CHAPITRE II: GENERALITE SUR LA PAUVRETE ET REVUE DE
LITTERATURE
II.1. Bref regard sur les
concepts
Pour démarrer, il suffit de bien expliciter le
sujet traité selon l'articulation des mots par leur sens se rapportant
directement aux données idéales du contexte de cette recherche,
selon le dictionnaire de poche, larousse21(2009):
· Approche : le fait de
s'approcher, le fait d`approcher, la manière d'aborder un sujet, un
problème, un thème, un casus, une démarche
intéressée auprès de quelqu'un.
· Systémique : relatif
à un système pris dans son ensemble, le système renvoie
à la notion de totalité, de globalité d'un groupe ou d'une
réalité conçue sous l'angle d'un ensemble composé
d'éléments interdépendants, de telle manière que
si on opère une modification au niveau d'un de ces
éléments, cela se répercute sur les autres
éléments en parlant surtout de l'ensemble. ainsi selon VON
BERTANFFLY ; c'est un ensemble d'unités en interactions mutuelles,
(NYAHUTWE KAHINDO d. 2011,).
· Impact : n.m fait pour un corps
un projectile de venir frapper un autre, choc, effet produit par quelque
chose, influence, projectile : corps lancé vers une cible avec
force. En matière de développement, cette action marque
l'opérationnalisation d'une quelconque organisation pendant ou
après sa période de son exercice dans un milieu donné.
· Chantier : lieu où
s'effectuent des travaux de construction, de séparation, lieu en
désordre.
· Phénomène : c'est
le fait qui arrive probablement dans un milieu donné et pendant une
période donnée, vécu par une population d'une
génération donnée
· Vulnérabilité :
correspond à l'incapacité de faire face aux imprévus tels
que les obligations sociales (dots, mariage et funérailles), les
catastrophes, l'incapacité physique (maladie, naissance, allaitement et
sevrage d'un enfant, accident), les dépenses improductives et
l'exploitation.
· L'impuissance :apparaît
dans la facilité avec laquelle les élites font écran pour
intercepter les avantages destinés aux pauvres, la façon dont les
indigents sont spoliés et trompés, leur incapacité
à négocier, en particulier les femmes, ceux qui sont faibles
physiquement, les handicapés ou les indigents. (Robert Chambers. ;
op. cit; p172)
· Unité de
développement : tout système social dont l'objectif
est de mobiliser les ressources humaines, matérielles et
financières pour répondre aux individus et collectif
d'épanouissement et d'assurer les maxima possibles de transformation des
infrastructures et de vie sociale. (B. WENDO 2010,)
· La Politique : est l'ensemble
d'attitudes bien orientées, calculées et ajustées de
manière à permettre de déterminer des objectifs, des
ressources et temps nécessaire pour améliorer , transformer le
mode de vie sociale et économique
(B. WENDO 2010,).
· La Stratégie : est un
moyen de conduire ou un ensemble d'actions à entreprendre pour palier
le problème en question (mesure), orientation, vision planification
à long terme, (idem),
· Organisation : la théorie
des organisations cherche donc expliquer les fonctions internes de
l'entreprise en intéressant le flux monétaire ou le comportement
(idem),
· Misère : état
d'extrême pauvreté, de faiblesse, d'impuissance, cercle vicieux de
la pauvreté, syndrome de la pauvreté ou piège de la
pauvreté
Afin de bien cerner ce concept, il est important de se
référer à l'origine gréco-latine du terme «
pauvre ». Sa racine latine est « pauper » qui signifie peu ou
petit, qui en elle-même est proche du mot grec « peina » qui
signifie la faim. La traduction grecque du mot « pauvreté »
est « aporia » qui signifie absence de chemin.
C'est dans ce contexte qu'intervient l'approche par
capacités d'Amartyasen, qui remet en question le lien direct entre les
ressources dont dispose un agent et son niveau de bien - être.
D'après lui, il existe quelques points qui ne
garantissent pas l'équivalence entre les ressources d'une personne et
son niveau de bien- être. Il s'agit notamment :
ü Du fait que le niveau de vie d'une personne ne
dépend pas seulement de ses ressources mais aussi de sa capacité
à transformer en paniers, des biens dont il peut librement
disposer ;
ü Du fait que l'usage qu'une personne peut faire des
ressources dont il dispose, dépend d'un ensemble de
caractéristiques personnelles et sociales.
Les différents dénis de libertés qui ne
font qu'accentuer la pauvreté des ménages sont
principalement : la famine, la sous-alimentation, la malnutrition, des
conditions de logement précaires, l'accès limité à
l'éducation et aux soins de santé, les conditions d'existence
précaires, le bas niveau d'éducation et d'instruction,
l'exclusion du monde de travail, les discriminations sexuelles et la
réduction des libertés civiles et politiques.
