0.2. PROBLEMATIQUE
La misère est le lot d'une grande partie de
l'humanité, un sur cinq d'entre nous tous vit dans les taudis, la
moitié d'entre nous manque de sanitaires élémentaires. Les
Etats du monde entier ont consacré les droits universels à un
logement et à des conditions de vie décentes. Pourtant ils sont
de plus en plus nombreux, ceux qui ne parviennent pas à penser à
la misère des campagnes et celle des villes.
UN-HABITAT compare encore 30% des citadins indigents et estime
qu'entre 2005-2020 cette proportion va atteindre la population énorme
de 50%. La raison est que les cadres institutionnels leur refusent les
aspirations et les perspectives auxquelles ils ont pourtant droit. Le manque
d'accès au terrain et la crainte de l'expulsion sont les symptômes
les plus aigus d'un type d'exclusion encore plus rendu, celle qui interdit aux
pauvres et tout particulièrement aux femmes, les perspectives qu'offre
normalement la vie sociale, économique et civile. (Clarissa AUGUSTINUS
et alii ; SD)
De prime abord, la pauvreté c'est l'absence d'avoir,
savoir et pouvoir (proverbe africain). Dans le tiers monde la pauvreté
n'a qu'une seule cause, les initiatives individuelles sont
réprimées par l'Etat. (OCTA VEA Paz 1885)
Les défis aux droits de l'homme ,la pauvreté une
atteinte à la dignité humaine, le droit de vivre dans des
conditions humaines n'est pas reconnu à tous ceux qui ont faim, qui
manquent de soins, qui ne peuvent pas élever leurs enfants dignement,
à ceux qui n'ont aucun espoir, aucun projet(...)la pauvreté est
dégradante quand elle conduit à l'exode vers les bidonvilles (
zones de squatting) bourgs, faubourgs, baraques, des taudis, hinterlands... des
métropoles géantes ou à l'exil d'Eldorado souvent
guère plus viables. Vraiment la misère est effroyable quand elle
amène des déséquilibres jusqu'à la vente de ses
propres enfants au commerce du sang et des os, de soi-même. (Y.FAMAT et
alii; dans éducation civique 1985-p102) ; le problème de la
faim est toujours présent, il persiste encore dans les taudis de BOGOTA,
du SOUDAN, des plaines et montagnes du NEPAL. Nonobstant le progrès
accompli, une tête humaine meurt de faim toutes les quatre secondes.
(CATHERINE, directrice exécutive PAM 2002)
La lutte contre la pauvreté est devenue l'une des
préoccupations des institutions internationales et des gouvernements.
Ils s'en préoccupent davantage depuis les années 1990, durant
lesquelles l'Assemblée Générale des Nations Unies avait
fait de l'élimination de la pauvreté, l'un de ses objectifs
prioritaires de la décennie dans le monde. Lors du sommet mondial pour
le développement social à Copenhague en mars 1995, les
gouvernements s'étaient engagés à éliminer la
pauvreté. L'Assemblée Générale des Nations Unies
avait proclamé l'année 1996 « année
internationale pour l'élimination de la pauvreté » et
la période de 1997 à 2006 : première décennie
des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté. Près
de la moitié des six billions de la population mondiale vit avec moins
de deux (2) dollars américains par jour et par personne soit 500 et 1500
dollars U.S par habitant par an. (Banque mondiale,
2000-2001). C'est dans le cadre de cette lutte que le sommet de
Libreville de février 2000 avait regroupé les institutions de
Brettons Wood et les gouvernements des pays en développement, afin de
réfléchir sur les stratégies de réduction et/ou
d'éradication de la pauvreté. Le sommet du millenium de septembre
2000 avait lui aussi réfléchi sur le même sujet. Les
Nations Unies ont fixé les huit objectifs suivants pour le
millénaire :
· Réduire l'extrême pauvreté et la
faim,
· Assurer l'éducation pour tous,
· Promouvoir l'égalité des sexes et
l'autonomisation des femmes ;
· Réduire la mortalité infantile ;
· Améliorer la santé maternelle ;
· Combattre le VIH/SIDA ;
· Assurer un environnement durable et mettre en place un
partenariat mondial pour le développement ; pour ne citer que
cela.
