![](Analyse-de-l-offre-et-de-la-demande-du-jus-de-bissap-au-Beninetude-du-cas-de-la-ville-de-Cotonou1.png)
![](Analyse-de-l-offre-et-de-la-demande-du-jus-de-bissap-au-Beninetude-du-cas-de-la-ville-de-Cotonou2.png)
UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE (MESRS)
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION
(FASEG)
![](Analyse-de-l-offre-et-de-la-demande-du-jus-de-bissap-au-Beninetude-du-cas-de-la-ville-de-Cotonou3.png)
Option : ECONOMIE
![](Analyse-de-l-offre-et-de-la-demande-du-jus-de-bissap-au-Beninetude-du-cas-de-la-ville-de-Cotonou4.png)
Thème :
ANALYSE DE L'OFFRE ET DE LA DEMANDE DU JUS DE BISSAP
ROUGE AU BENIN :
ETUDE DU CAS DE LA VILLE DE COTONOU
Présenté et soutenu
par :
HODA Kouakou Steve
Sous la direction de :
Dr Yves B. QUENUM
Professeur Assistant à la FASEG/UAC
Année académique: 2008 - 2009
Mars 2010
« La Faculté n'entend donner aucune
approbation ni improbation aux opinions émises dans les mémoires.
Ces opinions doivent être considérées comme propres
à leur auteur.»
Je certifie que cette étude a été faite sous
ma supervision par HODA Kouakou Steve au département d'Economie de la
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG) de
l'université d'Abomey-Calavi (UAC).
Abomey-Calavi, le
29/03/2010
Dr Yves
B. QUENUM
A
F Mon père HODA Joachim
F Ma mère GNIMASSOUN Martine
F Et à tous les parents et amis qui ne cessent de me
soutenir,
Ce travail vous est dédié.
Steve KOUAKOU HODA
Nous ne saurions assez remercier :
Ø Dr Yves B. QUENUM, notre maître de
mémoire pour avoir accepté superviser ce travail malgré
ses multiples occupations. Votre méthode de travail fut un
précieux exemple pour nous.
Ø Monsieur Aurélien AHOUANSOU promoteur de cette
étude, pour son assistance technique et ses conseils.
Ø Nos formateurs, Enseignants de la Faculté des
Sciences Economiques et de Gestion de l'UAC spécialement Dr Victorin
HOUNDEKON et Dr Félix BIAOU.
Ø Monsieur et madame KOTCHOFFA, Monsieur Alain Farrel
ATCHADE
Ø Monsieur Amadou AKOTCHAYE et ma tante Mathilde
KOTCHOFFA pour leur soutien matériel et financier.
Ø Tous mes amis en l'occurrence Gastonie, Nestor,
Hélène, Albertine, Sabine, Antou, Darius, Etienne, Alex,
Sébastien, Galan, Viky, Emile, Star, Estelle, Dixiole, Judith pour tous
les efforts consentis.
Ø Tous mes amis de promotion, spécialement
Gilbert ADJIMOTI et Brice AYATO pour tout le chemin parcouru ensemble, pour
leur soutien et compréhension.
Ø Vous tous qui dans la discrétion avez
été d'un appui inestimable, recevez ce modeste travail comme
l'expression de ma reconnaissance.
Steve KOUAKOU HODA
GLOSSAIRE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
|
AIDS : Almost Ideal Demand System
DW : Durbin Watson (Statistique de)
FAO : Food and Agriculture Organisation
FASEG : Faculté des Sciences Economiques et de
Gestion
FCFA : Franc de la Communauté Financière
d'Afrique
HL : Hosmer-Lemeshow (statistique
de)
INSAE : Institut Nationale de la Statistique et de
l'Analyse Economique
LR : Likelihood Ratio
MAEP : Mécanisme Africain d'Evaluation par les
Pairs
MAEP : Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et
de la Pêche
MCO : Moindre Carré Ordinaire
ONG : Organisation Non
Gouvernementale
PIB : Produit Intérieur Brut
Pm : Produit marginal
PM : Produit Moyen
PNB : Produit National Brut
SCRP : Stratégie de Croissance pour la
Réduction de la Pauvreté
UEMOA : Union Economique Monétaire Ouest
Africaine
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
|
TABLEAUX
Pages
Tableau n°1 : Taux d'exportation moyen annuel
sur la période 1998-2004.................06
Tableau n°2 : Les différents types
d'élasticité-prix.............................................20
Tableau n°3 : Codification des variables du
modèle de demande.............................33
Tableau n° 4: Codification des variables du
modèle d'offre...................................38
Tableau n°5 : Résultat de l'estimation du
modèle logit.........................................42
Tableau n°6 : Résultat de l'estimation du
modèle d'offre......................................44
Tableau n°7 : Résultat du test de
White...........................................................45
FIGURES
Figure n°1 : Flux des opérations de
fabrication des confitures, marmelades et
gelées de
bissap......................................................................25
Figure n°2: Constitution de l'échantillon des
demandeurs de jus de bissap...............27
Figure n°3: Constitution de l'échantillon des
offreurs de jus de bissap....................28
INTRODUCTION....................................................................................
...1
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE DE
L'ETUDE................. .........................3
Section I : PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET
HYPOTHESE DE L'ETUDE........4
PARAGRAPHE I : PROBLEMATIQUE DE
L'ETUDE............................................4
PARAGRAPHE II : OBJECTIFS ET HYPOTHESES DE
RECHERCHE........................7
SECTION II : REVUE DE
LITTERATURE.................................................7
PARAGRAPHE I : LITTERATURES SUR L'OFFRE ET LA
DEMANDE D'UN
BIEN........................................................8
PARAGRAPHE II : CLARIFICATION DES
CONCEPTS........................................16
CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE
RECHERCHE..................................... 26
SECTION I : COLLECTE DES
DONNEES................................................27
PARAGRAPHE I : ZONAGE ET PROCEDURE
D'ECHANTILLONNAGE.................27
PARAGRAPHE II : DONNEES ET TECHNIQUES DE
COLLECTE..........................28
SECTION II : METHODE
D'ANALYSE...................................................31
PARAGRAPHE I : TEST DE LA PREMIERE
HYPOTHESE....................................31
PARAGRAPHE II : TEST DE LA DEUXIEME
HYPOTHESE..................................36
CHAPITRE III : PRESENTATION, ANALYSE DES
RESULTATS
ET
SUGGESTION...............................................................41
SECTION I : PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS
..................42
PARAGRAPHE I : PRESENTATION DES RESULTATS
.......................................42
PARAGRAPHE II : ANALYSE DES RESULTATS ET LIMITES
DE L'ETUDE............45
SECTION II :
SUGGESTIONS...............................................................49
PARAGRAPHE I : A L'ENDROIT DES PROMOTEURS ET DES
FEMMES ................49
PARAGRAPHE II : A L'ENDROIT DE L'ETAT
..................................................49
CONCLUSION..........................................................................................................
..........51
BIBLIOGRAPHIE......................................................................................53
ANNEXES
RESUME
Devenu une denrée stratégique très
prisée sur le continent Africain, le bissap est un aliment de grande
consommation qui est cultivé en association avec d'autres cultures
vivrières. Bien que ne figurant pas parmi les principales cultures
vivrières, l'oseille occupe diverses niches spatiales, temporelles,
écologiques, alimentaires, médicales, économiques et
culturelles dans les systèmes agricoles et les régimes
alimentaires dans la région ouest Africaine.
La mise en oeuvre d'une politique adéquate de promotion
et de valorisation de cette culture au Benin s'avère indispensable
ainsi que le développement des procédés de transformation
du bissap (jus, sirop, confitures). Il est donc nécessaire de connaitre
les facteurs qui influencent d'une part la demande du jus de bissap et d'autre
part les facteurs qui expliquent l'offre afin d'agir sur ceux-ci.
Le thème de cette étude est `' Analyse de
l'offre et de la demande du jus de bissap rouge au Benin : Etude du cas de
la ville de Cotonou''et s'inscrit dans le cadre des travaux de fin du second
cycle en Sciences Economiques et de Gestion.
Afin d'atteindre les objectifs fixés, les
déterminants de l'offre et de la demande sont analysés à
l'aide de modèles économétriques : la demande du jus
de bissap est analysée à l'aide d'un modèle logit binaire
et l'offre est analysée à partir d'un modèle de type
log-log inspiré du modèle de Nerlove.
L'estimation du modèle logit a montré que le
goût, la qualité et les conditions climatiques sont les facteurs
influençant la demande du jus de bissap à Cotonou.
Dans le cas de l'offre, il apparait que la quantité de
bissap fleur et la quantité de main d'oeuvre ont une influence
significative sur l'offre du jus de bissap à Cotonou.
![](Analyse-de-l-offre-et-de-la-demande-du-jus-de-bissap-au-Beninetude-du-cas-de-la-ville-de-Cotonou5.png)
INTRODUCTION
L'agriculture béninoise est largement dominée
par la culture du coton qui reste la principale culture d'exportation, la
filière la plus organisée et qui procure des revenus certains aux
producteurs (MAEP 2007).
Avec les crises successives que connaît la
filière coton (déprime du marché international qui se
répercute directement sur les revenus des producteurs induisant le
découragement de ces derniers), des initiatives sont prises pour une
diversification de l'agriculture au Bénin.
La promotion de nouvelles filières agricoles devient
une exigence à la fois pour les pouvoirs publics mais aussi pour les
producteurs eux même pour diversifier leur source de revenu. La
diversification concerne tant la filière végétale,
animale, halieutique et porte sur le développement des cultures aussi
bien vivrières qu'agro-industrielles dans la perspective de promouvoir
de nouvelles filières en plus du coton et de transformer sur place nos
produits agricoles. Mais une diversification des productions
végétales suppose d'une part une connaissance des cultures
potentielles susceptibles de motiver les producteurs à s'adonner
à d'autres cultures que le coton et qui répondent aux besoins
réels des consommateurs, et d'autre part à inscrire comme
défi majeur l'amélioration des techniques culturales. Cette
étude intitulée « Analyse de l'offre et de la
demande du jus de bissap rouge au Bénin : Etude du cas de la ville
de Cotonou » s'inscrit dans ce contexte. Le présent document
s'articule autour de trois chapitres.
Le premier pose le problème, montre la pertinence du
sujet à développer et présente différentes
recherches sur les études d'offre et de demande. Quant au second
chapitre, il explique la méthodologie adoptée pour la conduite de
l'étude et enfin le troisième chapitre présente les
résultats de l'étude et leur interprétation ainsi que les
suggestions pour une valorisation du bissap au Bénin.
![](Analyse-de-l-offre-et-de-la-demande-du-jus-de-bissap-au-Beninetude-du-cas-de-la-ville-de-Cotonou6.png)
SECTION I : PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET
HYPOTHESES DE L'ETUDE
PARAGRAPHE I : Problématique de
l'étude
1- Problématique
1.1. Justification et motivation
A partir de 1985, le retournement des cours de principales
matières premières exportées par les pays membres de la
zone franc africaine ainsi que la dépréciation du dollar ont mis
un terme à une longue période de prospérité.
Le contexte actuel est marqué par la crise
financière internationale et ses répercussions sur le reste de
l'économie et l'aide publique au développement et au plan sous
régional par une production de céréales (estimation 56
millions de tonnes pour le sahel et l'Afrique de l'ouest dont 18,5 millions de
tonnes pour le sahel). Malgré cette production, la situation alimentaire
est caractérisée par un fléchissement des prix de
céréales et la poursuite à la hausse de prix des produits
alimentaires importés.
Avec la hausse généralisée des prix des
produits alimentaires, l'unanimité s'est faite sur la
nécessité d'investir dans l'agriculture et d'améliorer la
production et la productivité agricole ainsi que le développement
des produits locaux pour booster le secteur et les filières agricoles et
assurer la sécurité alimentaire.
L'économie béninoise est fortement tributaire
de la production cotonnière. La culture du coton est restée
jusque là la filière d'exportation la plus importante. Plus de
95% du coton fibre produit au Bénin est exporté sur le
marché international. Elle assure aujourd'hui près de 40% des
recettes d'exportation, 90% des recettes agricoles, procurent des revenus
monétaires à plus de 120000 exploitants agricoles et constitue le
produit qui contribue le plus aux exportations du pays (SCRP, 2007).
