1.3.2 L'éloignement familial : un fardeau
pénible et pesant
L'éloignement familial est très mal vécu
quasiment par tous les étudiants. Certains le vivent très mal et
leur équilibre affectif en devient même parfois un peu
perturbé, d'autres un peu mieux. Mais de façon
générale, le mal du pays et le dépaysement restent assez
profonds. Le contact avec le pays d'origine est recherché en permanence.
Les relations avec le pays d'origine sont également des relations
économiques. Des flux d'argent sont constatés dans les deux sens,
avec les étudiants dont les études sont entièrement prises
en charge par les parents et les étudiants qui sont obligés
d'exercer une activité professionnelle pour envoyer de l'argent et
participer aux dépenses de la famille au Sénégal. C'est le
cas d'un bon nombre d'étudiants sénégalais en France. Nous
verrons dans la partie consacrée aux transferts de fonds
effectués de la France vers le Sénégal que les
étudiants jouent un rôle très important dans ces envois
d'argent.
Le problème du retour reste aussi une
préoccupation majeure comme nous le verrons plus tard dans les sujets de
discussion abordés à travers l'étude des forums. Ce
problème
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se pose en effet de façon accrue car les doutes
subsistent entre essayer de s'insérer en France malgré les
difficultés ou rentrer pour servir le pays. La majorité des
étudiants souhaite rentrer au Sénégal, mais à
condition d'être sûrs de trouver un bon emploi et de bien gagner sa
vie. Ce qui n'est pas du tout acquis d'avance car la situation
économique actuelle du Sénégal est extrêmement
difficile.
Ainsi à la fin de leurs études, une part minime
des diplômés prend la décision de rentrer dans le pays
d'origine. La part la plus importante espère trouver une activité
professionnelle sur place. Le reste se redéploye vers d'autres pays
occidentaux (Canada ou Etats-Unis) à la recherche d'une
spécialisation ou d'une insertion professionnelle. Cependant, ceux qui
n'ont pas réussi à obtenir le moindre diplôme se retrouvent
sans titre de séjour. N'osant plus rentrer dans leur pays d'origine de
peur d'affronter le regard inquisiteur et réprobateur des autres membres
de la famille et des voisins, ils traînent avec eux le terrible poids de
l'échec ou le lourd fardeau de la désillusion et vivotent de
petits boulots à petits boulots, le plus souvent au noir. Certains
d'entre eux finissent par rejoindre le contingent des vendeurs ambulants.
D'autres se résignent à traverser la frontière pour aller
tenter l'aventure en Italie, en Espagne, en Hollande, en Allemagne...
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