2 .2. CAS 2 :L'ONG BATE
SABATI COMME ONG N'AYANT PAS PERENNISEE CES ACQUIS ENREGISTRES PAR L'ONG BATE
SABATI
Durant la période d'intervention, l'ONG a
exécuté dans ses domaines d'intervention dans plusieurs
secteurs : assainissement, éducation, santé, hygiène
publique, environnement, genre etc....
Bien que ces actions n'ont pas trop duré
c'est-à-dire ont connu une existence très
éphémère. Mais on peut lui attribuer la construction des
infrastructures scolaires « nous avons pu réaliser
des écoles au nombre de quatre dans des communautés rurales qui
restent aujourd'hui les acquis les plus visibles sur le
terrain » ; il continue pour dire « à
ces écoles on pourra ajouter que la mise en place des comités de
gestion des écoles (APEAE), des structures sanitaires (COGES), des aires
protégées (COGEF), dont les membres ont bénéficiers
des modules de formation si non le reste a disparu à petit feu sans
presque laisser aucune trace surtout en matière
d'assainissement ». Un autre informateur nous dit :
« Si l'école est acquis
indélébile de l'ONG BATE SABATI, les élèves que
nous avons recrutés et suivit durant leur cycle primaire bien que
n'ayant pas tous terminé leur cycle ; au moins deux parents sont
venus personnellement me rencontrer pour me féliciter en ces
termes : ce que vous avez semé a porté fruit deux des
enfants que vous avez scolarisés ont atteint l'université une
fille et un garçon et sont aujourd'hui des modèles dans notre
village. Visiblement j'étais très satisfait mais
intérieurement j'étais mal à l'aise... »
FORMATION ET ENCADREMENT DES STRUCTURES
COMMUNAUTAIRES
L'un des moteurs du développement passe par
l'éducation, la formation ou l'alphabétisation non seulement des
agents de développement que les bénéficiaires des actions
des ONG. Au dire d'un ancien responsable de BATE SABATI « l'ONG a
formé et encadré des nombreuses structures locales en terme de
gouvernance interne, de bonne gestion, de renforcement de
capacité. »
TABLEAU 5. Des structures formées et
encadrées par l'ONG BATE SABATI
STRUCTURES
|
NATRURE DE L'APPUI
|
NOMBRES DE STRUCTURES
TOUCHEES
|
APEAE
|
A l'esprit d'école communautaire
|
Quatre APEAE de base
|
COGES
|
En gestion des structures sanitaires
|
Huit COGES de base
|
COGEF
|
En gestion des aires
Protégées
|
Neuf COGEF de base
|
TS
|
En IEC sur les VIH/SIDA
|
120 filles travailleuses de sexe
|
Autorités scolaires
|
Gouvernance scolaire
|
Près 150 DE, DSEE et enseignants
|
Hygiène
|
Règles d'hygiène publique
|
Plus 400 vendeuses, boucher et boulangers
|
Alphabétisation
|
En gouvernance interne
|
50 groupements agricoles et maraichers
|
Source : Archive de l'ABS
ACQUIS ENREGISTRES PAR L'ONG BATE SABATI MAIS PERDUS
Même si certains acquis ont survécu, il reste
à croire que la quasi-totalité des activités de cet
organisme qui était d'ailleurs comme le souligne le PDL de la
préfecture de Kankan de l'année 1991 « BATE
SABATI était la première organisation d'appui au
développement local de Kankan » ; mais un membre du
conseil préfectoral de la société civile indique
« qu'il est très difficile de dire une ONG nom de BATE
SABATI à exister dans le répertoire des organisations de la
société civile de Kankan. Même les archives ni de la
société civile encore moins du service d'appui et de
coordination des organisations de la société civile ne peut
le prouver »; pour la direction des microréalisations de
la Préfecture de Kankan« se souvenir de l'existence de
l'ABS est un peu difficile puisque elle n'a presque même pas
laissé un seul de ses rapport d'activité ».
