L'entreprise et la relance économique( Télécharger le fichier original )par Assia HADJAR Université d'Oran - Magister en management 2011 |
Section II : la croissance endogène
La croissance économique désigne l'augmentation de la production de biens et services dans une économie sur une période donnée ;(Généralement une période longue). En pratique, l'indicateur utilisé pour la mesure est le produit intérieur brut ou PIB. Il est mesuré « en volume » ou « à prix constants » pour corriger les effets de l'inflation. Le taux de croissance, lui, est le taux de variation du PIB. On utilise souvent la croissance du PIB par habitant comme indication de l'amélioration du niveau de vie. La croissance est un processus fondamental des économies contemporaines, lié notamment à la révolution industrielle et au progrès technique. Elle transforme la vie des populations dans la mesure où elle crée davantage de biens et de services. A long terme, la croissance à un impact important sur le niveau de vie des sociétés qui sont le cadre. De même, l'enrichissement qui résulte de la croissance économique peut permettre de faire reculer la misère matérielle. Certaines conséquences de la croissance économique (pollution et atteintes a l'environnement, accentuation des inégalités sociales notamment) sont souvent considérées comme des effets pervers qui obligent à distinguer croissance et progrès.22(*) Si, dans le langage courant, on emploie souvent le terme de « croissance » dans le cadre d'évolution à court terme, les économistes l'utilisent conventionnellement pour décrire une augmentation de la production sur le long terme. Selon la définition de François Perroux, la croissance économique correspond à « l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension, pour une nation le produit global net en terme réels. » A court terme, les économistes utilisent plutôt le terme d'expansion, qui s'oppose à « récession », et qui indique une phase de croissance dans un cycle économique. La croissance potentielle estime l'écart entre la croissance mesurée et celle qui serait obtenue avec une pleine utilisation de tous les facteurs de production ; cet écart est minimal au plus fort d'une expansion. 23(*) Au sens strict, la croissance décrit un processus d'accroissement de la seule production économique. Elle ne renvoie donc pas directement à l'ensemble des mutations économiques et sociaux propres à une économie en développement. Ces transformations au sens large sont, conventionnellement, désignées par le terme de développement économique. Selon François Perroux, « le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rend apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global ». Le terme de « croissance » s'applique alors plus particulièrement aux économies déjà développées. 24(*) Les économies distinguent depuis les travaux de R. Solow l'analyse de la croissance, phénomène tendanciel de longs termes, et l'analyse des fluctuations économiques, c'est-à-dire des variations conjoncturelles. Les objets d'étude et les méthodes propres à ces deux questions doivent être clairement distingués. Par exemple les ressources naturelles, les problèmes démographies ou l'influence du progrès technique sont des variables importantes dans les théories de la croissance car elles exercent une influence de long terme, tandis que les politiques économiques conjoncturelles concernent davantage les débats sur les fluctuations économiques. Depuis la révolution industrielle, qui marque les débuts d'une croissance durable et soutenue dans les pays capitalistes, les théories de la croissance se sont profondément renouvelées afin d'expliquer un phénomène dont l'ampleur a dépassé les prévisions des économistes. Elles sont progressivement montre le rôle décisif du progrès technique, puis se sont interrogées sur les facteurs déterminant les variations de ce dernier.25(*)
Fondateurs de l'économie politique moderne, les auteurs classiques anglais ont aussi posé les premiers jalons d'une théorie de la croissance. Adam Smith (1776) et David Ricardo (1819) présentent tous deux la croissance économique comme résultant de l'accumulation du capital, c'est-à-dire de la quantité d'instruments (« moyens de production produits », selon Smith) à la disposition des travailleurs. L'augmentation de la richesse par tête provient de celle du capital par tête. Cependant, les classiques partagent une vision plutôt pessimiste du long terme : la croissance est destinée à disparaître progressivement, à s'annuler dans un « État stationnaire ». La raison à cela réside dans l'évolution de la répartition du revenu national induite par l'accumulation des