La Banque Mondiale et le Fond Monétaire International
ont mis en oeuvre un programme dénommé le « POVERTY
REDUCTION STRATEGY INITIATIVE » (PRSI) destiné à
réduire la pauvreté dans les pays dits pauvres. Dans le cadre de
ce programme chaque pays concerné devra élaborer son
« POVERTY REDUCTION STRATEGY PAPER ». La République
Démocratique du Congo vient de se doter de son « Document des
Stratégie de Réduction de la Pauvreté »
élargi spécifiquement sur chaque province, et le document
renouvelé serait en cours de préparation. Le rapport mondial du
Programme des Nations Unies pour le Développement
« PNUD 2003», montre que la population de l'Afrique
subsaharienne continue de vivre dans la précarité. En effet,
selon ledit rapport l'espérance de vie ou la longévité
à la naissance est de 46,5 ans, le taux d'alphabétisation des
adultes est de 62,4%, le taux de scolarisation est de 44%, la proportion de la
population qui a accès à tout moment à des points d'eau
aménagés est de 57%, la proportion des personnes qui souffrent de
malnutrition est de 33%, etc. Près de 50% de tous les ménages
pauvres africains vivaient en 2000 dans les villes. Ainsi il faudra, avec la
banque mondiale, retenir que la pauvreté urbaine est l'un des
problèmes les plus cruciaux de la planète, elle pourrait encore
s'aggraver en Afrique suite au taux croissant de sa population, aux guerres et
catastrophes naturelles qui s'y abattent souvent. Vu les différentes
situations affectant la politique, le social et l'économie dans la
région subsaharienne de l'Afrique, nous observons des faits de freinage
ou de blocage presque total et de dysfonctionnement de certaines institutions
et structures et cela à divers stades de la vie. Pour la décennie
en cours et passée il a été enregistré quelques
défis sociaux ; paralysie totale des circuits
économiques ; appauvrissement de la population rurale et urbaine
qui était déjà de se trouver un logement adéquat,
se nourrir convenablement faire étudier les enfants, assurer les soins
de santé etc.
La RDC, pour son compte à GOMA dans le NORD-KIVU a
connu plusieurs fractures du tissu social dans toutes les dimensions de la vie
quotidienne, principalement ; les violences des droits de l'homme et
sexuelles exacerbées pour les femmes, manque de volonté politique
pour réduire la misère suite au comportement égoïste
et au non attachement à la population alors on ne peut pas
s'empêcher d'être frappé par l'acharnement avec lequel les
élites refusent la méthode, l'organisation de la base. Ils
gaspillent leurs maigres ressources disponibles, sabotent tout ce qui pourrait
fonctionner durablement au profit du plus grand nombre. Ils détestent la
cohérence, la transparence, la rigueur à tous les
échelons, imputable aux conflits et aux tensions
socio-économiques, les mauvaises urbanisations, la promiscuité,
le manque d'information sur les cinq chantiers vision du chef de l'Etat, la
balkanisation des parcelles, le chômage qui bat le record avec le
sous-emploi suite à une précarité
généralisée du marché de travail, les conditions
socio- sanitaires médiocres, expansion démographique,
l'injustice, l'impunité et l'instabilité monétaire...
Ainsi, les « cinq chantiers » comme
vision selon le chef de l'Etat susceptible de déclencher un élan
vers le développement tirent leurs racines des piliers et indicateurs de
la pauvreté notamment : l'eau et l'électricité, la
santé et l'éducation, l'emploi et le transport. Ces derniers
semblent être théoriques et invisibles, ils atteignent une
impuissance sans aucun geste pratique sur terrain car ils sont
déployés pour parvenir à réaliser l'ambition
personnelle avec comme but la propagande politique qui fragilise la population
en la rendant attentiste aux initiatives d'autopromotion en se forgeant des
illusions sur la politique des mains tendues. Sur ce point il semblerait que
les acteurs qui sont délégués à exécuter ce
programme in situ ne font que tromper la vigilance en gaspillant le financement
sensible pour le développement selon qu'ils cherchent à tout prix
bomber rapidement leurs poches et construire uniquement leurs villages. Sur
une estimation de 100%, seulement 30% peuvent flatter la population avec des
projets fragiles et les autres 70% sont portés disparus. Le
détournement de fond répété avec des projets non
achevés, voilà ce qui explique cet état de morphotose de
l'Etat. Le goulot d'étranglement réside au niveau de la
mégestion des affaires publiques et privées.
L'Etat, principal garant du bien-être de la population
semble avoir démissionné devant ses responsabilités,
laissant régner à travers le pays une pauvreté
indéfinissable alors que le développement, comme processus
d'amélioration du bien-être intégral de l'homme exige la
définition du contenu de ce bien-être sous forme d'objectifs
étatiques. De là, leur réalisation requiert
l'identification, la coordination des moyens et des stratégies
d'intervention en fonction des besoins ressentis.
Devant cette démission flagrante et coupable de l'Etat
de ses responsabilités face à la misère qui ne cesse de
prendre de l'ampleur, la population a développé plusieurs
stratégies de survie. Dispersion des stratégies mais aussi
dispersion des savoirs, la lutte contre la pauvreté au Congo se
manifeste de façon multiple et variée. L'une des plus
remarquables de nos jours est sans contester, la pratique des activités
économiques dites informelles.
Ce faisant, les questions de base auxquelles cette
étude entend répondre se posent en ces termes:
· La population de GOMA observerait-elle majoritairement
l'impact du phénomène cinq chantiers comme vision du chef de
l'Etat sur la réduction de la misère ?
· Qu'est-ce qui explique la pauvreté dans la ville
de GOMA alors que le phénomène cinq chantiers existe comme
mécanisme de survie?
· Quelles activités développent les
habitants de GOMA pour faire face à cette précarité du
coût de la vie dans le contexte de la crise socio-économique
profonde que traverse la région?
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