CERTIFICATION
Nous certifions que ce travail a été
entièrement réalisé par l'Etudiant Yannick Youssef
SARE au Département d'Economie et Sociologie Rurales de la
Faculté d'Agronomie de l'Université de Parakou, sous notre
supervision.
SUPERVISEUR :
Dr. Ir. Guy Sourou NOUATIN
Enseignant-chercheur
à la Faculté d'Agronomie
de l'Université de Parakou
DÉDICACE
Je dédie particulièrement cette oeuvre :
- A mon Père Alassane SARE ! Que ce travail qui
est le fruit de tes efforts, te comble de joie, d'espoir et de
fierté ;
- A ma Mère Thérèse
Assaratou BIO ! Sache, maman, que je n'ai pas oublié et suis loin
d'oublier les nuits blanches que je t'ai imposées durant mon enfance.
Cette oeuvre est la tienne. Je te l'offre en signe de reconnaissance des peines
endurées ;
- A papa Florentin AGOUA ; pour ton
indéfectible et constant soutien tant matériel que moral.
REMERCIEMENTS
L'accomplissement de la présente thèse n'a
été possible que grâce à la participation active de
plusieurs personnes à qui nous exprimons notre profonde gratitude. Nous
tenons particulièrement à témoigner nos sincères
remerciements :
- Au Docteur-Ingénieur Guy NOUATIN,
Enseignant-chercheur à la Faculté d'Agronomie de
l'Université de Parakou, qui n'a ménagé aucun effort pour
assurer la supervision de notre travail ;
- A Monsieur Moumouni IMOROU KARIMOU, Responsable Technique de
la Cellule d'Appui au Développement du conseil de Gestion, qui n'a
ménagé aucun effort pour assurer la supervision de notre travail
aux côtés du Dr. Ir Guy NOUATIN ;
- A toute l'équipe de la CADG, en particulier à
Messieurs Idrissou ZATO AROUNA, Ali ZIME-YERIMA et Yaya MAMA GUIA ;
- A toute l'équipe du CeCPA de Kandi, pour nous avoir
facilité la recherche sur le terrain par leur hospitalité et leur
disponibilité ;
- A Monsieur Florentin AGOUA dont les sages conseils et les
orientations ont abouti à ce travail, infiniment merci ;
- A tout le personnel enseignant et à toute
l'Administration de la Faculté d'Agronomie de l'Université de
Parakou pour les efforts consentis pour notre formation, en particulier
à Monsieur Honorat EDJA pour la rigueur qu'il nous a transmise ;
- A tous les braves producteurs des communes de Kandi
qui ont bien voulu contribuer à cette recherche en nous fournissant des
informations sur le fonctionnement de leur ménage et de leur
exploitation ;
- Nous adressons nos sincères remerciements à
toute notre famille pour tous les sacrifices consentis et l'assistance
permanente dont nous avons bénéficié de sa part.
- A tous nos collègues de la 3ème promotion de
la Faculté d'Agronomie, nous disons merci pour tous ces moments
passionnants passés ensemble ;
Certes, la liste est très longue et nous sommes
conscients de ne l'avoir pas épuisée. Que toutes celles et tous
ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à ma formation
et qui n'ont pas été cités ici se reconnaissent à
travers ces mots : sincères reconnaissances !
LISTE DES ABRÉVIATIONS
AFD :
|
Agence Française de Développement
|
ANACO DEDE :
|
Association des Groupements de Producteurs
« Dédé »
|
APNV :
APV :
|
Approche Participative Niveau Village
Agent Polyvalent de Vulgarisation
|
ASF :
|
Association des Services Financiers
|
BRS :
|
Banque Régionale de Solidarité
|
CADG :
|
Cellule d'Appui au Développement du conseil de Gestion
|
CARDER :
CdG
|
Centre d'Action Régional pour le Développement
Rural
Conseil de Gestion
|
CeCPA :
CEF
|
Centre Communal pour la Promotion Agricole
Conseil à l'Exploitation agricole Familiale
|
Ce.R.P.A. :
|
Centre Régional pour la Promotion Agricole
|
CETA :
|
Collège d'Enseignement Technique Agricole
|
CPV :
|
Conseiller en Production Végétale
|
CLCAM :
|
Caisse Locale de Crédit Agricole Mutuelle
|
CUMA :
|
Coopérative d'Utilisation du Matériel Agricole
|
FA :
|
Faculté d'Agronomie
|
FAO :
|
Organisation des Nations Unies pour l'Agriculture et
l'Alimentation
|
FSA :
F&V
|
Faculté des Sciences Agronomiques
Formation et Visite
|
GF :
|
Groupement Féminin
|
GC :
|
Groupe de Contact
|
GV :
INSAE
|
Groupement villageois
Institut National de la Statistique Appliquée et de
l'Economie
|
GVPC :
|
Groupement Villageois des Producteurs de Coton
|
LAMS :
|
Lycée Agricole Médji de Sékou
|
LDPDR :
|
Lettre de Déclaration de Politique de
Développement Rural
|
MAEP :
ONASA
|
Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et de la
Pêche
Office National d'Appui à la Sécurité
Alimentaire
|
ONG :
|
Organisation Non Gouvernementale
|
OP :
|
Organisation Paysanne
|
PADSE :
|
Projet d'Amélioration et de Diversification des
Systèmes d'Exploitation
|
PADYP :
|
Programme d'Appui aux Dynamiques productives
|
PDC :
PUASA
|
Plan de Développement Communal
Programme d'Urgence d'Appui à la Sécurité
Alimentaire
|
SATEC :
|
Société d'Aide Technique et de
Coopération
|
SIP :
|
Société Indigène de Prévoyance
|
SMDR :
TS
|
Société Mutuelle de Développement Rural
Technicien Spécialisé
|
TSPV :
T&V
|
Technicien Spécialisé en Production
Végétale
Training and Visit
|
UAC :
|
Université d'Abomey-Calavi
|
UCPC :
|
Union Communale des Producteurs de Coton
|
UDP :
UV
|
Union départementale des producteurs
Unité Villageoise
|
RÉSUMÉ
Au cours des vingt dernières années,
parallèlement à leur désengagement de certaines fonctions
d'appui à l'agriculture comme le crédit, l'approvisionnement en
intrants ou la commercialisation, de nombreux États ont mis en oeuvre
des programmes de vulgarisation du type « Training and Visit ».
Aujourd'hui, dans leur grande majorité, ces programmes ?basés sur
le renforcement des appareils administratifs et un transfert de technologies
standardisées ? ne sont plus fonctionnels.
Parallèlement, des initiatives ont été
mises en place pour tester puis développer de nouvelles méthodes
d'appui aux producteurs basées sur l'élaboration de Conseils
à l'Exploitation Familiale favorisant la participation des producteurs.
Ces initiatives en cours depuis une dizaine d'années concernent les pays
de l'Afrique de l'Ouest dont le Bénin. Elles mobilisent producteurs,
organisations paysannes, Organisation Non Gouvernementale et structures
étatiques. Mais elles demeurent mal connues et l'information les
concernant est peu accessible.
Dès lors, il devient important de connaître les
ressemblances et les dissemblances dans la mise en oeuvre des deux approches
par les vulgarisateurs et les conseillers et les collaborations qui doivent
être recherchées dans le cadre d'une meilleure définition
des finalités et des champs d'intervention des différents
acteurs.
C'est dans cette perspective que s'inscrit la présente
étude sur ces approches de vulgarisation. Elle s'est
déroulée dans la commune de Kandi. Les objectifs
spécifiques de l'étude sont
- identifier le rôle et la place des producteurs dans
chaque approche ;
- analyser les interactions entre les producteurs et les
conseillers/vulgarisateurs et enfin ; et,
- présenter les effets des différentes approches
sur l'exploitation, le ménage et l'environnement des producteurs.
Les considérations théoriques ainsi que les
objectifs et hypothèses d'étude nous ont amené à
faire l'option d'une démarche principalement qualitative. Le cadre
analytique de cette recherche est basé sur l'analyse du comportement des
acteurs. Toutefois, il nous a été essentiel d'assortir
l'interprétation de nos résultats par des données
quantitatives afin de concrétiser certains aspects. Les outils et
méthodes de collecte utilisés sont les interviews
structurées, semi structurées et les observations participantes.
Les résultats de nos enquêtes nous ont permis
d'aboutir aux conclusions suivantes
- Dans l'approche T&V, les producteurs ne disposent
d'aucun outil formel pour la définition des objectifs de leur
exploitation. Il en est de même pour toutes les autres tâches de
l'exploitation. Le producteur n'est qu'un exécutant mis en marge des
réalités de sa propre exploitation, de son entreprise. Il n'est
donc pas considéré comme étant au centre de son
exploitation. Quant au producteur en CEF, il dispose d'un bon nombre d'outils
lui permettant la définition des objectifs, la planification, et
l'exécution. Ces outils manipulés par le producteur
lui-même lui permettent de mieux connaitre sa situation de famille et
d'en avoir une vision claire. Le producteur est au centre du système
d'information, de décision et de pilotage de ces décisions en
appui avec le conseiller. Ce dernier a aussi connaissance de son système
de production ou d'opération et l'aide à trouver un cheminement
d'amélioration sur plusieurs années à travers des
décisions tactiques et stratégiques dont le producteur est au
centre. Donc, l'approche Conseil à l'Exploitation Familiale met plus le
producteur au centre de ses activités.
- Dans l'approche T&V il y a un complexe de
supériorité existant entre l'encadreur et ses producteurs, une
mauvaise connaissance des besoins et problèmes réels des
producteurs. Ce sont les mêmes capacités qui sont
renforcées. Il s'agit d'une action répétitive sans analyse
préalable concernant le passé. La non responsabilisation tant au
niveau des producteurs qu'au niveau des encadreurs peut-être dû
à cette relation d'assistant à assisté et au complexe
signalé plus haut. Le producteur dans l'approche Formation et Visite est
considéré comme un bénéficiaire. Dans
l'approche CEF, grâce aux outils mis à sa disposition, le
producteur définit ses besoins. Donc les capacités sont
renforcées là où le besoin est identifié. L'aide
reçue dans ce cas alors sur demande, responsabilise les producteurs qui
doivent remplir des documents qui sont à la base du conseil ; et le
conseiller aussi fait un compte rendu à ses producteurs soit de
façon individuelle ou en salle. Il y a donc suppression de la notion
d'assistant à assisté qui laisse place à celle du
partenariat. Nous pouvons donc dire que le producteur est
considéré comme un partenaire au sein de l'approche CEF.
- Le producteur en CEF a des connaissances sur le
fonctionnement de son exploitation et de son ménage qu'il peut
exploiter. Du point de vue technique, l'écrit lui permet de conserver
les formations, les dates et assez de connaissances qu'il peut consulter si le
besoin se fait sentir. Le CEF permet un accès plus facile aux postes de
responsabilité dans les organisations, et consécutive à un
meilleur statut sociale. Mais l'ensemble de ces nouvelles connaissances n'a pas
que des bienfaits, on note en effet la tendance vers l'individualisation des
producteurs et le risque de les déconnecter de leur
société. Quant au Training and Visit, certes le niveau de
connaissance technique des exploitants s'est amélioré mais il
demeure la relation d'assistant à assisté manifestée par
le renforcement des capacités choisies par une des parties et une
absence de responsabilisation au niveau des acteurs.
Au terme de cette étude, il ressort que des
complémentarités doivent être recherchées entre les
deux approches, de telle manière à recentrer les producteurs dans
les dispositifs d'appui en leur conférant les capacités de
demander les services qu'ils estiment nécessaires.
Mots clés : Conseil à
l'Exploitation Familial, Training &Visit, producteurs, renforcement des
capacités, décision.
ABSTRACT
During the last twenty years, in the same way to their
disengagement of some functions of support to agriculture as the credit,
provision in inputs or the merchandising, many States put in work of the
programs of extension based on "Training and Visit» approach. Today, most
of these programs based on the backing of the administrative devices and a
transfer of technologies standardized are not more functional.
In the same way, some initiatives have been put in place to
test and develop new methods of extension then to the producers based on the
development of family farming advice encouraging the involvement of the
producers. These initiatives in progress since about ten years concern the
countries of West Africa of which Benin. They mobilize producers, organizations
farmers, Non Governmental Organisation, state-controlled structures. But they
stay badly known and information them concerning little accessible.
From then on, it becomes important to know the constants and
the variables in the setting in work of the two approaches by the extension
workers in the township of Kandi and the collaborations that must be
sought-after in the setting of a better definition of the finalities and the
fields of intervention of the different actors.
It is in this perspective that enrolls the present survey on
these extension approaches that took place in the township of Kandi. The
specific objectives of the survey are
- identify the role and the place of the producers in every
approach;
- analyze the interactions between the producers and the
extension workers; and,
- present the effects of the different approaches on the
exploitation, the household and the environment of the producers.
The theoretical considerations as well as the objectives and
hypotheses of survey brought us to make the option of a mainly qualitative
gait. However, it was essential to us to assort the interpretation of our
results by quantitative data in order to concretize some aspects. The tools and
methods of data collection used are the structured interviews, semi structured
and the participating observations.
The results of our investigations allowed us to succeed to the
following findings
In the T&V, the producers do not have a formal tool for
the definition of the objectives of their exploitation. It is some in the same
way for the all other tasks of the exploitation. The producer is only a
performer put in margin of the realities of his own exploitation, of his
enterprise. He is not considered therefore like being a key point of his
exploitation. As for producer CEF, he has many tools allowing him the
definition of the objectives, the scheduling, and the execution. These tools
manipulated by the producer him even permit him to know his family conditions
better and to have a clear vision of it. The producer is a key point of the
system of information, decision and piloting of these decisions in support with
the extension agent. This last has as knowledge of his system of production or
operation and help to find a progress of improvement on several years through
tactical and strategic decisions whose producer is at the center. Therefore
family farming advice approach puts the producer more in the center of his
activities.
In the T&V approach it has a complex of superiority
existing between the extension agent and his producers, a bad knowledge of the
needs and real problems of the producers. These same capacities are built. It
is about a repetitive action without previous analysis concerning the past. The
lack of accountability of the producers and of the extension worker maybe due
to helper's relation to recipient of aid and to the complex raised higher. The
producer in the T&V system is considered like a recipient. In the CEF
approach, the thanks to the tools put at the disposal of the producer define
his needs. Therefore the capacities are built where the need is identified.
Help received then in this case on demand make the producers aware of their
responsabilities who must fill the documents that are to the basis of the
advice; and the extension agent also made a report to his producers in an
individual way or in room. There is deletion of helper's notion therefore to
recipient of aid who lets place to the one of the partnership. We can say
therefore that the producer is considered like a partner within the CEF
approach.
Producer in CEF has some knowledge on the reality of his
exploitation and his household that he can exploit. From a technical viewpoint,
the writing allows him to keep the formations, the dates and enough knowledge
that can be consulted if the need makes itself feel. The CEF allows an easier
access the stations of responsibilities in the organizations and therefore a
better social status. But the set of this new knowledge doesn't have that of
the kindness; one notes the tendency indeed toward the individualization of the
producers and the risk to disconnect them of their society. As for the Training
Visit and, certainly the level of technical knowledge of the operators improved
but, it stays helper's relation to recipient of aid demonstrated by the backing
of the capacity building chosen by one the parts and an absence of
accountability of the actors.
To the term of this survey, it comes out again that
complementarities must be sought-after between the two approaches, of such sort
to recenter the producers in the devices of support while conferring them the
capacities to ask for the services that they estimate necessary.
Keys words: Family Farming Advice, Training
&Visit, producers, capacity building and decision.
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n°1 Critères de choix des
villages.
Tableau n°2 Constitution de
l'échantillon.
Tableau n°3 Hypothèses et outils d'analyse.
Tableau n°4 Pourcentage de producteurs suivant
chaque objectif.
Tableau n°5 Choix des spéculations.
Tableau n°6 Facteurs influençant la
définition des surfaces céréalières.
Tableau n°7 Présentation de la situation de
famille.
Tableau n°8 Pourcentage de producteurs CEF
utilisant les outils de suivi.
Tableau n°9 Situation matrimoniale des
encadreurs.
Tableau n°10 Evolution des superficies et des
rendements en coton.
Tableau n°11 Pourcentage de producteurs occupant des
postes de responsabilité.
LISTE DES FIGURES
Figure n°1 Diagramme du champ de force.
Figure n°2 Position des parcelles dans les champs
des producteurs.
Figure n°3 Connaissance des dates de semis et des
itinéraires techniques.
Figure n°4 Différentes techniques de labour
utilisées.
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 Guide d'entretien `'producteur''.
Annexe 2 Guide d'entretien `'conseiller''.
Annexe 3 Principaux outils du CEF.
Annexe 4 Tableau comparatif T&V et CEF.
TABLE DES
MATIÈRES
Certification
Erreur ! Signet non
défini.
