SECTION 2 : LE DÉVELOPPEMENT
POLARISÉ
Par "POLE", nous entendons l'existence de toute une
chaîne d'inductions, de connexion, de flux financiers ou matériels
qui s'établissent entre les différentes unités de
production d'une même région. Or, la différence essentielle
entre une région sous-développée et une région
développée est que dans le premier cas, on est en présence
d'unités de production isolées les unes par rapport aux autres,
juxtaposées et n'ayant entre elles que les échanges
d'intensité très faible, voire même nulle.
Par conséquent, le développement
économique conduit à la mise en place de circuits
diversifiés, d'ordre monétaire ou matériel qui
s'inscrivent peu à peu sur le sol et donnent naissance à un
espace polarisé.
Le phénomène de la polarisation constitue une
donnée fondamentale de toute réflexion sur le
développement provincial, tant sur le plan économique que sur
celui de l'espace.
Le rôle de pompe "aspirante", mais
jusqu'ici non "refoulante" que joue le complexe industriel et
minier de la GECAMINES au détriment des agglomérations
Katangaises, est à cet égard révélateur.
La création, selon une rationalité
technocratique économique et financière, d'un gigantesque
complexe industriel, a eu comme conséquence des effets secondaires mal
maîtrisé et souvent négatif.
On est en présence d'une réussite assez
remarquable sur le plan industriel et d'un échec à peu
près total sur le plan du développement de l'espace.
a) La polarisation industrielle
Les problèmes de développement et de la
croissance économique sont intimement liés, cependant les
rapports entre l'industrie et son environnement sont complexes, plus
exactement, l'industrie tend à créer, sinon un autre monde, tout
au moins un monde différent.
D'abord, elle a engendré une classe nouvelle : la
classe ouvrière qui, physiquement s'est installée aux portes de
la ville "stricto-sensu" et a engendré peu à peu des faubourgs
ouvriers sordides et sans confort. Le développement industriel ne se
produit pas uniformément dans l'espace économique, il
apparaît dans les secteurs que l'on appelle généralement
"POLES DE CROISSANCES". Un pôle économique est un
complexe d'industries qui, par sa nature, produit et diffuse la croissance.
Il est composé de deux éléments :
- une firme ou industrie motrice (la locomotive) ;
- un environnement économique constitué, en
particulier de firmes "entraînées" par la firme
motrice, elles sont unies par une multitude de flux réels et
monétaires qui solidarisent l'ensemble par de multiples biens de
fournisseurs, de clients et de sous-traitants.
Le levier de la croissance est naturellement constitué
par l'entreprise ou le seul secteur. Cette unité économique
considère que les débouchés vont s'accroître et
qu'elle a intérêt à produire plus, elle va donc augmenter
des entreprises composant le pôle, à travers les liaisons
technico-économiques qui relient unités motrices et secteurs
"entraînés", au total, la croissance de la production sera
très supérieure à celle de la grande firme.
Ainsi, la firme motrice est source d'effets
asymétriques sur son environnement : elle exerce plus d'influence sur le
reste des firmes qu'elle n'en subit ; ces effets ont un caractère
d'entraînement et à travers ses anticipations positives, la firme
provoque le développement de l'ensemble. Le pôle ne fonctionne pas
comme un marché composé de multiples vendeurs et acheteurs dont
les achats et les ventes sont tels qu'ils n'ont pas d'influences perceptibles
sur les prix et les quantités échangées ; mais au
contraire un certain nombre d'unités économiques, la firme
motrice en particulier, sont susceptibles, par le potentiel qu'elles
représentent et le dynamisme qu'elles déploient, d'avoir une
action sur le volume produit et son prix de vente. Le pôle est le
siège d'effets de domination.
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