4. Revue des travaux méthodologiques
pertinents
Savadogo (1990) a analysé la consommation urbaine au
Liberia. Dans son étude il a incorporé 15 groupes de produits,
dont les céréales (riz, blé, maïs). Le Système
Complet de Demande est retenu pour l'étude ; le modèle
économétrique obtenu a été estimé par la
méthode des moindres carrés pondérés à
partir de données d'enquête de ménage de sept (7) villes du
Liberia. Dans le modèle économétrique, l'auteur a
intégré des variables socio-démographiques (taille et
composition du ménage par sexe et par âge, occupation,
urbanisation, éducation et état matrimonial du chef de
ménage), comme des variables indépendantes. Dans cette
étude le riz est désagrégé en riz produit
localement et en riz importé. L'auteur a estimé qu'une telle
désagrégation suppose que le riz est un bien qui engendre des
comportements préférentiels différents. Les valeurs de
R2 ont été faibles pour les produits
alimentaires étudiés. Selon l'auteur cette faiblesse de
R2 se justifie par le fait que c'est un fait typique pour des
estimations utilisant des données en coupe que d'avoir des R2
faible car, citant Timmer et al (1983), il affirme que des variables
structurelles causant des modifications dans le comportement du consommateur ne
sont pas prises en compte. Au terme de l'étude, l'auteur conclut qu'il y
a une différentiation entre le riz local et le riz importé en
matière de préférence des consommateurs. Selon l'auteur
les classes de revenu déterminent pour une part importante la demande
des deux types de riz. Ainsi, à l'échelle inférieure des
revenus, une augmentation exogène du revenu s'accompagne d'une
augmentation des achats des deux types de riz. Cependant, quand le revenu
s'accroît la demande du riz (local et importé) diminue
rapidement.
Savadogo et Brandt (1988) ont analysé la demande
alimentaire au Burkina Faso. Les données utilisées dans l'analyse
proviennent d'une enquête de ménage de septembre 1982 à
août 1983. Le système de demande AIDS est utilisé pour
l'estimation avec incorporation des variables socio-économiques comme
variables indépendantes. Le modèle économétrique
obtenu est estimé par la méthode des moindres carrée
ordinaire. L'estimation a concerné six groupes de biens dont les
céréales produites localement et celles importées
(blé, riz). Les résultats de l'estimation ont montré que
l'effet prix croisé entre les céréales produites
localement et celle importée est négatif (mais non significatif
à 5 %) ; ce qui implique plus une
complémentarité qu'une substitution entre les deux biens. Le
modèle a indiqué que les prix, le revenu et les variables
démographiques affectent le comportement des consommateurs. Les
résultats du test F ont montré que l'hypothèse nulle pour
l'absence de l'effet prix est rejetée à 5 % pour tous les
biens. L'analyse de l'élasticité-revenu a montré que la
demande des céréales locale diminue avec l'augmentation du revenu
alors que celle de céréales importées augmente avec le
revenu.
Ravelosoa, et al (1999) ont estimé des
élasticités de demande à Madagascar à partir du
modèle AIDS. Ils ont utilisé des données en coupe
transversale. L'enquête couvrait un échantillon de 4508
ménages stratifié de façon à fournir une
représentativité nationale, avec distinction entre les zones
urbaines et rurales. Le modèle est estimé par la méthode
de triple moindre carré ordinaire avec ajustement d'Heckman.
D'après les résultats de l'estimation, le riz est un aliment de
base au Madagascar avec une élasticité-revenu inférieure
à 1, ce qui signifie que le riz est un bien normal à Madagascar.
