La dynamique de la petite et moyenne entreprise: moteur du développement économique du Katanga ( RDC).( Télécharger le fichier original )par Emile Christophe MOTA - NDONGO K Université de Lubumbashi RDC - Doctorat en sciences économiques 2000 |
CHAPITRE IX : LES FLUX ECONOMIQUES DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISESSECTION I. GÉNÉRALITÉS
SECTION II. ANALYSE DES FLUX
- Le deuxième effet d'entraînement ,"effet en aval" qui se manifeste par la création d'une chaîne d'activités et d'industries qui utilisent le produit de l'industrie motrice comme matière première. Par eux, peut se constituer de proche en proche une chaîne des complémentarités autour de la firme motrice. C'est dans cette perspective que l'effet en aval est encore appelé effet de polarisation (60)(*). Tous ces effets d'entraînement sont en principe de deux ordres : les effets réels et les effets monétaires. Les premiers désignent les flux des marchandises et des services résultant de l'activité du pôle tandis que les seconds dépendent de la distribution des revenus que celui-ci effectue en contrepartie des achats de ses inputs ou pour rémunérer les facteurs de production, travail et capital. En ce qui concerne l'industrie du cuivre du CONGO, l'on a constaté que durant la période allant de 1920 à 1974, il existait des relations entre l'unité motrice et les industries adjacentes. La donnée la plus significative de l'industrie cuprifère est que le facteur entraînant fondamental est la demande externe. Dans ces conditions, l'impact des impulsions créatrices tendant à provoquer des transformations structurales sera d'autant plus important que les "itinéraires de propagation auront drainé vers l'économie intérieure une partie plus importante de flux monétaire d'origine extérieure et assureront une meilleure irrigation de l'économie par ce flux" (61)(*). Cet impact est particulièrement médiocre en raison de l'incapacité de l'économie locale de satisfaire la demande intermédiaire pour les biens de capital, un des plus importants inputs complémentaires de l'industrie métallurgique. C'est dans cet ordre d'idées que nous pouvons retenir que l'Union Minière du Haut-Katanga avait investi un capital de plus de 15 millions de Francs belges (62)(*), dans ses immobilisations entre 1952 et 1961 et tous les matériaux avaient fait l'objet d'une acquisition à l'extérieur, ne produisant en fin de compte aucun impact sur l'économie locale. Autrement dit , l'effet d'entraînement en amont était quasiment nul. Il en va de même en ce qui concerne l'effet d'entraînement en aval, exception faite de la LATRECA qui a consommé, en moyenne au courant de la période sous étude, plus ou moins 2000 tonnes de cuivre. Il s'ensuit que le secteur de production le plus dynamique ne leur livre pas les produits de son activité. Cette industrie est liée à son environnement et se comporte presque exclusivement comme agent créateur d'une masse de salaires. Dès lors, le volume de main-d'oeuvre employée dans cette industrie apparaît comme le facteur décisif du processus de diffusion de la croissance. Or, les statistiques attestent que ce volume de main-d'oeuvre n'atteint guère de grandes proportions, soit : - 5 % seulement de la population en âge de travailler pour les années 1958; - 1,2 % pour les années 1970 ; - 0,9 % pour l'année 1984 ; - 0,4 % pour l'année 1994. En outre, il faut noter qu'une grande partie (+ 80%) de leurs salaires est consacrée aux besoins de ménage et est surtout orientée vers l'achat des produits importés. C'est dans cette optique que François PERROUX et G. DESTANNE de BERNIS considèrent le complexe métallurgique comme une illustration typique d'état de développement, incapable d'embrayer sur le reste de l'économie régionale (63)(*). Notre étude est de démontrer que cette industrie n'a procuré au cours de tout ce siècle finissant aucun effet d'entraînement tant en amont qu'en aval. En effet, les flux monétaires qui provenaient de l'industrie du cuivre depuis sa création jusqu'en 1974 contribuaient largement au développement de la Province dans des aspects tels que l'utilisation de plus en plus croissante de la main-d'oeuvre, dont l'intégration a entraîné à la longue un phénomène de chômage et de diminution du niveau des activités qui ne tournent que pour les besoins de l'outil de production, en limitant l'accès à ces derniers à l'exclusion des tiers. L'efficacité, la qualité et la performance ont été sacrifiées au profit du gigantisme de l'industrie du cuivre. Nous pouvons préciser d'ailleurs que seule l'industrie du ciment qui jouit d'une autonomie financière apparente, et l'industrie hydroélectrique bénéficient encore d'une appellation des industries ayant des effets en amont, tandis que les autres telles que nous les avons décrites dans les chapitres précédents ont été intégrées aussi bien en amont qu'en aval. Cette situation a ainsi qualifié l'industrie du cuivre de mono-production mettant sur les marchés extérieurs des matières premières brutes, donnant ainsi à la Province et au pays le caractère de "Réservoir de matières premières" ayant comme innovation, la transformation du minerai en métal, qui doit encore subir des transformations supplémentaires. Il faut, en