Tout est perdu, même les module de formation
administré dans les centres `'ALPHA'' sont perdus et ces centres sont
formés or ce programme était le socle de toute action
communautaire puis que les actions des ONG si elles ne sont mémés
avec et par les communautés elles même c'est l'échec sur
toute la ligne. Et pour ce faire il faut que ce qui est fait soit fait dans les
langues locales car la majorité de celles-ci sont analphabètes.
Ainsi le chargé de formation et alphabétisation dira que
« les centres `'ALPHA'' ont considérablement
amélioré les connaissances et leur mode d'utilisation chez les
bénéficiaires. Ceux ci s'appropriaient de toutes les actions
très vite mais malheureusement peu de temps après ; ils
s'arrêtent pour attendre, on ne sait qui. »
LES DETERMINANTS QUI ONT PREVALU A LA PERTE DE ACQUIS
DE L'ONG BATE SABATI
La perte ou la non pérennisation des acquis de l'ONG
est régie par des nombreux déterminants d'ordre
économique, politique et socioculturels qui font que la majeur partie
des ONG perdent leurs efforts et disparaissent très vite. Les actions
des ONG sont le plus souvent planifiées à l'externe par des
bailleurs qui n'ont pas les mêmes préoccupations que ni même
ces ONG encore moins les bénéficiaires.
Pour qu'une action soit durable, elle doit être soutenue
à l'interne par une politique de mise en oeuvre ainsi un ancien
responsable de l'ONG converti à d'autres activités nous dit
« l'ONG a perdu la quasi-totalité de ces activités
par ce que dès au début, elle a manque d'une politique de
relève tant à l'interne qu'au niveau des
bénéficiaires. L'ONG avait en fait une vision trop global et
vaste ». Un autre enquêté indique :
« Le dysfonctionnement entre les ONG et
l'administration déconcentrée n'ont pas joué leur
rôle ; celui de la poursuite des activités qui avait
été entreprise. Cette dernière pense que ce que les ONG
font, elles le font pour soit même pendant que celles-ci sont entrains de
faire ce que devait faire l'Etat. Longtemps, certains administrateurs prenaient
les ONG comme des ennemies ... »
Les communautés elles du reste sont innocentes. Tout
ce qu'on leur demande tant qu'elles ne connaissent pas les tenants et les
aboutissants des actions de développement, elles s'en
méfient « les communautés sont des navires la
direction est détenue par le capitaine, il lui forge sa direction.
Seulement la perte de ces acquis est dû essentiellement du fait qu'ils
n'étaient pas supporté à l'interne par des fonds propres
on ne comptait que sur l'autre... »
L'autre constat est que ce ne sont pas seulement les acquis
des ONG qui sont perdus en Guinée et à Kankan en
particulier ; ce sont les ONG même qui sont mortes avec tout le
personnel et tout le matériel technique ; un enquêté
indique « si les acquis de l'ONG sont perdus, la mort de l'ONG
est une évidence, le personnel, le matériel technique s'est aussi
consumé à petit feu. »
ABSENCE DES MECANISMES PERENNISATION DES ACQUIS DE L'ONG
BATE SABATI
L'un des facteurs explicatifs de la perte des acquis des ONG
ou même les ONG elles mêmes c'est l'absence d'une vision clairement
définie ni à court terme en moins à moyen ou à long
terme donc de l'absence de tout mécanisme de pérennisation de ce
qui a été ou de ce qu'on fera dans le plan d'action :
« Une organisation pour que ce qu'elle fait soit
pérenne, elle doit avoir un plan d'action à trois temps : un
plan à cours, moyen et long termes. Il faut ajouter que la
durabilité des activités dépend fortement par un soutien
interne par la mise en place d'abord des AGR et celle de la mise place des
structures ou des comités de relais pouvant agir convenablement pour la
poursuite de ce qui est entamé. En fait voici ce qui a manque à
notre ONG ; presque aucune structure de pérennisation
n'était même pas envisagée. »
L'ONG a fonctionné durant tout le tant
d'exécution de ses activités planifiés sur des fonds
externes à travers des projets initiés par des bailleurs de fons
comme le comité national de lutte contre le sida dans son volet
santé génésique et de lutte contre les infections des IST
et VIH/SIDA
Elle a aussi exécuté les activités en
matière de l'éducation avec l'ONG Américaine Save the
children dans son projet école communautaire ; puis avec l'ONG
Allemande PASIB dans le cadre du Bassin Versant dans son projet de gestion et
de protection des têtes de sources et des forêts classées
dans la zone périurbaine de la zone d'intervention de l'ABS. Avec le
service d'hygiène publique BATE SABATI n'a pu oeuvrer que sur des
subventions internes du PNUD. Un des enquêtés indique :
« BATE SABATI n'a presque pas initié et
planifié une activité d'elle-même ; elle a toujours
oeuvré sous contrat avec un bailleur externe. Ce qui voudrait dire que
l'ONG n'avait pas une autonomie financière car elle n'avait aucune
source de revenu propre en elle. Alors tant qu'une structure ne compte sur
autrui elle ne pourra nulle part or c'est la mode au sein des organisations.