Dédicace
ii
Remerciements
iii
Liste des abréviations
iv
Résumé
v
Abstract
viii
Liste des tableaux
xi
Liste des figures
xii
Liste des annexes
xiii
Table des matières
xiv
Introduction
1
1. Cadre contextuel
3
1.1. Problématique et justification
3
1.2. Objectifs de la recherche
5
1.3. Hypothèses de recherche
6
2. Cadres conceptuel et théorique
7
2.1. Vulgarisation
7
2.2. Approche Formation et Visite
9
2.3. Conseil de Gestion aux exploitations
agricoles
11
2.4. Conseil à l'Exploitation agricole
Familiale
11
2.5. Notion d'exploitation agricole familiale
12
2.6. Notion de participation
13
2.7. Notion de facilitation
15
2.8. Acteur social
15
2.9. Analyse du comportement des acteurs
16
3. Méthodologie de l'étude
18
3.1. Choix de la zone d'étude
18
3.1.1. Présentation de la zone
d'étude
18
3.1.2. Choix des villages
20
3.2. Méthode et technique de collecte des
données
21
3.2.1. Recherche documentaire
21
3.2.2. Entretiens semi-structurés
22
3.2.3. Observation
23
3.2.4. Données collectées
23
3.3. Echantillonnage
24
3.4. Méthodes et outils d'analyse des
données
26
3.5.1. Comparaison
26
3.5.2. Histoires de vie
27
3.5.3. Analyse du discours des acteurs
27
3.6. Limites de la recherche
27
4. Décisions des producteurs dans chacune
des approches d'accompagnement
30
4.1. Formulation des objectifs
30
4.2. Choix des activités à mener au
sein de l'exploitation
32
4.2.1. Choix des spéculations
32
4.2.2. Définition des surfaces
céréalières
34
4.3. Planification des activités de
l'exploitation
36
4.3.1. Cas des producteurs en T&V
36
4.3.2. Cas des producteurs en CEF
38
4.4. Conduite des activités de
l'exploitation
39
4.4.1. Exécution des tâches de
l'exploitation
39
4.4.2. Suivi de la mise en oeuvre des
activités de l'exploitation
41
4.5. Evaluation des résultats de
l'exploitation
45
4.6. Stockage et commercialisation des produits de
l'exploitation
46
4.7. Discussions des résultats et conclusion
partielle
46
5. Interactions entre producteurs et
conseillers
48
5.1. Présentation des conseillers
48
5.1.1. Niveau des conseillers
48
5.1.2. Situation matrimoniale
48
5.1.3. Motivations
49
5.2. Présentation des producteurs
50
5.2.1. Âges
50
5.2.2. Situation matrimoniale
50
5.3. Déroulement de l'animation
51
5.3.1. Nombre de producteurs par conseiller
51
5.3.2. Nombre et durée moyenne des
visites
51
5.3.3. Lieu où se déroule
l'animation
52
5.3.4. Comportements des producteurs et des
conseillers
52
5.3.5. Sujets de discussion
54
5.4. Visites d'exploitation
55
5.4.1. Prédispositions morales des uns et
des autres
55
5.4.2. But de la visite
56
5.5. Renforcement des capacités
56
5.5.1. Connaissance des besoins et problèmes
réels des producteurs
57
5.5.2. Adéquation entre aide technique ou
organisationnelle reçue et besoins
58
5.5.3. Place des femmes
60
5.6. Responsabilisation des producteurs et des
conseillers
61
5.6.1. Obligation de compte rendu
61
5.6.2. Responsabilisation quant aux
résultats de l'exploitation
62
5.7. Technique de labour « le
corô »
62
5.8. Discussions des résultats et conclusion
partielle
64
6. Effets des deux approches sur les
producteurs
66
6.1. Dans l'exploitation
66
6.1.1. Regroupement des parcelles
66
6.1.2. Changement dans les techniques de
production
67
6.1.3. Evolution des superficies/rendements
70
6.2. Dans le ménage
72
6.2.1. Définition des besoins alimentaires
et la gestion des stocks alimentaires
72
6.2.2. Gestion de la main d'oeuvre
72
6.2.3. Femmes dans le processus
74
6.2.4. Dépenses du ménage et gestion
du revenu
74
6.2.5. Conseil et prix de vente des produits
76
6.3. Au niveau organisationnel
76
6.3.1. Relation avec les autres membres du
village
76
6.3.2. « Dons »
77
6.3.3. Vers les institutions
78
6.3.4. Au niveau des OP
79
6.3.4. Dynamique du conseil
80
6.4. Conclusion partielle
81
Conclusion et recommandations
83
Références bibliographiques
85
Annexes
89
Annexe n°1 Guide d'entretien
`'Producteur''
89
Annexe n°2 Guide d'entretien
conseiller/vulgarisateur
92
Annexe n°3 Principaux outils du CEF
94
Annexe n°4 Tableau comparatif entre
« Training and Visit » et le
« CEF »
96
INTRODUCTION
Le paysage agricole et rural au Bénin a connu, ces
quarante dernières années des réformes au niveau
institutionnel. Ces réformes ont eu des impacts sur les dispositifs et
approches d'accompagnement des producteurs et productrices agricoles dans leurs
domaines d'activités. Depuis la mise en place (par région et par
filière) des systèmes "descendants" et sectoriels
d'accompagnement des producteurs et productrices par les sociétés
d'intervention, on est arrivé à différentes
méthodes et approches se voulant plus participatives, pour mieux prendre
en compte les besoins réels et concrets exprimés par ceux-ci.
Cependant, force est de constater que ces différentes
méthodes et approches d'appui aux producteurs et productrices au sud du
Sahara ont connu ces dernières années de vives critiques au vu de
l'importance des ressources consenties et des résultats très
mitigés obtenus. (MAEP 2007).
« Ces critiques, qui, pour la plupart appelaient
à de profondes réflexions, étaient fondées sur le
fait que ces méthodes ou approches axaient essentiellement leurs
interventions sur les aspects techniques (oubliant tout au moins de
façon implicite les questions de transformation, de commercialisation,
d'accès au crédit et aux marchés, de performances
économiques et financières, socioculturelles...). »
(MAEP 2007). En effet, la non prise en compte de ces aspects de
l'accompagnement des producteurs agricoles ne permettait pas d'avoir une vision
globale de l'exploitation agricole et de la famille rurale.
Au Bénin le Système National de Vulgarisation
est une combinaison de plusieurs variantes de l'approche « Formation et
Visite ».
Les limites constatées des différentes approches
de vulgarisation développées au Bénin ont donné
lieu à de nouvelles réflexions axées sur l'approche
« Conseil de Gestion », appuyée principalement par
les institutions de coopération avec le Bénin. Le Conseil de
Gestion [qui deviendra par la suite Conseil à l'Exploitation Agricole
Familiale (CEF)] est une démarche permanente de formation et de
suivi/accompagnement d'agriculteurs et d'agricultrices volontaires qui
souhaitent améliorer les performances technico-économiques de
leur exploitation pour vivre décemment de leur métier. «
C'est un processus d'aide à la décision qui induit des
changements de mentalités et de comportements permettant aux
adhérents de faire évoluer tant leurs pratiques techniques
(intensification, gestion de la fertilité des sols, etc.) que
financières (rentabilité des activités, maîtrise des
dépenses, prévision budgétaire, etc.) et
organisationnelles (contrôle des organisations paysannes) pour s'adapter
aux contraintes de l'agriculture mondialisée» (Gouton 2005). Cette
approche de conseil connaît une évolution tant au Bénin que
dans toute l'Afrique de l'ouest.
Au vu de ces évolutions, nous nous proposons de faire
une analyse comparée de l'approche de vulgarisation par "Formation et
Visite" et du "Conseil à l'Exploitation Agricole Familiale »
dans les départements du Borgou et de l'Alibori. Ce document comporte
trois parties essentielles
· la première partie est consacrée aux
cadres contextuel, théorique et méthodologique,
· la deuxième partie présente les
résultats et,
· la dernière la conclusion et les
recommandations.
1. CADRE CONTEXTUEL
1.1.
Problématique et justification
Le Bénin, comme les autres pays de l'Afrique a connu
plusieurs formes d'appui aux producteurs. La principale forme d'appui aux
producteurs avant les indépendances a été assurée
par les Sociétés Indigènes de Prévoyances (SIP). Il
faut comprendre que la SIP et les autres coopératives comme la
Société de Production agricole d'Abomey, l'Union des Mutuelles
Agricoles de Savè, l'Union des Mutuelles Agricoles de Dassa, rendaient
leurs adhésions obligatoires auprès des paysans. Ceux-ci devaient
travailler bénévolement dès 1946, sur des champs
collectifs de cultures de rentes qui étaient supposées servir
à la collectivité, mais qui étaient souvent
envoyées vers la métropole1(*).
A partir de l'indépendance (1960), est apparue la
vulgarisation par filière agricole2(*). Cette vulgarisation était effectuée par
des sociétés dites d'intervention qui prenaient toutes les
dispositions pour assurer tous les services en amont et en aval de la
production3(*) . Les
résultats de cette approche n'ont guère été
satisfaisants : désaffection des paysans pour ces
spéculations et désintérêt pour l'agent
chargé de leur promotion4(*). A partir de 1975 la vulgarisation
intégrée a vu le jour avec la création dans tous les
départements des CARDER. Jusqu'en 1992 l'absence d'un système
national unifié de vulgarisation posait le problème de
l'organisation des services de vulgarisation. La solution a été
la Restructuration des Services Agricoles financés par la Banque
Mondiale et la généralisation de l'approche Formation et Visite.
Les plans d'ajustement structurel ont entraîné la
suppression des mécanismes de stabilisation (soutien des prix,
subventions...) et le retrait progressif de l'Etat de nombreuses fonctions
d'appui aux producteurs. De nouveaux acteurs apparaissent et se renforcent (OP,
ONG, firmes privées...) pour fournir des services et développer
de nouvelles relations avec le monde rural (Schwartz, 1994). Dans la mise en
oeuvre de ces fonctions, l'Etat a été relayé par ces
nouveaux acteurs qui emploient de larges gammes d'approches.
Ce nouveau contexte engendre à la fois une croissance
des risques économiques, une différenciation plus rapide entre
exploitations ou régions et des opportunités nouvelles en
fonction des éventuels avantages comparatifs dont peuvent
bénéficier certains acteurs.
Aujourd'hui, les exploitations sont de plus en plus
connectées au marché désormais ouvert et globalisé
avec une part croissante de la production qui est commercialisée
(culture d'exportation et, de plus en plus, produits vivriers et produits
animaux pour alimenter les villes). Donc, les paysans ont des besoins nouveaux
en informations/ formations pour gérer leur exploitation en prenant en
compte ses dimensions techniques, économiques et sociales (Faure et
al 2004). La diversité des situations et donc des demandes des
producteurs, exigent la conception de nouvelles méthodes d'intervention
(Faure, op cit). Plusieurs expériences sont en cours. Certaines
se veulent une combinaison d'anciennes approches pour plus d'efficacité
et de résultats, et d'autres se présentent comme de nouvelles
approches avec l'ambition de mettre le producteur au coeur du processus de
prise de décisions concernant la conduite de ses activités parmi
lesquelles le Conseil à l'Exploitation Familiale. Il est
désormais question d'accompagner l'exploitant dans un processus de prise
de décisions conséquentes pour une conduite stratégique de
ses activités et donc de l'ensemble du système de production ; ce
que les « anciennes approches » ne permettaient pas de
réaliser du fait de leur caractère trop « technique »
(Faure et al 2004).
Selon Roesch (2002), « l'échec des programmes
de vulgarisation « training and visit », des méthodes
basées sur le transfert de « paquets technologiques » et le
désengagement des Etats des activités de vulgarisation ont
amené la Recherche, les Organisations Paysannes et un certain nombre de
« Projets » à donner un nouveau souffle à
l'expérimentation de méthodes d'appui aux agriculteurs, notamment
le conseil de gestion ». Il s'agit d'une approche nouvelle qui
cherche à renforcer la gouvernance paysanne sur les dispositifs, tant au
niveau local que global. Ces nouvelles approches et méthodes obtiennent
des résultats prometteurs avec une forte dynamique paysanne et une
évolution significative des performances des exploitations. C'est
particulièrement le cas avec le CEF qui n'a cumulé que dix
années d'expérimentation. Il reste que « ces
démarches ne peuvent être porteuses d'évolution positive
que dans le cadre de politiques agricoles stimulantes pour l'exploitation
familiale permettant de traiter des relations du Conseil à
l'Exploitation agricole Familiale avec la vulgarisation agricole,
l'accès au crédit et abordant le financement du
conseil ». (Faure G., Kleene P., 2001)
En effet, si l'on admet qu'une synergie entre les
différentes approches est indispensable, il apparaît alors
opportun de s'intéresser à la pertinence des appuis dans leur
globalité. Si le Conseil de Gestion, devenu Conseil à
l'Exploitation agricole Familiale, peut effectivement être le moteur de
la réflexion pour une refonte du dispositif d'appui aux producteurs tel
qu'inscrit dans le livre blanc (MAEP, 2007), il n'a pas vocation à
remplacer des activités qui ont chacune leurs intérêts
propres pour les producteurs. Ce sont bien des collaborations, des passerelles,
des synergies, des complémentarités, qui doivent être
recherchées dans le cadre d'une meilleure définition des
finalités et des champs d'intervention des différents secteurs.
Pour cela, il est nécessaire au préalable de faire une analyse de
la `'situation'' des services d'appui à l'agriculture notamment à
travers la mise en oeuvre de l'approche classique de vulgarisation basée
sur l'approche Formation et Visite et le Conseil à l'Exploitation
agricole Familiale ; s'attachant à mettre en évidence leurs
activités (mais aussi, ce qu'elles ne font pas ou ce qu'elles font mal)
et la place de l'exploitant dans chaque approche. La question empirique
à laquelle notre travail se propose d'apporter des
éléments de réponse s'intitule comme suit
Quelles sont les ressemblances, et les dissemblances dans la
mise en oeuvre des deux approches par les vulgarisateurs et les conseillers
dans la commune de Kandi et les collaborations qui doivent être
recherchées dans le cadre d'une meilleure définition des
finalités et des champs d'intervention des différents
acteurs ?
A travers cette question, il s'agira d'apprécier la
pertinence de l'appui des vulgarisateurs et des conseillers externes aux
défis majeurs des exploitations agricoles familiales défis
organisationnels, technico-économiques, et financiers. La pertinence
sera analysée par rapport à ce que les exploitants savent faire
et ce qu'ils désirent (souhaitent) faire ainsi que, la place et le
rôle que leur accordent les dispositifs d'appui des producteurs
agricoles. La pertinence des appuis est également de voir si les appuis
répondent aux besoins des exploitants. C'est pourquoi une analyse
comparée de l'approche « Formation et Visite » et le
« Conseil à l'Exploitation agricole Familiale » dans
la commune de Kandi sera réalisée.
1.2. Objectifs de la
recherche
L'objectif global de cette étude est de faire une
analyse comparée de l'approche "Formation et Visite " et du "Conseil a
l'Exploitation agricole Familiale" dans les départements du Borgou et de
l'Alibori, en prenant l'exemple de la Commune de Kandi. De façon
spécifique il s'agira de
- identifier le rôle et la place des producteurs dans
chaque approche ;
- analyser les interactions entre les producteurs et les
conseillers/vulgarisateurs ; et,
- présenter les effets des différentes approches
sur les producteurs et leurs ménages.
1.3. Hypothèses de recherche
Pour atteindre les différents objectifs, les
hypothèses suivantes ont été formulées
- la démarche du CEF place le producteur/exploitant au
centre de ses activités ;
- les producteurs sont considérés comme des
partenaires plutôt que comme des consommateurs passifs dans l'approche
CEF ; et,
- la démarche F&V produit des effets moins durables
dans le temps.
2. CADRES CONCEPTUEL ET
THÉORIQUE
La formulation théorique de la problématique,
des objectifs et des hypothèses de recherche fait recours à des
concepts abstraits dont le contenu mérite d'être
précisé. Ce chapitre permettra de fixer le lecteur sur la
signification opérationnelle à leur attribuer. Entre autres
concepts, nous passerons en revue les notions suivantes la vulgarisation,
l'approche Formation et Visite, le Conseil à l'Exploitation agricole
Familiale, le Conseil de Gestion aux exploitations agricoles, l'exploitation
agricole familiale, la participation, la facilitation, l'acteur social,
l'analyse du comportement des acteurs.
2.1. Vulgarisation
Selon Moris (1994), « Certains auteurs emploient le
terme vulgarisation en référence à tous les contextes
humains et organisationnels relatifs à la propagation des techniques
agricoles ; d'autres utilisent cette notion dans une acception plus
étroite pour désigner principalement l'information ou et la
formation (en négligeant le fait que la promotion peut revêtir
d'autres formes et atteint souvent une efficacité maximale en
association avec l'interaction de groupe) ». Dans son sens usuel, la
notion de vulgarisation agricole signifie promouvoir quelque chose,
c'est-à-dire, fondamentalement, amener les paysans à effectuer
une opération qu'ils négligeraient si on ne les y poussait pas.
Ce concept comprend néanmoins deux éléments
sous-entendus le partenaire, instigateur ou promoteur,
qui travaille avec les paysans et influence leur comportement, et
l'innovation que l'on cherche à promouvoir.
Les définitions de la vulgarisation varient selon les
individus et les écoles, mais une définition
générale et partagée indique que la vulgarisation est un
apprentissage professionnel durant lequel le groupe cible et l'organisme de
développement s'associent pour apprendre et réaliser leur
objectif commun. Il s'agit donc d'un service qui s'adresse à une
clientèle volontaire sur la base d'un contrat qui met en évidence
les prestations offertes et les conditions d'accès (MAEP, 2004).
De façon spécifique au secteur agricole, la
vulgarisation peut être définie comme un système visant
à permettre au plus grand nombre possible de paysans d'adopter librement
des comportements positifs à l'égard d'innovations techniques,
économiques et sociales à travers des formations, des
échanges avec des techniciens et d'autres paysans dans le but
d'améliorer la rentabilité des exploitations et le
bien-être des ménages. Ainsi, les missions et rôles qui lui
sont assignés sont
· promotion d'une prise de conscience par le groupe-cible
de la problématique suscitée par les activités de
production ;
· transfert au groupe-cible du savoir-faire
nécessaire à une maîtrise technique des solutions aux
problèmes à résoudre (formation) ;
· conseil à l'acquisition et à
l'organisation des moyens de production nécessaires au type de solution
préconisée (main d'oeuvre, intrants) ;
· intégration de cette solution dans les
structures institutionnelles et mentales du groupe-cible afin d'augmenter son
autonomie ;
· auto-évaluation de l'impact de la vulgarisation
d'une façon permanente sur la base d'une planification précise
(MAEP, 2004)
Dans la présente étude, la vulgarisation est
définie sous trois angles complémentaires
· Le transfert de technologies pour aider les
agriculteurs à améliorer leur capacité à utiliser
les nouvelles technologies,
· le conseil pour aider les agriculteurs à
résoudre leurs problèmes actuels et futurs
· La facilitation pour aider les agriculteurs à
s'impliquer plus activement dans le système d'information et de
connaissances sur leurs agricultures
La vulgarisation comme définie
précédemment est un processus. Ici, nous avons deux approches de
vulgarisation la Formation et Visite et le Conseil à
l'Exploitation Familiale. A travers chaque approche, il est important de
procéder à une analyse suivant différents aspects
- le processus de facilitation dans chaque approche
- les relations entre producteurs et vulgarisateurs
- les relations entre vulgarisation et marché
- le financement de la vulgarisation et une comparaison des
résultats obtenus de l'approche de vulgarisation par rapport à
l'investissement financier total (financier, humain, etc.)
