Demain, tous développeurs?( Télécharger le fichier original )par Romain GODARD Ecole Sciences-U Lyon - Master 2012 |
V. Et Demain?1. Des développeurs basiques?Nous avons vu que pour créer une application robuste, viable, pérenne et sécurisée il faut une bonne connaissance métier et un apprentissage sur certaines bases (voire plus) de la programmation. Il faut également que le programme soit de qualité avec une complémentarité des fonctionnalités, une précision des résultats, fiable, minimisant les pannes, facilité et flexibilité de son utilisation (cette liste est bien sur non exhaustive). Cependant, pour faire des créations d'applications, de sites web, de bases de données, d'interfaces graphiques simplistes c'est à ce jour, à la portée de n'importe quel individu. Il peut à sa guise faire son programme par l'intermédiaire de diagrammes, faire son site par l'intermédiaire de différentes applications, sa base de données en seulement quelques clics et son interface à coup de glisser-déposer. Si on entend alors développeur dans son sens le plus simpliste du terme alors oui demain nous serons tous développeurs, et nous pouvons même dire que c'est déjà le cas. Mais le ferons-nous vraiment tous ? C'est pour cela que j'ai décidé d'aller un peu plus loin dans l'analyse. 2. Tous développeurs Web?Aujourd'hui chacun de nous peut être développeur web dans le sens où, en passant par des CMS et des plate-formes online, les sites peuvent se faire via de simples glisser-déposer sur une fenêtre d'édition ou de simples clics de souris. La possibilité de créer un site web sans aucune connaissance en programmation est déjà aujourd'hui d'une très grande facilité, malgré l'existence de certaines limites que nous avons pu voir dans la deuxième partie de ce mémoire. Mais vu le développement du web depuis le début des années 2000, on peut se demander si le sens de développeur aura un autre sens demain. A. Des nouveaux développeurs WebUn tournant dans l'histoire du web a été marqué en 2001 avec l'explosion de la bulle internet. Les gens pensaient à ce moment là que le web était une technologie surévaluée alors qu'en fait non. De plus, l'histoire a montré que lorsqu'une bulle se forme et éclate par la suite cela annonce une révolution industrielle. Cela se caractérise même au moment où une technologie en pleine expansion est prête à entrer dans une nouvelle phase. C'est aussi à ce moment, que les prétendants arrivent à bout de souffle alors que les points forts de la technologie en question pointent le bout de leur nez, et c'est à partir de ce moment que l'on commence à voir ce qui distingue l'un de l'autre. C'est ce qui s'est passé pour le web. Le concept de "web 2.0" a vu le jour lors d'un brainstorming entre O'Reilly et Medialive International. C'est Dale Dougherty (membre d'O'Reilly et pionner du web) qui a noté que le web n'avait jamais eu aussi d'importance car il apparaissait de nouveaux sites et de nouvelles applications avec des innovations sans précédentes de manière très régulière. Figure 44 : Evolution du nombre de site consultable depuis 1995 A la fin de ce brainstorming on a différencié les sites et services dits "web 1.0" de ceux du "web 2.0". Par exemple, les sites personnels sont devenus les blogs et un équivalent de mp3.com est Napster. La différence ne s'est pas non plus arrêtée aux simples sites mais aussi aux grandes familles de services liées au web. Par exemple la spéculation des noms de domaines a laissé place au référencement, les systèmes de gestion de contenu au wiki (popularisé par Wikipédia), etc. Le concept de web 2.0 concerne deux aspects : l'un technique et l'autre orienté vers la communication et le partage : · Au niveau technique cela correspond aux interfaces enrichies avec notamment AJAX, Flash, etc, afin d'avoir une interface simple à utiliser et ergonomique. · Au niveau communication cela correspond aux partages et à la diffusion d'information via les portails communautaires, les blogs, RSS, etc. Avec le Web 2.0 on a une volonté de mettre l'utilisateur au coeur du processus pour qu'ils devienne acteur. Le web 2.0 utilise des technologies existantes et sûres, ce n'est donc pas une révolution en soi mais plutôt une succession d'évolutions : · Structure de l'information des données à valeur ajoutée : Désormais nous pouvons relier les informations, partager ou agréger des services et du contenu, refondre les interfaces,... Tout ceci grâce à un ensemble de technologies comme le web sémantique qui permet à la machine d'assimiler le contenu des pages. Ainsi, de part les espaces collaboratifs, il est possible de personnaliser sa pratique de l'internet et participer, à sa manière, au développement du web. · Une interactivité toujours plus grande : Avec les nouvelles interfaces des sites, les utilisateurs peuvent avoir accès à de nouvelles fonctionnalités, AJAX notamment va permettre la fluidité des pages (car lors d'une modification il ne va pas recharger la page). Il y a également l'introduction de l'audio et de la vidéo. Le drag and drop devient possible, c'est un peu comme une navigation à la Windows. En somme, le nouveau web devient de plus en plus interactif. · Interopérabilité : Avec le web 2.0 il y a l'apparition d'architectures plus flexibles. Mais également des protocoles de communication beaucoup plus ouverts (Web Services) avec REST et SOAP. L'interopérabilité