facteurs. La dynamique du système peut être résumée de la manière suivante. L'accumulation du capital entraîne une augmentation de la demande de main-d'oeuvre. Transitoirement, les salaires sont plus élevés, jusqu'à ce que l'ajustement s'opère pour la démographie. Une quantité plus grande de travailleurs induit une demande plus grande de grains, qui justifie la mise en culture de nouvelles terres, moins productrices que les anciennes ; d'où augmentation du prix des grains, donc de la rente foncière, et aussi du salaire nominal correspondant au minimum vital. Salaires et rente s`accroissent alors, au détriment du profit qui diminue jusqu'à atteindre le niveau auquel cesse l'investissement. L'arrêt de l'accumulation du capital signe celui de la croissance démographique, et donc la stabilisation de l'ensemble du système économique : c'est l'état stationnaire. 1.2. Domar et Harrod : A la fin des années trente et au cours des années quarante, plusieurs auteurs, essentiellement Domar (1942) et Harrod (1947) ont prolongé au long terme les analyses de Keynes, en introduisant l'accumulation des facteurs capital et travail. Selon Keynes (1936), le fonctionnement spontané des économies de marché débouche presque inévitablement sur le chômage. Il existe deux raisons à cela : des rigidités nominales qui interdisent aux salaires et aux prix de s'ajuster, des défauts de coordination qui conduisent les agents à avoir des anticipations de dépenses dont la somme (la demande effective) ne permettra pas le plein usage des capacités d'offre, et notamment de la main-d'oeuvre. Les mécanismes invoqués par Keynes concernent le court terme, lequel est défini pour le fait que les capacités de production sont fixées. Harrod et Domar prolongent l'analyse, en posant plus la question de la stabilité de la croissance que celle de ses sources.27(*) 1.3. Le modèle de Solow :28(*) En 1956, Solow apporte une réponse aux prédictions pessimistes de Harrod. Il construit un modèle qui engendre un déplacement au cours du temps de l'équilibre économique, le niveau de l'activité devenant de plus en plus élevé. La succession d'équilibres qualifiée de sentier de croissance est plus stable, c'est-à-dire que si, en un moment donné, pour une raison quelconque, l'économie s'en éloigne, elle y retournera par la suite. Pour parvenir à ce résultat, Solow lève l'hypothèse de rigidité de la technique de production, que Harrod retenait. « Le taux de croissance à long terme déterminé par des facteurs exogène (la croissance de la population et du progrès technique). »29(*) Le problème de la coordination des agents privés est donc d'emblée résolu et le plein-emploi des facteurs de production obtenu. Le modèle de Solow est ainsi la dynamisation du modèle statique néo-classique. Le modèle de Solow est le point de départ de la plupart des analyses des sources de la croissance.30(*) Le modèle déduit trois prédictions : 1. Augmenter la quantité de capital (c'est-à-dire investir) augmente la croissance : avec un capital plus important, la main d'oeuvre augmente sa productivité (dite apparente). 2. Les pays pauvres auront un taux de croissance plus élevé que les pays riches. Ils ont en effet accumulé moins de capital, et connaissent donc des rendements plus faiblement décroissants, c'est-à-dire que toute augmentation de capital y engendre une augmentation de la production proportionnellement plus forte que dans les pays riches. 3. En raison des rendements décroissants des facteurs de production, les économies vont atteindre un point où toute augmentation des facteurs de production n'engendrera plus d'augmentation de la production par tête. Ce point correspond à l'état stationnaire. Solow note toutefois que cette troisième prédiction est irréaliste : en fait, les économies n'atteignent jamais ce stade, en raison du progrès technique qui accroît la productivité des facteurs. Autrement dit, pour Solow, sur le long terme, la croissance provient du progrès technique. Toutefois, ce progrès technique est exogène au modèle, c'est-à-dire qu'il ne l'explique pas mais le considère comme donné (telle une « manne tombée du ciel »). Le modèle de Solow est basé sur cinq équations macroéconomiques: · une fonction de production ; · une équation comptable sur le PIB ; · une équation d'épargne ; · une équation d'évolution du capital.31(*) Les points communs dans les modèles précédents :