- l'impact d'une approche de vulgarisation sur les
producteurs (autonomisation, respect de l'environnement)
Dans le cas de cette étude, l'analyse des approches de
vulgarisation se limitera aux aspects que sont l'analyse du processus de
facilitation, les relations entre vulgarisateurs et producteurs et les effets
relatifs aux différentes approches.
2.2. Approche Formation et
Visite
Le système formation et visite (F&V) de Daniel
Benor fut introduit en Afrique au début des années 80, peu de
temps après la Restructuration des Services Agricoles. A la fin des
années 70, sous le parrainage de la Banque Mondiale, il avait obtenu un
succès considérable en Asie (particulièrement en Inde).
Benor lui-même avait travaillé précédemment en
Turquie, et est un ancien directeur des services de vulgarisation
israéliens (Robert, 1989). Pour promouvoir son système F&V,
il sut mobiliser toute son expérience acquise en Asie, son
énergie étonnante et ses relations parmi les personnalités
haut placées du Tiers Monde. Le système qu'il préconise,
avec l'appui inconditionnel de la Banque Mondiale, incarne un retour aux
principes de gestion classiques. Il met l'accent sur (Benor et Baxter,
1984)
· L'unité fonctionnelle la vulgarisation
elle-même ne devrait se préoccuper que d'une seule tâche
hautement prioritaire, apporter de meilleures technologies aux
paysans ;
· Un organigramme clair où aucun individu ne
supervise plus de huit subordonnés environ ;
· Un message convenu pour chaque période de la
saison, transmis lors d'une réunion mensuelle de deux jours à des
spécialistes du sujet, qui se chargent ensuite de le communiquer aux
agents de terrain lors des séances de formation bimensuelles ;
· Des visites bimensuelles des organisateurs à des
paysans pilotes particuliers qui représentent leur
communauté ;
· Des parcelles de démonstration cultivées
par ces paysans eux-mêmes et servant à répandre les
messages dans le voisinage ;
· Un mode de communication à deux sens, passant
des paysans aux chercheurs par l'intermédiaire des vulgarisateurs et,
inversement, pour mettre en lumière et résoudre tous les
problèmes qui se présentent ;
· Un système parallèle de
suivi-évaluation, afin que les agents de terrain n'aient pas à
déposer d'autres rapports écrits que leurs notes de travail.
La formation et la visite en anglais Training and Visit
(T&V) est une approche de gestion d'un organisme de vulgarisation qui se
concentre sur le transfert de la connaissance et de la technologie agricoles
scientifiques à partir des établissements de recherches aux
paysans. C'est un système d'encadrement ni trop rapproché ni trop
diffus5(*). Le terme de
formation et la visite se résume au processus de fourniture de
services
· Les techniciens spécialisés (TS) donnent
la formation aux agents de vulgarisation de terrain sur de nouvelles mais
simples questions techniques.
· les agents de vulgarisation visitent les groupes de
contact pour diffuser les messages technologiques.
Les principales critiques portent sur sa hiérarchie
rigide et sur la conception mécaniste de sa méthodologie. On lui
reproche également de supposer que l'on dispose de stocks de techniques
adaptées aux besoins des paysans et d'ignorer les contraintes existantes
qui entravent gravement la plupart des activités des ministères
de l'agriculture. On lui objecte qu'en Afrique, la faiblesse de
l'infrastructure commerciale permet rarement au personnel de terrain de se
décharger de la fourniture des intrants. On dénonce les
coûts élevés du système, qui ne permettent pas aux
gouvernements africains de rembourser leurs emprunts et on l'accuse de
concentrer son assistance sur quelques pilotes en négligeant la
population rurale dans son ensemble (Moris, 1983 ; Howell, 1988 ; Gentil,
1989 ).
L'approche T&V a été conçue pour la
production végétale en milieux homogènes et
contrôlés. Une autre critique est que le T&V plus tard a
été également mis en application dans toutes sortes
d'environnements où les fermiers produisent sous une grande
variété de conditions. Mais elle n'est pas sensible pour offrir
les solutions technologiques normalisées à un groupe
hétérogène de fermiers qui souffrent d'une gamme diverse
de problèmes. Le problème de la participation se pose, d'une
part, pour des raisons d'équité et, d'autre part, parce que bon
nombre d'agriculteurs d'Afrique subsaharienne sont des femmes, lesquelles sont
rarement représentées parmi les paysans pilotes du système
F&V (Due et al. 1987)
Néanmoins le T&V reste l'approche dominante mais
sous des formes différentes de celle de départ.
2.3. Conseil de Gestion
aux exploitations agricoles
Le Conseil de Gestion (CdG) au Bénin a adopté
une démarche inspirée des travaux de l'Institut Agronomique de
Bouaké, eux-mêmes fortement influencés par l'approche des
Centres de gestion français. Elle repose sur
· la formation à la maîtrise des outils
de collecte d'informations comptables (en sessions de groupe),
· l'appui et le suivi individuel pour
l'enregistrement,
· la collecte et l'analyse de certaines de ces
données par le conseiller en vue d'un traitement analytique et d'une
restitution auprès de l'agriculteur. Cette étape constitue la
phase de conseil à proprement parler la discussion autour des
indicateurs technico-économiques (ex marges brutes) permet
d'identifier les points faibles de son système et des solutions pour en
améliorer le fonctionnement.
Une étude sur l'analyse des services et conseils
agricoles au Bénin effectuée en 2005 par la Banque Mondiale a
révélé que l'intensité et le volume de services
à la communauté paysanne ont sensiblement diminué en
faveur du secteur privé dont les organisations de producteurs. Cette
situation devrait libérer les structures du MAEP en `'faisant
faire '' par des acteurs du secteur privé certaines tâches
peu techniques afin de se concentrer davantage sur des missions
régaliennes.
2.4. Conseil à
l'Exploitation agricole Familiale
Sans pour autant rompre avec les stratégies visant
à minimiser les risques importants auxquels elles sont
confrontées, de plus en plus d'exploitations agricoles doivent faire
face aux défis de la sécurité alimentaire et de
l'intensification des systèmes de production et au rôle croissant
du marché qui oriente et détermine, au moins en partie, leurs
évolutions.
A ce titre, les expériences de Conseil à
l'Exploitation agricole Familiale (CEF), menées dans différentes
zones agro-écologiques en Afrique, concourent à doter les
exploitants d'outils de mesure de leurs activités et d'outils d'aide
à la décision au niveau de leur exploitation. Tout en restant
pour l'instant des expériences conduites à des échelles
modestes, elles sont porteuses d'innovations importantes dans le processus de
professionnalisation de l'agriculture.
Aujourd'hui, le Conseil à l'Exploitation agricole
Familiale comprend différentes formes d'intervention. Il s'agit
«d'une méthode de vulgarisation/formation qui prend en
compte l'ensemble de la situation d'une exploitation et cherche, en dialogue
avec les actifs de l'exploitation, un cheminement d'amélioration qui
s'étend souvent sur plusieurs années (Kleene et al -
1989) ». Dans d'autres cas, le conseil repose principalement sur
l'analyse des résultats économiques de la campagne
agricole écoulée et de la façon dont l'exploitant
gère ses moyens de production, sa trésorerie et ses revenus. Ce
conseil peut aussi s'organiser au sein d'un regroupement volontaire de paysans
se posant le même type de problème (s) technico-économique
(s) et cherchant à le (s) résoudre. Ils peuvent faire appel
à un technicien qu'ils gèrent et rémunèrent en
partie mais la démarche repose principalement sur les échanges
entre producteurs, sur la dynamique interne au groupe que l'on qualifie
`'d'auto-développement''. De manière générique, le
Conseil à l'Exploitation agricole Familiale est un processus d'aide
à la décision et d'apprentissage s'appuyant sur des phases
d'analyse, de planification, de suivi des réalisations,
d'évaluation des résultats.
2.5. Notion d'exploitation
agricole familiale
Des économistes agricoles (Chombard de Lauwe, Poitevin,
Tirel, 1966) ont précisé au début des années 60 la
notion d'exploitation agricole se rapportant au contexte de l'agriculture
française l'exploitation agricole est une entreprise, l'exploitant est
un entrepreneur qui a un objectif, maximiser le profit. Par la suite,
économistes et agronomes ont fait évoluer cette définition
en y intégrant les objectifs plus globaux de l'exploitant mais aussi des
membres de sa famille (Capillon, 1993 ; Brossier et al, 1997 et 1998). La
notion d'exploitation familiale est ainsi apparue, elle prend en compte
l'importance des liens entre la famille et l'exploitation (ou les
activités de production agricole) tant dans le domaine de la
mobilisation du travail (main d'oeuvre familiale), que des projets d'avenir
(cession du patrimoine familial). Ainsi, cette notion montre que l'agriculture
ne peut pas être assimilée à une activité
industrielle et commerciale reposant avant tout sur des échanges
marchands et financiers.
Concernant l'agriculture africaine tant en zone
soudano-sahélienne qu'en zone forestière, les sociologues et
agro-économistes ont montré que la notion d'exploitation agricole
telle que définie pour les pays du Nord n'était pas transposable
(Kleene, 1976 ; Badouin, 1987 ; Benoit-Cattin et Faye, 1997 ; Gastellu,
1980). L'unité de production (ou exploitation agricole) est
généralement un système complexe débouchant sur une
production collective gérée par le chef d'exploitation et des
productions individuelles revenant à (aux) l'épouse (s), aux
dépendants, etc. Par ailleurs, on a pu montrer qu'il n'y avait pas
nécessairement coïncidence entre l'unité de production,
l'unité de consommation et l'unité d'accumulation (par exemple
les femmes peuvent posséder leur propre bétail). Aujourd'hui,
cette organisation complexe des unités de production est en pleine
évolution du fait entre autres de la volonté
d'indépendance des jeunes ménages.
Ici, nous considérons l'exploitation agricole familiale
suivant deux principes
· Comme un système qui peut être
décomposé en plusieurs sous-systèmes
d'opérations, de décisions, et d'information (Le Moigne,
1988).
· Les décisions des agriculteurs relatives
à leur exploitation ont un sens.
Sur la base de ces deux considérations, nous pourrons
par la suite analyser si les deux approches dans notre étude utilisent
une approche globale de l'exploitation.
2.6. Notion de
participation
La FAO a développé la notion de «
participation populaire » qui est souvent mal comprise. Pour elle, la
participation des populations consiste à restituer à celles-ci un
pouvoir d'initiative et de décision dans la définition et la mise
en oeuvre des actions et programmes qui concernent leur propre avenir (FAO ;
1995). Les paysans, les éleveurs, les chasseurs, les artisans etc.,
doivent être reconnus comme des acteurs de développement ; des
partenaires à part entière, et non comme des cibles d'un projet
extérieur. La participation des groupes cibles, est l'un des principaux
objectifs de la foresterie communautaire. Ce terme désigne l'implication
de tous les groupes concernés, dans le processus de décision et
de mise en oeuvre de la décision.
Weiss (1978) définit deux niveaux de participation Il
s'agit de la participation directe qui est « le pouvoir reconnu, à
un moment donné, à un groupe, d'exercer une influence sur son
propre environnement immédiat, en prenant, après discussion, les
décisions nécessaires » et la participation indirecte, qui
elle, s'exerce par l'intermédiaire de tiers. Mais selon
l'encyclopédie wikipédia, la participation
désigne des tentatives de donner un rôle aux individus dans une
prise de décision affectant une communauté. Tentatives pour
signifier qu'en réalité le pouvoir n'est pas encore
réel. La participation est aussi
définie comme un processus à travers lequel les
partenaires/acteurs concernés influencent et partagent le contrôle
des initiatives de développement, les décisions et les ressources
qui les affectent. Cette définition d'Elisabeth TOE fait ressortir deux
concepts importants pour cette étude, il s'agit de « processus
et partenaires ».
Ici, ce concept sera utilisé pour voir l'implication
des différents acteurs sociaux (producteurs, conseillers) dans le
diagnostic, la planification, le financement, l'exécution et le
suivi-évaluation des activités dans les différentes
approches pour que s'en suive une comparaison.
Il est aussi important de définir dans cette
étude les notions de partenaire et bénéficiaire lié
au concept de la participation.
· Notion de partenaire et de
bénéficiaire
Selon le petit Larousse illustré de
1996, un partenaire est une personne, un groupe auxquels on s'associe pour la
réalisation d'un projet. Pour l'équipe de l'International
Development Research Center, un partenaire est toute personne et/ou
organisation avec laquelle on collabore pour atteindre des objectifs dont on a
au préalable convenu ensemble. Les partenaires sont liés par une
relation négociée et qui ont volontairement passé un
contrat auprès de la loi ou une entente morale (www.idrc.ca).
Dans le cadre de cette étude, le partenariat
désigne un accord écrit, verbal ou une entente morale entre le
vulgarisateur ou le conseiller et l'exploitant par rapport au
développement de l'activité de conseil et/ou de vulgarisation sur
un sujet négocié.
Pour le petit Larousse illustré de 1996, le
bénéficiaire est toute personne qui profite d'un
bénéfice, d'un avantage. Le bénéficiaire est un
concept utilisé par les projets et programmes pour décrire une
catégorie d'individus ou un groupe auquel on porte assistance. Cette
définition sous entend qu'il n'y a aucune responsabilisation de
l'individu ou du groupe par rapport aux résultats obtenus. Il s'agit
là de la non définition concertée d'objectifs ni de mise
en oeuvre de la solution. Mais cette définition pose déjà
un problème dans le cadre du conseil où l'exploitant est un
entrepreneur.
Dans le cadre de cette étude, la définition du
terme bénéficiaire n'est-elle pas erronée si l'exploitant
lui-même n'est pas associé à la définition des
objectifs, ce qui sous entend que celui-ci reçoit exclusivement, sans
rien donner en retour ? Cette situation n'est évidemment pas
responsabilisante et est de surcroit humiliante. Toutefois, on considère
comme bénéficiaire, tout exploitant qui reçoit une aide
technique, organisationnelle dont parfois il ne fait pas la demande et qui
n'est pas associé à la définition des objectifs
poursuivis.
2.7. Notion de
facilitation
La facilitation tout comme le transfert de technologie et le
conseil constitue une fonction de la vulgarisation. La facilitation est
définie comme un processus consistant à aider les
agriculteurs à s'impliquer plus activement dans le système
d'information et de connaissances sur leurs agricultures. (Groupe de
Neuchâtel 1999)
En améliorant les capacités d'initiative
individuelle et collective des producteurs, cette facilitation permet à
court terme, une meilleure adéquation des solutions techniques aux
contraintes de l'exploitant agricole, et à long terme, elle structure
une recherche continue de l'innovation.
La facilitation implique des ressources humaines de haut
niveau, en termes de savoir-faire comme de savoir être. Ces savoirs
peuvent s'acquérir par la formation initiale et la formation continue
des agents de terrain. Mais, simultanément, il faut que les producteurs
puissent faire valoir leurs points de vue dans le recrutement et
l'évolution professionnelle des agents des dispositifs de
vulgarisation.
Pour cette étude, la facilitation sera vue comme un
processus consistant à aider les producteurs à
s'impliquer plus activement dans le système d'information et de
connaissances sur leurs agricultures. Son évaluation, quoi qu'assez
complexe, se limitera uniquement au vulgarisateur dans ses méthodes et
comportements envers les producteurs.
2.8. Acteur social
Long a introduit ce concept pour décrire les
différentes interactions ou interfaces qui existent entre des acteurs
autour des interventions dans le secteur du développement rural. En
effet, les interventions dans le secteur du développement rural mettent
en jeu des institutions aussi diverses que variées avec des objectifs et
intérêts divergents qui se mettent ensemble pour réaliser
des projets ou programmes.
Nouatin (2003) en se fondant sur la définition que Long
(1989) dit du concept acteur social qu' « il a été
développé pour rendre compte de la capacité des acteurs
à trouver des solutions aux problèmes qui se posent à eux
lorsqu'ils se trouvent dans des situations dans lesquelles leur marge de
manoeuvre est réduite. Autrement dit, lorsqu'ils sont dans un
environnement dans lequel ils sont obligés de faire face à des
contraintes de diverses natures ». Pour lui, l'acteur social est tout
individu ou toute unité sociale qui possède la capacité de
décider et d'agir. Dans son étude, Nouatin (2003) l'a
utilisé pour désigner tout individu, toute personne ou groupe de
personnes, toutes organisations ou institutions concernés et dont les
actions influencent de n'importe quelle façon la production, la
transformation et l'utilisation de l'information et de la connaissance
agricoles.
Dans cette étude, nous l'utilisons pour désigner
tout individu, toute personne (producteur) ou groupe de personnes
(conseillers), toutes organisations des producteurs (OP) dont les actions
influencent la conception, la mise en application et les résultats des
approches de vulgarisation.
2.9. Analyse du
comportement des acteurs
Le comportement se définit comme l'ensemble des
réactions d'un organisme qui agit en réponse à une
stimulation venue de son milieu intérieur ou du milieu extérieur
et observable objectivement6(*). Ce comportement déterminé par plusieurs
causes, résulte d'un ensemble de facteurs très différents
qui déterminent la situation au cours d'une interaction dynamique de la
personne et de son milieu. Selon la théorie des champs, on peut
définir cette interaction des facteurs, de la personne et de son
environnement comme un champ de forces, un système en tension, à
savoir un champ psychique. Cette théorie des champs peut s'appliquer
à l'analyse du comportement7(*). Ainsi, selon Kurt Lewin, un comportement donné
est maintenu en équilibre grâce à l'interaction de deux
ensembles de forces en opposition. Celles cherchant à favoriser le
changement les forces d'entraînement. Et celles essayant de
préserver le statu quo les forces de rétention. Pour Lewin, afin
que n'importe quel changement se produise, les forces d'entraînement
doivent excéder les forces de rétention, déplaçant
ainsi le point d'équilibre.
