Mémoire, identité et dynamique des générations au sein et autour de la communauté harkie. Une analyse des logiques sociales et politiques de la stigmatisation.( Télécharger le fichier original )par Emmanuel BRILLET Université Paris IX Dauphine - Doctorat de sciences politiques 2007 |
I. Une destinée singulière ou comment l'on devient « harki »L'emploi massif de troupes supplétives musulmanes aux côtés des formations régulières de l'armée française (qui incorporaient aussi nombre de musulmans) fut l'un des traits marquants de la guerre d'Algérie (1954-1962), au plan militaire comme au plan politique. Par-delà la diversité des catégories existantes, les supplétifs ont en commun, selon l'historien Maurice Faivre (l'un des meilleurs spécialistes de la question199(*)), d'être « des combattants volontaires, auxiliaires de l'armée, qui n'ont pas le statut de militaires d'active »200(*). Dès novembre 1954, dans les Aurès, des troupes supplétives sont levées par les autorités pour faire face à l'insurrection. Dans l'immédiat, on se contente de réactiver des schémas bien connus mais entrés depuis longtemps en désuétude : le préfet de Constantine recrute ainsi dans l'urgence un millier de goumiers, et remet sur pied les cavaliers des communes mixtes, tandis qu'à Arris (première visée par l'insurrection) l'ethnologue Jean Servier arme et organise la tribu des Ouled Abdi, en jouant de sa rivalité ancestrale avec la tribu des Touabas201(*) dont sont originaires les premiers rebelles202(*). Selon Jacques Frémeaux203(*), le terme "goum" est tiré de l'arabe "quwn", qui se traduit par "peuple" ou "tribu" : dans le jargon militaire, il désigne des troupes de partisans recrutés collectivement, en cas de besoin (pour une campagne), et détachés provisoirement par les chefs de tribus auprès des Bureaux arabes chargés de quadriller le territoire au fur et à mesure des progrès de la colonisation. Les cavaliers sont également des volontaires, mais ils sont directement recrutés et attachés aux Bureaux dont ils assurent la protection permanente. Cependant, avec la disparition des Bureaux arabes et leur remplacement par une administration civile (communes mixtes) qui ne disposent pas des moyens nécessaires et ne voient pas l'utilité de lever des goums ou d'entretenir des cavaliers en trop grand nombre, l'emploi de troupes supplétives tend pratiquement à disparaître à compter des années 1920. C'est donc dans l'affolement né de l'insurrection du 1er novembre 1954 qu'est réactivé l'emploi de ces troupes traditionnelles. Leur structuration, cependant, n'est plus adaptée au contexte inédit d'un soulèvement généralisé et simultané sur l'ensemble du territoire : « c'est donc une organisation nouvelle qui est mise sur pied à partir de 1954 par les responsables civils et militaires »204(*). Et, sous l'impulsion initiale du gouverneur Léonard et du ministre de l'Intérieur François Mitterrand (qui donnent favorablement suite à une suggestion en ce sens du préfet Vaujour, directeur de la Sûreté nationale à Alger) sont créées des troupes supplétives à forte majorité musulmane. Soit successivement : les Groupes mobiles de protection rurale (35 GMPR de 85 hommes sont mis sur pied dès 1955), les maghzens (officiellement mis en place le 5 septembre 1955, et chargés de protéger les Sections administratives spécialisées, lointaines filleules des Bureaux arabes), les harkas (précisément composées de harkis et officialisées le 8 février 1956 à la suite d'expériences isolées concluantes au sein des unités combattantes) puis les Groupes d'autodéfense l'année suivante (GAD, nom donné aux villages placés en autodéfense au fur et à mesure des progrès de la « pacification »). Certaines de ces unités ont une vocation plutôt défensive et sont administrées par l'autorité civile (GMPR, maghzens et GAD), d'autres une vocation plutôt offensive et sont rattachées à l'autorité militaire (harkas). Nous donnerons le détail de l'organisation et de l'emploi de ces formations, ainsi que du statut de leurs membres, dans les développements à suivre. A. Qui sont les « harkis » ? Les supplétifs de