REMERCIEMENTS
Qu'il me soit permis d'exprimer ici mes profonds sentiments de
reconnaissance et toute ma gratuite à tous ceux qui m'ont aidé et
soutenu tant durant mon séjour à Dakar que pour la
réalisation de ce mémoire et plus particulièrement
à :
Ø Mr le Gouverneur de la BCEAO pour avoir rendu
disponible cette formation ;
Ø Mr le Directeur Général de la Banque
Togolaise de Développement pour m'avoir donné la
possibilité de suivre cette formation et pour ses conseils ;
Ø Mon Directeur de mémoire, Professeur
BIGOU-LARE, Doyen de la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion
de l'Université de Lomé pour avoir bien voulu me diriger au cours
de ce travail ;
Ø Mon Maître de stage, M. GAFA Teih, Directeur
des Engagements de la BTD pour sa disponibilité et ses conseils à
mon endroit ;
Ø Mr Ousmane SOW, Directeur des Engagements et des
Risques de la BOAD,
Ø Mr DJIBO, Analyste financier à la BOAD,
Ø Mr TENOU Kossi, Directeur National de la BCEAO, M.
DINGUI Charlie, Chef Service des Etablissements de Crédit et de
Microfinance, M. MABIGUE Padatchona et le personnel du service pour leur
contribution au bon déroulement de mon stage au sein de leur
Institution ;
Ø Mes collaborateurs à la BTD
Ø Mr Alioune Blondin BEYE, Directeur du COFEB, M.
KPOMAHO Eudon, M. ABOUTOU Fernand, et à tout le personnel du
COFEB/BCEAO, particulièrement à Mlle MENSAH Sylviane, pour
l'organisation parfaite de la formation ;
Ø Tout le corps professoral du COFEB, pour la
qualité de l'enseignement dispensé ;
Ø Tous mes camarades de la 33ème
promotion du COFEB, pour la bonne ambiance de travail qui a prévalu
durant notre formation à Dakar ;
Ø Mes frères et soeurs pour leur soutien et
encouragements ;
Ø Mon épouse et ma fille pour leur solitude
durant mon absence et leurs précieux conseils, très profonde
affection ;
Ø Tous ceux qui, de près ou de loin, ont
contribué à la réalisation de ce travail.
Veuillez trouver dans ce mémoire, l'expression de ma
profonde reconnaissance et que DIEU vous bénisse.
DEDICACE
Je dédie ce travail à :
Ø Mon Père, Feu BOUKARI ADAM (Paix à son
Ame)
Ø Ma Mère SEIDOU Mouchiratou
Ø Toute la Famille BOUKARI
Ø Mon Epouse et ma Fille
SIGLES ET
ABREVIATIONS :
BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de
l'Ouest
BTD : Banque Togolaise de Développement
CaR : Credit-At-Risk
COFEB : Centre Ouest Africain de Formation et d'Etudes
Bancaires
Cov : Covariance
CVaR : Credit Value-At-Risk
EAD : Exposure At Default (exposition en cas de
défaut)
EDF : Expected Default Frequency (ou probabilité
de défaut)
IRB : Internal Rating Based
LGD : Losses Given Default (pertes en cas de
défaut)
MFCFA : Millions de francs cfa
N : Loi normale
N-1 : Loi normale inverse
OCDE : organisation pour la coopération et le
développement en Europe
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PMI : Petite et Moyenne Industrie
ROA : Return On Asset (Retour sur Investissements)
ROE : Return On Equity (Retour sur Capitaux Propres
Investis)
UDR : Unexpected Default Rate (taux de défaut
inattendu)
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine
VaR : Value at Risk ou Valeur en Risque
Var : Variance
Sommaire
PREMIERE PARTIE - LE
RISQUE DE CREDIT, SA MESURE ET SES COMPOSANTES : DE LA LITTERATURE A LA BANQUE
TOGOLAISE DE DEVELOPPEMENT
4
Chapitre 1 : La gestion du risque de
crédit
5
Chapitre 2 : La gestion du risque de crédit
et les facteurs de risque extrêmes à la BTD
11
DEUXIEME PARTIE -
STRESS-TESTING DU RISQUE DE CREDIT A LA BTD : APPLICATION, INTERPRETATION
DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS
17
Chapitre 3 : Présentation et calibrage du
modèle à la BTD
18
Chapitre 4 : Interprétation des
résultats et recommandations
24
LISTE DES TABLEAUX,
GRAPHIQUES ET FORMULES :
Liste des tableaux
Tableaux
|
Intitulé
|
|
1
|
Probabilités de défaut du portefeuille de
crédit de la BTD 2006-2010
|
Page 21
|
2
|
Probabilités de défaut cumulées du
portefeuille de crédit de la BTD 2006-2010
|
Page 21
|
3
|
Distribution des probabilités cumulées inverses de
défaut 2006-2010
|
Page 22
|
4
|
Evolution du risque et des performances de la BTD
|
Annexe N° 3
|
5
|
Evolution des performances du système bancaire togolais
|
Annexe N° 5
|
6
|
Evolution de quelques indicateurs de l'économie
togolaise
|
Annexe N° 7
|
Liste des Graphiques
Graphiques
|
Intitulé
|
|
1
|
Distribution de la perte potentielle pour un horizon T
|
Annexe N° 1
|
2
|
Pertes attendues et pertes inattendues
|
Annexe N° 2
|
3
|
Evolution du risque et des performances de la BTD
|
Annexe N° 4
|
4
|
Evolution de la performance du système bancaire
togolais
|
Annexe N° 6
|
5
|
Evolution de quelques indicateurs de l'économie
togolaise
|
Annexe N° 8
|
Liste des Formules
Formules N°
|
Intitulé
|
|
(1.1)
|
Pertes prévisibles ou attendues
|
Page 6
|
(3.1)
|
Pourcentage de pertes potentielles maximales
|
Page 18
|
(3.2)
|
Formule d'Altman
|
Page 19
|
(3.3)
|
Corrélation de défauts
|
Page 20
|
(3.4)
|
La VaR
|
Page 20
|
(3.5)
|
La charge en capital
|
Page 20
|
(3.6)
|
Corrélation de défauts
|
Page 22
|
NOTA BENE
Les opinions exprimées dans ce document sont celles de
son auteur et ne reflètent pas nécessairement celles du COFEB ni
celles de la BCEAO.
INTRODUCTION
Le Togo est une place financière concurrentielle non
négligeable qui anime l'Afrique de l'ouest. Son environnement bancaire
est intégré à celui de la zone franc (UMOA) et est
composé d'une dizaine de banques. La concurrence est rude sur certains
segments d'activité telle que le crédit aux entreprises.
Les entreprises de la zone privilégient le
crédit bancaire dans le financement de leurs activités, compte
tenu du fait que le marché financier régional (Bourse
Régional des Valeurs Mobilières : BRVM) est dans un
état embryonnaire. Le crédit aux entreprises constitue de ce fait
une source de revenu significative pour les banques et établissements de
crédit.
Cette activité pourvoyeuse de ressources est en
même temps source de risque. En effet, faire du crédit
génère des risques de contrepartie que les établissements
de crédit doivent évaluer et gérer sans qu'ils ne puissent
mettre en péril leur pérennité.
Les récentes crises financières ont
montré que les outils classiques de mesure des risques ne suffisent pas
pour prendre en compte les chocs extrêmes auxquels peuvent être
soumises les banques.
Comme le préconisent certaines autorités de
réglementation, les établissements financiers doivent effectuer
régulièrement des simulations de crise afin de connaître le
montant des pertes potentielles en cas de fluctuations dangereuses et
importantes des facteurs de risque. Ces simulations de crises, aussi
appelées scénarios de Stress, et plus connus sous le terme
anglais Stress-Testing1(*),
sont des outils pour appréhender l'exposition de la banque à une
crise grave. Elles doivent permettre de répondre de façon
générale aux genres de questions suivantes :
· Quel serait le montant de la perte à laquelle la
banque aurait à faire face sur son portefeuille de crédit si
l'environnement économique connaissait un scénario de
déséquilibre ?
· Quel serait le montant de la charge en capital
nécessaire pour couvrir ces pertes ?
· La banque devrait-elle plutôt réduire son
exposition au risque de crédit ?
La Banque Togolaise de Développement (BTD) est une
société anonyme d'économie mixte qui a
succédé en 1967 à l'ancien Crédit du Togo. Son
capital social est de 6 130 MFCFA depuis la dernière augmentation
intervenue en 2009. La structure de l'actionnariat est dominée par
l'Etat Togolais avec 43,26% des parts et le reste aux banques de la place.
Cette banque a connu une crise sévère au
début des années 90 liée à une conjoncture
défavorable2(*).
Il s'agit pour nous, dans ce mémoire, de savoir :
· Quelles seraient les pertes potentielles
maximales que la BTD pourrait enregistrer sur son portefeuille de crédit
si le scénario de crise qu'elle a connu au début des
années 90 se reproduisait aujourd'hui ?
· Quelle est la charge en capital ou le capital
économique nécessaire pour amortir ces pertes ?
· La BTD dispose-t-elle de fonds propres
suffisants pour résister à ce choc ?
Le choix de la BTD nous semble pertinent en ce sens que sa
contribution au financement des PME/PMI en accord avec la politique
économique gouvernementale et son rang de première banque en
termes de ratios prudentiels et de santé financière lui donne une
place stratégique dans l'appréhension du risque systémique
sur la place financière togolaise. A l'exception du ratio de structure
de portefeuille, tous ses ratios prudentiels couvrent largement les normes.
Comme exemple, le ratio de solvabilité est de 17,66% contre une norme de
8%. Il s'agit aussi de préparer la BTD au passage inévitable vers
Bâle II que les autorités de supervision sont en train
d'étudier : l'utilisation du Stress-Test et de la VaR est une
disposition prudentielle de Bâle II (pilier II).
Ce choix est aussi opportun pour le fait que la VaR reste un
outil moderne d'aide à la décision, de pilotage et de Reporting
des risques. Elle permettra à la BTD de pouvoir calculer son capital
économique3(*) et de
procéder à une meilleure tarification du crédit en
fonction des risques encourus.
Il faut aussi souligner que les outils classiques de mesure de
risque ne suffisent plus pour prendre en compte les chocs extrêmes. La
BTD sera plus aguerrie et mieux préparée lorsqu'elle sera
autorisée par les autorités de supervision à utiliser
l'approche IRB avancée4(*) lors du passage à Bâle II.
L'autre but de cette étude est d'établir la
nécessité pour les banques et établissements financiers de
la zone UOMA de disposer d'une méthode cohérente pour la
simulation de crise sur leur portefeuille de crédit. Et aussi d'apporter
une contribution dans la mesure du possible aux travaux initiés par la
BCEAO dans la réforme du dispositif prudentiel en vue de l'adapter aux
recommandations de Bâle II.
En effet, la stratégie de pilotage proactive et par
anticipation du risque de crédit contribue à améliorer la
solidité financière des établissements financiers. Il
convient donc de choisir une méthode ayant déjà fait ses
preuves auprès des banques qui ont une avance dans ce domaine. Cette
étude s'inspire donc du modèle à facteur Credit VaR de
John HULL (2007) basé sur la formule de VASICEK (1987) qui a pour
hypothèse fondamentale première que la probabilité de
défaut est directement corrélée à
l'évolution des variables macroéconomiques (le taux de croissance
du PIB réel par exemple).
Précisons que cette corrélation entre la
probabilité de défaut et l'évolution des variables
macroéconomiques a d'ailleurs été démontrée
par Thomas Wilson (1997).
Notre démarche méthodologique passe d'abord par
une présentation théorique de la modélisation du
Stress-Testing sur le portefeuille de prêts à travers la
Value-At-Risk (la théorie des valeurs extrêmes), puis l'analyse
des pratiques de la BTD en matière de gestion des risques de
crédit qui se prêteraient bien au calibrage de la méthode
VaR et enfin la présentation d'un modèle simplifié de test
de résistance au risque de crédit extrême appliqué
à la BTD.
Avant d'arriver au test de résistance, nous aborderons
les étapes suivantes indispensables pour calibrer les variables de la
formule de VASICEK :
· Utilisation de la formule de Scoring d'Edward ALTMAN
(1968) pour déterminer la structure du portefeuille de la BTD : en
portefeuille sain et en portefeuille constitué de crédits
potentiellement défaillants.
· Calcul des probabilités de défaut
associées à chaque type de portefeuille à partir de la
méthode de BERNOUILLI5(*).
· Calcul des probabilités de défaut
cumulées.
· Détermination du coefficient de
corrélation de défauts avec la Copula gaussienne6(*).
A partir des données ci-dessus, nous pourrons alors
calculer la VaR de crédit (ou pertes potentielles maximales) avec la
formule de VASICEK.
· Calcul de la perte potentielle maximale (VaR) par
nature de portefeuille avec la formule de VASICEK7(*) (à partir de la probabilité de
défaut cumulé, du coefficient de corrélation des
défauts et du seuil de confiance).
· L'estimation de la charge en capital à partir de
la VaR calculée.
· Et enfin, le test consistera à vérifier
si la BTD dispose assez de fonds propres pour couvrir cette charge en capital
et donc de pouvoir résister au choc. Le résultat du Stress-Test
dépendra donc de la réponse à cette dernière
question.
Nous allons donc présenter, en première
partie de ce mémoire, le risque de crédit, sa mesure et ses
composantes, de la littérature à la BTD. Cette partie se compose
deux chapitres : au chapitre 1, la gestion du risque de crédit et
au chapitre 2, la gestion du risque de crédit et ses facteurs
extrêmes à la BTD. La deuxième partie de notre
étude sera intitulée Stress-Testing du risque de crédit
à la BTD : application, interprétation des résultats
et recommandations. Cette dernière est constituée de deux
chapitres : au chapitre 3, présentation et calibrage du
modèle à la BTD et au chapitre 4, interprétation des
résultats et recommandations.