L'analyse du comportement se fera grâce au diagramme du
champ de forces. Le Diagramme du Champ de Force est un modèle
établi sur cette idée que les forces de changement sont dual,
à la fois d'entraînement et de rétention. Ces forces
incluent les personnes, leurs habitudes, leurs coutumes, leurs attitudes et
leurs perceptions. Habituellement, un changement programmé sur un
problème donné est décrit en haut (cf figure
n°1). En dessous de ceci, il y a deux colonnes. Les forces
d'entraînement (Driving forces) sont énumérées dans
la colonne gauche, et les forces de rétention (Restraining forces) dans
la colonne droite. Des flèches sont figurées vers le milieu. Les
flèches les plus longues indiquent des forces plus fortes (strong
force). L'idée est de comprendre, et de rendre explicite, toutes les
forces agissant sur un problème donné. L'intégration de
ces paramètres dans l'étude permet d'entrevoir les facteurs
responsables de la modification du comportement des producteurs et des
conseillers dans les approches de vulgarisation.
Figure 1 : Diagramme du champ de force
Source www.12manage.com
3. MÉTHODOLOGIE DE
L'ÉTUDE
La nature des unités de recherche et des données
à collecter, essentiellement qualitatives, justifie le recours à
une démarche méthodologique nous permettant d'appréhender
les logiques qui sous-tendent les choix et les intérêts des
producteurs et productrices, et dans la mesure du possible les
conséquences en considérant l'exploitation comme un tout. En
effet il est difficile de faire une scission entre les choix
opérés par les chefs d'exploitation dans leurs ménages et
les divers objectifs de production (ménage, exploitation).
L'étude s'est déroulée en plusieurs
phases de façon à optimiser le temps et les moyens
disponibles.
3.1. Choix de la zone
d'étude
Le sujet en lui-même imposait déjà des
limites dans le choix de la zone d'étude. En effet, en raison du fait
que l'une des approches d'appui aux producteurs faisant l'objet de cette
recherche, notamment le CEF, n'a été mis en place que dans un
nombre limité de communes 8(*) et au vu des contraintes temporelles, nous avons
limité cette étude à une seule commune la commune de
Kandi. Plusieurs raisons motivent ce choix
· Kandi est la 2ème commune la plus
grande productrice de coton au Bénin9(*) et
· L'inexistence de barrières
linguistiques (afin de communiquer directement avec les chefs
d'exploitation et limiter les énormes biais induits par l'usage d'un
interprète).
3.1.1. Présentation de
la zone d'étude
La commune de Kandi est presque au centre du
département de l'Alibori. Elle est limitée au nord par Malanville
et Karimama, au sud par Gogounou, à l'est par Ségbana, à
l'ouest par Banikoara. Sa superficie est de 3421Km², représentant
13% de l'ensemble du département, et dont 60% environ sont
cultivables.
Le relief de Kandi est dominé au nord par des plateaux
de grès, au sud et sud-est par des plaines. On note par endroits
quelques collines faites de roches telles le granite et le quartzite. Les sols
sont généralement de type ferrugineux tropicaux, très
propices à la culture cotonnière, ce qui situe la commune de
Kandi dans le bassin cotonnier.
La végétation est caractérisée par
une savane arborée au sud, une savane herbacée au centre et une
forêt -clairsemée à l'est. Quelques forêts galeries
abritent une faune riche et variée d'espèces sauvages telles que
les éléphants, les buffles, les céphalophes et les
bubales.
Le climat est de type soudanien marqué par l'alternance
d'une saison pluvieuse allant de mai à octobre et une saison
sèche de novembre à avril. La pluviométrie moyenne se
situe entre 800 et 1300 mm d'eau par an. L'humidité relative atteint 80%
pendant les pluies, mais descend jusqu'à 35% pendant la saison
sèche. L'harmattan en saison sèche et la mousson en saison
pluvieuse sont les vents dominants. Le réseau hydrographique est
composé de deux rivières permanentes la Sota à l'est
et l'Alibori à l'ouest, tous deux affluents du fleuve Niger
La population de la commune de Kandi est estimée
à 95206 habitants (RGPH, 2002) dont 50,80% de femmes avec une
densité de 28 habitants au km². Cette population est
composée de plusieurs ethnies dont les plus importantes sont les Batombu
(32,2%), les Mokolé, les Dendi, les Peulh, les Boo. On y trouve aussi
les Yom, les Lopka, les Djerma, les Otammaribé, les Yoruba, les Fon, les
Adja, ainsi que des populations originaires des pays de la sous région
(Togo, Ghana, Niger, Burkina, Nigéria). 72,5% de la population sont
musulmans, 12,2% sont catholiques, 1,3% sont protestants, 4,6% pratiquent la
religion traditionnelle et les autres religions occupent 9,4%. Selon l'INSAE
(2002), 51% de la population a moins de 15 ans. La population est
essentiellement agricole, les actifs agricoles sont estimés à
47006 personnes dont près de 52% sont des femmes. La taille moyenne des
ménages est d'environ 9 personnes.
La commune de Kandi est subdivisée en 48 villages et
quartiers de ville (39 villages et 9 quartiers de ville) regroupés en 10
arrondissements dont 7 ruraux et 3 urbains. Elle est dirigée par un
conseil communal qui a à sa tête le Maire, lequel
bénéficie de l'appui et des conseils des services
déconcentrés de l'Etat dont le CeCPA.
Son économie est basée à plus de 90% sur
le secteur primaire dominé par l'agriculture, suivie de l'élevage
puis de la transformation agro-alimentaire. La chasse et la pêche sont
très peu développées.
Au niveau de l'agriculture, les principales cultures
sont le coton, le maïs, le riz, le sorgho, le petit mil, l'arachide,
le niébé, l'igname, et les cultures maraîchères.
L'ascendance du coton sur les autres cultures est bien remarquable tant au
point de vue des superficies, des productions que des actifs agricoles qui s'y
adonnent.
L'élevage des bovins, des petits ruminants et de la
volaille est pratiqué par les hommes, (les femmes élèvent
parfois les petits ruminants et la volaille). Quant aux enfants, ils s'occupent
de la conduite des animaux au pâturage et parfois des boeufs de traits.
L'élevage à Kandi est une forme d'épargne et de
prestige.
La transformation des produits agricoles mobilise presque
exclusivement les femmes, soit individuellement soit en groupement ; elle
concerne la préparation de galettes et d'huile d'arachide, de savon, de
gari, de gâteaux, de fromages à base de soja ou de lait de vache,
de moutarde, de beurre de karité, etc.
Enfin, les autres activités mobilisant moins de 6% de
la population sont l'industrie du bois, la panification, le commerce, le
transport et les autres activités artisanales.
3.1.2. Choix des villages
Trois villages ont
été sélectionnés Tissarou, Sonsoro et
Sinawongourou. Les objectifs de l'étude justifient ce choix. Il faut
pouvoir comparer nos variables et dégager les ressemblances et
dissemblances entre les sous échantillons. Les critères suivants
ont permis de sélectionner ces trois villages
· il doit y avoir un sous échantillon
témoin, les producteurs en formation et visite sans contact avec des
producteurs adhérents du CEF ;
· il doit y avoir des groupes anciens de CEF
formés en français et des groupes nouveaux
alphabétisés du CEF ayant suivi la formation en langue nationale
baatonu ou peulh.
Nous avons, sur cette base, choisi deux villages où
s'exécute le CEF, l'un contenant donc un groupe ancien (Sinawongourou)
et l'autre un groupe nouveau alphabétisé en langue nationale
(Sonsoro). Le troisième village, Tissarou n'abrite que des producteurs
suivant des programmes de Formation et Visite. Le tableau n°1
présente les critères de choix des villages.
Tableau n°1 : Critères
de choix des villages.
Critères
villages
|
Conseil à l'Exploitation agricole Familiale
|
Formation et Visite
|
Groupe alpha nouveau
|
Groupe français ancien
|
Tissarou
|
non
|
non
|
oui
|
Sonsoro
|
oui
|
non
|
oui
|
Sinawongourou
|
non
|
oui
|
oui
|
Source : Données d'enquête Kandi
2008
3.2.
Méthode et technique de collecte des données
Cette étude a un caractère plutôt
qualitatif et la méthodologie utilisée est conforme à
cette orientation. Les outils utilisés à cet effet sont notamment
la recherche documentaire, les entretiens et les observations.
3.2.1. Recherche
documentaire
La recherche documentaire a été effectuée
en deux étapes dans un premier temps, l'accumulation et la
capitalisation de connaissances théoriques précises pour
l'orientation, l'élaboration et l'exécution des
différentes phases de la recherche ; puis dans un second temps, les
discussions et échanges avec les personnes ressources. Les recherches
documentaires se sont étalées sur toute la période de
l'étude. A cet effet, cette étude documentaire s'est
consacrée aux différentes recherches et thèses ayant
abordé certains aspects de notre thème de recherche bien que
cette littérature soit assez peu fournie. Cette recherche documentaire a
porté sur les rapports des études et autres documents qui
traitent des approches d'appui aux producteurs en général et des
dynamiques du monde paysan en particulier en Afrique de l'ouest et au
Bénin précisément. Nous nous sommes
intéressés aussi aux rapports d'activités des Centres
Régionaux pour la Promotion Agricole (CeRPA), des Centres Communaux pour
la Promotion Agricole (CeCPA) et de la Cellule d'Appui au Développement
du conseil de Gestion (CADG). Les documents des bibliothèques de la
FA/UP, de la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) de
l'Université d'Abomey-Calavi (UAC) ont également
été consultés. Par ailleurs, la documentation
privée de certaines personnes ressources et les sites Internet de la
FAO, l'Inter-Réseau et de l'Afdi (Agriculteurs français et
développement international) ont été exploités. Ces
différentes démarches ont concouru à la formulation de la
problématique et des premières hypothèses de recherche.
Cette phase a permis l'élaboration du cadre théorique et
conceptuel, puis la validation des résultats.
3.2.2. Entretiens
semi-structurés
Les entretiens semi-structurés ont été
réalisés sur la base de deux guides d'entretien, à
différents niveaux. Ces guides ont été
élaborés avec pour fonction essentielle de lister les
éléments à aborder de façon à obtenir une
certaine homogénéité dans les informations
recueillies ; mais, la discussion restait ouverte afin de conserver la
souplesse nécessaire à ce type d'enquête. L'essentiel des
informations recueillies est d'ordre qualitatif mais, certaines informations
quantitatives ont pu être dégagées.
· Le guide d'entretien
producteur
Les grandes lignes du guide se rapportent aux
éléments d'identification du producteur. Ce guide permet de
connaitre les activités menées par les producteurs dans leur
exploitation. Ensuite, il permet de comprendre les choix effectués par
les producteurs à divers niveaux d'exécution de leurs
activités puis de déceler les rôles joués par
l'accompagnement reçu dans l'opération de ces choix. La
dernière partie permet d'identifier grâce « aux
dires d'acteurs » les effets de ces accompagnements sur
l'exploitation, le ménage et l'environnement externe du producteur.
· Le guide d'entretien `conseiller'
Ce guide, en plus de nous renseigner sur la
présentation du conseiller et sa position dans l'institution d'appui,
nous permet de connaitre les motivations de celui-ci, d'identifier les outils
qu'il utilise dans l'accompagnement des producteurs. En outre ce guide nous
permet de constater le niveau d'implication et de responsabilité du
conseiller dans les activités et les résultats de l'exploitation.
C'est aussi le moyen par lequel nous avons pu identifier les perceptions qu'ont
les conseillers des producteurs et par ricochet comprendre les effets de
l'accompagnement sur les différentes catégories de
producteurs.
Au cours des discussions de groupe, les producteurs ont
été invités à se prononcer de façon
exhaustive, sur des questions posées. Parfois, au cours de ces
entretiens, nous intervenons pour redresser les déviations persistantes
éventuelles ou pour orienter l'interlocuteur sur des aspects qui se sont
révélés pertinents lors de l'enquête standard
auprès des producteurs.
Des entretiens informels ont aussi été
réalisés et nous ont permis de recouper certaines données
collectées. Ces entretiens informels ont été
utilisés pour compléter les discussions avec
les femmes des chefs d'exploitations ;
les élus des OP ; et,
les institutions d'appui.
3.2.3.
Observation
Par cette méthode, nous avons pu, au delà des
vrais acteurs ciblés, en identifier d'autres qui nous ont permis de
collecter des informations surtout qualitatives sur les comportements des
acteurs aussi bien lors des visites d'exploitations, des démonstrations
que des discussions à la maison et sous l'arbre à palabre. C'est
une méthode qui nous a permis aussi de nous assurer de la
fiabilité de certaines informations rien qu'en observant les autres
membres au cours des entretiens aussi bien formels qu'informels.
3.2.4. Données
collectées
Les données collectées tout au long de cette
étude sont surtout des données qualitatives (voir tableau 3,
p.29) mais aussi quantitatives relatives au processus de prise de
décision dans l'exploitation et dans le ménage, aux relations
entre les acteurs, et à l'évolution des pratiques culturales, des
rendements et des superficies emblavées au niveau des exploitations.
La plupart des outils et lieux de collecte de données
ne permettent pas d'appréhender tous les contours du sujet
abordé. C'est en vue d'éviter des biais que nous avons
effectué une triangulation des outils de collecte, des lieux
d'observation et des sources d'informations. Les mêmes informations ont
été donc recherchées ou vérifiées au niveau
de plusieurs sources et avec différents outils. Les informations
retenues provenant de plusieurs sources concordantes, cette technique a
l'avantage de rassurer de la fiabilité et de la
crédibilité des données collectées.
3.3. Echantillonnage
Il s'est fait grâce à la combinaison de deux
méthodes ; dans un premier temps nous avons effectué un
échantillonnage stratifié puis ensuite un sous
échantillonnage par quota.
· Echantillonnage stratifié
Dans le cas de notre étude, un échantillon
représentatif de l'ensemble de la population risque de ne comprendre
qu'un trop petit nombre de personnes appartenant à certaines
catégories (producteurs en CEF), numériquement faibles, mais
importantes pour le problème étudié. Toutefois, ce point
n'est en général pas présenté comme un
problème de choix de la population à interroger, mais de
construction de l'échantillon. En effet, cela revient à
constituer l'échantillon en prenant des taux de sondage
différents selon les catégories considérées (le
taux de sondage est la proportion d'individus faisant partie de
l'échantillon par rapport à la population, ou à la
sous-population, dont ils sont extraits)10(*).Un tel échantillon est dit stratifié,
les catégories en question étant des strates.
L'échantillon total n'est plus représentatif, mais chacun des
sous-échantillons des différentes strates l'est. Dans le cas
d'espèce nous avons la strate des producteurs en CEF et celle des
producteurs en T&V.
Nous avons choisi cette manière de faire parce qu'elle
nous a permis tout d'abord de disposer d'échantillons suffisants pour
pouvoir procéder à des analyses approfondies de chaque strate
séparément, c'est particulièrement le cas puisque l'on a
fait des hypothèses que certains facteurs explicatifs puissent
être différents d'une catégorie à l'autre. Ensuite
cette méthode nous a permis de faire des comparaisons entre groupes.
D'après les données du CeCPA, le nombre
d'exploitation par village est de l'ordre de 280 soit 840 pour les trois
villages avec environ 70 producteurs en CEF correspondant à 8,33% de la
population totale. Nous avons décidé pour le temps imparti
d'entretenir 40 par village soit 14,28% de la population. L'échantillon
total est constitué de 120 producteurs, la taille de
l'échantillon est assez réduite parce que pour avoir
utilisé des méthodes non standardisées comme les
entretiens non structurés et semi-structurés, il est inutile
d'interroger un très grand nombre de producteurs car l'expérience
montre que, pour les thèmes habituellement abordés par ces
méthodes, il est rare qu'on voie apparaitre des informations nouvelles
après le 20ème ou le 30è entretien11(*); ce qui a évidemment
été notre cas.
Un échantillon représentatif de cette population
contiendrait 6 producteurs en CEF et 114 en T&V. Nous avons fait le choix
d'opérer un échantillonnage stratifié contenant 50
producteurs en CEF et 70 en T&V.
· Echantillonnage par quota
Devant l'impossibilité, de disposer d'une base de
sondage satisfaisante et adaptée à notre étude, relative
à la distribution spatiale des deux sous échantillons ci-dessus
constitué nous nous sommes retrouvés contraint à renoncer
aux méthodes aléatoires rigoureuses ; on peut alors
contourner la difficulté par le recours à la méthode dite
d'échantillonnage par quota. Dans son principe, la
méthode des quotas consiste à obtenir une
représentativité suffisante en cherchant à reproduire,
dans l'échantillon, les distributions de certaines variables
importantes, telles qu'elles existent dans la population à
étudier. Ici on s'efforcera de représenter dans le sous
échantillon producteurs en CEF les proportions
alphabétisées ou en français comme elles existent dans la
population. La variable retenue ici est en relation avec les comportements que
l'on veut étudier, tel, l'effet des approches. Les quotas ont
été fixés de telle sorte à corriger les distorsions
dues au fait que certaines catégories sont plus accessibles que
d'autres. En effet la sous-population de producteurs en CEF dans la zone
d'étude est constituée de 70 individus dont 23 seulement
appartiennent à des groupes anciens12(*). Si on prenait l'option de constituer notre sous
échantillon de 50 producteurs en CEF choisis de façon
aléatoire dans la sous population CEF, on pourrait se retrouver avec un
sous échantillon constitué de 47 producteurs CEF alpha + 3
producteurs CEF en français. Pour éviter le risque de n'avoir pas
assez de producteurs pour faire une comparaison intra-groupe, nous avons
fixé un quota de 17 producteurs CEF anciens et 33 producteurs CEF alpha.
