SECTION 2 : LE REDRESSEMENT DE L'ACTIVITE
ECONOMIQUE DE
1964-1967.
Caractérisée par le
colmatage des brèches de la sécession du KATANGA, la Province a
été confrontée aux conséquences de
l'avènement du nouveau régime proclamé le 24 novembre 1965
et notamment la nationalisation de la plus grande société
minière de la Province et du pays qu'est l'Union Minière du
Haut-KATANGA (l'UMHK)et la déportation de l'intelligentsia "KATANGAISE"
dans d'autres provinces, créant ainsi une psychose dans la Province du
Cuivre.
La réforme monétaire du
24 juin 1967, dont le but était de réduire le
déséquilibre de la période précédente et
d'en supprimer les causes, a eu pour conséquence un
renchérissement de la valeur des biens et services sur le marché
de consommation. Par contre , le secteur manufacturier tel que l'industrie
textile, a vu croître sa production dans l'ordre de plus de 25 % pendant
la deuxième période de 1965 à 1967.
Dans le domaine de l'activité
minière et métallurgique, il y a lieu de faire remarquer un
léger accroissement dans la production du Cuivre avec une augmentation
de 16 % par rapport à la période précédente,
c'est-à-dire 1960 à 1964. Cette situation a donné des
résultats favorables influencés par la bonne teneur des
marchés des métaux non ferreux. Celle-ci a été
remarquable pour le cuivre, par deux hausses des prix successives
appliquées durant l'année 1965 par les producteurs, suivies d'une
troisième hausse au début de l'année 1966.
La contribution des recettes de l'industrie du cuivre a
été de l'ordre de 13.094 millions de francs congolais au budget
de l'Etat pour la seule année 1966(34)(*).
SECTION 3 : EXPANSION ECONOMIQUE DE LA PROVINCE DE
1968 À 1970.
Cette période a été favorisée par
une augmentation très sensible de la production du cuivre qui est
passée de 318.976 tonnes en 1967 à 499.700 tonnes en 1974, soit
une augmentation de 50 %(35)(*). Un
des événements importants qui a caractérisé la
Province en 1968 a été le démarrage officiel du
concentrateur de KAMOTO et le maintien d'un marché très favorable
pour les métaux, qui a vu croître la tonne anglaise de 290 $ au
début de la période à 820 $ en 1970 et 1.400 en avril
1974(36)(*). La contribution de la
GECAMINES au trésor public, en recettes, était de l'ordre de 66
%.
Il est à noter, en outre, que par décision des
pouvoirs publics quelques sociétés ont été
cédées à la GECAMINES, telles que les Charbonnages de la
Luena en 1973, et en 1974 la Société Métallurgique de
KOLWEZI (MTK), la Société des Ciments Métallurgiques de
LIKASI (CML), la Société Générale Industrielle et
Chimique de LIKASI (SOGECHIM), etc.
Dans le secteur secondaire, l'activité
manufacturière a bénéficié d'un accroissement de
production suite à l'augmentation de la population urbaine. Il
découle d'une étude démographique du Père
Léon de Saint Moulin que la population du KATANGA a connu une croissance
de l'ordre de 42 % de 1958 à 1970 pour la ville de LUBUMBASHI, 44 % pour
la ville de LIKASI et 30 % pour la ville de KOLWEZI(37)(*).
H. LECLERQ a démontré que les
fonds fournis par l'industrie du cuivre au trésor public
représentaient le cinquième de l'assiette fiscale, au cours des
années normales et plus du tiers pendant les années de
prospérité.
Il a aussi démontré que la contribution de la
GECAMINES dans les recettes du trésor public s'élevait à
71 % en 1969 et 53 % en 1970(38)(*).
Notons aussi que vers la fin de la décennie 1960-1970,
une certaine stabilisation des prix s'est fait remarquer avec une tendance
à la baisse entre juin et février 1969. Pour l'ensemble de la
période l'indice général des prix n'a augmenté que
de 4 %.
La réforme monétaire a permis en 1967 un
mouvement d'expansion qui était déjà amorcé
timidement en 1963 et qui s'est élargi progressivement à tous
les secteurs de l'activité économique. Le taux de croissance de
l'économie était de 9,6 %,taux que le Fonds Monétaire
avait qualifié de décollage économique et l'expression
consacrée de ROSTOW "LE TAKE-OFF"
lui fut attribuée (39)(*).
Cet élan de l'économie fut brisé par les
mesures de zaïrianisation du
30 novembre 1973 qui donnèrent la gestion de
nombreuses entreprises aux opérateurs économiques congolais. Ces
mesures ont eu, pour conséquences, la suppression de beaucoup d'emplois,
l'accroissement du taux de chômage et la disparition de centaines
entreprises par suite d'une mauvaise gestion de la part des nouveaux
acquéreurs.
La création de nombreux offices, regroupant les
différentes entreprises du même secteur tel que l'Office National
des Céréales (ONACER), l'Office National du Sucre (ONDS),
l'Office National des Fibres Textiles (ONAFITEX), etc. , a rendu de plus en
plus difficile la gestion, compte tenu du fait de l'éloignement des
centres de décision des lieux d'exploitation. Ce fut le cas des
Minoteries de KAKONTWE, de grandes fermes d'élevage de bovins, et des
usines textiles de la province.
La Province du KATANGA a dû faire face, au
deuxième semestre 1974, à la récession économique
apparue dans les pays industrialisés à partir du mois de juillet
de la même année.
Du point de vue économique, de 1967 à 1970 on
note un taux de croissance économique très élevé,
supérieur à 9 %, grâce à un ensemble de facteurs
positifs qui ont contribué au succès de la réforme
monétaire de 1967, et notamment un marché international
favorable, une hausse des prix voisine de 10 % par an, un volume
d'investissement privé important représentant les deux tiers du
total des investissements réalisés dans le pays.
Ces facteurs ont permis un développement
équilibré au cours duquel
tous les secteurs ont accusé des accroissements
importants. L'industrie manufacturière et la construction ont connu,
respectivement, des taux de croissance exceptionnels de 16 et 37 % par an.
De 1971 à 1974, l'économie congolaise a
continué à croître de manière encore satisfaisante,
mais à un rythme plus lent, avec un taux de croissance de 4,4 % par an.
La plupart des facteurs positifs susmentionnés s'étaient
sensiblement détériorés: le volume des investissements
privés se réduisait à 15 % du total des investissements,
l'inflation interne s'accélérait enregistrant une hausse de 20 %
par an (40)(*), et les termes de
l'échange se détérioraient de plus en plus.
* (34) GECAMINES/EXPLOITATION, Rapport
Annuel 1966.
* (35) GECAMINES/EXPLOITATION, Rapport
Annuel 1966.
* (36) Idem.
* (37) NGONDO.De Saint Moulin et
TAMBASHI, "Perspectives démographiques du Congo,
1984-1999" CEPAS, PP. 71-72.
* (38) LECLERQ H.,Cité par NYEMBO
SHABANI, "L'industrie du cuivre dans le monde et le progrès
du Coperbelt africain", la Renaissance du livre,1000, Bruxelles, 1975.
* (39) Prof. BONGO-BONGO, "Fluctuations
et Croissance Economique", Notes de cours, UNIKIN,
1979-1980.
* (40) Prof. BONGO-BONGO, "Fluctuation et
Croissance Economique", Notes de cours, UNIKIN, 1979-1980.
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