WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La dynamique de la petite et moyenne entreprise: moteur du développement économique du Katanga ( RDC).

( Télécharger le fichier original )
par Emile Christophe MOTA - NDONGO K
Université de Lubumbashi RDC - Doctorat en sciences économiques  2000
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

CHAPITRE IX : LES FLUX ECONOMIQUES DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES

SECTION I. GÉNÉRALITÉS

Selon F. PERROUX, une industrie est plus importante quand elle ne se promeut que par ce qu'elle produit. Les effets d'entraînement sont d'autant plus significatifs que l'industrie motrice est une industrie de biens d'approvisionnements ou d'équipement qui achète ses inputs à l'économie nationale et écoule ses outputs à l'intérieur du pays (56)(*).

C'est à ces conditions que le pôle de développement suscite des transformations technologiques cumulatives, dans le sens de la diversification industrielle et surtout dans le sens du bouleversement de la structure des coûts.

La plupart des industries du Tiers-Monde ne sont pas liées entre elles par des réseaux de prix, de flux et d'anticipation. Ceci incite à retenir l'attention sur les activités économiques stimulées par les ressources d'exportation lorsqu'elles irriguent certains éléments de l'économie de marche du système national. L'impulsion que la diffusion de ces ressources apporte au développement économique amorce parfois la diversification des activités. Il en résulte qu'on risquerait d'appauvrir la réalité de certains complexes industriels du Tiers-Monde, en tant que propulseurs des déséquilibres moteurs, si on limitait les effets d'induction d'une industrie motrice aux activités qu'elle stimule en amont et en aval de sa production.

SECTION II. ANALYSE DES FLUX

L'activité et le développement de la GECAMINES a provoqué dès 1918 l'éclosion de multiples entreprises industrielles, commerciales et agricoles. C'est ainsi qu'en 1954, on dénombrait plus de 2.600 firmes au KATANGA, dont les plus importantes furent la CIMENKAT, créée en 1922, les Brasseries du KATANGA, créée en 1923, la TRABEKA (société d'entreprise des travaux en béton au KATANGA) fondée 1924, la SOGEFOR, créée en 1925, la SOGELEC, créée en 1930, etc. qui gravitaient autour de l'industrie du cuivre.

Les entreprises avaient pour mission les travaux de terrassement, la fabrication des briques, la construction d'immeubles, la voirie, le génie civil, les transports, l'alimentation, l'élevage, etc.

Selon CHENERY et WATANABE, l'industrie de la transformation des métaux non-ferreux est une industrie industrialisante. Ils ont aussi démontré qu'avec la sidérurgie, l'industrie des métaux non-ferreux est une industrie de base de plus dynamiques: ses effets industriels en amont comme en aval étant parmi les plus élevés des activités économiques (57)(*).

Par contre François PERROUX affirme que : "le fait grossier mais solide, est celui-ci : La croissance n'apparaît pas partout à la fois, elle se manifeste en des points ou pôles de croissances, avec des intensités variables pour l'ensemble de l'économie" (58)(*).

Le concept de pôle de croissance ou de développement est né de l'observation concrète des réalités historiques, à savoir l'analyse de l'impact de cette unité motrice sur son environnement et sa diffusion du progrès dans la région ou pays dans lequel elle est située.

Cette diffusion peut être regroupée en deux catégories à savoir :

- le premier, appelé "effets en amont" qui, par le fait de la présence de l'unité motrice, suscite la création et le développement, des biens d'équipement et des services. Ils ont l'avantage de stimuler la mise en valeur des ressources inemployées, ce qui répond à l'impératif du développement. C'est de cette manière que peut s'ébranler de phase en phase une onde qui va s'amplifiant. C'est la raison pour laquelle l'entraînement en amont est aussi appelé effet multiplicateur (59)(*);

- Le deuxième effet d'entraînement ,"effet en aval" qui se manifeste par la création d'une chaîne d'activités et d'industries qui utilisent le produit de l'industrie motrice comme matière première. Par eux, peut se constituer de proche en proche une chaîne des complémentarités autour de la firme motrice. C'est dans cette perspective que l'effet en aval est encore appelé effet de polarisation (60)(*).

Tous ces effets d'entraînement sont en principe de deux ordres : les effets réels et les effets monétaires. Les premiers désignent les flux des marchandises et des services résultant de l'activité du pôle tandis que les seconds dépendent de la distribution des revenus que celui-ci effectue en contrepartie des achats de ses inputs ou pour rémunérer les facteurs de production, travail et capital.

En ce qui concerne l'industrie du cuivre du CONGO, l'on a constaté que durant la période allant de 1920 à 1974, il existait des relations entre l'unité motrice et les industries adjacentes. La donnée la plus significative de l'industrie cuprifère est que le facteur entraînant fondamental est la demande externe.

