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Etude de la filière pièces détachées de moto et de voiture dans la ville de Maroua (Cameroun).

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par Emile et Bidgette DANZABE NGABA et DOUMSIA DAGA
Université de Maroua (Cameroun) - Diplôme de professeur de l'enseignement secondaire général 2ème grade (DIPESII) 2010
  

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IV. CONTEXTE SCIENTIFIQUE

Les thèmes portant sur les filières commerciales ont été au centre des préoccupations de plusieurs auteurs. Ils ont abordés chacun ce thème selon une approche précise. Pour ce travail, dans le souci d'élucider des zones d'ombres, nous allons regrouper les auteurs selon quatre thèmes à savoir : le rôle des frontières, la crise économique ; le secteur informel et formel, la croissance démographique et le chômage.

-Les échanges transfrontaliers

L'économiste écossais Smith, dans son ouvrage «  Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » formalise la première théorie économique d'ensemble favorable à l'échange. En s'interrogeant sur les fondements du commerce, sur le pourquoi des échanges, et sur l'intérêt pour les nations de commercer, Smith élabore la théorie dite de l'avantage absolu. Tout pays a intérêt à participer à l'échange s'il produit un bien ou un service à un moindre coût que ses concurrents. Dans son modèle de raisonnement, si chacune des nations dispose de ce type d'avantage dans la production d'au moins un bien, il trouve un intérêt à participer à l'échange. En cela, il applique à sa théorie du commerce celle de la division internationale du travail (Smith ,1976).

Ce corpus théorique va être enrichi par un autre économiste du courant classique, David Ricardo (1817). En dépassant la loi de Smith, il établit la théorie de l'avantage comparatif. Dans le système décrit par Smith, la logique se heurte rapidement à une objection : si un pays ne dispose pas d'un avantage tel qu'il le définit, il ne peut participer à l'échange mondial. C'est à cette contradiction que Ricardo entend répondre. Pour lui, tout pays peut participer à l'échange dès lors qu'il dispose dans un secteur productif donné du plus grand avantage absolu, ou du plus petit désavantage absolu. D'ailleurs le développement du commerce dépend des échanges de voisinage et des marchés locaux, Adda (2006). Cette théorie repose sur une comparaison des coûts de production entre deux pays. Ainsi cela permet à un pays d'importer un produit relativement moins cher qu'il ne coûterait à fabriquer, et d'exporter un autre produit qu'il produit à moindre coût, et donc qu'il peut vendre plus cher à l'étranger que sur son territoire national. De cette comparaison naît le gain de l'échange. Les frontières jouent à cet effet des rôles importants pour les Etats et les populations.

La frontière, est un instrument géographique à la disposition de l'Etat (Raffesten et Guichonnet, 1974), on peut en faire varier le nombre, la nature et l'application au gré de la politique qu'il entend suivre. Ainsi, la frontière devient un moyen de politique généralement utilisé dans des domaines très diversifiés, pour inciter, pour stimuler ou pour interdire l'accès à son territoire (Gottman, 1952). D'une part, c'est à cause du différentiel créé par la frontière que les échanges s'opèrent entre les territoires (Herrera, 1997). Pour cela les prix pratiqués sur des produits dans le territoire de l'entre-deux peuvent déterminer des mouvements de populations à travers les territoires. Ainsi pour Herrera( op cité), le principal déterminant des flux entre les frontières est le prix différentiel. Il pense que les écarts entre les prix sont à la base des échanges qui s'opèrent de part et d'autre des frontières. C'est sur cette base que, par exemple, des réseaux marchands Ouest-africains bien structurés ont déployé leurs activités sur de vastes espaces transcendant les frontières et parfois même les continents. Ils ont constitué de véritables empires financiers en jouant sur les différences de change, de prix, de potentiels productifs, de politiques économiques et de tarifs douaniers. C'est dans ce sens que (John Stuart Mill, 1848) dans ses travaux portant sur « les principes d'économie politiques », démontre que les termes de l'échange dépendent de l'élasticité du prix de la demande dans les deux pays. Pourtant la monnaie est un élément qu'il faut prendre en compte éventuellement. Ce qui nous ramène a l'évaluation de la valeur du Naira du Nigeria et celui du Franc cfa au Cameroun. L'élasticité des prix peut donc être une des raisons pour lesquelles les marchandises sont importées du Nigéria voisin.