PREMIERE PARTIE :
LE RISQUE DE CREDIT, SA MESURE ET SES COMPOSANTES : DE
LA LITTERATURE A LA BANQUE TOGOLAISE DE DEVELOPPEMENT
La gestion moderne du portefeuille de crédit est
basée sur la modélisation du risque de crédit. Celle-ci a
fait l'objet de nombreux développements théoriques.
La plupart des modèles utilisés cherchent plus
à mesurer les risques courants, c'est-à-dire ceux auxquels la
banque fait face dans sa gestion courante. Ces modèles aboutissent en
général au calcul des pertes moyennes.
Longtemps, les risques de crédit extrêmes (ceux
à probabilité d'occurrence faible) ont toujours été
négligés. Or, se sont eux qui occasionnent les plus grosses
pertes lorsqu'ils surviennent.
Chapitre 1 : La gestion du risque de crédit
La mesure et la gestion du risque de crédit est
fondée sur plusieurs approches théoriques. Cependant, dans la
pratique, ces différentes approches laissent place à un
procédé interne mis en oeuvre par chaque banque tant dans la
phase conduisant à l'octroi que celle de portage du crédit. Ces
modèles internes tiennent de plus en plus compte des facteurs de risque
liés aux évènements extrêmes.
1. Le risque de
crédit, ses composantes et ses facteurs extrêmes :
1.1. Le
risque de crédit :
Le risque de crédit est le risque de perte
inhérent au défaut d'un emprunteur par rapport au remboursement
de ses dettes (prêts bancaires, créances commerciales,
obligations, etc...). Ce risque se décompose en risque de défaut
qui intervient en cas de manquement ou de retard de la part de l'emprunteur sur
le paiement du principal et/ou des intérêts de sa dette, en risque
sur le taux de recouvrement en cas de défaut, et en risque de
dégradation de la qualité du portefeuille de crédit.
En effet, le problème du choix des actifs constitue la
problématique de la gestion de portefeuille. Il consiste à
rechercher les actifs les plus rentables en minimisant les risques. Le risque
d'un actif correspond à la dispersion des rentabilités autour de
la rentabilité moyenne ou espérée. Sa variance ou sa
racine carré appelée écart type en constitue la mesure
selon Markowitz (1952)8(*).
La gestion de portefeuille est un comportement d'arbitrage
entre le rendement et le risque pour différents portefeuilles
concurrents. Pour une rentabilité donnée, le meilleur
portefeuille est celui pour lequel la variance des rendements est faible (moins
risqué). Il faut souligner que lorsque le marché est efficient,
la rentabilité est proportionnelle au risque. Selon Sharpe (1966), il
existe une relation linéaire entre la rentabilité d'un actif et
celui du marché (mesuré par un indice général, par
exemple le CAC 40) au cours d'une période.
La théorie de la gestion de portefeuille a vu le
développement de plusieurs approches dont le CAPM (Capital Asset Pricing
Model) et d'autres variantes de ce modèle suite aux critiques. Nous
pouvons citer, entre autres, l'Arbitrage Pricing Theory (APT).
La gestion moderne de portefeuille a ainsi
dépassé le cadre des actifs de marché. Elle s'étend
aujourd'hui à d'autres actifs comme les crédits et a fait l'objet
de beaucoup de développements. Les versions commerciales de ces
modèles qui ont été développés en sont une
illustration.
Cependant, le choix d'un modèle passe d'abord par
l'appréhension des composantes du risque qu'on cherche à
minimiser.
1.2. Les composantes du risque
de crédit :
Le risque de crédit tient essentiellement à
l'incertitude des pertes, d'où l'intérêt d'évaluer
la distribution des pertes futures encourues par une institution de
crédit. Ces pertes (pertes attendues et inattendues) constituent l'une
des composantes du risque de crédit, en plus du défaut ou la
défaillance, de l'exposition à la date de défaut et de
l'horizon de défaut. Mais nous nous intéressons ici aux pertes
inattendues, celles que les programmes de Stress-Test cherchent à
quantifier.
Pour comprendre cette notion de pertes inattendues, ne
faudrait-il pas cerner d'abord ce qu'on entend par pertes attendues ?
En effet, chaque établissement de crédit
évalue le montant qu'il risque de perdre en moyenne sur son portefeuille
de crédits à un horizon donné. Selon Christian GOURIEROUX
et André TIOMO (2007), in « Risque de crédit, une
approche avancée », p18, ce montant correspond aux pertes
attendues et est en théorie couvert par des provisions. Pour chaque
ligne de crédit, cette perte est fonction de la probabilité de
défaut (vraisemblance que le défaut survienne), de l'exposition
à la date de défaut, c'est-à-dire du montant du capital
restant dû dans le cas d'un crédit standard, et de la perte en cas
de défaut qui dépend du taux de récupération sur un
crédit ayant fait défaut. C'est la perte moyenne annuelle
constatée au cours des années sur un portefeuille. Elle est
évaluée statistiquement grâce à l'utilisation des
bases de données historiques. Cette perte prévisionnelle se
calcule comme suit :
Pertes prévisibles = Probabilité de
défaut (EDF)x(Encours-Garanties) à la date de
défaut (EAD) x (le taux de perte sur les actifs non-garantis
(LGD)) (1.1)
Cette perte moyenne peut être exprimée en valeur,
ou traduite en « points de base », qui devront être
rajoutés au taux d'intérêt moyen auquel la banque se
(re)finance, et éventuellement aux frais d'exploitation et
opérationnels (eux aussi traduits en points de base), afin de constituer
le taux minimal qui peut être appliqué au crédit. En somme,
elle doit aider à la tarification du crédit.
Les pertes effectives peuvent cependant différer des
pertes attendues du fait de l'incertitude, et une banque est tout autant
préoccupée par le montant de ses pertes inattendues que par le
montant des pertes attendues.
Ces pertes inattendues correspondent à la perte
maximale que peut enregistrée la banque lors d'un
évènement extrême. Le rôle du banquier est alors
d'évaluer la perte maximale susceptible de se produire par type
d'opération, à un seuil de confiance donné et
accepté, et d'y affecter un montant de fonds propres économiques
en conséquence. Les fonds propres économiques vont permettre de
couvrir la différence entre le montant de cette perte maximale, et le
montant de la perte moyenne.
Pour parvenir à évaluer cette perte maximale, la
banque mêlera les approches historiques (bases de données
internes) ou paramétriques, et utilisera au besoin un modèle de
mesure de valeurs exceptionnelles ou extrêmes comme la
« Value-At-Risk » (VaR). Les modèles qui combinent
la VaR avec des scénarios de crise sont regroupés sous le terme
de Stress-Testng pour mesurer l'incidence des facteurs extrêmes sur le
risque. « Voir annexe N° 2 pour l'illustration graphique des
pertes attendues et non attendues ».
1.3. Les facteurs
extrêmes du risque :
Dans un article intitulé « Le risque
systémique »publié dans la revue Riseo (édition
de janvier 2011), Stéphane CALLENS9(*) distingue quatre principaux groupes
d'évènements extrêmes à risque : ils sont, soit
de nature sociale, technologique, macroéconomique, ou tout simplement
naturel.
Il est important de mettre en exergue leur importance et de
souligner leur mode de gestion.
En effet, l'importance de ces évènements semble
avoir augmenté au cours des cinquante dernières années
à cause de leur fréquence. A titre d'illustration, les crises
financières comme celles que traversent les principales économies
industrialisées depuis l'été 2007 et qui affectent
aujourd'hui l'ensemble de l'économie mondiale. Ces
événements extrêmes ont une double nature : ce sont
tout d'abord des événements rares, c'est-à-dire dont la
probabilité d'occurrence est très faible. Ce sont ensuite des
événements qui sont particulièrement coûteux ou
dramatiques pour ceux qui les subissent. Ils sont, en outre, souvent
envisagés comme des points aberrants et, de fait, exclus des
échantillons utilisés dans le cadre de nombreuses études
empiriques.
Citons les travaux de RIETZ (1988) accueillis dans un premier
temps avec scepticisme par le monde de la finance, et qui ont cependant
profondément renouvelé l'intérêt de la profession
pour les événements extrêmes : ils montrent en effet
que la prise en compte des désastres économiques permettrait de
résoudre l'énigme de la prime de risque. Autrement dit,
l'existence d'épisodes de grande ampleur, mais très peu
fréquents (une guerre, une grande dépression ou la crise
financière actuelle, etc...), expliquerait l'écart structurel de
rendement entre actifs risqués et actifs sans risque10(*). Ces événements
rares, mais aux conséquences désastreuses, marqueraient donc de
façon permanente le comportement des investisseurs qui exigeraient en
retour ces écarts de rendements ou primes de risque pour s'en
protéger. La prime de risque qui ressort de cet exercice est de l'ordre
de 7 %, très proche de celle qui est observée empiriquement.
Ceci permet à l'auteur de conclure que la prise en compte de la
possibilité de survenance d'événements extrêmes
permet de résoudre le paradoxe de la prime de risque.
Les travaux conduits par Robert BARRO et José URSUA
présentés par Laurent CLERC11(*) dans un article intitulé « Les
évènements extrêmes : nouveaux défis entre
sciences et choix collectifs », sur un échantillon de
vingt-quatre pays de l'OCDE à partir de 1870, montrent que les
épisodes de crise sont définis par une baisse du taux de
croissance du PIB supérieure à 10%. Dans leur modèle, ils
montrent que la survenance d'événements extrêmes affecte la
productivité des économies.
Ces différents travaux ont beaucoup contribué,
ces dernières années, à la prise en compte de la gestion
des risques extrêmes dans la gouvernance des institutions
financières.
En effet, la gestion du risque extrême revient au coeur
du métier de banquier. Aussi a-t-on assisté au cours de la
dernière décennie à d'importants progrès en
matière de modélisation et de gestion du risque. Ces efforts ont
également été soutenus par les superviseurs dans le cadre
de réformes réglementaires visant à donner aux mesures
prudentielles une sensibilité plus grande au risque. C'est notamment le
cas du nouvel accord de Bâle II qui définit les exigences en
capital des banques en les pondérant par les risques. Le comité
de Bâle et son groupe de travail sur la modélisation et la gestion
du risque ont consacré d'importants moyens pour traiter cette question.
Selon Klaas KNOT12(*), qui
préside ce groupe de travail, il subsiste d'importants progrès
à accomplir pour intégrer les événements
extrêmes au coeur du processus de décision. Cependant, Il existe
différents types de risques au sein d'un même portefeuille
bancaire et il devient de ce fait très difficile de développer un
outil capable d'agréger ces risques de nature et d'horizon
différents. Pour autant, l'un des outils souvent
privilégié dans la gestion du risque repose sur une mesure simple
et agrégée, la VaR (value-At-Risk) combinée à des
scénarios de Stress. Son succès réside
précisément dans sa simplicité et la facilité avec
laquelle il est possible de communiquer sur les expositions aux risques des
institutions financières. Cette approche suggère de fonder la
prise de décisions en s'appuyant sur l'intégralité de
l'information disponible et sur l'analyse de scénarios alternatifs.
C'est sans doute cette motivation qui a conduit les institutions
financières ainsi que les régulateurs à prôner et
à utiliser des méthodes de simulation de crise
(ou Stress-Tests) intégrant des scénarios
extrêmes. Ces approches visent à réduire l'incidence des
événements extrêmes sans pour autant prétendre
pouvoir les éviter.
La connaissance de ces facteurs extrêmes permet de
construire des modèles de Stress-Test.
2. Les modèles de
gestion du risque extrême et la VaR :
2.1.
Modèles alternatifs basés sur la VaR :
La gestion du portefeuille de crédits s'apparente
à la gestion classique d'un portefeuille d'actifs, sauf que celle-ci se
différencie par le fait qu'au-delà des rendements exigés
pour le risque, l'on doit faire l'allocation de fonds propres
économiques destinés à couvrir les risques inattendus de
la banque.
Les modèles internes de gestion de risque de
crédit extrême ont pour base la théorie des valeurs
extrêmes. Cette théorie a donné naissance à des
modèles commerciaux dont les plus connus sont les suivants :
· KMV Portfolio Model : ce modèle jouit d'une
simplicité de calcul pour les entreprises cotées, car il fait
appel à des données de marché (VASICEK en est un
co-auteur),
· CreditMetrics de JP Morgan : ce modèle est
développé en 1997 par JP Morgan et est basé sur la
probabilité de changement de rating d'une qualité de
crédit vers une autre dans une période de temps donnée
(migration de crédit),
· CreditRisk+ : ce modèle proposé par
Credit Suisse First Boston apparaît comme une alternative aux deux
principales méthodologies rencontrées sur le marché,
à savoir celles de JP Morgan et de KMV Corporation. Ce modèle est
fondé sur une approche probabiliste du processus de défaut de
paiement sans faire aucune hypothèse sur la cause du défaut.
Tous ces modèles s'inspirent de l'approche VaR.
2.2. La Value-At-Risk
(VaR) :
A l'origine, la méthodologie VaR était
appliquée au risque de marché. Elle a ensuite été
empruntée pour l'évaluation du risque de crédit.
