2.1.3. Des insuffisances programmatiques et de
qualité d'usage issues de l'évaluation d'usage
2.1.3.1. Des insuffisances
dans la démarche programmatique et le contenu de certains projets
Ø Des démarches qui n'accordent pas
assez de temps aux utilisateurs et usagers
La plupart des spécialistes de la maîtrise
d'ouvrage sont unanimes sur le fait que la définition du contenu d'un
projet est une étape décisive dans le processus de projet ;
cela exige qu'on lui consacre beaucoup de temps. En effet, c'est l'étape
qui permet la prise en compte des pratiques et des aspirations des usagers et
des utilisateurs. D'aucuns la qualifient de phase de
« résolution des problèmes » qui permet une
adhésion de l'ensemble des acteurs et favorise l'appropriation par les
usagers et utilisateurs.
Cependant, les entretiens réalisent dans le cadre de
mon étude d'évaluation révèle que pour la
majorité des établissements il est rarement engagés de
véritables échanges avec les futurs professionnels ou usagers. On
peut certes, nuancer ce propos par le fait que ces projets sont initiés
par des associations de parents ou de familles qui, sont le plus souvent
gestionnaires des établissements et représentants des usagers
(dont certains ne peuvent pas s'exprimer) et, à la fois professionnelle
du médico-social. Mais, il est nécessaire d'y consacrer du temps
pour étudier les pratiques dont la non prise en compte rendent parfois
certains lieux inaccessibles ou inadaptés.
Ø Une démarche qui mêle
programmation et conception
De l'acceptation générale, la démarche de
programmation est une démarche itérative qui se construit
progressivement ; aussi, l'étape de programmation ne doit pas avoir
des limites rigides vis-à-vis de la phase de conception. En effet, il
est judicieux de commencer le plus en amont possible la conception afin de
favoriser une adéquation du programme et de la réponse
architecturale afin de trouver la meilleure solution possible aux
éventuels problèmes d'usages.
Cependant, le souci de l'adéquation programme-projet ne
doit pas conduire à confondre les phases de programmation et de
conception. Pour les projets étudiés dans le cadre de
l'évaluation d'usages, les initiateurs déclarent avoir
impliqué l'architecte dans la définition programme. A la
lumière des analyses, il ressort en fait que l'on passe d'une
idée globale à une déclinaison spatiale du projet.
L'étape de programmation n'est pas identifiée commune une
étape à part entière assortie des documents de
préprogramme puis de programme. On a, ainsi, des projets architecturaux
élaborés avec des logiques fonctionnalistes qui ne prennent assez
en compte les systèmes d'acteurs concernés et les pratiques
spécifiques des usagers. Il manque un maillon important dans le
processus de projet, celui de la programmation qui aurait permis de
définir les objectifs du projet d'établissement, de les traduire
en activités puis de déterminer les lieux et les espaces
nécessaires avec les exigences de qualité et de confort. Pour le
FAM Chemein vert par exemple l'association a directement travaillé avec
l'architecte concepteur du projet.
Ø Des projets peu inscrits dans le contexte
urbain
Pour la majorité des centres étudiés,
sauf le FAM les quatre jardins, le projet de réalisation de
l'équipement ne s'inscrit pas dans un projet urbain. De manière
générale, les associations identifient des besoins,
réalisent le projet architectural pour certaines, avant de chercher un
terrain d'assiette pour la réalisation de l'opération
immobilière. Le projet n'est donc pas étudié en lien avec
la configuration des espaces urbains existants, ni des connexions ou
partenariats possibles avec d'autres équipements existants offrant des
services semblables ou complémentaires. Cela explique, en partie, que
certains des établissements soient situés en campagne où
il y a de la disponibilité foncière et moins de contraintes, mais
éloignés des services urbains.
D'autres projets sont étudiés en lien avec un
site donné, mais au moment de la réalisation les promoteurs
n'arrivent pas acquérir le terrain. Le projet est ainsi
transféré sur un autre terrain avec des ajustements par rapport
à la topographie du site.
Ø La non-prise en compte de certains lieux dans
les programmes
L'évaluation m'a permis de constater que certains lieux
importants sont souvent omis par les programmes ou projet, ce qui a des
répercussions indéniables sur le chantier. En effet, pour les
établissements qui en disposent les jardins et les espaces de promenade
ont généralement été réalisée comme
des projets à part, détachés du reste projet. C'est
notamment le cas des MAS Robin des Bois, le FAM Chemin Vert ou encore la MAS
Odile Madelin. La réalisation de ces espaces fait suite à
l'identification d'un besoin qui n'avait pas été pris en compte
dans le projet initial.
Pour d'autres, comme L'EHPAD les Hameaux de Coglais,
l'architecte lauréat a proposé des démolitions d'une
partie des bâtiments existants, qui n'étaient pas prévues
par le programme. Selon lui « le programme était assez
généreux », mais cela dénote des lacunes du
programme, si tant était la volonté du maître d'ouvrage.
Ces insuffisances dans la définition des espaces
entrainent parfois des surcoûts importants au projet et provoquent
d'importants retards sur le calendrier de réalisation, comme c'est le
cas des Hameaux de Coglais.
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