l'armée française et autres catégories de musulmans "pro-français" pendant la guerre d'AlgérieQui entend-on désigner sous le vocable de "harkis" ? En fait, une certaine confusion règne entre les multiples significations et réalités afférentes. Il convient, à cet égard, d'opérer un distinguo entre une définition dite "stricte" et une définition dite "générique" ou extensive de ce terme. Dans son acception stricte, originelle, c'est-à-dire immédiatement contemporaine de la guerre d'Algérie entre 1954 et 1962, le vocable "harkis" servait à désigner une partie de ceux qui, au sein de la population autochtone (arabophone ou berbérophone), et non compris les militaires réguliers (engagés et appelés) et les personnels civils officiant à différents échelons administratifs et électifs, avaient choisi de se faire soldats supplétifs de l'armée française. Une catégorie de supplétifs parmi d'autres, mais pas tout à fait comme les autres : la plus nombreuse, la plus offensive aussi. Si l'on met à part l'expérience conduite par Jean Servier à Arris dès novembre 1954 auprès de la tribu des Touabas (voir infra), les premières harkas sont créées au cours de l'année 1955, en dehors de tout cadre réglementaire, par des commandants d'unité soucieux d'accroître leur efficacité opérationnelle en faisant appel à des volontaires autochtones. Les premières expériences s'avérant concluantes, leur existence est officialisée le 8 février 1956 par le général Lorillot à l'échelle du Quartier (territoire subordonné au Secteur). À la différence des autres formations supplétives, les harkas sont administrées par l'autorité militaire, ce qui contribue à les distinguer en marquant leur caractère offensif (le terme "harka", en arabe, signifie "mouvement" et, par extension, "troupe mobile"). Initialement levés pour des opérations ponctuelles, comme les goumiers auxquels ils succèdent, les harkis sont payés mensuellement mais leur solde est décomptée journellement, à raison de 7,50 F par journée. Ils ne bénéficient pas de prestations sociales à l'exception des soins médicaux gratuits. Engagés sans contrat, ils peuvent être licenciés sans préavis. En contrepartie, ils peuvent quitter la harka à leur convenance. Mais, comme le souligne Maurice Faivre, « une fois compromis par leur engagement, ils n'ont pas intérêt à la faire »205(*). En février 1959, le traitement des harkis sera aligné sur celui des autres catégories de supplétifs (jusque-là mieux loties) et porté à 8,25 F par jour pour les hommes du rang, 11 et 13,20 F pour les sous-officiers (pour des effectifs de 1 sergent-chef et 4 sergents pour 100 harkis). Certains harkis résident dans un village de regroupement avec leur famille. Mais beaucoup de harkas sont amalgamées et logées dans le cantonnement des unités d'active. Les effectifs progressent rapidement, passant de 4.000 à 17.000 au cours de la seule année 1957. Au même moment, l'armement des harkas est revalorisé aux fins de les doter de 50% d'armes de guerre (en remplacement partiel des fusils de chasse), et de quelques armes automatiques pour les harkas les mieux encadrées. En octobre 1958, la politique dite de « non-discrimination » envers les unités autochtones, voulue par le général Salan, conduira à les doter entièrement en armes de guerre. Le 30 août de la même année, un comité interministériel fixe les effectifs des harkas à 30.000, puis à 60.000 en décembre, après accord exprès du général de Gaulle. Les effectifs maximums seront atteints en janvier 1961 avec 800 harkas regroupant 62.900 hommes. Par ailleurs, une directive du 22 décembre 1958 crée les « commandos de chasse », sorte de "harkas d'élite" qui ont pour mission de traquer les katibas de l'ALN en collant à leurs méthodes d'organisation et de déplacement. Il y aura jusqu'à 160 commandos de chasse, dans lesquels serviront 6 à 7.000 harkis équipés de fusils semi-automatiques. Plus tard, des Centres d'entraînement préparatoires aux Commandos de chasse (CEPC) seront créés, chargés de « former en cinq semaines les harkis au combat d'infiltration en zone rebelle »206(*). Certaines harkas seront même