est également plus poussée, de même que les interfaces utilisateurs qui sont nettement améliorées (niveau ergonomique et sémantique) et permettent une plus grande souplesse d'utilisation. · Modularité : Les applications et services que l'on peut trouver sur les différents sites peuvent être recombinés comme l'on désire avec d'autres fonctionnalités pour aboutir à de nouvelles applications ou de nouveaux services : on parle de mashups. Tout ceci est rendu possible grâce aux web services. Les mashups vont ajouter des couches beaucoup plus pratiques et fonctionnelles, ainsi l'utilisateur peut consulter différents services via un portail unique. · Montée en puissance des applications bureautique en ligne : L'avenir des applications ne sont plus sur les postes utilisateurs mais en ligne. En effet, on se dirige de plus en plus vers des applications online qui pour beaucoup existent déjà aujourd'hui : comme les outils de gestion de projet, suite bureautique, client email, etc. On peut également citer dans ce domaine les deux géants du moment que sont Google Docs de Google et Office Live de Microsoft. On peut même imaginer d'ici quelques années, la fin des applications de bureau au profit des applications accessibles de partout et sur tous les supports, pour avoir plus de mobilité. · Une mutation perpétuelle de service : Parlons un peu des versions beta. Les versions beta ne sont plus une étape vers une version figée. C'est désormais une version stable d'un service. La mettre en ligne va générer du "buzz" et, il y aura ainsi des beta testeurs, qui vont permettre de faire évoluer le service. Ceci est rendu possible grâce aux comportements des internautes sur cette version beta. C'est ainsi que le service va évoluer petit à petit pour arriver à une version robuste et dans l'attente des internautes. · Une démarche open source à travers le développement participatif : L'infrastructure du web repose beaucoup sur des méthodes de production individuelle de l'open source. Ces méthodes émanent de l'intelligence collective. On peut dire que les utilisateurs sont, dans ce nouveau web, des co-développeurs. D'après Wikipédia, nous sommes rentrés dans l'ère du WEB 2.0 en octobre 2004 après la première conférence Web 2.0. Ceci grâce à O'Reilly, Batelle et Dougherty. Ils définissent le web 2.0 de la manière suivante : "The Web as platform data as the driving force network effects created by an " architecture of participation" innovation in assembly of systems and sites composed by pulling together features from distributed independent developers (a kind of "open source" development) lightweight business models enabled by content and service syndication the end of the software adoption cycle ("the perpetual beta") software above the level of a single device, leveraging the power of " The Long Tail" Il est de plus très intéressant de noter que (toujours dans le même article Wikipedia) : "An earlier usage of the phrase Web 2.0 was as a synonym for " Semantic Web", and indeed, the two concepts complement each other. The combination of social networking [...] with the development of tag-based folksonomies and delivered through blogs and wikis creates a natural basis for a semantic environment." Par ailleurs, Scot Mc Nealy, l'ex PDG de SUN, déclare le 24 février 2006, à l'occasion des vingt-quatre ans de la société : "The biggest industry trend in the IT sector is the move from the Internet world to the participation age [...] With regard to the move away from the "Internet age" to the participation age, in which instant messaging, blogging, e-mail and podcasting are the norm, McNealy said this move was a good and positive thing and would enhance all forms of media.". Nous pouvons faire quelques commentaires de ces définitions. La première conférence Web 2.0 a fait apparaître le terme de "architecture of participation". Elle décrit particulièrement le processus de développement open source. Ce terme s'applique également à la création de contenu (licence "creative commons") et pas seulement aux programmes. Lors de cette conférence est également apparu le terme de « Data-driven». Bien que le terme semble trop technique, ce n'est pas dans le sens où l'utilisateur manipule la data mais dans le sens où il manipule un contenu. Si l'utilisateur devait manipuler la data il ne pourrait rien en faire et ne "participerait pas". Par exemple, il ne participe pas autour d'une BDD relationnelle de chiffres statistiques, mais il participe autour du contenu décrivant ces données. Concernant le terme "Semantic Web", il est un peu "surdimensionné". En effet, sémantique signifie sens et qui dit sens dit interprétation. Or, le web est incapable d'interpréter le sens du contenu, c'est bien l'utilisateur qui l'interprète. On peut donc rapprocher sémantic de structuration de données, comme les billets de blog, les flux RSS ou encore les wikis. On pourrait donc parler de Structure Web. Il y est mentionné également le terme de "participation age" comme les blogs, l'e-mail, les réseaux sociaux, etc. Le nouveau web c'est donc l'âge de la participation et les conséquences atteignent nos activités quotidiennes, nos entreprises et même nos démocraties grâce à l'esprit participatif de chacun. Figure 45 : Evolution du nombre d'article de Wikipédia en France |
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