Mais en raison de la diminution de l'importance relative des
produits primaires dans le commerce mondial, le Bénin doit renforcer la
diversification de son économie en développant des produits
à forte valeur ajoutée afin de profiter des opportunités
qu'offre la croissance du commerce mondial des produits transformés. Par
conséquent, le gouvernement doit mettre l'accent sur la transformation
des produits agricoles et cibler les niches de marchés pour lesquelles
le pays dispose d'avantages comparatifs. Plusieurs études menées
au Bénin dont celles de Abiassi et C.Kpadé (2007) ont
montré qu'il existe plusieurs niches tels que l'ananas, le maïs, le
niébé, le soja, le manioc, le sorgho) ne
bénéficiant pas d' une attention particulière comme le
coton, pourraient renforcer la gamme des produits d'exportation au
Bénin. Au nombre de ces produits nous estimons que le bissap qui est
produit à une petite échelle dans le septentrion pourrait faire
partir des niches que le Bénin pourrait exploiter.
En effet communément appelé bissap (appellation
wolof) à Cotonou, l'oseille de guinée ou roselle (hibiscus
sabdariffa) est un arbuste qui fait partie de la famille des malvacées
au même type que le coton et le gombo. Il existe deux types botaniques
caractérisés par la couleur de leurs fibres : une
variété verte ou blanche cultivée pour ses feuilles
utilisées comme épinard acide dans les cuisines africaines et une
variété rouge (colorant anthocyane) utilisé pour produire
du jus. Cette variété est celle connu des béninois et sur
quoi portera notre étude. Consommé sur toute l'étendue du
territoire béninois, dans la plupart des pays africains, le bissap est
utilisé comme colorant naturel dans les industries agroalimentaires et
pharmaceutiques aux États-Unis et en Europe. Avec la crise du secteur
cotonnier, le bissap peut devenir pour le Bénin l'une de ses cultures
qui peut offrir de réelles opportunités de
développement.
Dans le contexte actuel de crise financière et surtout
du fait que le bissap est devenu une denrée stratégique parce que
son jus vendu à un prix faible et regorgeant des vertus
thérapeutiques, est utilisé pour substituer aux boissons
sucrées telles que Coca Cola avec les mêmes satisfactions et les
mêmes quantités ; des actions doivent être
menées pour permettre une promotion de la culture du bissap au
Bénin. Il importe alors de définir une politique qui
réponde à un développement effectif de la filière
du bissap tout en tenant compte des besoins réels des consommateurs et
des producteurs. La définition d'une telle politique doit passer par
l'identification des facteurs qui expliquent d'une part l'offre du bissap
transformé et d'autre part la demande du bissap transformé. La
présente étude intitulée: « Analyse de l'offre
et de la demande du jus de bissap rouge au Bénin: Étude du cas
de la ville de Cotonou » s'inscrit dans ce contexte et veut aider
à la promotion du bissap dont le jus est qualifié de
« Coca-Cola Africain ».
1.2. Formulation du problème
Le bissap est une denrée dont le jus est aujourd'hui
commercialisé dans presque tous les coins de rue de la ville de Cotonou
et s'impose comme une boisson qui rivalise avec les grandes marques telles que
Coca Cola. Il se pose alors la question de savoir Pourquoi le jus de bissap
est-il préféré aux autres jus à Cotonou? Quelles
sont les facteurs influençant l'offre et la demande du jus de bissap
à Cotonou? Le bissap serait-il profitable pour l'économie
Béninoise ?
1.3. Intérêt de l'étude
L'économie béninoise est essentiellement
basée sur la culture du coton et le fait que les recettes d'exportations
reposent sur un produit rend l'économie vulnérable aux chocs
externes. Par ailleurs, les données indiquent que le Bénin
figure parmi les pays de l'UEMOA ayant les moins bonnes performances en
matière d'exportation (Tableau 1).
En effet, sur la période 1998-2004, le taux moyen
d'exportation (ratio des exportations en valeur sur le PIB nominal) du
Bénin était 15.3% contre 30.8% pour l'ensemble des pays de
l'UEMOA. Ce taux représente moins de la moitié des taux
enregistrés dans les autres pays à l'exception du Burkina et du
Niger, deux pays enclavés.
Tableau 1: Taux d'exportation moyen annuel sur
la période 1998 - 2004
Année : 1998
2002 2004
Moyenne
|
Bénin 17,1
14,3 15,1
15,3
Burkina Faso 12,9
8,5 8,6
9,6
Côte d'ivoire 39,4
49,6 48,1
43,6
Guinée Bissau 14,4
29,9 34,9
28,1
Mali 24,8
31,9 28,0
28,3
Niger 17,8
15,2 15,9
16,5
Sénégal 30,3
30,6 27,8
29,8
Togo 29,7
33,8 33,5
31,7
UEMOA 30,0
33,3 31,3
30,8
|
Source : WDI 2006
|
Le souci d'accroître les exportations et de
réduire progressivement la vulnérabilité de
l'économie aux chocs externes a conduit le gouvernement à faire
un choix en faveur de la diversification de l'économie. Cette
diversification se fera dans deux directions : (i) la diversification agricole
; et (ii) le développement de grappes de projets à effet
d'entraînement. Tirant leçon de la contre performance du secteur
cotonnier de ces dernières années, le gouvernement
béninois entend amorcer une transition pour rendre l'économie
moins dépendante d'une seule filière, notamment en adoptant une
politique de diversification des filières agricoles.
C'est en cela que cette étude est intéressante
en ce sens qu'elle permettra de valoriser la culture du bissap au Bénin
et pourrait fournir aux décideurs de l'économie béninoise
des informations utiles et nécessaires dans la conduite de leur
politique de diversification des filières agricoles pouvant insuffler
une nouvelle dynamique au secteur agricole et partant, de l'économie
nationale.
PARAGRAPHE II : Objectifs et Hypothèses de
recherche.
1. Objectifs de l'étude
Objectif
général
Il consiste à analyser les facteurs qui influencent la
demande et l'offre du jus de bissap à Cotonou
Objectifs
spécifiques
Spécifiquement, cette étude vise
à :
Ø Identifier les déterminants de la demande du
jus de bissap
Ø Identifier les déterminants de l'offre du
jus de bissap
2. Hypothèses de l'étude
Hypothèses
Ø Les conditions climatiques, les vertus
thérapeutiques du jus de bissap, la qualité et le goût sont
les facteurs déterminants de la demande du jus de bissap à
Cotonou.
Ø La quantité du bissap fleur utilisée,
la quantité de main d'oeuvre et le temps consacré à la
production du jus de bissap sont les facteurs qui expliquent l'offre du jus de
bissap à Cotonou.
SECTION II : REVUE DE LA LITTERATURE
PARAGRAPHE I : Littératures sur l'offre et
la demande d'un bien
1. Déterminants de la demande des produits
alimentaires
Selon la théorie économique le prix, le revenu
et les préférences des consommateurs, sont les principaux
facteurs qui déterminent la demande d'un bien. Mais en
réalité, les facteurs démographiques conditionnent
également pour une grande part la demande de consommation au niveau du
ménage. C'est pourquoi de nombreuses études portant sur la
demande des biens alimentaires incorporent dans le modèle final les
facteurs socio-démographiques (Savadogo et al, 1988 ;
Savadogo, 1990, Koffi-Tessio, 2002, Chern et al, 2002).
Les variables démographiques souvent prises en compte
sont : éducation, composition du ménage par âge et par
sexe, état matrimonial, occupation.
Savadogo (1990) a montré que la composition par
âge et par sexe a un effet significatif sur la demande du riz en Sierra
Léone. Selon son étude, la présence de femmes
âgées de 35 à 64 ans dans les ménages
libériens a un rôle positif sur la consommation du riz local,
tandis que celle de femmes plus jeunes (13-34 ans) et d'enfants d'âge
moyen influe positivement sur la consommation du riz importé.
Savadogo et al (1988), montre également que le revenu,
l'éducation, la taille et la composition des ménages sont les
facteurs qui déterminent, la consommation des biens alimentaires et non
alimentaires des ménages au Burkina Faso.
Lançon et al (2002) dans leur étude sur la
qualité et compétitivité des riz locaux et importés
sur les marchés urbains ouest africains ont montré que la classe
de revenus n'est plus un déterminant de la consommation du riz. Selon
ces auteurs, le riz est devenu un bien ordinaire largement consommé par
presque toutes les couches de la population ouest africaine. Ils pensent que
cette rigidité croissante des comportements des consommateurs urbains
ouest africains par rapport à leur consommation de riz limite la
portée des politiques d'ajustement de l'offre à la demande
reposant uniquement sur des changements de prix relatifs. Ils estiment que
d'autres mécanismes d'ajustement sont à l'oeuvre sur le
marché et qui limite ces politiques. Les enquêtes faites au
Nigeria et en Côte d' Ivoire montrent que le prix n'est qu'un
déterminant parmi d'autres dans le choix des citadins entre riz
importé et riz local. À Bouaké, la capacité de
gonflement et la propreté sont apparues comme des facteurs
déterminants dans le choix de consommer des riz importés alors
que le prix n'est mentionné comme premier critère de choix que
par 30 % des personnes interrogées. Les auteurs précisent
que ces résultats ont été obtenus au moment où les
prix des riz importés étaient plutôt supérieurs
à ceux des riz locaux, même pour les riz importés de moins
bonne qualité. C'est dire que les consommateurs ivoiriens choisissent
entre les types de riz disponibles sur le marché en fonction d'une
série de critères autres que le prix ; selon cette
l'étude, ces critères peuvent être regroupés en
trois grandes catégories : (i) la qualité intrinsèque
du riz que sont les propriétés organoleptiques et physiques du
grain, particulières à chaque variété ; (ii)
les attributs de qualité acquis au cours du processus de transformation
et de commercialisation depuis le champ jusqu'à l'assiette du
consommateur comme la propreté, l'homogénéité, le
taux d'humidité qui est lié à la durée du
stockage ; et (iii) les attributs de marché que sont le prix et la
disponibilité. Par contre, au Nigeria, les propriétés
organoleptiques jouent un moindre rôle et les choix des consommateurs
sont essentiellement déterminés par les attributs de
marché (prix, disponibilité). Cette étude montre en fait
que la forte demande du riz importé n'est pas déterminée
par son faible prix relatif, mais par d'autres critères, notamment
sa relative qualité à la présentation.
2. Déterminants de l'offre des produits
agricoles
Koffi-Tessio (1997) dans son étude sur l'estimation
économétrique de l'offre de coton et de café au Togo
souligne que le débat sur les incitations de l'offre agricole est
partagé entre deux courants de pensée : les
défenseurs des facteurs-prix (Pricistes) les
défenseurs des facteurs autres que le prix
(Structuralistes).
Les "Pricistes" pensent que l'accroissement des prix au
producteur et la dévaluation constituent des mesures incitatives
à l'offre. Lipton (1987, cité par Koffi-Tessio, op.cit)
est l'un des "Pricistes" qui pensent que cette politique est une solution
à la crise agraire en Afrique. Il affirme par ailleurs que :
« Les petits agriculteurs réagissent de manière
significative aux prix (même aux taux de change) fixés par
l'État. Ainsi, des prix au producteur plus élevés
augmenteraient le Produit National Brut (PNB) de chaque pays en
développement et pour tous les pays...» (P.326).
Samlaba (1992) affirme que des prix agricoles très bas
ne permettent pas une incitation et une motivation des agriculteurs à
produire davantage. Selon cet auteur, les producteurs réagissent
plutôt à une augmentation des prix. De plus, une étude de
la FAO fait remarquer qu'en 1983, lorsque le gouvernement ougandais a
doublé les prix des denrées alimentaires, l'on a observé
un accroissement de 400 % de la production des denrées
(Kintché, op.cit.).
Koffi-Tessio (1997) souligne par ailleurs que de
manière générale, « les
élasticités de l'offre des produits agricoles par rapport
à leur prix relatif sont significatives» ; , il
précise que réponse de l'offre par rapport au prix est
faible en utilisant les données chronologiques que les données en
coupe transversales. Ce fait a été démontré par
Peterson (1979, cité par Kintché, 2005) qui en utilisant des
données chronologiques a montré que la réponse de l'offre
agricole par rapport au prix est faible. Koffi- Tessio (citant Peterson, 1979)
affirme que cette différence de réponse s'explique par le fait
que l'utilisation des données en coupe instantanée
présente des limites puisqu'elles ne permettent pas de prendre en compte
les facteurs d'offre spécifiques à chaque pays et que les
élasticités obtenues reflètent l'effet de
différents facteurs et non uniquement des prix.
D'une manière générale, Koffi-Tessio
(1997) pense que « l'élasticité-prix de l'offre
agricole agrégée» est faible et ne permet pas de
soutenir la thèse selon laquelle les prix élevés
entraînent une réaction positive de l'offre agricole. Aussi,
certaines études montrent que les élasticités-prix de la
fonction de réaction de l'offre globale sont généralement
faibles, variant entre 0,2 et 0,4 (Beynon, 1989). D'autres études
indiquent que les élasticités de l'offre globale aux incitations
prix varient entre 0,3 et 0,9 et sont plus faibles que les
élasticités des autres variables incorporées dans le
modèle (Bruce, 1980 ; Bond, 1983 ; Cleaver, 1985 ;
Biswanger et al, 1987 ; Chibber, 1988 ; Shapiro 4et Berg, 1988 ;
Rao, 1989 ; Pravin, 1992 ; cité par Koffi-Tessio,
op.cit.).