»
LE PROBLEME DE LEADER SHIPE AU SEIN DE L'ONG
Si la faiblesse de ligne budgétaire au sein de l'ONG
est un facteur non négligeable dans la perte des acquis des ONG, le
conflit permanant de leadership en est aussi un autre qui ébranle toute
évolution dans les mouvements associatifs. Ainsi un ancien responsable
de l'ONG nous dit « A un moment donné de la vie de l'ONG,
il y avait plusieurs têtes et chacune d'elle était devenu un chef
d'opinion ».
Un autre renchérit « il y régnait
dans l'ONG un système anti progrès : c'est le clanisme.
Chacun se réclamait la paternité de l'ONG comme si elle
était un héritage ancestral ». Un troisième
affirme :
« Le manque sens élevé de
responsabilités des gouvernants de l'ONG nous a conduit au fond de
gouffre. Chacun jouait au malin et au savant tout en mettant son `'soi'' au
dessus de l'intérêt de la collectivité ; de la est
né plusieurs pole de décision antagonique. Quand l'un
décide l'autre au lieu d'approuver prend le contre pied cette situation
a perduré puis a gagné tous les niveaux de la structure. En
réalité cette situation prévaut sur tous les autres comme
facteurs déterminants à la disparation de l'ONG.»
LA MAUVAISE GOUVERNANCE INTERNE DE L'ONG
Après l'accession des Etats Africains à la
souveraineté nationale, l'heure était à la gouvernance de
ces Etats. Mais après quelques temps d'exercice ce fut un échec
sur toute la ligne. L'heure était venue au détournement, à
la gabegie financière, à l'affairisme et au clientélisme
dans toute la sphère de l'administration.
A la fin des années 70-80, les institutions de Breton
Wood ont exigé une nouvelle politique de gouvernance sociale,
économique, politique. Ainsi des reformes profondes ont
été engagés dans tous les secteurs de la vie politique et
socioéconomique. Sur le plan politique des reformes furent
engagés à travers l'instauration de multipartisme politique,
l'organisation des premières élections pluralistes et le
rapprochement de l'administration au près de la population par une
politique de décentralisation.
Sur le plan socioéconomique, les Etats ont
libéralisé les initiatives privées. La Guinée, en
1984 s'est résolument engagée sur cette voie de reforme. Ainsi le
président de la République dans son discours programme de 22
décembre 1985 indique « ...nul ne peut gouverner seul un
pays aussi grand que le notre... notre pays ressemble à veux
véhicule qui souffre toutes les peines alors pour qu'il se lève
il faut l'apport de tous ses fils et de toutes ses filles ».
C'est cette phrase a déclenché le vent de libéralisation
des initiatives privées.
Depuis lors les ONG ont poussé comme des champignons
sur la base de volontariat pour palier aux insuffisances de l'appareil
administratif. Mais très tôt les ONG ont marché sur les
traces laissées par l'administration. Un enquêté
dit « les ONG au lieu devenir des organismes d'appui
à but non lucratif donc d'intérêt impersonnel, elles sont
devenues des organisations à intérêt personnel ou les
différents acteurs s'enrichissent. Les ONG sont des comptoirs
d'affaire ».
