CHAPITRE 2 : ETAT DES LIEUX DE LA CRISE ENERGETIQUE
AU CAMEROUN
Avant d'aborder ce chapitre sur l'état de la crise
énergétique au Cameroun, il convient de revenir sur l'essence du
mot énergie.
Énergie23(*) est un mot polysémique qui dépend du
contexte dans lequel il est utilisé. Dans le cas de notre étude,
il se définit comme une grandeur qui représente la
capacité d'un système ou d'un corps à produire du travail,
à modifier l'état d'un autre système.
L'énergie électrique n'est qu'une des formes sous laquelle se
manifeste cette grandeur. Elle est générée à partir
des sources primaires (cours d'eau, lacs ou marées), des matières
premières minérales (charbon, pétrole, substances
nucléaires, sources géothermiques ou autres), ou des sources
d'énergie renouvelables (rayonnement solaire, vent, biomasse, etc....).
L'électricité est produite à partir d'une source
d'énergie ; pour les aménagements hydroélectriques ou
centraux hydroélectriques, la source d'énergie est l'eau, le gaz
oïl ou le gaz pour les centrales thermiques, le vent pour les centraux
éoliens, le soleil capté par les plaques photos voltaïques
ou plaques solaire. Au Cameroun, la principale source de production
d'énergie électrique est la centrale hydroélectrique,
parce que l'énergie produite est moins coûteuse, bien que la
construction d'une centrale électrique soit onéreuse.
Figure 1 : Structure du parc électrique et
production de l'énergie en 2006
Source : AES SONEL et ARSEL
Le Cameroun dispose aujourd'hui du troisième potentiel
hydroélectrique d'Afrique. Cependant, la crise énergétique
qu'il traverse s'explique moins par l'absence d'exploitation de ce potentiel
que par la volonté de ses dirigeants. Dans ce chapitre, nous
évoquerons les causes du déficit d'énergie
électrique (section 1) d'une part, et d'autre part, les manifestions et
conséquences de la crise énergétique au Cameroun (section
2)
SECTION I :
LES CAUSES DU DEFICIT ENERGETIQUE AU CAMEROUN
L'objectif de cette section est de ressortir les causes du
déficit d'énergie électrique au Cameroun. Pour le faire,
nous relèverons dans un premier temps les causes qui ne résultent
pas de l'action humaine ou causes naturelles et, dans un second temps, celles
liées à l'action humaine ou causes humaines.
I. LES CAUSES NATURELLES ET
CONJONCTURELLES
La République du Cameroun couvre un territoire de
475 000Km² entre les parallèles 2° et 16° Nord et
les méridiens 8° et 16° Est depuis l'océan Atlantique,
jusqu'aux confins du lac Tchad. De par sa position géographique, le
Cameroun dispose d'un potentiel hydroélectrique des plus enviables. Mais
deux obstacles majeurs viennent remettre en cause l'exploitation de cet
avantage. Ce potentiel naturel, doublé d'une hydrologie capricieuse
demeure très instable. A cela s'est ajouté les contraintes de
l'Ajustement Structurel qui limite le financement optimal de
l'aménagement de ce potentiel.
A. Potentiels naturels
instables
1. Une hydrologie
capricieuse
L'abondance annuelle des apports, leur répartition
mensuelle et leur irrégularité interannuelle, l'importance des
crues ou la sévérité des étiages, conditionnent les
possibilités d'aménagement d'un cours d'eau, tant du point de vue
de la production d'énergie, que de la régularité des
débits.
Le régime d'écoulement d'un cours d'eau est
fonction de multiples facteurs. Les facteurs climatiques par contre tout comme
le régime d'écoulement, varient suivant les saisons et, d'une
année à l'autre, d'une façon plus ou moins
irrégulière. Il est à noter que la plupart des grands
bassins, en particulier celui de la Sanaga, sont soumis de par leur
étendue géographique à l'influence de plusieurs
régimes pluviométriques24(*).
Puisque la production de l'énergie électrique
est tributaire du débit, les données hydrologiques
présentées ci-après, élaborées à
partir des relevés effectués aux principales stations
hydrométriques sont très instables et varient d'une année
à une autre.
Tableau1 :
SOURCE : SONEL (Atlas du Cameroun)
Ces variations ont permis d'observer que les années
triennales ont une pluviométrie beaucoup plus abondante que les
années sèches, qui entraînent une production limitée
de l'énergie électrique, conduisant ainsi à des
délestages. Pour en arriver à une production de l'énergie
électrique en qualité et en quantité, au-delà d'une
hydrologie capricieuse, il faut que les aménagements
hydroélectrique soit construite, entretenue et fonctionnant à
leur pleine capacité. Or les contraintes liées à la
conjoncture plombent la plupart des projets structurants à l'instar de
la construction des centrales hydroélectriques au Cameroun.
* 23 D'après le
Robert de poche 2010, langue française 40 000 mots, 9 000 noms
propres, Edition mise à jour.
* 24 Étude
intitulée « Atlas du potentiel
hydroélectrique du Cameroun » menée par
la SONEL et Électricité de France entre 1979 et 1983
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