Une revue des travaux réalisés dans les pays
africains au sud du Sahara met en doute l'efficacité des politiques des
prix et des réformes de commercialisation de la production agricole
(Smith, 1989). La raison fondamentale est que les mécanismes de prix
fonctionnent efficacement lorsque d'une part, toutes les ressources et les
biens sont échangés à travers des marchés bien
intégrés et concurrentiels, et d'autre part lorsque les pays
africains concernés ont la capacité administrative et
organisationnelle d'intervention efficiente. Dans tels cas les reformes de prix
de l'offre entraînent un accroissement des prix aux producteurs et
éliminent les subventions aux prix alimentaires (Koffi-Tessio,
op.cit).
Les « structuralistes » pensent quant
à eux que la faible réaction de l'offre est due principalement
aux retards technologiques et structurels.
D'après Koffi-Tessio (1997), cette école de
pensée a été résumée par Delgado et Mellor
(1987) de la manière suivante : « ... La croissance
de la production dépendra de l'innovation technologique qui
réduit les coûts unitaires de production. Il convient donc de
mettre en place des systèmes de distribution des intrants, des
infrastructures rurales et systèmes de vulgarisation et de recherche
efficace. Sans cela, les variations de prix produiraient un effet limité
et faible sur l'offre»' (pp.667-668).
Selon certains auteurs, en l'absence des variables
structurelles les incitations par les prix auront des résultats
limités (Delgado et Mellor, 1987 ; Beynon, 1988 ; Bonjean,
1990).
Au moins huit contraintes ont été
identifiées comme étant responsables de la faible performance de
la production agricole : imperfection des marchés, rareté
des biens de consommation, faiblesse du capital humain, difficultés
d'accès à la terre, limitation de la main d'oeuvre et de
capitaux, niveau technologique archaïque et infrastructures rurales
inappropriées. Ces variables sont considérées par les
structuralistes comme plus significatives que les variables prix pour la
relance de la production agricole (Koffi-Tessio, op.cit).
Parmi les économistes structuralistes, Delgado et
Mellor (1987) ont démontré que les investissements dans les
infrastructures rurales accroissent directement la production agricole, en
réduisant les coûts moyens de production tout comme en
améliorant l'efficacité des marchés et la réaction
aux incitations par les prix. Des études au Burkina Faso ont
montré que des changements technologiques dans le secteur cotonnier ont
entraîné une amélioration du profit du producteur ; de
plus, la supériorité de l'effet positif de l'irrigation par
rapport à celui du prix sur l'offre du blé a été
démontrée au Punjab (Ranate, Gha et Delgado, 1988, cité
par Koffi-Tessio, 1997).
Selon Ogbu et Gbetibouo (1990) ; Savadogo et al
(1995) ; peu d'études économétriques ont
incorporé à la fois les facteurs-prix et les facteurs non-prix
dans les fonctions de réaction de l'offre agricole dans les pays
africains au sud du Sahara. Mais aujourd'hui, Lele et al (1989),
Erickson (1993) pensent qu'il faut se rendre compte des facteurs non prix dans
la détermination de l'offre agricole.
En incorporant une variable permettant de prendre en compte
différents niveaux technologiques, dans l'étude de Peterson
(1979), les élasticités obtenues sont réduites de 1,66
à 1,17. Chibber (1989) introduit une variable d'irrigation aux
mêmes données et réduit l'élasticité à
0,9 alors que Biswanger (1987, cité par koffi-Tessio, 1997) arrive
à une élasticité négative en introduisant
différentes variables structurelles.
Aussi, l'influence des variables agro climatiques sur l'offre
agricole n'est plus a démontrée. Selon une étude de la FAO
(1995, cité par Kintché, 2005), l'estimation des
paramètres de l'offre peut être biaisée et conduire
à de fausses interprétations, lorsque la variable climat est
négligée. Thompson (1969, cité par Abbey, 2002) a
tenté de déterminer l'effet de la pluviométrie et de la
température durant les périodes de semis, de croissance et de
récolte sur le rendement du blé aux USA. Les résultats de
l'analyse de régression multiple révèlent que ces facteurs
expliquent entre 80 et 90 % des moyennes annuelles des états.
3. Déterminants de l'offre et de la demande de
boisson
Dans une étude sur neuf filières industrielles
consacrée à la Belgique, Jules Gazon (1995) a montré
qu'après une période de dix ans, la consommation globale d'eau
est devenue plus importante que celle des limonades. Les Belges consomment plus
d'eau minérale que les limonades. Cette tendance s'inscrit dans
l'évolution des goûts vers les produits sains et naturels. Il a
aussi observé que la consommation d'eaux pétillantes tend
à diminuer au profit des eaux plates et des eaux
légèrement pétillantes
Il est en outre intéressant de remarquer que, d'une
manière générale, la demande d'eaux minérales et de
boissons rafraîchissantes est fortement influencée par les
conditions climatiques.
Jules Gazon a aussi montré que la consommation globale
des produits alimentaires devrait rester stationnaire en raison d'un taux
très faible de croissance démographique dans les pays
industrialisés. Globalement cette modération de la croissance
s'explique également par l'impossibilité physique de consommer
davantage qu'un certain volume et par le souci d'un meilleur équilibre
nutritionnel. Vu sa rigidité, tant à la hausse qu'à la
baisse, la demande n'est en outre que très peu affectée par le
ralentissement conjoncturel. La répartition de cette consommation par
grands groupes de produits est en outre restée stable ces
dernières années mais cette apparente stabilité cache en
fait de profondes mutations au sein même de ces groupes. Ainsi donc
malgré les disparités observées au niveau des habitudes de
consommation, trois grandes tendances de consommation alimentaire se dessinent
sur l'ensemble des pays européens :
- Une croissance élevée de la demande
pour des produits plus faciles d'emploi, incorporant une forte valeur
ajoutée matérialisée dans un service.
- Une forte demande pour des produits de meilleure
qualité, c'est-à-dire pour des produits dits
« naturels » ou biologiques à faible tenu en
graisses et en sucres.
- L'attrait de la fantaisie et de la nouveauté
qui va de pair avec le développement de la
fonction « manger pour le plaisir ».
La prise en compte des goûts et de la qualité
devient donc de plus en plus importante et il existe encore de nombreuses
niches dans le marché pour les types de produits
énumérés ci-dessus.
Concernant l'offre, Jules Gazon a remarqué que dans
l'industrie des produits agroalimentaires et des boissons, le rôle des
technologies s'applique davantage à la différenciation des
produits qu'à l'échelle de production. Cette innovation-produit
est directement liée à l'évolution de la demande,
elle-même conditionnée par les changements qui interviennent dans
le comportement des consommateurs.
Du côté des eaux et limonades, étant
donné que la demande est éphémère et soumise
à une certaine mode les recherches visent encore plus à
diversifier et étendre la gamme des produits.
En matière d'embouteillage des boissons, le
matériel disponible sur le marché atteint des cadences de plus en
plus élevé grâce à l'utilisation intensive de
l'électronique. Spa monopole détient dans ce
domaine l'un des équipements les plus performants d'Europe (25000
bouteilles par jour).
4. Revue des travaux méthodologiques
pertinents
Savadogo (1990) a analysé la consommation urbaine au
Liberia. Dans son étude il a incorporé 15 groupes de produits,
dont les céréales (riz, blé, maïs). Le Système
Complet de Demande est retenu pour l'étude ; le modèle
économétrique obtenu a été estimé par la
méthode des moindres carrés pondérés à
partir de données d'enquête de ménage de sept (7) villes du
Liberia. Dans le modèle économétrique, l'auteur a
intégré des variables socio-démographiques (taille et
composition du ménage par sexe et par âge, occupation,
urbanisation, éducation et état matrimonial du chef de
ménage), comme des variables indépendantes. Dans cette
étude le riz est désagrégé en riz produit
localement et en riz importé. L'auteur a estimé qu'une telle
désagrégation suppose que le riz est un bien qui engendre des
comportements préférentiels différents. Les valeurs de
R2 ont été faibles pour les produits
alimentaires étudiés. Selon l'auteur cette faiblesse de
R2 se justifie par le fait que c'est un fait typique pour des
estimations utilisant des données en coupe que d'avoir des R2
faible car, citant Timmer et al (1983), il affirme que des variables
structurelles causant des modifications dans le comportement du consommateur ne
sont pas prises en compte. Au terme de l'étude, l'auteur conclut qu'il y
a une différentiation entre le riz local et le riz importé en
matière de préférence des consommateurs. Selon l'auteur
les classes de revenu déterminent pour une part importante la demande
des deux types de riz. Ainsi, à l'échelle inférieure des
revenus, une augmentation exogène du revenu s'accompagne d'une
augmentation des achats des deux types de riz. Cependant, quand le revenu
s'accroît la demande du riz (local et importé) diminue
rapidement.
Savadogo et Brandt (1988) ont analysé la demande
alimentaire au Burkina Faso. Les données utilisées dans l'analyse
proviennent d'une enquête de ménage de septembre 1982 à
août 1983. Le système de demande AIDS est utilisé pour
l'estimation avec incorporation des variables socio-économiques comme
variables indépendantes. Le modèle économétrique
obtenu est estimé par la méthode des moindres carrée
ordinaire. L'estimation a concerné six groupes de biens dont les
céréales produites localement et celles importées
(blé, riz). Les résultats de l'estimation ont montré que
l'effet prix croisé entre les céréales produites
localement et celle importée est négatif (mais non significatif
à 5 %) ; ce qui implique plus une
complémentarité qu'une substitution entre les deux biens. Le
modèle a indiqué que les prix, le revenu et les variables
démographiques affectent le comportement des consommateurs. Les
résultats du test F ont montré que l'hypothèse nulle pour
l'absence de l'effet prix est rejetée à 5 % pour tous les
biens. L'analyse de l'élasticité-revenu a montré que la
demande des céréales locale diminue avec l'augmentation du revenu
alors que celle de céréales importées augmente avec le
revenu.
Ravelosoa, et al (1999) ont estimé des
élasticités de demande à Madagascar à partir du
modèle AIDS. Ils ont utilisé des données en coupe
transversale. L'enquête couvrait un échantillon de 4508
ménages stratifié de façon à fournir une
représentativité nationale, avec distinction entre les zones
urbaines et rurales. Le modèle est estimé par la méthode
de triple moindre carré ordinaire avec ajustement d'Heckman.
D'après les résultats de l'estimation, le riz est un aliment de
base au Madagascar avec une élasticité-revenu inférieure
à 1, ce qui signifie que le riz est un bien normal à Madagascar.
Par ailleurs, l'analyse de l'élasticité-revenu a montré
qu'à travers les types de ménages le comportement varie
nettement. À Madagascar, plus on est riche moins on augmente la
consommation du riz à partir des revenus marginaux. Auprès des
ménages les plus pauvres, une hausse de revenu de 1 % augmentera
leurs consommations en riz de 0,8 % ; auprès des
ménages urbains moyens, seulement 0,2 % et parmi les très
riches c'est zéro. C'est-à-dire que les riches mangent autre
chose que le riz lorsque leur revenu monte. L'élasticité prix
propre du riz se situe entre -0,5 et -0,7 sauf dans le sud du pays où il
atteint le niveau de -1,5. Cela signifie qu'à part le sud du pays, une
hausse de 1 % du prix du riz se transmet par une baisse de -0,5 %
à -0,7 % de la consommation en riz selon le groupe de
ménage. Les fluctuations du prix du riz qui a une part budgétaire
de 26 % induisent non seulement les effets de substitution, mais aussi de
très forts effets sur le revenu réel des ménages. Ses
élasticités prix croisées s'évaluent à 0,4
en valeurs absolues. Cet impact s'observe surtout avec les aliments de base
pour lesquels les élasticités prix croisées
prévoient qu'un changement de 1 % du prix de riz changera la
consommation de ces aliments de base entre 0,3 % et 1,7 %. Le prix du
riz influe notamment sur le niveau de consommation du maïs, des cultures
industrielles, du manioc, des autres tubercules, des légumineuses et des
légumes. Dans le cas du maïs une hausse de 100 % du prix du
riz va faire décroître de 77 % sa consommation, mais fera
augmenter de 164 % celle du mais et autres céréales.
