III.4. LE SEUIL DE PAUVRETE
Il est question ici de présenter les principaux seuils
utilisés pour le calcul de la pauvreté dans notre étude.
III.4.1. Le seuil basé sur
les besoins nutritionnels
L'estimation de ce seuil se fait selon les étapes
suivantes :
· Dans un premier temps, on détermine le seuil de
pauvreté alimentaire sur la base des besoins nutritionnels des individus
selon le milieu naturel, soit par exemple 2500 Kilocalories par personne et par
jour. Il s'agit de convertir les besoins nutritionnels en quantités
d'aliments à l'aide des tables de composition des aliments et de
valoriser les quantités d'aliments calculés aux prix du
marché.
· Dans un deuxième temps, on estime la valeur de
la composante non alimentaire au prorata du seuil alimentaire selon les
habitudes de consommation des individus ou les estimations des experts. La
composante non alimentaire couvre d'autres éléments
nécessaires pour assurer la survie de la personne, tels que
l'habillement, le logement, les soins de santé de base, etc.
· Finalement, on détermine le seuil global de
pauvreté en considérant la somme de la composante alimentaire et
de la composante non alimentaire. Les ménages dont les dépenses
de consommation sont inférieures au seuil de pauvreté global sont
considérés comme pauvres tandis que ceux dont les dépenses
sont inférieures au seuil de pauvreté alimentaire sont
considérés comme extrêmement pauvres.
III.4.2. Application
D'après notre enquête, la ration alimentaire la
plus consommée dans Goma est composée du maïs et des
haricots (86,95% des ménages enquêtés les ont
affirmés comme aliments les plus consommés).
La valeur calorifique du maïs étant de
140 calories pour 100 grammes (ou 1400 calories au kilogramme)
et celle des haricots est de 120 calories pour 100 grammes (ou 1200 calories au
kilogramme) (K. COOPER, 1981, p 233). Ce tableau XXXIV présente la
consommation moyenne en termes de kilocalorie.
Tableau XXXIV : Présentation des
consommations journalières moyennes en
Kilocalories provenant des deux aliments
de base des ménages enquêtés
Aliments
|
Quantité moyenne consommée en
grammes
|
Calories/100gr
|
Quantité de calories
consommée
|
Quantité de Kilocalories
consommée
|
Maïs
|
500
|
140
|
70.000
|
700,00
|
Haricots
|
168
|
120
|
20.160
|
201,60
|
Totale
|
-
|
-
|
90.160
|
901,60
|
Source: notre enquête d'Avril 2011
L'analyse de ce tableau nous renseigne que la moyenne
individuelle de la quantité de calories consommées journellement
trouvée dans les quartiers est de 901,6 Kilocalories (soit 700
Kilocalories provenant de 500 grammes de maïs et 201,6 Kilocalories
provenant 168 grammes de haricots).
Bien sûr, ce chiffre est un minimum, car la ration
alimentaire peut aussi contenir certains autres aliments courants riches en
calories comme le poisson, la viande et des légumes. La moyenne
provinciale est de 1741,1 Kilocalories/ personne/ jour en2005. (DSRP
Nord Kivu). Ainsi, pour les des deux produits les plus consommés,
et en respectant les proportions de poids des deux aliments de cette ration
alimentaire, il faut 19,4 kilogrammes de maïs et 6,52 kilogrammes de
haricots par personne et par jour pour atteindre les 3500 calories requises,
L'état de l'insécurité alimentaire dans le monde avec 1$
par jour et par personne.
Ayant obtenu ces quantités des biens alimentaires, nous
entamons la partie où nous estimons les besoins nutritionnels en
quantités d'aliments calculés aux prix du marché. Il
suffit alors de les valoriser au prix du marché pour obtenir un certain
seuil de pauvreté basé sur les besoins nutritionnels. Nous avons
alors à multiplier la quantité de chaque produit par le prix
moyen du produit au cours d'une période donnée (t) et en faisant
la somme des valeurs obtenues de la façon suivante (G. Aho 1997.).
Où SPBBN= seuil de pauvreté basé sur les
besoins alimentaires
= Quantité requise du produit
= Prix moyen observé du produit i au cours de la
période
n= le nombre du produit.
Tableau XXXV : Seuil basé sur les
besoins alimentaires
Aliment
|
Quantité consommée
|
Prix moyen en Franc Congolais/1000gr
|
SPBBN estimé
|
SPBBN estimé en dollars US (taux de
900FC/1$US)
|
Maïs
|
500gr
|
500
|
250
|
0.27
|
Haricot
|
168gr
|
550
|
100
|
0.11
|
Total
|
-
|
-
|
350
|
0.38
|
Source : nos calculs et notre enquête d'Avril
2011
Les prix utilisés de ce tableau, sont ceux
observé sur les différents marchés de Goma, en Avril 2011
qui est le mois de nos enquêtes.
Ainsi, le seuil de pauvreté basé sur les besoins
alimentaires exprimé en dollar américains est de
0,38$/jour/individu.
Ces chiffres sont largement révélateurs. En
effet, tout en respectant les proportions de poids des deux aliments de cette
ration alimentaire, et la quantité de nourriture dont
les gens ont besoin chaque jour, nous donne un chiffre qui n'est pas loin de
l'étude du revenu calculé en 2005 par le PNUD, qui était
de 53,3 USD par personne et par an, soit 0,15 USD per capita et par
jour, 7,5% du minimum international requis de deux USD par personne et par
jour. Ce chiffre reste inférieur au seuil de pauvreté
international.
Ce problème nutritionnel peut provenir des habitudes
alimentaires, mais surtout des revenus insuffisants car, plusieurs
ménages vivent du petit commerce, de la braise ou encore de certains
produits industriels de première nécessité
communément appelé divers de Kiosque. Ces deux valeurs (la valeur
calorifique et le revenu) démontrent, sur le plan unidimensionnel, que
la population de Goma est pauvre.
Vu l'homogénéité
économico-financière qui caractérise cette population,
nous n'aurons pas bien réalisé notre analyse si nous nous
arrêtons là. En effet, la pauvreté peut être
psychologique. Rappelons que psychologiquement, les pauvres sont ceux qui
s'estiment privés des avantages dont jouit autrui dans la
société dont ils se jugent partie intégrante (leur groupe
de référence). En milieu urbain, il peut être difficile de
se considérer « riche » parce qu'on mange certaines
choses. Le point de vue des ménages est alors influencé par les
valeurs comparatives qui influent, à leur tour sur leurs niveaux de
bien-être. C'est ce point de vue des ménages que nous
modélisons ici-bas.
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