Un autre dit « l'orgueil de quelques
un des membres était devenu extrême qu'ils se tapaient la poitrine
pour se réclamer comme le père fondateur et les seuls ayants
droit de décider quoi que ce soit en lieu et place des instances de
l'organisation. »
Si la gouvernance politique de l'ONG était un manque
à gagner, la gouvernance financière quant à elle restait
une préoccupation et le signe avant coureur à la faillite de
l'ONG à propos une personne ressource de l'ONG affirme :
« Les finances de notre organisation
étaient trop mal saines, les pièces comptables ou les
pièces justificatives des dépenses effectuées
n'était qu'un pur arrangement sans aucune cohérence réelle
de la réalité. Cette réalité nous a fait perdre
l'un de nos plus gros marchés avec l'un de nos meilleurs partenaires
financiers et techniques. Il s'était produit des malversations
financières au niveau des finances cela a conduit l'ONG vers un manque
de crédibilité au près des institutions financières
nationales et internationales de la place. »
LE NON RESPECT DES TEXTES REGISSANT L'ORGANISATION ET
LE FONCTIONNEMENT DES ONG
La charte des organisations de la société civile
guinéenne dans ces articles 2 et 3 du chapitre I indique clairement
qu'une organisation doit être responsable, crédible et
respectueuse de certaines valeurs et principes moraux de la vie associative
comme :
- La transparence, indépendance et
intégrité ;
- La neutralité politique ;
- Efficace et complémentarité ;
- Ouverture et partage
Ainsi force est de reconnaitre derrière chaque
association, chaque ONG, il se cache une vision politique à propos un
enquêté dit :
« L'une des causes de la perte des acquis des
ONG locales est leur caractère politique. Donc elles ne respectent pas
du tout ni leur indépendance économique vis-à-vis de
l'Etat et très vite elles affichent leur appartenance politique or un
proverbe dit `' la main qui donne c'est elle qui commande''. Les ONG locales
Guinéennes sont très politisées et elles s'écartent
progressivement de leur fonction traditionnelle d'appui au développement
pour devenir des lobbys au service des politiques »
LE RETRAIT DES BAILLEURS, TARRISEMENT DE FINANCEMENT
ET ARRET DES ACTIVITES
Les ONG existent dans les Pays en développement depuis
un peu plus de trois décennies. Cette existence est consécutive
pour répondre à un appel des ONG du Nord qui depuis une leur long
marché ont finalement débouché sur la vocation
réelle des ONG celle d'appui au développement local et
durables.
Dans un début ces organismes internationaux de
développement ont habitués aux ONG locales et aux
communautés locales aux réalisations à clés sans
aucune contribution de l'une des deux parties. Un enquête affirme
« quand ton a pas fourni un effort petit soit il pour
acquérir quelque chose, on en saura pas sa valeur », la
même personne continue en ses termes « pour
l'efficacité d'une organisation, avant d'obtenir un marché doit
contribuer et les bénéficiaires aussi doivent aussi en faire
autant. »
Les bailleurs viennent et agissent en concert avec les ONG
locales. Mais le plus souvent, ils planifient tout et seul. Ils font le juste
à temps, les ressources financières et techniques sont
essentiellement pour le temps d'exécution pas plus pas moins et comme
cela a été souligné dans le premier cas d'étude,
aucune fenêtre n'est laissée pour permettre aux organismes de
relais que sont les ONG locales et les comités villageois de poursuivre
les activités ne serait que celles de la supervision. Un
enquêté s'exprime en ces propos « en matière
de développement toute activité dans laquelle les organismes de
relais ne jouent pas le rôle de croix de transmission, ne pas faite pour
perdurer. »
Quand le fond global s'épuise, sans pour autant de
prévoir au sein de celui-ci un fond de poste activité, et
l'absence des activités génératrices de revenu tout
s'arrête comme si rien n'avait été exécuté,
d'ailleurs nous dit « souvent on dit le projet de tel ou tel
bailleur, parce que force est de croire que rares sont les ONG qui peuvent se
supporter sur leur fond propre. Celles qui y arrivent c'est au prix des
énormes sacrifices, alors lorsque le bailleur arrive à terme et
que le financement tarit de facto tout s'arrête.»