Robilliard (1999) a estimé l'offre de riz des
ménages agricoles malgaches à partir des données
d'enquêtes transversales. La fonction de production de Cobb-Douglas sous
l'hypothèse de fixité des facteurs qui a servi à la
modélisation a été estimée par la méthode
des moindres carrée ordinaire. Les résultats ont montré
que l'élasticité prix de court terme variant entre 0,1 et 0,17
selon les méthodes d'estimation. Pour l'auteur, l'interprétation
du coefficient du prix du riz dans l'estimation d'une fonction d'offre avec des
données en coupe transversale pose un problème du fait de
l'origine de sa variabilité. Une grande partie de la variabilité
correspond en effet à des fluctuations saisonnières : les
prix du riz à Madagascar sont typiquement peu élevés au
moment de la récolte, tandis qu'ils augmentent fortement au moment de la
soudure. Ainsi, les ménages ayant la capacité financière
et physique de stocker du riz au-delà de la récolte peuvent donc
obtenir des prix plus élevés. Ces ménages étant
généralement les plus gros producteurs, le lien entre
capacité de stockage et prix obtenu pourrait conduire à
surestimer l'élasticité prix de l'offre.
Bio Sabi T. C. a analysé les déterminants de
l'offre du coton au Bénin. L'auteur contrairement à ses
prédécesseurs a utilisé le modèle de Nerlove sans
ajustement partiel pour estimer l'offre du coton avec incorporation de
variables muettes (dévaluation, retard dans le paiement aux
producteurs). Le modèle économétrique obtenu a
été estimé par la méthode des moindres
carrés ordinaires à partir de données chronologiques sur
une période de treize (13) ans allant de 1990 à 2002. Dans le
modèle économétrique l'auteur a intégré les
variables prix du coton, prix des engrais, prix des insecticides, prix du
maïs, pluviométrie, dévaluation, retard dans le paiement aux
producteurs, prix du manioc, prix de l'arachide comme variables
indépendantes et la superficie cultivée comme variable
dépendante représentant l'offre du coton. Les résultats de
l'estimation ont montré qu'après élimination de la
variable la moins significative (prix du coton), le coefficient de
détermination ajusté R2 est passé de 0,94
à 0,96. Le modèle indique que les variables indépendantes
affectent l'offre du coton au Benin. Les résultats du test F ont
montré que le modèle est globalement de bonne qualité. Les
tests t de Student indiquent des seuils de signification de moins de 5% pour
presque tous les coefficients des variables considérées. A 10%
toutes les variables sont significatives. Enfin le test de Durbin Watson
indique qu'il n'y a pas autocorrelation des erreurs. En effet les valeurs de la
table donne d1=0,147 et d2=3,26 pour n=13 et k=8, 4-d2=0,734. DW donnant une
valeur de 2,070 est comprise entre 0,734 et 3,266. Au terme de l'étude
l'auteur a conclut que le signe positif du coefficient de l'igname indique que
ce produit est complémentaire ou n'est pas concurrent au coton. Par
contre le maïs et l'arachide sont des produits concurrents au coton. Pour
ce qui est de la dévaluation et de la pluviométrie, le signe
positif indique que ces deux (02) variables ont un effet positif sur l'offre du
coton, ce qui n'est pas le cas pour la variable « paiement aux
producteurs ».Concernant le prix des insecticides, le signe positif
de son coefficient est contraire à la théorie.
PARAGRAPHE II : Clarification des concepts
1. Production et offre
Goffin (1993) définit la production comme étant
une opération qui consiste à créer des besoins. Il
identifie alors trois facteurs de production à savoir : le travail,
la terre et le capital. Les premiers sont ceux dont la quantité ne peut
être modifiée dans un délai très bref pour permettre
une variation presque immédiate de la production ; tandis que les
derniers sont ceux dont la quantité peut être modifiée
instantanément pour permettre une variation presque immédiate de
la production.
Silem et Albertin (1995), dans leur lexique économique
ont défini, la production comme l'activité économique
socialement organisée consistant en l'obtention de biens et de services
destinés à la satisfaction directe ou indirecte des besoins par
la transformation de biens intermédiaires en combinant le travail et le
capital, et donnant lieu à un revenu en contrepartie.
Selon Kintche (2005), dans le secteur agricole, la fonction
de production est un concept, biophysique qui établit une relation entre
les quantités physiques d'une culture et l'ensemble des intrants
utilisés dans le processus de production.
La formulation théorique de la fonction de production
est la suivante, Y=f (L, K) où Y la quantité
physique du produit, L travail, K capital et f
fonction de production ou encore le processus de combinaison et de
transformation. Trois concepts en découlent, à savoir le produit
moyen (PM), marginal (Pm),
l'élasticité de production x , présente
le plus grand intérêt pour le besoin de l'étude.
On appelle, production marginale d'un input, l'accroissement
de l'output consécutif à l'accroissement de cet input ; on
appelle produit moyen d'un input, le rapport entre la productivité
totale et la quantité utilisée de l'input.
L'élasticité quant à elle indique le degré de
flexibilité de la réponse de la production ou de l'offre aux
variations dans l'utilisation des facteurs de production.
Ces trois définitions se recoupent pratiquement et
décrivent la production en tant qu'activité. Or dans le cas de
cette étude, il s'agit de la production comme résultat de cette
activité ; c'est le volume de jus de bissap que les producteurs
sont en mesure de produire.
Le concept d'offre quant à elle, est un peu complexe
à définir et varie souvent d'un auteur à un autre.
Silem et Albertin (1995) ont défini l'offre comme
étant le volume de biens ou de services mis à la disposition du
marché afin d'être vendus. Selon ces auteurs, l'offre est une
fonction croissante du prix, quant aux produits agricoles, les matières
premières, le travail ; l'offre peut être atypique
c'est-à-dire qu'une diminution du prix peut entraîner une
augmentation des quantités offertes afin que l'offreur puisse obtenir un
revenu global minimum.
Pour sa part, l'encyclopédie économique
définit l'offre en ces termes :
« L'offre d'un produit ou d'un service se
compose des quantités disponibles ou à venir, qui
dépendent des prix possibles et d'autres facteurs. L'offre est ainsi
symétrique à la demande. Toutefois, le terme d'offre se rapporte
souvent à une quantité plus ou moins bien définie comme la
récolte d'une année, d'un mois... Ces quantités
résultent des décisions passées du producteur qui se
fondait sur ses anticipations de prix... »
Goffin (1993) définit l'offre individuelle du
producteur comme les quantités offertes par ce producteur pour chaque
niveau de prix. L'offre individuelle, poursuit l'auteur, constitue la partie
de la courbe de coût marginal située au-dessus de la courbe de
coût moyen). Derson et Quaudt, cités par Koffi-Tessio (1998),
définissent l'offre globale comme étant la quantité de
produits offertes par l'ensemble des producteurs en fonction du prix.
Dans le cadre de cette étude, l'offre du jus de bissap
est la quantité de bissap que les producteurs sont en mesure de livrer
à un certain prix.
2. Demande et consommation
Selon Dadié (anonyme), la théorie
microéconomique néoclassique et marginaliste confond la
consommation et la demande d'un bien, confondant ainsi la destruction d'un bien
avec l'intention d'achat qui dépend du prix.
Selon cet auteur, la demande est une intention d'achat d'une
certaine quantité d'un bien ou d'un service pour un prix donné.
On parle alors de demandes virtuelles, idéales, notionnelles et
rationnelles.
La demande de marché est une demande solvable car elle
indique la quantité de biens et services qu'un agent peut acheter. La
relation entre le prix et la quantité demandée est telle qu'une
augmentation de prix entraîne une baisse de la demande pour un revenu
donné, et inversement une diminution du prix entraîne une
augmentation de la demande. Cette loi formulée par Cournot (1838,
cité par Dadié, op.cit) a néanmoins des
exceptions : l'effet Giffen qui s'applique aux biens
inférieurs ; l'effet d'anticipation ; l'effet de snobisme et
d'imitation. Ces deux derniers effets impliquent cependant une
hétérogénéité des produits disponibles pour
satisfaire le même besoin fondamental. Deux produits de même
apparence, mais de prix différents par la fonction d'information seront
considérés comme différents. Il se peut donc que le
produit le plus cher soit le plus demandé par le jeu de l'effet de
snobisme ou par le jeu de la sélection adverse compte tenu de
l'asymétrie de l'information (demandeur moins bien informé que
l'offreur).
Selon J. Boncoeur et H. Thouément, cités par
Dadié (op.cit.) la notion de demande dans la théorie
économique fait très souvent appel au prix pendant que celle de
consommation fait plus souvent appel au revenu, le prix des biens étant
fixé.
3. Élasticités
Les élasticités sont dérivées
directement de la fonction de demande ou de la fonction d'offre. Elles mesurent
la sensibilité des acheteurs et des vendeurs à une variation dans
les conditions du marché et permettent alors d'analyser l'offre et la
demande avec une plus grande précision. « Étant des
nombres sans dimension, les élasticités permettent des
comparaisons entre classes et par conséquent l'énoncé de
jugement de valeur quant à l'effet des politiques
étatiques » (Savadogo, 1990). Par exemple, lorsque le
revenu par tête augmente, que se produit-il sur le marché du
bissap? Quel est l'effet des changements des conditions de marché sur
les producteurs ? Et si l'effet s'amplifie, quel serait l'impact pour
l'économie globalement? Pour analyser ces questions, Savadogo (1990),
précise que l'on doit disposer d'une « connaissance des
réactions à la marge des agents économiques, au changement
des variables sous le contrôle du décideur ».
Il existe quatre (4) types d'élasticités,
l'élasticité-prix de la demande,
l'élasticité-revenu, l'élasticité-prix
croisée de la demande et l'élasticité-prix de l'offre.
v Élasticité-prix de la demande et
l'élasticité prix de l'offre
L'élasticité-prix exprime la variation relative
de la demande ou de l'offre induite par une variation relative du prix, toutes
choses égales par ailleurs. L'élasticité-prix directe
fournit la variation que subira la demande ou l'offre en réponse
à la variation de 1 % du prix.
Dans le cas de la demande, les élasticités-prix
directes sont négatives puisque la plupart du temps une augmentation du
prix entraîne une diminution de la consommation (exception faite des
biens de « Giffen» dont la consommation augmente avec le prix).
C'est-à-dire que lorsque son prix monte, la quantité
demandée diminue (Bazoche et al, 2005). Selon Ravelosoa, et
al(1999), en moyenne à Madagascar une hausse de 1 % du
prix de riz entraîne une baisse de sa consommation de 0,8 %.
Les élasticités-prix directes sont positives
dans le cas de l'offre, puisque contrairement à la demande, une
augmentation du prix entraîne dans la plupart du temps, une augmentation
de l'offre.
Les produits dont l'élasticité (en valeur
absolue) est supérieure à 1 sont fortement sensibles au
prix ; cela indique qu'une augmentation de 1 % du prix fera diminuer
la consommation ou fera augmenter l'offre de plus de 1 %. Ainsi, la
variation de la consommation et celle de l'offre sont plus que proportionnelles
à la variation du prix. Ceux dont l'élasticité (en valeur
absolue) est inférieure à 1, est inélastique et est donc
peu sensible aux prix.
v Élasticité-prix croisée de
la demande
La consommation d'un bien peut être influencée
par le prix d'autres biens et l'on parle alors d'élasticités
croisées. À Madagascar, par exemple, dans certaines
régions le prix du riz influe fortement sur le niveau de consommation du
manioc (Ravelosoa, et al, op.cit). Ce type
d'élasticité permet de distinguer les biens
complémentaires des biens concurrents.
Un bien est dit « complémentaire »
si l'augmentation du prix diminue la consommation du bien initial, alors que le
prix de celui-ci est resté inchangé. Un bien est
considéré comme « substituable » si une
diminution relative de prix de celui-ci implique une diminution relative de la
consommation du bien initial.
L'évaluation de l'impact de la variation du prix d'un
bien substitut permet de déterminer à quel point ces deux
substituts sont proches du point de vue du consommateur.
v Élasticité-revenu
Elle mesure la variation en %, de la quantité
demandée d'un bien suite à une variation de 1 % du revenu
des consommateurs. Les élasticités par rapport au revenu sont des
informations essentielles pour prévoir les structures de la demande des
consommateurs à mesure que l'économie croît et que les gens
deviennent plus riches.
Ainsi, la consommation d'un bien
« inférieur » diminue avec l'augmentation du revenu.
Celle d'un bien « normal » augmente moins que
proportionnellement avec le revenu, la consommation d'un bien de
« substitution » augmente plus que proportionnellement avec
le revenu. Les différents types d'élasticités sont
présentés dans le tableau 2.1 ci-dessous.