Il est difficile de donner une définition unique du
terme «pauvreté» qui fait l'unanimité des auteurs. La
définition de la pauvreté varie généralement selon
deux types d'approches : l'une plus globalisante et l'autre basée
sur les trois dimensions de la pauvreté suivantes : l'alimentation,
le revenu et les besoins fondamentaux.
Cette dernière approche est celle qui est le plus
souvent utilisée. Elle englobe dès lors trois types de
pauvreté à savoir : la pauvreté monétaire, la
pauvreté alimentaire et la pauvreté humaine.
II.1.1. Quelques
définitions sommaires de la pauvreté
Les auteurs distinguent généralement la
pauvreté en l'opposant à la richesse. Or, Les indicateurs qu'ils
utilisent pour l'appréhender peuvent être différents,
suivant les pays et/ou les contextes, l'idée que l'on se fait de la
pauvreté change. Si l'opposition entre la pauvreté et la richesse
reste permanente, elle prend des sens très différents. A chaque
contexte correspond une conception de la pauvreté. Nous serons
tenté dans cette étude, de définir la pauvreté
comme «une incapacité pour un individu, un ménage ou une
communauté de satisfaire ses besoins primordiaux de la vie que sont:
l'alimentation, le logement, l'éducation, la santé et
l'habillement».
La plupart des auteurs ont essayé de donner une
définition de la pauvreté, mais un parcours cursif des
définitions proposées montre combien chaque auteur se sent
« limité » pour donner une définition
précise.
Certains auteurs évoquent seulement l'aspect argent
pour distinguer le pauvre du riche, mais cela ne suffit pas. .Il faut y ajouter
quelque chose pour faire cette distinction. C'est encore le vieux concept
« genre de vie » qu'il faudra peut-être prendre en
compte. Encore faut-il prendre le genre de vie dans son ensemble.
Parmi les auteurs sélectionnés nous retenons
ceux qui suivent :
Pour le Nouveau Petit Robert, la pauvreté c'est
« l'état d'une personne qui manque de moyens matériels,
d'argent ; insuffisance de ressources ». (Le Petit Robert2003,
p.1876). Elle est synonyme de besoin, de dénuement, de gêne,
d'indigence, de nécessité, de paupérisme, de privation et
peut être une insuffisance matérielle ou morale. Elle se traduit
par la stérilité (pauvreté du sol), la faiblesse ou la
médiocrité (pauvreté intellectuelle), etc. La
pauvreté est le contraire de l'aisance, du bien-être, de la
fortune, de la richesse, de l'abondance, de la fertilité.
Majid RAHNEMA (2004), cité dans l'encyclopédie
libre, renseigne que la pauvreté est l'insuffisance des ressources
matérielles, comme la nourriture, l'accès à l'eau potable,
les vêtements, le logement, et des conditions de vie en
général, mais également des ressources intangibles comme
l'accès à l'éducation, l'exercice d'une activité
valorisante, le respect reçu des autres citoyens. Cet auteur admet sans
réserve que la révolte viscérale que la pauvreté
suscite en chacun de nous est tout à fait compréhensible et
justifiée.
WRESINSKI, cité par LUZOLELE et De HERT, définit
la pauvreté en la distinguant de la précarité. Pour lui,
la pauvreté est l'absence d'une ou plusieurs sécurités
notamment celle de l'emploi qui permet à la personne d'assurer ses
obligations professionnelles, familiales et sociales et qui jouit de ses droits
fondamentaux.
GILLIS et al. , définissent la pauvreté en
parlant de l'individu qui s'estime pauvre parce que privé des avantages
dont jouit autrui dans la société. L'auteur met l'accent ici sur
le caractère relatif et subjectif de la pauvreté. (Gillis M
,1990.)
VANDERSCHUEREN et alii., définissent la pauvreté
comme l'incapacité pour un individu, une famille ou une
communauté de satisfaire certains besoins minima. L'accent est mis ici
sur le caractère absolu et objectif de la pauvreté.
(VANDERSCHUEREN, F. et alii 1996.)
Enfin, KALONJI NTALAJA, catégorise trois sortes de
pauvreté à savoir : primaire, secondaire et tertiaire. Selon
cet auteur, la pauvreté primaire est un manque intrinsèque de
capacités d'actions nécessaires à une existence humaine
élémentaire, dont la responsabilité n'incombe pas à
la personne concernée (un handicapé physique ou un
retraité par exemple). L'existence d'un système de
sécurité sociale efficace permet de pallier cette
catégorie de pauvreté. (KALONJI, N.SD)
La pauvreté secondaire, selon le même auteur, est
une pénurie intrinsèque des capacités d'actions
nécessaires à la satisfaction des besoins de base, surtout
l'alimentation, la santé et l'instruction, par une personne physique ou
morale apte.