LE DESINTERESSEMENT DES STRUCTURES DECONCENTREES DE
L'ETAT
En effet, la mise en la place des politiques de
lutte contre la pauvreté interpelle tant les Chercheur(e) s
que les acteurs politiques et les agents de développement face
à une réalité mondiale, qui se décline
différemment selon les contextes où l'intervention des ONG gagne
le terrain Et elles laissent le plus souvent des traces qui ne perdurent pas.
Cette étude sur les ONG qui oeuvrent pour le développement nous
ont montré que, en matière de gestion sociale, économique,
politique et environnementale durable. Les ONG locales restent très
actives que sous l'impulsion des organismes internationaux qui ont fait de ces
questions leur priorité.
Le continent Africain a évidement diverses
particularités. L'omniprésence des institutions de
développement n'en est pas la moindre. La crise
cumulée des économies africaines et des Etats africains n'a
fait que renforcer le poids de " l'aide au développement " et des "
projets de développement ", que ceux-ci soient lourds ou légers,
et quels que soient leurs initiateurs (institutions internationales,
coopérations nationales, ONG du Nord, ONG du Sud). Le "
développement " (son langage, ses crédits, ses hommes, ses
infrastructures, ses ressources) est une donnée fondamentale du paysage
africain contemporain, rural comme urbain » (de Sardan, 2001
:p.21).
L'organisation des acteurs sociaux a ainsi engendré,
dans ses conséquences immédiates, une série de ruptures
aussi bien du point de vue des institutions, des modes d'organisation interne
et des formes de coopération développées, que du point de
vue des catégories professionnelles mises en oeuvre par les
différents opérateurs sur le terrain des ONG en Guinée.
« Dans les sociétés, les
individus doivent nécessairement former des groupes de
coopération. Que ceux-ci soient formés sur la base
de la parenté n'a rien de contrariant d'autant plus que pour
lui, l'organisation de la parenté coïncide avec l'organisation
sociale, économique et politique. Ceux-ci illustrent comment les
relations de parenté peuvent être en corrélation avec le
système global » (Ghasarian, 1996:p.11)
Tandis que le groupe de travail
«vers un nouveau partenariat entre les Organisations de
solidarité internationale et les pouvoirs publics» du
Haut Conseil de la Coopération Internationale de France a
employé indifféremment :
« Les termes ONG (sous entendu humanitaires), OSI ou
ASI pour désigner l'ensemble des organisations privées, sans
but lucratif, qui ont pour objectif commun d'agir en faveur de l'urgence et
du développement. Le vocable ONG, imprécis qu'il soit, recouvre
des réalités juridiques et politiques variées, a le
mérite d'être d'un usage courant en France et à
l'étranger. Les structures associatives correspondantes en France
lui préfèrent l'acronyme ASI : le terme association
définit leur forme juridique en France et la solidarité
internationale revêt une acception plus positive et plus précise
que le qualificatif non gouvernemental. Le sigle OSI est en principe plus
large, permettant de prendre en compte toutes les organisations
privées, et non les seules associations, qui oeuvrent en faveur de la
solidarité internationale.»
Aucune ONG, qu'elle soit locale ou nationale membre des
OSC ou non ne peut exister sur l'ensemble du territoire national que sous
l'autorisation du gouvernement guinéen par un acte leur conférera
leur statut légal. Les plus anciennes sont par exemple CENAFOD sur le
plan national et BATE SABATI dans notre site d'étude. Toutes les autres
furent créées après le tournant des années 1990-
1993 en s'inscrivant dans une dynamique de formation et de
renforcement d'une société civile activement
engagée dans l'oeuvre de développement en
Guinée. Cette dynamique s'inscrit dans une conjonction internationale
qui favorise ces dispositifs d'action. Si la notion d'Etat est aujourd'hui
élargie à la Société Civile c'est sans doute
lié au rôle fondamental que jouent les ONG dans la promotion d'un
développement endogène.