Tableau 2. : Les
différents types d'élasticité prix
Élasticité prix de la demande
|
Élasticité = DQ% / DP% (en valeur absolue)
|
Si élasticité prix < 1, la demande est
inélastique
Si élasticité prix > 1,la demande est
élastique
|
Élasticité revenu de la demande
|
Élasticité = DQ% / DR%
|
Si élasticité revenu < 0,il s'agit d'un bien
inférieur
Si élasticité revenu ( entre 0 et 1), il s'agit
d'un bien normal.
Si élasticité revenu > 0, il s'agit d'un bien
de luxe
|
Élasticité croisée de la demande
|
Élasticité = DQa% / DPb%
DQ% : pourcentage de variation de la demande
DP% : pourcentage de variation du prix
DR% : pourcentage de variation du revenu
DQa% : pourcentage de variation de la demande du bien a
DPb% : pourcentage de variation du prix du bien b.
|
Si élasticité revenu est négative, les
biens a et b sont complémentaires
Si élasticité revenu est positive, les biens a
et b sont des substituts.
|
Source :
Réalisé par l'auteur
Exemple. Si le prix du jus de
bissap augmente de 10% et que la quantité baisse de 30%,
l'élasticité prix de la demande = 3. Donc on peut dire que la
demande de jus de bissap est élastique (i.e. Sensible au changement de
prix).
4. Bissap
L'Oseille de Guinée, ou
Roselle, est un arbuste de la famille des
Malvacées. Originaire de l'Inde, il pousse dans toute l'Afrique
tropicale. Hibiscus sabdariffa est le nom scientifique
du Bissap. Il pousse sur divers types de sols. Pourvue de
feuilles simples entières ou lobées, Hibiscus sabdariffa est
subdivisé en deux variétés botaniques :
sabdariffa et altissima. Cette
dernière a un développement aérien plus important et peut
atteindre 3 à 4 mètres de hauteur. Il est utilisé pour ses
fibres. Par contre la variété
Sabdariffa a une utilisation plutôt alimentaire. Elle est
divisée en deux types botaniques caractérisé par la
couleur de ses fibres : un type rouge de par sa pigmentation anthocyanique et
un type vert (ou blanc), non anthocyané.
Hibiscus sabdariffa, variété sabdariffa est donc
exploitée pour ses calices et épicalices, du fait de leur
persistance après anthèse, caractère qui leur permet de
devenir charnus, fortement anthocyanés à non anthocyanés,
remplis d'acides organiques (faisant sa saveur) et autres composés
vitaminiques et énergétiques. Le fruit est une capsule
globoïde (caractéristique des malvacées), recouverte par le
calice et contenant des graines réniformes brun foncé à
brunâtre (utilisées pour la multiplication).
Tolérante à la chaleur, le bissap peut produire
toute l'année. Mais dans bon nombre de pays du Sahel il était,
jusqu'à ces dernières années, une culture marginale
puisque planté en bordure des champs pour la délimitation des
parcelles.
L'Oseille de Guinée (Hibiscus
sabdariffa) est une plante répandue en Afrique. Sa zone
pluviométrique de prédilection est celle variant de 300 à
1000 mm par an. Appartenant à la famille des Malvacées, elle est
connue sous différents nom tels que Bissap,
Dabléni, Karkadé etc... C'est une plante
annuelle cultivée à la dérobée ou en association
avec des cultures de céréales telles que mil, sorgho, fonio etc.
La tige qui se ramifie abondamment présente une couleur rose
foncée chez la variété à calice rouge. Les calices
font l'objet d'un commerce international et sont surtout connus sous le nom de
Karkadé ou thé d'Abyssinie. Localement ils rentrent dans la
fabrication de boissons rafraîchissantes et tonifiantes, beaucoup
appréciées en période de ramadan par les musulmans. La
matière colorante des pigments est très soluble dans l'eau et
l'alcool. Elle peut par conséquent être utilisée comme
colorant alimentaire naturel. Sur le plan pharmacologique, différents
principes actifs ont été mis en évidence chez l'Hibiscus
sabdariffa, et concourent à faire de cette plante une excellente drogue.
Ainsi la teneur élevée du calice en mucilage, prédestine
celui-ci à une utilisation comme tampon dans des cas d'irritation des
muqueuses intestinales et gastriques. En somme on reconnaît aujourd'hui
à la plante quatre indications thérapeutiques principales aux
calices, à savoir :
· Comme boissons antispasmodiques, relâchant
les muscles lisses;
· Comme hypotenseur, en raison du pouvoir d'abaisser
la pression sanguine sans effets surajoutés (décoction ou
infusion);
· Comme breuvage antihelminthique, du fait que la
drogue inhibe et arrête la mobilité des vers parasites;
· Dans les affections microbiennes multiples, en se
basant sur les fortes propriétés antimicrobiennes prouvées
expérimentalement chez la plante.
En outre les extraits de calice présenteraient
expérimentalement une certaine activité anticancéreuse sur
les tumeurs transplantables du sarcome.
TRANSFORMATION
Comme ci-haut mentionné, l'Hibiscus sabdariffa est donc
un produit dont la consommation s'accompagne potentiellement de plusieurs
effets bénéfiques pour la santé. Il existe par
conséquent différentes filières de valorisation du
bissap, dont les principales sont:
· La fabrication de boisson (thé, sirop, jus)
· La fabrication de pâte à tartiner
(confitures, marmelades et gelées),
· La fabrication de poudre et l'extraction de
colorant alimentaire.
Ci-après une brève description de ces
différentes filières de valorisation à l'échelle
artisanale.
Fabrication de boissons
Les calices de bissap rentrent dans la fabrication de
différents types de boissons non alcooliques dont les principaux sont
les thés, les jus et les sirops. L'obtention du thé de bissap se
fait soit par infusion ou par macération des calices dans de l'eau. A
cet effet on met les calices secs préalablement lavés
(élimination des poussières) et débarrassés des
impuretés dans l'eau chaude (infusion) pendant 5 à 10 minutes ou
dans de l'eau froide (macération) pendant quelques heures. Le thé
obtenu peut être sucré et/ou aromatisé selon le goût.
Pour la fabrication de jus on a recours à la macération pour
l'obtention d'un liquide légèrement acidulé et de belle
couleur rose. On ajoute du sucre et au besoin un arôme au jus ainsi
obtenu, puis on procède à la mise en bouteille suivie de la
pasteurisation pour assurer une bonne conservation.
Quant au sirop de bissap il est fabriqué à
partir du jus filtré auquel on ajoute une forte dose de sucre. Les
principales opérations de la fabrication de sirop de bissap comprennent:
- l'obtention du jus par macération des calices dans
l'eau froide,
- la filtration du jus obtenu,
- l'ajout de sucre et le chauffage du mélange
jusqu'à dissolution complète
- légère cuisson du jus sous feu doux tout en
procédant à l'écumage de la mousse qui se forme
continuellement,
- le remplissage du sirop chaud dans des bouteilles
préalablement nettoyées.
Après fermeture des bouteilles encore chaudes,
celles-ci peuvent être renversées afin d'assurer une asepsie
correcte.
Recette jus de bissap
Calices secs de bissap : 1 kg
Eau : 15 litres
Sucre : 5 kg
Arôme (sucre vanillé) : selon le goût
Recette de sirop de bissap
Calices secs de bissap : 1 kg
Eau : 5 litres
Sucre : 7,5 kg
Pâtes à tartiner
La fabrication de pâte à tartiner constitue une
filière attrayante de transformation des calices d'oseille. Cependant,
l'étroitesse du marché et le niveau relativement
élevé des investissements pour les équipements,
constituent les facteurs limitant, pour le démarrage d'une
activité à l'échelle de la petite industrie. En
alternative une production artisanale constitue en règle
générale une approche viable. Il convient donc mieux de se
pencher sur une approche de transformation artisanale, tout en gardant à
l'oeil que la gestion de la qualité, plus complexe à ce niveau,
est la pierre de touche du succès de l'opération. La
caractéristique commune des trois catégories de pâtes
à tartiner que sont les confitures, marmelades et gelée est leur
consistance épaisse et la teneur élevée en sucre, aux
environs de 60 - 70 %. En dehors de ces caractères communs, confitures
gelées et marmelades ont cependant leur spécificité.
Les confitures sont des préparations de fruits
entiers ou en morceaux cuites dans un sirop de sucre et épaissis.
Les marmelades, elles, sont confectionnées à
partir de fruits écrasés (purées), cuits dans du sirop de
sucre.
Quant aux gelées, ce sont des produits transparents,
fabriqués à partir de jus filtrés.
Partant de ces définitions de base, on peut fabriquer
à partir des calices d'oseille des marmelades et des gelées.
Quant à la confiture d'oseille, elle doit renfermer par
définition des calices entiers. Le mode opératoire pour la
fabrication de ces trois types de produits est très similaire. Les
étapes communes sont notamment:
- le nettoyage des calices secs,
- l'infusion pour la réhydratation et la
récupération du jus,
- l'ajout de sucre et de pectine pour épaissir
- le remplissage dans des pots.
Le schéma de la fig. 1 résume les grandes
lignes du mode opératoire pour la fabrication des confitures, marmelades
et gelées.
![](Analyse-de-l-offre-et-de-la-demande-du-jus-de-bissap-au-Beninetude-du-cas-de-la-ville-de-Cotonou7.png)
Fig. I: Flux des opérations de fabrication
des confitures, marmelades et gelées de bissap
Fig. I: Flux des opérations de
fabrication des confitures, marmelades et gelées de
bissap
![](Analyse-de-l-offre-et-de-la-demande-du-jus-de-bissap-au-Beninetude-du-cas-de-la-ville-de-Cotonou8.png)
SECTION I : COLLECTE DES DONNEES
PARAGRAPHE I : Zonage et procédure
d'échantillonnage
1. Zonage
Première commune à statut particulier et capital
économique du Benin, Cotonou se situe au sud-est et compte selon le
recensement de 2002, une population de 665100 habitants (INSAE,2002)
estimé en 2010 à 789.721 habitants .Cotonou connaît une
forte concentration de la population béninoise et se positionne comme
une plaque tournante du commerce informel de la sous région. Regorgeant
en son sein le marché Dantokpa, le plus gros de l'Afrique de l'ouest (1
milliard de franc CFA par jour, soit environ 1,5 millions d'euros), Cotonou est
ce qu'on appelle une ville « entrepôt », qui permet
l'échange avec les pays de l'hinterland.
Ainsi Cotonou a été choisi comme cadre de notre
étude pour trois raisons :
- L'importance du nombre de sa population et la
densité des activités menées.
- L'ouverture de la ville de Cotonou sur les pays de
l'hinterland (Burkina Faso, Mali, Niger) et aussi le Nigéria qui sont
les principaux fournisseurs de bissap fleur au Benin.
- Le rôle de la ville de Cotonou comme zone
d'approvisionnement en bissap fleur de certaines communes du Benin comme Abomey
et Bohicon.
2. Procédure d'échantillonnage
Échantillon
N=100
Population mère :
Consommateurs
de jus de bissap de Cotonou
Procédure d'échantillonnage non
aléatoire par choix aléatoire
Fig. II: constitution de
l'échantillon des demandeurs du jus de bissap
Procédure d'échantillonnage
non aléatoire par choix aléatoire
Procédure d'échantillonnage non
aléatoire par choix aléatoire
Vendeuse de jus de
bissap à Cotonou
Population mère :
Producteurs de jus
de bissap
Échantillon
N=50
Fig. III : constitution de
l'échantillon des offreurs du jus de bissap
PARAGRAPHE II : Données et leurs techniques
de collecte
1. Données
En vue de mieux analyser l'offre et la demande du jus de
bissap à Cotonou nous avons utilisé des données aussi bien
quantitatives que qualitatives. Ces données recueillies nous ont permis
de tester les hypothèses émises pour atteindre les objectifs que
nous nous sommes fixés. La collecte de ces données s'est faite en
trois étapes : la première est celle de la recherche
documentaire et a consisté à recueillir des informations,
résultats de recherches effectuées par des ONG, Centres de
Recherches, Ministères et autres Institutions. Ces informations nous ont
permis d'élaborer un guide d'entretien qui a été
utilisé au cours de la seconde phase pour recueillir des informations
auprès des personnes ressources. Enfin, dans la troisième partie,
nous avons effectué une enquête de terrain à l'aide d'un
questionnaire produit grâce aux informations recueillies lors des phases
précédentes. Ce questionnaire pré-testé a
été administré aux consommateurs et productrices de jus de
bissap retenus dans notre échantillon.
2. Techniques de collecte des données
2.1. Entretien
Les entretiens avec des commerçantes de bissap fleurs
et certaines commerçantes de jus de bissap nous ont permis de mieux
cerner les contours de notre question de recherche, ce qui nous a
facilité l'élaboration du questionnaire de recherche. Ils nous
ont également permis d'approfondir nos connaissances sur notre
thème (comprendre les réalités du terrain et les
contraintes hors cadre d'étude).
