4- Le conseil national de
redressement (CNR)
Suite aux accusations de détournements de fonds et aux
rumeurs répétées de coups d'Etat portées à
son encontre par le régime d'Idriss Deby, Abbas Koty quitte le Tchad
pour le Cameroun. Au même moment plusieurs de ses partisans prennent la
direction du nord et de l'est du pays. Koty fonde le CNR en été
1992. Cependant, Koty se trouve très vite dans une impasse politique et
militaire. En effet, grâce à un forcing diplomatique d'Idriss
Deby, Tripoli et Khartoum n'accordent pas leur soutien à Abbas Koty
durant son exil au Cameroun. Cette situation d'isolement le conduit à
signer un accord de réconciliation à Tripoli le 13 août
1993 avec Idriss Deby.
Pourtant, le 22 octobre il trouve la mort dans des conditions
non encore élucidées. La mort d'Abbas Koty ne met pas pour autant
un terme à la lutte armée du CNR. Elle entraîne
plutôt sous une solidarité clanique à une forte
désertion des militaires issu du clan Kobé de la garde
républicaine. Les rescapés du CNR seront dirigés par une
direction collégiale comprenant Hissein KOTY, frère cadet du
défunt Abbas Koty, et Bichar Idriss AGGAR. Le CNR relance les incursions
dans le Guéra, le Biltine et le Ouaddaï. Depuis 1995 le CNR n'a
plus fait parlé de lui.
5- Le Forces Nationales de
Résistance (le FNR)
Ce mouvement est apparu en fin d'année 1994 sous la
direction du lieutenant-colonel Mahamat Garfa. Il naît suite à un
désaccord avec les autorités de N'djamena au sujet de la
réorganisation de l'armée nationale tchadienne.
Dénommé Armée Nationale Tchadienne- Dissidente (ANT-D), il
se compose en majorité d'éléments issus de l'ethnie
Tama comme Garfa. Leur zone d'activité a commencé dans
le Biltine pour s'étendre progressivement dans le Darfour soudanais. Eu
égard à son passé, Mahamat Garfa apparaît aux yeux
de plusieurs observateurs internationaux comme l'une des principales menaces
pour le régime d'Idriss Deby40(*).
6- Le Conseil de Sursaut
National pour la Paix et la Démocratie CSNPD
Ce mouvement s'est constitué à la fin du mois
de février 1992. Il est dirigé par un officier déserteur
de l'armée nationale tchadienne, le lieutenant Kétte Nodji Moise.
Il s'est officiellement fait connaître à partir de l'attaque de la
garnison de Doba du 20 avril 1992. Il regroupe plus de 500 combattants et
opère dans la région du Logone Oriental. Il compte de nombreux
sympathisants et s'est progressivement montré actif dans le Mayo-Kebbi,
la Tandjilé et les deux Logones. Après les premières
incursions de ses éléments, il dût faire face aux
importantes représailles des forces gouvernementales.
Ces représailles firent plusieurs victimes au sein de
la population civile. Moïse Kétte voit peu à peu son
mouvement s'effriter. Le gouvernement tente dans un premier temps de
négocier41(*) mais
ces négociations ne connurent pas d'issue heureuse. C'est dans ce
contexte que débuta en 1993 la conférence nationale qui facilita
la conclusion d'un accord entre le gouvernement et le CSNPD. Cet accord mit fin
aux hostilités tout en permettant au CSNPD de prendre part à la
conférence. Cependant, à l'image des précédents
groupes rebelles, celui de Moïse Ketté connaît lui aussi des
dissensions internes.
La fragilité interne de son mouvement incite Moïse
Ketté à participer aux négociations de Bangui de
février 1994 et à signer un accord de cessez le feu le 10
août 1994. Cet accord prévoit la légalisation du CSNPD, sa
transformation en parti politique et l'intégration de ses militants au
sein de l'ANT.
La signature de cet accord ne trouve pas l'adhésion de
tous les membres du CSNPD. Laokein Bardé par exemple va le contester
pour créer à son tour le FARF42(*). Cette formation s'imposera au cours de
l'année 1995-1998 comme un mouvement incontournable. Mais la disparition
du leader Laoukein mit fin à la poursuite de la lutte car ses partisans
ont choisi de regagner la légalité.
* 40 Lire, Monde
rebelles op. cit. p.504
* 41 Les accords de en
septembre, et de Moundou en novembre 1992.
* 42 Forces armées
de la République Fédérale. Elle a pour zone d'action la
région de Doba et Moundou. Elle doit ses exploits à son chef
Bardé réputé pugnace. Elle connaîtra aussi, comme
toutes les autres formations politico militaires, une petite vie et
disparaît après la mort de son leader.
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