Le tableau n°2 présente la synthèse du processus
d'échantillonnage.
Tableau n°2 : Constitution de
l'échantillon.
Critères
Villages
|
Conseil à l'Exploitation agricole Familiale
|
Formation et Visite
|
TOTAL
|
Groupe alpha nouveau
|
Groupe français ancien
|
Tissarou
|
-
|
-
|
40
|
40
|
Sonsoro
|
33
|
-
|
7
|
40
|
Sinawongourou
|
-
|
17
|
23
|
40
|
Total
|
33
|
17
|
70
|
120
|
Source Enquête Kandi 2008.
3.4. Méthodes et
outils d'analyse des données
Conformément à l'option méthodologique et
en fonction du caractère des données collectées au cours
de l'étude, les techniques d'analyse ont privilégié une
approche qualitative. Ainsi, nous avons choisi des techniques comme la
comparaison, les études de cas à travers les histoires de vie,
les citations.
3.5.1. Comparaison
La comparaison est une démarche qualitative
utilisée pour établir la confrontation des objets, des pratiques
ou des approches. Elle permet d'identifier les ressemblances et les
écarts entre les éléments comparés.
La comparaison intègre d'une part, une dimension
relativiste qui met en jeu le niveau de développement relatif aux
éléments mis en comparaison, où l'un est
apprécié par rapport à l'autre et d'autre part, une
dimension normative où chaque élément est vu par rapport
à ce qu'il devrait être (théorie).
Les diverses dimensions présentées
évoquent les niveaux de comparaison des éléments d'abord
entre eux et ensuite par rapport à la théorie. La démarche
utilisée dans cette étude met plus l'accent sur la dimension
normative. Ainsi, au niveau de chaque acteur, nous avons fait une analyse de
leurs fonctions ou de leurs pratiques, ce qui nous a permis d'établir
des écarts par rapport aux théories. La comparaison, telle que
utilisée ici, vise à faire ressortir la différence entre
les approches ou les pratiques des divers acteurs et les normes
prévues.
3.5.2. Histoires de vie
Les histoires de vie nous permettent de retracer les diverses
trajectoires des acteurs mais aussi, elles nous permettent d'approfondir
certains aspects importants que ne nous révèlent pas les
enquêtes formelles. Ainsi, à travers des histoires de vie, nous
avons pu détecter, les motivations réelles des divers acteurs et
leurs perceptions. De ces histoires, nous avons fait une lecture des diverses
transformations qui sont intervenues au niveau des enquêtés.
3.5.3. Analyse du discours des
acteurs
Le discours, séquence orale ou écrite, produite
par un locuteur donné dans une situation de communication
précise13(*). Le
terme discours étant sans doute l'un des plus polysémiques qui
soit, cette définition, quoique applicable aux principales acceptions
habituellement reconnues, ne peut que rester abstraite.
Pour les sociologues, les acteurs dont on sollicite le
discours par entretien sont des témoins qui livrent des traces et des
indices des phénomènes sociaux dont ils sont partie
prenante il y a généralement alors recoupement de ce qui
dans tout entretien et quel que soit le climat de confiance ou les
qualités d'écoute de l'enquêteur, on peut
généralement identifier plusieurs des ordres de contraintes
auxquels est soumis le discours de l'enquêté. (Oger et
Ollivier-Yaniv, 2003).
L'analyse du discours s'utilise dans plusieurs disciplines,
principalement en science du langage, en psychologie et en sociologie. Dans
cette étude, l'analyse du discours sera utilisée telle que
présentée par Leimdorfer (1999) faisant référence
à la notion sociologique de « situation ». Elle
permettra, au delà de la perspective d'acteur, d'analyser le contenu des
entretiens en tenant compte du contexte des entretiens et de la signification
des pratiques, du rapport entre le discours et la réalité des
faits.
3.6. Limites de la
recherche
Cette étude présente bien des limites qu'il
convient de reconnaître humblement. Compte tenu du temps imparti, nous
n'avons pas pu cerner tous les référentiels paysans dans leur
prise de décision. Cette même raison nous a empêché
de nous intéresser à d'autres communes pilotes du CEF et à
une catégorie particulière d'acteurs auxquels nous aurions pu, si
les moyens et le temps le permettaient, accorder beaucoup plus d'importance que
des entretiens informels.
Pour la seule commune à laquelle nous nous sommes
intéressé, la période de déroulement de
l'enquête a coïncidé avec les phases d'intenses
activités agricoles. Au cours de cette période les producteurs
ont rejoint leurs fermes à plusieurs kilomètres des villages
d'étude, fermes dans lesquelles nous avons quelques fois
été amenés à passer la nuit. La saison de pluie au
cours de cette période a été aussi un facteur aggravant de
la situation ci-dessus décrite à cause des pistes rurales
devenues impraticables. Il a donc été pratiquement impossible de
regrouper les producteurs en dehors des jours de marché.
Dans le souci de comprendre le fonctionnement des
systèmes de production, à travers les décisions prises et
les conséquences de celle-ci, nous avons dû accorder
priorité aux données qualitatives de peur de manquer de
données fiables pouvant nous permettre de procéder à des
comparaisons de grandeurs statistiques.
Le milieu d'étude ne permet pas de différencier
nettement les effets de l'une ou l'autre des approches en ce sens que les
producteurs en CEF sont le résultat d'une hybridation entre le
système F&V et le CEF. Cela parce que tous les villages de la zone
d'étude sont toujours sous influence du système F&V.
Tableau n°3 : Mode
opératoire.
Objectifs
|
Hypothèses
|
Données à collecter
|
Outils de collecte
|
Unité de recherche
|
Outils d'analyse
|
O1 identifier le rôle
et la place des producteurs dans chaque approche
|
H1 la démarche du CEF
place le producteur/ exploitant au centre de ses activités
|
Comment les conseillers sont impliqués dans les
décisions prises par les producteurs et les raisons de ces
décisions depuis la formulation des objectifs, le choix des
activités, leur mise en exécution, le suivi, la récolte,
le stockage et la commercialisation
|
Entretien semi-structuré avec utilisation de guides
d'entretien pour producteurs et conseillers
|
Les ménages, les producteurs, les conseillers et
vulgarisateurs
|
-analyse comparative
- Graphique
-analyse des décisions
-analyse du comportement
-calcul de fréquences avec EXCEL 2007
|
O2 analyser les interactions
entre les producteurs et les conseillers/ vulgarisa- teurs
|
H2 les producteurs sont
considérés comme des partenaires plutôt comme des
consommateurs passifs dans l'approche CEF
|
Données théoriques sur les fondements, les
outils et méthodes dans chaque approche
|
Entretien semi-structuré avec utilisation de guide
d'entretiens producteurs, conseiller et institution,
-discussions de groupe
|
Les ménages, les producteurs, les conseillers et
vulgarisateurs, Services de vulgarisation CeCPA, CADG
|
-Perception des producteurs
-description comparative avec pour base une dimension
relativiste
-analyse du comportement des acteurs
-analyse du discours des acteurs
|
O3 présenter les
effets des différentes approches sur les producteurs et leurs
ménages
|
H3 la démarche CEF produit
des effets plus durables dans le temps
|
Quels sont les nouveaux comportements des producteurs dans
leurs exploitations, au niveau de leurs ménages et dans leurs
organisations
|
-Entretien semi-structuré
-Discussions de
groupe
|
Les conseillers et vulgarisateurs, les ménages et
producteurs, les organisations des producteurs
|
- Commentaire
des données
- description
comparative
- graphique
-repérage historique,
- analyse anthropologique et analyse du discours des acteurs
-calcul de fréquences avec EXCEL 2007
|
Source Enquête Kandi 2008.
4. DÉCISIONS DES
PRODUCTEURS DANS CHACUNE DES APPROCHES D'ACCOMPAGNEMENT
Dans ce chapitre, nous montrons la place et le rôle du
producteur afin de savoir si celui-ci est au centre des décisions dans
son exploitation ou non dans l'une ou l'autre des deux approches. Le fil
conducteur de ce chapitre sera donc les différentes activités
menées par les producteurs dans leurs exploitations. Cela va du choix
des activités à mener jusqu'à la commercialisation. Il
s'agira alors de voir depuis la formulation des objectifs, le choix des
activités, leur mise en exécution, le suivi, la récolte,
le stockage et la commercialisation l'implication des conseillers dans les
décisions prises et les causes de ces décisions.
Dans le souci d'éviter la confusion entre les
appellations des conseillers, nous appelons conseiller le conseiller CEF et
encadreur le conseiller en production végétale (CPV) dans le
système T&V. Nous utilisons ainsi les appellations des producteurs
afin de les différencier car comme nous le rappelle NOUATIN (2003),
le terme encadrement qui signifie action d'entourer et d'orner d'un cadre
limite, permet de se rendre compte de la compréhension que les acteurs
ont de la fonction de vulgarisation. De même, Selon TOSSOU (1996, 33
cité par NOUATIN 2003), « les agents de base qui
étaient connus sous l'appellation d'encadreurs ou de chef centre avec
les sociétés d'intervention sont devenus Agents de Vulgarisation
Agricole (AVA) avec la création des CARDER. Par la suite avec le Projet
de Restructuration des Services Agricoles (PRSA) au Bénin, on utilise
actuellement l'appellation d'Agent Polyvalent de Vulgarisation
(APV) ». Mais avec la nouvelle réforme
opérée en mai 2004 par Décret n°2004-301 transformant
les CARDER en Centres Régionaux pour la Promotion Agricole (CeRPA) avec
pour niveau opérationnel, les Centres Communaux de Promotion Agricole
(CeCPA), les APV sont devenus des conseillers avec des nouvelles feuilles de
route. Toujours est-il que les changements officiels de terminologie n'ont pas
cours au niveau des agriculteurs, pour qui, les agents de vulgarisation au
service de l'Etat sont toujours des encadreurs. J'en veux pour preuve
l'inexistence d'un mot dans les langues locales désignant le terme
encadreur et le fait que tous les producteurs enquêtés l'appellent
ainsi. De même les producteurs en CEF aussi appellent les CPV
« encadreurs » mais ils appellent tous le conseiller CEF
« conseiller ».
4.1. Formulation des
objectifs
Pour tous les producteurs enquêtés, c'est
l'activité agricole qui doit permettre de satisfaire la couverture des
besoins alimentaires et monétaires. Les objectifs qu'ils se fixent
sont la réfection ou la construction de leur habitat, l'achat
d'une charrue ou d'une bête, couvrir les frais des
cérémonies (mariage, baptême, etc.), l'acquisition d'un
moyen de déplacement (moto, vélo, etc.). Le tableau n°4
montre le pourcentage de producteurs ayant évoqué chacun des
objectifs énumérés.
Tableau n°4 : Pourcentage de
producteurs suivant chaque objectif.
objectifs
|
Réfection ou construction d'habitat
|
Achat d'une charrue ou d'une bête
|
Acquisition d'une moto ou d'un vélo
|
Cérémonies
|
Sécurité alimentaire
|
Producteurs CEF
|
44
|
80
|
24
|
50
|
90
|
Producteurs T&V
|
85,7
|
35,7
|
71,4
|
60
|
10
|
Source Enquête Kandi 2008.
La formulation des objectifs est faite différemment
selon qu'on soit producteur en CEF ou en T&V. Pour les producteurs en
T&V, la formulation d'objectifs pour la plupart d'entre eux n'est pas utile
en raison de l'incertitude qu'il y a quant à la production agricole. On
entend souvent « ce n'est que lorsque j'aurai
récolté ou que j'aurai vendu mes produits que je verrai ce que je
ferai de l'argent ; pour le moment, il y a d'autres problèmes
à résoudre ». Avec beaucoup plus d'insistance, on
finit par dégager les objectifs et la formulation de ceux-ci.
Malheureusement aucun des producteurs en T&V ne consulte l'encadreur pour
formuler ses objectifs d'autant plus qu'ils improvisent. Néanmoins la
tendance générale est la satisfaction des besoins relatifs
à leur habitat 85,7% ou à celui de leurs enfants, vient en
deuxième position l'acquisition d'une moto 71,4% ou la
réalisation d'une cérémonie 60% puis enfin l'achat d'un
équipement agricole ou d'une paire de bêtes 35%. L'objectif
d'assurer la sécurité alimentaire du ménage est rarement
exposé 10% ; ceci parce que les paysans disent que s'ils cultivent
c'est avant tout pour nourrir leurs familles et bien qu'ils disent qu'ils sont
pour la plupart en rupture d'aliments, tous les ans, ils ne le classent pas
parmi les objectifs prioritaires. On note alors dans ce groupe, des
difficultés d'établir des prévisions et par
conséquent la non formulation d'objectifs clairs concernant leur avenir
et celui de leur exploitation. Bien évidemment comme facteur important
dans la difficulté de la formulation des objectifs entre en ligne de
compte l'incertitude quant à la consommation situation
imposée par la précarité reposant sur une
solidarité mutuelle.
En ce qui concerne les producteurs en CEF, la formulation des
objectifs est le point de départ et la base de toutes les
activités de l'exploitation. Ils sont pour la plupart du temps
clairement énoncés dans leur plan de campagne et
présentés au conseiller. Pour ce qui est de la méthode
choisie par cette catégorie de producteur, l'un des premiers objectifs
cités est d'assurer la sécurité alimentaire de la famille
(90%). Cela passe d'abord par l'identification des besoins alimentaires qui est
faite grâce à l'analyse des cahiers de stock des années
précédentes. Nous reviendrons plus en détail sur cet
outil. Le second objectif le plus fréquemment présenté est
l'achat d'un équipement agricole (80%), soit une nouvelle charrue, soit
une nouvelle paire de boeufs. Viennent en dernière position
l'organisation d'un mariage (50%), la réfection de son habitat (44%) et
l'achat d'une moto (24%).
4.2. Choix des
activités à mener au sein de l'exploitation
4.2.1.
Choix des spéculations
L'un des éléments déterminants dans la
vie des producteurs est le choix des spéculations à mettre en
place. C'est une opération qui est très souvent
conditionnée par bon nombre de facteurs externes à
l'exploitation. Pour les enquêtés, ce sont les besoins de
trésorerie et ceux alimentaires qui justifient en grande partie les
choix opérés dans le cas de cette étude. Le tableau
suivant montre la fréquence des rangs de chacune des spéculations
dans chaque catégorie.
Tableau n°5 : Choix des
spéculations.
Spéculations
|
Producteurs en CEF
|
1ère spéculation
|
2ème spéculation
|
3ème spéculation
|
4ème spéculation
|
Coton
|
80
|
10
|
0
|
0
|
Sorgho
|
8
|
16
|
56
|
34
|
Maïs
|
10
|
70
|
6
|
0
|
Riz
|
2
|
4
|
38
|
66
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Spéculations
|
Producteurs en T&V
|
1ère spéculation
|
2ème spéculation
|
3ème spéculation
|
4ème spéculation
|
Coton
|
75,7
|
24,3
|
0
|
0
|
Sorgho
Maïs
Riz
|
71
14,3
2,9
|
24,3
40
11,4
|
52,9
10
37,1
|
25,7
0
74,3
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
100
|
Source Données d'enquête Kandi
2008.
Plusieurs producteurs enquêtés choisissent le
coton comme spéculation de base (80% producteurs CEF et 75,7%
producteurs T&V). Pour les producteurs en formation et visite, cela
pourrait paraître comme une spéculation forcée s'illustrant
au dernier maillon du cycle d'endettement du producteur. Pour beaucoup parmi
eux, le choix de cette culture permet d'obtenir des intrants qui peuvent
être échangés en partie contre de l'argent liquide. Pour
les producteurs en CEF, c'est un moyen de disposer de la trésorerie et
aussi d'éponger certaines dettes, semble-t-il. Dans l'un ou l'autre des
cas, le choix du coton reste et demeure une contrainte pour toutes les
catégories de producteurs.
Quant au maïs, c'est la 2ème
spéculation qui pour cette campagne, et ce probablement à cause
de la crise alimentaire actuelle revêt la plus grande importance. Pour
les premiers (T&V, 40%) elle est source de sécurisation alimentaire
et pour les autres (CEF, 70%) en plus de la sécurisation alimentaire,
est aussi source potentielle de revenu monétaire (trésorerie).
Précisons que le maïs est une spéculation qui répond
bien aux intrants.
La troisième spéculation la plus présente
dans les systèmes de cultures dans la zone d'étude est le sorgho
(56% CEF et 52,9% T&V). Celle-ci est tout aussi bien cultivée par
les paysans en T&V que ceux en CEF chez qui elle est le plus souvent
substituée par l'arachide, le soja, ou les cultures
maraîchères. Cette spéculation apparaît dans les
choix parfois comme sans logique en ce sens qu'elle donne un faible rendement,
se vend très peu et à bas prix. Son seul grand atout et
apparemment le plus important aux yeux des producteurs est qu'il leur assure
une rente alimentaire (sert de base aux aliments) avec le minimum d'intrant et
le maximum d'aléas et de risques.
La 4e spéculation (66% CEF et 74,3% T&V)
qui est le riz est le plus souvent pratiquée par les femmes et bien que
comportant des opérations harassantes, constitue aussi une source de
revenus en période de soudure.
Il nous a été malheureusement impossible
d'identifier les facteurs réels qui motivent le choix de telle ou telle
autre spéculation, mais dans tous les cas ce choix n'a aucun lien avec
les `'encadreurs'' ou les `'conseillers''.
4.2.2. Définition des
surfaces céréalières
La définition des surfaces des différentes
spéculations et surtout celles céréalières
revêt une grande importance. En effet, les producteurs africains sont
confrontés à beaucoup plus de contraintes que
d'opportunités. C'est en réponse à ces différentes
contraintes que les différentes soles sont définies.
Le tableau suivant nous permet de voir les facteurs
évoqués qui entrent en jeu dans la définition des surfaces
céréalières.
Tableau n°6 : Facteurs
influençant la définition des surfaces
céréalières.