Durant cette dernière décennie, les bailleurs de
fonds ont changé de stratégie d'intervention en matière de
développement dans le pays en voie de développement. Pour une
question d'efficacité, les bailleurs de fonds ce sont faits un devoir
c'est celui de regarder plusieurs aspects de l'ONG. Ainsi avant tout
partenariat une évaluation rapide organisationnelle est
effectué pour afin de déceler les forces et les faiblesses de
l'organisation. Ensuite un regard particulier et singulier des finances est
effectué de façon routinière et cela jusqu'au niveau des
bénéficiaires directes.
Ainsi, l'Etat devrait avoir le même comportement que ces
bailleurs si non mieux ; pour un répondant, « les
agents de l'Etat pensent que ce que les ONG font, elles le font pour elles
mêmes alors que ces ONG ne font que ce que l'Etat devrait faire
d'où leur nom `'organisme d'appui au développement.»
L'Etat devrait jouer le rôle d'un véritable
organe régulateur des actions des ONG, il les laisse pour
contre un enquête parle
« Les ONG sont abandonnées à
elles mêmes sans aucun contrôle. Pendant que l'Etat devrait
organiser une session annuelle d'évaluation des ONG ; au niveau
local (Préfectoral et Régional) et national, pour savoir celles
véritablement actives ou non. Capitaliser ses efforts pour voir
là où il ya eu réussite ou échec afin de proposer
des piste de solutions, d'encourager objectivement les méritants si
possible retire l'agrément à celles qui font le semblant sur le
terrain.»
MANQUE DE PRINCIPE DE REDEVABILITE DES ONG VIS-A-VIS
DE DES AUTORITES DE TUTELLE
Chaque action d'une ONG devrait être redevable d'abord
en son sein, envers ses partenaires ensuite vis à vis des structures de
tutelle. Pour cela elle doit rendre fidèlement compte ce qu'elle fait,
donner des informations exactes et fiables, tenir une comptabilité
régulière, transparente et saine. Elle doit aussi tenir des
bilans connus de toutes ses instances.
Un enquêté dira : « la
redevabilité n'est pas une affaire ni des ONG encore moins de l'Etat or
si chacun rendait compte de ce qu'il faisait on saurait vite situer la
responsabilité de chaque acteur ». Il continu
« mais si on laisse faire ce que bon lui semble, aucune action
durable ne pourra être menée... »
L'autre huque est que nous avons les bons textes de loi en
matière d'organisation, de fonctionnement mais il existe une
énorme légèreté dans leur application. Nos
administrateurs ont une `'culture de médiocrité'' cela
les place à une position de faiblesse. Un enquêté
dira :
« la majeur partie des ONG guinéennes
sont créées par des cadres de la haute hiérarchie de
l'administration publique et privée qui ont toute la manie de tout
faire et de bien faire pour décrocher un marché. Dès lors,
ils deviennent autorités de tutelle et responsables d'ONG, ils
connaissent tout le contenu du cahier de charge avant sa publication. Ainsi
comme dirait l'autre `'c'est la main droite qui prête à la main
gauche. Dans ce cadre aucune recevabilité n'est
possible »
COMPORTEMENTS, ATTITUDES, PERCEPTIONS ET
REPRESENTATIONS DES BENEFICIAIRES SUR LES ACTIVITES DE L'ONG BATE
SABATI
Les résultats des entretiens menés au
près des agents de terrain montrent que les comportements et attitudes
des bénéficiaires face aux activités sont au début
très difficiles. Cet état de fait était dû à
des réalités qu'avaient vécues les communautés au
début des interventions des ONG. Un ancien agent de terrain de BATE
SABATI souligne« au début certains promoteurs des ONG
étaient passés retirer de l'argent avec ces communautés
sans aucune suite dans le cadre des actions de
développement. »
Cette situation a fait qu'à l'entame, il y
régnait une certaine méfiance dans l'acceptation des actions dont
l'ONG était porteuse. Un autre facteur non négligeable ce que les
