PLAN SOMMAIRE
Chapitre XI : Caractéristques et classification de
la Petite et Moyenne Entreprise.
Chapitre XII : La croissance économique de la
Petite et Moyenne Entreprise.
Chapitre XIII : La Petite et Moyenne Entreprise et
la fiscalité.
Chapitre XIV : Exemple d'un modèle
d'intégration et de développement économique
de la Petite et Moyenne Entreprise.
Conclusion de la troisième partie
CHAPITRE XI :
CARACTERISTIQUES ET CLASSIFICATION DE LA PETITE ET
MOYENNE ENTREPRISE
SECTION 1. LA PETITE ET MOYENNE ENTREPRISE
La notion de la Petite et Moyenne Entreprise (P.M.E.) englobe
également la Petite et Moyenne Industrie (P.M.I.), dans un contexte plus
large. Ainsi, il existe une multitude de définitions sur ce concept ;
nous allons seulement retenir les définitions qui cadrent avec notre
travail.
Selon HETMAN F., dans son ouvrage " Les
Géants Américains", il n'existe aucune définition à
valeur universelle dans le domaine de la P.M.E., tant il est vrai qu'une P.M.E.
est une notion nécessairement relative au contexte
socio-économique dans lequel elle vit"(68)(*).
En ce qui nous concerne, nous devons faire remarquer qu'il
existe autant de définitions qu'il y a des auteurs et ceux-ci se basent
sur plusieurs paramètres et critères, tels que :
- le niveau des effectifs de la main-d'oeuvre ;
- la taille de l'entreprise ;
- le chiffre d'affaires ;
- le montant ou la valeur des actifs ;
- le secteur d'activité dans lequel évolue la
P.M.E., etc.
Selon la F.E.C. (ex ANEZA), la Petite et Moyenne Entreprise
peut se catégoriser de la manière suivante :
Tableau n° 57: Catégorisation des
P.M.E.
Taille de l'Entreprise
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Nombre de personnes occupées
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Valeurs de Actifs
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Artisanale
Petite Entreprise
Moyenne Entreprise
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1 à 4
5 à 49
50 à 199
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- 50.000$
+ 50.000$
+200.000$
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Source : Bureau ANECO/ Lubumbashi.
A) Entreprise Artisanale
par entreprise artisanale , il faut entendre une unité
de production où le patron ou l'entrepreneur travaille seul et exerce
un métier qu'il maîtrise bien, à l'aide des outils
traditionnels ou des machines perfectionnées. Nous pouvons citer dans
cette catégorie, les cordonniers, les tisserands, les couturiers, les
tailleurs de malachites, la menuiserie et l'ébénisterie, etc.
Dans ce genre d'activités, seuls l'intelligence, l'esprit de
créativité et la dextérité comptent, tandis que la
valeur des actifs utilisés dans ces métiers n'y participe que
dans une moindre proportion.
En ce qui concerne l'organisation, l'artisan congolais n'a
pas de point fixe de travail, il s'installe souvent aux endroits où il y
a une forte concentration de population. Il se déplace lorsque les
recettes baissent et lorsque le fisc organise des contrôles.
Son activité se résume principalement en une
activité de survie, où la notion du gain qui constitue tout "
Homo-economicus", n'a que très peu de valeur. L'essentiel pour cet
artisan est de combattre l'oisiveté et la mendicité qui
caractérisent beaucoup de gens dans les grandes villes. La perfection et
le doigté importent très peu, pourvu qu'il puisse
"dépanner " le passant et résoudre son problème le plus
rapidement possible.
Quant à la structure des prix, c'est là son
moindre souci, d'autant plus que tous les prix sont discutables et ne sont
affichés nulle part. Les matières premières,
nécessaires à l'accomplissement de sa tâche sont pour la
plupart de temps, soit de seconde main, soit soutirées frauduleusement
dans les grandes entreprises de la place.
C'est le cas des menuisiers qui fabriquent des meubles avec
du bois soutiré des usines . Les cordonniers se procurent du cuir dans
les abattoirs publics ou dans les entreprises de fabrication des chaussures et
les fils servant à relier les différentes parties du soulier
proviennent généralement des fils qui composent un pneu
d'automobile , parcontre, le caoutchouc utilisé comme semelle provient
aussi des pneus usagés ou autres bandes transporteuses provenant de
l'industrie minière.
Cette activité dite de "débrouille" leur sert
tout simplement à se procurer un bol de farine de maïs et quelques
grains de sel, sans pour autant prévoir une quelconque épargne
pour les journées creuses. Aucun horaire de travail n'est imposé
à ce genre d'activité, qui se pratiquent au bon vouloir de
l'artisan, qui n'a d'ailleurs ni notion, ni technique de pouvoir
fidéliser la clientèle.
Du point de vue formation, ces personnes n'ont pour la plupart
de temps, aucun niveau d'instruction , elles sont soit illettrées ou
soit semi-lettrées, elles n'ont aucun sens de modernisation et
travaillent par imitation. Aucune amélioration ne peut être
envisagée et d'une manière générale, elles savent
à peine lire et écrire, et elles appliquent le principe
américain connu sous le nom de "learning by doing".
Il n'existe pas de conformité entre les pièces
que produisent ces artisans. Chaque pièce ou "output" est une oeuvre
unique et n'a pas de similitude avec la seconde oeuvre, pourtant produite par
la même personne. Le principe de définition n'est pas de rigueur
dans cette catégorie de personnes.
Du point de vue des obligations, ces personnes ne font aucune
déclaration de leurs revenus auprès des institutions
étatiques. Elles paient à la rigueur une patente au niveau de la
commune et de la ville dans laquelle ils exercent leurs activités. Elles
ne tiennent aucune comptabilité, à la limite un carnet de caisse
où sont enregistrées les recettes et les dépenses. Aucune
épargne n'est enregistrée à ce niveau.
Les artisans vivent au jour le jour et au gré des
événements. Très peu d'artisans sont installés
à des endroits fixes où l'on peut les retrouver plusieurs
années après.
Lors de nos différentes enquêtes, pour cette
catégorie de personnes, nous avons constaté que 80 % des artisans
recensés avaient soit changé de métier pour devenir
salarié dans une entreprise, soit changé d'endroits, soit tout
simplement étaient rentrées dans leurs villages natals pour un
problème de survie. Ces artisans sont des éternels nomades. Le
principe de la proportionnalité entre l'effort fourni et le prix de
vente n'est pas de rigueur, c'est la satisfaction du besoin urgent personnel
qui détermine le niveau de la transaction ou du prix.
* (68)HETMAN F.,"Les Géants
Américains", édition Seuil, Paris 1969, PP. 35-36
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