L'éducation et la protection de la petite enfance et la réalisation des objectifs de l'éducation pour tous ( E.P.T.).( Télécharger le fichier original )par Vincent NAGREONGO Ecole des cadres supérieurs en travail social/ Burkina Faso - Diplôme d'état d'inspecteurs d'éducation de jeunes enfants 2008 |
Conclusion partielle 3Le nombre d'années passées au cycle préscolaire améliore les résultats scolaires des élèves au primaire, comme le montrent les différents résultats. Notre hypothèse secondaire n°2 est ainsi confirmée : « la durée de l'impact de l'EPPE sur les performances des enfants au primaire est fonction du nombre d'année passée dans les CEEP». III.2.4. L'EPPE et les objectifs de l'EPTLes enfants ont d'énormes besoins. Grâce aux instruments juridiques, ces besoins se déclinent aisément en droits qu'il faut cerner et travailler à satisfaire. Les programmes qui sont développés dans le cadre de l'éducation de la petite enfance sont un moyen précieux de garantir le respect et la satisfaction de ces droits. Notre étude a bien montré que ces programmes conduisent les enfants à de meilleurs résultats au primaire. Parce qu'ils améliorent les résultas des élèves au primaire, les programmes développés dans le cadre de l'EPPE apparaissent comme un puissant facteur et accélérateur vers l'atteinte des objectifs de « l'éducation pour tous » à l'horizon 2015 tels que recommandés par la Communauté Internationale à Dakar (Sénégal) en 2000. Objectif n°1 : Les Etats doivent développer et améliorer sous tous leurs aspects l'éducation et la protection de la petite enfance, notamment en faveur des enfants les plus vulnérables et défavorisés. Le développement cognitif, psychomoteur et socio affectif est déterminé par les expériences des premières années de vie (0-6 ans). Les recherches dans les domaines de la biologie, de la psychologie, de la sociologie... de même que des recherches appliquées en éducation ont permis de le confirmer. L'encadrement de la petite enfance favorise ce développement et contribue au bien-être global de l'enfant. L'éducation de qualité est un droit. En conséquence, il est important que tous les institutions et moyens nécessaires pour leur assurer ce droit, soient mis en place. L'histoire nous révèle l'existence de nombreux instruments et mesures juridiques de protection de ces droits : a en 1959, l'Assemblée Générale des Nations Unies a adopté la déclaration des droits de l'enfant qui a posé quelques principes fondamentaux des droits de l'enfant ; a en 1989, elle a adopté la convention relative aux droits de l'enfant qui a défini quatre (4) grands principes : (i) le droit à la vie, à la santé, et au développement (art 6 et 24), (ii) la non discrimination (art 30), (iii) la prise en considération de l'intérêt supérieur de l'enfant (art 3), (iv) le droit d'être entendu (art 12) ; a la Charte Africaine des droits et du bien-être de l'enfant adoptée en 1990 qui vise à prendre en compte les spécificités propres à l'enfant africain ; a etc. Ainsi, développer l'EPPE (de qualité) au profit des enfants de 3 à 6 ans sans discrimination aucune, c'est rendre compte de l'objectif n°1 de l'EPT. Objectif n°2 : Les Etats doivent faire en sorte que d'ici à 2015, tous les enfants, en particulier, les filles, les enfants en difficulté et ceux qui appartiennent à des minorités ethniques, aient la possibilité d'accéder à un enseignement primaire obligatoire et gratuit et de qualité et de le suivre jusqu'à son terme. Les résultats de notre étude ont permis de confirmer que les programmes développés pour l'éducation de la petite enfance dans les structures préscolaires agréées améliorent l'état de préparation à l'entrée à l'école. Ils confèrent aux élèves de meilleurs résultats par rapport à leurs camarades venus directement de la maison pour le CP1. Ces programmes augmentent la probabilité d'inscription en première année de l'école primaire : les enfants qui passent par les CEEP sont directement inscrits aux CP1 à leur sortie sauf cas de force majeure. Par ailleurs, l'EPPE réduit les scolarités tardives. Elle permet aux jeunes enfants de commencer leur scolarité primaire à 6 ans. Par exemple 74,12% des élèves de notre étude qui ont fréquenté les CEEP sont entrés au CP1 à 6 ans ; 15,29% avaient 5 ans et seulement 9,41% avaient 7 ans. Les redoublements et les abandons scolaires sont également réduits par rapport aux élèves qui n'ont pas fréquenté les CEEP. Ils terminent le cycle primaire sans trop de difficultés. Les données de notre étude nous révèlent un taux d'achèvement de 91,75% contre 56,7% pour les autres. Par la qualité des approches utilisées, l'EPPE permet également de réduire les inscriptions dans les établissements d'éducation spéciale : elle compense les déficits de soins affectifs et prévient les troubles psychologiques divers de l'enfance. Si le séjour du jeune enfant dans une structure préscolaire permet de réduire les redoublements et les abandons scolaires, et croît le taux d'achèvement du cycle, alors elle contribue à la réussite scolaire, à diminuer les charges tant pour les pouvoirs publics que pour les familles, car le nombre d'années/élève baisse tout au long du cycle. Objectif n°5 : Les Etats doivent éliminer les disparités entre sexes dans l'enseignement primaire et secondaire d'ici à 2015, et instaurer l'égalité dans ce domaine en veillant notamment à assurer aux