CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette dissertation qui a porté sur
"La Dynamique de la Petite et Moyenne Entreprise : Moteur du
Développement Economique de la Province du KATANGA ", deux
grandes préoccupations ont motivé ce travail ; à savoir :
comment résoudre le problème du développement du Katanga,
quand nous savons que cette province a été la plus
industrialisée du pays après la ville de Kinshasa.
Basé jadis sur les grandes unités, le
développement économique du Katanga n'a pas été une
réalité mais au contraire, le développement a
été non seulement freiné, mais a subit une grave
régression, suite au vieillissement de leurs outils de production et
surtout de la mauvaise gestion.
Ainsi, tout au long de ce travail, nous avons essayé
d'analyser ce phénomène et avons basé toute notre
argumentation sur les faits suivant : les grandes unités de production
ne peuvent plus soutenir le développement économique de la
province, d'ou il faut relancer les Petites et Moyennes Entreprises qui ont
fait leur preuve avant l'indépendance et qui par leur
spécificité d'être malléable, adaptable et
compétitive sur les marchés peuvent à leur tour
développer d'autres entreprises qui dans une corrélation, une
symbiose peuvent provoquer le développement économique de la
province.
Pour mener à bien notre analyse, nous l'avons
subdivisé en trois grandes parties ; et traitant respectivement des
concepts opératoires et l'environnement de la Petite et Moyenne
Entreprise de 1911 à1995, les flux et le développement
économique de cette catégorie d'entreprise et l'étude de
d'une définition d'un modèle économique de
développement de la Petite et Moyenne Entreprise au Katanga.
Nous avons dans la première partie du travail
subdivisé l'évolution économique en onze étapes
distinctes l'une de l'autre se rapprochant timidement du cycle de
JUGLAR ( 6ans). Cette économie a été
caractérisée par des périodes de
prospérité suivie des périodes des
crises dues à des circonstances qui lui sont extérieures. Par
ailleurs depuis plus d'une décennie cette économie a subi le
coût du vieillissement de ses outils de production constitués
principalement par les grandes unités et est devenue un pôle de
vieillissement avec toutes les conséquences qui en découlent.
Or la différence essentielle qui existe entre une
région sous développée et une région
développée et que dans le premier cas, on est en présence
d'unités de production isolées les unes par rapport aux autres.
Elles peuvent être juxtaposées et n'ont, entre elles, que des
échanges d'intensité très faible, voire même nulle.
Par contre dans le second cas, une région développée
conduit à la mise en place des circuits diversifiés, d'ordre
monétaire ou matériel qui s'inscrivent peu à peu sur le
sol et donne naissance à un espace polarisé.
Dans le contexte des grandes unités, le rôle de
la pompe "aspirante" mais jusqu'ici non
"refoulante" a joué pleinement. Il y a eu
création d'un gigantesque complexe industriel, qui a eu comme
conséquence des effets secondaires mal maîtrisés et souvent
négatifs. On a assisté à une réussite assez
remarquable sur le plan industriel et à un échec à peu
près total sur le plan du développement de l'espace.
L'industrie a créé, sinon un autre monde,
tout au moins un monde différent. D'abord elle a engendré une
classe nouvelle : la classe ouvrière qui, physiquement, s'est
installée aux portes de la ville et a engendré, peu à peu,
de faubourgs ouvriers sordides et sans confort.
C'est ainsi qu'après une phase de
prospérité, le pôle industriel a été
frappé de vieillissement et connaît aujourd'hui un processus de
régression.
Ce pôle dont le vieillissement s'est fondé sur
un seul produit qu'est le cuivre, et compte tenu des progrès techniques
ce produit est devenu de plus en plus coûteux, en ce qui concerne ses
coûts de production, la baisse de production que connaît
actuellement cette industrie motrice a entraîné une baisse voire
même un arrêt des activités dans l'ensemble du pôle ;
tous les mécanismes de croissance précédemment
décrits n'y sont pas réunis et l'industrie est entrée en
crise.
Cette régression a entraîné une
régression de toutes les entreprises situées en amont et en aval.
Pour pallier cette situation, nous avons développé dans cette
dissertation l'importance, pour le CONGO, d'opter pour une nouvelle
stratégie du développement, à savoir, le
développement par de petits ensembles appelés "la Petite et
Moyenne Entreprise".
La politique de grandes entités productrices des
matières premières est actuellement largement
dépassée et ne répond plus à l'adage qui dit
"plus on est grand plus on est solide", mais par contre cet
adage doit être : "Plus on est petit ou moyen, plus on est
réaliste". Cette affirmation doit être de mise
actuellement en République Démocratique du Congo.
Dans le cadre de la nouvelle politique prônée par
les nouveaux dirigeants, qui consiste en une économie sociale du
marché, cette Petite et Moyenne Entreprise doit pouvoir se mouvoir
aisément. Le modèle économique que nous proposons doit
être l'ensemble de "gouttes d'eau "qui doivent former un
filet d'eau puis une rivière devant entraîner tout le processus
d'industrialisation et partant du développement intégral de la
province et, pourquoi pas toute la sous-région de l'Afrique
Australe.