(OCISCA-ORSTOM, 1983), souligne en fait que l'appartenance du Cameroun et du Nigeria à des régimes et zones monétaires différents peut être considéré comme le principal déterminant des échanges non enregistrés entre ces deux pays. Sur l'ensemble de la période 1984-1992, le taux de change effectif réel a été divisé par dix, améliorant d'autant la compétitivité-prix des produits nigérians. Ces différences se manifestent principalement à travers la politique du taux de change, l'inconvertibilité du Naira et l'allocation rationnée des devises. C'est précisément à partir de cette date que l'afflux de marchandises en provenance du Nigeria vers le Cameroun prend des proportions inquiétantes.

La forte dépréciation réelle du Naira a rendu très compétitifs les produits fabriqués au Nigeria et a donné lieu à un flux considérable d'importations informelles. La perte de parts de marché intérieur qui en a résulté a durement touché les industries camerounaises exposées à cette concurrence. Des produits de consommation courante à la portée des bourses camerounaises sont alors exportés par les commerçants nigérians afin d'obtenir les devises qui leur permettront d'importer des pays développés des articles de consommation de luxe, ou des biens intermédiaires ou de capital pour une industrie paralysée par les pénuries de devises et donc soumise aux restrictions sur les importations. Dans l'analyse de l'évolution des prix, on doit tenir compte du fait que l'appréciation du Naira, les coûts plus élevés de mise en marché dus à la multiplication des barrages routiers, se sont manifestés non par une hausse de prix mais par la disparition du marché de certains produits en provenance du Nigeria. Ceci a concerné les produits en provenance du Nigeria qui affichaient les écarts de prix les plus faibles par rapport aux produits de substitution de fabrication ou d'importation camerounaise

Les flux commerciaux frontaliers constituent une manière de nier les espaces nationaux et qu'ils contribuent à détruire le cadre des Etats. Le commerce transfrontalier menace clairement l'intégrité des territoires nationaux africains. L'examen de la structuration des espaces frontaliers permet de relativiser ce danger. Non seulement la plupart des espaces d'échanges frontaliers sont trop fugaces pour remettre en cause la mosaïque territoriale actuelle, mais ils portent en eux des éléments qui contribuent à renforcer la cohésion et l'unité des espaces nationaux, c'est précisément le cas des exportations officielles de bétail du Niger et du Tchad vers le Nigeria et le Cameroun. Le commerce de bétail dans la sous-région se caractérise par la multiplicité des circuits, dont la rentabilité diffère, notamment en fonction du caractère officiel ou non du franchissement de la frontière. On peut néanmoins supposer que le commerce transfrontalier a un potentiel d'expansion, ( Bennafla, 2003). (Harre et al 1990), développent dans leurs travaux les facteurs de développement des échanges transfrontalier entre le Cameroun et le Nigéria, il démontre alors que le Nord du Nigeria est très industrialisé contrairement au Nord Cameroun qui n'est presque pas industrialisé et pourtant bénéficiaire des échanges.

Après cette analyse de documents, il apparaît que le commerce transfrontalier occupe une place importante dans l'économie des zones périphériques. Cependant, le commerce spécifique concernant les pièces détachées de moto et de voiture reste de nos jours très peu étudié. C'est la raison pour laquelle, nous nous proposons dans le cadre de ce mémoire de mettre ce phénomène à la lumière de la ville de Maroua et même au delà de ses frontières. Notre choix s'est porté sur cette ville parce observations faites, nous avons constaté que ce commerce est particulièrement florissant et prend considérablement de l'ampleur depuis environ dix années, c'est la raison pour laquelle nous allons ressortir l'incidence socio-économique de ce commerce dans la ville de Maroua.