2.2. Enquête de terrain
2.2.1. Échantillon
2.2.1.1 Technique d'échantillonnage
La méthodologie adoptée dans le cadre de notre
étude est celle de l'échantillonnage non aléatoire par
choix aléatoire. Cette méthode a été
préférée aux autres méthodes à cause de la
non disponibilité de la liste exhaustive des producteurs et
consommateurs de jus de bissap retenus dans le cadre de notre étude.
2.2.1.2. Taille de l'échantillon
Considérant d'une part que les séries
transversales doivent jouir de la loi des grands nombres c'est-à-dire au
dessus de trente (Yao, 2005) pour la détermination de la taille de
l'échantillon et d'autre part se référant au fait que les
études qualitatives portent généralement sur un
échantillon de taille entre 10 et 150 (Abiassi E. et Yves B. Quenum,
2008), nous avions décidé de retenir une taille de 50 pour les
productrices de jus de bissap et 100 pour les demandeurs de jus de bissap.
2.2.2. Méthode d'élaboration du
questionnaire
Notre préoccupation fondamentale lors de
l'élaboration de notre questionnaire a été, de traduire
sous forme simple et compréhensible et avec des moyens de mesure toutes
les variables dont nous avons besoin pour tester nos hypothèses. Ainsi
pour des raisons de non omission de variables, il a été dans un
premier temps question pour nous d'identifier ces variables à partir des
hypothèses à tester puis après de formuler des questions
(dans un langage clair et compréhensible) pouvant nous permettre de
mesurer ces variables identifiées. Ensuite nous avons
procédé à un rangement des questions de la plus simple au
plus complexe. Après cette étape le questionnaire a
été pré-testé auprès de quelques
productrices et consommateurs de jus de bissap puis corrigé avant le
démarrage de l'enquête proprement dite.
2.2.3. Déroulement de l'enquête
Cette phase d'enquête sur le terrain s'est
déroulée sur une durée d'un mois allant de Décembre
2009 à Janvier 2010 et a consisté à administrer les
questionnaires aux productrices et consommateurs de jus de bissap.
Des visites aux enquêtés à domicile, sur
leur lieu de vente du jus de bissap, dans les écoles, gares,
hôpitaux, lieux de culte ont été organisé pour
remplir par nous même le questionnaire à la suite des
réponses des enquêtés à nos questions.
SECTION II : METHODE D'ANALYSE
Les données recueillies à l'aide de
l'enquête de terrain ont été codifiées puis saisies
à l'aide du logiciel EXCEL et traitées à l'aide du
logiciel Econométrics Views (Eviews) 3. Pour tester les deux
hypothèses retenues, différentes méthodes ont
été adoptées.
PARAGRAPHE I : Test de la première
hypothèse
Pour tester la première hypothèse, nous avons
procédé à une modélisation
économétrique, mettant en relation les variables qualitatives
pour identifier les facteurs qui expliquent la demande du jus de bissap
à Cotonou.
1. Spécification du modèle
1.1. Choix de la forme mathématique du
modèle et justification
L'instrument d'analyse principal retenu pour notre
étude est le modèle logit binaire. Le choix de ce modèle
se justifie par le fait que la variable dépendante (demande du jus de
bissap) est une variable rendue dichotomique (oui / non) et de plus la plupart
des variables indépendantes sont qualitatives. Elle a été
préférée à d'autres modèles binaires parce
qu'elle n'établit pas une fonction linéaire entre les variables
dépendantes et indépendantes et n'affecte pas aussi
l'homoscédasticité ; de plus, son utilisation n'exige pas
une distribution normale des variables (Jera and Ajayi, 2008).
1.2. Choix des variables du modèle
1 .2.1. Choix de la variable expliquée
La variable expliquée du modèle est la demande
du jus de bissap (DDE). On considère que l'individu demande le produit
si sa consommation hebdomadaire est supérieure ou égale à
1 litre.
1.2.2. Choix et justification des variables
explicatives
· QUALITÉ DU JUS DE BISSAP
(QTE)
La qualité d'un produit commercial est un facteur
très important pour la demande de ce produit. Dès lors, plus la
qualité d'un produit est meilleure, plus son niveau d'écoulement
augmente. Or, l'écoulement (le marché) d'un produit est
l'élément qui attire les acteurs à s'y intéresser.
De même, la meilleure qualité d'un produit par rapport à un
autre pourrait être considérée comme un avantage
relatif.
· CONDITIONS
CLIMATIQUES (CC)
Les conditions climatiques sont très
déterminantes dans la demande de boissons rafraîchissantes. En
effet en période de forte chaleur, la demande de jus tend à
croître alors qu'en période d'humidité ou de fraicheur
cette demande tend à baisser. De ce fait les conditions climatiques
peuvent jouer sur la demande du jus de bissap.
· GOÜT (GOU)
Selon la théorie microéconomique la prise en
compte du goût est un facteur important dans la demande d'un bien. Dans
le cas de la demande de boisson et de jus, le goût apparaît comme
un élément très fondamental. Ainsi le goût du jus de
bissap peut être déterminant pour sa demande.
· VERTU THERAPEUTIQUE
(VTE)
Les préoccupations diététiques, le
désir de consommer des aliments sains en faible teneur en graisse,
sucres, sel, compte pour beaucoup dans la fonction de demande des
consommateurs. Il apparaît aujourd'hui que les produits visant à
répondre aux préoccupations diététiques, de
même que les boissons rafraichissantes sans alcool et hypercalorique sont
très déterminants pour les consommateurs. Ainsi les vertus
thérapeutiques du jus de bissap peuvent s'avérer
déterminantes pour sa demande.
Tableau n°3 : Codification des
variables du modèle
Variables
|
Types de variables et codification
|
Signes attendus
|
DDE
|
Variable dépendante, elle indique si l'individu demande
le produit ou non. L'individu demande le produit si sa consommation
hebdomadaire est supérieure ou égale à 1 litre. Ne demande
pas le produit si sa consommation hebdomadaire est inférieure à
1 litre. (1=oui ; 0=non)
|
|
QTE
|
Variable indépendante, elle indique si la
qualité est un déterminant de la demande du jus de bissap
(1=oui ; 0=non)
|
+
|
CC
|
Variable indépendante, elle indique si les conditions
climatiques sont déterminantes dans la demande du jus de bissap
(1=oui ; 0=non)
|
+
|
GOU
|
Variable indépendante, elle indique si le gout est un
déterminant dans la demande du jus de bissap (1=oui ; 0=non)
|
+
|
VTE
|
Variable indépendante, elle indique si les vertus
thérapeutiques sont déterminantes dans la demande du jus de
bissap (1=oui ; 0=non)
|
+
|
Source :
données de l'étude, janvier 2010
2. Description du modèle et test de
validité
2.1. Description du modèle
2.1.1. Présentation du modèle
La variable expliquée de notre modèle est la
demande du jus de bissap. Elle est notée DDE et prend la valeur ``1'' si
le consommateur déclare avoir une consommation hebdomadaire du jus de
bissap qui est supérieure ou égale à 1 litre; `` 0 '' si
celui-ci se montre non favorable à la demande c'est à dire que le
consommateur déclare que sa consommation hebdomadaire est
inférieure à 1 litre.
Cette demande du jus de bissap est fonction de certaines
variables telles que la qualité, le goût, les conditions
climatiques et les vertus thérapeutiques du jus de bissap. La
probabilité pour que l'acteur déclare avoir une consommation du
jus de bissap supérieure ou égale à 1litre
c'est-à-dire pour que DDE=1 est donc :
Pi (DDE=1) = F (â0 +
â1QTEi + â2VTEi +
â3CCi + â4GOUi ) (1)
En notant â le vecteur des coefficients, X le vecteur
des variables explicatives et P le vecteur des probabilités ; on a
sous forme matricielle :
P = F (X â) (2)
(m, 1) (m, n) (m, 1)
F est la fonction de répartition associée aux
distributions de probabilité. Dans le cas de la présente
étude, elle est la fonction de répartition logistique qui se
présente selon Doucouré, 2005 comme suit :
F(t) = 1/ (1+e-t) (3)
En intégrant (3) dans (2) nous obtenons :
P=eXâ1 + eXâ (4)
De là nous avons la réciproque comme
suit :
F-1 (p) =Log ?P/1-P? = Xâ
(5)
Le rapport P/1-P est appelé odd ratio de la
probabilité pour qu'un consommateur demande le produit.
L'équation (5) est le logit de P.
L'équation (5) réécrit sous forme non
matricielle donne :
Log ?P/1-P? = â0 +
â1QTEi + â2VTEi +
â3CCi + â4GOUi
2 .1.2. Estimation du modèle
Le modèle est estimé par la méthode de
maximum de vraisemblance avec comme densité :
f =e-Xâ(1 +
e-Xâ)2
2.2. Tests de validité
Les tests et leurs règles de décision sont
expliqués suivant la description de Doucouré, 2005
· Test de significativité
globale (qualité du modèle)
Comme dans le cas des modèles de régression
linéaire avec variable dépendante continue, on effectue le test
de Fisher pour voir la significativité globale du modèle, dans le
cas des modèles à variables qualitatives estimés par la
méthode de maximum de vraisemblance, il existe un test analogue
(LR-Statistique) fondé sur le rapport des vraisemblances. On test donc
les hypothèses suivantes :
Hypothèse nulle(H0) : mauvais modèle
Hypothèse alternative(H1): bon modèle
Règle de décision
La statistique LR suit une loi de Khi-Deux à k
degrés de liberté avec k le nombre de variables explicatives. On
rejette H0 si la probabilité critique est inférieure à
á.
· Test de Hosmer - Lemeshow
Ce test est un test pour voir la qualité de
l'ajustement effectué. Ainsi, on teste les hypothèses
suivantes :
H0 : ajustement bon
H1 : ajustement mauvais
Règle de décision
On accepte H0 si la valeur de la probabilité
correspondante est supérieure à 5%. On rejette H0 dans le cas
contraire.
· Evaluation du pouvoir de
prédiction du modèle
Ici, on calcule le pourcentage de prédictions correctes
c'est-à-dire, le pourcentage des cas où la valeur observée
est égale à la valeur prédite. On calcule de même le
pourcentage des cas contraires (prédictions fausses).
Règle de décision
Plus le pourcentage des prédictions fausses est faible
(proche de 0), plus le pouvoir de prédiction est élevé.
· Test de significativité des
coefficients des variables explicatives
On test les variables suivantes :
H0 : âi = 0 (le coefficient est nul)
H1: âi ? 0
Règle de décision
On accepte H1 si la probabilité critique est
inférieure à 5%. On rejette H1 si cette probabilité est
supérieure à 5%.
2.3. Difficultés rencontrées
Au début de notre étude, nous avions
prévu utilisé le prix comme une variable explicative de la
demande mais lors de la phase exploratoire, nous nous sommes rendu compte que
le prix du jus de bissap est partout le même, ce qui nous a contraint
à retirer le prix des variables explicatives. De plus, étant
donné que nous ne pouvons disposer de la liste des consommateurs de jus
de bissap, nous avions utilisé la méthode
d'échantillonnage non aléatoire par choix raisonné. Cette
méthode nous a contraints à parcourir tous les artères de
la ville de Cotonou pour recueillir des informations. Aussi la demande du jus
de bissap étant une variable quantitative et qui devrait être
expliquée par des variables qualitatives, nous l'avions
transformée en variable binaire pour pouvoir faire les estimations. En
dehors de ça, au cours de notre enquête, nous avions
rencontré pas mal de difficultés dont la réticence ou
même le refus de certaine personne à répondre à nos
questions et l'incapacité de certaines personnes à nous dire la
quantité de jus de bissap qu'elle consomme par semaine.
PARAGRAPHE II : Test de la deuxième
hypothèse
Pour tester la deuxième hypothèse, nous avons
procédé à une modélisation
économétrique, mettant en relation les variables quantitatives
pour identifier les facteurs qui expliquent l'offre du jus de bissap à
Cotonou.
1. Spécification du modèle
1.1. Choix de la forme mathématique du
modèle et justification
Le modèle utilisé pour spécifier l'offre
du jus de bissap est un modèle de type log-log inspiré du
modèle de Nerlove. En effet le modèle log-log présente un
avantage, il donne immédiatement des coefficients qui
s'interprètent comme des élasticités. La forme
générale du modèle simplifié de Nerlove est
spécifiée comme suit :
Y = a + bP +cZ+ u
Y: offre espérée au temps t
P: prix au temps t
Z: regroupe les variables influençant l'offre au temps
t
u: erreur de spécification
Sur cette base la forme simplifiée du modèle
à utiliser dans le cadre de cette étude est :
OFFRE=
a0+a1QBF+a2QMO+a3TCP+ u
1.2. Choix des variables du modèle
1.2.1. Choix de la variable expliquée
La variable expliquée du modèle est l'offre du
jus de bissap (OFFRE). Elle est la quantité de jus de bissap produite
par semaine.