Dans ces conditions, l'impact des impulsions créatrices tendant à provoquer des transformations structurales sera d'autant plus important que les "itinéraires de propagation auront drainé vers l'économie intérieure une partie plus importante de flux monétaire d'origine extérieure et assureront une meilleure irrigation de l'économie par ce flux" (61)(*).

Cet impact est particulièrement médiocre en raison de l'incapacité de l'économie locale de satisfaire la demande intermédiaire pour les biens de capital, un des plus importants inputs complémentaires de l'industrie métallurgique.

C'est dans cet ordre d'idées que nous pouvons retenir que l'Union Minière du Haut-Katanga avait investi un capital de plus de 15 millions de Francs belges (62)(*), dans ses immobilisations entre 1952 et 1961 et tous les matériaux avaient fait l'objet d'une acquisition à l'extérieur, ne produisant en fin de compte aucun impact sur l'économie locale. Autrement dit , l'effet d'entraînement en amont était quasiment nul.

Il en va de même en ce qui concerne l'effet d'entraînement en aval, exception faite de la LATRECA qui a consommé, en moyenne au courant de la période sous étude, plus ou moins 2000 tonnes de cuivre. Il s'ensuit que le secteur de production le plus dynamique ne leur livre pas les produits de son activité. Cette industrie est liée à son environnement et se comporte presque exclusivement comme agent créateur d'une masse de salaires. Dès lors, le volume de main-d'oeuvre employée dans cette industrie apparaît comme le facteur décisif du processus de diffusion de la croissance. Or, les statistiques attestent que ce volume de main-d'oeuvre n'atteint guère de grandes proportions, soit :

- 5 % seulement de la population en âge de travailler pour les années 1958;

- 1,2 % pour les années 1970 ;

- 0,9 % pour l'année 1984 ;

- 0,4 % pour l'année 1994.

En outre, il faut noter qu'une grande partie (+ 80%) de leurs salaires est consacrée aux besoins de ménage et est surtout orientée vers l'achat des produits importés.

C'est dans cette optique que François PERROUX et G. DESTANNE de BERNIS considèrent le complexe métallurgique comme une illustration typique d'état de développement, incapable d'embrayer sur le reste de l'économie régionale (63)(*).

Notre étude est de démontrer que cette industrie n'a procuré au cours de tout ce siècle finissant aucun effet d'entraînement tant en amont qu'en aval.

En effet, les flux monétaires qui provenaient de l'industrie du cuivre depuis sa création jusqu'en 1974 contribuaient largement au développement de la Province dans des aspects tels que l'utilisation de plus en plus croissante de la main-d'oeuvre, dont

l'intégration a entraîné à la longue un phénomène de chômage et de diminution du niveau des activités qui ne tournent que pour les besoins de l'outil de production, en limitant l'accès à ces derniers à l'exclusion des tiers.

L'efficacité, la qualité et la performance ont été sacrifiées au profit du gigantisme de l'industrie du cuivre. Nous pouvons préciser d'ailleurs que seule l'industrie du ciment qui jouit d'une autonomie financière apparente, et l'industrie hydroélectrique bénéficient encore d'une appellation des industries ayant des effets en amont, tandis que les autres telles que nous les avons décrites dans les chapitres précédents ont été intégrées aussi bien en amont qu'en aval.

Cette situation a ainsi qualifié l'industrie du cuivre de mono-production mettant sur les marchés extérieurs des matières premières brutes, donnant ainsi à la Province et au pays le caractère de "Réservoir de matières premières" ayant comme innovation, la transformation du minerai en métal, qui doit encore subir des transformations supplémentaires. Il faut, en outre, signaler que les autres activités que nous qualifions de connexes, telles que l'enseignement, l'agriculture, l'urbanisation, etc. se dessinent principalement en fonction de l'industrie du cuivre.

Cette évolution constitue une donnée fondamentale qui doit nous prouver que la politique de pôle d'industrialisation avec des industries industrialisantes, n'a pas la même conception dans les pays en voie de développement, d'autant plus que leurs implantations se font suivant des principes d'extraversion, dont les intrants se retrouvent à l'extérieur du pays tout comme la commercialisation de leurs outputs.

Dans le cas précis du KATANGA, dont la configuration géographique du chemin de fer, tracé sous la colonisation, n'avait qu'une seule motivation : extraire, transformer et évacuer les produits vers l'océan le plus proche, à destination de la métropole. Un pacte colonial, renfermant des accords particuliers, fut signé entre la colonie et sa métropole pour réglementer les échanges commerciaux à des tarifs préférentiels.