-Le secteur informel florissant et la lutte contre le chômage

Les thèmes sur l'activité informelle dans les villes camerounaises en particulier et en Afrique en générale, l'émergence et la prolifération du secteur informel est l'une des conséquences de la crise économique des années 1980. C'est ainsi que Kengne et Metton (2000) présentent le secteur informel dans les pays du sud. Notre thème vise cependant cette localité. Il est sources des revenu pour le secteur informel c'est dans ce sens que Modou (1988) démontre que le secteur informel est un facteur de développement du Nord Cameroun. C'est un secteur qui donne du travail à ceux qui ne parviennent pas à s'intégrer dans le secteur formel. Il sert d'anecdote contre la crise économique il assure de l'emploi aux chômeurs et soustrayant ainsi à la délinquance de survivance généralisé des villes africaines (Kengné 1996).

Le Cameroun comme d'autres pays d'Afrique a connu une diminution du pouvoir d'achat des populations à cause de la crise économique. Assoko l'illustre bien en montrant que cette dégradation du pouvoir d'achat des populations et la baisse successif des salaires en 1993 et 1994 est à l'origine de l'émergence du secteur informel. Les difficultés d'accès au secteur formel de l'emploi dans le secteur privé que publique ont eu des conséquences sur le chômage. Le Cameroun a un taux de chômage élevé en Afrique, il est largement supérieur à celui enregistré en Amérique Latine et en Asie (Roubaud, 1994). Concernant le chômage, bon nombre d'auteurs ont écrit sur ce thème.

(Haida, 2000), explique qu'à Maroua, le climat et la sous scolarisation sont les aspects limitant l'emploi. Ces éléments dénoncent la situation de pauvreté des populations de Maroua d'où l'émergence du sous développement. Ainsi les auteurs mettent l'accent sur les causes sans toutefois insister sur les activités particulières. Cependant le secteur informel est aussi sources de problème. Ndamé (2000) pour sa part montre que le commerce informel ne fait qu'appauvrir les économies de la communauté et affaiblir les Etats dans leur quête d'une union économique et douanière forte et représentative. Raison (1984) démontre plutôt que la région informelle se greffe sur la région formelle, et ne peuvent pas être dissociées, donc l'un ne peux pas exister sans l'autre « ne peux vivre sans elle mais la menace, elle la complète mais ne peut l'étouffer. Elle lui est associée comme l'épiphyte à l'arbre, ou commence le cancer au corps humain ».

Les villes Camerounaise sont sous l'emprise des activités informelles, kengné (1998) pour lui les activités informelles se localisent en fonction des facilités d'accès, des disponibilités de l'espace de travail et de la clientèle. Ce secteur est source de revenus même si elle n'est pas stable, il joue un rôle très important dans les économies modernes et particulièrement dans les pays sous développés, sauf que c'est un secteur qui est la conséquence directe de la crise économie des années 1980, cependant sa présence à permis d'atténuer les effets de la récession économique sur le niveau de vie des populations (Ndjeunde, 2000).

Le secteur informel est important pour l'économie du Cameroun et pour la population de Maroua, avec la possibilité d'effectuer le commerce transfrontalier. Ce dernier est sources des revenus pour le secteur informel c'est dans ce sens que Modou (1988) démontre que le secteur informel est un facteur de développement du Nord Cameroun. Il a permis aux populations d'atténuer les effets brutaux de la crise économie ; c'est un secteur qui permet aux villes pauvres de trouver un envol au développement. Cependant ce secteur permet à une catégorie des personnes de faire face au chômage.

Il est reconnu par les organisations internationales, la BIT par exemple de son efficacité dans la création des emplois à travers une étude réalisée en milieu urbain des pays en développement. Elle est importante « l'efficacité du marché de travail dans les pays sous développés est limité par le développement du secteur informel qui contribue au développement du travail » (BIT, 1984). Les activités commerciales du secteur informel sont pourvoyeuses d'emplois à la population active. Tamo (2000) pense que cela occupe les populations actives et les chômeurs. Il est sources des revenus pour les populations, c'est dans ce sens que Modou (1988) démontre que le secteur informel est un facteur de développement du Nord Cameroun.

