L'éducation et la protection de la petite enfance et la réalisation des objectifs de l'éducation pour tous ( E.P.T.).( Télécharger le fichier original )par Vincent NAGREONGO Ecole des cadres supérieurs en travail social/ Burkina Faso - Diplôme d'état d'inspecteurs d'éducation de jeunes enfants 2008 |
CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE DE L'ETUDECHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE DE L'ETUDEI. PROBLÉMATIQUELe droit à l'éducation est un droit fondamental. Il occupe une place centrale dans les droits de l'homme et est indispensable à l'exercice de tous les autres droits. Aucun droit civil, politique, économique et social ne peut être exercé pleinement par les individus s'ils n'ont reçu un minimum d'éducation. L'éducation est un outil fondamental qui contribue à l'autonomisation des peuples. L'article 18 de la Constitution du 2 juin 1991 du Burkina Faso reconnaît le droit à l'éducation à tous les citoyens. La Loi 013-2007/AN du 30 juillet 2007 portant Loi d'orientation de l'éducation proclame que l'éducation est une priorité nationale et toute personne vivant au Burkina a droit à l'éducation sans discrimination aucune. Elle organise le système éducatif en quatre sous systèmes à savoir : (i) l'éducation formelle ; (ii) l'éducation non formelle ; (iii) l'éducation informelle ; et (iv) l'éducation spéciale. L'éducation formelle comprend l'éducation de base formelle, l'enseignement secondaire, l'enseignement supérieur, la formation technique et professionnelle. L'obligation scolaire couvre la tranche d'âge de 6 à 16 ans. Cette tranche d'âge correspond à l'éducation de base formelle sans l'éducation préscolaire (3 à 6 ans). Il s'agit de l'enseignement primaire et post-primaire. En effet, ces deux ordres d'enseignement font l'objet de préoccupations des autorités depuis un certain temps. Au regard des résultats scolaires largement en deçà des attentes, le gouvernement avec l'appui des partenaires techniques et financiers (PTF) a entrepris d'offrir un enseignement primaire au plus grand nombre possible de citoyens. Pour ce faire, le Ministère en charge de l'éducation de base a élaboré et met en oeuvre le Plan décennal de développement de l'éducation de base (PDDEB)3(*). L'objectif de ce plan est de parvenir à un taux brut de scolarisation de 78,2% (Phase 2 du PDDEB) au niveau de l'enseignement primaire à l'horizon 2010. Ce plan est devenu le moteur opérationnel du développement de l'éducation vers les objectifs de l'EPT et les OMD pour 2015. Toutefois, l'observation des statistiques de l'éducation de base 2006/07 montrent que les taux de redoublement et d'abandon demeurent toujours très élevés et le taux d'achèvement reste bas dans la perspective de l' EPT : a une forte proportion de redoublants : en 2006/07, on a enregistré au niveau de l'enseignement primaire une proportion de redoublants de 11,75%. Cela signifie qu'environ 12 élèves sur 100 redoublent entre le CP1 et le CM2. Au niveau des sous cycles, on a noté un taux de redoublement de 7,7% au CP, 13% pour le CE et jusqu'à 23,8% pour les CM. Le taux de redoublement a même connu une hausse entre l'année scolaire 2005/06 et 2006/07 au CE et au CM. Il est passé de 12,81% à 13,02% pour le CE et de 23,60% à 23,83% pour les classes de CM ;
a Des taux d'abandon préoccupants : à la même période, le taux d'abandon était estimé à 4,8% et 5% respectivement au CP et au CE. Ce taux d'abandon atteignait presque 9% pour les CM. Aussi, il est ressorti que 34,4% des enfants âgés de 6 à 18 ans ont abandonné l'école en 2006/07 pour diverses raisons. Ce taux se répartit comme suit : 4,7% pour les 6-11 ans et 29,7% pour les plus âgés (12-18 ans)4(*). Le renvoi est la 2ème cause d'abandon des 6-11 ans5(*). a un taux d'achèvement faible : sur 78,31% d'enfants qui ont accès à l'école, seulement 36,4% réussissent à achever le cycle primaire. Ce qui voudrait dire que plus de 42% d'entre eux quittent l'école avant le CM2. Au niveau du post-primaire6(*), la situation n'est guère meilleure. Le tableau suivant fait l'état des redoublements et des abandons en 2006/07. Tableau n°1 : taux d'abandon et de redoublement au post-primaire en 2006/07