D'abord, la Valeur en Risque, plus connue sous le nom anglais
ValueAt-Risk ou VaR, est une mesure de la perte potentielle
qui peut survenir à la suite de mouvements adverses des prix de
marché. Elle permet de répondre à la question
suivante : combien l'établissement financier peut-il perdre avec
une probabilité á pour un horizon de temps T
fixé ? Deux éléments sont donc indispensables
pour interpréter le chiffre VaR (qui permet de donner une
vision globale du risque de marché d'un portefeuille) :
· La période de détention T ou
Holding Period qui correspond à la période sur laquelle
la variation de la valeur du portefeuille est mesurée;
· Le seuil de confiance á du chiffre
VaR qui correspond à la probabilité de ne pas
dépasser cette mesure du risque.
Si ces deux paramètres ne sont pas
spécifiés, l'on ne peut pas interpréter le chiffre
VaR. Avec la mesure VaR, on passe donc d'une mesure de risque
comme volatilité à une mesure de risque comme quantile.
« Voir l'annexe N° 1 pour l'illustration graphique de la
VaR »
Ensuite la VaR de crédit, qui est définie comme
la VaR de marché, est utilisée habituellement pour mesurer le
risque de crédit. Cette autre notion de la VaR repose sur trois
paramètres fondamentaux :
· La distribution des résultats des portefeuilles
(supposée Normale),
· Un niveau de confiance choisi (entre 95% ou 99,9% en
général),
· Et un horizon temporel donné.
Le principe de détermination d'une VaR de crédit
est simple. La relation entre une valeur possible et ses chances de
survenir est une distribution de probabilité. Il s'agit de
déterminer quel niveau de pertes potentielles ne sera
dépassé que dans une fraction faible de cas. Au-delà,
l'établissement bancaire fait défaut par définition. Cette
fraction s'appelle le seuil de tolérance pour le risque.
Les facteurs extrêmes sont rarement pris en compte dans
les modèles utilisés en finance, alors que ce sont eux qui sont
cruciaux dans la prise en compte du risque dans les décisions. La
connaissance de ces facteurs permet de construire des scénarios de
Stress
2.3. Méthodes de
construction de scénarios de Stress :
La VaR est nécessaire pour élaborer un programme
de Stres-Testing, mais elle n'est pas suffisante. Il faut la compléter
avec un scénario de crise. Pour ce faire, deux approches sont
généralement utilisées. Selon Thierry RONCALLI in
« Gestion des risques financiers », Economica
(2ème édition), 2009, p124, les banques utilisent deux
types de méthodologies pour construire les scénarios dans leurs
programmes de Stress-Testing : l'approche macroéconomique et
l'approche historique.
L'approche macroéconomique est une méthode
subjective. Il s'agit d'une approche fondée non pas sur l'analyse des
données passées mais qui, à partir d'un
évènement inattendu (politique ou économique), tente de
créer l'enchaînement des évènements
engendrés, puis les calibre quantitativement de manière à
créer le scénario de crise. On a donc une méthode en deux
étapes : élaboration d'un scénario dynamique à
partir d'une entrée (par exemple une baisse de 10% du taux de croissance
du PIB), puis construction d'un bilan final chiffré du portefeuille. On
parle de Macro Stress-Testing lorsqu'on entend déduire la dynamique de
la crise ainsi que le bilan chiffré des facteurs macroéconomiques
Par contre, l'approche historique est une méthode
explicitement demandée par les régulateurs depuis le passage
à Bâle II (la commission bancaire française par exemple).
L'idée est simple : on se concentre sur l'évolution des
facteurs de risque sur une période donnée et on en déduit
la ou les pires périodes qui constitueront les scénarios de
crise. C'est dans le choix de ces pires périodes que va résider
la qualité des scénarios proposés.
Elle consiste, en fait, à répertorier pour
chaque facteur de risque la variation à la hausse ou à la baisse
la plus importante sur un pas de temps préalablement choisi. On peut
alors composer différents scénarios de crise en
sélectionnant certaines de ces valeurs, les autres facteurs de risque
étant censés restés identiques à leur valeur
actuelle. On voit néanmoins que l'absence de corrélation entre
les différents facteurs est un obstacle à la
crédibilité de tels scénarios, d'où l'idée
de choisir comme scénario de crise une configuration historique incluant
tous les facteurs. Pour Thierry RONCALLI, le pire est défini comme la
période où les valeurs extrêmes (le minimum ou le maximum)
ont été obtenues. Ce type d'approche fournit alors un
scénario dont la crédibilité est assurée puisqu'il
s'est déjà produit.
C'est cette dernière approche que nous avons
adoptée dans ce mémoire pour construire le scénario de
référence et pour poser la problématique.
Une gestion efficace et moderne du risque de crédit
d'une banque doit alors prendre aussi en compte les facteurs extrêmes.
Chapitre 2 : La gestion du risque de crédit et les
facteurs de risque extrêmes à la BTD
1.
Gestion du risque de crédit à la BTD :
La gestion du risque de crédit telle que
pratiquée par la BTD est une gestion classique en trois phases :
gestion ex-ante, traitement du risque et la gestion ex-post.
1.1. Gestion
ex-ante :
Comme toute politique visant à maîtriser le
risque, le management du risque de crédit à la BTD s'attache
à le prévenir et au pire des cas à le gérer sans
qu'il ne puisse avoir une incidence trop importante sur son activité. La
politique de la BTD est fondée sur le sens de l'organisation de la
prévention, c'est-à-dire la mise en oeuvre des moyens techniques,
humains et organisationnels destinés à éviter la
survenance du risque.
La banque n'accepte un risque que lorsqu'elle estime qu'il ne
se réalisera pas ou que les chances de réalisation sont
limitées. Elle n'a pas, lorsqu'elle finance un projet qu'elle estime
porteur, à endosser les risques de l'entrepreneur. Elle cherche au
contraire à s'en prémunir notamment en exigeant des garanties
dont l'objet consiste précisément à limiter les
conséquences financières de la réalisation du risque.
Cependant, la BTD est pleinement consciente du fait que
malgré toutes ses précautions, certains de ces risques qu'elle a
acceptés se réaliseront.
Elle a mis en place une organisation qui passe par
différentes étapes à savoir la détection, la
limitation et la couverture des risques. En somme, la quête de la
maîtrise du risque de crédit au sein de la BTD s'articule autour
de la mise en oeuvre d'une gestion préventive des risques d'une part,
d'autre part, d'une organisation réactive centrée sur
l'efficacité du traitement curatif du risque.
La constitution du portefeuille de la banque se fait à
travers une gestion sélective des clients à financer. Les
éléments de sélection sont entre autres :
l'expérience des dirigeants de l'entreprise, les états financiers
audités par des cabinets agréés, le chiffre d'affaire des
exercices précédents et la structure financière.
Le chargé d'étude instruit le dossier de
crédit qui prend en compte la situation financière de
l'entreprise, l'analyse sectorielle, l'analyse des risques inhérents au
secteur et la qualité des garanties. Une fois le dossier
étudié, il reçoit le visa du responsable du service
étude du crédit et du chef de la division des études du
crédit. Il est ensuite transmis au directeur des engagements.qui donne
à son tour son avis et, en dernier ressort, l'avis de la direction de la
banque ou du conseil d'administration est requis selon les habilitations.
Quant à la division du recouvrement et du contentieux,
il vérifie la régularité des garanties et le service de
l'administration des prêts assure la mise en place du crédit. Le
dossier de crédit, avant donc d'être approuvé, passe par
différents niveaux d'analyses motivées. Une fois le dossier
approuvé et les lignes de crédit mises en place, les
décaissements font l'objet également d'établissement de
tickets qui doivent être à la fois approuvés par
l'administration de crédit, le risque, la direction
générale au regard de l'encours du client, des lignes
accordées et d'éventuelles garanties adossées à ces
lignes. Toute cette procédure a pour but de sécuriser les
opérations de la banque, de mieux les suivre et surtout d'assurer un
recouvrement total des différents concours accordés aux clients.
L'objectif pour la banque en accordant des financements aux
entreprises est de s'assurer de leur capacité à rembourser les
crédits. Or ces dernières ne tirent leurs revenus que leurs
activités commerciales ou industrielles qui sont susceptibles de
connaître des difficultés.
1.2. Traitement des
risques :
Face aux différents risques courus par la BTD dans son
intervention sur le marché du crédit aux entreprises, elle a mis
en place une stratégie de traitement de ces risques afin de
sécuriser son financement.
Comme illustration, soulignons qu'un des risques auquel les
entreprises sont confrontées est le risque d'approvisionnement
qui est directement lié à la capacité de l'entreprise
à disposer des matières premières ou de produits, donc
à la maîtrise des circuits d'approvisionnement. Pour juguler ce
risque la BTD privilégie le critère d'expérience
professionnelle de ces structures.
Le traitement du risque de tierce détention : en
même temps que se fait la sélection des clients du marché
cible satisfaisant aux critères d'acceptation du risque de la banque, se
fait aussi une sélection des tiers détenteurs. Cela se fait sur
la base de leur professionnalisme et de leur notoriété dans leur
secteur d'activité.
Le traitement du risque de contrepartie
commerciale : la banque dans son approche va s'intéresser
à la qualité de signature des acheteurs avec lesquels ses propres
clients traitent. Ainsi elle va regarder leur notoriété sur le
marché national et international et leur expérience dans leur
secteur donné. Enfin la banque engage son financement sur la base d'un
contrat ferme d'achat à prix fixé par les acheteurs
préalablement sélectionnés.
Au total, en exigeant de ces clients qu'ils aient des
acheteurs fiables et des contrats à prix fixé, elle minimise
ainsi son risque de contrepartie commerciale.
Traitement du risque de change : en
finançant des contrats de vente libellés en Dollars US ou Livre
sterling, la banque court un risque de change lié aux fluctuations des
devises citées dans la mesure où le cours des matières
premières (café, cacao) sont libellés dans ces devises.
Face à ce risque, la banque exige des contrats libellés
plutôt en Euro, atténuant ainsi le risque de change compte tenu de
la parité de l'Euro avec le Franc CFA.
Le risque spéculation (entreprises de négoce
de matières premières) : pour faire face au risque de
spéculation, la banque décide tout simplement de travailler avec
des clients qui ne spéculent pas. Tout décaissement de la banque
repose sur des contrats déjà en portefeuille avec des prix
déterminés qui lui permettent de suivre l'évolution de la
situation financière du client. Les contrats à terme sont donc
exclus du financement de la banque.
Les risques sont nombreux et dépendent de la
spécificité des entreprises et des secteurs.
1.3. Gestion
ex-post :
La gestion ex-post du risque de crédit démarre
à partir du premier jour où l'échéance du
crédit a été impayée, et /ou l'engagement pris
par un client n'est pas respecté Pour ce faire, la BTD a organisé
sa capacité de détection de l'incident et sa réaction
à travers la mise en oeuvre d'interventions planifiées et
graduées en fonction de son appréciation du risque.
Pendant longtemps, la BTD a, pour des raisons diverses,
délaissé l'activité d'après vente de ses
prêts. Il est vrai que jusqu'à une période récente,
que l'on peut situer à partir de 1996, les préoccupations
bancaires étaient tournées plus vers le développement des
activités commerciales dans un environnement économique
plutôt favorable. Le développement payait le risque et les comptes
de résultat n'étaient plus soumis à la cure
d'amaigrissement liée à l'écrasement des marges de
crédit (comme c'était le cas au début des années
90) et à la montée parallèle des pertes et dotations aux
provisions sur l'activité de crédit.
L'organisation de la gestion des risques à la BTD est
tournée vers le suivi des clients, en amont pour détecter le
plutôt possible leurs difficultés, en aval pour parvenir à
la régularisation des impayés, par l'utilisation de tous les
outils et moyens amiables et judiciaires dont elle dispose.
La démarche ici pour la BTD consiste à
anticiper, détecter, identifier et faire le point aussitôt que
possible sur les problèmes potentiels qui peuvent survenir. Pour ce
faire elle va procéder à une classification en rang des risques
de crédit en fonction des directives internes établies et de
l'état de dégradation de la situation financière de
l'entreprise. Elle se traduit par des signaux négatifs à savoir
des découverts ponctuels qui se reproduisent ou des dépassements
sur les lignes qu'on met du temps à régulariser, des retards
habituels dans le remboursement du crédit. Ainsi les dossiers de
crédit sont classés en quatre catégories :
- (1) Mauvais risque
- (2) Risque acceptable sous conditions
- (3) Bon risque
- (4) Très bon risque.
Cette classification permet un meilleur suivi des dossiers de
crédit et des décisions quand aux mesures correctives à
prendre.
Ce dispositif est plutôt une stratégie de gestion
classique du risque, certes efficace, mais qui ne prend pas en compte les
situations et les facteurs extrêmes. Pour connaître ces facteurs,
nous devons appréhender d'abord l'environnement économique dans
lequel la BTD a toujours évolué et aussi étudier
l'historique de ses risques et de ses performances. Il s'agit
concrètement de voir si la tendance dans l'évolution des risques
de la BTD est plus ou moins tirée par celle indicateurs
économiques.
2. Les facteurs
extrêmes du risque de crédit à la BTD :
2.1.
Historique de l'environnement économique du Togo depuis 1990 :
Le Togo a connu une période difficile de 1990 à
1994. Après un recul important du PNB (400 dollars USD par habitant en
1990, 250 dollars USD en 1993), un taux d'inflation de 50 % et un dangereux
développement du secteur informel, l'année 1996 a marqué
un renouveau : le climat économique et social s'est
amélioré. L'aide du FMI et des partenaires multilatéraux a
repris et l'équilibre budgétaire a été
réalisé en 1995-1996.
Le ralentissement de la croissance économique
s'était accompagné d'une multiplication des activités
dites « informelles ». La production agricole par
tête a diminué de 0,6 % en moyenne par an entre 1990
et 1993 et des difficultés d'approvisionnement, voire des disettes,
ont affecté le nord du pays. Les mêmes incertitudes ont
pesé sur les cultures d'exportation. Les taux de croissance des
exportations sont restés négatifs entre 1990 et 1993
(respectivement -9,77%,-7,91%, -19,60, -3,20% ; source : Banque
Mondiale).
