3.3.2- Quelle durabilité pour les activités
autour des barrages ?
La réduction progressive des quantités d'eau
consécutive à l'ampleur des demandes et la dégradation des
retenues freine incontestablement les activités qui en dépendent.
Ainsi, l'abreuvement du bétail, le maraîchage et la pêche
sont victimes du préjudice causé par cet état de fait.
3.3.2.1- L'insatisfaction des demandes d'eau
Le maraîchage est l'activité la plus sensible
parce qu'elle est étroitement liée à la présence
des plans d'eau. En effet, le manque d'eau consécutif à la
réduction progressive de la capacité de stockage, est de plus en
plus crucial au fil des années. La situation est moins critique et moins
visible à Fara parce que le système d'irrigation gravitaire
assure un arrosage uniforme. On note cependant que 10% du
périmètre ne sont pas mis en valeur par mesure de prudence face
à la pénurie d'eau précoce. Le déficit en eau se
fait ressentir dès le mois de mars. A Guido en revanche, les
données de l'enquête sont très expressives. « De par
le passé, il était possible de faire trois récoltes
d'oignon par campagne, mais au fil des années ce nombre est
réduit et aujourd'hui certains ne peuvent faire qu'une seule
récolte parce que leurs puits tarissent dès fin janviers.»
affirment les maraîchers. Certains ajoutent que si rien n'est fait d'ici
cinq ans le barrage disparaîtra, ou sera pour le moins inexploitable. Ces
propos se confirment par les chiffres que donne l'enquête. 10% des
parcelles manque d'eau dès le mois de février, 29% sont dans le
cas dès mars et en avril, environ la moitié (46%) des exploitants
notamment les maraîchers manque d'eau.
De l'analyse du calendrier de maraîchage de Guido, il
ressort qu'une seule récolte est possible pour ceux qui manquent d'eau
en février, la période de végétation de l'oignon
étant quatre mois. Les parcelles abandonnées appartiennent
à ces derniers. Ceux qui tombent dans la pénurie d'eau en mars ne
peuvent faire que deux récoltes. Les trois récoltes ne sont
possibles que pour les maraîchers qui sont situés à
l'intérieure du lit majeur du barrage. Cela reste encore
aléatoire parce que dès les premières pluies, une grande
partie des parcelles est inondée.
Il ressort que la pénurie d'eau réduit le nombre
de récoltes et par ricochet les revenus des maraîchers qu'elle
touche, alors que cette activité est la première source de
revenus des villageois pour le site de Guido. Cependant, on peut tirer profit
de l'expérience dont fait montre ces derniers dans le
maraîchage.
Les pénuries d'eau dans les retenues sont aussi fatales
pour d'autres types d'exploitants que sont les briquetiers et les
pêcheurs. De fait, les pêcheurs constatent une baisse
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considérable des prises de poissons durant ces
dernières années. Ils expliquent que de par le passé ils
pouvaient amasser en moyenne deux à trois kilogrammes de poisson par
jour ce qui leur procurait un revenu moyen de mille à mille cinq cent
franc. Ainsi, cette activité permettait-elle d'améliorer un temps
soit peu la qualité des plats et les revenus financiers. Mais de nos
jours, certains peuvent passer toute la journée sans capturer un seul
poisson. Cela s'expliquerait par les raisons suivantes :
- La perte de la profondeur des retenues diminue la
quantité d'eau stagnante et crée ainsi un milieu impropre au
développement de la faune aquatique en générale et des
poissons en particulier.
- L'excès de boue accumulée au fond des retenues
constitue un refuge pour le poisson qui échappe ainsi à la prise
des filets. Cette boue entrave également la prolifération des
alevins.
En ce qui concerne les briquetiers, le manque d'eau pourrait
être fatal en ce qu'ils stopperaient leur activité et seraient au
chômage. La conséquence principale est l'augmentation du
coût des constructions.
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