale moins adéquate.
Les enfants issus de familles défavorisées seraient plus sujets
à afficher une faible estime de soi, de la rigidité
intellectuelle et un manque de persévérance dans la poursuite des
objectifs professionnels (Cloutier, 1985a). La pauvreté se place en
tête de liste des facteurs de risques en santé physique et
mentale.
Werner et Smith (1982) ont mené une étude
longitudinale qui a permis de suivre 698 jeunes Hawaïens de leur naissance
jusqu'à l'âge de 18 ans ; leurs résultats ont
clairement montré que les enfants, rendus vulnérables au
départ par des complications périnatales ; un faible poids
à la naissance ou un tempérament considéré comme
difficile (irritabilité, difficulté de contact, etc.), avaient
beaucoup plus de chance de progresser normalement dans une famille de niveau
socio-économique moyen ou supérieur que dans une famille pauvre.
Dans ce dernier cas, le risque de développer une maladie mentale ou une
forme d'inadaptation sociale s'est avéré très
élevé.
C'est dans ce contexte que Cloutier a affirmé que
« clairement, le faible statut économique représente un
déterminant important dans l'adaptation psychologique : L'enfant
qui naît dans une famille pauvre, explique-t-il, a une probabilité
plus élevée de vivre des difficultés psycho-sociales au
cours de son développement, et par conséquent dans sa vie adulte
ultérieure. L'abondance des appuis empiriques à cette affirmation
fait contraste avec l'absence de moyens vraiment utiles à contrer cette
situation bien connue de la « pauvreté
héréditaire » : Les enfants nés dans une
famille pauvre ont plus de chance à devenir pauvre
(10). La richesse éducative de l'environnement
familiale a ses effets sur le développement de l'enfant.
1.5.1. Richesse éducative de l'environnement
familial
Par ailleurs, plusieurs recherches ont montré que les
variables familiales suivantes jouaient un rôle significatif dans la
qualité environnementale offerte à l'enfant :
a- Le climat émotionnel dans la famille (notamment le
niveau de conflit) ;
b- La qualité de communication entre les
membres ;
c- La disponibilité d'adultes auprès de l'enfant
pour favoriser la réussite de ses apprentissages ;
d- La qualité de l'organisation pratique,
c'est-à-dire un fonctionnement pratique bien organisé dans
l'espace et dans le temps permettant à l'enfant de prévoir ce qui
lui arrive ;
e- Des expériences de vie riches et variées
permettant à l'enfant d'explorer son monde physique, psychologique et
social dans la mesure de ses capacités (Cloutier, 1985b ; Elardo,
Bradley et Caldwell, 1977).
Intégrant plusieurs de ces facteurs dans son approche
écologique de la famille, Bronfenbrenner (1979b) propose quatre
contextes dont la présence est liée à la richesse de la
stimulation offerte à l'enfant dans sa famille. Premièrement, il
ya le contexte éducationnel primaire où une personne plus
développée que l'enfant (le père ou la mère par
exemple) consacre son temps à l'enfant en vue de favoriser ses
apprentissages. Une famille où l'enfant passe beaucoup de temps
bénéficiant d'un encadrement dans ses activités
éducatives sera plus stimulante pour ce dernier qu'une famille où
l'enfant n'accède que rarement à ce contexte éducatif
primaire.
Deuxièmement, Bronfenbrenener (1979b) décrit un
contexte éducationnel secondaire correspondant au soutien que la famille
donne à l'enfant pour qu'il exerce les habilités acquises,
notamment dans le contexte primaire pour les appuyer dans leur rôle
éducatif auprès de l'enfant. Il s'agira par exemple de
l'encouragement concret que la mère offrira au père pour que
celui-ci consacre du temps en interaction directe avec son enfant. Enfin, le
contexte quaternaire, renvoie à la compétence que la famille
affiche dans l'utilisation de ses ressources communautaires disponibles. Ce
quatrième contexte concerne par exemple les habilités de la
famille à bien mettre au service de l'enfant les ressources
éducatives, de santé ou de loisirs disponibles dans sa
communauté.
Donc, selon Bronfenbrenner (1979a, 1979b), une famille active
dans chacun de ses contextes, est une famille riche pour l'enfant. Cette
richesse de stimulation dépend de son fonctionnement systémique.
Sur ce dernier plan, la compétence des parents dans leur rôle de
guide, est certainement importante. A côté des effets de la
situation économique sur la vie scolaire, situations conjugales
actuelles peuvent avoir des incidences sur le fonctionnement des
écoles.
1.5.2. Les situations de la famille actuelle
Le mode de vie d'une famille, sur le plan conjugal, peut
influencer profondément les activités scolaires de l'enfant. La
stabilité au niveau du couple permet à l'enfant d'avoir un
encadrement plus soutenu dans ses activités et plus de
considération affective qui puissent servir de motivation dans le
travail à l'école. Cependant, au cours de ces dernières
décennies, la vie familiale a profondément changé. Si
l'on compare la situation actuelle à ce qu'elle était dans les
années cinquante, on peut parler franchement d'une véritable
métamorphose dans la famille. Celle-ci exerce une influence
considérable sur le parcours scolaire des enfants(8). Par
conséquent, il est donc important que les enseignants aient une bonne
compréhension des modes de vie et des types de famille ou grandissent
leurs élèves. Ils doivent être capables et désireux
de s'adapter aux implications des formes nouvelles de l'existence et de la
famille.
Bien de nouvelles formes familiales surgissent avec
l'augmentation du nombre de divorces. Les formes de parenté et de
cohabitation qui sont ainsi apparues, l'école doit les percevoir et les
reconnaitre. Nombreux sont les enfants dont la vie est bouleversée par
la séparation de leurs parents pendant leur parcours scolaire. Ces
enfants changent de situation familiale, traversent une procédure de
divorce plus ou moins douloureuse et une période d'adaptation plus ou
moins difficile. L'école et les enseignants ne peuvent agir comme si
cette situation n'avait rien à voir avec la scolarité. Le
divorce des parents et l'adaptation à de nouveaux partenaires
éventuels constituent des événements majeurs dans la vie
des enfants et des jeunes. Les écoles doivent être en mesure
d'apporter un soutien réel aux élèves qui vivent de tels
bouleversements11.
Cela exige naturellement un grand effort de la part des
écoles qui veulent tenir compte des situations familiales devenues
très complexes. Cet effort est toutefois nécessaire.
L'enseignement ne devrait pas du reste se contenter, vis-à-vis de cette
l'évolution, des formes familiales, d'un rôle de réaction,
d'adaptation, mais plus toto d'un rôle actif, moteur. Il faut chercher
les moyens de s'engager dans une action positive
« les nouvelles grandes familles » et les ressources
humaines : nouveaux parents, grands parents, beaux-parents qu'elles
recèlent. L'école ne doit pas hésiter à mettre
l'accent dans ses communications sur la responsabilité des parents. Elle
est également l'une des institutions les mieux placées pour
attirer l'attention de nouveaux partenaires sur leurs responsabilités
parentales.
Les récents changements familiaux et sociaux ont pour
effet de rendre les parents moins disponibles, à la fois pour les
enfants et pour l'école, et ce, pour toutes sortes de raisons :
parents qui occupent tous les deux un emploi, horaires de travail atypiques,
activités de loisirs divers, recherches d'adaptation et
considérations spéciales aux nouveaux partenaires. En outre,
influencés par les grands courants sociaux : matérialisme et
individualisme, les parents se comportent aujourd'hui davantage comme
« des consommateurs d'école »13 :
ils « magasinent », comparent les établissements, en
choisissent un en fonction des critères qui varient d'une famille
à l'autre et exercent des pressions individuelles ou collectives pour
que leur école fournisse aussi tel ou tel service.
Une telle adaptation et une attitude aussi actives ont
naturellement des implications au niveau de la formation du personnel
enseignant. L'on attend de lui qu'il sache manier la nouvelle éthique
familiale et soutenir les enfants qui traversent une période de
transition difficile (séparation ou décès des parents).
Aussi, doit-il apprendre à aborder l'enfant, moins comme une donne
individuelle que comme un noeud de relations sociales, comme l'un des
éléments constitutifs d'une famille. La matière et le
matériel pédagogique, les procédures et les
communications devront être adoptés en ce sens.
D'où la nécessité d'une étroite
relation et collaboration entre ces deux grandes institutions sociale dont
dépend la formation intégrale de l'enfant. Lors même que
l'éducation de l'enfant commence de façon informelle à la
maison, l'école a pour mission de la continuer de façon formelle.
Presque tous les chercheurs abondent en ce sens. La communication,
l'interdépendance et la collaboration entre ces deux entités
favorisent le bon déroulement du processus enseignement-apprentissage et
du même coup permettent à l'enfant de mieux assumer son parcours
scolaire. C'est pour ces raisons que Johanne Bernier explique que des
initiatives en milieu scolaire montrent qu'une collaboration harmonieuse entre
la famille et l'école permet de lutter efficacement contre le
décrochage scolaire et favorise une meilleure qualité de vie chez
les élèves.
La nécessité pour l'école et la famille
de vivre en étroite collaboration est tellement bénéfique
et visible que l'Unesco a décrété
« l'année 1994 comme l'année de la famille ».
Toutefois, les recherches de Josée Roy nous ont permis de comprendre
que les relations qu'entretiennent les parents avec l'école sont
tantôt harmonieuses et satisfaisantes et tantôt tendues et
frustrantes à certains égards. Nous avons déduit, d'une
part, que les nouveaux changements sociaux et la situation économique
des parents ont également leur impact sur le parcours scolaire des
enfants et, d'autre part, que la formation et la qualification des enseignants
sont autant d'atout leur permettant de répondre adéquatement
à cette lourde tâche que leur réclame la
société. Ainsi donc, la formation des enseignants sera l'objet de
notre prochain chapitre.
Chapitre II
Formation et qualification des enseignants
Pour professer dans quel que soit le domaine et dans n'importe
quelle orientation, il faut une solide formation pour pouvoir faire
carrière. Il va sans dire qu'il en est de même pour l'enseignant
puisqu'il aura : le cerveau, la conscience, le coeur et l'esprit de l'enfant
à former. Pour ce faire, son action est double : Non seulement il
doit instruire mais aussi éduquer. L'enseignement se fait
à trois niveaux : cognitif, psycho- moteur et
affectif. Pour pouvoir s'acquitter valablement de sa noble tâche,
l'enseignant doit avoir une culture générale. Lorsqu'on
considère les diverses implications de la profession d'enseignement et
les multiples responsabilités imputables à l'enseignant,
l'enseignement devient un métier qui s'apprend. Alors, dans ce
chapitre, nous allons démontrer l'importance de la formation dans la
profession d'enseignement. Tout d'abord, nous nous proposons d'insister sur la
nécessité de la formation et ensuite aborder le concept
qualification.
L'importance de la mission d'un enseignant exige de celui-ci
une solide formation. La gestion rationnelle d'une salle de classe requiert
une connaissance de la psychologie de l'enfant qui permet aux enseignants
d'interpréter les divers comportements des apprenants afin de pouvoir
intervenir efficacement. Une connaissance des méthodes
pédagogiques habilite l'enseignant à utiliser les nouvelles
techniques d'enseignement afin de pouvoir aider les enfants à
s'approprier du savoir par des activités éducatives
enrichissantes. A défaut de cette formation pédagogique,
l'enseignant fait un travail bâclé et les objectifs de
l'école sont en difficultés d'être atteints. Un enseignant
digne de ce nom doit avoir des qualités et des compétences
requises lui permettant de participer à la formation intégrale de
ses élèves.
Après l'éducation familiale, la formation
scolaire représente l'un des piliers sur lesquels repose l'avenir d'un
enfant. La période de sa scolarité le marque
profondément et oriente foncièrement son avenir. « L'enfant
est en devenir. Il est en route. Nous avons à le guider, à
l'encourager, à le conseiller, à lui faire aimer sa tâche
d'homme. Que chaque éducateur songe à l'influence qu'il exerce
sur l'intelligence et la subtilité si malléable d'un enfant,
à l'empreinte que laisse l'école sur les pensées les
sentiments et la conduite durant toute une vie ! Que chaque
éducateur multiple les répercussions de son action sur un
individu par le nombre d'élèves qu'il inscrit sur le registre
d'appel durant sa carrière il aura une idée de l'étendue
et de l'importance de sa mission » Médard14
Reprendre une oeuvre matérielle entachée de
failles s'avère une entreprise si difficile, des fois impossible, car
cette oeuvre peut être incorrigible. Une éducation
gâchée ne peut être réparée. Toute sa vie,
l'enfant sera tributaire de l'incompétence et les mauvaises pratiques de
ses enseignants. D'où la nécessité de former et même
de performer les enseignants.