filles un accès équitable et sans restriction à une éducation de base de qualité avec les mêmes chances de réussite. L'article 18 de la Constitution du 2 juin 1991 du Burkina Faso reconnaît le droit à l'éducation à tous les citoyens. La Loi 013-2007/AN du 30 juillet 2007 portant Loi d'orientation de l'éducation proclame à son tour que l'éducation est une priorité nationale et toute personne vivant au Burkina Faso a droit à l'éducation sans discrimination aucune. L'EPPE favorise la scolarisation de tous les enfants sans distinction. Elle permet surtout à la jeune fille d'avoir accès à l'école malgré les contraintes multiformes qui pèsent sur elle : a lorsque les jeunes enfants participent à l'EPPE dans des structures bien organisées, leurs soeurs âgées n'ont plus à s'en occuper. Cette charge représente un obstacle majeur couramment avancé pour justifier la rétention des filles à la maison au lieu de les envoyer à l'école ; a aussi, les différents programmes d'EPPE contribuent fortement à lutter contre les différents stéréotypes relatifs aux rôles traditionnels attribués aux deux sexes par le fait de l'éducation reçue dans les familles. Dans les CEEP les enfants sont reçus et encadrés en tant qu'enfants qui ont des droits. Il n'existe pas au sein des structures préscolaires de spécification des activités. Si cette spécification existe, elle répond à des besoins pédagogiques liés à l'organisation d'une activité particulière en vue de la socialisation des enfants ; a les programmes pédagogiques développés favorisent l'égalité entre filles et garçons à l'âge où les jeunes enfants construisent leur personnalité à partir de laquelle les notions de tolérance, d'empathie, d'identité revêtent une importance particulière. L'EPPE est un important instrument de promotion et de valorisation de la parité des sexes ; a ces programmes sont conçus sur la base des besoins des enfants (socio affectifs, psychomoteurs, cognitifs), suivant les critères de développement de chaque groupe d'âge (0 à 3 ans, 3 à 6 ans) et visant la satisfaction absolue des droits de l'enfant sans distinction aucune ; a l'EPPE permet aussi de résoudre les difficultés individuelles de chaque enfant. Elle encourage l'approche multilingue pour aider chacun à être au même niveau de compréhension que les autres, favorise l'accès des cas spécifiques tels les handicapés, les exclus. Certaines informations statistiques concernant les résultats au niveau des CEEP montrent que les filles bénéficient autant que les garçons sinon plus de l'EPPE. Les résultats de notre étude montrent que les filles qui ont fréquenté les structures préscolaires ont un meilleur taux d'achèvement (93,48%) par rapport à leurs camarades qui n'en ont pas eu droit (61,82%). Leur taux d'achèvement dépasse par ailleurs celui des garçons qui ont pris part à l'EPPE (90,20%). Sans EPPE, il est démontré que les jeunes filles restent à la traîne. Les données de notre étude indiquent qu'il est bien possible de rattraper le retard des filles par leur participation aux programmes l'EPPE de qualité. Objectif n°6 : Les Etats doivent améliorer sous tous ses aspects la qualité de l'éducation dans un souci d'excellence, de façon à obtenir pour tous des résultats d'apprentissage reconnus et quantifiables, notamment en ce qui concerne la lecture, le calcul, et les compétences indispensables dans la vie courante. Les CEEP ont pour mission de : « organiser des activités éducatives destinées aux jeunes enfants de 3 à 6 ans en vue de développer leurs potentialités affectives, artistiques, intellectuelles et physiques et de les préparer à l'enseignement primaire 27(*)». La participation à une EPPE vise donc la réussite scolaire future (primaire, post-primaire, secondaire et supérieur) et sociale (charges et responsabilités sociales et politiques, citoyenneté). Elle confère une base importante pour les apprentissages ultérieurs. Lorsque le passage dans les CEEP est bien organisé, l'EPPE influence la qualité de la pédagogie à l'école primaire comme les résultats de notre étude nous ont permis de le constater : meilleures moyennes, meilleurs rangs, meilleurs indicateurs de performance (taux de promotion, taux d'achèvement etc.). C'est ce que Fabian et Dunlod (2006) ont appelé la « préparation à l'école » et la « préparation de l'école ». La première approche relève de la souveraineté pédagogique de la CEEP qui stimule le développement de l'enfant et le prépare à rentrer à l'école. La préparation à l'école englobe différents domaines bien distincts du développement. : a le bien-être physique et le développement moteur qui se traduit en termes de santé, de croissance, d'autonomie, etc. ; a le développement socio affectif (la maîtrise de soi, la capacité d'accepter les autres et vivre avec eux, etc.) ; a les approches de l'apprentissage qui s'expriment par l'enthousiasme, la curiosité, la persévérance, etc. ; a le développement du langage (le vocabulaire, aptitude à apprendre et communiquer, etc.) ; a le développement cognitif et les connaissances générales (compétences cognitives, aptitudes à comparer, à mesurer, à observer et à distinguer les ressemblances et les différences, etc.). La « préparation de l'école » concerne essentiellement le milieu scolaire qui stimule ou bloque les possibilités des enfants selon qu'il est convenablement organisé ou non. * 27 Op. Cit., page 72 |
|