CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
Le Conseil à l'Exploitation agricole Familiale se situe
dans la longue évolution des interventions en milieu rural,
marquée par de multiples efforts, souvent
contestables, « d'encadrement des paysans » ou de
« vulgarisation » dans le cadre de nombreux projets à
base régionale ou nationale. La vulgarisation en Afrique a souvent
été conçue dans le but de faire adopter aux producteurs,
grâce à des dispositifs d'encadrement, des techniques mises au
point par la recherche agronomique. Le système Training &
Visit de la Banque mondiale a longtemps répondu à ce
modèle. Le paysan voit son rôle réduit à
l'exécution des opérations préconisées par la
structure. Cette approche a fortement contribué à la diffusion
d'innovations techniques, mais elle a rarement permis de faire remonter
l'information concernant les pratiques et les objectifs des producteurs,
préalable indispensable au diagnostic du fonctionnement de
l'exploitation, donc au conseil. Le CEF, s'efforce en effet de renverser la
perspective en vigueur depuis de nombreuses années, tendance qui faisait
du technicien, adossé aux systèmes de recherche, le vecteur
central du transfert de technologies vers les producteurs. Sans rejeter les
différentes modalités de transfert de technologies à
travers la vulgarisation « classique » rendues souvent
nécessaires face à l'évolution rapide des techniques, le
CEF permet de renforcer la capacité du producteur à
maîtriser le fonctionnement de son exploitation, à
améliorer ses pratiques en combinant innovations endogènes et
innovations extérieures, à prendre de meilleures décisions
pour atteindre les objectifs qu'il se fixe avec sa famille. Beaucoup d'effets
encourageants ont été identifiés notamment au niveau de
l'exploitation des producteurs, de leur ménage et de leur environnement
socio institutionnel. Mais il reste que des garde-fous doivent être mis
en ce qui concerne les effets relatifs aux nouveaux comportements des
producteurs. En ce sens, les démarches de type CEF peuvent utilement
contribuer à la réforme des systèmes de vulgarisation
classique, en dotant les producteurs de capacités à
définir leurs besoins, à préciser leurs objectifs tant au
niveau de leur exploitation que de leur famille, à maîtriser leurs
actions et, plus largement, les processus de gestion concernant leurs
unités familiales de production.
C'est fort de tout ce qui précède, que nous
voudrions faire les suggestions ci-après
Pour les structures d'appui
public
· Commanditer une étude pour identifier les
préoccupations des producteurs et en déduire les besoins en
formation et en renforcement des capacités ;
· Replacer les producteurs au centre de leurs dispositifs
en leur conférant des capacités à demander des services
qu'ils estiment nécessaires ;
· Rendre prioritaire la compréhension du
fonctionnement interne des exploitations familiales ;
· Appliquer effectivement la démarche conseil au
niveau des Conseillers en Production Végétale et des Techniciens
Spécialisés ;
· Renforcer les capacités des producteurs
après un diagnostic global de leur exploitation ;
· Faire évoluer les technologies proposées
aux producteurs ;
Pour les Conseillers en Production
Végétale
· Considérer les producteurs comme des partenaires
pour écarter toute considération de subordination ;
· Faire un diagnostic global des exploitations suivies au
moins une fois en début de campagne ;
· Privilégier davantage ce que les producteurs
font, leurs objectifs et leurs résultats.
Pour les opérateurs
privés
· Financer une étude sur les effets sociaux du
CEF sur les producteurs ;
· Procéder à une démarche
méthodologique, introduisant des producteurs non
alphabétisés dans les dispositifs de conseil ;
· Rendre les outils plus faciles à remplir et
moins contraignants ;
· Rechercher des partenariats avec l'Etat, la recherche,
l'enseignement agricole et agronomique et les structures d'encadrement pour
asseoir une base institutionnelle au CEF.
|