2.1. Nécessité de la formation et la
performance des enseignants
F. Macaire explique que le véritable éducateur a
le souci de perfectionner sans cesse son art d'enseigner. Cette formation se
réalise principalement dans les centres spécialisés ou des
universités, mais elle doit continuer pendant toute la carrière
de l'enseignant. Elle dure tant que le maître enseigne. Il s'agit ici
aussi bien de culture générale que de connaissances dans
les disciplines de son métier. On ne demeure un bon enseignant que si
l'on continue d'étudier. L'examen passé à la sortie du
centre de formation sanctionne un certain degré d'instruction qui
s'évanouit peu à peu dès lors qu'on ne l'entretient pas.
Les connaissances acquises à l'école, tant sur le plan
général que sur le plan pédagogique, constituent la base
et le point de départ d'une culture plus poussée. Aussi,
existe-il une grande relation entre la formation et la qualité de
l'enseignement.
2.2. Relation entre la formation et la qualité
de l'enseignement
Dès qu'on parle de qualification, on fait toujours
référence aux diplômes. Dans toute recherche d'emploi, le
postulant doit tout d'abord déposer ses diplômes. Ici, le
problème de la qualité de l'enseignement se réfère
de préférence de la qualification des maîtres,
c'est-à-dire leur formation. Toutefois, le concept de qualification
varie d'une culture à l'autre. Par exemple, les Nations-Unies, dans ses
offres d'emplois à l'échelle mondiale exigent des diplômes
comme critères de recrutement. Cependant, un niveau de formation
intellectuelle avancé, lié à des expériences
professionnelles peut permettre à un postulant de briguer une fonction
sans avoir décroché le diplôme exigé.
Une étude de l'UNESCO sur l'avenir de l'enseignement
primaire paru en 1986 montre qu'en cas de carences de certaines
catégories d'enseignants, tous les pays prennent des mesures qui
dérogent à la regèle des diplômes et autorisent le
recrutement de personnes ne possédant pas les diplômes requis. Que
l'on veuille ou non, la formation reste et demeure la voie idéale
conduisant à la qualification de l'enseignant garantissant le
succès dans son travail.
Le dictionnaire encyclopédique de l'éducation et
de formation définit le concept « formation » comme
une démarche amenant vers la qualité de l'enseignement qui
s'appuie sur trois composantes indissociables : la maîtrise des
techniques impliquant un apprentissage préalable, l'aspect
organisationnel pour assurer la constance dans la performance et la conduite
(pilotage) des acteurs associés aux différentes actions.
Barlow et all. (1987) entend par
formation « une action humaine posée en rapport avec des
finalités et des objectifs, explicites ou non ; elle est
orientée par le désir d'obtenir un certain type de
résultats. Il existe une complémentarité entre les
différents aspects de la fonction enseignante et des concepts
généraux de la pédagogie. En analysant les objectifs et
les méthodes employées, on découvre les fondements
réels de l'action et qu'en confrontant les affirmations de principe et
les données de l'expérience, on fait apparaitre les valeurs qui
structurent ce qu'on a réalisé. Ils adaptent en outre des
principes et des méthodes qui leur permettent d'appréhender la
formation comme action organisée.
Ainsi, Barlow définitif à cet effet la
similitude des objectifs de la formation et de ses méthodes, comme
« la nécessité de mettre en cohérence le
but et les voies d'approche de formation
visées ».16
Bernard, F (1994), dans son ouvrage, le manuel de
qualité a défini la qualité comme l'ensemble des
caractéristiques d'une entité qui lui confèrent l'aptitude
à satisfaire des besoins exprimés et implicites. Par
conséquent, il explique que le terme entité englobe non seulement
un produit ou un service, mais aussi une activité, un processus ou un
organisme. Dans ce contexte, un enseignement qui cherche la satisfaction des
apprenants doit partir à la recherche de la qualité tout au long
du processus de formation.
La formation est toujours considérée comme
étant un facteur de qualification. C'est ainsi qu'on peut définir
la qualification en rapport avec la formation. Larousse, de son coté,
la définit comme la valeur d'un travailleur suivant sa formation et son
expérience. Elle se rapproche d'une compétence spécifique,
acquise grâce à la formation dont la reconnaissance est
essentielle.
Pour Fournier (1977), cité par Simon, la qualification
sert de principe fondamental au modèle technocratique de
l'éducation. Ce modèle se distingue des modèles
traditionnels, caractérisés par la sélection, par la
recherche du développement de la productivité du système
éducatif. « L'enseignant est considéré comme
l'agent technique d'une éducation industrialisée dont les
produits les plus courants s'appellent chercheurs, cadres, techniciens,
travailleurs qualifiés ». Plus loin, l'auteur précise
que dans ce modèle la finalité de l'éducation
réside dans la satisfaction des besoins de l'économie en
main-d'oeuvre. La politique de l'éducation revient dans ce cas à
définir les produits à fournir (tels travailleurs
qualifiés, de tels niveaux, de telle spécialité, avec tel
contenu de formation) et la meilleure manière de les produire (structure
et méthodes de formation) 17
Selon Neville, la qualification ne se confond pas avec des
seules habilités et compétences professionnelles :
« qualification ne veut pas toujours dire spécialisation, et
surtout spécialisation très
poussée »18. Car la spécialisation dans une
tâche peut être réalisée assez rapidement grâce
aux formations sur « le tas » ou
accélérées. Par qualification l'auteur entend l'ensemble
des séquences de formation réalisées à l'intention
des professionnels sur certains aspects pédagogiques de la
qualification. Car il estime que celle-ci doit faire de l'ouvrier ou de
l'employé un homme capable d'affronter des situations techniques
complexes variables. Il s'agit pour le système éducatif de
veiller à établir un lien explicite entre la formation
professionnelle et la culture générale de telle sorte que la
compétence des éléments techniques et des
ingrédients culturels permettent aux maîtres d'acquérir
dans les meilleures conditions une qualification véritable pour le
métier19.
Du point de vue de Postic, « les études
portant sur la qualification des enseignants étaient de nature
prédictive. Au moyen de tests, entre autres de personnalité,
elles établissaient les traits de la personnalité des
enseignants. Par comparaison des résultats obtenus, les
élèves qu'ils avaient en charge ont associé les bons
résultats avec les traits de personnalité qu'on
rééditait d'une valence positive20. Mais la valeur
réelle de telles études est limitée, car on se borne
souvent à étudier l'action du professeur pour un objectif
à court terme, celui d'un aspect de programme à connaître.
Afin de se rapprocher d'avantage de la réalité,
des observations objectives menées dans la classe ont voulu combler
cette lacune. Il s'agit de cerner la dynamique de la situation éducative
et son évolution sous l'influence de l'enseignant. Des interactions
explorant de fait les dimensions du comportement observé sont
analysées et ramenés à quelques fonctions de l'acte de
l'enseignement. Diverses associations de fonctions sont corrélées
avec les divers résultats obtenus par les élèves ;
les bonnes fonctions sont celles auxquelles correspondent les résultats
de réussite.
Beillerot (1982) fournit une autre
explication de cet état de fait. Il dégage deux idéologies
de la formation d'enseignant qui polarisent les recherches en éducation
et leur servent de postulat. « Pour certains, l'enseignement est un
don et révèle de l'art pédagogique. On naît
enseignant, on ne le devient pas ».21 L'efficacité
de l'enseignant tient de l'art et non d'une technique apprise. On entre
d'ailleurs dans la profession enseignante par vocation et non par une
motivation personnelle basée sur un intérêt et un
goût dont on prend conscience et qu'on peut développer
grâce à la formation. « Pour d'autres, l'enseignement
est un métier. Il comprend des gestes, des comportements, des normes
analysables, repérables, acquérables et
transformables »22. Parmi eux, certains développent
des méthodes et des techniques de l'éducation qui s'inscrivent
dans la technologie moderne. « D'autres mettent l'accent sur le
développement d'une réflexion individuelle et collective apte
à guider l'enseignant dans l'exercice de son
métier »23.
Beillerot montre que le deuxième courant domine le
paysage de l'éducation. « L'enseignement présent des
caractéristiques d'un travail qualifié. En effet, l'enfant,
l'enseignant et le savoir, en devenant de plus en plus des objets de savoir,
attirent la création pédagogique et les
spécialistes : enseigner devient une technique plus ou moins
complexe et l'enseignant est un technicien »24
D'autres raisons autorisent à penser que l'enseignement
est un travail qualifié et que les enseignants qui l'exécutent
doivent être également qualifiés. L'enseignement est un
travail complexe, c'est ce que les tenants de l'art d'enseigner laissent
entendre. Pour exécuter ce travail complexe, il faut une formation d'une
durée suffisante. L'enseignement est aussi un travail formalisé,
de ce fait il recourt à des procédures formelles de nature
sociale, juridico-administrative et pédagogique. L'institution scolaire
correspond à une organisation collective réglée par des
statuts des lois. Elle se matérialise sous la forme de
ministère, de corps d'inspection, d'établissements scolaires. Sur
le plan pédagogique des lieux, des temps et des activités
clairement différencies et exclusivement réservés au
processus d'apprentissage ont été mise en place depuis la
première moitié du 19eme siècle en France, un peu plus
tard ailleurs25. Maintenant que nous avons établit la
relation entre la formation et la qualité de l'enseignement, en quoi
consiste alors la profession d'enseigner.
2.2.1. La profession d'enseigner
D'après les recommandations de la Commission
Société-Enseignement à la Fondation Roi Baudouin sous la
direction de Jean Marie Deketele, c'est l'enseignant qui est responsable de la
formation des apprenants. « C'est lui qui se trouve face à la
salle de classe, non l'expert en pédagogie, le planificateur, le parent
attentif ni le ministre responsable. L'enseignant est à la fois en
première ligne, dans certains cas sur la ligne de front, et au point
d'aboutissement de tous les projets et bonnes intentions. Il est clair que
l'expérience apprend qu'il ne suffit pas de prescrire soigneusement ce
que les enseignants doivent faire pour atteindre un projet, aussi bon soit-il.
Les objectifs que l'on cherche à atteindre par le biais de
l'enseignement ne peuvent être atteints simplement par une
énumération des tâches des enseignants ni par une
spécification de la manière dont ces tâches doivent
être accomplies. Bref, l'enseignant n'est pas un pouvoir exécutif
mais un créateur ».
Il faut, au demeurant, se départir de l'idée
selon laquelle tout ce qui se fait en classe peut être planifié.
« La probabilité d'un enseignement d'excellente qualité
n'est pas liée à la précision des plans déterminant
ce qui doit se faire en classe mais à la capacité qu'a
l'enseignant de s'adapter à une situation et d'oeuvrer activement, avec
des hauts et des bas, à une amélioration ». D'où
la nécessité de la professionnalisation du métier
d'enseignement.
2.2.2. Professionnalisation
Du point de vue des chercheurs qui ont oeuvré pour la
rédaction de ce rapport, les principes énoncés impliquent
un certains nombre de choses. Il faut abandonner l'idée de la
planification linéaire et hiérarchique. L'enseignant n'est plus
celui ou celle qui ne doit qu'exécuter un programme
préétabli. A la relation hiérarchique entre parents,
pouvoirs publics et enseignants se substitue une relation où chaque
partie porte une responsabilité propre et dispose des moyens de
l'assumer. Dans cette optique, il est très important que les enseignants
disposent de l'autonomie et des capacités nécessaires pour se
consacrer, hors de leur classe, à la recherche et à
l'étude indispensable pour réaliser avec créativité
les objectifs généraux de l'enseignement. Autrement dit,
l'enseignant doit être un « professionnel » capable
de travailler de façon autonome et sur la base d'une conception
générale des objectifs de l'enseignement, de poursuivre en
équipe l'accomplissement de ces objectifs. Ce but entraîne
incontestablement un certain nombre d'implications sur le plan de la formation,
de l'organisation de l'école et de l'offre de services de soutien et
d'encadrement. Pour atteindre ce niveau de professionnalisme, la formation des
enseignants revêt une importance capitale.
Dans ce même rapport de la Commission
Société-Enseignant, il est clairement exprimé que
« la professionnalisation du métier d'enseignant
nécessite un élargissement de la formation des enseignants de
l'école maternelle, primaire et secondaire, de même qu'une
profonde adaptation de la formation des licenciés désireux de
s'orienter vers l'enseignement. Celle-ci constitue d'ailleurs la
conséquence logique de l'élargissement de la mission des
écoles. On attend désormais qu'elles forment tous les jeunes
jusqu'à l'âge de dix-huit ans, en assumant à leur
égard un éventail de tâches plus large qu'auparavant.
Naguère, la réponse à l'essor de
l'enseignement passait par l'accroissement quantitatif du corps enseignant. Il
est temps d'accorder plus d'importance à la qualité. Le
renforcement de la formation et de la sélection constitue une
première étape en ce sens ».
Renforcer la formation ne signifie d'ailleurs pas qu'il faille
l'allonger. L'adaptation de la formation des enseignants doit se faire dans la
perspective de l'enseignement permanent, où les enseignants,
après une formation initiale, retourneront à l'école pour
y suivre une formation de perfectionnement ou de recyclage. Cette
dernière ne doit plus se faire à titre personnel ou exceptionnel
mais comme élément normal et naturel de la carrière. Ainsi
nous proposons que dans la réforme de la formation d'enseignant,
l'enseignement permanent, la formation continue et le recyclage deviennent un
point important du programme.