outre, signaler que les autres activités que nous qualifions de connexes, telles que l'enseignement, l'agriculture, l'urbanisation, etc. se dessinent principalement en fonction de l'industrie du cuivre. Cette évolution constitue une donnée fondamentale qui doit nous prouver que la politique de pôle d'industrialisation avec des industries industrialisantes, n'a pas la même conception dans les pays en voie de développement, d'autant plus que leurs implantations se font suivant des principes d'extraversion, dont les intrants se retrouvent à l'extérieur du pays tout comme la commercialisation de leurs outputs. Dans le cas précis du KATANGA, dont la configuration géographique du chemin de fer, tracé sous la colonisation, n'avait qu'une seule motivation : extraire, transformer et évacuer les produits vers l'océan le plus proche, à destination de la métropole. Un pacte colonial, renfermant des accords particuliers, fut signé entre la colonie et sa métropole pour réglementer les échanges commerciaux à des tarifs préférentiels. Les principales caractéristiques de ce pacte colonial étaient que : - le marché colonial était réservé aux produits métropolitains; - inversement, les produits coloniaux ne pouvaient être exportés à destination de la métropole que par la marine métropolitaine ; - les denrées des colonies en contrepartie bénéficiaient dans la métropole d'un accueil privilégié. Une de premières caractéristiques de ce pacte fut l'interdiction pour les colonies de produire sur leurs sols des biens susceptibles de concurrencer l'industrie métropolitaine Cette mesure avait pour objectif de protéger, d'une part, les débouchés de cette industrie et, d'autre part, la main-d'oeuvre employée dans les industries de transformation des produits coloniaux. Pour asseoir notre théorie ,nous pouvons donner l'exemple du cuivre de la GECAMINES qui déjà raffiné à 99,98 % au CONGO, devrait encore subir une autre transformation dans les usines d'HOBOKEN et OLEN en BELGIQUE pour en extraire les dernières impuretés et occuper de la sorte la main-d'oeuvre belge. (64)(*). L'analyse du schéma ci-dessous nous démontre clairement que l'industrie du cuivre n'a pas produit les effets escomptés de par sa présence dans la Province. Nous allons de ce fait décortiquer toutes les entreprises qui ont gravité autour de cette industrie et allons en déduire les différents effets que celle-ci a pu, d'une manière ou d'une autre, générer pour contribuer au développement économique de la Province. Pour cette analyse, nous allons procéder par un découpage en deux périodes, à savoir : la période allant de l'implantation de l'industrie du cuivre vers les années 1912 à 1974, année considérée comme butoir puisque caractérisée par la zaïrianisation et la rétrocession. Cette année, la GECAMINES a été contrainte d'annexer toutes les entreprises qui gravitaient dans son voisinage. La deuxième période allant de 1975 à 1995, a été caractérisée par l'expression de la GECAMINES, produisant elle-même une partie de ses propres inputs et consommant une partie minime de ses propres outputs. Cette situation a eu pour conséquence une évolution des entités annexées calquées sur les vicissitudes de l'industrie du cuivre. La croissance économique enregistrée par ces unités annexées s'est vue amenuisée au fur et à mesure que le niveau d'activité de l'unité motrice, qu'est la GECAMINES, baisait. Les difficultés enregistrées dans le processus de production du cuivre et des produits associés se sont répercutées sur toutes les unités annexées. Ce qui a provoqué dans leurs chefs, une diminution grandissante de leur propre production. Ces unités ont été réduites en de simples départements ou services qui ne devraient produire que selon la demande de l'un ou l'autre service de la GECAMINES. Le marché a été, de ce fait, fermé aux tiers. Le schéma ci-après démontre l'impact de l'industrie minière sur son environnement de 1911 à 1974. Schéma n°2 : Flux réels de l'industrie minière de 1912 à 1974 AMONT AVAL Transports Agro-Alimentaire Transports Ciment métallurgique Cuivre Produit fini. Energie Charbon Electricité Zinc, Piles sèches Plomb Cimenteries et Produits dérivés Production minière Cadmium Métallurgie
Acide sulfurique Industrie chimique Savonnerie et cosmétique Enseignement Construction métallique Intrants Agricoles Agro-Industrie
Enseignement
Salaires
Source : Nous-mêmes sur base des données du texte
* (59) BOUDEVILLE, J.R., "Contribution à l'étude des pôles de croissance brésiliens : une industrie motrice la sidérurgie du Minas-Gerais, in cahiers de l'I.S.E.A. série F, n° 10, Paris ; Juin 1957. * (60) PAELINCK, J., "La théorie du développement régional polarisé", in cahiers de l'I.S.E.A. série L, n° 159, Paris, pp. 5-50, 1965. * (61) PUJOS J., "Croissance économique et impulsion extérieure. Etude sur l'économie mauritanienne", p.204, PUF, Paris, 1964. * (62) NYEMBO SHABANI, op. cit. * (63) DESTANNE de BERNIS, "Industries industrialisantes et coûteuses d'une politique d'intégration régionale", PUF, Paris, 1973. * (64) MOTA NDONGO K.,"La Planification du Processus d'industrialisation au Congo", Mémoire de Licence UNIKIN, P. 54, 1981 (inédit). |
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