Cadre historique
Peuplement
Les premiers habitants de la préfecture de Kankan
furent successivement les Korogba et les Bamanan. Autrefois la localité
de Kankan demeura longtemps animiste. Elle était occupée par les
Condé de Gbérédougou et de Kouroulaminin. Egalement les
Condé de Toron, les Kourouma de Sabadou et les peulh des Wassoulou y
étaient installés. Le mouvement général des
populations de l'empire du Mali aux XV siècle a conduit à
l'occupation du Dioma.
Selon la tradition, les Condé ont fondé une
vaste province englobant le Gbérédou et le Kouroulaminin. Le
territoire des Condé est limité au Nord-Ouest par le Hamana,
à l'Ouest par le Sankaran et au Sud par le Kouranko. Ils sont les
premiers occupants de Kankan (Gbérédougou). Il semblerait qu'ils
soient venus au même moment que les Keïta de Hamana au XIV
siècle. Ils occupaient la région comprise entre le Milo et le
Niger, jusqu'au delà de Kankan.
Les Kourouma sont venus de Fourtoumoumba dans le
Bafoulé. Ils longèrent le fleuve et fondèrent Norossaba.
De Norassoba, ils se mêlent aux vagues de migration des Keïta, ils
progressèrent vers le Sud et s'installèrent dans la région
de Kankan. Il faut également signaler que les Keïta, dans leur
déplacement ont entraîné aussi d'autres tribus
alliées : Les Camara et Traoré. La tradition nous rapporte
que les Camara disséminés au milieu des groupements Kourouma et
Condé seraient originaires de Beyla.
L'arrivée des Maninka-mori dans la région sera
un peu tardive. Selon la tradition, ils seraient originaires de Ghana (les Kaba
résidaient à Tambakara dans le Djafounou, république du
Mali, une des provinces de l'empire de Ghana). Ce serait le point de
départ de leur mouvement vers le Sud. La province de Djafounou
était placée sous la tutelle des Doukouré.
Quant aux Cissé, Dramé, Tounkara et
Chérif, ils s'étaient installés à Ouagadougou c'est
l'invasion almoravide jugulant l'empire des Cissé qui va occasionner la
fuite des sarakollé d'Ouagadougou pour aller s'installer dans le
Djafounou, berceau primitif des maninka. Les maninkamori ne sont à
proprement parler des maninka, ce sont des sarakollé du moyen Niger,
très anciennement islamisés. Ils sont commerçants depuis
une période assez reculée.
Ainsi, fuyant les almoravides, ils s'installèrent dans
le territoire compris entre Milo et Niger. Cette bande de terre
désormais occupée prendra l'appellation de Batè qui se
compose comme suit : Ba = Fleuve et Tè = Entre, donc le mot
Batè signifie entre deux fleuve (Camara, 1975).
La première vague des musulmans venus dans le
Batè était conduite par Moribinè Kaba. Il serait venu du
Mali demander l'hospitalité aux Traoré Djankana. Après une
dizaine d'années, Moribinè et ses alliées seront suivis
par un autre groupe ayant à sa tête Ansoumane Djankakoro. Ils
furent reçus par Moribinè. Après qu'ils firent souche, et
surtout devenus nombreux et puissant, les musulmans se hégémonie
politique et économique pouvant continuer de subir les abus de leurs
voisins turbulents. Les Traoré se dirigèrent vers le Sud et
fondèrent l'actuel village de Gbéléma près de
Makono. La deuxième vague importante qui vient dans le Batè est
celle qui fut conduite par Maramani Kaba et Lamine Chérif
(Condé, 1983, 1984).
Quant à la date d'installation de Kankan, Souleymane
Kanté nous enseigne que c'est dans les environs de 1545. Cependant nous
ignorons les sources d'inspiration de notre informateur. Toute fois cette date
se recoupe à peu près avec celle fournie par Mamadi qui retient
le XV siècle.
A la mort de Mouramani, son fils Fodémoudou Kaba fonda
le village de Kabala. Fodémoudou Kaba eut 4 fils qui sont : Mori
Aliou, Djakaria, Fodémoudou et Daouda. Qui fondèrent
respectivement Batè Nafadji, Soumankoï, Bankala. Quant aux
descendants de Moriamagbè, ils fondèrent les villages
d'Aliamoudou, Karifamoriah, Madina. Le processus de migration des maninkamori
du Sud vers le Batè va continuer, fuyant toujours les menaces des
Bamanan pour rejoindre leurs coreligionnaires dans le Batè
(Keïta 1989).