La formation d'enseignant doit devenir beaucoup plus
polyvalente. Les enseignants doivent en effet apprendre à travailler de
façon davantage transdisciplinaire. Ils doivent être plus
aisément mobilisables et disposer d'une possibilité réelle
de changer de discipline, de niveau et de groupe cible en cours de
carrière. Cela ne suppose nullement l'exclusion ou l'élimination
de leurs connaissances par les techniques ou les méthodes
pédagogiques de formation de la personnalité. Nous plaidons en
faveur d'un rôle discret de celles-ci. La technique de l'enseignement ne
doit être, à côté de la connaissance de la branche,
de la compétence morale et de la connaissance de l'univers des jeunes,
qu'un des éléments de la formation des enseignants. Elle ne peut
en aucun cas en devenir l'élément dominant.
Les différents niveaux d'enseignement exigent
différentes sortes de compétences. A mesure que les
élèves progressent, l'attention doit se déplacer de la
formation de la personnalité vers l'apport de connaissances, sans que
jamais l'une des deux facettes ne s'estompe complètement ni ne devienne
envahissante. La modulation de la formation des enseignants en fonction des
caractéristiques et des besoins spécifiques des
élèves devrait, du reste, s'appliquer également aux
différentes orientations de l'enseignement secondaire. On ne tient pas
suffisamment compte, dans la formation, du fait que près d'un tiers des
enseignants du secondaire du deuxième degré travaillent dans
l'enseignement professionnel. La pratique montre pourtant qu'enseigner à
l'école professionnelle suppose une série de compétences
particulières. Le choix d'une spécialisation axée sur
l'enseignement professionnel pourrait, d'autre part, se faire de façon
plus positive. On a l'impression aujourd'hui que les élèves et
une partie des enseignants des écoles professionnelles s'y trouvent
davantage par contrainte que par choix. A côté de toute cette
formation et de professionnalisation, l'enseignant doit avoir certaines
qualités même si la plupart d'entre elles doivent être
inhérentes à sa nature. Quelles seraient alors les
qualités de l'enseignant ?
2.3. Les qualités de l'enseignant
Généralement, il est certaines qualités
qui doivent être inhérentes à la nature de l'enseignant. A
côté de son instruction à soigner incessamment,
l'enseignant se doit de soigner bien d'autres aspects en lui. Ses
qualités physiques et sa dignité extérieure exercent
déjà une grande influence sur les enfants ; une bonne
santé, une voix audible, une vue excellente et une ouïe normale
sont autant de facteurs qui jouent en sa faveur dans son métier. Il doit
bénéficier d'une sante solide car cette tâche est
fatigante, épuisante même, pour celui qui s'y livre tout entier.
Les heures de classes terminées, il doit encore veiller à la
préparation de la classe du lendemain, la correction des devoirs ou des
tests.
Dans le cadre d'une santé déficiente, il devra
fréquemment interrompre son travail, se faire remplacer, ce qui n'ira
pas sans conséquence sur les élèves. Une
mauvaise santé va souvent de pair avec un caractère maussade,
ce qui nuit grandement aux relations avec les autres acteurs
impliqués dans le processus enseignement-apprentissage. En
conséquence, l'enseignant doit être une personne en forme
physiquement.
Quant à la dignité extérieure de
l'enseignant, elle pèse de tout son poids sur les autres acteurs.
L'enseignant doit se distinguer par une tenue simple, plutôt que
grave, des manières affables sans tomber dans l'affectation et
la prétention. «Le port, la contenance, l'attitude
générale peuvent prévenir favorablement un
auditoire ; un maintien calme, une demande posée, un regard
assuré contribuent beaucoup à donner cet air d'autorité
et de maîtrise de soi qui conduit vite à la maîtrise de la
classe. Il faut se tenir pour tenir les autres » Bernard 26
Qu'il s'en rende compte ou non, pour ses élèves,
il ressemble à un acteur devant son public. Les enfants saisissent
rapidement le côté amusant d'un geste, d'une attitude,
prêt à exploiter la plus petite faiblesse et à s'en
formaliser. Mais il faut que l'enseignant se souvienne constamment qu'il
travaille devant des témoins et que par conséquent il doit
éviter, dans sa façon d'agir, tout ce qui pourrait donner prise
au ridicule et, par suite, nuire à son autorité. Autant dire
que l'enseignant doit aussi faire preuve de capacités
intellectuelles.
2.3.1. Les qualités intellectuelles de
l'enseignant
Un enseignant n'a pas besoin d'être un génie ou
un esprit supérieur pour exercer sa profession. Il doit,
néanmoins, faire preuve de certaines qualités intellectuelles
avancées, sinon d'un ensemble d'aptitudes moyennes grâce
auxquelles il peut assimiler et dominer les connaissances variées qu'il
doit enseigner.
L'éducation relève du domaine de
l'intelligence, de la raison et du bon sens. Comment, sans un jugement
droit et bien formé, l'enseignant pourrait-il guider les autres,
leur donner des conseils appropriés ? Comment pourrait-il
démêler les mille incidents qui constituent la trame quotidienne
de la vie d'une classe et discerner la part de l'étourderie et celle de
la malice ?
Il faut qu'il sache parfaitement les notions à
inculquer aux enfants et que, tout au long des années, il les enrichisse
par une réflexion personnelle à partir de ses
expériences. «Depuis que les méthodes actives sont
à l'honneur, depuis que l'enseignant est devenu le guide actif de
l'élève, il n'est pas possible de baser la leçon sur un
manuel dont on commente un peu le texte et qu'on fait étudier et
reproduire de mémoire. L'instituteur ne doit plus transmettre la
science, mais la faire acquérir. Il doit développer les
intelligences non en y accumulant les matériaux, mais en faisant
école et grandir leurs forces latentes » F.
Léon28
Il est clair que l'enseignant n'est plus une courroie
de transmission du savoir. Car de nos jours, le savoir s'approprie, il se
crée. Par ailleurs, la fonction de l'enseignant le met au-dessus
du commun des mortels et on attend de lui une vaste information.
Inévitablement, ses élèves et parfois, leurs parents, lui
poseront des questions auxquelles il doit pouvoir répondre.
Ainsi, il ne peut ignorer les découvertes, les grandes inventions
modernes. A côté de sa formation intellectuelle,
l''écrivain F. Macaire a soutenu que « l'homme vaut plus par
ses qualités morales que par l'autorité que lui
confèrent sa charge et son savoir »29. Et quand
cet homme a pour mission d'éduquer les enfants, il doit se souvenir
qu'il ne donnera que ce qu'il possède lui-même. Quels que soit
ses talents naturels, son intelligence et ses sciences, l'éducation ne
fera rien, ou peu de chose, sans un riche fond de qualité morale.
Pour que son action porte des fruits, il doit l'étayer par l'exemple,
la bonté et la fermeté, la patience et le calme, la
justice et la loyauté, le dévouement et la
ponctualité. Le but couronné par une conscience professionnelle
sans faille « d'une manière générale,
l'éducation se fait beaucoup par l'exemple que par la parole.
Elle est, si l'on peut dire, une contagion bienfaisante et non un formalisme
verbal» F. Léon30
Si, comme nous venons de le voir, la formation, mises à
part les qualités inhérentes à l'enseignement, joue un
rôle de premier plan dans l'exercice du métier d'enseignant,
peut-on soutenir, toutefois que des séminaires de recyclage suffisent
à certains maitres exerçant ce métier dans le secteur
privé haïtien sans une formation pédagogique
préalable ?
2.3.2. La formation des maîtres dans le secteur
privé haïtien
Traditionnellement, en Haïti, les vocables :
enseignants, instituteurs, maîtres désignent en quelque sorte le
même personnage. Il en est de même pour Macaire (1979) qui les
définit tous comme « celui qui a la responsabilité de
former d'éduquer les enfants, de former leurs
caractères ». De son coté, Ronald Legendre, dans son
dictionnaire actuel de l'éducation, présente l'instituteur
à l'image de quelqu'un qui enseigne à l'école primaire. De
nos jours, le concept d'instituteur est remplacé par celui du professeur
d'école. Ce, pour désigner toujours celui qui enseigne à
l'école primaire. « Le maître, dit Legendre, c'est
l'enseignant qui se spécialise dans un domaine donné. Il est vu
comme une personne qui a pouvoir et autorité pour se faire obéir.
Donc c'est celui qui commande, qui dirige. Le maitre d'école vu sous cet
angle, est un véritable commandant inspirant à
l'élève les mêmes réactions qu'en présence
d'une autorité dont il a peur. C'est le type du
« magister dixit ». Celui dont on
ne contredit ni discute les idées ou les opinions émises. Le
concept « éducateur » a un sens plus prégnant
que celui de l'enseignant et de maître. Il est celui qui éduque,
c'est-à-dire qui forme par l'éducation. Le vocable enseignant
prête parfois à équivoque puisque parfois on l'utilise pour
faire allusion à tous ceux qui militent tant au niveau primaire,
fondamental que du secondaire ».
Outre un nombre réduit d'écoles normales du
secteur public et privé répandues à travers tout le pays,
la formation des maîtres en Haïti consiste en un ensemble de
séminaires de mise à niveau académique et
pédagogique communément appelés
« séminaire de recyclage »31 Ils
étaient souvent organisés par le MENJS et de nos jours par le
MENFP ou par des institutions privées. Ces séminaires de
recyclage conduisent soit à une attestation de participation, soit
à un certificat d'aptitude pédagogique (CAP), soit à un
diplôme de fin d'études normales. Près de 80% des
maîtres sont recrutés sans formation pédagogique
préalablement. Par rapport à cette situation de fait, le corps
enseignant haïtien se divise en trois groupes : les normaliens, les
capistes (CAP) et les recrutés (le plus grand nombre).
Dans un document d'analyse du MENJS en référence
au problème de la compétence et de la qualification des maitres,
nous retenons les informations suivantes que nous jugeons très
alarmantes. Il a attiré notre attention sur le fait qu'en 1991, sur un
échantillon de 2000 maîtres d'écoles du secteur
privé auxquels a été administré un test diagnostic
comprenant les objectifs de l'enseignement fondamental, plus de 2/3 de ces
maîtres (68.1%) ont obtenu une moyenne générale
inférieure à 50 sur 100. En d'autres termes, la grande
majorité de ces maîtres n'atteint pas le niveau de performance
correspond au deuxième cycle de l'école fondamentale (CM1 -CM2).
Et cette tendance se vérifie pour la plupart chez des maîtres
responsables des matières de base, sauf en créole ou 39%
dépassent la moyenne de 50 sur 10032.
Durant l'année scolaire 1993/94, le MENJS a
indiqué qu'il existe 43.6% de normaliens et 22.8% de maîtres
possèdent un certificat d'aptitude pédagogique (CAP) (24). Tandis
que pour cette même année, la FONEP a constaté, pour le
secteur privé, un taux de normaliens de 0.42% or la grande
majorité des maîtres de ce secteur n'offrent pas un enseignement
de qualité. Toutefois, on est unanime à reconnaitre que le
secteur privé a fait un effort considérable ces dernières
années, mais à regarder de près, cet effort a
été fait de manière anarchique et inadéquate.
L'enseignement est un métier qui s'apprend. Aussi, pour
certains, celui qui désire faire carrière dans la profession
d'enseignant doit-il chercher à meubler son esprit afin de pouvoir
répondre aux exigeantes du monde éducatif. Et, pour d'autres,
une bonne formation habilite l'enseignant à accompagner les apprenants
dans leurs parcours scolaires. Pour Neville, la qualification ne se confond
pas avec des seules habilités et compétences
professionnelles : « qualification ne veut pas toujours dire
spécialisation, et surtout de spécialisations très
poussées » (N). Car la spécialisation dans une
tâche peut être réalisée assez rapidement grâce
aux formations sur « le tas » ou
accélérés. Selon le rapport de la Commission
Société-Enseignant à la Fondation Roi Baudouin, la
professionnalisation du métier d'enseignant nécessite un
élargissement de la formation de ces derniers pour qu'ils puissent
s'acquitter de leurs multiples tâches.
En conséquence, une qualification solide liée
à une formation continue peut permettre à l'enseignant
d'acquérir les habilités nécessaires conduisant à
la compétence souhaitée pour éviter aux apprenants une
formation au rabais. C'est dans cette optique que Barlow et all. (1987)
entendent par la formation une action humaine posée en rapport
avec des finalités et des objectifs, explicite ou non ; elle est
orientée par le désir d'obtenir un certain type de
résultats.
Nous venons de franchir la première tape, plutôt
théorique de notre travail. Elle consistait à démontrer
l'impact de l'implication des parents dans la formation scolaire de leurs
enfants et à faire ressortir l'importance de la formation et de la
qualification dans le métier. Le temps est venu maintenant de passer
à une autre étape, plus pratique, celle de vérifier
l'application des théories pédagogiques nouvelles à une
réalité plus concrète : le fonctionnement
pédagogique des écoles fondamentales de Torbeck.