Il ressort de toute cette dissertation deux grandes options ;
à savoir : la reconversion de grandes unités de production des
minerais en de moyennes entités plus performantes et plus agressives sur
le marché où le couple "produit -qualité" devra être
le cheval de bataille de tout entrepreneur.
Les avantages généralement reconnus aux Petites
et Moyennes Entreprises par rapport aux grandes unités sont :
- la Petite et Moyenne Entreprise emploie une forte
main-d'oeuvre et utilise des techniques de production relativement simples, ce
qui convient à l'abondance de main-d'oeuvre et à la
pénurie des capitaux dans la plupart des pays en voie de
développement ;
- elle constitue une pépinière de futurs
entrepreneurs et un laboratoire d'essai pour les nouvelles industries ;
- elle est plus susceptible d'apporter la stabilité
à la collectivité locale que les grosses unités, dont les
intérêts s'étendent par delà les frontières
provinciales et nationales ;
- elle est généralement plus apte à
élever le niveau de participation populaire dans l'économie.
L'intégration verticale doit être
réalisée pour plusieurs entités autonomes afin de
permettre, à chacune d'entre- elles, d'avoir un marché propre et
envisager dans le cadre d'une intégration sous- régionale, de
pourvoir aux besoins des autres pays voisins.
C'est ainsi que les pouvoirs publics doivent mettre en place
une politique fiscale souple et attirante, à savoir : une politique
d'exonération pendant les trois premières années de
l'existence de l'entité pour leur permettre de lancer et d'asseoir leur
produit. La diversification de la production qui a manqué dans le
développement de l'industrie du cuivre doit être de mise.
Pour ce faire, les pouvoirs publics doivent
rétrocéder toutes les entreprises connexes qui ont
été intégrées à l'industrie du cuivre. Un
exemple a été développé dans notre dissertation et
nous avons démontré, avec le cas des ateliers de PANDA : la
SOGECHIM et les LAMINOIRS et CABLERIES de LUBUMBASHI, que cela n'est pas
impossible.
La reconversion de toutes ces unités pourra mettre fin
à l'exode des capitaux vers l'extérieur. Des pièces de
rechanges, du matériel aratoire et autres machines pourront être
produits sur place les Petites et Moyennes Entreprises peuvent engendrer la
création d'autres Petites et Moyennes Entreprises dans la Province.
En ce qui concerne le phénomène
d'agglomération et surtout de l'occupation de l'espace, nous avons
démontré que depuis la colonisation aucune ville n'a vu sa taille
augmenter ni ses conditions de viabilité s'améliorer. Aussi
notons-nous que dans le secteur de communication (routes, rails, fleuves etc.)
aucune amélioration n'a été enregistrée depuis
lors. La configuration de tout cet ensemble de moyens de communication
hérités de la colonisation a été conçue pour
évacuer les produits vers l'océan le plus proche. Cette
configuration devra être revue et corrigée en fonction de la
localisation de Petites et Moyennes Entreprises.
En ce qui concerne le phénomène du
chômage, nous avons démontré dans notre dissertation que
les grandes unités de production de la province en particulier et du
pays en général n'ont pas pu absorber le chômage surtout
des cadres formés soit par eux-mêmes dans leurs écoles soit
par le réseau d'enseignement installé dans la province. La
population active dans ces entités réunies n'a pas
dépassé le cent mille, la moyenne d'âge de cette
dernière est de quarante cinq ans, d'où le taux d'embauche ou de
remplacement est très faible et avoisine le 0,5 % dans son ensemble ; au
vue des effectifs déversés chaque années sur le
marché de l'emploi par tous ces établissements.
Nous avons démontré, de ce fait, que la Petite
et Moyenne Entreprise peut pourvoir à cette défaillance.
En ce qui concerne le phénomène de la
réforme fiscale que nous avons étudiée dans la
troisième partie, elle consistera à renflouer les caisses de
l'Etat, en ce sens que les grandes entreprises actuelles, compte tenu des
difficultés intrinsèques qui les surplombent, ne contribuent plus
au budget de l'Etat.
Par contre, la Petite et Moyenne Entreprise essaiminée
à travers la province va devoir contribuer largement au budget de
l'Etat, du fait du nombre réduit et du contrôle plus facile par
l'administration du fisc, par rapport aux grandes entités qui ont une
gestion complexe et éléphantesque avec beaucoup de contraintes
d'ordre politique.
Les recettes ainsi récoltées au niveau de
Petites et Moyennes Entreprises pourront, de ce fait, permettre aux pouvoirs
publics de subvenir aux besoins sociaux de la population en assurant des soins
de santé, l'éducation, la sécurité etc.
La Petite et Moyenne Entreprise, comme nous l'avons
démontré dans notre étude, mettra fin à la
prolifération de l'économie dite "informelle" ou
"souterraine".
Enfin, ces Petites et Moyennes Entreprises auront, comme
avantage, non seulement une distribution équitable sur l'ensemble de la
province, mais aussi le soutien de la croissance des villes de taille modeste
et de grandes villes.
Nous croyons fermement que ce travail pourra être le
soubassement d'un nouvel ordre économique pour notre pays, à
l'heure de la reconstruction nationale, pays appelé à devenir
grand et puissant au niveau de l'Afrique centrale et à constituer
pourquoi pas, la base du développement de toute l'Afrique noire.
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