Il semble que c'est Daouda, petit fils de Mouramani qui fonda
Kankan, l'ancêtre des Kaba de Kankan, Daouda n'est pas directement partit
de Bankalan pour fonder Kankan. De Bankalan, il alla entretenir un champ de
cultures destinées à son aîné Fodémoudouba
installé à Bankalan. Mais face aux difficultés de
rencontrer toujours le fleuve, il jugera opportun de chercher de bonne terre en
amont. C'est ainsi qu'il obtient avec l'accord de Fodémoudou
Condé (homologue et ami de son frère) l'actuel place de
l'hôtel de la ville de Kankan (ex villa syli). Il fonda un village qu'il
nomma village de Djafounou, jadis habité par les Kaba appelé
auparavant Foudou ou Fadou (terre où l'on mange à sa faim). Plus
tard, le nom de Fadou cédera le pas à Kaouroy, nom d'un village
Djafounou. Le nom Kabala sera ensuite d'usage qui veut dire chez les Kaba
(Ibid).
Cependant tous ces noms s'effaceront et le nom de Kankan sera
retenu. Les quatre premiers quartiers de Kankan sont : Timboda,
Salamanida, Kabada et Banankoroda. Une possibilité commerciale et
culturelle. Ainsi, des personnes d'origines diverses arrivent à tout
moment contribuant ainsi à l'accroissement de la population urbaine. La
population de Kankan est en majorité urbaine. En plus nous avons les
artisans, les commerçants les fonctionnaires, les transporteurs...
Au XVIIIe siècle, époque
à laquelle elle a sans doute été fondée, la
cité s'inscrit dans un axe commercial reliant la côte
guinéenne, le Fouta-Djalon et la Sierra Leone. Les marchands
malinké islamisés (Dioula) dominent alors les circuits
commerciaux, échangeant l'or, le sel, les noix de cola puis les esclaves
contre des produits européens (parmi lesquels des fusils). À
partir de 1870, Samory Touré, né près de Kankan et issu de
ce milieu, crée un empire englobant l'actuelle Guinée orientale.
Sa capitale, Bissandougou, est située au sud de Kankan, qui s'impose
alors comme la grande métropole musulmane du Haut Niger. En 1891, Kankan
est prise par les forces françaises conduites par le colonel Archinard,
et l'empire de Samory Touré se reconstitue plus à l'est.
Tableau 3.1. Répartition de la
population de la Préfecture de Kankan par CR
N°
|
Sous-préfectures/ Commune
|
Population
|
1
|
Balandou
|
16 488
|
2
|
Baté nafadji
|
28 454
|
3
|
Boula
|
10 405
|
4
|
Gberedou Baranama
|
10 373
|
5
|
Karifamoriah
|
9 631
|
6
|
Koumban
|
12 762
|
7
|
Mamouroudou
|
8 289
|
8
|
Missamana
|
8 970
|
9
|
Moribaya
|
8 296
|
10
|
Saba Dou Baranama
|
13 234
|
11
|
Tinti-oulèn
|
9 003
|
12
|
Tokounou
|
7 341
|
13
|
Commune urbaine
|
130 080
|
Total
|
|
273 326
|
Source : RGPH 1996 Préfecture de Kankan
Ces populations, dans leur majorité, appartiennent
à des provinces traditionnelles telles le Sabadou, le Toren, le
Gbérédou, le Kouralamini, le Batè ... Ces
différents provinces n'ont pas été occupées
à la même période et par les mêmes groupements
humains. Avant l'arrivée des Maninka et des Maninka-Mory, la zone
était, selon les traditions orales occupée par les Krogba. Ils
constitueraient le fond primitif humain de la préfecture de Kankan.
Cette population se serait bien installée avant le
Xème siècle en petites familles ayant connu la
métallurgie du fer. Selon les traditions, cette population serait
assimilée ou refoulée par les Bamanan. La deuxième vague
de migration qui prend souche dans la zone fut les Bamanan. Ce terme
signifierait `' refus du commandement'' ou `'rebelle''. Ils se seraient
installés aux environs des Xème et XIIIème
siècles en provenance du Nord. Les Bamana furent suivis dans le
processus d'occupation de la zone par les Maninka : les Kourouma
occupèrent le Sabadou, les Konaté, le Toron, les Condé, le
Gbérédou...
Selon les traditions, les Maninkamori étaient à
l'origine des Maraka qu'on appela plus tard des Maninkamori. Ils seraient venus
des Djafounou. Leur présence dans la région du Haut Niger est
très récente comparativement à celle des Keita dans le
Djema, celle des Traoré et des Konaté dans le Toron.
On pourrait situer au XVIème siècle
l'installation du 1er groupe de Maninkamori dans la Batè et
celle du deuxième groupe au XVIIème siècle. De
nos jours, la préfecture compte des Maninka, des Maninkamori, des peulhs
du Fouta, des peulhs du wassolon et quelques soussous et forestiers pour
l'essentiel appartenant à des familles de fonctionnaires ou à la
famille des commerçants.
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