Facteurs en pourcentage
|
Catégories
|
Disponibilité des semences
|
Liquidité financière
|
Crise alimentaire passée
|
Objectifs du plan de campagne
|
Besoins céréaliers
|
Producteurs en CEF
|
32
|
60
|
40
|
80
|
50
|
Producteurs en T&V
|
45,7
|
80
|
50
|
31,4
|
10
|
Source : Données d'enquête Kandi
2008.
4.2.2.1. Chez les producteurs en T&V
La disponibilité des semences en coton surtout durant
cette campagne ci est un facteur important cité comme intervenant dans
la définition des surfaces céréalières. En effet,
durant cette campagne, les producteurs ne disposaient pas suffisamment de
semences au point où les semences de coton qui devraient être
gratuites sont devenues l'objet de spéculations et sont devenues objet
de vente. Le manque de liquidité (dans 80% des cas) pour certains
travaux comme le labour en début de campagne est le facteur le plus
important qui détermine les surfaces allouées aux
céréales. Une augmentation de la taille de la famille et une
mauvaise estimation des nouveaux besoins alimentaires peuvent expliquer la
définition des surfaces. Mais en face des besoins de trésorerie,
pour atteindre des objectifs tels la réfection de l'habitat, le
remboursement de certaines dettes, l'organisation de mariage,
de baptême et de payement de scolarité des enfants les
cultures de rentes constituent le dernier recours, notamment le coton.
« Rien qu'avec la culture du coton que je suis
arrivé à avoir 550000 FCFA cash la campagne passée, cela
m'a permis d'éponger les dettes des manoeuvres que j'ai engagés,
de réfectionner la chambre de mon fils ainé puis d'acheter une
nouvelle moto »
Ne perdons pas de vue que derrière ce compromis
permanent entre les cultures céréalières et celles de
rente se cachent quelque fois des contraintes foncières.
Mais à tout cela s'ajoute parfois le recul causé
par les événements subits tels que la crise alimentaire de la
campagne passée (évoquée par 50% des producteurs)
où le prix du sac de mais est allé au-delà de 30.000 FCFA
et celui de sorgho de 25.000 FCFA. Toujours pour respecter les compromis
sus-cités, le prix du coton graine, spéculation de rente est lui
aussi passé cette campagne ci, de 160 FCFA /Kg à 190 FCFA /Kg.
C'est donc cet ensemble de facteurs qui ont conduit à
la définition des surfaces tant pour les cultures de rentes que celles
céréalières. Malheureusement il n'est pas de raisonnement
type ayant conduit à cette définition pour les producteurs
T&V. Là encore les encadreurs ne jouent pas un grand rôle et
il est difficile de voir l'aide qu'ils apportent au producteur.
4.2.2.2. Chez les producteurs en CEF
La seule et grande différence au niveau des producteurs
en CEF est que ces derniers arrivent à estimer correctement les besoins
céréaliers (évoqués par 80% des producteurs CEF
comme facteur intervenant dans la définition des surfaces
céréalières) de leur famille grâce à un
certain nombre d'outils qui leur sont proposés par les conseillers comme
le cahier de stock. Ce cahier permet au producteur d'avoir la quantité
totale de produits vivriers consommée au cours de l'année et de
savoir avec des majorations faites, le quota de surfaces à allouer aux
céréales pour assurer la sécurité alimentaire de sa
famille. Le reste des surfaces sert aux cultures de rente et à la
culture du riz. Pour la réalisation des objectifs cités, les
producteurs sont confrontés à des contraintes financières
et/ou foncières. Ils sont alors aidés par le conseiller qui
trouve les surfaces optimales leur permettant de réduire les risques de
pénurie alimentaire tout en obtenant un peu de trésorerie. A cela
peuvent répondre plusieurs scénarios parmi lesquels les
producteurs choisissent parfois de se lancer dans la culture de rente plus que
ne leur permettent leurs calculs. La raison est qu'ils ont des dettes à
éponger, une cérémonie à organiser leur
créant un besoin de trésorerie supplémentaire.
Deux grandes différences sont alors à noter
ici
· Le producteur identifie les besoins et décide
des quotas de surface à répartir
· Le conseiller intervient dans l'identification des
besoins à travers le suivi des cahiers de stock sans être
celui qui décide.
4.3. Planification des
activités de l'exploitation
4.3.1. Cas
des producteurs en T&V
Les analyses faites sur les deux premières parties
à savoir les objectifs visés et le choix des spéculations
nous en disent déjà long sur la planification des
activités faites par les producteurs en T&V.
Une bonne planification nécessite la définition
claire d'objectifs et des moyens permettant d'atteindre ces objectifs. Mais si,
comme cela est le cas, les objectifs en début de campagne ne sont pas
clairement définis en raison de la difficulté d'une
identification des besoins et d'une vision au jour le jour, il serait
très difficile de réaliser une planification des
activités. Ainsi la détermination de la période de semis
est quasi impossible chez cette catégorie de producteurs pour qui la
date de semis relève des compétences de l'encadreur pour les
cultures de rente et de la faveur des pluies pour les autres cultures. Chez les
producteurs en T&V, les quantités de semence nécessaire ne
sont mal estimées et aucune des opérations culturales n'est
planifiée. Les surfaces céréalières ne sont pas
définies à l'avance. Elles varient progressivement en fonction du
climat, de la disponibilité en main d'oeuvre et en intrant. Il est donc
malheureusement quasi impossible de prévoir la main d'oeuvre qui sera
nécessaire à l'exécution des opérations culturales.
J'en veux pour preuve, les propos suivants tenus par un producteur pour
justifier le fait qu'il ne planifie pas ses activités de façon
rigoureuse
« Si je dis je vais semer dans une semaine par
exemple, avant cette date je ne trouve pas de bête pour préparer
le sol, ensuite par exemple il ne pleut pas, ou encore comme je suis malade ou
l`un de mes enfants l'est, c'est à cause de ces différents
éléments qui arrivent chaque fois qu'on attend quand les
conditions sont favorables pour effectuer nos
activités »
Ce genre de raisonnement caractérise les producteurs en
T&V. Finalement ce n'est pas que ces producteurs ne font pas de la
planification, bien au contraire ils tiennent compte des
évènements aléatoires. Cette souplesse de la planification
est donc due à ce que j'appelle « la planification de
l'aléatoire ». Cette planification de l'aléatoire
consiste à tenir compte des événements aléatoires
pour justifier le fait de ne pas planifier.
Il est alors évident que les décisions prises
par ces producteurs le sont au jour le jour. Il s'agit là de
décisions presque toujours tactiques qui correspondent
à des ajustements de plan tout au long de la campagne, en s'adaptant
à tel ou tel autre événement aléatoire. La
finalité est qu'il n'y a plus de plan et que le producteur se contente
des dires de l'encadreur relatifs aux dates et aux doses.
Par contre, pour ce qui est de la quantité d'intrants
chimiques nécessaires et de pesticides, les quantités
nécessaires sont estimées par ces producteurs pour qu'elles
soient communiquées aux secrétaires des Groupements Villageois.
Beaucoup de producteurs se plaignent que leurs estimations sont revues à
la baisse. Donc pour avoir les quantités voulues ils font une
surestimation de leurs besoins.
« Si tu mets les quantités exactes dont
tu as besoin, cela paraît petit et quand les intrants ne suffisent pas,
les secrétaires diminuent ce que tu espères. C'est pour cela que
nous ne mettons pas les quantités exactes. »
Est- ce la vraie raison de cette manoeuvre, nous ne saurions
nous prononcer ; mais une fois encore, ces producteurs manquent de
crédibilité dans la planification de leurs besoins et
activités. Quant aux dates d'applications de ces intrants, elles sont
déterminées par l'encadreur. Mais les superficies
emblavées sont aussi parfois fonctions de la quantité d'intrants
disponibles, ce qui est tout à fait contraire à la logique du
planificateur.
« Si je trouve les quantités d'engrais et de
pesticide demandées je vais peut-être augmenter ma superficie de
maïs, mais pour le moment je ne sais pas encore»
Nous avons pu constater qu'aucun outil et qu'aucune condition
favorable ne pourrait permettre à un producteur en
T&V de faire une planification acceptable de ses activités. De
même il reste dépendant de l'encadreur et de la
nature en ce qui concerne les dates des différentes opérations
culturales. Ses capacités et son pouvoir de planification sont faibles
ce qui le conduit à un modèle d'actions dynamiques par des
décisions tactiques prises au jour le jour.
4.3.2. Cas des producteurs en
CEF
Pour tous les producteurs CEF, il est indispensable de faire
une planification des activités. Mais en réalité, 76% de
ces producteurs font une planification de leurs activités. Cette
planification est faite à l'aide d'un outil d'aide à la
décision qu'est le plan de campagne. Les 24% restants, les plus anciens
prétendent faire cette planification mais en tête. Ce plan
renferme les objectifs définis précédemment et le
programme des activités à exécuter ainsi que leur
coût. Il permet, grâce à un certain nombre d'outils de
suivis de l'exploitation de la campagne passée, de prévoir les
dépenses, les besoins en travail, les résultats souhaités
pour les campagnes futures. Ces prévisions sont fonctions des
hypothèses élaborées par la famille, relatives aux
cultures à retenir, aux rendements espérés, aux
assolements et aux niveaux d'intrants adaptés aux cultures retenues,
à la fertilité des sols et aux ressources en trésorerie.
Cet outil est mis au point par l'exploitant lui même avec ou sans l'appui
du conseiller.
« Quand j'ai débuté avec le conseil de
gestion en 2003, j'ai surtout appris à prévoir. J'avais pour
objectif d'augmenter ma superficie emblavée cette campagne là
parce que j'avais des terres non cultivées. Malheureusement je n'avais
ni la charrue ni les bêtes ; j'ai donc mis l'achat de ma
première bête comme objectif dans mon plan de campagne en 2004, en
2005 j'ai fait pareil, en 2006 j'ai mis l'achat d'une charrue, la campagne
passée j'ai augmenté ma superficie de coton de 2 ha et celle de
maïs d'un ha. Mon souhait de 2003 je l'ai atteint en
2007 »
Ici encore, c'est le producteur qui fait sa planification
grâce aux outils que lui apporte le conseiller CEF et avec son appui.
Cette planification lui permet de prendre des décisions
stratégiques pour la trajectoire qu'il veut donner à son
exploitation.
4.4. Conduite des
activités de l'exploitation
4.4.1.
Exécution des tâches de l'exploitation
C'est à ce stade qu'on peut évaluer le niveau
d'applicabilité par les producteurs des nouvelles techniques qui leur
sont proposées. L'exécution des tâches de l'exploitation
relève de la responsabilité du chef d'exploitation qui, en tant
qu'entrepreneur, mobilise les moyens humains (main d'oeuvre familiale ou
salariée) et matériels (charrue, charrette, etc.)
nécessaires.
4.4.1.1. Exécution des tâches de
l'exploitation chez les producteurs en T&V
Toute la famille du producteur est impliquée dans cette
exécution. La réussite dans l'espace et dans le temps
dépend de comment le chef de famille ou d'exploitation déploie sa
main-d'oeuvre familiale et/ou salariée. Certaines tâches sont
exclusivement réalisées par les membres de la famille comme par
exemple, le semis, l'amendement organique / fumure minérale, les
traitements phytosanitaires, la récolte des céréales.
Quant au sarclage, pour être exécuté à bonne date,
il nécessite souvent une main-d'oeuvre salariée comme pour la
récolte du coton.
La situation familiale (présentée dans le
tableau n°7) revêt donc une importance capitale ici en ce sens que
si l'on exclut certains éléments intrinsèques liés
au chef d'exploitation c'est elle qui sous-tend la
cohérence des actes des producteurs dans le choix
d'itinéraires techniques (combinaison logique et ordonnée de
techniques qui permettent de contrôler le milieu et d'en tirer une
production ordonnée)14(*). La situation familiale étant toujours
différente d'une famille à l'autre il devrait leur être
proposé différents itinéraires techniques par les
encadreurs. Mais le message technique est le même ; on
préconise toujours le labour à plat, suivi du semis au cordeau
(en ligne), l'enfouissement de l'engrais dans le sol et le respect des dates de
traitement, etc.
Tableau
n°7 : Présentation de la situation de
famille.
Contraintes
|
Insuffisance de main d'oeuvre en%
|
Insuffisance de ressources financières en %
|
Producteurs en CEF
|
80
|
60
|
Producteurs en T&V
|
67,1
|
77,1
|
Source Données d'enquête Kandi
2008.
La situation familiale généralement
caractérisée par l'insuffisance de main-d'oeuvre (67,1% des
producteurs en T&V) ou de ressources financières (77,1%) fait que
les producteurs sont incapables d'appliquer les recettes de l'encadreur bien
que celui-ci soit convaincu parfois que c'est le mieux pour son exploitation. A
cette situation s'ajoutent également les incertitudes liées aux
aléas climatiques et le fait que les objectifs du producteur ici ne sont
pas centrés sur le profit maximum. Il en résulte chez le
producteur l'opération de choix uniquement tactiques au moment de la
réalisation des opérations culturales prévues, choix qui
découlent de l'analyse immédiate de la situation. Par exemple
voici le raisonnement d'un producteur
« Je ne peux pas prévoir les dates de
semis et de sarclage puisque c'est la nature qui décide, si je me
réveille le matin et je constate qu'il y a eu une pluie je saurai quoi
faire durant cette journée ».
Cette évolution dynamique de choix tactiques
résultant de l'analyse immédiate de la situation échappe
aux encadreurs. Ceux-ci pensent que la situation s'impose au producteur parce
qu'il ne veut pas appliquer leurs « messages miracles ».
Soulignons ici que les « messages miracles » sont bien
théoriquement pour l'exploitation mais pas pour l'exploitation
familiale. Les encadreurs ont donc tendance à ne pas considérer
les contraintes familiales dans l'administration de leur « potion
magique ».
A ce niveau, tout porte à croire que les encadreurs
auraient voulu que le rôle de l'exploitant se réduise à
celui d'agent d'exécution ; il n'est donc pas
considéré comme étant celui qui doit, en fonction de sa
situation de famille, faire des choix raisonnés parfois contradictoires
à la logique du maximum de profit, mais toujours cohérent avec le
souci permanent de diminuer les risques.
4.4.1.2. Exécution des tâches de
l'exploitation chez les producteurs en CEF
Il est évident que les notions soulevées plus
haut s'appliquent aussi au producteur en CEF. Il n'y a pas de différence
entre les deux groupes. Ils sont tous soumis aux mêmes aléas
climatiques, leur situation de famille les handicape soit financièrement
(60% des cas) soit en main-d'oeuvre (dans 80% des cas) ou parfois les deux, et
ils opèrent aussi des choix tactiques.
La différence fondamentale se situe au niveau de
l'accompagnement. Le CEF offre beaucoup d'outils qui permettent au producteur
de prendre conscience de sa situation de famille. Ici, le conseiller
connaît la situation de famille du producteur, néanmoins le
producteur opère son choix parmi les différentes techniques en
tenant compte de ses objectifs précités (connus par le
conseiller), des moyens dont il dispose et des aléas climatiques. Ici le
conseiller considère que seule une bonne connaissance de sa situation de
famille peut permettre au producteur de prendre des décisions
adéquates. Il n'y a donc plus de « solution
miracle ».
Le constat est que les producteurs CEF adoptent beaucoup plus
les messages techniques des encadreurs que les producteurs T&V. Cet
état de chose est dû à une meilleure connaissance de la
situation de famille qui permet de faire de meilleures prévisions et
amène parfois à un changement de système cultural. (Nous y
reviendrons plus amplement dans le chapitre 6).
Le producteur CEF n'est donc pas considéré comme
un agent d'exécution de messages miracles. Il dispose d'outils qui lui
permettent d'appréhender sa situation, et ensemble avec le conseiller,
de trouver des solutions techniques et organisationnelles adaptées
à sa situation.
4.4.2. Suivi de la mise en
oeuvre des activités de l'exploitation
4.4.2.1. Producteurs et encadreurs
en T&V
A la question suivante `'Comment les producteurs
suivent-ils la mise en oeuvre de leurs activités agricoles ?'', la
réponse est qu'on s'inspire du calendrier agricole. Le calendrier
agricole est mis au point par les structures déconcentrées des
CeRPA. C'est sur la base de ce calendrier agricole donnant priorité au
coton et au maïs que les encadreurs peuvent suivre les activités
des producteurs. Le paradoxe ici est que seulement 20% de l'effectif des
producteurs en T&V de l'échantillon arrive à respecter les
prescriptions du calendrier. La majorité, les 80% quant
à elle n'a presque jamais comme objectif d'atteindre les performances
maximales de production. Pour cette raison elle ne se contraint pas au strict
respect des dates de sarclage, de fumure etc. Cette majorité constate
des anomalies telles que l'envahissement de champ de maïs ou de sorgho par
les mauvaises herbes et le retard dans le traitement d'un champ de coton. Dans
cette situation ces producteurs préfèrent faire d'abord le
traitement, puis ensuite reviennent sur le sarclage des céréales
parce qu'ils estiment avoir déjà trop investi dans le coton et en
attendent beaucoup pour ne pas s'en occuper.
« Quant aux céréales de toutes les
manières on trouvera toujours quelque chose à récolter et
dans les moments durs de pénurie nous nous soutenons pour joindre les
deux bouts. »
Le suivi de l'évolution des activités de
l'exploitation ne se fait donc pas en se fixant des objectifs ni en fonction
d'une périodicité, ni de respect des itinéraires
techniques. Ainsi, il est très rare que s'effectuent des
réajustements dans la mesure où la majorité des
décisions souvent d'ordre tactique sont prises au jour le jour.
Toujours est-il que le producteur ne dispose pas d'outils lui
permettant de suivre l'évolution des paramètres de son
exploitation tels que la main-d'oeuvre, les temps des travaux mis en oeuvre, et
les moyens. Il a une perception personnelle de sa situation et les indicateurs
de suivi de l'exploitation varient d'un chef d'exploitation à l'autre.
Il peut s'agir de la taille des feuilles, de leur couleur, leur morphologie et
dès qu'une anomalie est constatée, les producteurs ont recours
à l'encadreur.
Pour les encadreurs enquêtés, le suivi est la
chose la plus simple à faire. Elle concerne notamment la visite
d'exploitation où l'encadreur fait des constats sur l'état
d'entretien du champ et les dates de traitement. Les prescriptions sont
données par rapport aux écarts constatés entre les
démonstrations faites, les techniques et les dates
préconisées. Un autre objectif des encadreurs durant le suivi est
de collecter les informations relatives à l'exploitation afin de
rédiger le rapport d'activité. Très peu de producteurs
bénéficient d'un suivi réel des activités de leurs
exploitations. La minorité qui est suivie l'est exclusivement dans le
cadre de la production du coton. Puisque aucun objectif n'était
défini en commun c'est l'encadreur qui sait les éléments
qu'il vient suivre dans l'exploitation du producteur.
4.4.2.2. Producteurs et conseillers en CEF
Les producteurs en CEF disposent de plusieurs outils leur
permettant de suivre l'évolution des activités dans leurs
exploitations. Bien entendu, ce ne sont pas les outils qui sont importants mais
les analyses qu'ils permettent de faire. Ainsi, nous avons pu recenser quatre
différents outils qui interviennent dans le suivi des activités
de l'exploitation agricole familiale : le journal de caisse, la fiche de
stock, le cahier d'utilisation de la main d'oeuvre/intrants et la fiche de
conduite des cultures. Le tableau n°8 présente le pourcentage
d'utilisation de ces différents outils.
Tableau n°8 : Pourcentage de
producteurs CEF utilisant les outils de suivi.
Outils
|
Journal de caisse
|
Fiche de stock
|
Cahier d'utilisation de la main d'oeuvre
|
Fiche de conduite des cultures
|
pourcentage de producteurs l'utilisant
|
60
|
50
|
10
|
20
|
Source Données d'enquête Kandi
2008.
· Le journal de caisse cet outil est rempli
par 60% des producteurs CEF enquêtés. C'est un outil de suivi de
la trésorerie du ménage, il permet au producteur de suivre les
entrées et les sorties d'argent, les achats et les ventes relatifs aussi
bien à l'exploitation qu'au ménage. Le chef d'exploitation doit
aussi y noter les dons qu'il a reçus ou effectués. C'est un outil
qui est rempli tous les jours par le producteur (voir exemplaire en
annexe). Il permet à l'exploitant de tirer le solde journalier de
sa trésorerie afin de connaitre ses capacités financières.
Cet outil est effectivement rempli par les nouveaux adhérents en CEF
alpha et surtout par les femmes qui effectuent le petit commerce. Quant
aux producteurs CEF français, très peu d'entre eux
continuent à remplir ce document parce que trop contraignant. Ceux-ci
sont tout de même conscients des effets issus de l'analyse des
synthèses effectuées grâce à cet outil avec l'aide
des conseillers, effets sur lesquels nous reviendrons dans le chapitre 6 plus
amplement. Il permet au producteur de savoir si les estimations
effectuées dans son plan de campagne sont réalisables à un
moment donné de l'exécution de ses activités ; si non
il prend des dispositions pour revoir à la baisse soit les superficies
à emblaver, soit la main-d'oeuvre à utiliser.
· La fiche de stock 50% des producteurs en
CEF remplissent régulièrement cet outil, cette fiche permet
à l'exploitant de suivre l'évolution du stock de vivrier
conservé dans son grenier. Elle est aussi remplie par les producteurs
eux-mêmes et avec le concours de leurs femmes. Cet outil pose aux chefs
d'exploitation un certain nombre de difficultés dans son remplissage que
nous n'évoquerons pas dans ce chapitre. Les producteurs grâce
à cet outil ne sont plus surpris par les déficits alimentaires,
ils peuvent alors prendre des dispositions à temps pour remédier
à cela. Tous les producteurs CEF ne sont pas des modèles pour le
remplissage de cet outil mais tous s'accordent à dire qu'il leur permet
pour le peu de temps (généralement un à deux ans) qu'ils
l'aient rempli et aient eu le temps de l'analyser de savoir ce qui se passe
dans leur entreprise familiale (voir chapitre 6 pour les effets de cet
outil).
· Le cahier d'utilisation de la main
d'oeuvre/intrants c'est l'outil de suivi le moins rempli par les
producteurs (10%). Comme son nom l'indique il permet au producteur de suivre
l'évolution des intrants qu'il utilise dans son exploitation et dans
quelle parcelle il les utilise. De même il lui permet de suivre la
main-d'oeuvre qu'il utilise tant familiale, salariale, que provenant de
l'entraide. Cet outil au bout d'un mois lui permet de savoir dans quelle
opération il a utilisé la main d'oeuvre salariale, pendant
combien d'heure et ce que cela lui a coûté. De même il sait
parmi ses actifs familiaux et dépendants (main-d'oeuvre familiale) qui
est celui qui a le plus travaillé au champ et dans quelle
activité. Beaucoup de conséquences et de changements d'attitudes
ont été notés suite à l'utilisation de cet outil
mais une chose est sûre, c'est que le producteur y voit plus clair dans
le déroulement de ses activités.
· Fiche de conduite des cultures c'est un
outil où le producteur enregistre les différents
paramètres de l'évolution de ses différentes
spéculations, il s'agit de l'enregistrement des dates des
différentes opérations culturales et de constater les
écarts par rapport à celles prévues. Seulement 20% des
producteurs remplissent cet outil.
Il s'agit d'une présentation sommaire des outils
qu'utilisent les producteurs CEF pour le suivi des activités de leur
exploitation familiale. Il est clair qu'ici le producteur tout en suivant ces
paramètres de son exploitation et de sa famille, collecte un bon nombre
d'informations ou de données observées et enregistrées par
lui-même. Il est ici tout simplement amené par le conseiller
à faire dans la mesure de ses capacités, l'auto-analyse des
résultats obtenus, que ceux-ci soient bons ou mauvais.
Il est indispensable de souligner ici que le conseiller suit
tout aussi bien l'évolution des activités de l'exploitation en
effectuant des visites qui d'après ses dires lui permettent de
vérifier certaines données collectées par les
producteurs.
Un autre outil de suivi constitue les échanges entres
producteurs en salle en présence du conseiller. A contrario du premier
groupe, les objectifs des visites d'exploitation sont clairement
définis. Le contenu des visites d'exploitation sera abordé dans
le chapitre suivant.
Nous n'évoquerons pas ici les difficultés
rencontrées par les producteurs dans le remplissage et l'appropriation
de ces différents documents, ni la qualité ou la fiabilité
des données collectées car notre objectif n'est pas
celui-là, mais plutôt de pouvoir situer le producteur dans
l'approche à travers le rôle qu'il joue et la place qu'il y
occupe !
4.5. Evaluation des
résultats de l'exploitation
Les résultats de notre enquête nous permettent
d'écrire que les encadreurs apprécient très rarement les
résultats des producteurs en T&V. Producteurs et encadreurs le font
très rarement par simple jugement pour les cultures
céréalières ou pas du tout. Aucune visite ou séance
n'est consacrée à l'évaluation des résultats
obtenus par les producteurs qui a pourtant bénéficié
de « conseils ». Quant au coton, l'évaluation est
faite uniquement dans les parcelles de démonstration où des
carrés de densité ont été posés, ces
producteurs qui en bénéficient représentent 5% de
l'échantillon.
Pour l'autre catégorie, les producteurs en CEF, les
résultats de l'exploitation sont appréciés dans un premier
temps par jugement au cours des visites d'exploitation puis par calcul
grâce aux outils comme le calcul des marges brutes par hectare et le
compte de résultat. Ce calcul est mené par l'exploitant seul ou
avec l'aide du conseiller en fonction de la maitrise qu'il a des outils
cités.
Pour finir, les résultats de chaque producteur sont
discutés avec le conseiller en fonction des objectifs qui ont
été fixés en début de campagne afin de trouver des
cheminements d'amélioration pour les campagnes à venir.
Nous n'avons pas pu assister à cette phase en raison de
la période de déroulement de l'enquête mais grâce
aux dires des différents acteurs et des méthodes de
recoupement utilisés nous pouvons à ce niveau aussi situer le
rôle et la place qu'occupent les producteurs.
4.6. Stockage et
commercialisation des produits de l'exploitation
Pour tous les producteurs enquêtés, ce dernier
point est très important dans la vie du système
exploitation-famille. Pour eux, les causes de l'endettement et de la
pénurie sont surtout la mauvaise gestion du stockage puis de la
commercialisation des produits de récoltes.
Les encadreurs ne s'intéressent pas à la
manière dont les producteurs gèrent les produits
récoltés hormis le coton. Le constat est que
généralement les producteurs bradent une partie de leur
récolte de céréales pour pouvoir aire face aux charges
financières de la récolte du coton. Ils bénéficient
quelques rares fois de conseils sur les techniques de stockage mais jamais sur
comment écouler leurs produits. Alors pour les rares producteurs en
T&V qui arrivent à mettre rigoureusement en pratique les
prescriptions techniques des encadreurs ils se retrouvent avec un surplus de
production inhabituel dont le stockage devient problématique et sont
abandonnés quant à la recherche de marché (exception faite
des villages qui bénéficient du Programme d'Urgence d'Appui
à la Sécurité Alimentaire, où la production est
systématiquement rachetée pour constituer les réserves de
l'ONASA. Aucun de nos villages d'étude ne bénéficie pour
le moment de ce programme.)
Chez le producteur CEF, les différents outils de suivi
de son exploitation lui permettent de prévoir avec l'aide du conseiller
les structures de stockage adaptées selon les hypothèses de
surplus de production. Le producteur bénéficie aussi de conseils
pour la commercialisation de ses produits.
Le conseiller CEF est très impliqué quant aux
finalités des résultats de l'exploitation, le stockage et la
commercialisation d'autant plus qu'il est consultant depuis la formulation des
hypothèses.
4.7. Discussions des
résultats et conclusion partielle
Nous savons maintenant ce que chaque groupe de producteurs est
en mesure de faire dans son exploitation et pourquoi il le fait, le rôle
et la place qu'il occupe.
Il ressort de notre enquête que les producteurs en
T&V ne disposent d'aucun outil formel pour la définition des
objectifs de leur exploitation. Ceci ne signifie pas que les actes qu'ils
posent ne suivent pas une logique donnée ; bien au contraire, il y
a une cohérence entre la stratégie générale
adoptée (adaptation dynamique par des décisions tactiques en
fonction de la situation de famille et du climat) et les finalités
qu'ils se fixent. Malheureusement l'encadreur ne semble pas être au
courant de ces finalités et ne voit pas l'exploitation agricole
familiale comme un système qui devrait constituer le cadre
théorique de sa démarche. Il n'est donc pas étonnant que
le producteur en général, n'adopte pas les prescriptions de
l'encadreur ceci malgré les démonstrations. C'est pourquoi le
rejet des technologies comme le labour à plat ou le semis en ligne ou
encore les modes d'épandage d'engrais sont dus à une mauvaise
connaissance de la situation de famille. N'ayant pas participé à
des explications concernant le bien fondé de l'opération,
l'exploitant n'est qu'un exécutant mis en marge des
réalités de sa propre exploitation, de son entreprise. Il n'est
donc pas considéré comme étant au centre de son
exploitation.
Quant au producteur CEF, il dispose d'un bon nombre d'outils
lui permettant la définition des objectifs, la planification, et
l'exécution. Ces outils manipulés par le producteur
lui-même lui permettent de mieux connaitre sa situation de famille et
d'en avoir une vision claire. Osty (1978) disait que « c'est à
partir de la vision qu'ont les agriculteurs de leurs objectifs et de leurs
situations, qu'on peut comprendre leurs décisions et leurs
besoins ». Nous partageons cette réflexion d`autant plus que
le producteur est au centre du système d'information, de décision
à travers les finalités et le pilotage de ces décisions en
appui avec le conseiller. Ce dernier a aussi connaissance de son système
de production ou d'opération et l'aide à trouver un cheminement
d'amélioration sur plusieurs années à travers des
décisions tactiques et stratégiques dont le producteur est au
centre.
Au regard de tout ce qui précède, nous
confirmons l'hypothèse selon laquelle l'approche Conseil à
l'Exploitation Familiale met plus le producteur au centre de ses
activités.
5. INTERACTIONS ENTRE
PRODUCTEURS ET CONSEILLERS
Dans le chapitre précédent il a
été présenté le rôle et la place des
différents acteurs dans les dispositifs. Ceci a déjà
permis sans l'affirmer, de dessiner une partie des relations entre les acteurs
sans pouvoir vérifier l'hypothèse relative à cet objectif.
Dans ce chapitre nous analysons à différents niveaux les
relations et implications des différents acteurs tout en tenant compte
des structures offrant le service.
5.1. Présentation
des conseillers
Rappelons que pour éviter la confusion dans les
dénominations, le terme encadreur désigne le conseiller en
production végétale dans l'approche F&V et le terme
conseiller désigne celui de l'approche Conseil à l'Exploitation
Familiale.
Il est important de connaître le niveau intellectuel des
conseillers et encadreurs parce que cela pourrait un impact sur la façon
dont interagissent avec les bénéficiaires de leurs programmes.
5.1.1. Niveau des
conseillers
Le conseiller de notre enquête dans la commune a en
charge 70 producteurs CEF avec un niveau BAC+4. Evidemment, il ne travaille
plus en étroite collaboration avec les producteurs CEF mais plutôt
avec les animateurs-relais. Les animateurs-relais sont des producteurs qui ont
été identifiés parmi les premiers ayant reçu la
formation en français et qui sont à leur tour formés pour
développer les mêmes outils mais en langues nationales. Ceux-ci
ont des niveaux variant de la classe de 5ème en 3ème. Ils ne
remplacent pas le conseiller.
Quant aux encadreurs, ils sont en général issus
du Lycée Agricole Médji de Sékou (Diplôme
d'Etude Agricole Technique, DEAT) quoique dans l'un de nos villages,
notamment Sinawongourou , l'encadreur a le niveau du CETA (Brevet
d'Etude Agricole Technique).
5.1.2. Situation
matrimoniale
Le tableau suivant provient de l'enquête auprès
de 20 encadreurs
Tableau n°9 : Situation
matrimoniale des encadreurs
Catégorie d'âge
|
Effectif
|
Mariés
|
Résidant dans le village
|
Effectif
|
Fréquence
|
Effectif
|
Fréquence
|
25 à 35 ans
|
12
|
5
|
41,66%
|
3
|
25%
|
Plus de 35ans
|
8
|
7
|
87,5%
|
6
|
75%
|
Source Données d'enquête Kandi
2008.
Il est important ici de préciser la situation
matrimoniale des agents d'encadrement qui détermine leur
régularité sur les sites d'intervention. Les encadreurs dont
l'âge est supérieur à 35 ans, ceux qui tendent vers la
retraite sont en majorité mariés et installés dans les
villages où ils interviennent (voir tableau ci-dessus). Les plus jeunes
qui ont entre 25 et 35 ans, issus des derniers recrutements, ne sont pas en
général mariés et ne sont pas totalement installés
dans leur site car ils retournent en zone, tous les vendredis soirs et ne
reviennent le plus souvent que le lundi matin.
Le seul conseiller CEF qui a en charge les producteurs de la
zone d'étude, ne réside pas dans les villages, il a une famille
et est âgé de 38 ans. Il est marié et a deux enfants. Les
animateurs-relais sur qui repose le plus gros lot du travail d'animations sont
des producteurs qui vivent, résident, cultivent avec leur famille dans
les villages où ils interviennent.
La situation matrimoniale des encadreurs et du conseiller dans
l'un ou l'autre des cas a une incidence sur sa disponibilité envers les
producteurs.
5.1.3. Motivations
Les encadreurs sont généralement motivés
d'après leurs dires par la passion pour l'agriculture !
Paradoxalement ceux-là mêmes qui prétendent être
passionnés par l'agriculture et vivant dans leurs sites d'intervention
n'appliquent pas correctement les messages miracles qu'ils prodiguent aux
agriculteurs. Nous avons eu plusieurs fois l'opportunité de visiter des
champs d'encadreur qui ne bénéficient pas d'un entretien
spécial différent de celui considéré comme
étant mal fait par les producteurs. Il se pose alors la question de
conviction par rapport aux messages qui sont diffusés en cascade qui
déjà ne sont pas mis en application par les encadreurs. Les
raisons sont multiples, et on peut citer entre autres la non
disponibilité de la main-d'oeuvre au moment opportun et les
problèmes familiaux importants à résoudre. Il ressort
alors que l'encadreur lui aussi est soumis à bien de difficultés
dans l'exécution des activités relatives à son
exploitation quand bien même il considère cette activité
comme secondaire. Ils espèrent le plus souvent se faire aider par les
producteurs dont ils arrivent à obtenir des terres pour ce genre de
culture. Pour la plupart des nouvelles recrues qui sont des contractuels
d'Etat, la motivation essentielle est l'espoir de devenir agent permanent de
l'Etat, puis l'espoir de recevoir des cadeaux offerts par les producteurs
durant les tournées ; souvent des oeufs, des ignames ou des
volailles.
Malheureusement, ils s'accordent tous à dire que les
producteurs savent en réalité les techniques qui sont
adéquates à utiliser.
Pour les conseillers et les animateurs relais, la motivation
essentielle est de pouvoir aider et d'être un modèle pour les
autres producteurs, raisons pour lesquelles ils sont choisis et appliquent
correctement la plupart des techniques culturales. Ces derniers
reçoivent aussi un salaire à la fin de chaque mois provenant de
leur structure.
5.2. Présentation
des producteurs
La présentation des producteurs enquêtés
se fera suivant leur âge. Ils ne seront pas regroupés en classe
d'âge. L'utilité de ce regroupement pour ce travail n'est pas
importante.
5.2.1.
Âges
Les producteurs en Formation et Visite enquêtés
appartiennent à toutes les classes d'âge. Nous ne pouvons faire
aucune analyse différenciée relative aux âges pour ce
groupe. Les âges varient entre 28 et 68 ans. Quant aux producteurs en
CEF, la moyenne d'âge est de 40 ans et les exceptions sont dans la classe
d'âge comprise entre 20 et 27 ans alphabétisés. Cette
catégorie constitue la nouvelle génération de producteurs
en CEF mais alphabétisés en langue nationale bariba ou peulh.