La rente tirée du phosphate qui a stimulé
l'économie togolaise entre 1970 et 1975 a aussi connu des
difficultés. Le retournement du marché mondial et les
problèmes techniques placent l'extraction minière en position
délicate et la production a presque diminué de moitié
entre 1990 et 1993 : 3 millions de tonnes en 1988, 2,5 millions de
tonnes en 1992; les années 1995 et 1996, toutefois, ont
été marquées par une reprise notable.
Le pays a connu aussi une baisse de ces capacités
d'importations qui ont enregistré un taux de croissance en recul de 17%
en moyenne de 1991 à 1993. Le coût du crédit à
l'économie passe aussi de 10% avant 1990, à 14% entre 1991 et
1993. Le taux de croissance du PIB réel a même atteint -15,10% en
1993. Ce qui vient alourdir les difficultés de financement des
entreprises. « Voir les annexes N°7 et N°8 pour
l'évolution en chiffres et en graphique des indicateurs
macroéconomiques du Togo »
2.2. L'évolution de l'environnement financier au Togo depuis
1990 :
Depuis le début des années 80, la
fréquence et la taille des crises financières n'ont cessé
d'augmenter. Un grand nombre de pays développés, en
développement et en transition ont connu de graves crises bancaires
durant les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix. Cette
prolifération des problèmes bancaires à une grande
échelle a suscité l'intérêt des régulateurs
à propos de la stabilité du système financier
international.
C'est ainsi qu'à partir de la fin des années 80
les instruments indirects de politique monétaire (réserves
obligatoires, marché interbancaire, ratios prudentiels) ont
été mis en place progressivement par les différentes
banques centrales.
Dans l'UEMOA, la nécessité d'un renforcement de
la réglementation et de la surveillance bancaire s'est fait ressentir
avec acuité à partir de la fin des années 80. En effet, la
crise financière de cette époque a énormément
pesé sur la croissance économique des Etats de l'union. En 1986,
près du quart des établissements de crédit de l'UEMOA ont
connu d'importantes difficultés financières et se trouvaient en
quasi-cessation de paiement.
Les créances douteuses avaient atteint les 800
milliards de francs CFA et ont conduit en 1992 à la liquidation pure et
simple de onze (11) banques et quatorze (14) établissements financiers
sur les 105 que comptait l'Union. Au Togo, c'était l'époque de la
liquidation de la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA). Cette
dégradation de la santé financière du système
bancaire de l'UMOA à cette période a été
révélatrice de la faiblesse ou des limites des instruments de
contrôle bancaire qui régissaient les activités des
banques.
Par ailleurs, le secteur bancaire togolais a souffert
profondément de la crise sociopolitique que le pays a traversée
au début des années 1990. Alors que les dépôts et
autres ressources mobilisées par les banques s'amenuisaient, un grand
nombre d'opérateurs économiques et de particuliers se sont
trouvés dans l'incapacité de respecter leurs engagements
vis-à-vis du secteur bancaire. Il s'en est suivi une
détérioration importante de la qualité des actifs des
institutions financières.
En vue de rétablir un secteur bancaire sain et robuste,
le gouvernement togolais a décidé dans le mémorandum sur
les politiques économiques et financières du 26 mai 1997 de
préparer et de mettre en oeuvre, en collaboration avec la Banque
Mondiale un Programme d'Ajustement Sectoriel pour le Secteur Financier
(PAS-FI). Ce programme a permis de poursuivre les efforts d'assainissement et
de restructuration du système bancaire togolais.
A cette époque, les établissements de
crédit étaient confrontés à des difficultés
notables dont les plus importantes sont :
· La sous capitalisation de la plus part des banques
entraînant un taux de couverture du risque très faible.
· Le degré de détérioration du
portefeuille des banques était préoccupant.
· Le coefficient de liquidité de la plupart des
banques était inférieur à la norme.
· Les ressources à moyen et long terme sont
presque inexistantes dans les banques face à des emplois de même
maturité.
En somme l'instabilité bancaire peut être
identifiée à travers des facteurs macroéconomiques qui ont
souvent joué un rôle non négligeable dans le
déclenchement des crises bancaires et financières
particulièrement dans les pays émergents tel que les fluctuations
des taux d'intérêt, la volatilité des flux de capitaux
étrangers, le régime des taux de change et la volatilité
domestique des taux de croissance et d'inflation.
D'une manière générale, l'activité
bancaire est sensible aux conditions macroéconomiques qui sont souvent
liées au retournement de la conjoncture, turbulences et chocs
financiers.
« Voir les annexes N°5 et N°6 pour
l'évolution en chiffres et en graphique des indicateurs financiers du
Togo »
2.3. Evolution du risque de la
BTD depuis 1990 :
De 1990 à 1993, on note un niveau très
élevé des risques bancaires. Les créances douteuses se
situent en moyenne à 5,32% par rapport au total des actifs. Ces
créances douteuses ont diminué en 1992. Cette année
correspond celle de la mise en oeuvre du programme de redressement de la BTD.
La banque a bénéficié d'une consolidation de ses
engagements envers la BCEAO avec l'aval de l'Etat Togolais pour un montant
total de 4 402 MFCFA. Cela a permis d'assainir son portefeuille et
rétablir ses fonds propres. Le niveau de risque en 1992 est égal
à 0,9%, une diminution qui s'explique par la mise en oeuvre du
programme, notamment le rachat des créances compromises par l'Etat.
De 1992 à 1993, à la suite de la crise
sociopolitique que le pays a traversée, les clients ont eu
d'énormes difficultés pour respecter leurs engagements
vis-à-vis de l'institution. Il faut aussi souligner les revers de la
dévaluation du franc CFA de 1994 sur la solvabilité de ses
contreparties. Cette situation traduit l'accroissement des risques bancaires.
De 0,9% en 1992, ils passent à 7,68% en 1995 avant de connaître
une chute en 1996. Ces risques se situent à 2,4% en 1996 à la
suite de la reprise des activités économiques et aux efforts de
recouvrement de la banque auprès de sa clientèle. En 1997, la
situation s'est nettement améliorée avec la mise en oeuvre de la
stratégie d'apurement de la dette intérieure de l'Etat et du
renforcement de la politique de recouvrement. Le niveau des risques
s'établissait alors à 1,5% en 1997.
D'une manière générale, on note une
maîtrise des risques bancaires à partir de 1996 avec une nette
amélioration à partir de 2001.
On constate donc que les principaux facteurs de risque
extrêmes à la BTD sont d'ordre macroéconomique. Ces
facteurs suivent les mêmes tendances que les performances de la
BTD : ce qui confirme leur influence sur le niveau des risques de la
banque. Quand la BTD enregistrait ses pires performances entre 1990 et 1993,
les indicateurs économiques étaient aussi à leur bas
niveau historique.
« Voir les annexes N°3 et N°4 pour
l'évolution en chiffres et en graphique du risque et des performances de
la BTD »
DEUXIEME PARTIE :
STRESS-TESTING DU RISQUE DE CREDIT A LA BTD :
APPLICATION, INTERPRETATION DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS
L'objet de cette partie consiste à évaluer
à partir des données bancaires la capacité de la BTD
à résister à un choc sur son portefeuille de
crédit. Il s'agit concrètement de mesurer la perte
potentielle maximale sur les cinquante (50) plus gros crédits de la
BTD13(*) sur un horizon
d'un an à un seuil de confiance de 99,9%, si la crise qu'elle a connue
au début des années 90 se reproduisait aujourd'hui. Et de voir si
cette dernière dispose assez de fonds propres effectifs pour absorber le
choc.
Ce test sera fait à partir de la formule de
VASICEK14(*) qui permet de
calculer la perte potentielle maximale quand l'économie est en
récession. Nous utiliserons un modèle basé sur cette
formule et présenté par John HULL (2007).
Ainsi, nous procéderons d'abord à la
présentation et au calibrage du modèle sur le portefeuille de
crédit. Ensuite, nous allons analyser et interpréter les
résultats avant de formuler des recommandations nécessaires pour
la BTD.
Chapitre 3 : Présentation et
calibrage du modèle à la BTD
1.
Présentation du modèle :
La modélisation du Stress-Testing du portefeuille de
crédit de la BTD que nous présentons est basée sur les
travaux de John. C. HULL (2007).
En effet, dans son ouvrage intitulé :
« Options, futures et autres actifs
dérivés », 6ème édition,
publié par Prentice Hall (Pearson Education Inc.) en 2007, il
présente à la page 531 un modèle sur la VaR de
crédit qui utilise la formule de VASICEK (1987).
1.1. La formule de VASICEK et
ses hypothèses :
Après avoir souligné que la VaR de crédit
se définit comme la VaR de marché, il présente le
modèle comme suit :
Considérons une banque possédant un large
portefeuille de prêts. Supposons que les probabilités de
défaut soient identiques pour ces prêts et que les
corrélations des différents couples soient égales. Au
niveau de confiance X%, le pourcentage de pertes sur T années sur le
portefeuille sera inférieur à V(X,T), où :
V(X,T) = N{[N-1(Q(T)) + (ñ)^(1/2) x
N-1(X)]/[(1-ñ)^(1/2)]} (3.1)
Précisons que N
et N-1 évoquent la
loi normale et son inverse. V(X,T) est le pourcentage de pertes maximales sur T
années sur le portefeuille de crédit. Q(T) est la
probabilité de défaut cumulée jusqu'à la date T et
ñ est la corrélation commune des défauts des
différents prêts.
Une estimation de la VaR de crédit au niveau de
confiance X% et à l'horizon T est donnée par
L(1-R)V(X,T) où L est la valeur du portefeuille de
prêts et R le taux de recouvrement. La contribution d'un prêt
particulier de montant Li à la VaR de crédit est alors
Li(1-R)V(X,T). Ce modèle est l'approche qui
sous-tend les formules établies par les organismes de régulation
pour définir les montants de capitaux couvrant les risques de
crédit. John HULL préconise d'utiliser la copule gaussienne pour
calculer la corrélation de défaut (ñ). (Voir John HULL,
2007, p 531-532).
Les hypothèses du modèle sont les
suivantes :
· La probabilité de défaut est directement
corrélée à l'évolution des variables
macroéconomiques15(*).
· La distribution des variables suit la loi normale.
· Les probabilités de défaut sont
identiques pour les prêts qui composent un portefeuille ayant une note
donnée.
· Les corrélations de défaut des
différents couples de prêts sont égales
· Le portefeuille est supposé diversifié et
une seule composante du risque compte : le risque extrême lié
à la récession de l'économie (Leverage Global Risk
Factor).
· La situation de l'économie est
défavorable et mesurée à travers un indicateur
économique (le taux de croissance annuel du PIB réel par
exemple).
Comme précisé dans la méthodologie en
introduction, nous allons commencer par déterminer la structure du
portefeuille de crédit de la BTD (ou classement des risques) avec la
formule de Scoring d'Altman (1968). Selon Michel DIETSCH et al. (2003), c'est
la première étape pour la plupart des modèles de mesure du
risque de crédit.
1.2. Méthodes de
classement des risques et d'estimation des variables :
La formule d'Altman pour classer les
risques :
Soit la formule suivante :
Z =
a.R1+b.R2+c.R3+d.R4+e.R5
Chaque coefficient a, b, c, d, e représente une
pondération, Ri les ratios financiers propres à chaque
entreprise et Z les scores.
Ces scores, lorsqu'ils sont élevés,
représentent une situation satisfaisante, et un risque de
défaillance quand ils sont faibles. La combinaison Z possède donc
un pouvoir séparateur fiable entre les entreprises défaillantes
et saines. La formule d'Altman (1968) est la suivante :
Z = 1,2 X1 + 1,4X2 +
3,3X3 + 0,6X4 + 0,9X5 (3.2)
Avec :
· X1 = fond de roulement /actif total
· X2 = réserves / actif total
· X3 = EBE / actif total
· X4 = fonds propres / actif total
· X5 = CA / actif total
Altman détermine une valeur critique Z = 2,675 ;
ce qui l'amène à la conclusion suivante :
Si Z < 2,675, alors l'entreprise est
considérée comme défaillante et notée B
Si Z = 2,675, alors l'entreprise est
considérée comme saine et notée A
Nous aurons alors deux types de portefeuilles notés A et
B. L'étape suivante consistera à calculer les probabilités
de défaut.
La méthode de BERNOULLI pour calculer les
probabilités de défaut :
L'observation des défauts sur les deux types de
portefeuilles va permettre de calculer les probabilités de défaut
(PD). C'est une variable BERNOULLI qui prend la valeur 1 s'il ya défaut
et 0 autrement. Son espérance est égale à la PD16(*).Les probabilités de
défaut cumulées seront déduites des probabilités de
défaut simples. A la prochaine étape, nous allons
déterminer la corrélation de défauts.
La copule gaussienne pour calculer la
corrélation de défaut :
Selon John HULL, une mesure de corrélation des
défauts régulièrement utilisée est déduite
de la distribution de la date de défaut. Pour ce faire, il utilise la
copule gaussienne pour mesurer la corrélation des défauts. La
méthode est la suivante :
Notons tA et tB les dates
aléatoires de défaut de deux portefeuilles A et B. Ces variables
ne sont pas gaussiennes. Cependant, si l'on peut trouver des fonctions
uA et uB vérifiant :
uA(tA) =
N-1(QA(tA)) et
uB(tB) =
N-1(QB(tB))
uA et uB sont alors des fonctions de
tA et tB normalement distribuées. On
définit alors la corrélation des défauts par :
ñAB =
corr[uA(tA),uB(tB)]
(3.3)
Supposons que la loi jointe de (uA(tA),
uB(tB)) soit gaussienne ; cela signifie que la
distribution jointe des dates de défaut peut être décrite
par les distributions QA(tA),
QB(tB) et par ñAB. On parle
alors de copule gaussienne pour définir ce type de structure de
corrélations17(*).