actions dont l'ONG portait n'étaient pas des actions directement
observable pour une communauté très pressée ; quand
on sait qu'elles sont constituées des activités de renforcement
de capacité, de formation or les communautés sont trop
pressées et elles veulent tout fait et tout frais d'autres disaient
même « nous préférons quelqu'un qui nous
donne de l'argent pour faire du commerce où nous gagnerons beaucoup et
vite que celui nous parlent de formation et autres ... »
L'expérience a montré avec les ONG de micro
finances que toutes les aides ou les appuis en terme d'argent en espèce
sont injectés dans des circuits improductifs (mariage, baptême et
autres activités où activités génératrices
d'honneurs et de satisfaction morale). Un enquête
indique « les bénéficiaires avaient un
comportement très répulsif car selon eux on les a beau estoquer
de l'argent au point qu'ils considéraient tout le monde d'hyène
da ns le domaine du développement cet animal très peu
sage ».
Un autre enquêté dit ce ci « le
travail des arnaqueurs a fait qu'au début, nous avions eu du fil
à tordre au près de nos bénéficiaires d'aucuns
quand on leur demandait de leur participation ; ils disaient tout
simplement que les bailleurs nous ont donné de l'argent pour venir le
leur donné et que nous en leur demandons d'en fournir
autre... », un autre conclus « même si on
leur demande de participer aux séances formations, ils répondent
d'emblé s'il n'ya de petite et grande pause et même les
perdiems ; ils ne participeront pas »
Le début des mouvements associatifs a été
un peu difficile car il existait assez de pesanteurs socioculturelles
conduisant la population à infliger une résistance au changement.
Cet un attachement aux valeurs traditionnelles, ont fait perdre de très
nombreuses actions dans les domaines de la construction des infrastructures, de
la santé, de l'éducation, l'environnement, agriculture, gestion
des ressources naturelles, de la mutilation génitale féminine.
Dans les pays en voie de développement même les
agences internationales de développement adoptent des stratégies
qui ne permettent pas aux communautés locales de bouger vers le
développement. Elles oeuvrent mais ne permettent pas aux
bénéficiaires de leurs actions de sortir du cercle vicieux de la
pauvreté ;
Un ancien coordinateur des programmes dit, l'ONG BATE SABATI
n'évoluait qu'en consortium « les bailleurs de fonds
viennent avec des projets qui sont en porte a faux avec les
réalités socioculturelles de nos sociétés.
Très souvent ses projets portent sur des valeurs qui sont très
chères à la communauté. Mieux dans la
société maninka très conservatrice tout n'est pas
permis ». Cet état de fait explique le retourner
à la case départ des bénéficiaires.
LES SUGGESTIONS POUR LA PERENNISATION DES ACQUIS DES
ONG
Aucune activité ne pourra être durable si elle
n'est pas soutenue à l'interne. Ainsi l'une des propositions de
pérennisation qui le plus souvent est venue dans les discussions, pour
le chargé de suivi/évaluation de l'ONG « la
pérennisation des acquis passe par la mise en place d'un certains
nombres des préalables dont entre la création et le
développement des AGR » il continu en disant
« une structure qui n'a pas des sources de revenu propre
à elle, ne pourra t'avoir des fonds propres donc ne pourra payer
même ses charges internes (location du siège, mobilier et
équipement, payer le personnel permanent qui sont les vertus de la
pérennisation. »
Un autre enquêté continu en disant
« La pérennisation passe aussi par les
bénéficiaires eux même. Ils doivent initier des AGR par
exemple une APEAE doit pouvoir créer sa source de revenu même si
c'est en cotisant mensuellement ou par d'autres activités pouvant lui
générer des ressources et pourquoi pas même être
actionnaires dans des activités communautaires
génératrices des revenus.»