1.2.2. Choix et justification des variables
explicatives
· QUANTITE DE BISSAP FLEUR (QBF)
La matière première constitue
l'élément le plus important dans la production d'un bien. Ainsi
plus la quantité de bissap fleur est importante plus sera importante
l'offre du jus de bissap.
· QUANTITE DE LA MAIN D'OEUVRE (QMO)
Une main d'oeuvre importante et productive permet de produire
en grande échelle. La quantité de main d'oeuvre est un
élément à prendre en compte dans la production d'un bien
surtout si celui-ci est produit de façon artisanale.
Ainsi nous considérons que plus la quantité de main
d'oeuvre est importante plus la quantité produite du jus de bissap
serait importante.
· TEMPS CONSACRE A LA PRODUCTION
(TCP)
Le temps mis pour la production du jus de bissap permet non
seulement de tenir compte de l'aspect qualité mais aussi de produire en
quantité suffisante. Ainsi lorsque le temps mis pour produire le jus de
bissap est important plus sera important la quantité produite.
Tableau n°4 : Codification des
variables du modèle
Variables
|
Types de variables
|
Signe attendu
|
OFFRE
|
Variable dépendante. Elle exprime la quantité de
jus produite par semaine
|
|
QBF
|
Variable indépendante
|
+
|
QMO
|
Variable indépendante
|
+
|
TCP
|
Variable indépendante
|
+
|
Source :
données de l'étude, janvier 2010
2. Description du modèle et test de
validité
2.1. Description du modèle
2.1.1. Présentation du modèle
Comme nous l'avions annoncé antérieurement, le
modèle qui nous sert de base est un modèle de type log-log
inspiré du modèle simplifié d'offre de Nerlove. La
variable expliquée de notre modèle est l'offre du jus de bissap
qui est la quantité de jus de bissap produite par semaine. Cette offre
du jus de bissap est fonction de certaines variables telles que la
quantité de bissap fleur utilisée, la quantité de main
d'oeuvre utilisée, le temps consacré à la production. Ce
modèle se présente comme suit :
Log(OFFRE)= a0+a1 Log(QBF)
+a2 Log(QMO) +a3 Log(TCP) + u
2.1.2- Estimation du modèle
Le modèle est estimé par la méthode des
moindres carrés ordinaires.
2.2. Tests de validité
Les tests et leurs règles de décision sont
expliqués suivant la description de Doucouré, 2005 et de
Bourbonnais, 2003.
· Test de significativité
globale (qualité du modèle)
Hypothèse nulle (H0) : Le modèle n'est
pas globalement significatif
Hypothèse alternative (H1) : Le modèle est
globalement significatif
Règle de décision
La statistique F suit une loi de Fisher à (k-1) et
(n-k) degrés de liberté avec k le nombre de variables
explicatives. On rejette H0 si la probabilité critique associée
au F-statistic est inférieure à á et on accepte H1.
· Test de significativité des
coefficients des variables explicatives
On teste les variables suivant :
H0 : âi = 0 (le coefficient est nul)
H1: âi ? 0
Règle de décision
On accepte H1 si la probabilité critique
associée au t-statistic est inférieure à 5%. On rejette H1
si cette probabilité est supérieure à 5%.
· Test de corrélation des erreurs
de Durbin Watson (DW)
La statistique de Durbin-Watson(DW) est un test qui permet de
détecter l'autocorréllation des erreurs d'ordre 1 dans des
régressions en série temporelles et dans les modèles
à coupe instantanée. Afin de détecter l'hypothèse
d'indépendance des erreurs, Durbin et Watson ont tabulé les
valeurs critiques de test au seuil de 5% en fonction de la taille de
l'échantillon n et du nombre de variable explicatives k (Bourbonnais,
2003). La table donne deux (02) valeurs d1 et d2,
toutes comprises entre 0 et 4 et définissent cinq (05) intervalles. Pour
Bourbonnais, opt cit, selon la position de la statistique Durbin-Watson dans
ces intervalles, nous pouvons conclure :
ü Si d2 < DW< 4-
d2, il n'y a pas d'autocorrélation des erreurs
ü Si 0 < DW< d1, il y
autocorrélation positive des erreurs
ü Si 4- d1 <DW <4, il y a
autocorrélation négative des erreurs
ü Si d1<DW<d2 ou 4-
d2 <DW< 4- d1, il y a indétermination ;
on ne peut pas conclure.
· Test
d'hétéroscédasticité des erreurs de
White
Hypothèse nulle (H0) : Le modèle est
homocédastique
Hypothèse alternative (H1) : Le modèle est
hétéroscédastique
Règle de décision
Le modèle est homocédastique si probability est
supérieure à 5%.
Le modèle est hétéroscédastique si
probability est inférieure ou égale à 5%.
2.3. Difficultés rencontrées
Au début de notre étude, nous avions
prévu utilisé le prix et les conditions climatiques comme des
variables explicatives de l'offre mais lors de la phase exploratoire, nous nous
sommes rendus compte que le prix du jus de bissap est partout le même et
les productrices interrogées ont unanimement affirmé que les
conditions climatiques étaient un déterminant dans l'offre du
bissap, ce qui nous a contraint à retirer le prix et les conditions
climatiques des variables explicatives. De plus, étant donné que
nous ne pouvons disposer de la liste des productrices de jus de bissap, nous
avions utilisé la méthode d'échantillonnage non
aléatoire par choix raisonné. Cette méthode nous a
contraints à parcourir les points de vente du jus de bissap de la ville
de Cotonou pour recueillir des informations. En dehors de ça, au cours
de notre enquête, nous avions rencontré pas mal de
difficultés dont la réticence ou même le refus de certaines
femmes à fournir des informations qu'elles jugent de confidentielles et
l'incapacité de certaines productrices à évaluer la
quantité de jus de bissap produite par semaine ainsi que la
quantité de bissap fleur utilisée.
![](Analyse-de-l-offre-et-de-la-demande-du-jus-de-bissap-au-Beninetude-du-cas-de-la-ville-de-Cotonou9.png)
SECTION I : PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS
Nous présenterons et analyseront ici les
résultats des enquêtes menées auprès des
consommateurs et productrices de jus de bissap. Nous ferons ensuite quelques
suggestions en vue d'une valorisation du bissap au Benin.
PARAGRAPHE I : Présentation des
résultats
1. Test de la première hypothèse
L'estimation logit du modèle de demande à l'aide
du logiciel EVIEWS 3 donne le tableau n°5 :
Tableau n°5 : Résultat de
l'estimation du modèle logit
Variable dépendante : DDE
Méthode d'estimation : maximum de vraisemblance
(modèle logit)
Taille de l'échantillon : 100
|
Variables
|
Coefficient
|
z - de Student
|
Probabilité critique.
|
C
|
-3.019242
|
-2.763050
|
0.0057
|
QTE
|
3,568754
|
3,434006
|
0,0006***
|
VTE
|
1,446703
|
1,568456
|
0,1168
|
CC
|
2,248531
|
2,261214
|
0,0237**
|
GOU
|
3,207885
|
3,185303
|
0,0014***
|
Rapport des vraisemblances (LR), HL- statistique :
6,2544
(ddl = 4) : 50,29477
Probabilité de x2 (ddl=8): 0,6188
Probabilité de LR : 3,13 10-10
% de prédiction correctes : 92
R2 de McFadden : 0,571961 %
de prédiction incorrecte : 8
|
Source: données de
l'étude, janvier 2010
NB: (*)= significatif à
10% ; (**) = significatif à 5% ; (***) = significatif à
1%
Ainsi, les résultats des différents tests
effectués se présentent comme suit :
1.1. Test de significativité globale du
modèle
Après estimation, la probabilité de la
statistique LR est de 3,13.10-10 ce qui est très
inférieure à 0,05 ; donc on rejette l'hypothèse nulle
H0 (mauvais modèle) et on accepte l'hypothèse alternative H1(bon
modèle).
1.2. Test de Hosmer-Lemeshow
La probabilité obtenue pour la statistique HL au seuil
de 5% est de 0,6188 (tableau n°5) supérieure à
0.05 donc on accepte l'hypothèse H0 (ajustement bon) et on rejette
l'hypothèse H1(mauvais ajustement).
1.3. Evaluation du pouvoir de prédiction du
modèle :
Le pourcentage de prédiction correcte est de 92%
(tableau n°5) alors que celui de prédiction fausse est de
8%.
1.4. Evaluation du pouvoir explicatif du
modèle :
La valeur de R2 de McFadden est de 0,571961
(tableau n°5) soit 57,20%.
1.5. Test de significativité des coefficients
estimés.
Suivant les résultats du tableau n°5, on
a :
§ QTE (Qualité du jus de
bissap)
L'estimation du coefficient de la variable QTE donne une
valeur de 3,568754 avec une probabilité critique de 0,0006 ce qui est
inférieure à 0,01 donc on accepte l'hypothèse H1
(âi ? 0) et on rejette l'hypothèse H0
(âi = 0) au seuil de 1%.
§ VTE (Vertu
Thérapeutique du jus de bissap )
L'estimation du coefficient de la variable VTE donne une
valeur de 1,446703 avec une probabilité critique de 0,1168 ce qui est
supérieure à 0,1 donc on accepte l'hypothèse nulle H0
(âi = 0) et on rejette l'hypothèse alternative H1
(âi ? 0) au seuil de 10%.
§ CC (Conditions Climatiques)
L'estimation du coefficient de la variable CC donne une
valeur de 2,248531 avec une probabilité critique de 0,0237 ce qui est
inférieure à 0,05 donc on rejette l'hypothèse nulle H0 et
on accepte l'hypothèse alternative H1 au seuil de 5%.
§ GOU (Gout du jus de bissap)
L'estimation du coefficient de la variable GOU donne une
valeur de 3,207885 avec une probabilité critique de 0,0014 ce qui est
inférieure à 0,01 donc on accepte l'hypothèse H1
(âi ? 0) et on rejette l'hypothèse nulle H0
(âi = 0) au seuil de 1%.
2- Test de la deuxième hypothèse
L'estimation du modèle d'offre à l'aide du
logiciel EVIEWS 3 donne le tableau n°6 :
Tableau n°6 : Résultat de
l'estimation du modèle d'offre
Variables Coefficients
Ecarts-types Statistiques T Probabilités
|
C 3.094448
0.112537 27.49707 0.0000
|
LQBF 0.602108
0.090138 6.679824 0.0000***
|
LQMO 0.372375
0.155674 2.392026 0.0209**
|
LTCP 0.019375
0.066444 0.291599 0.7719
|
R² 0.727380
|
R² ajusté 0.709600
Statistique F
40.91094
|
Statistique DW 1.939925
Prob(statistique F)
0.000000
|
Source: données
d'enquête, janvier 2010
NB: (*)= significatif à
10% ; (**) = significatif à 5% ; (***) = significatif à
1%
2.1. Test de significativité globale du
modèle
Le modèle est globalement significatif car la valeur de
la Prob(F-statistic) est inférieur à 5%.
2.2. Test de significativité des coefficients
estimés
n QBF (Quantité de bissap
fleur)
L'estimation du coefficient de la variable QBF donne une
valeur de 0,602108 avec une probabilité critique de 0,0000 ce qui est
inférieure à 0,01 donc on accepte l'hypothèse H1 et on
rejette l'hypothèse H0 au seuil de 1%.
n QMO (Quantité de main d'oeuvre)
L'estimation du coefficient de la variable QMO donne une
valeur de 0,372375 avec une probabilité critique de 0,0209 ce qui est
inférieure à 0,05 donc on accepte l'hypothèse H1 et on
rejette l'hypothèse H0 au seuil de 5%.
n TCP (Temps consacré à la
production)
L'estimation du coefficient de la variable TCP donne une
valeur de 0,019375 avec une probabilité critique de 0,7719 ce qui est
supérieure à 0,05 donc on accepte l'hypothèse H0 et on
rejette l'hypothèse H1 au seuil de 5%
2.3. Test de corrélation des erreurs de Durbin
Watson (DW)
Nous disposons dans le cas de notre étude de n=50
observations. Le nombre d'exogènes véritable est k=3. Sur la
table de Durbin et Watson, k correspond au nombre de variables explicatives
(constante exclue).
