4.1.2
Place des chefs dans la sécurisation des droits fonciers
Dans certaines régions du Cameroun, l'effacement des
dispositifs coutumiers autochtones face aux vagues de migration a fait de
l'achat la transaction foncière la plus fréquente. C'est ce qui
est d'ailleurs le cas pours les quartiers de notre zone d'étude. Le
patrimoine foncier des autochtones est progressivement vendu aux
générations successives d'allogènes. Un marché
foncier se développe et, à défaut d'une popularisation de
l'immatriculation, se réalise selon des arrangements validés par
les responsables de structures traditionnelles. Il est vrai que pour ce qui est
de notre zone d'étude, la grande partie de ces habitants est
constituée d'autochtones de la Vina (Cf. Tableau n°9).
Mais ce constat n'exclu pas le fait que l'achat et la location soient les
principaux modes d'accès à l'espace habité de Gambara II,
Burkina et Jérusalem.
Tableau n°9 : Pourcentage de la population
par lieu d'origine
Lieu d'origine
|
Pourcentage
|
Vina
|
42
|
Nord
|
16
|
Extrême-Nord
|
10
|
Djérem
|
9
|
Ouest
|
8
|
Mbéré
|
3
|
Nord-Ouest
|
3
|
Centre
|
3
|
Mayo Banyo
|
2
|
Faro et Déo
|
2
|
Est
|
1
|
Sud-Ouest
|
1
|
Total
|
100
|
Source : Enquêtes de terrain, septembre
2010
Lors de nos travaux de terrain, nous avons constaté que
les populations des quartiers Gambara II, Burkina et
Jérusalem surtout les autochtones font beaucoup plus recourt
aux chefs de quartier afin d'assurer la sécurisation de leurs terres
(Cf. Tableau n°10). Ce recourt au chef de quartier pour la
gestion et le contrôle des transactions foncières prend son
origine dans la tradition même des peuples de la région. Ici, la
gestion des terres et la sécurisation des droits fonciers de la
population ont toujours été confiées aux chefs et hauts
dignitaires de la communauté.
Tableau n°10 : Recourt aux chefs de quartier pour
la sécurisation des terres
Quartier de résidence
|
Le département de la région de l'Adamaoua
d'origine
|
Les documents justifiants le statut de
propriétaire foncier du quartier
|
Total
|
Certificat de vente
|
Aucun
|
Attestation d'agrément du chef de
quartier
|
Gambara II
|
|
Vina
|
7
|
0
|
1
|
8
|
|
|
Djérem
|
2
|
0
|
0
|
2
|
|
|
Faro et Déo
|
0
|
0
|
0
|
0
|
|
|
Allogène
|
2
|
1
|
0
|
3
|
|
Total
|
11
|
1
|
1
|
13
|
Burkina
|
|
Vina
|
6
|
0
|
2
|
8
|
|
|
Mbéré
|
1
|
0
|
0
|
1
|
|
|
Djérem
|
4
|
0
|
0
|
4
|
|
|
Mayo Banyo
|
1
|
0
|
0
|
1
|
|
|
Faro et Déo
|
0
|
0
|
0
|
0
|
|
|
Allogène
|
15
|
1
|
0
|
16
|
|
Total
|
27
|
1
|
2
|
30
|
Jérusalem
|
|
Vina
|
2
|
|
0
|
2
|
|
|
Djérem
|
0
|
|
0
|
0
|
|
|
Mayo Banyo
|
0
|
|
0
|
0
|
|
|
Allogène
|
0
|
|
1
|
1
|
|
Total
|
2
|
|
1
|
3
|
Source : Enquêtes de terrain, septembre
2010
Le tableau ci-dessus est un croisé des
données du quartier de résidence, de département d'origine
et des documents justifiants le statut de propriétaire foncier à
Gambara II, Burkina et Jérusalem. Il ressort de son analyse que sur les
59 propriétaires de notre échantillon, dont 24 sont originaire de
la Vina, 18 ont fait recourt aux chefs de quartier afin de sécuriser
leur terre. Ces statistiques prouvent à suffisance l'importance du chef
pour la sécurisation du droit foncier, surtout pour les peuples
autochtones de notre zone d'étude.
Sachant que nous nous trouvons dans une zone qui à
longtemps évoluée selon les pratiques et les prescriptions
coutumières, il nous est donc plus facile de comprendre le rôle
déterminant joué par les chefs locaux en matière de
sécurisation des terres. Le tableau ci-dessus nous permet de comprendre
la place des chefs de quartier et des documents qu'ils délivrent pour la
protection de la propriété privée de la population.
|