implantées dans les villes : les « Bleus » du capitaine Léger pendant la bataille d'Alger, première harka urbaine, puis la Force de police auxiliaire (FPA) du capitaine Montaner, chargée de combattre la Fédération de France du FLN en plein Paris, dont les affectifs atteindront 400 hommes. Parmi les plus célèbres, ces harkas seront aussi parmi les plus discutées du fait de leurs méthodes "musclées". Les missions qui leur étaient imparties étaient, il est vrai, particulièrement délicates et atypiques. Nous y reviendrons plus avant207(*). Enfin, plus anecdotiquement, il convient de noter qu'une harka de femmes fut constituée à Catinat208(*). Aux côtés des harkis proprement dits, d'autres catégories de supplétifs - ainsi que des unités spéciales - furent constituées pour accompagner l'effort de guerre (ou, selon la terminologie de l'époque, de « maintien de l'ordre ») de l'armée française : - les Groupes mobiles de protection rurale (GMPR), créés en 1955, puis rebaptisés Groupes mobiles de sécurité (GMS) en mars 1958 relèvent de l'autorité civile (la Direction de la Sûreté nationale). Ils sont mis à la disposition de l'autorité militaire pour emploi statique ou offensif. Les GMS sont engagés par contrat renouvelable de douze mois et bénéficient d'avantages sociaux : allocations familiales, sécurité sociale, congé annuel, logement, indemnité de déplacement. Les blessures et accidents sont soumis à la législation sur les accidents du travail. L'on compte 35 GMPR de 85 hommes en 1955, 70 en 1957. Les effectifs maximums seront atteints en mars 1962 avec 114 GMS regroupant 8.500 hommes. - les maghzens sont chargés de protéger les Sections administratives spécialisées (SAS). Les SAS, créées le 5 septembre 1955 pour pallier la sous-administration des campagnes, sont dirigées par un officier d'active ou de réserve et « constituent une sorte de renaissance des Bureaux arabes du XIXème siècle »209(*). Les SAS seront complétées au début de l'année 1957 par 14 puis 20 Sections administratives urbaines (SAU). Chargés de protéger les SAS, les maghzens - composés de 20 à 50 moghaznis - sont le plus souvent statiques. Mais certains maghzens sont opérationnels. En fait, tout dépend de l'esprit d'initiative de l'officier responsable de la SAS210(*). Les moghaznis sont engagés par contrat renouvelable de six mois. Ils bénéficient des mêmes avantages sociaux que les membres des GMS. A la fin de 1957, près de 16.000 moghaznis assurent la protection de 606 SAS. Les effectifs maximums seront atteints en janvier 1961 avec 19.100 moghaznis assurant la protection de 710 SAS et 30 SAU. - Les Groupes d'autodéfense sont constitués à partir de 1957 au sein des villages dits "pacifiés" (soustraits à l'emprise de l'Organisation politico-administrative du FLN). Les villageois, non rétribués, sont dotés de fusils de chasse ou de fusils de guerre afin d'assurer la protection statique de leurs foyers contre les incursions du FLN. Tous les membres des groupes d'autodéfense ne sont pas armés : au moment où sont atteints les effectifs maximums, en janvier 1961, moins de la moitié des membres des quelque 2.031 Groupes d'autodéfense recensés sont effectivement armés, soit 28.000 sur 62.000. En fait, cette "sous-dotation" n'est qu'apparente dans la mesure où les membres des GAD opèrent leurs tours de garde par roulement. - Les Unités territoriales (UT), puis les Assès La catégorie particulière des Assès sera créée à la suite de la dissolution des UT, en février 1960, pour en réaffecter les membres musulmans. Les UT (créées en septembre 1955), qui étaient composées très majoritairement de pieds-noirs (une exception s'agissant des troupes supplétives) et affectées à la garde des points sensibles et des communications en zone urbaine (infrastructures, quartiers d'habitation), furent dissoutes en janvier 1960 pour s'être montrées particulièrement en pointe lors des « journées des barricades ». C'est d'ailleurs en janvier 1960 que sont atteints, pour les membres musulmans des UT, les effectifs maximums, à savoir 7.600 (un an plus tard on ne compte plus que 2.300 Assès). - Enfin, les