Par ailleurs, l'analyse de l'élasticité-revenu a montré
qu'à travers les types de ménages le comportement varie
nettement. À Madagascar, plus on est riche moins on augmente la
consommation du riz à partir des revenus marginaux. Auprès des
ménages les plus pauvres, une hausse de revenu de 1 % augmentera
leurs consommations en riz de 0,8 % ; auprès des
ménages urbains moyens, seulement 0,2 % et parmi les très
riches c'est zéro. C'est-à-dire que les riches mangent autre
chose que le riz lorsque leur revenu monte. L'élasticité prix
propre du riz se situe entre -0,5 et -0,7 sauf dans le sud du pays où il
atteint le niveau de -1,5. Cela signifie qu'à part le sud du pays, une
hausse de 1 % du prix du riz se transmet par une baisse de -0,5 %
à -0,7 % de la consommation en riz selon le groupe de
ménage. Les fluctuations du prix du riz qui a une part budgétaire
de 26 % induisent non seulement les effets de substitution, mais aussi de
très forts effets sur le revenu réel des ménages. Ses
élasticités prix croisées s'évaluent à 0,4
en valeurs absolues. Cet impact s'observe surtout avec les aliments de base
pour lesquels les élasticités prix croisées
prévoient qu'un changement de 1 % du prix de riz changera la
consommation de ces aliments de base entre 0,3 % et 1,7 %. Le prix du
riz influe notamment sur le niveau de consommation du maïs, des cultures
industrielles, du manioc, des autres tubercules, des légumineuses et des
légumes. Dans le cas du maïs une hausse de 100 % du prix du
riz va faire décroître de 77 % sa consommation, mais fera
augmenter de 164 % celle du mais et autres céréales.
Robilliard (1999) a estimé l'offre de riz des
ménages agricoles malgaches à partir des données
d'enquêtes transversales. La fonction de production de Cobb-Douglas sous
l'hypothèse de fixité des facteurs qui a servi à la
modélisation a été estimée par la méthode
des moindres carrée ordinaire. Les résultats ont montré
que l'élasticité prix de court terme variant entre 0,1 et 0,17
selon les méthodes d'estimation. Pour l'auteur, l'interprétation
du coefficient du prix du riz dans l'estimation d'une fonction d'offre avec des
données en coupe transversale pose un problème du fait de
l'origine de sa variabilité. Une grande partie de la variabilité
correspond en effet à des fluctuations saisonnières : les
prix du riz à Madagascar sont typiquement peu élevés au
moment de la récolte, tandis qu'ils augmentent fortement au moment de la
soudure. Ainsi, les ménages ayant la capacité financière
et physique de stocker du riz au-delà de la récolte peuvent donc
obtenir des prix plus élevés. Ces ménages étant
généralement les plus gros producteurs, le lien entre
capacité de stockage et prix obtenu pourrait conduire à
surestimer l'élasticité prix de l'offre.
Bio Sabi T. C. a analysé les déterminants de
l'offre du coton au Bénin. L'auteur contrairement à ses
prédécesseurs a utilisé le modèle de Nerlove sans
ajustement partiel pour estimer l'offre du coton avec incorporation de
variables muettes (dévaluation, retard dans le paiement aux
producteurs). Le modèle économétrique obtenu a
été estimé par la méthode des moindres
carrés ordinaires à partir de données chronologiques sur
une période de treize (13) ans allant de 1990 à 2002. Dans le
modèle économétrique l'auteur a intégré les
variables prix du coton, prix des engrais, prix des insecticides, prix du
maïs, pluviométrie, dévaluation, retard dans le paiement aux
producteurs, prix du manioc, prix de l'arachide comme variables
indépendantes et la superficie cultivée comme variable
dépendante représentant l'offre du coton. Les résultats de
l'estimation ont montré qu'après élimination de la
variable la moins significative (prix du coton), le coefficient de
détermination ajusté R2 est passé de 0,94
à 0,96. Le modèle indique que les variables indépendantes
affectent l'offre du coton au Benin. Les résultats du test F ont
montré que le modèle est globalement de bonne qualité. Les
tests t de Student indiquent des seuils de signification de moins de 5% pour
presque tous les coefficients des variables considérées. A 10%
toutes les variables sont significatives. Enfin le test de Durbin Watson
indique qu'il n'y a pas autocorrelation des erreurs. En effet les valeurs de la
table donne d1=0,147 et d2=3,26 pour n=13 et k=8, 4-d2=0,734. DW donnant une
valeur de 2,070 est comprise entre 0,734 et 3,266. Au terme de l'étude
l'auteur a conclut que le signe positif du coefficient de l'igname indique que
ce produit est complémentaire ou n'est pas concurrent au coton. Par
contre le maïs et l'arachide sont des produits concurrents au coton. Pour
ce qui est de la dévaluation et de la pluviométrie, le signe
positif indique que ces deux (02) variables ont un effet positif sur l'offre du
coton, ce qui n'est pas le cas pour la variable « paiement aux
producteurs ».Concernant le prix des insecticides, le signe positif
de son coefficient est contraire à la théorie.
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