Nous pourrons dès lors calculer les pertes potentielles
maximales (VaR) et la charge en capital.
1.3. Méthodes de calcul
de la VaR (ou perte potentielle maximale) et de la charge en capital:
Méthode de calcul de la
VaR :
Cette étape constitue le point d'orgue du modèle. A
partir de la formule suivante, on peut donc calculer la VaR de
crédit :
VaR = L * (1- R) * V(X,T) (3.4)
avec L la valeur du portefeuille de prêts, R le taux de
recouvrement et (1 - R)18(*) qui n'est autre que la LGD. Cette VaR sera donc
calculée sur chacune des deux classes de risques.
Méthode de calcul de la charge en
capital :
John HULL recommande le calcul du capital requis pour couvrir les
pertes avec la formule suivante :
Charge en Capital = UDR * LGD * EAD *
MatAd (3.5)
Ø avec UDR : le taux de défaut non
anticipé (Unexpected Default Rate). Il est calculé en utilisant
l'équation : UDR = V(X,T) - Q(T)
Ø MatAd19(*) : le terme d'ajustement pour la
maturité. C'est une fonction croissante de la maturité et vaut 1
quand la maturité est d'un an.
La charge en capital sera par conséquent
calculée aussi sur les deux classes de risques (les deux types de
portefeuilles).
2. Calibrage du
modèle sur le portefeuille de crédit de la BTD :
2.1.
Classement des risques du portefeuille de crédit de la BTD :
Nous avons appliqué
la formule d'Altman sur les contreparties ayant obtenu un crédit au
cours de l'année 2006. Le choix de cette année se justifie par le
fait que la durée moyenne des crédits octroyés par la BTD
est de cinq (5) ans, mais aussi, le comité de Bâle
préconise une durée de cinq (5) ans au moins lorsqu'on veut
construire un modèle interne sur une base historique.
Sur l'ensemble des crédits
accordés en 2006, 67,85% ont un Score supérieur ou égal
à la valeur critique 2,675 et 32,15% ont un Score inférieur
à cette valeur critique. Les calculs nous ont donc donné la
structure suivante : en général 67,85% du portefeuille de la BTD
est noté A et 32,15% est noté B. « Voir l'annexe
N°9 pour les exemples de Scoring ».
2.2. Estimation des
variables :
Calcul des probabilités de
défaut :
L'observation des
défauts sur ces deux types de portefeuilles nous a permis de calculer
les probabilités de défaut (PD).
Tableau N°1 :
Probabilités des défauts du portefeuille de crédit de la
BTD 2006-2010
|
|
Années
|
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Scores
|
A
|
0,01
|
0,11
|
0,11
|
0,12
|
0,16
|
B
|
0,11
|
0,11
|
0,22
|
0,22
|
0,22
|
Une société Alpha noté A, par exemple, a
une probabilité de 11% de faire défaut au cours de la
2ème année et une probabilité de 12% de faire
défaut au cours la 4ème année. Le tableau
N° 1 va conduire à la détermination des probabilités
de défaut cumulées qui constituent une des trois variables de la
formule de VASICEK.
Détermination des probabilités de
défaut cumulées :
Tableau N°2 :
Probabilités des défauts cumulées du portefeuille de
crédit de la BTD 2006-2010
|
|
Années
|
|
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
Scores
|
A
|
0,01
|
0,12
|
0,23
|
0,35
|
0,51
|
B
|
0,11
|
0,22
|
0,44
|
0,66
|
0,88
|
La société Beta notée B, par exemple, a
une probabilité de 44% de faire défaut sur une période de
3 ans depuis la mise en place du crédit et une probabilité de 88%
de faire défaut sur une période de 5 ans depuis la mise en place
du crédit. 44% et 88% constituent des probabilités de
défaut cumulées. Ces défauts sont fortement
corrélés entre eux quand survient un choc dans l'économie.
D'où la prise en compte de cette variable dans les modèles de
mesure du risque extrême.
Calcul du coefficient de corrélation de
défauts :
A partir du tableau N°2, il est possible de calculer les
probabilités cumulées inverses
N-1(QA(tA)) et
N-1(QB(tB)) suivant la loi normale
inverse (ce calcul est fait sous Excel à l'aide de la fonction
LOI.NORMALE.STANDARD.INVERSE). Ce qui donne les résultats
consignés dans le tableau suivant :
Tableau N°3 : Distribution des
probabilités cumulées inverses de défaut 2006-2010
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
N-1(QA(tA))
|
-2,3263
|
-1,1750
|
-0,7388
|
-0,3853
|
0,0251
|
N-1(QB(tB))
|
-1,2265
|
-0,7722
|
-0,1510
|
0,4125
|
1,1750
|
Nous pouvons alors déterminer le coefficient de
corrélation ñAB = corr
[uA(tA),uB(tB)].
La formule est donc la suivante :
ñAB = Cov
[uA(tA),uB(tB)] / [Var
(uA(tA)*Var (uB(tB)]^(1/2)
(3.6)
avec Var la variance et Cov la covariance des distributions
normales inverses. Nos calculs nous donnent un coefficient de
corrélation de 0,9408.
Maintenant que nous connaissons les probabilités de
défaut cumulés et le coefficient de corrélation des
défauts, nous pouvons calculer la VaR.
2.3. Calcul de la VaR et de la
charge en capital :
Calcul de la VaR : application aux 50 plus
crédits de la BTD (au 31/12/2010)
En se basant sur le
scénario de choc précédemment décrit, il nous faut
calculer la VaR sur un horizon d'un an. C'est-à-dire que T est
égal à 1.
En outre, nous
avons :
Ø L = 15 606
MFCFA structurée comme tel : LA = ( 67,85% * L ) soit
LA = 15 606 MFCFA * 67,85% = 10 588,6710 MFCFA et
LB = ( 32,15% * L ) soit LB =15 606 MFCFA * 32,15% =
5 017,3290 MFCFA
Ø Nous aurons donc
à calculer deux VaR : VaRA sur le portefeuille
LA noté A et VaRB sur le portefeuille
LB noté B.
Ø (1 - R) = LGD = 45%.
Ø Nous devons aussi calculé V(X,T) en deux
temps : VA(X,T) le portefeuille LA noté A et
VB(X,T) sur le portefeuille LB noté B.
Ø Et le seuil de confiance X = 99,9%
(recommandé par Bâle II).
Calcul de la VaRA :
VaRA = LA * (1 - R) *
VA(X,T)
Nous savons que :
VA(X,T) = N{[ N-1(QA(T))
+ (ñ)^(1/2) * N-1(X) ] / [ (1-ñ)^(1/2) ]}
On connaît le coefficient de corrélation des
défauts (ñ) calculé
précédemment et qui est de 94,08%.Il est le même quelque
soit le portefeuille.
La probabilité de défaut cumulée de
l'année 1 est QA(1) = 0,01(voir tableau
N° 2).
On sait que N-1(QA(1)) =
N-1(0,01) = - 2,3263 (voir tableau N°3).
N-1(X) = N-1(99,9%) =
3,0902
A partir de tous ces éléments, on a
VA(99,9% ;1) = N{[
N-1(0,01) + (0,9408)^(1/2) * N-1(99,9%) ] / [ (1-
0,9408)^(1/2) ]}
= N{[ - 2,3263 + (0,9408)^(1/2) *
3,0902 ] / [ (0,0592)^(1/2) ]}
= N{[0,6710 ] / [ 0,2433 ]}
= N{2,7579}, valeur lue sur la
table de la loi normale centrée réduite.
VA(99,9% ;1) = 0,9971
On en déduit : VaRA =
10 588,6710 MFCFA * 45% * 0,9971 = 4 751,0837 MFCFA
Calcul de la VaRB :
VaRB = LB * (1 - R) *
VB(X,T)
La probabilité de défaut cumulée de
l'année 1 est QB(1) = 0,11(voir tableau
N° 2). On sait que N-1(QB(1)) =
N-1(0,11) = - 1,2265 (voir tableau N°3).
N-1(X) = N-1(99,9%) =
3,0902
A partir de tous ces éléments, on a
VB(99,9% ;1) = N{[
N-1(0,11) + (0,9408)^(1/2) * N-1(99,9%) ] / [ (1-
0,9408)^(1/2) ]}
= N{[ - 1,2265 + (0,9408)^(1/2) *
3,0902 ] / [ (0,0592)^(1/2) ]}
= N{[1,7708] / [ 0,2433 ]}
= N{7,2783}, valeur lue sur la
table de la loi normale centrée réduite.
VB(99,9% ;1) = 1
On en déduit : VaRB =
5 017,3290 MFCFA * 45% * 1 = 2 257,7981 MFCFA
La VaR totale sur le portefeuille des 50 plus gros
crédits est de 7 008,8818 MFCFA, soit
VaRA+VaRB.
Calcul de la charge en
capital :
Evaluation de la charge en capital sur le portefeuille
noté A :
UDRA = VA(99,9% ; 1) -
QA(1) = 0,9971 - 0,01 = 0,9871
EADA = 10 588,6710 MFCFA * 40% =
4 235,4684 MFCFA
LGD = 45%
Donc, Charge en Capital = 0,9871 * 45%*
4 235,4684 MFCFA * 1 = 1 881,3739 MFCFA. (Voir la formule
N°(3.5))
Evaluation de la charge en capital sur le portefeuille
noté B :
UDRB = VB(99,9% ; 1) -
QB(1) = 1 - 0,11 = 0,89
EADB = 5 017,3290 MFCFA * 40% =
2 006,9316 MFCFA
LGD = 45%
Donc, Charge en Capital = 0,89 * 45%* 2 006,9316
MFCFA * 1 = 803,7761 MFCFA.
Au total, le capital requis s'élève à
2 685,15 MFCFA (1 881,3739 MFCFA +
803,7761 MFCFA).
Chapitre 4 : Interprétation des résultats et
recommandations
Pour effectuer le test de résistance sur le
portefeuille de crédit de la BTD, nous avons choisi un des quatre types
de chocs préconisés par le FMI sur le crédit : il
s'agit du choc sur les provisions, du choc sur les prêts non performants,
du choc sur la sensibilité d'une banque par rapport à un secteur
donné et du choc sur les plus gros engagements (en l'occurrence les 50
plus gros crédits de la BTD).
Le coeur du modèle est donc la formule de VASICEK. Nous
devons alors donner l'interprétation statistique de cette formule en
amont de l'interprétation des résultats obtenus dans les
différentes étapes préalables à la
détermination des pertes potentielles maximales (la VaR).
1. Interprétation
statistique de la formule de VASICEK et des résultats :
1.1.
Interprétation statistique de la formule de VASICEK
Cette formule est au centre de l'approche IRB de l'accord de
Bâle II. Elle nous a permis de calculer le pourcentage de pertes
potentielles maximales (V(99,9% ;1)) sur les 50 plus gros crédits
de la BTD. Cela permet donc de déterminer la charge en capital requise
pour éviter que la banque face faillite dans un horizon d'un an20(*) avec une probabilité
qui ne dépasse pas 0,1% (soit (100-99,9)%).
Un seuil de confiance de 99,9% élevé est requis
pour renforcer l'hypothèse de normalité des pertes. Le risque de
crédit de chaque emprunteur est exprimé comme une
probabilité de défaut (PD) annuelle (voir le tableau N° 1).
Chaque classe d'actifs regroupe des emprunteurs qui ont les
mêmes probabilités de défaut : le portefeuille A
(67,85% des 50 plus gros crédits) et le portefeuille B (32,15% des 50
plus gros crédits). Un emprunteur ne fait défaut qu'à
partir du moment où le total de ses engagements dépasse le total
de ses actifs.
La prise en compte du coefficient de corrélation de
défauts (ñ) vient du fait que les actifs de chaque emprunteur
sont positivement corrélés avec les actifs d'un autre. Et, le
fait que ñ soit supérieur à 0 signifie que le risque
spécifique sur chaque emprunteur ne peut être complètement
diversifié. On peut donc spécifier un pourcentage
V(99,9% ;T)) qui constitue la proportion de pertes potentielles maximales
dans un horizon de T années lorsque la situation de l'économie
est dans un mauvais état, et quand on est certain à 99,9% qu'une
telle mauvaise situation économique ne se produira pas.
Il est important de préciser aussi que la formule de
VASICEK est un modèle à un seul facteur : risque
extrême lié à l'état général de
l'économie. L'on peut prendre, comme indicateur de ce facteur de risque,
le taux de croissance du PIB réel21(*). Ce facteur de risque est pris en compte dans le
modèle à travers la probabilité de défaut
conditionnelle22(*)
(conditionnelle à une mauvaise situation de l'économie).
La maîtrise de la signification statistique de la
formule de VASICEK devrait permettre de conforter l'intelligibilité de
ce modèle et celle de l'interprétation des résultats
obtenus.
1.2. Interprétation des
résultats obtenus :
De façon pratique, la première phase de la
construction de ce modèle a consisté à noter le
portefeuille de crédit et à ranger ces crédits dans des
classes de risques. En effet, selon Michel DIETSCH et al. (2003)23(*), la plupart des modèles
de risque de crédit passent d'abord par cette étape.