Source : élaboré par l'étudiante Dans l'analyse d'Adam Smith et Ricardo ; la croissance économique est un résultat d'une accumulation de capital, celui-ci représente les moyens de production produite, l'augmentation de la richesse par tête provient de celle du capital par tête, mais à long terme. Keynes à ajoutée à l'accumulation du capital le facteur du travail pour avoir le plein-emploi, (car le chômage est due à la rigidité nominale qui interdite aux salaires et aux prix de s'ajouter), et les défauts de coordination qui conduisent les agents pour avoir des anticipations de dépense. Pour arriver à plein-emploi et stabiliser la croissance le plutôt possible d'après Harrod et Domar : il faut d'abord traiter les problèmes de rigidité et coordination identifiée par Keynes et non pas les facteurs technique ; car la croissance est toujours « sur le fil du rasoir » : elle est fondamentalement instable et peut s'accompagner d'un chômage durable. Seul l'Etat peut stabiliser le sentier de croissance de l'économie, en régulant la demande globale. Le modèle repose sur l'hypothèse fondamentale que le travail et le capital ne sont pas substituables : toute augmentation de la production implique un accroissement proportionnel du capital et de la main d'oeuvre. Mais Solow a remplacé la rigidité technique de production de Harrod, par le progrès technique qui est un facteur exogène dans la croissance économique à long terme. 2. Définition de la croissance endogène : La théorie de la croissance endogène à pour objet d'expliquer la croissance économique à partir de processus de décisions microéconomiques. Elle est apparue en repense aux modèles de croissance exogène ; en particulier le modèle de Solow, qui fondait, la croissance économique sur le progrès technologique.32(*) L'objectif de la théorie de la croissance endogène n'est pas de supplanter l'explication de la croissance par l'accumulation du capital, mais d'y suppléer. L'innovation et l'accumulation du capital sont toutes les deux nécessaires pour soutenir la croissance. Le but de la théorie de la croissance endogène est d'effectuer une analyse systématique du progrès technique et de l'innovation.33(*) Donc les modèles de « croissance endogène » expliquent la croissance par des variables internes au modèle, et non par une variable exogène « inexpliquée » comme le progrès technique autonome. Ces théories sont apparues dans les années quatre-vingt, du fait de la remise en cause du modèle de Solow par P. Romer et R. Lucas. Elles conservent un cadre d'analyse microéconomique néoclassique, et les agents sont supposés avoir des anticipations rationnelles. Mais ces théories rejettent l'idée d'un épuisement naturel de la croissance, qui tendra vers l'état stationnaire. En effet, la croissance peut se poursuivre indéfiniment soit en raison de l'existence de rendements croissants, soit grâce à des externalités positives : · Les facteurs de la croissance mis en avant par ces modèles, comme la technologie ou le capital humain, ne perdent pas leur efficacité au cours du temps, pas plus qu'ils ne « s'usent » contrairement au capital physique. Ils peuvent donc être accumulés et ces facteurs gagnant en efficacité car ils ont des rendements croissants : il est plus facile d'acquérir de nouvelles connaissances si l'on possède déjà un stock élevé de connaissances. La croissance de pays au niveau technologique élevé et à la main-d'oeuvre qualifiée sera donc supérieure à celle de pays moins développés, ce qui expliquerait la divergence de la croissance au Nord et au Sud aujourd'hui. · Les externalités positives apparaissent dans la croissance quand les investissements d'un agent bénéficient à d'autres agents sans que cet effet donne lieu à une relation marchande. Ainsi, les investissements publics dans le capital humain et les connaissances utilisées par les entreprises. 2.1. Le modèle de Romer : La croissance repose sur le caractère endogène du progrès technique, généré par les investissements dans la recherche-développement. En effet, les découvertes réalisées grâce à la recherche bénéficient à tous, donc ces investissements sont une source d'externalités positives. 34(*) La théorie de la croissance endogène a identifié quatre facteurs principaux de croissance : les rendements d'échelle, la recherche (ou innovation), la connaissance (ou capital humain), et l'intervention judicieuse de l'État · Les rendements d'échelle : Si les rendements d'échelle sont majoritairement constants, certains investissements peuvent entraîner des rendements croissants, qui augmentent ainsi le capital physique et poussent la Croissance. Par exemple, les infrastructures publiques causent des externalités positives en permettant des économies internes chez les producteurs privés. · L'innovation : Le progrès technique est réintégré au coeur de la croissance, ce n'est plus un résidu par rapport à l'apport des facteurs de production traditionnels considérés endogènes (ressources naturelles, capital, travail). C'est le modèle fondateur de Paul Romer qui rend endogène l'innovation car il la fait dépendre du comportement, des initiatives et du développement des compétences des agents économiques. L'innovation est alors une activité à rendement croissant qui augmente le stock de connaissance et le débordement de ces connaissances finit par être bénéfique à tous, au lieu de se limiter à la firme innovante. Les firmes sont alors interdépendantes, la course à l'innovation de chaque firme bénéficie à l'ensemble des firmes et tire l'économie vers la croissance. · Le capital humain : Le capital humain désigne l'ensemble des formations, connaissances et bonne santé du travailleur qui le rend plus productif. · L'action publique : L'action publique peut augmenter la productivité de l'économie, par exemple en augmentant le stock de connaissances (le capital humain) ou les infrastructures publiques ; dans le cas des infrastructures publiques, Robert Barro conclut qu'elles facilitent la circulation des biens, des personnes et de l'information ; et que leur financement par l'impôt est alors bénéfique.35(*) Autrement dit ; le niveau de dépenses publiques est une source de la croissance endogène, puisque les investissements publics sont une source d'externalités positives, comme l'avait déjà remarqué A. Smith.36(*) 2.2. Le modèle de Lucas : Dans un article de 1988, R.E.Lucas envisage un secteur de production du capital humain générateur d'externalités. Le stock de connaissances incorporé dans un individu améliore évidemment sa qualification et donc sa productivité. A cela s'ajoute l'idée que la productivité d'un individu sera d'autant plus forte que le niveau de compétences global d'une économie est élevée. Ainsi, consacrer une part plus importante du capital humain disponible à la formation accroît l'efficacité générale de l'économie, ce qui renforce le potentiel de croissance futur. La notion de capital humain va au-delà du niveau de qualification et doit être étendue, pour les PED (*), à l'alimentation et à la santé publique37(*). 3. La politique d'éducation : Le « capital humain » est l'ensemble des aptitudes et qualifications productives d'un individu. C'est un input de la fonction de production et ce concept n'a rien à voir avec les qualités humaines, morales, artistiques... de l'agent. C'est un stock accumulatif de plusieurs façons, en particulier par l'éducation. Le caractère durable et productif de ces aptitudes conduit à lui donner le nom de capital. L'adjectif humain précise qu'il ne peut être dissocié de l'individu qui le possède. Le capital humain est constitué par les aptitudes productives d'individus, il est donc rival (un ingénieur ne peut être utilisé simultanément dans deux activités). Ces aptitudes sont à ce titre rémunérées par le taux de salaire. Une autre caractéristique du capital humain est qu'il est générateur d'externalités. La connaissance d'un individu permet d'améliorer celle des autres. Le niveau moyen de capital humain dans une société est un facteur de production pour chaque entreprise de cette société, sans pour autant que cet input soit une variable de choix pour ces entreprises ; c'est une externalité. La théorie du capital humain de Schultz (1961) et Becker (1964) c'est, à l'origine, intéressée au problème microéconomique du choix d'éducation d'agents rationnels qui optimisent, sur leur cycle de vie, la valeur présente de leur investissement en formation. Elle fut d'abord utilisée dans la théorie du marché du travail avant d'être introduite dans la théorie de la croissance par Lucas en 1988. Dans la théorie de la croissance, les économistes (A. Smith, J. Stuart Mill...) avaient souligné que l'éducation était un ingrédient de la productivité et de la croissance économique. L'article fondateur de Lucas « On the mechanics of economic development » (1988) est considéré comme un point de départ de la théorie de la croissance endogène.38(*) Les points communs dans les modèles précédents :
Source : élabore par l'étudiante Le modèle de Lucas fournit une explication endogène de la croissance : les agents déterminent le temps et le consacrent à l'éducation. Donc le capital humain est le moteur de la croissance accumulatif. Dans ce modèle, les externalités provient du capital humain dans la mesure où l'investissement en ce dernier accroître la productivité à la fois de ceux qui la reçoivent et de la société de toute entière. Pour Romer ; le modèle dégage des externalités positives de l'investissement prive en capital, et par conséquent, la croissance s'améliore avec un taux d'investissement influent aussi la croissance à long terme.
