CONCLUSION PARTEILLE
Les érosions hydrique et éolienne sont
à la base de la dégradation des terres dans le degré
carré de Ouahigouya. Les effets de ces deux processus d'érosion
dépendent d'un certains nombre de facteurs que sont la
végétation, la pente, la nature du sol, la pluie, le travail du
sol et l'action anthropique.
L'érosion éolienne, même si elle
n'est pas d'une ampleur considérable, reste cependant un facteur de
dégradation des ressources naturelles de la zone
d'étude.
Les parcelles sur glacis qui représentent la
grande majorité des surfaces cultivées restent les plus
exposées aux processus d'érosion. Cela a pour conséquence
la dégradation du sol, la baisse de la production agricole et
l'augmentation des surfaces cultivées dans le degré carré
de Ouahigouya.
L'extension des superficies cultivées
apparaît comme étant l'une des conséquences de
l'érosion sur les parcelles de culture.
62
CHAPITRE TROISIEME : PERCEPTION PAYSANNE DE
L'EROSION
Pour les agriculteurs, la terre constitue le premier
capital de production. Ils accordent donc une attention à sa protection.
De ce fait, l'érosion des terres cultivables n'échappe pas
à leurs observations. Les paysans perçoivent le
phénomène de l'érosion à travers ses causes et ses
conséquences.
I - LES CAUSES DE L'EROSION DES SOLS
Pour les paysans, la dégradation des sols suite
à l'érosion est due à deux principales causes que sont :
la destruction du couvert végétal, la pluie. A cela, il faut
ajouter l'influence de la pente.
I.1. La destruction du couvert végétal
Malgré les actions jugées
néfastes pour l'environnement (déboisement, désherbage,
feu de brousse, surpâturage, etc.), les populations locales restent
conscientes du rôle joué par le couvert végétal dans
la protection du sol. Les feuilles des arbres et les herbacées qui
tombent se décomposent et donnent de la litière qui fertilise le
sol. La lenteur de ce processus de décomposition souligné par les
paysans, les pousse à la pratique du brûlis (feu de brousse).
Cette pratique du brûlis donne de la cendre qui se mélange
rapidement à la terre.
Les paysans sont cependant unanimes à
reconnaître que les feux non contrôlés détruisent la
végétation environnante. L'érosion devient alors
importante dans la zone détruite.
Les paysans affirment qu'après une pluie, le
ruissellement est intense dans les zones nues, et le transport de
matériaux (terre et matière organique) y est important. Le
tableau n° 7 donne une estimation du ruissellement dans les parcelles de
culture. Ils justifient cette situation par l'absence du couvert
végétal qui retient le sol.
Tableau n° 7 : Estimation du ruissellement par les
paysans sur les parcelles de culture
ProvinceLoroum
Estimation
|
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zondoma
|
Total
|
Pourcentage
(%)
|
Aucun
|
|
|
2
|
1
|
3
|
6
|
4,0
|
forte
|
9
|
8
|
8
|
39
|
9
|
73
|
48,7
|
moyenne
|
6
|
7
|
10
|
25
|
23
|
71
|
47,3
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes -
mars à avril/2007.
Le tableau montre que, 96 % des paysans de la zone
d'étude, estiment que le ruissellement est fort ou moyen sur leurs
parcelles de culture. Le ruissellement apparaît donc comme un facteur
majeur dans le processus d'érosion des parcelles de culture dans la
zone. Cependant, 4 % d'entre eux affirment ne pas observer de ruissellement sur
leurs parcelles.
63
Les paysans ont compris depuis longtemps l'importance
du couvert végétal qui stabilise le sol et ralentit le
ruissellement grâce à son système racinaire. Ils
épargnent les herbacées (Andropogon gayanus), lors des
travaux de défrichement et de préparation des champs. Les herbes
sont laissées autour de la parcelle ou sur les passages d'eau. Le
rôle que joue les herbacées est bien perçu par les paysans.
Ils affirment que le tapis herbacé freine le ruissellement et le
transport de terre. Son absence accélère le processus
d'érosion. 61,3 % des paysans enquêtés affirment planter
Andropogon gayanus dans leur champ pour ralentir le ruissellement et
aussi pour servir de limite entre deux parcelles voisines. Tandis que 22 %
disent que Andropogon gayanus est planté ou même pousse
naturellement dans leurs champs (cf. tableau n° 8).
Cette herbacée, en plus du rôle de CES
qu'il joue, est utilisé pour la confection des toits en chaume, des
nattes, etc.
Le couvert végétal joue donc un
rôle important dans l'infiltration des eaux de pluie. Il réduit le
ruissellement et l'intensité de l'impact des gouttes d'eau sur le sol.
Conscientes de ce rôle, les populations s'organisent pour le conserver.
Les feux de brousse et la coupe abusive du bois commencent à être
contrôlés par les populations.
Tableau n° 8 : Présence de
Andropogon gagnanus dans les champs
Province
Présence
|
Loroum
|
Passoré
|
Sourou
|
Yatenga
|
Zondoma
|
Total
|
Pourcen- tage (%)
|
Pourcen- tage cumulé
|
Planté
|
14
|
15
|
9
|
30
|
24
|
92
|
61,3
|
61,3
|
Poussé
naturellement
|
1
|
|
11
|
13
|
|
25
|
16,7
|
78,0
|
Les deux
|
|
|
|
22
|
11
|
33
|
22,0
|
100,0
|
Total
|
15
|
15
|
20
|
65
|
35
|
150
|
100,0
|
|
Source : Rabdo, A. Résultat des enquêtes
- mars à avril/2007.
|