Les principales caractéristiques de ce pacte colonial étaient que :

- le marché colonial était réservé aux produits métropolitains;

- inversement, les produits coloniaux ne pouvaient être exportés à destination de la métropole que par la marine métropolitaine ;

- les denrées des colonies en contrepartie bénéficiaient dans la métropole d'un accueil privilégié.

Une de premières caractéristiques de ce pacte fut l'interdiction pour les colonies de produire sur leurs sols des biens susceptibles de concurrencer l'industrie métropolitaine Cette mesure avait pour objectif de protéger, d'une part, les débouchés de cette industrie et, d'autre part, la main-d'oeuvre employée dans les industries de transformation des produits coloniaux.

Pour asseoir notre théorie ,nous pouvons donner l'exemple du cuivre de la GECAMINES qui déjà raffiné à 99,98 % au CONGO, devrait encore subir une autre transformation dans les usines d'HOBOKEN et OLEN en BELGIQUE pour en extraire les dernières impuretés et occuper de la sorte la main-d'oeuvre belge. (64)(*).

L'analyse du schéma ci-dessous nous démontre clairement que l'industrie du cuivre n'a pas produit les effets escomptés de par sa présence dans la Province.

Nous allons de ce fait décortiquer toutes les entreprises qui ont gravité autour de cette industrie et allons en déduire les différents effets que celle-ci a pu, d'une manière ou d'une autre, générer pour contribuer au développement économique de la Province.

Pour cette analyse, nous allons procéder par un découpage en deux périodes, à savoir : la période allant de l'implantation de l'industrie du cuivre vers les années 1912 à 1974, année considérée comme butoir puisque caractérisée par la zaïrianisation et la rétrocession. Cette année, la GECAMINES a été contrainte d'annexer toutes les entreprises qui gravitaient dans son voisinage.

La deuxième période allant de 1975 à 1995, a été caractérisée par l'expression de la GECAMINES, produisant elle-même une partie de ses propres inputs et consommant une partie minime de ses propres outputs.

Cette situation a eu pour conséquence une évolution des entités annexées calquées sur les vicissitudes de l'industrie du cuivre. La croissance économique enregistrée par ces unités annexées s'est vue amenuisée au fur et à mesure que le niveau d'activité de l'unité motrice, qu'est la GECAMINES, baisait.

Les difficultés enregistrées dans le processus de production du cuivre et des produits associés se sont répercutées sur toutes les unités annexées. Ce qui a provoqué dans leurs chefs, une diminution grandissante de leur propre production.

Ces unités ont été réduites en de simples départements ou services qui ne devraient produire que selon la demande de l'un ou l'autre service de la GECAMINES. Le marché a été, de ce fait, fermé aux tiers. Le schéma ci-après démontre l'impact de l'industrie minière sur son environnement de 1911 à 1974.

Schéma n°2 : Flux réels de l'industrie minière de 1912 à 1974

AMONT AVAL

Transports

Agro-Alimentaire

Transports

Ciment

métallurgique

Cuivre Produit fini.

Energie

Charbon

Electricité

Zinc, Piles sèches

Plomb

Cimenteries et

Produits dérivés

Production minière

Cadmium

Métallurgie

Acide sulfurique

Industrie

chimique

Savonnerie

et

cosmétique

Enseignement

Construction

métallique

Intrants Agricoles

Agro-Industrie

Enseignement

Salaires

Source : Nous-mêmes sur base des données du texte

* (56) PERROUX, F., "Investissements multinationaux; Pôles de développement, pôles d'intégration", éd. DUNOD, Paris, 1966.

* (57) CHENERY et WATANABE, cité par HIRSCHMAN, in stratégie du développement économique,

les éditions ouvrières, pp. 125-128, Paris, 1964.

* (58) PERROUX F., "L'économie du XXème siècle", pp. 167-190, Paris, 1964.

* (59) BOUDEVILLE, J.R., "Contribution à l'étude des pôles de croissance brésiliens : une industrie motrice la sidérurgie du Minas-Gerais, in cahiers de l'I.S.E.A. série F, n° 10, Paris ; Juin 1957.

* (60) PAELINCK, J., "La théorie du développement régional polarisé", in cahiers de l'I.S.E.A. série L, n° 159, Paris, pp. 5-50, 1965.

* (61) PUJOS J., "Croissance économique et impulsion extérieure. Etude sur l'économie mauritanienne", p.204, PUF, Paris, 1964.

* (62) NYEMBO SHABANI, op. cit.

* (63) DESTANNE de BERNIS, "Industries industrialisantes et coûteuses d'une politique d'intégration régionale", PUF, Paris, 1973.

* (64) MOTA NDONGO K.,"La Planification du Processus d'industrialisation au Congo", Mémoire de Licence UNIKIN, P. 54, 1981 (inédit).

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo