II- LE MILIEU HUMAIN
1- La Population
L'histoire de la République Centrafricaine
démontre que la majorité des populations actuelles ne sont pas
installées avant 1800. Ce territoire ne fut que « la terre
d'accueil » des populations migrantes. C'est ainsi que celles
installées dans le Sud-Ouest du pays avaient suivi un long
périple au cours des temps lointains avec des origines très mal
connues.
A cet effet, on peut se demander, quels sont les lieux de
provenance des ethnies Ngbaka et Issongo ? Comment se fait-il que, les Issongo
qui sont les derniers arrivés dans la Lobaye après les Gbaya, les
Ngbaka et les Mozombo des environs, ont occupé une place
privilégiée au coeur même de la région?
1.1- Les Ngbaka
Les Ngbaka ne sont pas les premiers occupants de la
Sous-préfecture de M'baïki. Ils seraient
précédés par les pygmées ou Babinga qui, selon la
tradition indigène signifie « grosse
tête », (G.BARTOUME, 1998). Depuis le XVI siècle,
les pygmées demeurent dans la forêt dense qui s'étend entre
la Lobaye et le Sangha. Pière KALCK estimait leur nombre à plus
de six mille (6000).
Ils ont servi de guide aux Ngbaka et Issongo, (affirmation de
P. KALCK tirée de Mémoire, G. BARTOUME,
1996).
L'origine des Ngbaka se trouve entre le Congo Belge et le
Congo Français et plus particulièrement entre
Libéngué, Dongou et Impfondo. Ceci à cause des mouvements
migratoires qu'ils ont effectués vers la fin du
XIIIème siècle. Selon les sources concordantes, les
itinéraires empruntés par les Ngbaka sont l'Oubangui, la Lobaye,
la Lessé et la Pama qui sont les principaux cours d'eau de la
région de M'baïki.
Les Ngbaka sont localisés sur l'axe Bangui-Mbaïki,
Pissa-Mongoumba et Loko sur la rive gauche de la Lobaye, (M.A KALANDA,
1986-1987). D'après la tradition, les Ngbaka dont le foyer d'occupation
se situe entre M'baïki et Bangui et dans la Lessé sont
appelés « Ngbaka Péndi », c'est
à dire les habitants de la savane. Ceux qui habitent la forêt sont
appelés « Ngbaka de la forêt » ou
« Ngbaka Mabo ». Au sein de l'ethnie Ngbaka, la
structure politique dont l'autorité peut s'étendre sur une grande
distance comme chez les sultans du Haut Oubangui est
quasi-inexistante. Elle était réduite au chef de clan ou au chef
de guerre. L'émiettement politique semble particulièrement
important chez les Ngbaka. Il serait le résultat de longue
période d'insécurité enregistrée dans cette
région.
Comme dans toutes les sociétés traditionnelles
noires africaines, la femme Ngbaka à pour tâche outre la
procréation, le service: la chasse, la pêche, la collecte de vin
de palme et l'abattage des arbres pour les travaux champêtres. Les Ngbaka
vénèrent un être suprême et invisible qu'ils
désignent sous le nom de « Mokomet »,
(A.MBALANGA, 1986-1987). L'autre ethnie la plus connue dans la
Sous-préfecture de M'baïki est les Issongo.
1.2- Les Issongo
Plus d'un jeune Issongo (ou Lissongo) désireux de se
fixer sur l'origine de sa tribu a dû se poser beaucoup de questions
à ce sujet .Les anciens, eux, le savaient qui en disparaissant, ont
emporté dans leur tombe la clé de tous les problèmes
possibles de nos jeunes .Il reste vrai cependant que la tradition a fait son
chemin, accompagnant la longue marche de clans restés assez
homogènes malgré les fluctuations sociologiques, qu'ils ont pu
connaître. Selon l'affirmation commune et générale, la
tribu Issongo est venue du Congo ex-belge (Kinshasa), traversant par
Libengué le Fleuve Oubangui à la hauteur de Mongoumba. Leur
avant -dernier point d'arrêt dans l'exode fut Batanga près du
Seuil de Zinga et vient s'installer au Sud de Bangui. Le Révérend
Père Théodore DOBOZENDI rapporte : ' « Au Sud
de Libengué et de Lissongo à l'amorce du bec de canard
formé par leur convergence à Liranga des deux Fleuves Congo et
Oubangui, on parle aujourd'hui d'une langue Lissongo qui garde encore sa
pureté originale [...] (DOBOZENDI T.H, 1971). Cette assertion
traduit et matérialise l'origine des Issongo.
Tout comme les Ngbaka, les Issongo ont été
guidés par les pygmées « Béka ou
Babinga ». Lissongo ou Issongo serait le nom de celui qui les a
guidé depuis leurs origines jusqu'à M'baïki. Une
altération du nom Mbati, terme populaire utilisé pour
désigner les Issongo.
Pareille déculturation devrait donner le change dans
l'intégration facile aux autres « out -group »
(groupes externes). Peu à peu, parfois même au prix de
mésententes accentuées, la coexistence pacifique finit par
régner. S'accommodant avec la philosophie et souplesse aux
impondérables de la vie, les Issongo surent attirer sur
eux la sympathie non seulement de leurs voisins africains de
Lobaye mais encore et surtout des premiers colons qui avaient perçu leur
grand sens de sociabilité. D'ores et déjà, nous comprenons
pourquoi l'occupation du centre de M'baïki par les Issongo fut reconnue et
légalisée par l'administration coloniale sans pour autant
être mise en doute par les voisins immédiats.
Leur foyer d'occupation se situe précisément
dans la commune de M'baïki et sur l'axe M'baïki -Boda. Les Issongo
n'avaient pas une autorité politique de grande envergure. Elle se
résumait aux chefs de clan et de guerre. La structure sociale
était comparable à celle des Ngbaka .
Outre les Ngbaka et les Issongo qui sont les principales
ethnies de la Sous-préfecture de M'baïki, On peut noter la
présence des groupes allogènes : Ali, Boffi, Gbaya, Banda, et
Mandja (difficiles à localiser ; présence extra - minoritaire)...
Ils se sont installés dans cette localité pour des raisons
économiques. On note également la présence de la
communauté étrangère d'origine Tchadienne, Malienne,
Sénégalaise, Nigérienne qui est répandue dans la
Sous-préfecture pour le commerce.
Comme dans toutes sociétés traditionnelles
africaine, les rapports entre Ngbaka et Issongo n'était pas toujours
cohérents. Ils étaient à la fois pacifiques et
conflictuels. Ndola, Originaire de Bouchia, un du village Ngbaka était
venu vivre avec les Issongo (Aperçu historique sur la terre de
loko.Anonyme S.d.pg 24). Ceci traduisait les liens d'amitiés entre
Ngbaka et Lissongo. Mais les rapports conflictuels étaient notoires et
l'insécurité permanente. La conquête de l'espace vital, la
défense du terroir ou la nécessite de l'agrandir et
l'hostilité à toute domination ont été les raisons
de ces conflits internes. En effet, après l'installation
définitive de toutes les populations, la possibilité de suivre le
gibier comme au temps des grandes migrations avait disparu. Le nombre des
habitants croissait avec la sédentarisation, le voisinage d'un groupe
« opposé » devenait inquiétant, car
pour nourrir une population nombreuse, il est indispensable d'obtenir un espace
vital plus vaste. Ce problème était résolu par la
guerre.
C'est ainsi que pendant un demi-siècle, de 1850
à 1900, Ngbaka et Issongo se battaient. Leurs deux chef Songo-Houtou de
l'ethnie Issongo et Mbimi de l'ethnie Ngbaka organisaient des combats
meurtriers jusqu'en 1904, date approximative à laquelle Songo-Houtou fut
tué par un jeune garçon, (A. MBALANGA, 1986-1987). Pendant cette
période très troublée qui va de la moitié du
XVIIIème siècle au début du
XIXème siècle toute rencontre avec
une ethnie voisine créait immédiatement un reflet de
défense.
C'est ainsi qu'en 1907, le sergent Tross, ayant engagé
à M'baIki des porteurs pour aller à Bongombé (Bobangui),
ceux-ci ont été tués à leur retour par les Ngbaka
de ce village. Cette longue période de trouble avait des
conséquences politiques et économiques. Sur le plan politique,
elle serait à l'origine de non-existence d'une autorité politique
d'une grande envergure. En effet, au moment où les Ngbaka et les Issongo
perdaient leur temps à se faire la guerre, de grands royaumes voyaient
le jour dans l'Est Oubangui. Économiquement, cette longue période
de trouble serait l'une des raisons de la faible production agricole dans la
Sous-préfecture de M'baïki.
Au fait, la Sous-préfecture de M'baïki
était peuplée par des différentes ethnies venues de
différents horizons de l'Afrique en général, et de la
République Centrafricaine en particulier. Ainsi nous allons
étudier l'évolution de cette population dans le temps et dans
l'espace dans le chapitre qui suit.
2- Les Mouvements de la Population
2.1-La Natalité
La natalité se définie comme le nombre de
naissances annuelles par rapport à une population donnée. Cette
notion est en rapport étroit avec la fécondité qui
étudie les rapports des naissances aux femmes en âge de
procréer.
La RCA présente un taux de 39,1% en 2003. En milieu
urbain il est de 38,2% contre 39,3% en milieu rural. Pour ce qui concerne la
Lobaye, le taux brut de natalité est de 39,6%, (BCR, 2003).
En 1996, la maternité de M'baïki a
enregistré 580 naissances. Le rapport de ces naissances avec l'effectif
total de la population qui était de 13690 habitants donne un taux brut
de natalité de 42,36%.
En 1999 cependant, la ville n'a compté que 561
naissances soit une régression de 19 naissances. En effet, cette baisse
de natalité est justifiée par les motifs suivants:
- la conjoncture économique
difficile dans ces derniers temps. Partant, les couples décident soit
d'arrêter les naissances soit les planifier. Ce fait a efficacement
contribué à l'accentuation du phénomène
d'avortement provoqué au niveau de la ville ;
- le déséquilibre du sex-ratio au profit des
hommes. Cette situation entraîne Inévitablement la chute du taux
de fécondité qui est estimé à 246%0. La
natalité étant liée à la fécondité,
il est probable que celle-ci connaisse une baisse, par rapport au
déséquilibre existant dans la structure par sexe
de la population.
Il convient de signaler que de nombreuses naissances ne sont
pas déclarées à la Mairie, de même, bon nombre de
femmes n'accouchent pas à la maternité. Ainsi, il est difficile
de connaître avec exactitude le nombre d'enfants nés dans une
année.
2.2- La Mortalité
La mortalité est le rapport pour une année
donnée du nombre de décès dans une population à
l'effectif moyen de cette population, (R.PRESSAT, 1983). Selon le recensement
général de la population et de l'habitat de 2003, le taux brut de
mortalité est de 20%0 sur l'ensemble du pays dont 22%0
chez les hommes et 18%0 chez les femmes. Ainsi, il ressort
qu'un centrafricain meurt toutes les sept (7) minutes.
La mortalité des enfants de moins de 5 ans est
mesurée par le risque de nourrir de 0 et 1 an (taux de mortalité
infanto-juvenile).
La mortalité infantile dans le pays est de 132%0
et dans la Lobaye, elle est de 152%0 . La mortalité
infanto juvénile est de 220%0 au niveau national ce qui veut
dire que un enfant centrafricain meurt toutes les 30 minutes.
L'importance de décès à M'baïki est
due au fait que le niveau de vie des populations ne leur permet non seulement
de payer les ordonnances médicales prescrites par le médecin
mais, elles sont également victimes de mauvais traitement de la part du
corps médical. Démunies, elles sont laissées pour
compte.
2.3- La Stérilité
La stérilité totale ou définitive est
mesurée par le pourcentage de femmes ayant déclaré n'avoir
jamais eu de naissance vivant à 50 ans et plus. Ainsi, dans la Lobaye,
l'indice de stérilité en 1988 est de 18,8%. En 2003 il est de
9,21% soit un écart de - 9,7. Cette baisse peu s'expliquer par les
multiples campagnes de sensibilisation pour un comportement sexuel responsable,
la fonctionnalité des formations sanitaires etc.
2.4- La Fécondité
Elle consiste à étudier les naissances parmi les
femmes en âge de procréer (15 - 49 ans) uniquement. Elle permet
ainsi d'apprécier le niveau de procréation de ces femmes à
partir d'indication non influencé par la structure par âge de la
population et qui tienne compte des individus spécifiquement
concernés par le phénomène.
La Lobaye à un indice synthétique de
fécondité de 5,5 enfants par femme, le taux
global de fécondité est de 16,9%0 et
l'âge moyen à la maternité est de 27,4 ans en 2003.
2.5- Le Taux de Croissance de la
Population
Le taux de croissance est le taux avec lequel une population
augmente ou diminue durant une année donnée en raison de
l'augmentation naturelle et de la migration nette exprimé en pourcentage
de la population de base. Il s'obtient en rapportant la différence entre
les naissances et les décès et la migration à la
population totale pour 100, (Arthur HAUPT et Thomas T. KANE, guide de
démographie; p11). Le résultat de ce calcul donne un taux annuel
de croissance qui est de 3,09%. Avec ce taux, la ville de M'baïki
prendrait 39 ans pour doubler sa population, (BCR, 2002).
3- Évolution Démographique de la
Population
Avant 1975, la population n'était pas recensée.
Des comptages administratifs effectués à l'époque
servaient à connaître l'effectif des personnes susceptibles de
payer l'impôt de capitation. Pendant ces opérations, certains
marginaux comme les pygmées qui vivent loin des villes et cachés
dans la brousse n'étaient pas recensés. Selon les chiffres, la
Sous-préfecture de M'baïki était passée de 48.308
habitants en 1957 à 157.514 en 2010. La population a été
multipliée par 3,26 en 53 ans.
Tableau n° 1: Évolution
démographique de la Sous-préfecture de M'baïki
De 1957
à 2010
Année
|
Effectifs de population
|
1957
|
48.308
|
1968
|
73212
|
1988
|
135.487
|
2003
|
140.861
|
20009
|
154.541
|
2010
|
157.514
|
Source: Bureau Central
Recensement, 2003
La mise en place des plantations industrielles du café
avait contribué à l'exode
rural des autres habitants des préfectures voisines.
Les sociétés d'exploitation du bois offraient également de
l'emploi aux jeunes ruraux qui s'installèrent finalement à
M'baïki. Les conditions d'installation étaient très
favorables. Les populations de la savane ethnie Gbaya ont été
attirés à M'baïki et ont réussi à gagner leur
vie en travail dans les sociétés forestières et dans les
plantations de café.
Dans le domaine d'instruction et de la recherche, M'baïki
occupait une place de choix par rapport aux autres villes du pays. Des
établissements primaires, secondaires, supérieurs (ISDR) et le
centre de recherche de Wakombo ont contribué à l'explosion
démographique dans cette région. C'est ainsi que dans le tableau
n°1ci haut, il ressort qu'en 1957, la Sous-préfecture de
M'baïki comptait 48.308 habitants au départ. Arrivée en
2003, elle était passée à 140.861 habitants. De 2003
à 2010, celle-ci a évolué difficilement de 154.545
à 157.514.
3.1- La Répartition de la Population
dans la Sous-préfecture de M'baïki
D'une manière générale, la Lobaye a une
superficie de 19235 km2. Sa population totale en 2007 était
de 266.238 habitants. Ce qui correspond à une densité de 13,8
hbts/km2 variant sensiblement selon les Sous-Préfectures.
La Sous-préfecture de M'baïki compte au total huit
(8) communes à savoir: M'baïki, Mbata, Pissa, Bogongo-Gaza,
Lessé, Nola, Moboma et Balé-loko.
En 2010, sa population était de l'ordre de 157.514.
Selon les données recueillies au Centre de Santé
Préfectoral de M'baïki. Elle est repartie dans les communes de la
manière suivante: voir le tableau n° 2 ci-après.
Tableau n° 2: Donnée
Démographique par commune de la Sous-préfecture de
Mbaiki
en 2010
Communes
|
Population
|
Pourcentage
|
M'baïki
|
22789
|
14,46%
|
Pissa
|
29559
|
18,76%
|
M'bata
|
28835
|
18,30%
|
Balé-Loko
|
25653
|
16,28%
|
Moboma
|
19905
|
12,63%
|
Bogongo-Gaza
|
8063
|
5,11%
|
Nola
|
16017
|
10,16%
|
Lessé
|
6693
|
4,24%
|
Total
|
157514
|
100%
|
Source: Centre de
Santé Préfectoral de M'Baïki, 2000.
Il ressort de ce tableau qu'en 2010, la commune de
M'baïki compte 22.789 habitants et occupe le quatrième rang
après la commune de Balé-loko. La ville de M'baïki est
entrain de se vider de ses habitants pour des raisons diverses qui
compromettent l'aisance de vie.
En effet, durant les vingt dernières années, la
situation socioéconomique de la ville de M'baïki s'est
considérablement dégradée. Ce qui a conduit une part
importante de sa population à la quitter.
L'enquête menée sur le peuplement dans la commune
de M'baïki a permis de constater que des quartiers qui autres fois
étaient assez denses pouvant grouper 1000 à 1500 habitants tels
que Baguirmi, Dédé, Gbaté, Yérima, Bombolet se
trouvent aujourd'hui assez dépeuplés par l'exode vers les grands
centres en particulier Bangui, mais également les zones industrielles et
minières.
Il convient de retenir que le dépeuplement de la
commune de M'baïki résulte de la fermeture des
sociétés EGTB et SABE, de BOUKOKO, de la plantation de TOUKOULOU,
des usines de décorticage de café MACHADO et RUSSO et en fin la
fermeture de BOBANGUI. Ce sont ces entreprises qui maintenaient la population
en place à travers une offre d'emploi.
Dans les huit (8) communes qui comptent au total 157514
habitants, celle de
Pissa compte à elle seule 29559 habitants. Ce
gonflement s'expliquerait du fait que la ville de Pissa présente un
environnement propice à la chasse, la pêche et à la
riziculture qui attire les autres habitants des communes voisines. Par
ailleurs, la ville de Pissa est proche de la capitale et qui reçoit
à tout moment les commerçants et les commerçantes venant
de Bangui pour des achats: poissons, viandes boucanées (fraîche),
riz etc. A cet effet, les jeunes venant de différents horizons
élisent domicile dans cette localité pour pratiquer la chasse, la
pêche en vue d'améliorer leurs situations
socioéconomiques.
Quant aux autres communes telle que: Mbata, Balé-loko,
Moboma qui ont une population aussi moins élevée, cela s'explique
par la traversée de la rivière Lobaye qui offre un atout pour la
pêche, la chasse aux jeunes. Malgré les différents
mouvements effectués par certains habitants à la recherche du
bien être, il est à noté que les conditions de vie des
populations dans la Sous-préfecture reste à désirer.
4- Les Conditions de Vie de la Population de
M'baïki
La population avait jadis un niveau de vie un peu
amélioré grâce aux revenus tirés des plantations
caféières et ceux des Sociétés d'exploitation
forestière. Mais après la chute drastique des cours mondiaux des
produits de rentes que sont: le coton, le café et la
détérioration de termes de l'échanges comme
conséquences :
- la fluctuation des cours du Dollar et du pétrole;
- le poids de la dette extérieure et la contrainte
qu'elle représente dans les finances publiques;
- le problème d'accès des produits africains aux
marchés mondiaux ont fait que le niveau de vie des ménages en RCA
en général, et dans la Sous-préfecture de M'baïki en
particulier est déplorable sur le plan socioéconomique.
A ce effet une analyse sur les conditions de vie
socioéconomique des populations de cette localité serait
indispensable pour voir au moins l'état de cette population. Pour se
faire, seul le recours au profil de pauvreté permettre de mener a bien
l'analyse.
Ceci étant, la pauvreté est un concept
multidimensionnel et complexe sa définition revêt trois
aspects : monétaire et financier ; accessibilité et
psychologique. La pauvreté est vécue aussi bien au plan
individuel que collectif. Elle peut être également perçue
comme un sentiment d'insécurité de précarité
d'exclusion, de vulnérabilité et d'impuissance à plan
monétaire et financier. La pauvreté est perçue par la
population comme étant l'état d'une personne ou d'une
collectivité qui ne
dispose pas de ressources suffisantes pour satisfaire ses
besoins primaires et vitaux.
Le niveau de satisfaction de ces besoins varie en fonction des
milieux, de mode de vie et de normes ou valeurs sociales admises.
Au niveau de l'accessibilité la pauvreté est une
incapacité ou un manque d'accès de l'individu aux biens et
services sociaux de base (santé de l'individu, emploi, eau potable,
assainissement, électricité, piste etc.). Au niveau
psychosociologie, la pauvreté est un état d'esprit un sentiment
d'exclusion, de frustration par rapport à la famille, au clan et
à la communauté (funérailles, mariage, contribution aux
activités de développement du territoire etc..). En outre, au
plan collectif, une communauté peut se considérer comme pauvre
parce que se sentant exclu (enclavement, insuffisamment doter en ressources
naturelles et en infrastructures socioéconomique, etc.). Sur cette base,
nous allons aborder les différents secteurs d'activités
génératrices de revenu pour apprécier
économiquement l'état de la population de cette
localité.
4.1 - L'Emploi Formel.
L'emploi formel concerne les personnes exerçant des
activités rémunérées. Le secteur privé n'est
pas assez développé dans la sous-préfecture de
M'baïki. Les sociétés Forestières, l'usine
Agroalimentaire de Bossongo constituent l'ossature du secteur privé.
Les usines, les entreprises de grandes tailles sont
inexistantes dans la sous-préfecture. Ainsi, l'emploi formel est faible
et reste très embryonnaire avec quelques entreprises de menuiseries et
de vente de boissons et les services déconcentrés de
l'état (éducation, santé, travaux publics, élevage,
administration du territoire, affaire sociale, etc.) ou travaillent quelques
centaines de salariés (profil de pauvreté dans la Lobaye
(BCR.2000 P.28).
4. 2 - L'emploi Informel
Le secteur informel occupe la plus grande partie des
activités de la population. Il permet de survive a travers les
activités agricoles le petit commerce l'artisanat et les petits
métiers. Les revenus de ces activités sont faibles ce qui
explique la situation de total dénuement de beaucoup de ménages
et le niveau élevé de la pauvreté dans cette
localité.
Ce secteur reste peu développé a cause des
moyens de travail des acteurs et de
l'absence d'encadrement techniques ; les activités
sont manuelles les rendements et revenus demeurent faibles.
- Situation de Chômage
Le taux de chômage est assez élevé dans la
préfecture de la Lobaye en général et plus
particulièrement dans la localité de Mbaïki. Il
apparaît que ce niveau est plus élevé en milieu urbain
qu'en milieu rural. Cette différence s'expliquerait par le fait que dans
les campagne ou domine le secteur primaire (l'agriculture, la pêche la
chasse l'élevage) les critères d'obtention d'un emploi sont moins
rigoureux et moins sélectif qu'en ville.
L'enquête menée sur les catégories
socioprofessionnelles dans la Sous Préfecture de M'baïki a permis
de constater que sur les 190 enquêtées, 15 individus sont des
fonctionnaires. Ils représentent 7,89% de personnes travaillant dans le
secteur formel c'est-à-dire les individus ayant un emploi
rémunéré. Cependant, les autres secteurs qui englobent le
commerce, les activités agricoles et l'élevage donnent un
effectif de 175 enquêtés ; représentant une proportion
de 91,62%.
D'une manière générale, la Lobaye est une
région dans laquelle secteur informel renferme la majorité de la
population. En 1990, la population agricole était de l'ordre de 125293
personnes sur une population totale de 156329 habitants (Enquête sur les
conditions de vie des personnes en milieu rural ; région N°I.
Région des Plateaux, BCR ; 1995). Et pourtant, les conditions
pédoclimatiques sont favorables à toutes les cultures :
café et vivriers comme légumes, fruitiers etc. Malgré les
immenses potentialités (terre fertile suffisante, bonne
répartition pluviométrique, etc.) dont elle dispose ; cette
localité est encore loin d'amorcer le niveau d'autosuffisance
alimentaire prôné par la politique de développement
économique. L'agriculture dans la Lobaye est caractérisée
par une superficie cultivée très faible, la pratique de la
culture manuelle avec les outils rudimentaires (houes, dabas), la rareté
d'utilisation des semences et matériels biologiques
améliorés et adapter sont à l'origine de faibles
rendements si bien que les ménages n'arrivent pas à satisfaire
totalement leurs besoins vitaux.
4.4-Etat Sanitaire de la Population
D'une manière générale, les besoins en
personnel du système sanitaire de la Lobaye sont criants. On note une
carence en personnel qualifié et leur répartition est
inégale sur l'ensemble de la Préfecture sanitaire. Il y a une
prédominance des agents
de santé communautaire à savoir les infirmiers
secouristes et les matrones accoucheuses. C'est surtout cette catégorie
de personnel qui intervient principalement dans les postes de santé pour
aider la population. Certains indicateurs de santé sont les
suivants :
- trois (3) médecins pour 266238 habitants soit un
médecin pour 88746 habitants ;
- un Infirmier Diplômer d'Etat (IDE) pour 22182
habitants ;
- une Sage Femme pour 44 373 femmes en âge de
procréer.
Ce personnel se bat avec le peu d'équipements à
sa disposition pour couvrir les besoins de la population. Mais pour une
catégorie de personnel telle : les sages femmes, les Techniciens
Supérieurs en laboratoire et les Techniciens Supérieurs de
Santé ont un effectif très insignifiant.
La Préfecture Sanitaire de la Lobaye dispose d'un seul
Hôpital et 72 Formations sanitaires dont 52 sont fonctionnelles. Ces
formations sont sous équipées et très démunies ce
qui fait que l'état de la population sur le plan sanitaire reste
déplorable.
Les principales pathologies, causes de consultation en 2007
sont représentées dans le tableau n°3 Ci-après.
Tableau N°3
Répartition du nombre de cas de maladies en 2007
Maladies
|
Nombre de Cas
|
Amibiases
|
1193
|
Anémie
|
1373
|
Ankylostomiase
|
2267
|
Bilharziose Intestinal
|
307
|
Bilharziose Vésicale
|
75
|
Autres Parasites Intestinaux
|
4525
|
Fièvre Typhoïde
|
06
|
Hernie
|
349
|
IRA
|
3881
|
Pneumonie
|
988
|
Infection Pulmonaire de la femme
|
723
|
Maladies Diarrhéiques
|
3956
|
Maladies Hypertensives
|
168
|
Infection Sexuellement Transmissible
|
777
|
Paludisme Simple
|
8523
|
Paludisme Grave
|
1695
|
Sida
|
292
|
Tuberculose
|
639
|
Source :
Préfecture Sanitaire de la Lobaye, 2007
On contacte dans le tableau ci-dessus que le paludisme et les
parasitoses sont les maladies les plus fréquentes, résultant de
la consommation d'eau non potable par une catégorie de population
défavorisée et de l'insalubrité croissante dans la
région. Les autres causes de consultation dans les formations sanitaires
sont les infections respiratoires aiguës, les maladies
diarrhéiques, d'amibiases et les maladies sexuellement transmissibles
(MST/IST), etc.
4.5-L'Eau et L'Assainissement
Qualité de l'Eau
L'eau potable est considérée comme, l'eau
provenant d'une pompe, d'une source aménagée ou d'un puits
protégé. Cette eau peut perdre sa pureté durant le
transport entre le lieu d'approvisionnement et la maison et surtout à
cause de sa mauvaise conservation. Les ustensiles utilisés pour puiser
l'eau peuvent la souiller. Les cuvettes, les marmites les bidons et les seaux
sont habituellement utilisés pour l'approvisionnement en eau.
Tableau n°4 : Le genre d'eau
disponible pour les ménages enquêtés
Eau Disponible
|
Effectifs
|
Pourcentage
|
Puits (forage)
|
47
|
24,73%
|
Source
|
100
|
52,63%
|
Rivière
|
29
|
15,26%
|
Ruisseau
|
14
|
7,38%
|
Total
|
190
|
100%
|
Source : Résultat d'enquête
personnelle, 2010
La population qui utilise l'eau de source est nombreuse et se
situe dans l'ordre de 52,63%. Beaucoup de villages n'ont pas de puits (forage).
Lorsqu' ils y sont, ils sont en panne pénalisant ainsi la
population d'accès à l'eau potable. La majorité de la
population dans cette localité utilise l'eau de rivière, de
ruisseau, de source. Mais ces eaux ne sont pas protégées
occasionnant ainsi des maladies dues à la qualité de l'eau qui
renferme certes, des microbes et autres parasites.
Assainissement
L'assainissement du milieu constitue une préoccupation
dans la mesure où les règles d'hygiènes environnementales
ne sont pas respectées dans différentes localités de la
Sous-préfecture de M'baïki. Les voies d'accès (routes) dans
les quartiers ne sont pas entretenues, créant ainsi la stagnation des
eaux usées qui sont de véritables sources de prolifération
des moustiques. Les déchets solides et liquides ainsi que les ordures
ménagères sont jetés ça et là et il
n'existe aucune structure au
niveau des mairies pouvant les collecter voire les
recycler.
De même, l'hygiène corporelle (lavage des mains
avec du savon), l'hygiène alimentaire et l'hygiène de l'eau
(traitement des puits) demeurent autant de préoccupation dans bien des
ménages de la Préfecture en général et plus
particulièrement dans la localité de M'baïki. Il en va de
même pour les installations sanitaires et les modes d'évacuation
des excréments des enfants de 0 à 3 ans qui ne sont guère
satisfaisants.
4.6-L'Éducation
La santé et l'éducation dans toute chose
constituent un véritable levier d'un développement durable au
sein d'une population.
En effet, les infrastructures scolaires publiques sont en
générale dans un mauvaise état. Les enseignants sont en
nombre insignifiant. Un manque d'enseignant qualifiés pour l'encadrement
des élèves. Le tableau n° 5 ci-dessous présente la
situation du système éducatif dans la Sous-préfecture de
M'baïki.
Tableau n°5: Répartition des
enquêtés selon leur niveau d'instruction
Niveau d'Instruction
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Non Scolarisés
|
7
|
03,68%
|
Primaire
|
83
|
43,68%
|
Collège
|
47
|
24,73
|
Lycée
|
38
|
20,02%
|
Supérieur
|
15
|
07,89%
|
Total
|
190
|
100%
|
Source : Enquête de terrain,
2010
L'effectif des enquêtés inscrits jadis au
Fondamentale I est plus élevé et représente 43,68% du
total. Au fur et à mesure que ces personnes avançaient au
collège, au lycée et niveau supérieur, l'effectif
décroît respectivement de l'ordre de 24,73% et 7,85%.
Cela peut s'expliquer par la non prise en charge de la
scolarité par les parents d'élèves; le manque d'acte de
naissance, le manque de nourriture après les classes et les cas de
maladies; les mariages précoces liés a certains
préjugés des parents
analphabètes, « les filles sont
destinées a procréer, elles n'ont pas leur place à
l'école »; cas de frustration lié à la
pauvreté des parents exploitation minière, chasse, pêche et
cueillette qui attirent les enfants. Tous ces problèmes sont les causes
d'abondant des élèves surtout au niveau de collège et de
lycée.
4.7- Quelques Indicateur sur la Pauvreté dans
la Lobaye
La pauvreté dans la Lobaye a un caractère
multidimensionnel puisqu'il est non seulement fonction de l'accès
à des biens et services tangibles, mais également de
l'accès à des droits politiques et sociaux.
La pauvreté est appréhendée à
travers une mesure micro multidimensionnelle fondée sur l'indice de
richesse des ménages ou des individus puis au niveau
macroéconomique à l'évaluation de l'Indice de
Pauvreté Humaine (IPH) par l'agrégation de trois
indicateurs : le taux d'an alphabétisation des adultes, le taux de
mortalité infanto juvénile et le pourcentage des personnes
privées d'accès à la santé, à l'eau potable,
à l'éducation, etc. Il s'agit de mesurer les déficits des
ménages en termes de besoins essentiels.
Si la Lobaye apparaît comme l'une des Préfectures
potentiellement riche du pays, il convient néanmoins de noter qu'il n'y
a aucun impact réel sur la population car, la misère est
présente et frappe durement la population. Voir le tableau n°6
ci-après qui montre les données d'une manière
générale dans la Lobaye.
Tableau n°6 : Les
différents taux de pauvreté dans la Lobaye en 2000
Sous-préfectures
|
Proportion de population n'ayant pas accès
à l'eau potable
|
Taux d'analphabétisme des 15ans et
plus
|
Taux de mortalité infanto juvénile
|
Indicateur de pauvreté humaine
(IPH)
|
M'baïki
|
35,0%
|
55,1%
|
252,4%
|
42,3%
|
Mongoumba
|
45,0%
|
61,6%
|
398,1%
|
50,6%
|
Boda
|
42,3%
|
56,7%
|
227,7%
|
44,8%
|
Boganagone
|
69,1%
|
74,6%
|
236,2%
|
63,2%
|
Boganda
|
67,0%
|
79,7%
|
275,3%
|
65,1%
|
Source : Rapport d'analyse
thématique du RGPH 03
La Préfecture de la Lobaye compte un nombre assez
élevé de pauvres en terme de conditions de vie. Les
Sous-préfectures de Boganda et Boganagone ont respectivement 65,1% et
63,2% en terme d'indicateur de pauvreté humaine.
Cette situation dénote une forte proportion de pauvres
dans ces localités. Cependant, la Sous-préfecture de M'baïki
regroupant les communes de Mbaïki, de M'bata, de Pissa, de Bogongo-Gaza,
de Lessé, de Nola, de Moboma et celle de Balé-loko
présentent un taux de 42,3% de l'indicateur de pauvreté
humaine.
Chapitre III: L'ADMINISTRATION DE LA CARITAS/SDPH ET
LA NATURE DE SES ACTIVITES
Le présent chapitre traite l'administration de la
Caritas/SDPH Diocésaine de M'baïki et la structure
organisationnelle et les principaux bailleurs.
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