Schultz critique le primat de l'industrie dans les processus de développement envisagés. Il réfute, l'idée dominante à l'époque, d'une productivité marginale nulle dans l'agriculture dans l'ouvrage 'The economic organization of agriculture' (1953). Un autre apport de Schultz est l'élaboration de la notion de capital humain qui deviendra célèbre grâce aux travaux de Gary Becker.39(*)Il exprime qu'il apparaît évident que les individus acquièrent des savoir-faire et des savoirs utiles, il n'est pas si évident que ces savoir-faire et savoirs constituent une forme de capital et que ce capital soit pour une part substantielle le produit d'un investissement délibéré. 40(*) 3.2. Le modèle de Gary Becker : La théorie de Becker issue de son livre de 1964 "Human Capital: A Theoretical and Empirical Analysis", à servi de base pour approcher l'idée d'une possible augmentation du capital humain au cours du temps. Longtemps controversées, ces recherches sont aujourd'hui au fondement de la microéconomie, même de la démo-économie. Le choix d'investissement dans le capital humain (par les parents pour un enfant ou par l'individu lui même) au regard des avantages et inconvénients de cet investissement est aujourd'hui une idée bien admise en économie. Il s'est efforcé de rendre compte de ce modèle dans quatre grands domaines :
Ses recherches ont traité des sujets comme l'impact de bonnes et mauvaises habitudes, comme la ponctualité, l'alcoolisme et l'usage des drogues, sur le capital humain. Il à étudié la différence des "retours sur investissement" pour différentes classes de la population et l'implication de cette variable pour les politiques macroéconomiques. Son travail a aussi porté sur la distinction entre investissement général et spécifique en matière d'éducation et le rôle de cet investissement sur le marché du travail.41(*) Pour Gary Becker, tout individu est détenteur d'un capital humain, c'est-à-dire de capacités innées mais aussi acquises au prix d'investissements humains (dépenses matérielles, temps, efforts personnels). La formation, l'éducation et la santé, qui sont des investissements en capital humain, jouent le même rôle que le progrès technique dans la théorie du capital physique: elles augmentent la productivité marginale du facteur de production concerné. Selon Becker, tout individu gestionnaire de son capital humain apprécie l'opportunité d'y investir en comparant le coût de l'investissement aux gains actualisés (donc tenant compte de la valeur de la monnaie au fil du temps) qu'il pourra ensuite en retirer. Ainsi, pour un étudiant, les coûts monétaires de l'éducation (les frais de scolarité) s'ajoutent au coût d'opportunité de la poursuite d'études, mesuré par les revenus non perçus pendant cette période. Moins l'étudiant est doué, explique Gary Becker, plus le coût s'élève. Le taux de rendement privé de l'investissement en formation est le rapport des gains sur le coût total de la formation.42(*) Les entreprises réalisent aussi des investissements en capital humain, lesquels se différencient des investissements en capital physique: dans une société libre, aucun employeur ne détient de droit de propriété sur le capital humain investi, puisque le destinataire de la formation en est le propriétaire unique. Un tel investissement consiste aussi bien en une formation générale, transférable d'une entreprise à une autre, qu'en une formation spécifique, qui n'est utile qu'à l'entreprise dont la productivité est ainsi accrue. L'employeur peut alors bénéficier d'une partie des gains futurs de cet investissement en raison de la mobilité plus faible du travailleur qu'elle induit. Il ne peut accepter de fournir à ses employés une formation générale, car les entreprises concurrentes sont en mesure de proposer un salaire égal à la productivité marginale que ce travail leur ferait gagner sans avoir payé le coût de la formation. La théorie du capital humain propose ainsi une explication des différences dans les productivités marginales du facteur travail, qui permet d'établir une modélisation des inégalités de salaires. L'évolution du salaire en cours de carrière reflète à peu près l'accumulation du capital humain, selon Gary Becker. Elle suit une forme concave: l'investissement brut tend à diminuer avec l'âge parce que, d'une part, toute hausse du salaire élève le coût d'opportunité et, d'autre part, le rendement diminue avec l'âge, le nombre d'années pour amortir l'investissement se réduisant. Pour un individu, les possibilités d'accumulation du capital humain sont limitées par ses facultés physiques et intellectuelles ainsi que par le rendement marginal de l'investissement en capital humain. Il n'y a pas ce type de limite à l'accumulation du capital financier.43(*) 3.3. Le modèle de Jacob Mincer : C'est dans la période d'après guerre que les économistes, s'intéressant de plus près au phénomène de croissance économique, ont souligné qu'un des éléments essentiels y contribuant le plus était le niveau de scolarisation de la nation. La notion de rendement de l'éducation s'est alors développée autour des équations de gains de Jacob Mincer [1958, 1974] qui développa le premier deux méthodes permettant de formaliser un lien entre les gains perçus, l'éducation et l'expérience ou l'âge d'un individu. Le modèle est motivé par deux structures conceptuellement différentes. En 1958, Mincer utilise le principe de compensation des différences pour expliquer pourquoi les individus qui ont des niveaux d'éducation différents reçoivent des salaires différents tout au long de leur vie. Il part du constat que la caractéristique la plus insatisfaisante des modèles stochastiques pour les économistes réside dans le fait qu'ils ne mettent pas en lumière les facteurs économiques qui expliquent la distribution des revenus. En 1974, cet auteur développe un second modèle basé cette fois sur des hypothèses complètement différentes mais dont la particularité est de conduire à la même spécification. Il est construit sur un modèle d'identité comptable développé par Becker [1964] et Chiswick [1966]. Contrairement au modèle précédent, celui-ci se focalise sur le lien entre gains observés et gains futurs potentiels si un individu choisit d'investir en capital humain, c'est-à-dire soit en poursuivant ses études, investissement formel, soit en se formant par le biais de l'entreprise acquérant ainsi du capital spécifique, investissement informel.44(*) Les points communs dans les modèles précédents :
Source : élabore par l'étudiante Le capital humain implique l'individu tout entier dans une démarche d'investissement constante. De plus le capital humain contrairement au capital financier, ne peut pas devenir propriété d'un tiers ; il est simplement mis a disposition par l'individu. D'autre part, le capital humain est limité a l'individu qui l'incorpore : il dépend de ses capacités physique et mentales, de son cycle vital.45(*) Les calculs du rendement interne de l'éducation secondaire et supérieure, présentés par Becker dés sa première édition ; sont appliques à la France par les économistes Louis Lévy-Garboua et Alain. Mingat. Donc Becker insiste sur l'impact des bonnes et mauvaises habitudes sur le capital humain ainsi que l'impact de ce dernier sur le marché de travail. Avec Lucas, le capital humain devient un facteur explicatif de la croissance endogène : il est en effet source de rendement croissants et d'externalités positives. Pour Mincer l'investissement dans le capital humain est en deux formes ; formel et informel ; pour l'investissement formel c'est le cas où l'individu décide de poursuivre ces études, et informel dans le cas de l'entreprise qu'elle décide de former leurs employé. Donc le capital humain d'après Schultze ; est un investissement mais l'individu doit être capable d'acquérir des savoir-faire ou des savoirs utiles et que ces savoirs doivent constituer une forme de capital. Conclusion La croissance économique se réalise les politiques adoptés de l'Etat que se soit endogène ou exogène ; c'est-à-dire, par le progrès technique et le capital humain comme investissement à long durée. Dans le chapitre suivant, nous étudions l'application de c'est deux politiques dans la démarche Algérienne dans la relance économique. * 22 « Politique de relance », Opt.Cit. * 23 « Politique de relance », Opt.Cit. * 24 « Politique de relance », Opt.Cit. * 25Alain Beitone et autres, « Économie aide-mémoire », édition DALLOZ-2001, page380 * 26 « La croissance économique » ; article de L'UEMOA en forme pdf * 27 « Le modèle de Harrod-Domar », http://fr.wikipedia.org/wiki/mod%C3% a8le_de_Harrod-Domar. * 28 «Le modèle de Solow »,http://fr.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le_de_Solow. * 29 A. Philippe et P. Howit, « théorie de la croissance endogène », édition Dunod 2000, page32. * 30« Le modèle de Harrod-Domar », OP.CIT * 31« Le modèle de Solow » ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le_de_Solow * 32 «La croissance endogène » ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_de_la_croissance_endog%C3%A8ne. * 33 A. Philippe et P. Howit, « théorie de la croissance endogène », édition Dunod 2000, page8. * 34 Alain Beitone et autres, « Économie aide-mémoire », édition DALLOZ-2001, page380 * 35«La croissance endogène»; http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_de_la_croissance_endog%C3%A8ne (*)PED : pays en voie de développement * 36 Alain Beitone et autres, « Économie aide-mémoire », édition DALLOZ-2001. * 37 Marc Montoussé, « économie du développement », édition Bréal 2001, page 78. * 38 « Politique d'éducation » ; http://www.fcpe-dieuze.fr/Education%20et%20richesse%20des%20nations.pdf * 39 «Theodore Schultz » http://fr.wikipedia.org/wiki/Theodore_Schultz * 40 « Capital humain » ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Capital_humain * 41 « Gary Becker » http://fr.wikipedia.org/wiki/Gary_Becker * 42 « Gary Becker » http://www.alternatives-economiques.fr/human-capital-gary-becker_fr_art_222_25311.htm * 43 « Gary Becker » http://www.alternatives-economiques.fr/human-capital-gary-becker_fr_art_222_25311.htm * 44 Estelle Viger « Les effets de la démocratisation de l'enseignement en France: Une étude empirique » thèse docteur en sciences économiques université paris 1 panthéon - Sorbonne U.F.R. de sciences économiques. Année 2007 ; pages 12 .13. ( http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/18/70/32/PDF/Viger_Estelle_these.pdf). * 45 « Capital humain » ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Capital_humain. |
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