Ainsi, l'utilisation de la formule d'Altman nous a permis
d'établir, sur une base historique, que la BTD a un portefeuille
constitué en général de 67,85% de crédits
potentiellement sain et 32,15% de moins bonne qualité. En adoptant ce
modèle, la BTD devra actualiser ses chiffres en reprenant le même
calcul chaque année et en glissement annuel de manière à
prendre en compte les changements de l'environnement économique et leurs
effets sur les taux de défaut.
A l'issue de cette première phase, nous distinguons
donc deux types de portefeuilles : le premier noté A (67,85% du
portefeuille total) de meilleur signature et le second noté B (32,15% du
portefeuille total) de moins bonne qualité. Les probabilités de
défaut historiques sur les cinq dernières années sont
retracées dans le tableau N° 1. Si on prend par exemple la
société Alpha noté A, elle a une probabilité de 11%
de faire défaut au cours de la 2ème année et
une probabilité de 12% de faire défaut au cours la
4ème année. Le tableau ainsi obtenu nous a permis de
construire le tableau N° 2 pour les probabilités de défaut
cumulées, l'une des trois variables dans la formule de VASICEK (Q(T)).
Pour la lecture de ce dernier tableau, on peut prendre l'exemple de la
société Beta notée B : elle a une probabilité
de 44% de faire défaut sur une période de 3 ans depuis la mise en
place du crédit et une probabilité de 88% de faire défaut
sur une période de 5 ans depuis la mise en place du crédit. 44%
et 88% constituent des probabilités de défaut cumulées.
Ces défauts sont le plus souvent corrélés.
Les modèles classiques de gestion de portefeuille nous
enseignent que le risque est d'autant plus diversifié et minimisé
que la corrélation entre les différents actifs est nulle. Or,
dans la pratique, il n'existe pas de corrélation zéro (le risque
n'est jamais annihilé à 100%) et cette corrélation a
tendance à s'amplifier lorsque l'environnement économique subit
un choc. D'où la prise en compte de cette variable dans les
modèles de mesure du risque extrême. Dans la plupart des
modèles de risque de crédit, on suppose que les
corrélations entre défauts résultent de la
sensibilité des emprunteurs à des facteurs communs de risque.
Selon DIETSCH et al. (2003), la qualité d'un modèle interne de
risque de crédit repose, en effet, sur la qualité du calcul des
corrélations. Dans ce modèle, nous avons trouvé un
coefficient de corrélation de 94,08% (voir Chapitre 3, point 2.2). Cela
veut dire que lorsque l'économie subit un choc extrême, il y a
94,08% de chance que des défauts surviennent en même temps sur les
crédits qui constituent le portefeuille de la BTD.
La perte potentielle maximale sur un horizon d'un an au seuil
de confiance de 99,9% sera de 4 751,0837 MFCFA sur le portefeuille
noté A et de 2 257,7981 MFCFA sur le portefeuille noté B.
Si la crise que la BTD a connue au début des années 90 se
reproduisait aujourd'hui, les pertes potentielles maximales (la VaR totale) sur
le portefeuille des 50 plus gros crédits seront de 7 008,8818 MFCFA
(soit la perte totale sur les deux portefeuilles : 4 751,0837 MFCFA +
2 257,7981 MFCFA). Autrement dit, les pertes potentielles maximales sur ce
portefeuille de 15 606 MFCFA sont de 7 008,8818 MFCFA et ces pertes
seront dépassées avec une probabilité de 0,1% lorsque le
scénario de crise survient dans un horizon d'un an. Ces pertes sont
appelées pertes inattendues.
Ainsi, pour résister au choc induit par le
scénario sur le portefeuille noté A et sur le portefeuille
noté B, la banque doit mobiliser des fonds propres respectivement pour
des montants de 1 881,3739 MFCFA et 803,7761 MFCFA. Au total, les fonds
propres économiques requis pour faire face aux pertes potentielles
maximales sur les deux classes de portefeuilles s'élèvent
à 2 685,15FCFA (1 881,3739 MFCFA + 803,7761 MFCFA).
A la question de savoir si la BTD pourrait résister
à ce genre de choc, la réponse est oui (toutes choses
égales par ailleurs). Puisque, en observant le ratio de couverture des
risques (Fonds propres/Risques)24(*), on constate que la BTD dispose encore d'une
réserve de fonds propres effectifs (après déduction des
fonds propres réglementaires) de 6 645 MFCFA pour couvrir encore
d'autres risques. Donc la BTD a réussi le test de résistance sans
difficulté : c'est-à-dire qu'elle n'aurait pas besoin
d'être recapitalisée.
Etant donné le caractère stratégique de
ces Stress-Tests, il est important de s'assurer de leur qualité et leur
relative stabilité : c'est ce qu'on appelle Backtesting. En effet,
le choix du modèle conditionne le niveau des fonds propres
économiques requis. Sur cet aspect, les travaux comparatifs de GORDY
(2000) montrent que les écarts entre les résultats des
modèles ne sont pas très importants.
On peut constater que, lors de la crise que la BTD a connue au
début des années 90, les dotations aux provisions annuelles ont
atteint 37% en moyenne25(*) de l'encours des créances classées. Ce
qui nous fait dire que le taux de provisions de 44,91%, nécessaire pour
pouvoir absorber les pertes potentielles générées par le
scénario, n'est pas exagéré (donc réaliste) :
il couvre le taux historique. En prenant ce modèle comme
référence, on peut aussi affirmer que les provisions
constituées par la BTD, pendant cette période de crise,
étaient insuffisantes. Donc, la BTD peut fonder des stratégies de
gestion du risque extrême de crédit sur ce modèle.
Au regard de cette analyse, deux catégories de
recommandations pourraient être formulées. Elles permettraient
à la banque de mieux gérer le risque de crédit et aussi
d'être plus performante tout en continuant de respecter les exigences
réglementaires.
2.
Recommandations :
2.1. Sur
le plan stratégique :
En 2009, la BTD a lancé une nouvelle campagne
commerciale en vue d'augmenter sa part de marché en augmentant le
financement du secteur des PME/PMI qui demeure tout de même un secteur
très risqué.
Cependant, la banque doit éviter de commettre les
erreurs du passé qui ont plongé l'institution dans des
difficultés financières qui normalement devraient conduire
à sa liquidation pure et simple n'eût été
l'intervention de l'Etat et plus particulièrement de la BCEAO. Aussi,
l'environnement bancaire togolais devient de plus en plus concurrentiel avec
l'arrivée des banques de réseau. Il faut surtout signaler
l'évolution irréversible du dispositif prudentiel actuel vers
Bâle II. Cette situation doit pousser la banque à repenser sa
stratégie de gestion des risques et commerciale.
En effet, la réforme Bâle II impose aux banques
un reporting régulier du suivi des risques. Elles doivent aussi, via le
pilier 2, effectuer des Stress destinés à vérifier que les
fonds propres sont suffisants pour supporter une dégradation du risque
à l'occasion, par exemple, d'un retournement conjoncturel. En adoptant
dès maintenant ces outils, la BTD sera capable de prévoir la
défaillance de ses contreparties et par la suite de calibrer ses besoins
en fonds propres économiques. Aussi, Bâle II prévoit un
abaissement de la consommation en capital pour les contreparties dotées
de bons ratings et un renforcement pour les contreparties qui ont un mauvais
rating. Les conséquences pourraient être les suivantes :
· Les meilleures contreparties continueront à
bénéficier d'une prime de risque moins élevée donc
d'un taux d'intérêt bas, résultat d'une compétition
accrue entre banques.
· Les contreparties qui n'auront pas on bon rating
(Score) paieraient un taux d'intérêt plus élevé, car
le coût du capital serait plus important.
Dans la perspective de cette évolution
inévitable des normes prudentielles vers Bales II, il serait opportun,
non seulement pour la BTD mais aussi pour les institutions financières
de la zone monétaire UEMOA, d'expérimenter ces différents
modèles modernes de gestion du risque de crédit. Ce faisant,
elles prendraient une longueur d'avance dans leur préparation en vue
d'aborder plus facilement ces réformes à venir.
En effet, la possibilité de pouvoir calculer les pertes
potentielles maximales à partir de ce modèle va permettre
à la BTD de savoir si ses risques sont compatibles avec son niveau de
capital et aussi pouvoir différencier sa facturation client en fonction
des risques encourus.
En fait, cette approche est appropriée pour suivre la
consommation de fonds propres, et à posteriori pour mesurer la
véritable rentabilité de chaque activité de la BTD.
Rappelons que les fonds propres servent à garantir l'activité de
la banque. En particulier, ils doivent permettre d'absorber les fortes pertes
dues à des éléments exogènes et/ou inattendus.
Ainsi, plus leur niveau est élevé, plus la BTD présentera
des gages de solidité et s'assurer une activité bancaire
constante et stable.
Les simulations de Stress permettent une vision à un
horizon plus lointain sous des hypothèses de conjoncture
différentes de celles connues actuellement. Outre le volet prudentiel
afférant à Bâle II, le Stress-Testing peut aussi être
vu, du côté pilotage stratégique de l'activité
commerciale de la BTD, comme un moyen d'appréhender les impacts en
risque à moyen terme d'un changement de politique commerciale.
La réflexion autour de scénarii de Stress va
offrir l'occasion à la BTD de recenser les impacts de chocs
économiques sur la structure en risque de sa clientèle. Donc, de
pouvoir identifier les points de faiblesse et les actions correctrices le cas
échéant.
Le Stress-Testing permettra d'anticiper à la fois le
risque et les fonds propres nécessaires pour les prochains mois ou
années à venir, en tenant compte de chocs éventuels,
qu'ils soient économiques ou bien issus d'hypothèses internes
à la banque. Ainsi, la définition et le calcul des impacts de
scénarii de Stress se révèlent comme des outils de
pilotage très pertinents et renseignent les décideurs quant aux
conséquences que pourraient avoir leurs choix stratégiques.
2.2. Sur le plan
organisationnel :
Pour réussir à mettre en place cette nouvelle
approche de gestion de risque de crédit, un certain nombre d'actions
doivent être entreprises en amont.
Ainsi, la BTD doit renforcer ses investissements dans le
développement des nouvelles techniques de maîtrise des risques en
vue d'assoir sa crédibilité en matière de gestion des
risques. Elle doit investir dans les nouvelles technologies de l'information et
de la communication (NTIC) afin de renforcer le système d'information
très important dans le Reporting à grande échelle des
risques. Elle doit en outre prendre certaines mesures pour améliorer
directement ou indirectement sa procédure d'appréciation des
risques et renforcer du coup sa performance. Il s'agit de :
· Promouvoir des actions commerciales vis-à-vis
des entreprises de bonne signature et renforcer sa mission de conseil
auprès d'elles afin de les encourager à mettre en place des
normes de gestion saines.
· Procéder à la diversification des
contacts à tous les niveaux afin de disposer de ressources
adaptées pour le financement de ses activités.
· Amener les auxiliaires de justice à entreprendre
des actions rigoureuses dans le cadre du recouvrement effectif des
créances de la banque.
· Mettre en place une structure de recherche
opérationnelle, même réduite, pour l'étude du risque
et des nouvelles techniques modernes d'évaluation continue du risque.
· Dynamiser les relations de travail et la formation du
personnel dans ce domaine.
Chapitre 5
CONCLUSION :
Dans ce mémoire, nous avons
évalué le niveau des pertes potentielles maximales sur le
portefeuille de crédit de la BTD, si le scénario de crise qu'elle
a connu au début des années 90 se reproduisait aujourd'hui. Il
s'agissait aussi de voir si elle disposait suffisamment de fonds propres pour
absorber ces pertes éventuelles. Cette étude a été
faite à partir d'un modèle basé sur la formule de VASICEK
et présenté par John HULL.
Pour ce faire, nous avons choisit l'un des quatre (4) types de
chocs sur le risque de crédit qu'on retrouve dans les programmes de
Stress-Testing : le choc sur les plus gros engagements.
Cette étude s'inscrit dans l'objectif de mettre en
place un outil moderne d'évaluation du risque de crédit et
prenant en compte les évènements extrêmes pour la BTD. Elle
se veut aussi une prémisse dans la perspective de migration
irréversible du dispositif prudentiel actuel de l'UEMOA vers Bâle
II. En effet, l'approche IRB avancée de Bâle II permettrait aux
banques de l'UEMOA, et en l'occurrence la BTD d'évaluer ses risques
à partir de modèles internes.
Comme la plupart des modèles de mesure du risque de
crédit, l'évaluation des pertes potentielles maximales a
nécessité le calibrage des variables de la formule de VASICEK sur
le portefeuille de la BTD.
En effet, la première phase a consisté à
noter le portefeuille et à ranger les crédits par classes de
risques. Cela nous a permis de déterminer les probabilités de
défaut associées à chaque classe de risque et de calculer
la corrélation de défauts entre les contreparties. En appliquant
donc le modèle, nous avons constaté que les pertes potentielles
maximales obtenues sur les 50 plus gros engagements de la BTD peuvent
être couvertes par ses fonds propres. Cela est dû à
l'importante surface financière dont elle dispose. L'étude a donc
conclu que la BTD peut résister sans difficulté à un choc
comparable à celui du début des années 90, en ce qui
concerne ses plus gros engagements.
Cette méthode de simulation de crise dispose, certes,
de divers avantages qui font d'elle le complément naturel du concept de
la VaR. Mais, elle souffre d'un certain nombre de faiblesses.
En effet, l'utilité de la simulation de crise
dépend en fait des compétences et de l'intuition des
gestionnaires du risque. Car la méthode de Stress Testing souffre d'un
manque de rigueur scientifique pour le calcul de la VaR en ce sens que la
construction des scénarios s'opère de façon totalement
subjective, en plus les événements extrêmes contre lesquels
l'institution financière cherche à se prémunir peuvent
très difficilement être anticipés. Lorsque l'institution
financière dispose d'un portefeuille large et complexe, le
Stress-Testing peut éprouver quelques difficultés à
gérer une masse importante de possibilités et un grand nombre de
corrélations.
