Les cours d'appui au CM2: critique sociologique d'une pratique pédagogique. à‰tude de cas à Yeumbeul- Nord au Sénégal( Télécharger le fichier original )par Abdou FAYE Université Cheikh Anta Diop de Dakar - Certificat d'aptitude aux fonctions d'inspecteur de l'enseignement élémentaire 2011 |
Première partie : les cadres théoriques et d'étudeChapitre 1 : Cadre théoriqueI. PROBLEMATIQUEEn effet l'atteinte de l'objectif d'une scolarisation universelle de qualité, objectif prioritaire du PDEF à l'horizon 2015, implique une amélioration de la pertinence et de l'efficacité des enseignements apprentissages et des rendements scolaires. Cela signifie que si l'enfant accède à l'école pour apprendre, c'est dans le but de comprendre ce qu'il apprend afin que cela puisse lui servir dans sa vie. Tardif (1992) le confirme en ces termes : « On va à l'école pour acquérir un pouvoir d'action et de compréhension ». Ceci signifie qu'il revient à l'école, considérée comme l'institution à laquelle la société moderne attache le plus d'importance, presque autant qu'à l'église autrefois, de jouer pleinement son rôle de formateur, de pétrisseur d'âmes, de créateur de caractères et d'individualités en offrant des conditions idoines d'apprentissage. L'école ne doit plus être prise pour certains comme une simple garderie destinée à relayer la famille dans sa fonction protectrice. Même si elle protège, elle est conçue a priori pour enseigner, transmettre des connaissances, structurer la mémoire, former le jugement, acquérir une masse d'expériences riches de sens et de connotations, etc. Voilà la fonction positive de l'école dont on voit mal qu'une autre institution puisse l'exercer. C'est pour ainsi dire que les savoirs scolaires s'organisent ; s'enchaînent de façon logique et sont à l'expérience de la vie. L'intérêt, c'est qu'ils serviront toujours et dans les circonstances les plus diverses. Dans cette mesure, obligation lui est faite de faire maîtriser les apprentissages qu'elle propose aux apprenants par des stratégies adéquates et par des méthodes variées. Il n'est pas rare de voir aujourd'hui dans une classe plus de la moitié des élèves, après une leçon de calcul, de français ou d'éveil qui n'arrive pas à comprendre ce qu'on leur enseigne. Cette situation doit à chaque fois faire l'objet de remise en question au prorata du comportement du maître et du dispositif de l'apprentissage élaboré. Toutefois, des stratégies, et des méthodes pédagogiques appropriées qui capacitent les apprenants et facilitent l'assimilation des connaissances doivent être mises à contribution afin d'amoindrir les incompréhensions et les lacunes dans les apprentissages. En plus, le maître fait preuve d'ingéniosité en cherchant à situer les origines et les causes des apprentissages défectueux. Les raisons peuvent être nombreuses et diverses (profils différents, timidité, euphorie, enfant introverti, émotivité, peur des moqueries et des erreurs, blocage par la langue étrangère, absence ou insuffisance de formation pédagogique chez l'enseignant...). Dans tous les cas, les élèves d'une même école ou d'une même classe présentent des différences fonctionnelles qui se manifestent dans les apprentissages. Le maître doit en tenir compte afin que chaque apprenant puisse tirer profit des apprentissages. De ce point de vue, les cours d'appui ou cours de soutien organisés dans les écoles primaires méritent une attention particulière de la part des acteurs, si ces derniers sont décidés à travailler autrement et prêts, par conséquent, à modifier leurs pratiques pour tenter d'aider les enfants en difficulté. Cela signifie que la structuration des cours de renforcement pour leur meilleure efficacité est dès lors nécessaire. En résumé, notre intention n'est pas dans cette étude, d'aborder tous les problèmes liés aux cours d'appui ou cours de renforcement. Cependant le focus va être mis sur l'orientation sociale de cette pratique pédagogique, en y portant un regard critique sur les rôles des différents acteurs sociaux, tout en n'occultant pas, pour autant, le volet pédagogique et les moyens à mettre en oeuvre. Villepontoux déclare à ce propos : On ne peut pas aider des enfants en difficultés simplement parce qu'on le veut émotionnellement. Certes, c'est un facteur premier, décisif et incontournable mais au-delà de cette volonté, il y a la nécessité de s'en donner le temps et les moyens (...)3(*) Ces moyens existent, sont accessibles à tous, mais aussi ne relèvent pas de l'improvisation ou du simple bricolage pédagogique et, surtout, exigent de ceux qui veulent se les approprier, effort, ténacité, remise en question permanente et respect absolu des enfants. Sous ce rapport, les cours d'appui doivent être considérés comme des moments forts d'intériorisation des processus cognitifs. Dans tous les cas, de telles réflexions nous mèneront sans doute vers des propositions d'amélioration de cette pratique pédagogique qui touche plusieurs écoles du Sénégal. Mais avant d'en arriver là, présentons d'abord le contexte d'émergence dans lequel ces cours de renforcement sont organisés. * 3 Luc Villepontoux, « Aider les enfants en difficulté à l'école », 1997, p 38 |
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