2.4 Interprétation des résultats
Les résultats de l'estimation de notre modèle
montrent que la croissance économique dépend de la consommation
d'électricité de la période courante et la période
antérieure. A court terme, l'impact de la consommation
d'électricité sur la croissance économique reste marginal
au seuil de 5%. En effet, la p-value (0,813) associée à la t-stat
indique que le coefficient de la valeur courante de la consommation
d'électricité est statistiquement nul. Il en est de même
pour la consommation d'électricité à la date t-1. Cette
situation pourrait s'expliquer par une faiblesse de l'utilisation de
l'électricité en tant que consommation intermédiaire. Pour
que le secteur de l'électricité joue un rôle important, il
faut qu'il existe un secteur industriel développé capable de
booster la
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croissance économique ce qui n'est pas le cas en
Côte d'Ivoire. En effet, sur la période 2000-2008 on constate que
le secteur industriel qui devrait être un grand consommateur
d'énergie a la plus faible contribution au PIB relativement au secteur
primaire et tertiaire ; elle représente 20% du produit intérieur
brut. Une des raisons qui pourrait également expliqué cette
faible influence de l'électricité sur la croissance
économique et l'absence de causalité de la consommation
d'électricité vers la croissance économique serait le
faible taux d'accès des populations rurales à l'énergie
électrique. Le secteur agricole pourvoyeur de l'économie est
à l'apanage de technique et de pratiques rudimentaires à
utilisation faible d'électricité. Ainsi, l'accès à
l'électricité par les paysans pourrait faciliter la mise en
oeuvre d'une agriculture mécanisée permettant ainsi une
production à grande échelle. Par ailleurs, le sens de
causalité allant du PIB vers la consommation d'électricité
stipule qu'à court terme les mesures visant à limiter
l'accès à l'électricité n'ont qu'une influence
marginale sur la croissance économique et c'est par contre les
performances engendrées par le Produit Intérieur Brut qui
permettent de faire des prévisions en terme de consommation
d'électricité.
L'analyse de la relation de longue période montre que
la consommation d'électricité a un impact significatif positif
à long terme sur la croissance économique. L'effet de long terme
de la consommation d'électricité sur la croissance
économique est significatif au seuil de risque de 5%. La valeur
négative et significative de la force de rappel nous permet de dire
qu'en cas de déséquilibre à court terme, la consommation
d'électricité semble revenir plus lentement à son sentier
d'équilibre.
Ces résultats sont confirmés par de nombreuses
études récentes (Jumbe, 2004 ; Wolde Rufael (2005)). Wolde a
montré l'existence d'une relation de long terme entre la croissance
économique et la consommation d'électricité au
Nigéria et au Gabon. Il note également que la relation
unidirectionnelle du PIB vers la consommation d'électricité
indique que les mesures visant réduire la consommation
d'électricité pourrait être mises en oeuvre sans
compromettre la croissance économique. Il précise par ailleurs
que les politiques de réduction de la consommation
d'électricité pour les
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ménages ne doivent pas être envisagées
dans la mesure où l'Afrique n'a pas encore atteint un niveau d'autonomie
d'électricité.
En somme, cette étude nous a permis de mettre en
évidence une relation de long terme et de court terme entre la
consommation d'électricité et la croissance économique
d'une part et d'autre part, un sens de causalité allant de la croissance
économique vers la consommation d'électricité
conformément aux hypothèses que nous avons formulées pour
notre recherche.
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