unités musulmanes spéciales, le plus souvent créées sur la base de maquis nationalistes rivaux de ceux de l'ALN/FLN (d'obédience messaliste notamment), et plus ou moins étroitement contrôlées et manipulées par les services en charge des opérations spéciales au sein des armées211(*). Il est possible de citer, parmi d'autres unités : les Forces K (Belhadj Djilali)212(*), les Commandos sud-algériens (l'A.N.P.A. de Bellounis), la Force auxiliaire franco-musulmane (groupe Lahi Cherif), le Front Algérien d'Action Démocratique (FAAD213(*)), etc. Par extension, le terme "harkis" englobe ces différentes catégories de supplétifs et unités spéciales, qui ont pour caractéristiques communes de servir sur la base du volontariat, et en dehors des cadres de l'armée régulière (même s'ils sont à sa disposition). Jacques Frémeaux caractérise ainsi les troupes supplétives comme des « corps à recrutement local, que leur financement et leur organisation mettent à part »214(*). Il ajoute qu'il s'agit aussi d'unités « à vocation exclusivement territoriale, qui ne doivent pas être employées hors du pays où elles ont été recrutées »215(*). Cependant, très rapidement au fil des événements, le terme "harkis"216(*) va acquérir une valeur générique, emblématique même, au point d'englober l'ensemble des catégories de personnels civils et militaires autochtones qui, durant cette période, ont pris une part active tant à l'administration qu'à la défense de l'Algérie française ; autrement dit, cet ensemble progressivement indivis, dans l'imaginaire collectif, formé par ceux que Mohand Hamoumou appelle « les Musulmans au service de la France »217(*). Et s'y agrègent de fait, dès cette époque, dans l'esprit de leurs contempteurs comme dans celui de leurs amis, les troupes régulières de l'armée française (conscrits et engagés FSNA218(*) de tous grades), ainsi que les petits et les grands commis de l'État : anciens combattants, gardes champêtres, gardes forestiers, agents et cadres de la fonction publique, caïds, aghas, bachagas, hauts fonctionnaires, élus. En somme, l'ensemble des populations arabophones ou berbérophones qui ont participé à la défense, à l'administration et/ou à la promotion de l'Algérie française219(*). - Les troupes régulières (conscrits et engagés) S'agissant des musulmans incorporés dans les troupes régulières de l'armée française (engagés et conscrits), les effectifs maximums (26.199 engagés et 39.216 conscrits pour un total de 65.415 hommes) sont atteints en janvier 1961. S'agissant plus particulièrement des conscrits, les effectifs cumulés tout au long des sept années et demi de guerre sont estimés à plus de 100.000 hommes par Stéphanie Chauvin220(*), ce qui est à la fois peu et beaucoup. L'appréciation de ces chiffres doit selon elle tenir compte des difficultés de la politique de promotion de la conscription en Algérie, grevée par un taux d'insoumission relativement élevé, et ce tant pour des raisons structurelles antérieures au déclenchement du conflit (l'éloignement des conscrits de l'environnement familial et social et, symétriquement, le manque d'intérêt porté par l'armée française à l'incorporation des appelés musulmans221(*)) qu'en raison des obstacles liés à la conjoncture (l'insécurité qui règne sur une partie du territoire et les appels à rejoindre les maquis et l'ALN). Cependant, note Stéphanie Chauvin, « le déclenchement du conflit n'entraîne aucune augmentation significative des défections »222(*). - Les catégories de personnels non militarisés et franges de la population acquises à la France Cette catégorie disparate comprend une part importante des anciens combattants, gardes champêtres, gardes forestiers, agents et cadres de la fonction publique, caïds, aghas, bachagas (ces trois derniers statuts étant hérités en droite ligne des titres de notabilité liés à la régence ottomane), hauts fonctionnaires, élus et autres élites francisées. Cette acception générique du terme "harkis", pour imprécise qu'elle puisse apparaître au premier abord, traduit pourtant une réalité qui n'était pas simplement discursive mais, pourrions-nous