II.2.4. La micro finance et la
lutte contre la pauvreté
Dans les PED, le taux de bancarisation est
généralement très faible (autour de 3%), et la position
des avocats de la micro finance est de dire que le manque d'accès
à des services financiers peut être considéré comme
un facteur de pauvreté (J. ATTALI et Y. ARTHUS-BERTRAND, op.
cit. p 21). Le père de ce type d'institution (les Institutions de
Micro Finance) est le Professeur M. YUNUS, Prix Nobel de la paix 2006. A ce
sujet, il précisait que le crédit, à lui seul, ne saurait
mettre fin à la pauvreté. C'est l'une des issues qui permettent
d'échapper à la misère. D'autres issues peuvent être
percées pour faciliter la sortie (M. YUNUS et A. JOLIS, op. Cit.
.p4). Cela est particulièrement vrai pour les populations urbaines
pour qui on peut entreprendre des chantiers des travaux publics, des services
de vulgarisation, l'expansion des marchés, la réforme
foncière et agraire et une bonne politique des prix. (M. GILLIS et alii.
op. Cit. Pp 576-589). L'essor de la culture du crédit en
Afrique suppose donc la monétarisation et la sécurisation de
l'économie en général. (P. JACQUEMOT et M. RAFFINOT,
op. Cit. p 95)
II.2.5. Le monde et la lutte contre la pauvreté :
état des lieux et perspectives
Notons tout d'abord que la classification des pays en termes
de critères de pauvreté diffère selon les organismes
internationaux. La Banque Mondiale classe les pays suivant le niveau de revenu,
les pays à revenu faible (57 au total) étant ceux dont le Produit
National Brut par habitant est inférieur à 675 USD en 1996. Le
FMI les classe suivant le niveau de leur endettement ou la principale source de
leurs revenus. (A. SILEM et J.M. ALBERTINI, op. Cit. p 499)
La lutte contre la pauvreté a, depuis longtemps,
figuré parmi les plans d'action des pays, tant dans le cadre d'actions
individuelles que dans celui d'actions concertées.
Dans la déclaration universelle des droits de l'homme,
il est dit que « toute personne a droit à un niveau de vie
suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et celui de sa
famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins
médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires. Elle a
droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie,
d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte
de ses moyens de subsistance par suite des circonstances indépendantes
de sa volonté » (M. YUNUS et A. JOLIS, op. Cit. p
26). Récemment, à l'article 2 de la déclaration de Doha,
on reconnaissait la nécessité pour toutes les populations de
tirer parti des possibilités accrues et des gains du bien-être que
le système commercial multilatéral génère, (J.
STIGLITZ et A. CHARLTON, op. Cit. p 112).
En ce qui concerne l'Afrique particulièrement,
« même si les principaux indicateurs macroéconomiques
sont aujourd'hui au vert et semblent confirmer le renversement du long cycle de
récession qui avait marqué les décennies 1980 et
1990 », (B. BADIE et S. TOLOTTI,2007, p26 ), où
les PAS étaient célèbres, dans certains pays les revenus
s'effondrent et le niveau de vie baisse ; les progrès de
l'espérance de vie, durement gagnés au cours des décennies
ayant suivi les accessions à l'indépendance, ont commencé
à s'inverser d'abord à cause du fléau du SIDA, mais aussi
parce que la pauvreté tue. En effet, comme le rappelle Marcel MAZOYER,
la pauvreté va avec la malnutrition et l'exode rural, la pauvreté
extrême avec la sous-alimentation chronique, et la famine avec la mort.
(S. DESGAIN et O. ZE 2008, Nourrir la planète, pp 14-15). Si le
tiers monde demeure donc un mythe pour certains du fait du caractère
idéologique du terme, la réalité de la pauvreté en
renforce aujourd'hui la pertinence de l'emploi à certains pays du monde(
E. JOUVE 1988, Le tiers monde) Ceci semble être aussi vrai dans
le cadre des disparités « villes et campagnes » par
exemple, certains auteurs estiment que si l'écart s'était
probablement rétréci entre la ville et la campagne, les
inégalités de revenus auraient été
amplifiées à l'intérieur du secteur rural.
Aujourd'hui, on parle de mouvements antimondialistes et alter
mondialistes, de réduction du poids de la dette des Pays En
Développement et des objectifs du millénaire pour le
développement (OMD), à l'horizon 2015 et sur base des
données de référence de 1990 « last, but not
least ».
|