JORION (2001) met aussi un bémol en disant que la VaR
devrait être interprétée comme une première
approximation du risque. Et, le fait qu'elle soit générée
statistiquement ne devrait pas cacher son caractère stochastique
(estimation). Aussi, il n'y a pas d'assurance de la pertinence de l'historique
choisi, particulièrement important puisqu'aucune autre
modélisation ne s'y ajoute.
Par ailleurs, l'honnêteté intellectuelle nous
amène à souligner aussi les critiques sur la formule d'ALTMAN qui
nous a permis de classer les risques. Cette formule ne permet de prévoir
les faillites qu'à l'échéance d'un an. C'est donc une
fonction moyennement performante. On peut utiliser d'autres formules de
classement de risque comme la fonction de la Banque de France (1995).
On pourrait alors améliorer le modèle en le
transformant en un modèle à plusieurs facteurs.
C'est-à-dire, en allant plus loin et en intégrant une relation
économétrique entre certains indicateurs macroéconomiques
et le taux de perte potentielle maximale. Et quelque soit le modèle, il
subsistera toujours une faiblesse inhérente aux outils de mesure du
risque : le risque de modèle.
Toutefois, l'application de la méthode VaR au risque de
crédit contribue aujourd'hui à l'émergence d'une gestion
active du portefeuille.
La gestion des risques intégrant les
évènements extrêmes se développe aujourd'hui
très rapidement dans l'univers bancaire. Elle couvre toutes les
techniques et les outils pour mesurer et contrôler les risques de
crédit. Parmi les trois types de risques mis en exergue par Bâle
II, il est sans doute celui qui est appelée à évoluer le
plus.
De multiples facteurs concourent à cette évolution.
Les mesures du risque de crédit sur des portefeuilles de prêts ont
considérablement progressé, notamment avec la méthode de
la VaR (Value at Risk), transposée de l'univers des marchés
à celui du portefeuille bancaire. Un marché organisé des
prêts s'est créé et élargi outre-Atlantique, une
évolution qui va toucher tôt ou tard l'Afrique. Bien sûr,
l'organisation de la fonction de gestionnaire de risque va aussi changer. Car
ces nouveaux moyens d'action offrent une flexibilité nouvelle dans la
gestion du portefeuille de prêts.
Ces possibilités nouvelles se traduisent par
l'émergence d'une nouvelle gestion du portefeuille de prêts. Les
fonctions commerciales et de gestion du risque de crédit tendent alors
à se séparer.
Ces innovations peuvent avoir une portée
considérable. Les banques ont toujours considéré qu'elles
devaient porter le risque jusqu'à sa maturité. Elles subissent le
poids du portefeuille existant, et les engagements nouveaux pèsent sur
ces banques pour toute leur durée de vie. Aujourd'hui, ce raisonnement
devrait s'infléchir. Si les crédits peuvent être vendus ou
leurs risques couverts, les limites sur un client deviennent moins
astreignantes. Les risques ainsi éliminés permettent de mettre en
place des lignes nouvelles, tout en respectant les enveloppes existantes. Les
fonds propres sur des risques cessibles deviennent inférieurs à
ceux requis pour des risques longs non négociables. Les portefeuilles
deviennent plus fluides, facilitant les réorientations commerciales.
Steven THIEKE, Président du
comité de gestion des risques de JP Morgan, renchérit en
disant : il y aura un moment où la VaR ne sera plus seulement une
méthodologie de mesure du risque, mais aussi une stratégie de
gestion.
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
Amine TARAZI, « Risque bancaire,
déréglementation financière et réglementation
prudentielle », Publication de la faculté de droit et des
sciences économiques de l'Université de Limoges, 1996
Christian GOURIEROUX et André TIOMO,
« Risque de crédit : une approche
avancée », Economica, Paris, 2007
Jeanne-Françoise de POLIGNAC,
« La notation financière, l'approche du risque de
crédit », Revue Banque, Paris, 2002
John HULL, « Options, futures et
autres actifs dérivés », Pearson Education
(6ème édition), Paris, 2007
Oldrich VASICEK,«Probability of loss on
loan portfolio», KMV Corporation, 1987
Phillipe JORION, «Value-At-Risk : the
new benchmark for managing financial risk », McGraw Hill
(2ème edition), New York, 2001
Thierry RONCALLI,
« La gestion des risques financiers », Economica
(2ème édition), Paris, 2009
Documents d'études et recherche (revues,
articles, bulletins, journaux, cours) :
Agence Monétaire de l'Afrique de l'Ouest
(AMAO), « Stabilité financière et supervision
bancaire au sein de la CEDEAO », Freetown, Novembre 2009
Arnaud COSTINOT, Gaël RIBOULET et Thierry
RONCALLI, « Stress-Testing et théorie des valeurs
extrêmes : une vision quantifiée du risque
extrême », Groupe de Recherche Opérationnelle du
Crédit Lyonnais, Notes de cours de l'ENSAI, 15 Septembre 2000
BARRO R. J. ; URSUA J. F.,
« Crises macroéconomiques et prime de risque sur les
actions », Risques, n° 76, décembre 2008
Edward
ALTMAN. ""Financial Ratios, Discriminant Analysis and the Prediction
of Corporate Bankruptcy"". Journal of Finance: 189-209, September, 1968
Etienne MAROT, Laurent MICHEL et Eric
SALOMON, « Le Stress-Testing, piloter la
stratégie risque de la banque de détail », Groupe de
Recherche Opérationnelle, Direction des Risques, Crédit Agricole
SA, Juillet-Août 2004
Gilles MORISSON, « Le nouvel
accord de Bâle sur l'adéquation des fonds propres et sa mise en
oeuvre : le cas des pays non G10 », Conférence à
la BANQUE D'ALGÉRIE, Alger, Novembre 2007
Hugh THOMAS et Zhiqiang WANG,
«Interpreting the Internal Ratings-Based Capital Requirements in Basel
II», Banking Revue,The Chinese University of Hong Kong, Draft of September
2004
LANDAU J.-P.,
« Événements extrêmes dans la sphère
financière : quelques réflexions », Risques,
n° 76, décembre 2008.
Laurent CLERC et Christian GOLLIER,
« Les événements extrêmes : nouveaux
défis entre sciences et choix collectifs », Riseo, Octobre
2008
Marco SORGE, «Stress-Testing financial
systems : an owerview of current methodologies», BIS Working Papers
No 165, December 2004
Michael GORDY, «A comparative anatomy of
credit risk models»,
Journal of Banking and Finance, Vol. 24, No.
1/2, 2000
P. ARYA, «Effective Techniques for
Stress-Testing and Scenario Analysis», Federal Reserve Bank of New York,
November 4th, 2008
Pascal H. DANNON,
« Déterminants de l'efficience et de la probabilité de
défaut bancaires : cas des pays de la zone UEMOA », ATER
à la Faculté de Droit, d'Economie et de Gestion de
l'Université d'Angers
Programme d'Ajustement Sectoriel du Secteur
Financier (PAS-FI), Lettre de politique sectorielle, Mai 1997
RIETZ T., «The Equity Premium : a
Solution», Journal of Monetary Economics, 22, 1988, pp. 117-131.
Thierry RONCALLI, « Introduction
à la gestion des risques », Groupe de Recherche
Opérationnelle du Crédit Lyonnais, Notes de cours de L'ENSAI,
Octobre 2001
Thierry RONCALLI, « Stress-Testing
et théorie des valeurs extrêmes », Groupe de
Recherche Opérationnelle du Crédit Lyonnais, Notes de cours de
L'ENSAI, Septembre 2000
Webographie:
www.bceao.int
www.bis.org/bcbs
www.ffsa.fr/webffsa/risques.nsf/
(Revue Riseo : Evènements extrêmes)
www.gro.creditlyonnais.fr
www.imf.org
www.worldbank.org
ANNEXES
ANNEXE N° 1:
Graphique N° 01
Source : Notes de cours de Thierry RONCALLI,
« Introduction à la gestion des risques ».
(1-á) est le seuil de confiance
ANNEXE N° 2 : Pertes attendues et
pertes inattendues
Fréquence des pertes
Pertes
Pertes attendues inattendues
Montant des
pertes
Graphique N° 2
Source : Christian Gouriéroux et André
Tiomo « Risque de crédit : une approche
avancée » (2007), p20
Annexe N°3:
Tableau N° 4
Evolution de la Performance et des Risques de la
BTD
|
|
|
|
|
|
ROE =
|
RISQUES =
|
Prêts non performants =
|
Années
|
Résultat net/
|
Créances douteuses et litigieuses/
|
Créances douteuses et litigieuses/
|
|
Fonds Propres
|
Total Actif
|
Total des Prêts
|
Années
|
ROE
|
Risques
|
Prêts NP
|
1987
|
1,6970
|
0,1201
|
0,1522
|
1988
|
0,1748
|
0,0780
|
0,0955
|
1989
|
0,0326
|
0,0795
|
0,0980
|
1990
|
-0,1208
|
0,1338
|
0,1736
|
1991
|
0,2743
|
0,1206
|
0,1684
|
1992
|
0,7793
|
0,0097
|
0,0135
|
1993
|
0,0021
|
0,0439
|
0,0620
|
1994
|
0,0124
|
0,0651
|
0,1265
|
1995
|
0,1190
|
0,0768
|
0,1067
|
1996
|
0,1732
|
0,0241
|
0,0317
|
1997
|
0,1300
|
0,0155
|
0,0221
|
1998
|
0,1260
|
0,0210
|
0,0244
|
1999
|
0,0896
|
0,0375
|
0,0424
|
2000
|
0,0457
|
0,0177
|
0,0199
|
2001
|
0,0483
|
0,0373
|
0,0411
|
2002
|
0,0624
|
0,0244
|
0,0267
|
2003
|
0,0474
|
0,0046
|
0,0057
|
2004
|
0,0926
|
0,0009
|
0,0013
|
2005
|
0,0921
|
0,0049
|
0,0069
|
2006
|
0,0978
|
0,0003
|
0,0005
|
Source : Rapports annuels d'activité de la BTD
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Annexe N°4 :
EVOLUTION DU RISQUE ET DE LA PERFORMANCE DE LA
BTD
Graphique N°3
Années
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
ROE
|
|
2,60%
|
-14,43%
|
-9,70%
|
0,90%
|
7,30%
|
21,10%
|
5,90%
|
-9,00%
|
-19,40%
|
-9,50%
|
-6,40%
|
-11,20%
|
33,90%
|
5,20%
|
4,80%
|
12,60%
|
ROA
|
|
0,37%
|
-1,99%
|
-1,31%
|
0,13%
|
2,03%
|
1,48%
|
1,08%
|
-1,56%
|
-2,75%
|
-1,21%
|
-0,84%
|
-1,16%
|
5,29%
|
0,85%
|
0,73%
|
1,88%
|
Résultat net
|
-1912,7
|
560,9
|
-2863,5
|
-2067,9
|
282,2
|
5360
|
4312
|
3181
|
-4180
|
-7885
|
-3398
|
-2560
|
-3912
|
7022
|
5732
|
8627
|
|
ANNEXE N° 5
TABLEAU N° 5
EVOLUTION DE LA PERFORMANCE DU SYSTEME BANCAIRE
TOGOLAIS
Source : BCEAO
ANNEXE N° 6 :
GRAPHIQUE N° 4
ANNEXE N° 7:
Tableau N° 6
EVOLUTION DE QUELQUES INDICATEURS CLES DE L'ECONOMIE
TOGOLAISE : 1991-2010
NB : Données en pourcentage
Années
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
Taux de croissance annuel du PIB réel
|
-0,70
|
-3,98
|
-15,10
|
14,98
|
7,85
|
8,84
|
14,38
|
-2,30
|
2,48
|
-0,78
|
-0,18
|
4,14
|
2,70
|
3,00
|
1,18
|
4,05
|
2,29
|
2,38
|
3,23
|
3,37
|
Taux de croissance annuel des exportations biens et services
|
4,50
|
-19,60
|
-3,20
|
-1,80
|
20,60
|
9,47
|
0,00
|
-1,10
|
-1,30
|
-4,10
|
12,50
|
3,60
|
6,60
|
3,00
|
7,50
|
|
|
|
|
|
Taux de croissance annuel des importations de biens et
services
|
-9,20
|
-12,20
|
-32,30
|
-12,20
|
29,70
|
46,38
|
0,00
|
7,40
|
-8,60
|
-5,00
|
1,10
|
5,00
|
2,90
|
3,00
|
2,80
|
|
|
|
|
|
Solde budgétaire base engagements dons compris/PIB
|
-6,00
|
-4,30
|
-15,00
|
-10,90
|
-6,40
|
-3,20
|
-1,90
|
-5,70
|
-3,10
|
-4,60
|
-2,10
|
-0,70
|
2,40
|
1,30
|
-2,90
|
-2,80
|
-0,70
|
-0,20
|
-0,60
|
|
Dette extérieure totale/PIB
|
167,50
|
169,20
|
208,10
|
148,30
|
112,70
|
101,60
|
89,80
|
103,90
|
106,70
|
107,30
|
106,90
|
106,30
|
96,20
|
94,50
|
79,70
|
80,80
|
78,10
|
49,50
|
|
|
Source : Banque Mondiale
ANNEXE N°8
Graphique N° 5
ANNEXE N° 9 :
Illustrations :
Cas d'une entreprise ayant obtenu un score
supérieur à 2,675 (Z > 2,675) :
Soit une entreprise dénommée Etablissement BETA
caractérisée par les données financières
ci-après :
Fonds de roulement : 5 333 312 FCFA
Réserves : 5 034 684 FCFA
EBE : 7 238 488 FCFA
Fonds propres : 9 034 684 FCFA
CA : 99 812 421 FCFA
Actif total : 19 554 012 FCFA
Le calcul du score donne un résultat de 6,781 (avec la
formule N° (3.2)). Cette cotation qui est supérieure à la
valeur critique de 2,675 nous indique que le crédit accordé
à la Société BETA est sain et fait partie du portefeuille
classé A.