dire, "polémo-logique" : l'impossibilité d'échapper aux étiquettes et aux classifications dans un conflit où la demi-mesure n'était de mise ni dans un camp ni dans l'autre. « Vous êtes avec nous ou contre nous » : « fidèle » ou « rebelle » pour les uns ; « résistant » ou « traître » pour les autres. Et, de fait, par-delà la diversité des statuts et des motifs d'engagement, l'usage générique du terme "harkis" avait l'avantage de tout ramener à cette simple réalité : « Vous êtes avec nous ou contre nous ». Au fond, cette classification homogénéisante a été l'un des rares motifs d'"entente" entre les deux camps, à savoir : la nécessité de trahir la complexité de la réalité, donc de gommer la diversité des statuts et des motifs d'engagement des musulmans dits "pro-français", pour mieux distinguer "amis" et "ennemis". Par ailleurs, dans une perspective plus diachronique, il convient encore, au plan sémantique, d'opérer un distinguo entre, d'une part, les anciens supplétifs demeurés de gré ou de force en Algérie après l'indépendance - qu'ils aient ou non été la cible de représailles - et, d'autre part, ceux qui purent trouver refuge en métropole et qui choisirent, après déclaration d'option devant le juge d'instance (procédure sur laquelle nous reviendrons plus avant223(*)), de recouvrer la nationalité française. Tandis que les premiers - tout au moins ceux qui ont survécu - ont perdu tout lien avec la France et sont ce que l'on pourrait appeler des "innommables" en Algérie, les derniers ont été affublés par les autorités françaises de différentes appellations administratives : Français de souche nord-africaine d'abord (FSNA, appellation couramment employée par l'Administration au temps de l'Algérie française par opposition aux Français de souche européenne, ou FSE), puis Français de souche indigène rapatriés d'Afrique du Nord (FSIRAN), Rapatriés d'origine nord-africaine (RONA) ou encore Français musulmans rapatriés (FMR). Ces appellations, si elles ne se sont jamais substituées à l'acception générique du terme "harkis" dans le langage usuel224(*) aussi bien que dans les modes d'auto-désignation des intéressés eux-mêmes (y compris d'une génération l'autre225(*)), ont pour avantage de permettre à l'analyste de désigner ceux qui, parmi les anciens supplétifs, sont parvenus à trouver refuge en France et ont "choisi" de s'y établir - d'y faire "souche" en quelque sorte. Nous emploierons par convention le terme de Français musulmans rapatriés pour désigner spécifiquement cette frange de la population (par opposition à cette part importante de supplétifs qui a soit perdu la vie au moment de l'indépendance, soit a survécu aux massacres mais n'a pu - ou voulu - gagner la France)226(*). * 199 Le général Maurice Faivre est docteur en science politique et lui-même ancien chef de harka. Ses trois ouvrages de référence sont : Un village de Harkis. Des Babors au pays drouais, Paris, L'Harmattan, 1994 ; Les combattants musulmans de la guerre d'Algérie. Des soldats sacrifiés, Paris, L'Harmattan, 1995 ; et Les archives inédites de la politique algérienne (1958-1962), Paris, L'Harmattan, 2000. * 200 Maurice Faivre, « Les supplétifs dans la guerre d'Algérie », Guerre d'Algérie magazine, « Harkis et pieds-noirs : le souvenir et la douleur. Numéro spécial été 62 », n°4, juillet-août 2002, p.19. * 201 Voir Yves Courrière, La guerre d'Algérie - I : Les Fils de la Toussaint, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1968, p.367. * 202 La famille de Mostefa Ben Boulaïd - l'un des 9 chefs historiques du FLN - en est originaire. * 203 Jacques Frémeaux, « Aux origines des troupes supplétives », Guerre d'Algérie magazine, « Harkis et pieds-noirs : le souvenir et la douleur. Numéro spécial été 62 », n°4, juillet-août 2002, p.12 à 17. * 204 Jacques Frémeaux, « Aux origines des troupes supplétives », Guerre d'Algérie magazine, « Harkis et pieds-noirs : le souvenir et la douleur. Numéro spécial été 62 », n°4, juillet-août 2002, p.17. * 205 Maurice Faivre, « Les supplétifs dans la guerre d'Algérie », Guerre d'Algérie magazine, « Harkis et pieds-noirs : le