Après l'analyse des acteurs ci-dessous, il en ressort que le secteur informel permet d'éviter l'oisiveté. Ce secteur à été propulsé par la crise économique et la dévaluation du Fcfa. Cependant, concernant notre localité d'étude d'autres facteurs s'ajoute, il s'agit notamment de la pauvreté et de la sous- scolarisation ce qui émane les jeunes à exercer les petits métiers pour subvenir à leurs besoins. Une étude socioéconomique a été effectuée dans l'Extrême-Nord Cameroun par le MINPAT avec un programme du PNUD (2000) dans l'optique de l'éradication de la pauvreté et de l'amélioration des données sociales. Il en ressort que les faiblesses sociales et économiques sont en relation avec le milieu physique. On note également dans cette étude, les problèmes d'occupations anarchiques de l'espace public.

-La vente des pièces détachées, une activité croissante

L'Extrême- Nord en particulier est inondée par les activités informelles. La ville de Maroua est une localité où les activités commerciales informelles prospèrent. (Seignobos et al., 2000). Ce secteur non structuré de l'économie fait appel aux petits métiers tels que les cireurs ; les vendeurs des fruits, les motos taximen, les vendeurs des pièces détachées, les réparateurs, les colleurs de roues, les pompistes... Comme dans toute l'Afrique, les vendeurs des pièces détachées poussent comme des champignons  dans les villes de Yaoundé et de Douala. (Le quotidien Mutation, 2011). Ce phénomène a pris de l'ampleur dans les villes de Doubanne en Algerie.

Kengne, (1991) classe se genre de commerce dans les petits métiers du secteur informel. Il montre cependant l'ampleur que ces activités ont prise cette dernière décennie. Au Gabon une bonne proportion des jeunes exerces les petits métiers pour faire face au chômage (Infos plus Gabon du 28 Avril 2006). Ce déclin s'explique par les remous des années 1990, dites années de démocratie qui ont bouleversé l'échiquier économique. De façon générale, le secteur des petits métiers regroupe toute les activités qui n'ont pas d'existence légale, et qui de ce fait ne sont pas enregistrées par l'administration fiscales et peuvent échapper au paiement d'impôts et aux formalités administratives auprès des ministères compétents. Ainsi, Diaz et al, (2001) dans leur livre « l'hétérogénéité du secteur informel au Togo» classe l'activité commerciale des pièces détachées dans le secteur informel des services du commerce de gros et de détail. Il montre à cet effet que, cette activité comme tous les autres, subit une mutation du fait de l'évolution de la société Togolaise. Dans un autre angle, Maidadi, (2000) trouve qu'à Douala l'activité des motos taxi sont est à l'origine de la genèse des petits métiers de réparation, il insiste sur la vente des pièces détachées qui à pris de l'ampleur depuis 2003 à Douala, date à laquelle les « benskins » ont augmenté dans la ville. Contrairement à Maroua où ce commerce à commencer un peu plus tôt et influence l'augmentation des « clando ».

L'activité de vente de pièces détachées est l'apanage des Nigérians généralement dans tout les pays d'Afrique. Assohou (2008), dans son article « Vente des pièces détachées ; petits métier exclus pour les Ivoiriens », montre que partout en Abidjan, pullulent des endroits où l'on peut trouver des revendeurs des pièces détachées qui par la même occasion s'adonnent au parallélisme et au gonflement des pneus des voitures, mais force est de remarquer que ce sont souvent les nigérians qui exercent exclusivement ce métier La particularité de notre thème se dévoile à ce niveau, à Maroua les vendeurs de pièces détachées sont des nationaux et en majorité des autochtones. La proximité avec le Nigeria fait que les jeunes se sont lancés dans ce type d'activité. Les vendeurs loin d'exercer d'autres activités parallèles, sauf quant il s'agit des réparateurs-vendeurs.

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