PRESENTATION
DE L'ETUDE DU DE TERRAIN
Chapitre III
Organisation méthodologique du travail
Au cours de cette deuxième phase de notre travail,
nous nous donnons comme objectif la présentation de la situation du
fonctionnement pédagogique des écoles fondamentales de Torbeck,
l'analyse et la présentation des résultats de notre
enquête. Cependant, dans ce premier chapitre nous nous proposons de
présenter l'organisation méthodologique du travail de la
façon suivante :
3.1 Les objectifs poursuivis
Dans le cadre de ce travail, les objectifs poursuivis sont
les suivants :
1. Découvrir le niveau de rapport entretenu entre les
parents et les écoles et le type d'accompagnement qu'ils donnent
à leurs enfants
2. Vérifier la qualification et la formation des
enseignants afin de déduire si les méthodes d'enseignement
qu'ils utilisent peuvent leur permettre d'assurer la bonne formation des
apprenants. Le cas échéant, faire des propositions susceptibles
d'améliorer les conditions de fonctionnement de ces écoles.
3. Déterminer les impacts que peut exercer sur le
processus enseignement- apprentissage la distance parcourue par les enseignants
et les apprenants pour atteindre ces écoles.
4. Observer si les effectifs des classes de ces écoles,
l'absence de supports didactiques et le salaire des enseignants ne constituent
pas des obstacles au bon déroulement du processus enseignement
apprentissage.
3.1. I Interrogations
Les différents problèmes que nous avons
évoqués au niveau de notre problématique nous guide
à formuler les questions suivantes.
1- Le type de rapport entretenu par les parents avec ces
écoles favorisent-ils la bonne formation des enfants ?
2- Le manque de qualification et de formation des enseignants
des écoles fondamentales de Torbeck ne serait-il pas à la base de
leur fonctionnement pédagogique anormal?
3- La distance parcourue par les enseignants et les apprenants
des écoles fondamentales de Torbeck n'aurait-elle pas des impacts
négatifs sur le processus enseignement-apprentissage ?
4- L'absence de supports didactiques appropriés, des
effectifs des classes et le salaire des enseignants ne constitueraient-elles
pas une barrière à l'application des principes
pédagogiques ?
Alors, tenant compte de la jeunesse de ces écoles
fondamentales, très peu de recherches ont été
réalisées dans ce domaine chez nous. Puisque que notre travail
vise à observer le fonctionnement pédagogique de ces
écoles à Torbeck, au lieu d'élaborer des
hypothèses, nous avons choisi de poser les questions ci-dessus
mentionnées. Aussi, espérons-nous qu'elles favoriseront des
conclusions plus larges qui pourront servir de base objective et rationnelle
à la formulation d'hypothèses de recherches.
3.1.2. Les instruments de recherche
Pour de répondre à nos interrogations, nous
avons priorisé le questionnaire et la grille d'observation comme
instruments de recherche. A cet effet, un nombre déterminé de
responsables d'écoles fondamentales, d'enseignants et de parents ont
été questionnés et observés afin de
découvrir avec exactitude comment fonctionnent ces écoles au
regard des principes pédagogiques et quels sont les différentes
relations qui existent entre les différents acteurs afin de favoriser
le processus enseignement -apprentissage.
Dans contexte, nous avons élaboré deux
questionnaires. L'un à l'intention des responsables d'écoles et
des enseignants et un autre pour les parents. Les deux questionnaires
comportent 24 questions au total qui se référent à des
facteurs essentiels de notre étude qui sont : la relation
parent-école, la formation et la qualification des enseignants, la
distance de la demeure des apprenants et des enseignants par rapport aux
établissements scolaires, l'implication des apprenants dans le processus
enseignement apprentissage et le salaire des enseignants. Douze (12) de ces
questions sont fermées, six (6) à éventail de
réponse et six (6) ouvertes.
D'un autre coté, nous avons observé directement
le travail de certains de ces enseignants afin de déceler si leurs
méthodes d'enseignement riment avec les techniques pédagogiques
qui peuvent permettre aux apprenants de s'approprier du savoir, voir à
quel niveau ils maîtrisent les matières qu'ils sont appelés
à enseigner et leurs rapports avec les apprenants. A ce niveau, nous
avons observé le fonctionnement de deux classes par écoles
à partir d'une grille d'observation.
Plusieurs variables sont considérées tout au
long du processus de réalisation de ce travail. Les variables :
« recrutement des enseignants »,
« disponibilité de programme », résultats aux
examens officiels », « profil économique de la
clientèle » seront prises en compte pour les responsables de
ces écoles ; « la formation et la qualification
pédagogique », « la distance des
demeures », « le salaire » pour les
enseignants ; « les supports didactiques »,
« la distance des demeures », « degré de
participation dans les cours » pour les élèves et,
à l'intention des parents, nous retiendrons : « relation
avec les écoles », « situation
économique », «contrôle des
études ».
3.1.3. Recherche documentaire
A ce niveau, nous avons rencontré des
difficultés majeures. Tout d'abord, nous avons dû faire une liste
d'institutions où nous nous pourrions trouver des documents relatifs
à notre objet de recherche ainsi que des personnes ressources à
contacter. Etant donné que les écoles de notre commune ne
disposent pas de bibliothèques, nous avons dû recourir d'une
part aux bibliothèques de l'Ecole Normale des Cayes, l'Alliance
française et la Jardinière d'Enfants des Cayes qui,
malheureusement sont très pauvres en documents spécialisés
relatifs à l'éducation. Par ailleurs, nous étions
obligés de nous référer à la bibliothèque
du CREFI afin de trouver des documents spécialisés qui nous ont
aidés à mieux structurer notre travail.
Nous avons consulté également des ouvrages
généraux et spécialisés ayant rapport avec le
fonctionnement pédagogique des écoles, des revues et des
journaux, la réforme de l'Institut pédagogique National
publiée par le ministère de l'Education afin d'avoir une vision
plus large et plus profonde du contenu.
Pour certaines institutions, il nous a fallu plusieurs
rendez-vous avant d'accéder à leurs documents. Par
surcroît, nous étions obligés de négocier afin de
faire des consultations sur place pendant un laps de temps et parfois nous
n'avions pas pu atteindre notre objectif.
La difficulté la plus criante que nous avons
rencontrée au cours de notre recherche documentaire, c'es
l'indisponibilité des références de plusieurs ouvrages
que nous avons consultés. Aussi, étions-nous obligés de
collecter les informations importantes pour ensuite nous débrouiller
pour trouver les références. Nous avons dû lutter contre
ce problème tout au long de la réalisation de notre travail.
3.1.4. Le déroulement de l'enquête
Au cours de notre enquête de deux semaines, les
questionnaires nous ont permis d'un coté, d'évaluer quel type de
personnel recruté par les responsables de ces écoles, le rapport
des parents avec ces écoles, le degré de qualification et de
formation et leurs méthodes d'enseignement et de l'autre, les
répercussions de la distance parcourue par les enseignants et les
apprenants sur le processus-enseignement-apprentissage, la disponibilité
des supports didactiques et finalement, le salaire des enseignants. Par
ailleurs, par le biais d'une grille d'observation nous avons observé
directement le travail des enseignants
Nous nous sommes intéressés aux écoles
fondamentales de la Commune de Torbeck puisque nous travaillons dans
l'éducation de cette zone depuis tantôt quinze ans (15 ans) et de
plus c'est la nôtre et que nous y vivions depuis toujours, ces atouts
nous ont facilité l'abord et l'accession aux informations
nécessaires pour la réalisation de notre travail. Toutefois, nous
avons du attendre longtemps avant de pouvoir recueillir les informations
auprès des parents puisque certains d'entre eux exigeaient beaucoup
d'explications. Même si on est collègue depuis tantôt quinze
(15) ans, certains directeurs et enseignants étaient très
réticents, serait-ce à cause de la réalité de
leurs institutions. Ils n'aimeraient pas que certaines choses soient
éventées.
3.1.5. Le public cible
Le travail a été réalisé avec un
échantillon de 5 écoles fondamentales. Aussi, avons-nous
questionné dix (10) enseignants et 25 parents par écoles. En
outre, l'utilisation d'une grille d'observation nous a permis d'observer
directement les méthodes d'enseignement utilisées par les
enseignants au niveau de deux classes par écoles. Au total, nous avons
observé dix (10) classes soit un effectif de six cent douze
élèves (612) dont 232 filles et 380 garçons.
Chapitre IV
Présentation de Torbeck et l'analyse des
résultats
Dans ce chapitre, notre objectif c'est de présenter et
interpréter les résultats obtenus de notre enquête afin de
nous rendre comte du mode de fonctionnement réel des écoles
fondamentales de Torbeck. A cet effet, les données seront reparties dans
des tableaux reflétant objectivement la réalité du mode
de fonctionnement de ces écoles. Vu que nous avons choisi cinq (5)
écoles fondamentales de la commune de Torbeck comme champs de
recherche, nous estimons important de faire une présentation de cette
commune avant d'aborder les résultats.
4. 1. Présentation de Torbeck
Haïti, île tropicale, située en plein coeur
de la zone caribéenne est divisée en 140 communes et 565 sections
communales. Torbeck se situe dans la zone méridionale du pays. Pour
permettre à tout un chacun de bien comprendre le mode de fonctionnement
des écoles fondamentales de Torbeck nous allons faire une
représentation multidimensionnelle de cette commune, l'une des plus
anciennes du pays. Pour ce faire, un aperçu historique et
géographique nous enseignera sur sa fondation, sa culture et son
économie. Pour finir, nous présentons le mode de fonctionnement
réel des écoles fondamentales de Torbeck.
4.1.1. Aperçu historique et géographique de
Torbeck
Imposante composante d'une vaste plaine du pays, Torbeck est
situé à 7 kilomètres de la ville des
cayes. En dépit des effets dévastateurs du déboisement de
la zone, elle conserve encore un peu de sa verdure florissante. Cependant, elle
n'a pas le profil d'une ville parce qu'elle n'est pas tracée. Comme dans
le reste du pays, ses constructions ne respectent aucun principe
d'urbanisation.
De part sa situation, Torbeck est le passage incontournable
par voie terrestre pour se rendre sur la zone côtière, les
communes de Chantal, d'Arniquet et de St-Jean du Sud lorsqu'on revient de
Port-au-Prince ou de la ville des Cayes. Elle est l'une des communes les plus
arrosées du département du Sud.
Torbeck, dispose d'une latitude terrestre vraiment
impressionnante. La moindre section communale de Torbeck pourrait
représenter n'importe quelle autre petite commune du pays. Elle
avoisine la Commune de Camp-Perrin par « Carrefour
Moreau » en passant par « Lévy ». Elle
touche la Grande-Anse par la quatrième section communale de (Moreau).
Elle est divisée en 4 sections : Bouri, Berault, Guilgo et
Moreau.
D'après les données disponibles à
l'institut Haïtien de statistique et à partir du rapport de
2003, Torbeck a une superficie de 86km2 et est
habité par 6012 habitants. (N) Institut haïtien de statistique)
4.1.2. Fondation de Torbeck
Torbeck, en tant que paroisse représente un
élément important dans la constitution du patrimoine politique et
religieux du pays. D'ailleurs, c'est le lieu de naissance de Boirond Tonnerre,
le rédacteur de l'Acte de l'Indépendance. Fondée en 1720
par le duc français Joseph de Vaudreuil, la Commune de Torbeck
était tellement importante à l'époque qu'on savait
dire : «Le bourg des Cayes, la ville de Torbeck»33.
Son st. Patron, St. Joseph est fêté traditionnellement le 19
mars. L'église de Torbeck, considérée comme faisant partie
du patrimoine religieux du pays, est plus ancienne que les deux plus grandes
églises de la ville des
Cayes : « Sacré-Coeur et
Cathédrale »34. Cependant en fonction de sa
situation territoriale extrêmement plate, elle est souvent l'objet de
fréquentes inondations dévastatrices. En temps pluvieux, presque
toute la zone se transforme en de véritables lits de rivières.
Le bourg est enclavé, à l'est par la rivière de Torbeck,
au sud-est, par l'Estère et au Sud par la mer des Caraïbes. Au fil
des ans et sous le poids des intempéries, le bourg est ruiné
et la zone littorale totalement érodée. Zone
côtière, on y trouve plusieurs plages attrayantes.
4.1.3. Economie et Agriculture de Torbeck
L'économie de Torbeck dépend de son
marché principal situé à Ducis, 3ème
section communale. Ce marché, un des trois plus grands du pays en
matière de rentabilité représente un atout majeur pour la
caisse de l'Etat. Chaque mardi, on y brasse des centaines de milliers de
gourdes. Des dizaines y partent en transportant vers la capital toutes
sortes de denrées sans compter les camionnettes qui assurent le
trajet Cayes-Ducis-Torbeck et des autres localités avoisinante.
