2.1.2.6.1 Motivations
Le contexte économique qui a prévalu avant cette
réforme monétaire était invariablement le même comme
pour les réformes précédentes, à savoir : le recul
de l'activité de production, la détérioration des finances
publiques, l'aggravation de l'inflation du fait de la monétisation des
déficits publics, la précarité des réserves de
change, etc. Cependant, deux problèmes nouveaux plus alarmants
étaient apparus : un gonflement malsain des dépôts
bancaires à
38
partir des opérations de virement
désordonnées initiées par le Trésor, et
l'incapacité croissante des banques à répondre aux
demandes de retraits de fonds exprimées par la clientèle en
dépit d'une très forte circulation fiduciaire dans
l'économie.
2.1.2.6.2 Interventions
Les mesures monétaires prises en octobre 1993 ont
consisté principalement en un réajustement de la parité
externe par le biais de l'émission d'une nouvelle unité
monétaire, le « nouveau zaïre », au taux de 3 NZ = 1 USD.
La parité interne était 1 NZ = 3.000.000 Z. La suppression de ces
six zéros était conçue à la fois pour comprimer les
coûts d'impression des signes monétaires et faciliter la
comptabilisation et le dénouement des transactions. Une partie des
liquidités devait être gelée dans les comptes bancaires.
Mais aucun contrôle strict ne fut exercé sur l'expansion
monétaire. Par exemple, à la veille de la réforme
monétaire, la circulation fiduciaire hors banques totalisait 27% de la
masse monétaire, mais au 26 novembre 1993 elle représentait 70%
du stock monétaire. L'absence d'assainissement durable des finances
publiques s'est avérée, encore une fois, plus fatale pour la
réussite de la réforme monétaire.
2.1.2.6.3 Résultats
Ce sont ces irréflexions, au plan de l'exécution
de cette réforme, des carences techniques fatales qui ont retardé
la mise en circulation de toute la gamme de billets prévue. L'absence
par exemple des sous-multiples permit aux vendeurs d'arrondir les prix aux
unités supérieures. En outre, le très court délai
d'échange des billets fixé par le gouvernement, n'autorisa point
d'étendre l'opération à l'ensemble du pays, plus
particulièrement aux deux provinces Kasaï où les agents
économiques décidèrent finalement de garder l'ancienne
monnaie. Ce qui consacra l'existence de deux « espaces monétaires
» différents jusqu'à la plus récente réforme
monétaire de juin 199837.
37 KABUYA KALALA, F. et MATATA PONYO. L'espace
monétaire kasaïen. Crise de légitimité et de
souveraineté monétaire en période d'hyperinflation au
Congo (1993-1997), Paris, L'Harmattan, 1999.
39
2.1.2.7. La réforme monétaire de juin
1998
A la veille de cette dernière réforme
initiée dans un contexte de changement de régime politique, la
situation économique était caractérisée par
d'importants déséquilibres. Le PIB avait reculé de 42,9 %
entre 1990 et 1994 ; cette tendance à la baisse ne s'est que très
légèrement estompée en 1995-1996 avant de se poursuivre en
1997. Les Finances publiques s'étaient soldées par un
déficit consolidé de millions de dollars respectivement en 1996
et 1997. Ces déficits budgétaires ont été couverts
pour l'essentiel par financement monétaire. L'inflation est
demeurée très vive et a atteint le record jamais
égalé de 9.769% en 1994.
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