2.1.2.1.1. Motivations
Pour cette première réforme, les motivations qui
ont animées les autorités politiques et monétaires de
cette époque étaient suite au constat des aléas
économiques ci-après :
31 KABUYA KALALA et TSHIUNZA M. l'économie
congolaise et la réforme monétaire de juin 1998, Annuaire
19992000, p.18
33
De juin 1960 à octobre 1961, la hausse des prix aux
marchés de Kinshasa avait été de 30% pour un accroissement
de 57 % de la masse monétaire. Pour l'ensemble de la période
allant d'octobre 1961 octobre 1963, la hausse des prix fut de 160% alors que le
stock monétaire s'était accru de 80%. Toute tentative de
limitation de ces pressions inflationnistes passait nécessairement par
le rétablissement de l'équilibre des finances publiques. Mais,
dans les conditions politiques prévalent à l'époque, la
réduction des dépenses « apparut condamnée d'avance
». En effet, l'ébranlement de l'ordre colonial et la
réduction radical de la place occupée par les Européens
dans la direction du pays et dans le revenu national avaient ouvert la voie
à une course générale à la distribution du
revenu.
2.1.2.1.2 Interventions
Les tentatives effectuées par le Gouvernement pour
accroître les recettes fiscales restèrent limitées
jusqu'à l'opération de dévaluation en 1963, du fait que
l'inflation ouverte érodait le rendement même de l'impôt.
C'est pourquoi cette opération de stabilisation a visé, dans
l'immédiat, à transférer les ressources nationales de
circuits spéculatifs à l'Etat par le biais de l'impôt, et
aux secteurs productifs (exportateurs, industriels, agriculteurs) par le jeu
des mouvements de prix relatifs.
2.1.2.1.3 Résultats
Il fut opéré, à l'occasion de la
dévaluation de novembre 1963, un double taux de change : 150 francs
congolais pour 1 dollar américain à l'achat, et 180 francs
congolais pour 1 dollar américain à la vente32.
L'écart de 20% entre deux taux a constitué une taxe de même
ampleur, opérée automatiquement par la Banque Centrale sur toute
sortie de devises. Cette taxe a fourni à l'Etat 36% de ses recettes
fiscales en 1964, 34% en 1965 et 25% en 196633. Cette
dévaluation, survenue après celle mineure de novembre 1961,
n'avait réussi ni corriger la nouvelle distribution des revenus
d'après l'indépendance, ni à décourager
l'orientation consommatrice de l'économie congolaise. En outre, la
dévaluation susmentionnée de 57% avait été
accompagnée de hausses généralisées des salaires.
Très rapidement, les déficits budgétaires avaient
refait
32 La Haye et Mouton, interactions entre
phénomènes monétaires et réels,
1970, p.291
33 KABUYA K. et KIKASSA, M. (éd.),
Stabilisation économique et financière au Zaïre. De
dévaluations en cascade à la
démonétisation, Kinshasa, Cepas, 1980, p.34.
34
surface, et leur couverture avait été
assurée par d'importantes avances de la Banque Centrale au
trésor. La hausse des prix acheva de faire sauter l'édifice de la
stabilisation monétaire entrepris en 1963.
2.1.2.2. La réforme monétaire de juin
1967
La fragilité de l'édifice de la stabilisation
allait apparaître au cours de l'année 1965. Déjà le
dernier trimestre de 1964 avait laissé un déficit de 2,3
milliards de francs congolais. Ce déficit s'est alourdi au premier
trimestre 1965, à l'occasion des élections législatives
puis avec l'entrée en vigueur d'un nouveau barème des traitements
aboutissant à des augmentations des rémunérations de 30
à 90%. Les recettes ordinaires n'augmentèrent que de 4,7
milliards par rapport à 1964, grâce à l'amélioration
de l'appareil de l'impôt direct et à l'accroissement des
matières imposables. Les dépenses publiques augmentèrent,
elles, de 23,3 milliards des francs congolais. Il en résulta un
déficit de 20,9 milliards financé essentiellement par les avances
de la Banque Centrale.
|