A coté de la pêche, base principale de
l'économie torbeckoise, figurent aussi l'agriculture, l'élevage,
la commercialisation du lait de vache. En dépit de la baisse de la
production agricole, Torbeck est considéré comme l'un des
principaux greniers du département. Son sol arable et les diverses
rivières qui l'arrosent permettent aux agriculteurs de la zone de
pratiquer la polyculture : Le pois, le riz, le maïs, la figue banane,
le petit mil et le « mazoumbel » malheureusement en voie de
disparition. Aucune instance ne s'est penchée sur ce problème et
aucune étude n'a été faite pour déterminer la cause
de cette maladie dévastatrice qui ronge le
« Mazoumbel ». Ces produits précités peuvent
être trouvés un peu partout à travers la commune de
Torbeck qui dispose des zones sèches et de zones marécageuses
à vocation agricole.
L'élevage joue aussi un rôle
prépondérant dans l'économie Torbeckoise. Presque tous les
animaux du territoire y sont élevés. Cependant, la
priorité est accordée à l'élevage bovin, porcin et
caprin. La poule a également une place de choix dans cette
activité.
4.1.4. Culture
Sur le plan culturel, Torbeck disposait de plusieurs groupes
de jeunes qui savaient animer et éduquer la population par des
pièces de théâtre.
Ceux qui s'intéressent à la culture se
rappellent des prouesses de l'UCJT, des idéalistes, du groupe Samba, de
l'UJPT. C'est un carrefour où tous les rythmes culturels se croisent.
Au niveau des danses folkloriques on y observe le menuet, le congo,
le « rada » et le « rara » qui
suscitent l'admiration des visiteurs. En ce qui a trait à la
musique de tendance Compas direct, Torbeck possède son propre groupe,
Universal Music de Welsh (quartier de la première section communale. A
l'intérieur du bourg, il y a un groupe de jeunes (HERJMA Disco) qui
organise chaque fois que le besoin se fait sentir de grandes journées
récréatives extrêmement explosives. On y trouve quatre
pistes dansantes dont la plus attirante est « Bamboula »
située à l'Estère. Elle fonctionne chaque fin de semaine
et chaque premier mercredi du mois afin de permettre aux pèlerins qui
viennent prier St Joseph de s'amuser. A Torbeck, les gageures ne se
comptent plus. Le combats de coq, rivalisant avec le
« rara » reste et demeure l'un des principaux loisirs des
paysans.
La position de Torbeck par rapport à la mer des
caraïbes favorise l'aménagement de plusieurs petites plages
où les jeunes ont l'habitude d'organiser non seulement de grandes
journées de pique-nique, mais aussi de festivals. L'Estère Beach,
« Grande embouchure » (Granbouchi) et Bouri sont les plus
réputées. Le carnaval y est toujours organisé avec faste
sans oublier la diffusion des émissions culturelles de Focus FM
émettant sur le 99.9 FM stéréo.
4.1.5. L'éducation
Après la ville des Cayes, Torbeck est la seule
Commune du département du Sud à posséder deux
lycées : Rivière Hérard localisé au sein
du bourg et le lycée de « Ferme le blanc »
situé à la quatrième section communale. Ensuite, pour les
quatre sections communales, nous recensons 16 collèges de
troisième cycle de l'école fondamentale, 63
écoles réparties comme suit : 8 écoles
nationales d'Etat, 11 établissements privés, 2 écoles
d'obédience épiscopalienne et 37 relevant des cultes
réformés.
A l'intérieur de toute la Commune, il existe plusieurs
collèges dont deux fonctionnent jusqu'à la
terminale : Le collège Justin Lhérisson (3 6ans) et le
collège St Paul. Finalement, à côté de la ville
des Cayes, Torbeck est la seule commune à posséder un centre
universitaire : La faculté d'agronomie de l'Université Notre
Dame d'Haïti (UNDH) située sur l'habitation de Redon non loin du
bourg.
4.2. Présentation des résultats
reflétant le mode de fonctionnement des écoles fondamentales de
Torbeck
Comme le montrent toutes les recherches, pour que
l'école puisse répondre à ses différentes missions,
il faut que tous les acteurs soient en mesure de jouer leurs partitions. Si la
direction de l'école s'occupe du pilotage, de la maintenance, de
l'interface et du symbolisme, les parents, pour leur part doivent être en
mesure de supporter financièrement les enfants et de les accompagner
dans leur travail. Conscient du rôle des parents dans les
activités scolaires, l'UNESCO a décrété
l'année 1994, « l'année des parents ». Et
Josée Roy, dans son rapport, a recommandé que le
ministère travaille davantage pour raffermir les relations entre la
famille et l'école doivent de jour en jour devenir plus étroites
puisque l'école est appelée à former de futurs
parents »(N)
L'enseignement est un métier comme tous les autres et
celui qui est appelé à former les enfants doit être
qualifié, formé et recyclé. Une solide formation des
enseignants liée à d'autres facteurs peut favoriser
l'épanouissement intégral comme nous l'avons déjà
démontré. Par ailleurs, lorsqu'on considère
l'apprentissage comme une activité qui nécessite la mobilisation
de toutes les capacités organismiques des apprenants, les retards et les
fatigues peuvent avoir des incidences négatives non seulement sur la
bonne marche des écoles mais aussi sur le rendement scolaire des
enfants.
Si pour le professionnel, les outils symbolisent des
instruments indispensables, pour les apprenants les matériels
didactiques sont d'une importance inestimable. Par conséquent, les
matériels didactiques, les nouvelles technologies et les
bibliothèques sont des atouts majeurs dans le bon fonctionnement d'une
école.
La pédagogie moderne insiste beaucoup sur l'image parce
qu'elle est plus frappante et par conséquent plus saisissable par
l'esprit humain. Dans l'ordre de la présentation des résultats de
nos enquêtes sur le mode de fonctionnement des écoles
fondamentales de Torbeck, nous pensons, par souci de clarté et de
précision, qu'il est préférable de procéder par
l'exposition de certains tableaux qui synthétisent la
réalité et dont l'interprétation nous permettra mieux de
comprendre l'ambiance dans la quelle évoluent ces écoles. Tout
d'abord, nous présentons les résultats reflétant les
différents rapports parents-écoles.
4.2.1. La situation des rapports
parents-écoles
Tableau I- Répartition des parents des
écoles selon leurs professions et leur capacité à payer
l'écolage
PROFESSIONS DES PARENTS
|
CAPACITÉ DE PAYER L'COLAGE DES
ENFANTS
|
TOTAL
|
%
|
Très Bien
|
Bien
|
Assez Bien
|
Mal
|
Cultivateurs
|
5
|
7
|
10
|
30
|
52
|
42%
|
Pêcheurs
|
2
|
4
|
9
|
18
|
33
|
26%
|
Marchands
|
2
|
3
|
7
|
11
|
23
|
18%
|
Enseignants
|
5
|
3
|
1
|
1
|
10
|
8%
|
Autres
|
1
|
1
|
2
|
3
|
7
|
6%
|
Total
|
15
|
18
|
29
|
62
|
125
|
100%
|
Source : Enquête réalisée
auprès d'un échantillon de 125 parents des 5 écoles
fondamentales choisies au niveau de la Commune de Torbeck du 14 au 15 mars
2008.
Au regard de nos multiples recherches, nous avons pu
déduire que les parents représentent des acteurs incontournables
pour le bon fonctionnement de l'école et la réduction de
l'échec scolaire. Par conséquent, nous voyons qu'il est mieux de
présenter le rapport des parents de Torbeck avec les écoles
à partir de leurs professions, leur capacité à payer
l'écolage de leurs enfants, les relations qu'ils entretiennent avec
l'école et les formes d'accompagnement qu'ils donnent aux enfants
à la maison.
Ce tableau montre que 41.6 % des parents sont des
agriculteurs et 26.4% des pécheurs et seulement 8% des enseignants. Ce
qui peut s'expliquer aisément par la configuration géographique
de cette Commune située dans une zone côtière et à
vocation agricole. D'un autre coté, environ 50.4% des parents
interrogés affirment avoir des difficultés à financer
normalement l'écolage de leurs enfants. Parmi ces parents, 47% sont des
cultivateurs contre 20% de pêcheurs. Seulement 1.5% de ces parents sont
des pêcheurs.
Par ailleurs, sur ce même échantillon de 125
parents interrogés 15 seulement peuvent bien payer l'écolage de
leurs enfants. Ce qui représente un pourcentage de 12%. Il est clair que
la profession des parents au niveau de la Commune de Torbeck ne leur permet pas
de bien financer l'écolage de leurs enfants. C'est l'une des raisons qui
expliquent qu'au niveau du troisième cycle fondamental, l'habitude des
professeurs à travailler fort souvent avec la moitié des classes
à la fin de chaque mois. En ce qui a trait aux deux premiers cycles,
dans les écoles où l'on ne paie pas mensuellement, les
responsables nous expliquent que de temps en temps, ils sont obligés
renvoyer de presque la moitié des classes.
Les élèves sont renvoyés pour
insolvabilité. Ce renvoie est une forme de pression sur les parents afin
de les pousser à faire un effort pour se mettre en règle avec
l'économat. De la, nous pouvons mesurer facilement les
conséquences de ces renvoies mensuels sur la formation des enfants et
finalement sur leurs parcours scolaires. Car bon nombre d'entre eux, sachant
qu'ils seront renvoyés pratiquent l'école buissonnière.
Ainsi, l'école pense que les enfants sont rentres chez eux, et les
parents de leur côté, pensent que les enfants sont à
l'école. Cette situation catastrophique nous interpelle et nous force
à nous interroger non seulement sur le type de relations
qu'entretiennent parents et écoles ; mais également sur le
mode d'accompagnement que les parents peuvent offrir à leurs enfants. Le
tableau suivant nous fournira certains éléments de
réponses à nos questions.
Tableau II- Répartition des parents selon le
type de relations entretenues avec l'école
TYPE DE RELATIONS AVEC L'ÉCOLE
|
METHODE DE TRAVAIL A LA MAISON
|
TOTAL
|
%
|
Devoir
|
Récitation
|
Supervision
|
Aucun
|
Financières
|
2
|
6
|
8
|
19
|
35
|
28%
|
Réunions
|
2
|
3
|
6
|
9
|
20
|
16%
|
Remise de carnets
|
1
|
3
|
5
|
6
|
15
|
12%
|
Aucune
|
2
|
4
|
9
|
40
|
55
|
44%
|
Total
|
7
|
16
|
28
|
74
|
125
|
100%
|
Source : Enquête réalisée
auprès d'un échantillon de 125 parents des 5 écoles
fondamentales choisies au niveau de la Commune de Torbeck du 14 au 15 mars
2008
Selon le tableau II, sur les 125 parents qui ont
répondu à nos questions, un total de 74 soit 60% n'offrent aucun
accompagnement à leurs enfants à la maison. Parmi ces parents,
un nombre de 40 représentants, 60% de l'échantillon
n'entretiennent aucune relation avec l'école.
Ce comportement catastrophique des parents lié
à leur profession et à leur manque de formation a des impacts
désastreux sur l'évolution et le progrès des enfants.
Comme nous l'avons déjà vu selon nos multiples recherches,
l'accompagnement des parents à la maison joue un rôle
prépondérant dans la formation des enfants. Sans ce support
à la maison, il est évident que les enfants ne peuvent en aucun
cas donner de bons résultats.
Par ailleurs, nos enquêtes nous ont permis de constater
aussi que sur les 125 parents retenus, 67 ne signent jamais les carnets de
leurs enfants, soit un total de 53.6%. En outre, plus de 35% des carnets de
ces enfants sont signés par des tierces, c'est-a-dire un voisin, une
autre personne de la maison qui peut être également un membre de
la famille.
Parents et écoles doivent entretenir d'étroites
relations pour éviter les échecs scolaires. Tout compte fait,
au niveau des écoles fondamentales de Torbeck, les enfants ne
bénéficient pas de l'encadrement qu'ils devraient avoir pour
évoluer normalement dans leurs études et atteindre un niveau
intellectuel avancé pour qu'ils puissent maîtriser leur
environnement et créer un plus être. Lorsqu'on considère
que 60% des parents affirment n'avoir aucune relation avec les
établissements scolaires, la situation de l'apprentissage des enfants
est très alarmante au niveau de ces écoles. Cela signifie qu'il
est tout à fait clair que les enseignants ne peuvent à eux seuls
fournir à ces enfants une solide formation. Il faut un effort conjoint
et complémentaire entre parents et enseignants.
4.2.2. La formation et la qualification des enseignants des
écoles fondamentales de Torbcek
Partout dans le monde, l'unanimité est faite autour de
la question de la formation et de la qualification des enseignants. Personne
ne saurait donner ce qu'elle n'a pas. Or, pour inculquer aux enfants une
formation solide et les préparer à devenir des citoyens utiles et
des humanistes, l'enseignant doit non seulement soigner le contenu des cours,
mais aussi et surtout maîtriser les méthodes de travail ;
sinon il ne pourra pas réveiller les capacités latentes de ses
élèves ni les aider à cultiver chez eux certaines valeurs.