Cas d'une entreprise ayant obtenu un score
inférieur à 2,675 (Z < 2,675) :
Soit une entreprise dénommée
Société Alpha dont les états financiers présentent
les caractéristiques suivantes :
Fonds de roulement : 219 702 197 FCFA
Réserves : 215 597 242 FCFA
EBE : 139 377 000 FCFA
Fonds propres : 240 597 242 FCFA
CA : 2 697 879 000 FCFA
Actif total : 2 490 179 650 FCFA
En appliquant la formule d'Altman (formule N° (3.2)),
nous avons obtenu le score de 1,445. Ce score étant inférieur
à 2,675, la Société Alpha est donc
considérée comme potentiellement défaillante et fait donc
partie du portefeuille B.
Au total, sur 35 concours accordés par la BTD en 2006,
67,85% ont obtenus un score supérieur ou égale à 2,675 et
32,15% ont obtenus un score inférieur à 2,675.
ANNEXE N° 10 :
Les exigences réglementaires du
Stress-Testing
Elles sont toutes entières contenues dans les
recommandations du Comité de Bâle de janvier 96. Il y est
stipulé que :
I. Les établissements qui utilisent leurs
modèles internes pour satisfaire à leurs exigences de fonds
propres pour risques doivent se doter d'un programme de simulations de crise
à la fois rigoureux et complet.
II. Ces simulations qui permettent d'identifier les
événements susceptibles d'avoir une forte incidence, doivent
être adaptées au niveau d'activité et de risque des
établissements.
III. Pour les établissements ayant une activité
significative de marché, les simulations de crise doivent satisfaire aux
principes suivants :
(a) Elles doivent couvrir toute la gamme des facteurs pouvant
donner lieu à des profits ou pertes exceptionnels ou rendre très
difficile la maîtrise des risques. Ces facteurs comprennent des
événements à probabilité réduite pour tous
les grands types de risque, notamment les diverses composantes des risques de
marché et de crédit. Les scénarios de crise doivent
révéler l'impact de ces événements sur les
positions ayant des caractéristiques de prix à la fois
linéaires et non linéaires dans le cas des options et instruments
à comportement similaires;
(b) Elles doivent revêtir un caractère
quantitatif et qualitatif, de manière à évaluer les
conséquences des perturbations importantes des marchés et
à identifier des situations plausibles susceptibles d'entraîner de
grandes pertes potentielles. En outre, l'établissement doit dresser
l'inventaire des mesures à prendre pour réduire ses risques et
préserver ses fonds propres;
(c) Un premier type de scénario consiste à
tester le portefeuille courant dans les situations passées de
perturbations majeures, en tenant compte des fortes variations de prix et de la
vive réduction de la liquidité associées à ces
événements. Un deuxième type de scénario
évalue la sensibilité des positions de marché aux
modifications des hypothèses de volatilité et
corrélations, ce qui nécessite une mesure des marges de
fluctuations de ces valeurs dans le passé et un calcul sur la base des
chiffres extrêmes;
(d) Des scénarios doivent notamment comprendre les
situations que l'établissement identifie comme étant les plus
défavorables sur la base des caractéristiques de son
portefeuille. Il communique à la Commission Bancaire une description de
la méthodologie utilisée pour identifier les scénarios et
mesurer leur impact.
Source : Thierry RONCALLI,
« Stress-Testing et théorie des valeurs
extrêmes », Groupe de Recherche Opérationnelle du
Crédit Lyonnais, Notes de cours de L'ENSAI, Septembre 2000
ANNEXE N° 11 :
Terme d'ajustement de la
maturité
Le terme d'ajustement (MATA) dans la formule IRB se
détermine comme suit :
Avec b(PD) = , la fonction d'ajustement de la maturité,
, la pondération de la maturité des
échéances
Pt , le paiement effectué au temps
t
La formule de VASICEK permet de calculer le capital requis
pour un horizon de temps t. Comme un prêt de maturité longue
demande une charge en capital plus importante qu'un prêt à
maturité courte, IRB ajuste la formule de VASICEK à la
maturité. L'ajustement tient aussi au fait qu'un crédit bien
noté a une probabilité de détérioration plus
élevée qu'un crédit mal noté.
Source : Hugues THOMAS et
Zhiqiang Wang << Interpreting the Internal Ratings-Based Capital
Requirements in Basel II >>, Banking Revue, the Chinese University of
Hong Kong, Draft of September 2004
ANNEXE N° 12 :
Source : Hugues THOMAS et
Zhiqiang Wang, «Interpreting the Internal Ratings-Based Capital
Requirements in Basel II», Banking Revue, the Chinese University of Hong
Kong, Draft of September 2004.
LA PROBABILITE DE DEFAUT CONDITIONNELLE ET LA
VaR
Considérons que nous avons un modèle relatif
à une période. Les avoirs de l'emprunteur sont
évalués à la période t = 0 et un an plus tard.
Soit l'élément aléatoire exprimé en pourcentage
de la valeur des actifs de l'emprunteur à un horizon d'un an.
Cet élément aléatoire est
constitué de deux parties et qui suivent la loi normale centrée réduite :
(1)
Dans cette équation, représente la composante systématique d'une situation
économique extrême et représente la composante aléatoire spécifique
à l'emprunteur. est le poids ou la part de risque que représente l'emprunteur
sur le facteur de risque systématique et le poids ou la part de risque que représente l'emprunteur sur le
facteur de risque spécifique.
Bien que la PD soit une probabilité de défaut
inconditionnelle d'un emprunteur et que nous ne disposons pas assez
d'information sur la situation de l'économie, on peut supposer que la PD
conditionnelle = PD inconditionnelle.
est la probabilité que le taux de perte sur le crédit
soit inférieur à la valeur critique, le seuil où l'emprunteur devient insolvable ou fait
défaut.
On peut déterminer la valeur de si nous connaissons la valeur de la PD, en prenant la distribution
normale inverse de la PD : pour obtenir la valeur critique de défaut. Par exemple, si
l'emprunteur a une PD de 2%, la valeur critique serait .
DISTRIBUTION NORMALE
CENTREE REDUITE DU TAUX DE CROISSANCE DE L'ECONOMIE
La performance de l'économie est mesurée par
. La valeur souhaitée de est 0.
Pour la suite de la démonstration, on donne e = u, avec
u qui mesure le niveau de la récession qui risque de survenir avec une
probabilité de 0,1% ou 0,001.
La formule de VASICEK est égale à la
probabilité de défaut d'un seul emprunteur dans une
économie en récession matérialisée par la variable
u. On peut aussi le démontrer pour un portefeuille large
constitué de prêts identiques. Pour ce faire, on raisonne comme
suit :
Tous les emprunteurs ont la même probabilité
conditionnelle de défaut. Tant que le nombre de prêts de la
même classe dans le portefeuille augmente, la variance autour de la
proportion de prêts ayant fait défaut devrait tendre vers 0
à cause de la loi des grands nombres.
Ainsi, en remplaçant dans l'équation ci-dessus, on a :
(2)
En remplaçant u par e et en
arrangeant la fonction, on a :
(3)
En remplaçant á par sa valeur et en
précisant que suit une loi normale, on a :
(4)
On remarquera que cette équation est à peine
différente de la formule de VASICEK que voici :
La différence entre les deux est résolue si
Dans l'équation, q est exprimée comme le seuil
de confiance que le capital de la banque soit suffisant pour couvrir la perte.
Bâle II recommande q = 99,9%, donc et = -3,09 (voir le graphique ci-dessus).
Dans l'équation N° (4), est décrit comme l'écart type par rapport à la
moyenne (0) d'une distribution normale centrée réduite qui tend
vers la gauche (allant dans une direction défavorable, donc une
situation économique défavorable).
Table des matières
REMERCIEMENTS
i
DEDICACE
ii
SIGLES ET ABREVIATIONS :
iii
LISTE DES TABLEAUX, GRAPHIQUES ET
FORMULES :
v
INTRODUCTION
1
PREMIERE PARTIE - LE RISQUE DE CREDIT, SA
MESURE ET SES COMPOSANTES : DE LA LITTERATURE A LA BANQUE TOGOLAISE DE
DEVELOPPEMENT
4
Chapitre 1 : La gestion du risque de
crédit
5
1 Le risque de crédit, ses
composantes et ses facteurs extrêmes :
5
1.1 Le risque de crédit :
5
1.2 Les composantes du risque de
crédit :
6
1.3 Les facteurs extrêmes du risque
:
7
2 Les modèles de gestion du risque
extrême et la VaR :
8
2.1 Modèles alternatifs basés
sur la VaR :
8
2.2 La Value-At-Risk (VaR) :
9
2.3 Méthodes de construction de
scénarii de Stress :
10
Chapitre 2 : La gestion du risque de crédit
et les facteurs de risque extrêmes à la BTD
11
1 Gestion du risque de crédit
à la BTD :
11
1.1 Gestion ex-ante :
11
1.2 Traitement des risques :
12
1.3 Gestion ex-post :
13
2 Les facteurs extrêmes du risque de
crédit à la BTD :
14
2.1 Historique de l'environnement
économique du Togo depuis 1990 :
14
2.2 L'évolution de l'environnement
financier au Togo depuis 1990 :
14
2.3 Evolution du risque de la BTD depuis
1990 :
16
DEUXIEME PARTIE - STRESS-TESTING DU RISQUE DE
CREDIT A LA BTD : APPLICATION, INTERPRETATION DES RESULTATS ET
RECOMMANDATIONS
17
Chapitre 3 : Présentation et calibrage du
modèle à la BTD
18
1 Présentation du
modèle :
18
1.1 La formule de VASICEK et ses
hypothèses :
18
1.2 Méthodes de classement des
risques et d'estimation des variables :
19
1.3 Méthodes de calcul de la VaR et
de la charge en capital:
20
2 Calibrage du modèle sur le
portefeuille de crédit de la BTD :
21
2.1 Classement des risques du portefeuille
de crédit de la BTD :
21
2.2 Estimation de variables :
21
2.3 Calcul de la VaR et de la charge en
capital :
22
Chapitre 4 : Interprétation des
résultats et recommandations
24
1 Interprétation statistique de la
formule de VASICEK et des résultats :
24
1.1 Interprétation statistique de la
formule de VASICEK
24
1.2 Interprétation des
résultats obtenus :
25
2 Recommandations :
27
2.1 Sur le plan
stratégique :
27
2.2 Sur le plan organisationnel :
28
CONCLUSION :
29
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
31
ANNEXES
33
* 1 Voir l'annexe N° 10
pour les exigences réglementaires du Stress-Testing
* 2 Selon FRYDLS (1999), les
effets des crises bancaires durent en moyenne entre 2 ans et 4 ans
* 3 Par opposition au capital
réglementaire qui est souvent jugé insuffisant pour couvrir les
pertes inattendues
* 4 Le pilier I de Bâle II
donne la possibilité aux banques d'utiliser des modèles internes
avec l'approche IRB avancée (une approche basée sur la notation
interne des contreparties).
* 5 Voir JORION (2003)
* 6 Voir John HULL (2007), p528
et aussi le théorème de SKLAR dans Thierry RONCALLI (2009)
* 7 Voir John HUL (2007),
p531
* 8 Père de la
théorie moderne du choix de portefeuille
* 9 Professeur
d'économie, Université d'Artois (France)
* 10 Voir aussi le
modèle de Sharpe (1966)
* 11 Directeur des
études monétaires et financières de la Banque de France
* 12 Lors de la
conférence internationale sur les évènements
extrêmes tenue à Paris le 03/09/2008 organisée par la
Banque de France et l'Ecole d'économie de Toulouse.
* 13 Le FMI recommande 4 types
de chocs sur le crédit en matière de Stress-Test, dont un choc
sur les plus gros engagements. Voir IMF working paper WP/07/59 :
« Introduction to applied Stress-Testing), p31
* 14 Voir l'annexe N° 12
pour comprendre comment VASICEK prend en compte la mauvaise situation de
l'économie dans son modèle à travers la probabilité
de défaut conditionnelle.
* 15 Cela a été
démontré par Thomas WILSON (1997)
* 16 Voir JORION (2003)
* 17 Voir John HULL (2007)
« Options, futures et autres actifs
dérivés », Pearson, 6ème
édition, p528. Voir aussi le théorême de SKLAR, Thierry
RONCALLI (2009)
* 18 Voir Henri JACOB et ah l.,
in « Management des risques bancaires »(2001),
éditions AFGES, p293
* 19 Voir annexe 11 pour le
mode de calcul.
* 20 On peut aussi le calculer
sur un horizon de 2, 3, 4 ou 5 ans
* 21Huges THOMAS et Al.
« Interpreting the IRB capital requirements in Basel II»,
Journal of Banking, The Chinese university of Hong Kong, Draft of September
2004
* 22 Voir l'annexe N° 12
pour comprendre comment VASICEK prend en compte l'état de
l'économie.
* 23 In « Mesure et
gestion du risque de crédit dans les institutions
financières », p194
* 24 Ratio (Fonds
propres/Risques)= 17,66% contre une norme de 8% minimum
* 25 Hausse historique