I.3.1.1. L'érosion pluviale
Elle est due à l'action directe des gouttes de
pluies sur le sol. Ces gouttes d'eau martèlent le sol nu ou peu couvert.
L'impact de ces gouttes fait éclater les agrégats et
déplacent les particules qui se déposent plus ou moins loin de
l'endroit du choc. C'est ce qu'on appelle "'effet splash" ou érosion
pluviale (voir figure n° 4). Il provoque un tassement des particules et la
formation d'une croûte à la surface. La structure fragmentaire des
sols est transformée en structure massive. L'érosion pluviale est
maximale dans les régions à sol dépourvu de
végétation.
Figure n° 4 : Etapes successives de l'effet
splash
Source : Rochette, R.M. 1989 Septembre 2007 Rabdo,
A.
I.3.1.2. Le décapage pelliculaire
Dès que le sol n'est plus en mesure d'absorber
l'eau qui tombe, le ruissellement commence. Lorsque les chemins
empruntés par l'eau correspondant à des sortes de "filets", on
parle de ruissellement diffus. Cependant, si le ruissellement est en large
front sous forme de "rouleau", on parle de ruissellement en nappe. Selon le
cas, le ruissellement correspondra à un type donné
d'érosion.
53
Le décapage pelliculaire est donc l'action
érosive du ruissellement en nappe et du ruissellement diffus. On
distingue deux principales formes de décapages
pelliculaires14.
- Le décapage pelliculaire
généralisé : il est tributaire du ruissellement en nappe
et est caractérisé par une ablation uniforme des fines à
la surface du sol. Toutes les aspérités du sol sont atteintes par
ce type d'érosion. Les marques de ce type d'érosion sont peu
visibles. La couche superficielle diminue d'épaisseur et ce sont les
éléments les plus fins et les plus fertiles qui sont
emportés. On observe à la surface du sol une ablation presque
homogène et de faible intensité.
- Le décapage pelliculaire localisé : ce
type est lié au ruissellement diffus et parfois au ruissellement dit en
rigoles. Il se manifeste par une ablation qui ne concerne pas toute la surface
du sol. En effet, certaines aspérités du sol ne sont pas
atteintes par ce type d'érosion dont la manifestation la plus forte se
situe au niveau des zones de concentration des eaux (cf. planche photographique
n° 2, photo n° 2, page 55).
Le décapage pelliculaire s'observe dans les
zones à pente assez faible et surtout à très petites
lignes de partage des eaux. Il dégage des entailles assez larges mais
peu profondes (inférieures à 30 cm). Celles-ci peuvent
évoluer en rigoles si rien n'est entrepris.
I.3.1.3. L'érosion régressive
Elle est le plus souvent tributaire du ruissellement
concentré. L'érosion régressive se présente sous
trois principales formes : l'érosion en rigoles, l'érosion
ravinante et l'érosion des berges des cours d'eau.
- L'érosion ravinante : elle est à
l'origine des profondes dissections dans les terres et prennent le nom de
ravine. L'érosion ravinante intéresse la couche arable et les
couches les plus profondes jusqu'à la roche mère.
L'érosion ravinante est le processus de mise en place des ravines. La
taille des ravines est de 1,5 mètres à plusieurs dizaines de
mètres de large (cf. planche photographique n° 3, photo n° 1
page 56).
- L'érosion en rigoles : cette forme contribue
à l'accentuation des dépressions naturelles dues aux
ruissellements de surface. La concentration des eaux sur les accidents de
surface est le facteur déterminant de l'érosion en rigole. A la
faveur de la pente, les filets d'eau trouvent un chemin d'écoulement et
creusent de petits canaux ou griffes qui se rassemblent en rigoles. Les rigoles
sont souvent invisibles à l'oeil nu sans ruissellement. L'érosion
dite par rigole façonne le relief et attaque le sol jusqu'à
l'horizon B. les rigoles se transforment alors en ravines.
- L'érosion des berges des cours d'eau : cette
érosion est à la base des fortes incisions que connaissent la
plupart des cours d'eau (cf. planche photographique n° 3 photo n° 2
page 56). Elle ronge les berges et favorise leur recul par la chute de masse de
terre (éboulement).
L'accroissement du ruissellement demeure l'une des
principales causes de l'érosion hydrique. L'intensité du
ruissellement dépend des caractéristiques naturelles :
régime pluviométrique, topographie des sols mais aussi de
facteurs directement liés aux activités humaines et en
particulier aux modes de culture.
14 SANOU D.C., 2005, cours : processus
géomorphologiques Actuels.
54
Figure n° 5 : Processus général de
l'érosion hydrique des sols
Régime pluviométrique
Topographie
Taux de couverture du sol
Déstructuration et compaction du sol
Taux de matière organique du sol
Infiltration
Ruissellement
Erosion hydrique
Source : P.JOUVE.200215
15 Lutte conte la désertification
dans les projets de développement. Mai 2002, Ouvrage
collectif
coordonné par Philippe JOUVE, Constance
CORBIER-BARTHAUX, Antoine CORNET. Editions MIMOSA, 158 P.
55
Planche photographique n° 2 :
Déboisement et décapage pelliculaire
localisé
Photo n° 1 : Action anthropique de l'érosion
: déboisement à Toubyego / Boussou
Rabdo, A. Mars 2007.
Pour la réalisation d'un nouveau champ, les
paysans procèdent à un abattage des arbres et arbustes. Un
déboisement qui ne respecte pas très souvent les normes des
directions provinciales de l'environnement. Comme on le constate sur la
photographie, parmi les espèces abattues on a Acacia nilotica
en premier plan de la photo.
Photo n° 2 : Erosion hydrique : décapage
pelliculaire localisé à Nodin / Thiou
Rabdo, A. Mars 2007.
Le décapage pelliculaire localisé,
entraîné par le ruissellement a provoqué une incision sur
le glacis. Le fond de cette incision est parsemé d'herbacé tel
que Pennisetum pedicellatum.
56
Planche photographique n° 3 :
Erosion ravinante et érosion des berges
Photo n° 1 : Erosion hydrique : érosion
ravinante (ravine) à Lougouri / Oula
Rabdo, A. Mars 2007.
L'érosion régressive a mis à nu la
surface cuirassée, et entraîné un élargissement des
berges de la ravine.
Photo n° 2 : Erosion hydrique : érosion des
berges (ravin) à Ouahigouya
Rabdo, A. Septembre 2007.
Cette prise de vue montre une érosion des
berges provoquées par le ruissellement. Les berges sont rongées
progressivement, ce qui provoque un élargissement de la
ravine.
57
I.3.2. L'érosion éolienne
L'érosion éolienne, bien que moins
spectaculaire que l'érosion hydrique, est une forme de
dégradation qui a tendance à s'accroître avec
l'accentuation de l'aridité. Comme dans le cas de l'érosion
hydrique, elle comporte, elle aussi, une phase d'abrasion en amont et une phase
d'accumulation en aval.
Elle provoque un tri sélectif des
matériaux déplacés, en entraînant
préférentiellement les particules les plus fines du sol. Ces
fines particules sont transportées en suspension. Ce processus affecte
à la fois les caractéristiques physiques mais aussi chimiques et
biologiques des sols. Les sols les plus exposés à ce type
d'érosion sont les sols meubles et secs dont les agrégats sont de
faibles dimensions (diamètre = 0,84 mm). Les sols sableux sont, par
conséquent, les plus sensibles, dès lors qu'ils sont peu couverts
par la végétation.
|