Même si nous acceptons que le nombre d'années d'expérience
peuvent suppléer à certaines compétences, nous restons
convaincus que seule une formation qualifiée des enseignants garantisse
pour une bonne part la réussite des enfants.
A ce niveau, nous dessinons le profil de qualification et de
formation des enseignants des écoles fondamentales de Torbcek à
partir de notre échantillon, leur niveau d'études, leurs
fréquences de recyclage et leurs méthodes de travail.
Tableau III- Répartition des enseignants selon
leur profil de qualification, de formation et les fréquences de
recyclages subis.
NIVEAU D'ETUDES DES ENSEIGNANTS
|
FREQUENCE DE RECYCLAGE DES ENSEIGNANTS
|
TOTAL
|
%
|
Annuelle
|
Tous les deux ans
|
Tous les trois ans
|
Aucun recyclage
|
Universitaires en sciences de l'éducation
|
0
|
0
|
1
|
1
|
2
|
4%
|
Normaliens
|
0
|
0
|
2
|
6
|
8
|
16%
|
Universitaires
|
0
|
0
|
2
|
7
|
9
|
18%
|
Capistes
|
1
|
2
|
2
|
0
|
5
|
10%
|
Bacheliers
|
0
|
2
|
3
|
10
|
15
|
30%
|
Autres
|
0
|
0
|
1
|
10
|
11
|
22%
|
Total
|
1
|
4
|
11
|
34
|
50
|
100%
|
Source : Enquête réalisée
auprès d'un échantillon de 50 enseignants des 5 écoles
fondamentales choisies dans la Commune de Torbeck du 26 au 29 février
2008
D'après ce tableau, sur les 50 enseignants
interrogés, 4% seulement sont des universitaires en sciences de
l'éducation. On dénombre 16% de normaliens contre 18%
d'enseignants qui ont un niveau universitaire. Les capistes sont en
minorité avec un pourcentage de 1%. Toutefois, il est à remarquer
que seulement 2 normaliens sont recyclés tous les trois ans, ce qui
représente un pourcentage de 25% du nombre total de normaliens
interrogés. Aussi-sommes-nous en mesure de comprendre clairement que
même les enseignants qui ont reçu une formation sont
confrontés à plusieurs problèmes : ils ne sont pas
recyclés ; leur connaissance non renouvelée ne leur permet
plus de répondre à la complexité des nouveaux
défis de l'éducation. Par ailleurs, lorsqu'on considère
qu'au niveau de ces écoles le pourcentage de bacheliers (3%)
dépasse celui des spécialistes, il y a de quoi se questionner
sur la qualité du travail qui se fait au niveau de ces
établissements scolaires.
4.2.3. Les impacts de la distance des résidences des
enseignants et des apprenants
La distance parcourue pour se rendre à l'école
pourrait ne pas avoir d'impacts sur le processus enseignement-apprentissage au
cas où les enseignants et les apprenants disposeraient des moyens de
transport ou de déplacement. A Torbeck, notre enquête nous a
permis de vérifier que les moyens de déplacement des enseignants
et des apprenants posent certaines difficultés. L'interprétation
des données ci-dessous explicitera davantage les handicaps auxquels font
face ces deux acteurs.
Tableau IV- Répartition des moyens de transport
utilisés par les enseignants
MOYENS DE TRANPORT UTILISES PAR LES
ENSEIGNANTS
|
Moyens de Déplacements des
enseignants
|
Voitures Privées
|
Motocyclette
|
Bicyclette
|
Transports
Publics
|
A Pied
|
Total
|
Nombre d'Enseignants
|
1
|
6
|
10
|
13
|
20
|
50
|
Total
|
2%
|
12%
|
20%
|
26%
|
40%
|
100%
|
Source : Enquête réalisée
auprès d'un échantillon de 50 enseignants des 5 écoles
fondamentales choisies au niveau de la commune de Torbeck du 26 au 29
février 2008.
Selon le tableau IV, parmi les 50 enseignants de
l'enquête, ils sont 20 à aller à pied, ce qui
représente 40% contre 26% qui utilisent le transport public. Il est
à remarquer que seulement 1.4% des enseignants disposent d'une voiture
ou d'une motocyclette.
Ce constat se révèle tout à fait alarmant
pour une si vaste commune. La plupart des enseignants proviennent de la ville
de Cayes, d'Arniquet et des sections communales assez éloignées
les unes des autres. Ils ne disposent pas de moyens de déplacement. On
comprend donc pour quoi presque tous les professeurs accusent des retards dans
les heures de travail. La rentrée des classes est fixée à
8 heures AM. Certains professeurs arrivent jusqu'à 8h30 et d'autres sont
parfois encore sur la route pour toutes sortes de raison : pluies, boues,
panne de pneus, transports publics eux-mêmes en retard, et souvent la
démotivation chez certains.
Il est à noter que le mardi et le vendredi, à
cause du fonctionnement des marchés de Ducis et de Chantal, la
circulation est plus rapide et les enseignants arrivent plus à l'heure.
On peut, dans le cas contraire et c'est le lot quotidien, imaginer deux ou
trois salles sans professeurs pendant que les autres travaillent avec ceux qui
habitent plus prêts ou qui ont décidé d'être
ponctuels ou tout simplement consciencieux. Dans une telle atmosphère,
il est difficile même pour ceux qui travaillent d'atteindre leur
objectif. De ce fait, nous sommes en mesure de déduire que la distance
liée aux moyens de déplacement utilisés par les
enseignants conditionne le mode de fonctionnement des écoles de Torbeck.
Ces retards accumulés empêchent pour le moins, aux enseignants de
boucler leur programme. A la fin de l'année, il faut s'attendre à
un bourrage de crâne et à une course effrénée pour
couvrir le programme. Enfin de compte, cela donne quoi comme
résultat ? Formation au rabais et échec tant pour
l'établissement que pour les élèves et les professeurs
eux-mêmes, sans compter le gaspillage économique pour les
parents.
Le problème de transport ou de moyens de
déplacement se pose également pour les apprenants. Tous
n'habitent pas aux environs de l'école. La plupart viennent de
très loin et doivent parcourir à pieds plusieurs
kilomètres.
Ces élèves doivent en effet parcourir plusieurs
kilomètres (5 à 9 et même davantage) avant d'atteindre
les écoles. Par conséquent, ils sont très souvent en
retard et sont obligés de perdre les premières heures ou
carrément de retourner chez eux. Il est parfois triste de constate
qu'aux heures de classes, un groupe de jeunes errent à travers les rues
ou sont assis sous les arbres en attendant la recréation pour se
faufiler parmi les autres pour entrer dans les salles de classe. Dans cette
ambiance, plusieurs d'entre eux n'arrivent pas à assister convenablement
au cours et finalement échouent aux examens. Dans certains cas, ceux
dont les parents ne sont pas vigilants peuvent abandonner. Voila l'une des
causes de la déperdition scolaire dans le milieu. Le tableau nous fera
la radiographie de la situation.
Tableau V- Répartition des moyens de transport
utilisés par les apprenants
MOYENS DE TRANPORT UTILISES PAR LES
APPRENANTS
|
Déplacements
|
Voitures Privées
|
Motocyclette
|
Bicyclette
|
Transports
Publics
|
A Pied
|
Total
|
Nombre d'apprenants
|
0
|
8
|
42
|
29
|
121
|
200
|
Total
|
0%
|
4%
|
21%
|
14%
|
61%
|
100%
|
Source : Enquête réalisée
auprès d'un échantillon de 200 apprenants des 5 écoles
fondamentales choisies dans la commune de Torbeck du 26 au 29
février 2008.
Le tableau V nous indique que 121 sur 200
élèves vont à l'école à pied, soit plus de
60%. Vingt neuf sur 200 utilisent le transport public, c'est-a- dire, 14% et 42
ont recours à la bicyclette, soit 21%.
A cote de toute une panoplie de problèmes tels la
faiblesse situation économique de certains parents qui oblige les
apprenants à perdre toutes les fins de mois, la difficulté de
créer et de maintenir des relations parents-écoles-enseignants
pour bien encadrer les enfants, de la formation et de la qualification non
adéquates de certains enseignants, du retard accuse par le manque de
moyens de transport ou de déplacement tant pour les enseignants que pour
les enseignes, n'ya-t-il pas bien à soulever la problématique des
méthodes de travail dans les écoles ?
4.2.4. Les méthodes de travail utilisées par
les enseignants dans les écoles fondamentales de Torbcek
Nous sommes d'accord avec cette approche scientifique qui
considère les enfants comme des projets en gestation. Cela signifie,
comme le veulent les nouvelles visées psychopédagogiques, que
l'enseignant n'est plus une courroie de transmission du savoir. Si autrefois,
les enseignants pouvaient se payer le luxe d'utiliser le style
« magister dixit », de nos jours, il leur faut oeuvrer pour
permettre aux apprenants de pouvoir s'approprier le savoir au moyen de
certaines activités qui exigent leur participation dans la construction
de ce savoir. A ce stade, voici donc la fréquence d'utilisation des
méthodes pédagogiques des enseignants dans les écoles
fondamentales de Torbcek.
Tableau VI- Répartition de la fréquence
d'utilisation des méthodes pédagogiques utilisées par les
enseignants
METHODES DE TRAVAIL DES ENSEIGNANTS
|
FREQUENCE D'UTILISATION DES METHODES
PEDAGOGIQUES
|
Souvent
|
Parfois
|
Rarement
|
Total
|
Pourcentage
|
Exposés Magistral
|
31
|
3
|
2
|
36
|
72%
|
Interactions
|
1
|
1
|
3
|
5
|
10%
|
Travaux de Groupes
|
1
|
1
|
2
|
4
|
8%
|
Exposés des élèves
|
0
|
2
|
3
|
5
|
10%
|
Total
|
33
|
7
|
10
|
50
|
100%
|
Source : Enquête réalisée
auprès d'un échantillon de 50 enseignants des 5 écoles
fondamentales choisies dans la Commune de Torbeck du 26 au 29 février
2008.
A partir du tableau VI, nous décelons que parmi les 50
enseignants observés un total de 36 utilise « l'exposé
magistral » comme méthode de travail, ce qui représente
un total de 71%. Seulement 5 de ces 50 enseignants recourent à la
méthode interactive, soit 1%. Quant à ceux qui font faire des
exposés à leurs élèves, ils représentent
également un très faible pourcentage, 1%.
Dans cette ambiance, quand nous considérons les
multiples désavantages des exposés magistraux qui ne favorisent
guère la participation des enfants dans le déroulement des cours
et lorsque nous nous référons aux nouveaux principes
pédagogiques qui priment la didactique interactive afin de permettre
aux enfants de s'approprier les contenus des cours, nous pouvons avancer que
la méthode de travail privilégié par les 71% d'enseignants
observés est obsolète. Aujourd'hui, d'après les nouvelles
visées de la psychopédagogie, l'enfant n'est plus un
réceptacle. Par conséquent, la priorisation des exposés
magistraux comme méthode de travail ne favorise pas beaucoup la
participation des enfants. Tandis que les méthodes interactives
utilisées par seulement 1% des enseignants observés, tiennent
les enfants éveiller et créent un pont entre ces enseignants et
les apprenants.
Par ailleurs, les travaux de groupes qui ont pour mission de
favoriser la culture de certaines grandes valeurs chez les enfants
telles : la tolérance, l'esprit de solidarité, la
confrontation des idées, la socialisation et l'affectivité, sont
pratiqués seulement par 1% des enseignants. Il est donc clairement
prouvé qu'au niveau des écoles fondamentales de Torbeck, les
méthodes de travaux utilisées par les enseignants ne peuvent pas
produire un travail bien fait. Encore une fois, nous nous trouvons face
à une formation au rabais et à un travail
bâclé.
4.2.4. Les supports didactiques et les nouvelles
technologies
A travers toutes les 5 écoles de notre
échantillon, la situation est presqu'identique. La disponibilité
des supports didactiques fait énormément défaut. Nos
enquêtes nous ont amené à découvrir que parmi ces
cinq (5) institutions scolaires, 2 seulement possèdent un embryon de
laboratoire informatique avec des machines non seulement
démodées mais en plus insuffisantes pour l'effectif des enfants
par classe ; soit 10 à 13 ordinateurs fonctionnels pour 60 à
70 enfants par classe. Ni les apprenants ni les enseignants n'ont accès
à l'internet. D'ailleurs, cet outil nécessaire à la
recherche est très rare dans la zone. Aucune des cinq (5) écoles
fondamentales de Torbeck ne dispose d'un embryon de bibliothèque qui
puisse aider les apprenants et les enfants dans leurs recherches. Aucune non
plus ne dispose de l'internet ni des moyens audiovisuels.
L'observation directe révèle la carence sinon la
quasi absence des matériels didactiques. Pas de gravures ni de cartes
spécialisées Que dire alors d'un laboratoire ! Toutefois,
ces cinq écoles disposent des instruments géométriques et
d'autres matériels traditionnels servant à l'enseignement des
mathématiques. Qui pis est, plus de 60% des élèves n'ont
pas à leur disposition la totalité des livres et des autres
matériels indispensables à leur formation. Ces écoles
ressemblent plutôt à un laboratoire de problèmes.