Source : Annuaire statistique DEP/MESSRS 2006/07
Ces chiffres indiquent que le système éducatif a du mal à satisfaire les besoins éducatifs de tous. Tous les enfants ne vont pas encore à l'école. Ceux qui y vont ne parviennent pas tous à achever le cycle primaire. Pourtant, l'objectif n°2 de l'EPT recommande aux Etats de « faire en sorte que d'ici à 2015, tous les enfants aient la possibilité d'accéder à un enseignement primaire obligatoire et gratuit de qualité et de le suivre jusqu'à son terme »7(*). Aussi, dans la perspective de la cible de l'objectif n°2 des OMD, « les pays doivent donner à tous les enfants (garçons et filles) d'ici à 2015, les moyens d'achever un cycle complet d'étude primaire »8(*). Or, il est impossible d'atteindre ces objectifs si tous les enfants n'arrivent pas à achever le cycle primaire comme c'est le cas au Burkina Faso. Plusieurs études réalisées dans les pays développés (SCHWEINHART et al. 1993)9(*) montrent que les programmes EPPE de qualité peuvent améliorer le rendement des élèves au primaire et même au-delà. Mais si l'impact de l'EPPE sur les performances scolaires des enfants est bien démontré et soutenu par des études dans les pays industrialisés, tel n'est pas le cas dans les pays en voie de développement où il existe très peu d'études comme l'indique le rapport mondial sur le suivi de l'EPT 2007. De nombreux pays en développement ont mis en place des politiques de développement de l'éducation de la petite enfance. Seulement, les progrès sont lents et inégaux. Mais quelle est la situation de l'impact de l'EPPE sur les performances des enfants au primaire au Burkina Faso ? Pour nous renseigner à propos de cette situation, la présente étude se propose de répondre à la question suivante : Question principale : Les élèves du primaire ayant fréquenté les établissements préscolaires obtiennent-ils de meilleurs résultats scolaires que leurs camarades qui n'ont pas fréquenté ces établissements ? Questions secondaires : a y a-t-il une différence de performances entre les enfants selon le statut de la structure préscolaire fréquentée ? a à partir de quelle classe l'impact de l'EPPE sur les performances des enfants s'estompe-t-il ? Le choix du thème « L'éducation et la protection de la petite enfance et la réalisation des objectifs de l'EPT » traduit notre volonté de montrer que l'éducation de la petite enfance dispensée dans le cadre d'un programme de qualité est un antidote efficace contre les mauvais résultats scolaires. Mais comment espérer l'amélioration des rendements des enfants au primaire à travers l'encadrement de la petite enfance si jusqu'à présent l'accès à l'EPPE de qualité n'est pas la chose la mieux partagée au Burkina Faso ? Le TBS au niveau du préscolaire est de 1,45% en 2005. Avec ce taux, le pays est loin de tirer tous les avantages liés à l'EPPE. Assurer une EPPE de qualité à tous les enfants d'ici 2015 reste pourtant le premier objectif de l'EPT que le Burkina Faso doit atteindre au regard des engagements pris par la Communauté Internationale à Dakar en 2000. L'idée fondatrice de cette recherche est de renseigner l'ensemble des acteurs sur le rôle important d'une EPPE de qualité dans l'attente des objectifs de l'EPT et des OMD à travers l'amélioration de la qualité de l'enseignement primaire. * 3 Decret n°99-254/PRES/PM/MEBA du 20 juillet 1999 * 4 «Questionnaire des indicateurs de Base du Bien-être (QUIBB)»/ 2007 * 5 Tableau de bord de l'éducation de base, 20006/07 * 6 Annuaire statistique DEP/MESSRS 2007 * 7 Forum Mondial sur l'éducation, « Cadre d'Action de Dakar (2000) » * 8 ONU, «Sommet du millénaire pour le développement » (2000) * 9 SCHWEINHART, BARNES et WEIKART, « High/Scope Perry Pre-school »,1993 |
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