souvenir et la douleur. Numéro spécial été 62 », n°4, juillet-août 2002, p.20. * 206 Maurice Faivre, « Les supplétifs dans la guerre d'Algérie », Guerre d'Algérie magazine, « Harkis et pieds-noirs : le souvenir et la douleur. Numéro spécial été 62 », n°4, juillet-août 2002, p.21. * 207 Voir infra la section I.E de la Partie 1 : « Les facettes d'un comportement : attitude à l'égard des populations civiles et des prisonniers, attitude au combat et loyauté » ; voir aussi Partie 2, section III.B.2 : « Sur le souvenir de la répression de la manifestation du 17 octobre 1961 et la manière dont il participe de la stigmatisation des harkis dans la geste intellectuelle de la guerre d'Algérie », ainsi que : « Une personnalisation opportune, ou la focalisation sur les «harkis de M. Papon» (Marcel Péju) ». * 208 Selon l'historien Charles-Robert Ageron, le nombre de ces « harkettes, employées, par exemple, pour la fouille des femmes aurait atteint 343 en décembre 1961 (« Les supplétifs algériens dans l'armée française pendant la guerre d'Algérie », Vingtième siècle. Revue d'histoire, Presses de la F.N.S.P., n° 48, octobre-décembre 1995, p.6). * 209 Maurice Faivre, « Les supplétifs dans la guerre d'Algérie », Guerre d'Algérie magazine, « Harkis et pieds-noirs : le souvenir et la douleur. Numéro spécial été 62 », n°4, juillet-août 2002, p.19. * 210 Voir notamment Grégor Mathias, Les sections administratives spécialisées en Algérie. Entre idéal et réalité (1955-1962), Paris, L'Harmattan, 1998. * 211 Sur une tentative avortée de création d'un "contre-maquis" en Kabylie, voir par exemple Camille Lacoste-Dujardin, Opération Oiseau Bleu. Des kabyles, des ethnologues et la guerre d'Algérie, Paris, La Découverte, 1997. * 212 Voir notamment Yves Courrière, La guerre d'Algérie - III : L'Heure des Colonels, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1970, p.245 à 247 et 250-251. * 213 Sur le FAAD, voir notamment Jacques Frémeaux, « La guerre d'Algérie et le Sahara », in Ageron (Charles-Robert), dir., La guerre d'Algérie et les Algériens, 1954-1962, Paris, Armand Colin, 1997, p.97 et 103 ; sur les tentatives d'approche entre le FAAD et l'OAS, voir aussi Yves Courrière, La guerre d'Algérie - IV : Les Feux du Désespoir, Paris, Librairie Arthème Fayard, 1971, p.597 et suivantes. * 214 Jacques Frémeaux, « Aux origines des troupes supplétives », Guerre d'Algérie magazine, n°4, juillet-août 2002, p.13. * 215 Ibidem. * 216 Sans doute, avons-nous dit, parce qu'il désigne la catégorie la plus nombreuse, la plus offensive aussi. * 217 Mohand Hamoumou, Archives orales de Français-musulmans ou les conditions d'une immigration de guerre, rapport à l'attention du ministère de la Culture, Direction du Patrimoine ethnologique, juin 1988. * 218 FSNA, selon la terminologie de l'époque : Français de souche nord-africaine. * 219 À ce stade,des précisions s'imposent au plan de la terminologie. Ainsi, lorsqu'il s'agira de désigner, au fil de l'exposé, l'ensemble formé, d'une part, par les différentes catégories de soldats supplétifs et, d'autre part, par les militaires d'active, les conscrits, les commis de l'État et les notables, nous emploierons, comme substitut à l'usage extensif du terme « harkis », l'expression « musulmans pro-français ». Cependant, l'expression « musulmans pro-français » procède davantage d'un choix par défaut, par élimination, que de l'affirmation pleine et entière de son pouvoir discriminant. Ainsi, les expressions « Algériens pro-français » ou « autochtones favorables à la France » ne conviennent pas car elles sont potentiellement inclusives des pieds-noirs (ceux-ci se considérant alors comme des Algériens et étant de fait, pour la plupart, des autochtones au sens étymologique du terme). L'expression « indigènes favorables à la France » ne convient pas davantage, car elle inclut théoriquement la composante juive séfarade de la population algérienne qui, à l'inverse des Européens d'Algérie, est de peuplement très ancien. Mais qui, à la différence des musulmans, a été collectivement "francisée" à la suite du décret Crémieux. L'expression « Arabes