4.2.5. Le Salaire des enseignants
De l'avis des psychologues, « tout comportement est
tributaire à des stimuli ». Aussi, la motivation d'un
enseignant peut-elle avoir plusieurs origines dépendant de sa vision des
choses, de son niveau de moralité et de son rapport avec l'institution
scolaire dans laquelle il travaille. Toutefois, dans cette nouvelle
société où les besoins socioéconomiques tenaillent
tout le monde, l'enseignant doit compter sur son salaire pour vivre. A
Torbeck, au cours de notre enquête, à l'unanimité, les
enseignants se plaignent du mauvais traitement salarial dont ils sont l'objet.
C'est pourquoi, beaucoup d'entre eux considèrent l'enseignement comme un
tremplin. Qu'il s'agisse des normaliens, des techniciens ou des
universitaires, personne n'est satisfait de son salaire.
Au niveau des deux premiers cycles, certains
établissements scolaires accordent une pitance de 1500 à 2000
gourdes par mois à un enseignant ; et au niveau du troisième
cycle l'ambiance est tout à fait discriminatoire. Si la direction d'une
école paie 100 gourdes par heure au secondaire, au niveau fondamental,
elle octroie 75 à 80 gourdes pour le même travail. Par
conséquent, le traitement salarial des enseignants de Torbeck ne motive
guère les enseignants.
4.3. Problèmes logistiques
La vocation première de l'école est de former
des sujets sociaux pour l'avenir de l'humanité. Par conséquent,
la formation de ces sujets doit être assurée dans des conditions
favorables à leur épanouissement intégral. Le cadre
physique des institutions scolaires doivent permettre aux apprenants de pouvoir
mobiliser toute leur capacité organismique afin qu'ils puissent
s'approprier aisément du savoir. Les enseignants et les enfants ont
besoin d'évoluer dans des locaux conçus pour favoriser
l'apprentissage. La construction des salles de classe, la disposition du
mobilier et des tableaux doivent permettre la libre circulation des enseignants
pour un contact plus directe avec les enfants. A coté des salles de
classes qui doivent être bien aérées, les cours de
recréation doivent être propices à l'épanouissement
physique, la pratique du sport et le déroulement des activités
ludiques. Quand les écoles fonctionnent dans des constructions de
fortunes, et les enseignants et les apprenants sont confrontés à
de véritables problèmes. Dans le cas des écoles
fondamentales de Torbeck, quelle est la nature de la situation
logistique ?
Avant de répondre à cette interrogation, nous
nous proposons de faire un coup d'oeil général sur les locaux
scolaires de Torbeck.
4.3.1 Etats des locaux scolaires de Torbeck
La plupart des écoles fondamentales de Torbeck
fonctionnent dans des locaux non appropriés. A Torbeck, jusqu'à
présent, on trouve des écoles qui fonctionnent sous des
tonnelles, dans les églises protestantes et catholiques, les presbytres
et des maisons qui n'ont pas été construites à cette fin.
Tout d'abord, jetons un coup d'oeil sur le fonctionnement des écoles
sous les tonnelles.
4.3.1.1 Ecoles sous les tonnelles
La prolifération des églises protestantes
à travers la Commune de Torbcek engendre une massification scolaire au
niveau de toutes les sections communales. N'importe qui, après avoir
passé quelques années dans une église protestante peut
devenir prédicateur et parfois, pasteur. Cette promotion, une fois
faite, le pasteur ou le predicateur s'apprête rapidement à fonder
sa propre église dans n'importe quelle condition. Fort souvent, ces
églises sont logées sous des tonnelles construites au moyen de
pailles de cocotiers. Ainsi la communauté reçoit une nouvelle
institution sociale : Une école est crée.
Des petits et des grands, dans une ambiance qui ne tient
compte d'aucune différenciation entre l'alphabétisation et la
scolarisation, arrivent de tous les coins de la communauté pour recevoir
le pain de l'instruction. Les enfants sont parfois assis comme des sardines
entassées dans une petite boite sur des bancs de fortune.
L'inadéquation de cet espace et ces conditions inconfortables ne sont
guère favorables au développement intellectuel des enfants.
A l'air libre, sous les tonnelles, les enfants se distraient
facilement. Pire encore, ces écoles ne peuvent fonctionner qu'en temps
ensoleillé et chaque fois que le temps est à la pluie, les
responsables sont sous le qui-vive de peur de perdre ce qu'ils possèdent
comme matériels de travail.
Cette situation devient plus difficile avec l'augmentation des
classes au niveau de ces écoles. Imaginons ce climat ! Quand, dans
une classe, on procède à la lecture, dans l'autre, un cours
d'arithmétique est dispensé, dans une autre, on chante. C'est une
ambiance tumultueuse, une cacophonie étourdissante ! Souvent, pour
parer à cette cacophonie, les responsables séparent les classes
au moyen de draps ou de rideaux. A vrai dire, ce n'est qu'une cloison
symbolique.
Dans cette catégorie d'écoles qualifiées
« sous tonnelles », il y en a qui évoluent dans
les pistes dansantes, dans les églises paroissiales et protestantes.
Toutes font face presqu'aux mêmes problèmes.
Par conséquent, dans cette situation, il est impossible
de s'attendre à un travail qui puisse favoriser la bonne formation des
enfants. Outre les écoles qui évoluent sous les tonnelles, notre
enquête nous amené à découvrir certaines autres
écoles qui fonctionnent dans des maisons non appropriées.
4.3.1.2. Ecoles dans des maisons non
appropriées
Pour que la formation intégrale de l'enfant puisse
être faite normalement, le local appelé à les accueillir
doit être construit à cette fin. Car la dispensation d'un cours
dans un local non approprié engendre toujours des problèmes de
toutes natures qui empêchent le bon déroulement du processus
enseignement-apprentissage. Toutefois, au cours de notre enquête, nous
avons pus constater qu'à Torbeck, plusieurs écoles fonctionnement
dans des locaux non appropriés. Ce sont pour la plupart des maisons
privées où les élèves sont placés sans
aucun aménagement.
Ces maisons, pour la plupart qui ont été
construites pour être habitées sont transformées en
institutions scolaires. Les chambres exiguës, petits et grands sont assis
de manière inconfortable pour suivre les cours. Les bancs sont
placés tout près du tableau et les enseignants sont
obligés de rester figé dans leur position.
La gestion efficace et efficiente d'une classe exige divers
mouvements pour une meilleure interaction entre les deux acteurs en
présence. Dans cette ambiance, il est évident qu'il y a quelque
part un handicap empêchant aux maitres de s'acquitter de leurs multiples
taches.
Par surcroît, ces maisons ne sont pas assez
aérées et le plus souvent mal éclairées. Dans cette
atmosphère de chaleur, les enfants se chamaillent plutôt que de
mobiliser toute leur capacité organismique afin de s'approprier les
cours. Les latrines qui ont été construite pour 5 à 6
personnes desservent maintenant plus de 100 enfants par jours. Ainsi
l'environnement immédiat de l'école est pollué.
Par ailleurs, selon une approche objective faite par les
psycho-généticiens, les activités ludiques jouent un
rôle fondamental dans le développement sensorimoteur et
psychomoteur des enfants. Vu que ces écoles ne disposent pas de cours de
recréation, les enfants ne peuvent pratiquer aucun jeu aux heures de
recréation.
Deux (2) seulement des cinq (5) écoles de notre
échantillon ont un local plus ou moins acceptable. Parmi ces deux,
l'une d'entre, par manque d'espace, fait fonctionner deux classes de 7ieme
Année Fondamentale dans un « night club » (Regular
night club) du bourg. Deux (2) évoluent dans des locaux
préalablement construits pour des familles et agrandies anarchiquement
par en vue de les transformer en institution scolaire. Un (1) seulement
possède un local construit par la FAES selon les normes
pédagogiques.
Tout compte fait, notre observation directe du mode de
fonctionnement des écoles fondamentales de Torbeck, que ce soit celle
se trouvant sous les tonnelles, dans les pistes dansantes ou dans des maisons
non appropriées, nous permet d'avancer que ces institutions scolaires
ne sont pas en mesure d'assurer la bonne formation des enfants. Le cadre
physique où les cours sont dispensés influence beaucoup le
processus-enseignement apprentissage.
Ce coup d'oeil nous a permis de découvrir l'ambiance
anarchique, les conditions d'insalubrité et les structures
infrahumaines de nos établissements scolaires. Devant cet état de
choses, nous nous demandons si ces écoles figurent sur la liste de
l'Etat ou plus précisément si elles sont l'objet de
supervision ?
4.3.2. La supervision des écoles fondamentales de
Torbeck
En éducation, la supervision symbolise l'un des moyens
le plus efficace que dispose le ministère de l'Education et les autres
institutions évoluant dans le secteur de l'éducation pour
contrôler le fonctionnement intégral des écoles tant au
point de vue physique, intellectuel qu'au point de vue académique. Les
inspecteurs des institutions éducatives ou du ministère de
l'Education doivent être bien formés pour qu'ils soient en mesure
de faire de bonnes supervisions cliniques. Ils peuvent se fixer plusieurs
objectifs : superviser les écoles afin de dresser des rapports aux
autorités compétentes qui, à leur tour, feront les suivis
nécessaires concernant soit, le matériel, le personnel, le
mobilier, la situation des locaux, soit le niveau de compétence ou de
qualification des enseignants, soit le niveau de la programmation. En est-il
ainsi des supervisions dans les écoles fondamentales de Torbeck ou tout
simplement ces écoles ont-elles l'habitude de recevoir la visite des
inspecteurs ou superviseurs ?
Malgré la situation géographique de Torbeck par
rapport à la ville des Cayes, tout nous laisse croire que les
écoles du secteur privé et du public de la commune de Torbeck ne
sont presque pas supervisées. En dépit du fait que pour le niveau
fondamental, la Direction Fondamental de l'Education Nationale dispose de
nombreux inspecteurs, les écoles les écoles reçoivent
très rarement la visite d'un inspecteur ou d'une inspectrice. Pour les
cinq (5) écoles de notre échantillon, tous les directeurs ont
déclaré qu'ils peuvent passer deux (2) ou trois (3) ans sans
recevoir la visite d'un inspecteur. Le rapport des inspecteurs avec ces
écoles se manifeste seulement au début de chaque année
scolaire où les responsables de ces écoles se rendent à
la Direction départementale afin d'y acheminer leurs listes de
formation de classe et à l'occasion de l'inscription des
élèves pour les examens de 6ime et de 9ieme Année
Fondamentales : « Un inspecteur se présente chez nous
rarement pendant l'année scolaire. On le voit le plus souvent dans le
cas où il y aurait un différend entre les membres d'une
direction d'école publique avec un enseignant ou d'une extrême
urgence », a déclaré l'un des directeurs des cinq (5)
écoles de notre échantillon.
Au niveau des écoles de La Mission méthodiste,
la situation est tout à fait différente. Cette Mission
possède son personnel de supervision afin de contrôler le
fonctionnement des ses écoles. Et comme nous pouvons le déduire,
l'absence de ces supervisions ont de lourdes conséquences sur le
fonctionnement sur ces écoles fondamentales.
4.3.4. Conséquence de l'absence de supervision dans
les écoles fondamentales de Torbeck
La supervision étant presque inexistant, certains
responsables en profitent pour agir comme bon leur semble. A Torbeck, quatre
(4) des écoles de notre échantillon ont des
pré-sixièmes années fondamentales et
pré-troisièmes secondaire. En plus des candidats qui n'ont pas
réussi aux examens de sixième et de neuvième année
fondamentale sont reçus en classe supérieure malgré
l'interdiction du ministère de l'Education.
Le plus souvent, ces directeurs agissent en complicité
avec des parents inconscients pour commettre leurs forfaits. Ensuite, ils
utilisent une pratique déloyale pour duper la Direction
départementale. Ces directeurs enregistrent les noms de ces
élèves à la Direction départementale
frauduleusement en classe supérieure un an à l'avance afin
qu'ils leur permettent de subir les examens officiels sans problèmes.
Par exemple, l'élève est en huitième année, son nom
figure sur la liste des élèves de 9ieme année. Cet
élève qui ne reçoit pas de fiche, sera
considéré comme un refoulé par le ministère
l'année suivante sans qu'il soit réellement un recalé.
Aussi, la Direction départemental se fait avoir par ces directeurs
magouilleurs et des parents inconscients.
Par ailleurs, à cause de cette absence de supervision,
les écoles pullulent sans aucun contrôle et évoluent en
dehors des principes administratifs et pédagogiques. Aucune intervention
orthopédagogique n'est faite à cause de l'absence de supervision
clinique. Il s'ensuit qu'il n'ya pas de recyclage et que chaque professeur
utilise son propre programme. Dans une même Commune, les
élèves de chaque école ont des livres différents.