La pauvreté tertiaire ou de performance, d'après
lui, est une pénurie de capacités d'actions instrumentales ou
fonctionnelles indispensables pour obtenir et/ou soutenir certaines
performances nécessaires à un fonctionnement viable.
En dehors des chercheurs, il y a aussi de grandes
institutions qui s'intéressent au concept de pauvreté.
Le Programme des Nations Unies pour le Développement
PNUD, par exemple distingue trois types de pauvreté à
savoir : la pauvreté alimentaire, la pauvreté
monétaire, et la pauvreté humaine.
Le PNUD parle de la pauvreté monétaire
lorsqu'on est dans une situation ou le revenu du citoyen est insuffisant pour
satisfaire ses besoins de subsistance.
Le PNUD parle de la pauvreté alimentaire en prenant en
compte les besoins minima en termes alimentaires. D'habitude, les institutions
des nations unies utilisent deux méthodes de prise en compte : la
méthode de l'équilibre calorico-protéique de le FAO (Fond
Alimentaire Mondial) et la méthode anthropométrique de l'OMS
(Organisation Mondiale de la Santé). Selon le FAO, toute personne adulte
qui consomme moins de 2.300 calories par jour est considérée
comme pauvre. L'OMS, quant à elle, utilise le rapport
anthropométrique chez les enfants : le rapport poids/âge, le
rapport poids/taille et le rapport taille/âge qu'elle compare aux
indicateurs retenus pour une population d'enfants normaux.
La Banque mondiale mesure la pauvreté monétaire
en fixant le niveau de revenu à 1 Dollar Américain par personne
et par jour. Il est généralement mesuré en termes de
parité de change pour pouvoir saisir le pouvoir d'achat.
Elle est aussi perçue comme un manque d'emplois,
d'initiatives et de vision à long terme du fait de l'inexistence
d'entreprises capables de créer de l'emploi pour la population active.
La pauvreté, c'est aussi le manque du capital qui se traduit par
l'incapacité d'accéder au crédit pour démarrer une
activité productive.
Dans la ville de Goma, les personnes consultées dans le
quartier lac vert déclarent qu'un quartier pauvre est celui qui est
caractérisé par :
ü L'absence quasi-totale des infrastructures
socio-économiques : aucune usine, pas de marché. Ce qui
exige aux habitants de longs déplacements à pieds pour
s'approvisionner en denrées de première
nécessité ;
ü Pas de borne fontaine ni de robinet donnant droit
à l'accès à l'eau potable : les habitants consomment
l'eau du lac, non traitée ;
ü Les gens vivent dans des logis déplorables
(taudis) et non électrifiés ;
ü Le chômage bat son plein, faute d'entreprises
pourvoyeuses d'emploi ;
ü Le règne permanent de
l'insécurité.
Par ailleurs, HARTMUT montre que La pauvreté
pécuniaire est le manque d'argent, entraînant les
difficultés pour se nourrir, s'habiller, se loger,....
En outre, de nombreuses langues, religions et philosophies ne
considèrent pas la « pauvreté » comme
étant seulement un préjudice, un malheur ou une infirmité.
Elles jugent au contraire que la soif insatiable des richesses, l'exhibition de
ses biens et le gaspillage au détriment des plus pauvres et
générations futures sont des égarements graves et
dangereux. Comme il n'existe pas de réponse universelle à cette
question nous définissons le terme de pauvreté d'après le
degré et le stade de son évolution, ce qui nous permettra de
différencier trois niveaux de pauvreté :
1. la pauvreté primitive stationnaire
2. la paupérisation
3. la misère
Ce que nous entendons par « pauvreté
primitive stationnaire » se rencontre à l'heure
actuelle dans les rares endroits qui n'ont pas encore de marché. Le
groupe vivant dans cet espace survit en employant des techniques
élémentaires, dans une région peu hospitalière.
Tant que des membres ou groupes de cette communauté n'en viennent pas
à souhaiter modifier leur mode de vie, on ne peut parler de la
pauvreté qu'aux yeux des personnes étrangères à
cette communauté.
« La paupérisation et la
misère » sont l'expression d'un abaissement sensible
du niveau de vie d'un individu ou d'un groupe. Cette expérience est
ressentie pour leur mode de vie comme un problème, par les personnes
concernées et par celles qui leur veulent du bien. La
paupérisation évolue en général de pair avec une
perte de contrôle, induite par des forces endogènes ou
exogènes sur :
· Les conditions d'existence du groupe et celles de ses
descendants
· Le maintien et le renouvellement de
l'intégrité culturelle, sociale et économique du groupe
· La préservation de l'équilibre
écologique.
« La misère » est
l'état dans lequel une extrême pauvreté met en péril
la survie des individus ou groupes de population tout entiers.
Ces différentes définitions témoignent
des difficultés et des divergences au sein parfois d'une même
école, ou une discipline scientifique ou encore d'une même
institution. (A. HARTMUT et alii. 1987, p75)
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