La majorité des enquêtés ont
affirmé que les acquis de l'ONG APROFIG sont pérennisés
par les populations bénéficiaires grâce à leur
l'implication à toutes les étapes. D'ailleurs une
enquêté dira que les acquis sont jalousement
préservés et bien tenus par les populations
bénéficiaires. Par contre une minorité affirme que
les acquis souffrent de la non pérennisation et ont dégagé
comme causes :
« La mentalité des populations
bénéficiaires, la pauvreté et leur analphabétisme
et surtout la démarche des partenaires qui ne prévoient pas un
fond de suivi et d'entretien des acquis à l'élaboration des
projets par les bailleurs. La mauvaise gouvernance, la corruption et le manque
de transparence dans la gestion et enfin la faiblesse des capacités
institutionnelles et organisationnelles des
bénéficiaires ».
La pérennisation des acquis de l'ONG, incombe à
tous les acteurs, les enquêtés ont affirmé dans leur
majorité de poursuivre un effort d'identification des forces et
faiblesses, les opportunités et les menaces :
« Il faut ficeler des programmes de renforcement
des capacités en organisation, gestion, suivi/évaluation,
encourager la recherche action, rendre le système d'information efficace
et multiplier la formation des bénéficiaires et les agents de
mise en oeuvre sur la préservation et la pérennisation des
acquis. Impliquer activement les bénéficiaires à tous les
niveaux de la conception et de l'exécution des
activités ».
LA MISE EN PLACE DES FONDS D'ENTRETIEN GAGE DE LA
PERENNISATION
La mise en place d'un fond d'entretien et de pérennisation
des acquis, reste incontournable :
« Il faut développer les initiatives de
pérennisation en mettant en place des activités
génératrices des revenus, développer la recherche de
financement, renforcer la capacité institutionnelle des
bénéficiaires, des agents de l'ONG et des responsables, les
élus locaux et les autorités administratives, cela nous
amène vers une préservation des actions pour les
générations présentes et futures ».
Rendre dynamique le système de suivi/évaluation
en apportant les moyens techniques financiers et logistiques. Prévoir
dans les fonds globaux des financements obtenus un fond spécial pour la
pérennisation des acquis. Promouvoir l'esprit de la transparence et de
la bonne gouvernance dans l'utilisation et la gestion des fonds. Un
enquêté disait « tant que la bonne gouvernance et la
transparence ne deviennent pas les vertus cardinales des ONG, aucun
développement durable ne pourra être envisagé, or c'est la
maladie commune non seulement aux services privés et publics de
notre pays.»
Les ONG et les services déconcentrés de l'Etat
doivent créer des structures locales d'entretien de suivi pour la
pérennisation, vulgariser largement la vision, la mission et les
objectifs des ONG pour une action durable. Valoriser les cadres de concertation
permanant pour une analyse situationnelle en vue de valoriser et capitaliser
les acquis mais aussi développer une synergie d'action entre les
acteurs. Motiver et orienter le personnel intervenant des ONG à travers
des promotions. Intensifier des activités de sensibilisation, de
formation et de communication entre les bénéficiaires et l'ONG
dans la culture locale avec des outils comme la langue du terroir, les images,
les figurines, des études de cas etc.
L'administration comme nous l'avait été dit,
plus haut ne doit pas être indifférente face aux actions des ONG,
pour qu'en fin celles-ci respectent les termes de référence du
cahier de charge ; mais la structure et le fonctionnement de l'Etat en
Afrique en général et la Guinée en particulier ne
permettent pas un développement durable non seulement des services
Etatiques que ceux privés, un enquêté dit
« l'administration en Guinée est une administration de
commandement, trop pléthorique avec ses liesses de recommandation non
pas une administration de développement au service des
administrés », il poursuit en disant
« c'est un moyen de bouffer des fonds colossaux où chaque
administrateur demande son dessous de table en jouant à l'indispensable
pour qu'un projet ou programme passe »
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