pro-français » ne convient pas non plus car elle fait abstraction des populations berbères (notamment kabyles), nombreuses à s'être engagées aux côtés de la France. Nous retiendrons donc l'expression « musulmans pro-français » qui, quoiqu'elle fasse abstraction des quelques tribus berbères christianisées à s'être constituées en troupes supplétives, reste le qualificatif le plus précis pour désigner ceux dont il est ici question. Par ailleurs, lorsqu'il s'agira de désigner dans leur ensemble les différentes catégories de personnels en armes attachés en qualité d'auxiliaires au maintien de l'ordre aux côtés de l'armée française (à l'exception, donc, des militaires d'active, des conscrits, des commis de l'État et des notables), nous emploierons l'expression « supplétifs musulmans » de préférence au vocable « harkis », ce dernier étant pour ce faire à la fois trop large - puisqu'il est emblématique, dans son usage extensif, d'un ensemble indivis incluant d'autres catégories de personnels, militarisés et non militarisés - et trop restreint - puisqu'il ne désigne, en toute rigueur, qu'une catégorie de supplétifs parmi d'autres. En dépit des apparences, l'expression « supplétifs musulmans » n'est pas redondante puisque des autochtones d'origine européenne furent eux aussi constitués en troupes supplétives (même si cela reste l'exception) : ainsi en va-t-il des Unités territoriales (UT), qui joueront un rôle majeur dans le déclenchement de la « semaine des barricades » (janvier 1960). En toute rigueur, la qualité de « supplétif » est donc en soi insuffisamment discriminante. En outre, pour les raisons exposées précédemment à propos de l'expression « musulmans pro-français », le qualificatif « musulmans », accolé à celui de « supplétifs », nous semble le plus pertinent pour circonscrire la population dont il est ici question. * 220 Stéphanie Chauvin, « Des appelés pas comme les autres ? Les conscrits «français de souche nord-africaine» pendant la guerre d'Algérie », Vingtième siècle. Revue d'histoire, Presses de la FNSP, n° 48, octobre-décembre 1995, p.21 à 30. Ce chiffre est contesté par Maurice Faivre qui décompte « 160.000 FSNA appelés, dont 123.000 ont servi en Algérie » (Maurice Faivre, « Les harkis contestés », texte inédit, décembre 1995, p.5). * 221 Par exemple, les classes 1947 à 1950 ne furent pas appelées sous les drapeaux. * 222 Stéphanie Chauvin, « Des appelés pas comme les autres ? Les conscrits «français de souche nord-africaine» pendant la guerre d'Algérie », Vingtième siècle. Revue d'histoire, Presses de la FNSP, n° 48, octobre-décembre 1995, p.26. * 223 Voir la Partie 1, section II.A.1.c : « La promesse non tenue du maintien automatique dans la nationalité française des Algériens de statut civil de droit local ». * 224 « Au fil des mois, de toute façon, notent M. Amar et P. Milza, l'abus de langage tombe de lui-même. Les fonctionnaires civils et militaires ayant trouvé une nouvelle affectation, seuls restent les harkis, au sens générique de supplétifs, déracinés, analphabètes, abandonnés à leur arrivée dans les camps de regroupement » (M. Amar et P. Milza, L'immigration en France au XXème siècle, Paris, Armand Colin, 1990). * 225 Voir à cet égard les témoignages rapportés par Jean-Jacques Jordi et Mohand Hamoumou, Les harkis, une mémoire enfouie, Éditions Autrement, 1999, p.18 et 21. * 226 Mohand Hamoumou, prenant acte de l'inégalité de statut social et culturel en Algérie des actuels Français musulmans rapatriés et des différents motifs d'engagement avec ou pour la France, propose au final de caractériser cette population comme suit : elle désigne « un ensemble de personnes de souche arabe ou berbère ayant eu un comportement pro-français durant la guerre d'Algérie, en raison duquel elles ont dû quitter le pays lors de son accession à l'indépendance en optant pour la citoyenneté française » (Mohand Hamoumou cité in Catherine Wihtol de Wenden, « Harkis : le paradoxe identitaire », Regards sur l'actualité, Paris, La Documentation Française, n°175, novembre 1991, p.134.). |
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