On lit dans la table de Durbin-Watson, au seuil de 5% :
d1=1,42 d2=1,67 DW= 1,94
4-d2=2,33
Obtient : 1,67 < 1,94 < 2,33 et donc DW est compris
entre 4-d2 et d2, nous pouvons donc présumer une absence de
corrélation des erreurs.
2.4. Test
d'hétéroscédasticité des erreurs de White
Tableau n°7 :
Résultat du test de White
White Heteroskedasticity Test:
|
F-statistic
|
1.154219
|
Probability 0.348342
|
Obs*R-squared
|
6.935673
|
Probability 0.326837
|
Source: données
d'enquête, janvier 2010
Les deux probabilités sont supérieures à
5%. On accepte l'hypothèse d'homocédasticité des erreurs.
Les estimations obtenues par les moindres carrées ordinaires sont
optimales.
PARAGRAPHE II : Analyse des résultats et
limites de l'étude
1. Analyse des résultats de la première
hypothèse
En ce qui concerne la qualité de l'ajustement, le
résultat du test de Hosmer-Lemeshow montre que l'ajustement
effectué par le modèle est bon. Ce qui veut dire que la
différence entre les variables observées et prédites n'est
pas significative. De même le calcul des pourcentages de
prédictions fausses est très faible et en plus le R2
de McFadden (indiquant le pouvoir explicatif) du modèle est relativement
élevé ; ainsi, dans l'ensemble, le modèle peut
être accepté et ses résultats validés.
D'après les résultats du test de
significativité globale, le modèle est globalement significatif
c'est-à-dire les variables exogènes du modèle expliquent
en général, la variable endogène. Autrement dit, la
qualité du jus de bissap, le goût du jus de bissap, les conditions
climatiques et les vertus thérapeutiques du jus de bissap, influencent
en général la demande du jus de bissap. Cependant prise
individuellement, une variable notamment les vertus thérapeutiques du
jus de bissap, n'a pas d'influence significative sur cette décision.
Mais il est nécessaire de préciser avant toute
interprétation que dans un modèle binaire (logit dans le cas de
la présente étude) les valeurs des paramètres n'ont pas
d'interprétation directe. La seule information réellement
utilisable est le signe de ces paramètres indiquant si la variable
associée influence la probabilité à la hausse ou à
la baisse (Doucouré, 2005).
Des résultats de l'estimation logit, il ressort qu'au
seuil de risque de 1%, la qualité du jus de bissap (QTE) et le
goût (GOU) sont les variables qui influencent la décision de
demander le jus de bissap. Si un seuil de risque d'erreur de 5% est retenu, les
conditions climatiques aussi interviennent dans les critères de choix
des consommateurs. A un seuil de risque d'erreur de 10% toutes les trois
variables (qualité du jus de bissap, le goût, les conditions
climatiques) influencent la décision de consommer le jus de bissap. Par
contre n'ont aucune influence significative sur la décision de demande
du jus de bissap, même à un seuil de risque d'erreur de 10% les
vertus thérapeutiques du jus de bissap.
En effet, la significativité de la variable QTE est
d'ailleurs conforme aux recherches de Jules Gazon(1995), qui stipule que la
prise en compte du goût et de la qualité est devenue de plus en
plus importante dans la demande des produits alimentaires et de boisson.
Conformément au signe attendu le signe du coefficient de la variable QTE
est positif. Ainsi la probabilité pour qu'un consommateur soit
prêt à demander le jus de bissap est une fonction croissante de
la qualité du jus de bissap c'est-à-dire, toute chose
étant égale par ailleurs ; plus la qualité du jus est
meilleure, plus les consommateurs sont prêts à demander.
S'agissant de la variable GOU aussi significative, le signe
obtenu pour son coefficient est également positif et conforme à
notre attente. Donc la probabilité pour qu'un consommateur accepte
consommer le jus est une fonction croissante de la variable goût du jus
de bissap. Alors, plus le jus a un bon goût, plus les consommateurs sont
disposés à en acheter.
Aussi, la significativité de la variable CC est
conforme aux recherches de Jules Gazon (1995), qui stipule que la demande
d'eaux minérales et de boissons rafraîchissantes est fortement
influencée par les conditions climatiques. Et le signe obtenu pour son
coefficient répond parfaitement à notre attente. Ainsi la
probabilité pour qu'un consommateur soit prêt à demander
le jus de bissap est une fonction croissante des conditions climatiques
c'est-à-dire, toute chose étant égale par ailleurs ;
plus il fait très chaud, plus les consommateurs sont prêts
à demander le jus de bissap.
De tout ce qui précède nous retenons que les
consommateurs sont prêts à demander le jus de bissap à
condition que le jus soit de meilleure qualité, que le goût du jus
soit très bon et qu'on soit à une période où les
conditions climatiques soit favorables à la consommation du jus.
Nous pouvons alors de ce résultat, valider notre
première hypothèse relative aux variables qui influencent la
décision de demande du jus de bissap.
2. Analyse des résultats de la deuxième
hypothèse
Le coefficient de détermination ajusté R²
indique le pourcentage des variations de la variable dépendante qui est
expliquée par les variables explicatives incluses dans le modèle.
Il exprime le degré de relation entre la variable expliquée et
les variables explicatives. Plus le coefficient est élevé, plus
les variables explicatives incluses dans le modèle expliquent mieux le
phénomène étudié. Ainsi dans le cas de notre
étude le R² est de 0,7096 soit 71%. Cela signifie que dans 71% des
cas, les variations de l'offre sont expliquées par les trois variables
contenues dans le modèle à savoir la quantité du bissap
fleur (QBF), la quantité de la main d'oeuvre (QMO), le temps
consacré à la production (TCP).
D'après les résultats du test de
significativité globale, le modèle est globalement significatif
c'est-à-dire les variables exogènes du modèle expliquent
en général, la variable endogène. Autrement dit, la
quantité de bissap fleur utilisée, la quantité de la main
d'oeuvre, le temps consacré à la production, influencent en
général l'offre du jus de bissap. Cependant prise
individuellement, le temps consacré à la production n'a pas
d'influence significative sur l'offre du jus. Il est important de
préciser que dans ce modèle qui de type log-log les valeurs des
paramètres s'interprètent comme des élasticités.
Des résultats de l'estimation du modèle d'offre,
il ressort qu'au seuil de risque de 1%, la quantité de bissap fleur
(QBF) est la variable qui influence l'offre du jus de bissap. Si un seuil de
risque d'erreur de 5% est retenu, la quantité de main d'oeuvre (QMO)
aussi intervient dans la détermination de l'offre du jus de bissap. A
un seuil de risque d'erreur de 10% toutes les deux variables (quantité
de bissap fleur et quantité de main d'oeuvre) influencent l'offre du jus
de bissap. Par contre n'a aucune influence significative sur la quantité
produite du jus de bissap, même à un seuil de risque d'erreur de
10%, le temps consacré à la production.
En effet, le signe attendu de la valeur du coefficient de la
variable QBF est positif et conforme à nos attentes. Ainsi lorsque la
quantité du bissap fleur augmente de 10%, l'offre du jus de bissap
augmente de 6,02%.
S'agissant de la variable QMO aussi significative, le signe
obtenu pour son coefficient est également positif et répond
parfaitement à notre attente. Donc lorsque la quantité de la main
d'oeuvre augmente de 10%, l'offre du jus de bissap augmente de 3,72%.
De tout ce qui précède nous retenons que la
quantité de la main d'oeuvre et la quantité du bissap fleur sont
les déterminants de l'offre du jus de bissap à Cotonou et qu'agir
sur l'offre du jus de bissap à Cotonou reviendrait à agir sur la
quantité du bissap fleur utilisée et agir également sur la
main d'oeuvre.
Nous pouvons alors de ce résultat, valider notre
deuxième hypothèse relative aux variables qui influencent l'offre
du jus de bissap à Cotonou.
3. Limites
Comme limites à notre étude, nous pouvons noter
que le fait de fixer la demande du jus de bissap à une consommation
supérieure ou égale à 1 litre fait que beaucoup de
consommateurs ne sont pas pris en compte. Ajouter à cela il faut noter
que le faible nombre d'observations, la réticence à
répondre directement à nos questions et les difficultés
d'évaluations des quantités produites et consommées de la
part de certains consommateurs et productrices de jus de bissap laissent planer
des doutes quant à la fiabilité des résultats
statistiques.
SECTION II : SUGGESTIONS
A la lumière de ce qui précède, plusieurs
suggestions sont formulées tant à l'endroit de l'État que
des particuliers en vue d'une valorisation de la culture du bissap au
Bénin.
PARAGRAPHE I : A l' endroit des promoteurs et des
femmes
Nous suggérons à l'endroit des personnes qui
aimeraient investir dans la production de jus de bissap qu'un accent
particulier devrait être mis sur la qualité et le goût du
jus qu'ils mettront sur le marché pour répondre aux
préoccupations des consommateurs. Cependant il faudrait tenir compte de
l'aspect climat dans la détermination de l'offre du produit. Aussi il
s'est avéré lors de nos enquêtes auprès des
consommateurs que la majeure partie d'eux ignore les vertus
thérapeutiques que regorge le jus de bissap. Nous suggérons donc
aux futurs promoteurs de faire la sensibilisation dans ce sens et surtout
promouvoir les autres produits dérivés du bissap tels que les
confitures du bissap, le sirop du bissap ainsi que le bissap en poudre.
Étant donné que la terre et la main d'oeuvre
constituent des facteurs limitant à leur accès à
l'agriculture et que l'oseille peut être cultivée le long des
champs, un mari permettra à sa femme d'utiliser cet espace qui serait
autrement ''gaspillé''. Pour les femmes pratiquant l'agriculture dans
les zones urbaines, périurbaines et rurales disposant d'un accès
régulier aux marchés, les avantages économiques
tirés de la production de l'oseille sont considérables.
D'énormes quantités seront vendues à travers les
marchés, et plus importante, cependant, la vente des produits d'oseille
tel que le jus de bissap pourra procurer des revenus qui seront directement
contrôles par les femmes.
PARAGRAPHE II : A l'endroit de l'Etat
L'Etat Béninois gagnerait à inscrire le bissap
au nombre des filières porteuses retenues pour la diversification
agricole au Benin car le bissap regorge d'énormes potentialités
qui sont actuellement sous utilisées.
En effet avec une économie mondiale en perpétuel
changement et qui exige une spécialisation des exportations agricoles,
il y a un potentiel réel pour l'oseille car contrairement au coton
cultivé dans l'espace ouest Africain, l'oseille peut être
consommé et vendue localement.
![](Analyse-de-l-offre-et-de-la-demande-du-jus-de-bissap-au-Beninetude-du-cas-de-la-ville-de-Cotonou10.png)
CONCLUSION
Le jus de bissap rouge est devenu une boisson très
prisée sur le continent Africain et à Cotonou en particulier.
Cette forte demande à Cotonou serait influencée selon nos
hypothèses par les conditions climatiques, les vertus
thérapeutiques, le goût et la qualité du jus de bissap. Et
l'offre influencée selon nos hypothèses par la quantité de
main d'oeuvre utilisée pour produire le jus, la quantité de
bissap fleur nécessaire pour la production ainsi que le temps
consacré à la production.
Cependant les études économétriques nous
ont permis de remarquer que les facteurs qui influencent la demande du jus de
bissap à Cotonou sont : les conditions climatiques, le goût
et la qualité du jus de bissap. Les facteurs influençant l'offre
du jus de bissap sont la quantité de bissap fleur utilisée et la
quantité de main d'oeuvre.
L'impression d'ensemble qui se dégage de cette
étude est qu'agir sur la demande du jus de bissap reviendrait à
mettre l'accent sur la qualité et le goût du jus et que la
quantité de jus de bissap qui sera mis sur le marché
dépendra de la quantité de main d'oeuvre utilisée, de la
quantité du bissap fleur et des conditions climatiques du moment.
Cette étude permettra aux productrices de jus de
bissap de connaître les réelles préoccupations des
consommateurs et les facteurs déterminants dans l'offre de leur produit
en vue d'un accroissement du volume de leur vente. Aux consommateurs de s'en
rendre compte que le jus de bissap regorge énormément de vertus
importantes pour leur santé. Elle permettra aussi à l'Etat
béninois de disposer d'informations utiles en vue d'une promotion de la
filière bissap au Bénin.
Sans prétendre avoir abordé tous les contours du
sujet nous espérons que nos suggestions seront prises en compte et
encourageons d'autres chercheurs à poursuivre les recherches et pourquoi
pas étudier l'efficacité productive des productrices de jus de
bissap ?
![](Analyse-de-l-offre-et-de-la-demande-du-jus-de-bissap-au-Beninetude-du-cas-de-la-ville-de-Cotonou11.png)
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