III. REVUE DE LA LITTERATURE
L'analyse des relations entre la consommation
d'électricité et la croissance économique passe par un
exposé des différentes théories et travaux empiriques y
afférents. Celle-ci est d'une grande utilité dans la mesure
où elle nous permet de prendre connaissance des travaux effectués
dans le domaine afin de déceler les techniques performantes pour aborder
notre sujet.
La causalité entre la consommation
d'électricité et la croissance économique a fait l'objet
de plusieurs publications dans la littérature économique.
Dans cette section, Il va s'agir de faire un exposé
succinct et critique de ces études tant sur le plan théorique
qu'empirique.
3.1 Approches théoriques
La relation entre la croissance économique et
l'énergie électrique est très ancienne. En effet,
l'utilité de l'énergie dans le processus de développement
s'est faite ressentir depuis 1780 avec la révolution industrielle.
Durant cette période, le souci d'apporter un nouveau souffle à
une économie anglaise basée sur l'utilisation de techniques
rudimentaires a permis à certains pionniers de l'époque (James
Watt, 1763) de découvrir de nouvelles sources d'énergie et des
machines utilisant de façon abondante l'énergie. Ces
découvertes ont ainsi permis une véritable mutation de
l'activité économique.
C'est en effet à partir de la fin du
XVIIIème siècle que de nombreuses découvertes
eurent lieu, tant en chimie qu'en innovations techniques et mécaniques.
Ce processus d'industrialisation a provoqué un changement des habitudes,
de la nature, de la production et une redynamisation de l'économie
provoquant un exode rural vers les villes qui se développèrent
autour des nouveaux sites de production. L'agriculture fut ainsi
mécanisée ; les paysans passèrent ainsi d'une agriculture
manuelle traditionnelle à une révolution agricole basée
sur des machines et des
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produits chimiques. Ces innovations techniques n'auraient pas
été possible sans le fruit des nouvelles inventions qui
nécessitaient une utilisation massive de l'énergie pour fabriquer
des machines à vapeur, tout d'abord, puis électriques par la
suite.
Le rôle de l'énergie dans le processus de
croissance d'une nation a connu une évolution particulière dans
la théorie économique. En dépit de l'importance du
rôle qu'elle a joué pendant la révolution industrielle, les
auteurs classiques et néoclassiques n'intègrent pas directement
l'énergie comme facteur de production dans la détermination du
produit global. Adam SMITH, avec sa théorie de la valeur montre que la
valeur d'un bien dépend uniquement de la quantité de travail
nécessaire à sa production. La valeur d'un bien est donc
déterminée par le seul facteur travail utilisé dans le
processus de production. Tenir compte de cette conception de la valeur revient
implicitement à occulter le rôle joué par l'énergie
dans une période marquée par l'utilisation à grande
échelle de machines durant la révolution industrielle. Pour
palier à cette insuffisance, Adam Smith va donc considérer que
les plus values tirées de l'utilisation des machines se diluent sous
formes de profits et salaires. A l'instar d'Adam SMITH, les théories de
Jean Baptiste Say et de Ricardo n'intègrent pas l'énergie comme
facteur de production. Cependant, c'est avec les travaux de Stanley JEVONS en
1865 sur l'impact de la limitation de la production du charbon sur le
développement industriel en Royaume Uni que l'introduction de
l'énergie comme facteur de production va connaitre un essor.
Malgré l'avertissement de Jevons sur l'utilité de
l'énergie dans la croissance économique anglaise, les
économistes classiques ne vont pas faire de l'énergie un facteur
essentiel dans la détermination de la production nationale. Avec
l'avènement des nouvelles théories de la croissance
économique, le rôle que joue l'énergie dans la production
sera également occulté. Ces auteurs (Solow, Barro, Becker, Romer)
à l'instar de leurs prédécesseurs expliquent les
performances des nations à partir d'autres facteurs (le progrès
technique, l'innovation, les dépenses publiques, le capital humain et
l'apprentissage par la pratique) autres que l'énergie. Les
théoriciens de la croissance endogène ont retenu quatre sources
principales : l'accumulation de la connaissance, l'accumulation du capital
humain,
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l'accumulation du capital technologique et les dépenses
d'infrastructures publiques. Cette situation va perdurer jusqu'à
l'avènement de la crise pétrolière en 1973.
C'est à la suite des crises pétrolières
et de ses impacts sur les économies que l'intérêt pour
l'énergie comme facteur de production s'est fait ressentir dans les
recherches économiques.
Dans les années 1970, la nécessité de
comprendre les liens entre les évolutions des ressources naturelles, en
l'occurrence énergétique et l'économie a conduit à
la reconnaissance de l'énergie, puis des matières
premières, en tant que facteur de production. Cette prise de conscience
a permis l'apparition des fonctions de production intégrant
l'énergie et les matières premières comme facteur de
production. Il s'agit des fonctions de production KLE (capital, travail,
énergie) ou KLEM (capital, travail, énergie, matière). Ces
nouvelles fonctions de production se proposent d'étudier la croissance
économique en intégrant un nouveau facteur de production qui est
l'énergie. Cependant, la question relative aux hypothèses
concernant la substituabilité se pose dans la formulation des fonctions
de production (Percebois, 1989).
La plus part des modèles
macro-énergétiques ont longtemps utilisé des fonctions de
production de type Cobb Douglas admettant une substituabilité parfaite
entre ces facteurs de production. Elle suppose que quelque soit le niveau de
production et la proportion des facteurs, l'élasticité de
substitution est toujours égale à l'unité et la part
relative en valeur des facteurs toujours constante (Gregory, Griffin 1976).
Berndt et Wood (1979) soutiennent par contre l'existence d'une
complémentarité entre le capital et l'énergie. Cette
controverse pose le problème de «substituabilité technique
brute» et de «complémentarité économique
nette» entre l'énergie et le capital dans les processus de
production.
Par ailleurs, il faut noter que l'électricité
constitue un élément indispensable à la satisfaction des
besoins quotidiens des agents économiques. Néanmoins, il est
aussi admis que la consommation d'énergie et plus
particulièrement celle de l'électricité a un impact
positif sur la croissance. Mais également la croissance entraine
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l'augmentation de la consommation d'énergie. En plus,
à mesure qu'un pays se développe, son intensité
énergétique de son PIB diminue.
Par ailleurs, la compréhension de la dynamique de la
relation entre l'énergie et la croissance économique doit tenir
compte des autres facteurs de production.
A l'instar des théories économiques sur le
rôle de l'énergie dans la croissance économique, plusieurs
études empiriques ont été menées dans le but de
comprendre cette relation.
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