C'est un désordre généralisé.
Apres avoir, dans un premier temps, établi le cadre
théorique de l'enseignement moderne, puis dans un deuxième temps,
constaté le fonctionnement des écoles fondamentales de Torbeck,
nous avons confronté ces deux réalités. Il en
résulte clairement qu'il ya loin entre la théorie et la pratique.
Fort de ce résultat, nous nous croyons être en mesure de produire
certaines suggestions en vue d'aider l'Etat à remédier à
cette situation inconfortable qui frise de l'anarchie, sinon d'une
tolérance de la part de tous les secteurs concernés. Sans cette
partie, nous sommes sûrs que notre travail serait inachevé, voire
inutile si, normalement, il ne proposerait pas quelques jalons pour un
redressement conforme au bien être de nos citoyens. A quoi sert de
relever des défis sans y apporter des éléments de
solutions ? Nous visons spécifiquement l'Etat parce qu'il est le
principal concerné en matière de reforme et d'orientation du
système éducatif du pays quel qu'il soit. Et c'est à
l'exposition de ces propositions que sera consacré le prochain chapitre,
en fait, constitue la partie essentielle de notre travail, son
originalité.
Propositions
Au regard des résultats obtenus à partir de
notre minutieuse enquête en fonction des différentes questions
liées à notre recherche telles que : le rapport
parents-écoles, la qualification et la formation des enseignants, la
distance parcourue tant par les enseignants que par les apprenants, les
supports didactiques, les effectifs des salles de classe et le salaire des
enseignants, il nous est impérieux de faire certaines suggestions
visant à redresser la barque. Notre approche analytique du mode de
fonctionnement des écoles fondamentales de Torbeck attire notre
attention et attise notre conscience. Aussi, s'avère-t-il
nécessaire, à partir des résultats de nos enquêtes
et aussi nos de multiples observations réalisées à travers
cette Commune de faire des propositions afin d'aider tout éventuel
intervenant à aborder les problèmes de cette Commune
objectivité. Nos propositions s'adressent également à
tous ceux qui ont des responsabilités tant au niveau du Ministère
de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) qu'à
des Organisations Non Gouvernementales (ONG) oeuvrant dans le domaine de
l'éducation et des agences internationales qui
voudraient nous aider à combler les lacunes, à résoudre
les multiples problèmes de fonctionnement de nos écoles
fondamentales. Enfin, elles s'adressent à tous les décideurs et
à tout un chacun, dans une conjugaison d'effort et une vraie synergie
afin de prendre notre destinée en main en vue de la préparation
des hommes valables pour demain qui puissent contribuer au développement
du pays et le progrès de l'humanité toute entière.
Pour ce faire, à notre avis, des mesures urgentes et
très rationnelles s'avèrent nécessaires. En ce sens, il
faudrait penser à améliorer les conditions économiques des
parents, rapprocher les parents des écoles pour un meilleur encadrement
des enfants, combattre l'analphabétisme des parents et augmenter les
centres de formation et penser à recycler les professeurs.
Vouloir modifier les conditions des écoles
fondamentales et performer leur « output », revient
à améliorer les conditions économiques des parents, car
l'économie pèse de tout son poids sur l'éducation. Et si
l'Etat ne peut pas à lui seul assumer la responsabilité de
l'éducation de base ou fondamentale des enfants, il lui faudrait en
toute urgence adopter des mesures agraires capables de redresser la situation
économique des parents. Ces mesures agraires doivent être
accompagnées de grand projet de réhabilitation de canaux
d'irrigation en vue de l'augmentation de la production agricole. Etant
donné que Torbeck est la première commune du département
du Sud en matière d'élevage bovin, l'Eta doit penser à
faire venir d'autres races pour améliorer celles des éleveurs de
la zone. Ce faisant, ils pourraient eux-mêmes couvrir les frais scolaires
de leurs enfants. Il faut rappeler que dans les années 80, la situation
économique des paysans des différentes communes du
département du Sud n'était pas si précaire à cause
du fonctionnement de diverses entreprises qui leur permettait de trouver un
boulot. La réouverture des diverses usines qui fonctionnaient tant
à Torbeck (Usine de vétiver de Labeyi et celui de Valère)
qu'a travers le département du Sud (Usine Sucrière Centrale
Dessalines, Beurrerie du Sud, FACOLEF de Cavaillon) pourrait aider aux paysans
de pousser un ouf de soulagement. Etant donné que Torbeck est une zone
côtière, la revalorisation des plages (tourisme) et la formation
d'une grande coopérative de pêche pourraient aider les parents
économiquement. D'un autre coté, considérant l'importance
des moyennes entreprises et du commerce dans les activités
économiques de tout pays, permettre aux petits commerçants de la
zone d'avoir accès au crédit améliorerait leurs conditions
économiques et allégerait également leur sort.
D'un autre coté, vu que nous vivons dans un pays
où le taux d'analphabétisme est très élevé,
les écoles doivent chercher à se rapprocher des parents afin de
développer de très bons rapports avec eux pour qu'ils puissent
mieux jouer leur rôle d'acteur. Les responsables des
établissements scolaires devraient monter des comités de parents
au niveau de chaque école pour que ces derniers soient au courant et
plus intéressés à la vie scolaire. L'analphabétisme
est une lacune à combler afin d'obtenir une plus large collaboration des
parents dans la vie scolaire de leurs enfants et dans les activités de
l'école.
Lorsqu'on considéré que seulement 1% des
enseignant utilisent les méthodes interactive et que 71% pratiquent
l'exposé magistral comme méthode de travail, il faudrait faire
une urgente intervention afin de former ces enseignants. Augmenter des centres
de formation et de recyclage pour diminuer progressivement les méthodes
traditionnelles et s'assurer que tous ceux qui se lancent dans
l'éducation aient un bagage intellectuel, psychologique et
pédagogique adéquats pour accompagner les enfants afin
d'éviter que la profession d'enseignant soit d'une part un refuge pour
les recalés du Baccalauréat ou des non admis des
universités et d'autres parts que l'enseignement ne serve de tremplin ou
d'antichambre à bien d'autres individus. Car l'enseignement est une
profession, une vocation et comme telle mérite d'être
abordé avec égards, conscience et respect.
Le sort des enseignants mérite un meilleur traitement
en fait de rémunération. Ils doivent pouvoir comme tout
travailleur vivre décemment et subvenir aux besoins de leurs familles
notamment à l'éducation de leurs enfants.
Etant donné que l'imitation est un
phénomène culturel, il y a des modèles qui ont
porté fruit dans certains pays qu'on pourrait essayer d'adapter
à la réalité haïtienne. Les décideurs
pourraient s'inspirer du modèle de la révolution douce du
Canada utilisé aux environs des années 60 pour enclencher le
processus de développement éducatif qui a fini par avoir une
incidence sur le développement intégral du Canada. Non seulement
les enseignants doivent être bien rémunérés mais
aussi il leur faudrait des avantages sociaux.
La Commune de Torbeck est tellement vaste que les
élèves proviennent de toute part pour se rendre au bourg. Aussi,
serait-il donc urgent et important de doter chaque point
stratégique d'un bus pour alléger les problèmes de
distance parcourue par les enseignants et les apprenants. C'est-à-dire,
un bus par point géostratégique (Boury, Valère,
Bérault) ou d'une manière plus large par section communale.
L'Etat et le secteur privé devraient s'efforcer de doter chaque
section communale d'écoles dignes de ce nom pour que les enfants
n'aient plus besoin de parcourir tant de kilomètres pour se rendre
à une école que leurs parents jugent correcte. Dans le cas
contraire, il faudrait penser à la construction de village scolaire(N).
Pour que les enseignants et les apprenants puissent atteindre les écoles
à temps, il faudrait également une compagnie de transport
à leur disposition. En analysant les divers problèmes
posés par l'éloignement de la demeure des enseignants par rapport
à la localisation des établissements scolaires, des primes
devraient être octroyées aux enseignants afin d'alléger
leur sort.
.
Etant donné que 85% des écoles de la Commune
sont du secteur privé, l'Etat devrait penser à les aider
non seulement dans la formation continue des enseignants mais aussi
à les doter de matériels didactiques pour que le processus
enseignement-apprentissage soit bien mené. Il faudrait que le MENFP
véhicule les prescrits de la législation scolaire relatif aux
démarches de construction d'une école afin d'empêcher que
n'importe quel individu sans formation puisse fonder une école. Aussi,
les responsables du ministère devraient-ils se lancer dans la bataille
de contrôle de la procédure de création des écoles
pour éviter la profusion de ces institutions au rabais, construites sans
le respect des normes. L'Etat devrait également empêcher que
n'importe qui sans aucune formation devienne directeur d'école pour ne
pas banaliser cette grande institution sociale.
Face aux problèmes de laboratoires informatiques, de
bibliothèques et d'internet, les écoles peuvent se mettre
ensemble pour doter la communauté de ces supports indispensables au bon
fonctionnent de l'éducation moderne. Cela signifie qu'ils pourraient
monter un projet commun qui puisse favoriser les apprenants et les enseignants
à avoir définitivement ces supports à leur disposition.
La Mairie pourrait chercher des financements soit au niveau de l'Etat
à travers d'autres secteurs afin de doter la commune de cybers
café et de bibliothèques communales qui puissent favoriser la
recherche.
Le champ d'action des inspecteurs doit cesser d'être le
ministère de l'Education. Pour le contrôle efficace et
l'accompagnement profitable des enseignants, il faudrait que les inspecteurs
soient bien formés afin qu'ils soient en mesure de faire de bonnes
supervisions cliniques. Pour ce faire, le ministère doit
s'efforcer de doter chaque zone scolaire d'inspecteurs qui sont l'objet de
formations spécifiques solidement faites. Ce faisant, le contrôle
de la qualité de l'enseignement serait plus ou mois faible au niveau de
ces écoles. Nous aimerions conseiller aux décideurs tant
nationaux que départementaux d'intégrer dans les programmes un
cours de technique agricole au 3e cycle fondamental pour
permettre aux enfants de pouvoir encadrer leurs parents en période de
vacances. Un cours bien élaboré d'éducation civique
imprégnée de connaissances juridiques aiderait la jeunesse
à ne pas tomber dans la délinquance et à éviter
certains comportements jugés indésirables par notre
société. Considérant la fragilité et la
subtilité des actions éducatives, les décideurs
devraient se mettre d'accord pour mijoter la cuisson pour penser un programme
d'éducation qui conduirait immanquablement à des résultats
satisfaisants.
Nous sommes convaincus que si l'on s'attacherait à
appliquer systématiquement les différentes propositions que nous
venons de faire, l'on finirait par changer graduellement la situation, et au
cours du premier quinquennat, le problème serait résolu
définitivement.
Conclusion Générale
Ce coup de projecteur que nous venons de faire sur le mode de
fonctionnement des écoles fondamentales de Torcbek à travers ses
différents aspects tels que : les rapports parents-écoles,
la formation et la qualification des enseignants, le salaire des
enseignants, la distance parcourue par les enseignants et les apprenants, les
problèmes logistiques, l'absence de matériels didactiques et la
supervision scolaire, nous a permis de constater qu'elles évoluent en
dehors de tous les principes des sciences de l'éducation. Ce mode
fonctionnement anormal constitue un handicap majeur à une école
de qualité apte à promouvoir la bonne formation des enfants.
La situation se révèle préoccupante et
alarmante. D'un coté, la situation économique précaire des
parents empêche aux enfants d'être bien accompagnés dans
leurs parcours scolaire ; de l'autre, le type de relations qu'ils
entretiennent avec les écoles posent de sérieux problèmes
d'apprentissage.
Dans cette Commune, les enseignants font face à de
grandes difficultés. Nous avons pu constater que de leurs
problèmes de qualifications, de formation et de salaire, à ceux
de la distance qu'ils parcourent pour atteindre les établissements
scolaires ils travaillent dans de mauvaises conditions sans aucune supervision
du Ministère de l'Education Nationale et de la Formation Professionnelle
(MENFP).
Les écoles fondamentales de Torbeck souffrent
également de graves problèmes logistiques et d'une absence de
matériels didactiques remarquables. Il est important de souligner que
bien des efforts sont faits par la CODES, la FONEP, les
écoles de la Mission méthodiste et par l'Etat au moyen du projet
EFACAP.
Donc, une forte implication de l'Etat se révèle
indispensable et urgente pour le redressement de la situation. L'intervention
urgente des ONGs et des agences internationales oeuvrant dans le domaine de
l'éducation sous le contrôle du (MENFP) aurait des incidences
positives dans la nouvelle orientation de la barque éducative de cette
commune.
Nous n'avons aucune prétention que ces actions peuvent
porter fruit à court terme, mais il est évident qu'une action
concertée de tous ces secteurs pourraient améliorer
progressivement la situation en attendant le changement véritable.
Aussi, les écoles fondamentales de Torbeck seront-elles
en mesure de produire des hommes producteurs qui puissent participer de
manière efficace et efficiente au développement du pays et rendre
service à l'humanité toute entière.
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