Les producteurs les plus jeunes sont donc ceux qui se
retrouvent dans des groupes de CEF. Les plus vieux déjà
fatigués sont moins intéressés par cette approche.
5.2.2. Situation
matrimoniale
Nous n'avons pas constaté une différence
sensible relative au nombre de femmes ni d'enfants chez les deux groupes. Par
contre, nous avons pu constater que les producteurs en T&V ont toujours du
mal à connaitre avec exactitude le nombre de leurs enfants et de leurs
actifs encore moins leur niveau scolaire. Pour cela, ils ont souvent besoin de
l'aide d'un cadet ou d'un autre membre de la famille
Pour les producteurs CEF, le nombre d'enfants et d'actifs
agricoles est connu ainsi que leur niveau scolaire ; mais toujours est-il
qu'il n'y a pas encore une corrélation perceptible entre le niveau
scolaire des enfants et l'appartenance à un groupe CEF ou T&V.
La situation matrimoniale n'a aucun effet perceptible sur
l'appartenance à un groupe de CEF ou de T&V.
5.3. Déroulement de
l'animation
5.3.1.
Nombre de producteurs par conseiller
Le nombre de producteurs théorique prévu pour un
conseiller est de 280 en Training and Visit. Mais la réalité est
toute autre car dans un village comme Tissarou où le nombre de
ménages agricoles est estimé à ce nombre, notre
échantillon compte 20% de producteurs qui affirment n'avoir jamais
reçu la visite d'encadreur depuis le début de la campagne
agricole. Cela soulève le problème du suivi effectif des
producteurs tout au long de la campagne. Pour la suite, nous nous
intéresserons à cette portion de l'échantillon
réellement suivie par les encadreurs.
En Conseil à l'Exploitation agricole Familiale, il n'y
a aucun nombre théorique fixé mais les expérimentations
sur différents sites du PADSE montrent qu'un conseiller peut suivre
jusqu'à 200 producteurs. Mais ici le conseiller est responsable de toute
une commune et puisque nous ne nous sommes pas intéressés
à tous les sites CEF de la commune il nous a été
impossible de dégager le nombre actuel de producteurs suivis par un
conseiller. Sur les sites où nous avons effectué l'enquête,
les animateurs relais sont les plus en contact avec les producteurs.
Généralement il s'agit de groupe de quinze à vingt
producteurs alphabétisés par les animateurs relais.
5.3.2. Nombre et durée
moyenne des visites
Il est des cas où nous avons eu des aveux de paysans
n'ayant jamais été visités par des vulgarisateurs. En
moyenne le reste des producteurs est visité une fois par mois au lieu
d'une fois par quinzaine. Quant à la durée, elle est relative
à l'objet de la visite et peut aller de 5 à 20minutes en fonction
des cas et des encadreurs. En général, l'encadreur rencontre les
producteurs par groupe de 15 à 18 pour les démonstrations. Le
taux d'absentéisme au cours de ces démonstrations
s'élève jusqu'à 40-45% en moyenne.
Pour les conseillers CEF les visites sont effectuées
beaucoup moins régulièrement qu'en T&V, à peu
près 1 à 3 fois par mois en fonction des difficultés
rencontrées par le producteur, de la période et des
disponibilités de l'animateur relais. En moyenne les visites
d'exploitation durent entre 15 et 45 minutes en fonction de l'objet de la
visite.
5.3.3. Lieu où se
déroule l'animation
L'animation se déroule généralement dans
l'exploitation du producteur abritant la démonstration lorsqu'il s'agit
des Unités Villageoises (UV). Quand il faut rencontrer
(individuellement) un producteur, cela a toujours lieu dans son exploitation,
sauf les cas rares où le producteur se déplace vers l'encadreur
quand celui-ci réside dans le village, très souvent pour avoir
des informations sur la disponibilité en intrants. C'est très
souvent les responsables d'organisations paysannes qui ont ce genre de contact
avec l'encadreur.
Dans le cadre du Conseil à l'Exploitation agricole
Familiale, le lieu de l'animation est fonction du contenu et des objectifs.
Elle peut se dérouler dans une salle en présence de tous les
autres producteurs CEF ou au domicile du producteur en présence de
certains membres de son exploitation ou dans son exploitation. Les visites
à domicile et dans l'exploitation sont les plus appréciées
par les producteurs.
5.3.4. Comportements des
producteurs et des conseillers
Il nous est très difficile de décrire un
comportement type des producteurs ou du conseiller. Nous avons pu entendre des
encadreurs traiter des producteurs de têtus. Mais aussi beaucoup d'aveux
de producteurs qui témoignent que l'encadreur s'intéresse peu
à sa mission comme le témoigne cette déclaration d'un
producteur de Sinawongourou.
« L'encadreur, quand il vient me voir, il ne
rentre jamais pour visiter mon champ, il est souvent sur sa moto, il connait
très peu d'exploitations dans le village surtout celles environnantes.
On le voit toujours dans les champs des secrétaires de GV »
Cela ne signifie pas que c'est le cas avec tous les
encadreurs, la nuance se situe au niveau de leurs comportements au cours des
visites ; certains encadreurs comme ceux de Tissarou et Sonsoro font le
tour de l'exploitation du producteur mais toujours est-il qu'ils sont en
contact étroit avec les secrétaires des GV. Il serait audacieux
de trouver les raisons de cette affiliation avec les secrétaires mais
d'après nos investigations, deux scénarii se
présentent
· l'encadreur ne veut pas se gêner pour aller
collecter les données relatives aux intrants et superficies relatives
à chaque spéculation des producteurs de chaque UV. Pour cela, il
reste en contact avec les secrétaires des GV chez qui il peut collecter
ces différentes données. Ceci est d'autant plus vrai que certains
encadreurs se sont servis de nos données sur les exploitations
enquêtées pour rédiger leur rapport mensuel
d'activités. Ceci leur évite de `se balader' dans les champs et
fermes des producteurs.
· L'encadreur et les secrétaires jouent sur les
différentes quantités d'intrants. Ils en font un commerce au
détriment des producteurs. L'objet de ce travail n'est certes pas le
diagnostic du fonctionnement des OP ; mais il nous a permis de constater
que l'encadreur s'intéresse beaucoup plus aux OP qu'aux producteurs pris
individuellement. Un encadreur nous a révélé que les
secrétaires de GV sont très forts, que veut-il donc
insinuer ?
« un jour que j'ai demandé au
secrétaire du GV X dans l'un de nos villages, de faire voir ses
documents de gestion des stocks des intrants, ceci dans l'objectif de
rédiger mon rapport mensuel, il m'a fait trainer pendant une dizaine de
jours puis pour finir m'a invité à prendre un pot en ville. A
l'issue du pot où nous avons mangé et bu, à Kandi, il, m'a
offert 5000 FCFA ceci pour mon déplacement parce que disant que nous
sommes restés sans salaire pendant 4 mois. J'étais dans
l'obligation d'accepter ces sous parce que j'en avais vraiment besoin et par la
même occasion je ne pouvais plus lui mettre la pression pour avoir un
point fiable sur la gestion des intrants à lui octroyés. Pour
finir il fait partie des secrétaires qui me gâtent le
plus. »
Il est bien difficile de savoir comment les uns et les autres
réagiraient s'ils se trouvaient dans les mêmes situations, mais il
s'agit là du point de départ d'une relation assez connue entre
les secrétaires et les encadreurs où se mêlent les
intérêts des uns et des autres pour leur survie au dépend
des producteurs.
Seuls les producteurs aisés mettent en application les
conseils des encadreurs, encore que ces conseils sont déjà connus
de tous ; à cet effet nous citons ; « ce n'est
pas l'ignorance des bonnes pratiques qui fait que nous ne les appliquons
pas ». Dans le même temps un bon nombre de producteurs CEF
arrivent à mettre en oeuvre ces différents conseils bien que
n'étant pas aisés.
Certains encadreurs le disent, « même si
tu dis au producteur ce qu'il faut faire pour que son champ donne correctement,
il ne le fera pas ». Naturellement, on aimerait savoir pourquoi
les encadreurs répondent que « les producteurs sont
têtus ». Nous avons pu visiter des champs de deux
encadreurs qui ne peuvent en aucun cas représenter des modèles
pour les producteurs. Les producteurs T&V s'accordent tous à dire
que les champs des producteurs CEF sont des modèles pour eux.
Si tel est le cas il nous faut savoir de quoi discutent les
producteurs et les conseillers.
5.3.5.
Sujets de discussion
Les thèmes de discussion entre le producteur T&V et
l'encadreur sont peu variés. Ils se limitent généralement
aux aspects techniques de l'exploitation ; le plus souvent ce sont les
dates des travaux, les techniques culturales, les thèmes relatifs
à la culture cotonnière. La demande n'est pas effectuée
par le producteur car tous les encadreurs de la commune sont formés par
quinzaine. Cette demande en principe aurait dû être définie
par les producteurs grâce à l'APNV. Malheureusement, l'APNV n'est
pas une méthode appropriée pour dégager les besoins en
formation des producteurs ; de la même manière le chapitre 4
a montré que les problèmes individuels des producteurs ressortent
de leur situation de famille. Alors si tel est le cas, quels peuvent donc
être les sujets de discussion entre les encadreurs et les
producteurs ? Il s'agit d'un point très important sur lequel notre
guide d'entretien n'avait pas insisté. Mais pour les producteurs les
sujets de discussion qu'ils ont avec les encadreurs sont les mêmes depuis
toujours respect des techniques culturales et des itinéraires
techniques surtout du coton et du maïs, très rarement des autres
spéculations excepté le riz depuis l'avènement du NERICA.
A ce sujet, la discorde se situe dans le rang des encadreurs où tous ne
s'accordent pas aux limites des sujets de discussion. Pour certains, au
delà des démonstrations, il n'y a plus un sujet particulier, le
seul travail reste d'aller voir si le producteur a travaillé
conformément à la nouvelle technologie ou pas et de ses
difficultés naissent les sujets de discussion. Pour d'autres et cela est
vraiment dommage, le producteur n'a pas le temps de discuter de quoique ce soit
avec eux. Ils trouvent que leur métier est inutile car les sujets sont
les mêmes chaque année et c'est cela qui justifie le fait qu'ils
se retrouvent le plus souvent avec les secrétaires de GV. Les encadreurs
affirment aussi être au courant du bradage des produits par les
producteurs. Ils en sont parfois les acheteurs ou courtiers. Les encadreurs
s'accordent tous à dire qu'ils sont plus utiles à résoudre
les conflits entre agriculteurs et éleveurs, à en croire les
propos désolants d'un encadreur
« C'est lorsque le troupeau d'un peulh finit de
faire des dégâts dans leurs champs que les producteurs nous
cherchent pour rédiger les procès verbaux en leur
faveur ! »
5.4. Visites
d'exploitation
Les visites d'exploitations constituent l'un des
éléments les plus importants aux yeux des producteurs. Pour eux,
visiter leur exploitation est le signe de l'intérêt porté
à ce qu'ils font et constitue le point de départ de la
connaissance de leur situation pour aboutir au conseil. Cette fierté
lors des visites d'exploitations nous l'avons constatée nous même
toutes les fois où nous avons dû parcourir des kilomètres
pour arriver dans des fermes reculées de nos villages d'étude.
Nous avons très souvent entendu à Tissarou
« C'est à cause de moi que vous vous
êtes déplacé pour venir voir ce que je fais ! En fait
on ne demande pas plus à nos encadreurs, de passer de temps en temps
voir ce que nous faisons au lieu de fricoter tout le temps dans le village avec
les secrétaires des GV »
5.4.1. Prédispositions
morales des uns et des autres
Tout au long du processus de recherche, nous avons
constaté des prédispositions quelque fois contradictoires entre
producteurs et encadreurs. Le paragraphe précédent en a
donné une brève illustration. Pour l'encadreur, faire une visite
d'exploitation consiste à voir si le producteur met réellement en
pratique les éléments vulgarisés après les
démonstrations ; mais surtout ce sont les parcelles de
démonstrations qui bénéficient du maximum de visites afin
que lors du passage d'une mission d'évaluation du MAEP les cultures
aient un aspect présentable. Et généralement pour que la
démonstration soit un modèle présentable aux autres
producteurs, l'encadreur doit toujours être aux trousses du producteur
dont l'intérêt immédiat est qu'il bénéficie
des intrants pour la culture et les parcelles de démonstrations. Pour
être donc choisi pour abriter les démonstrations, il faut en
principe être reconnu producteur assidu qui entretient bien son champ.
Pour le village n'abritant pas de site CEF, à cause de la
gratuité des intrants, l'encadreur a abrité les
démonstrations dans le champ d'un de ses amis pensant dit-il pouvoir le
motiver à travailler. Dans les deux autres villages d'études, les
sites de démonstration sont abrités par les champs des
producteurs CEF, pas par coïncidence mais simplement pour se faciliter la
tâche, l'encadreur dit savoir que ces producteurs ciblés savent
l'utilité des démonstrations à contrario des autres. Il
ressort une catégorisation des producteurs faite par les encadreurs
eux-mêmes et qui fait appel à la notion de responsabilisation que
nous aborderons plus loin.
5.4.2. But de la visite
Pour ce qui est des producteurs et du conseiller CEF, la date
de la visite est fixée ensemble et les objectifs de la visite sont
connus. On note différents buts dans la démarche CEF. Les visites
commentées constituent un élément essentiel du conseil de
gestion, elles se font à différents niveaux, soit entre
participants sur des réalisations dans le cadre des actions techniques,
soit en invitant d'autres producteurs du village pour une diffusion plus large
des acquis. L'introduction de technologies nouvelles est souvent faite à
la suite d'une visite dans un autre village, où cette technologie est
déjà pratiquée. Dans le cadre du conseil de gestion la
visite d'exploitation n'est pas seulement faite par le conseiller. C'est le
lieu pour le producteur de faire un bref exposé de ses paramètres
d'exploitation, afin qu'ensemble, une évaluation puisse être faite
par rapport à l'état d'avancement général des
travaux conformément au plan de campagne établi. Il s'agit donc
d'identifier les contraintes techniques, organisationnelles, ou
financières, causes des écarts avec les prévisions et de
proposer des améliorations. Il faut noter ici que ce cheminement est de
moins en moins constaté en raison des difficultés
rencontrées par le prestataire qui sont relatives à la
logistique. Les visites les plus fréquentes sont celles à
domicile permettant de voir comment le producteur tient ses cahiers et comment
il fait ses synthèses afin que les différents outils puissent
effectivement lui servir.
5.5. Renforcement des
capacités
Les paragraphes 5.3 et 5.4 nous ont permis de décrire
l'environnement des relations entre les producteurs et leurs conseillers. Nous
n'y avons pas décrit les outils qui permettent au producteur d'avoir une
certaine autonomie par rapport aux encadreurs et conseillers. Nous avons
présenté déjà dans le chapitre 4 à travers
les décisions prises par les producteurs à différents
niveaux de leur exploitation, les capacités des différentes
catégories des producteurs. Nous aborderons dans ce sous titre, la
manière dont ces capacités de prise de décision sont
renforcées dans les deux approches.
5.5.1. Connaissance des
besoins et problèmes réels des producteurs
En formation et visite, les besoins et les problèmes
des producteurs sont identifiés et hiérarchisés chaque
année grâce à l'APNV. Comme nous l'avons déjà
fait ressortir dans le cadre théorique, l'APNV pour la grande
majorité des cas où il est utilisé comme outil de
diagnostic ne fait pas ressortir les contraintes individuelles des producteurs
mais des contraintes au niveau village. Il en ressort, que les besoins
identifiés ne sont pas précis puisque la hiérarchisation
est faite par une équipe d'experts et d'un groupe de villageois. Or
c'est après les résultats de l'APNV que les besoins en formation
sont définis. Ces besoins correspondent alors à ceux d'une partie
de la population, ou comme le dit Darre (1997 ; cité par Nouatin,
2003), ceux d'une minorité influente. (Sans compter la
réorientation des résultats de diagnostic que les chercheurs et
praticiens sont en mesure de faire dans la pratique dans le sens qu'il
souhaitent, l'APNV qui est l'outil de diagnostic principal utilisé par
le T&V ne peut malheureusement pas identifier les besoins et les
problèmes réels des producteurs). Reste alors le second outil
qu'est le diagnostic de l'exploitation. Il consiste en la collecte des
données sur les réalisations de la campagne par
spéculation faite par l'encadreur, ainsi que l'identification
participative des préoccupations des producteurs dans la gestion de leur
exploitation. Malheureusement la nouvelle vague de recrutement effectué
par le nouveau gouvernement ne suffit pas pour permettre aux encadreurs d'avoir
un effectif disent-ils raisonnable de producteurs dans les groupes de contact
leur permettant d'effectuer ce second type de diagnostic primordial et vital
pour la connaissance des besoins et problèmes réels des
producteurs afin d'aboutir au conseil.
Dans le cadre du CEF, l'analyse de la
situation débouchant sur un diagnostic des contraintes et des
opportunités et le dialogue avec le producteur permet de vérifier
et clarifier ses objectifs et stratégies. L'analyse porte principalement
sur les points suivants pour lesquels des normes sont définies respect
des rotations de cultures ; besoins alimentaires et monétaires ;
autosuffisance alimentaire ; superficie cultivée par actif ;
équipement par superficie cultivée ; marge brute coton et
revenu net.
Le dialogue avec le producteur et les autres actifs permet de
déboucher sur des propositions de plan prévisionnel. L'analyse de
la situation est l'élément crucial permettant d'identifier les
problèmes et les besoins du producteur. Le producteur lui-même
collecte les données sur son exploitation et sa famille et ces
données sont analysées avec l'aide du conseiller et permettent
d'aboutir à la connaissance réelle des potentialités et
des faiblesses de chaque exploitation.
5.5.2. Adéquation entre
aide technique ou organisationnelle reçue et besoins
Il ressort des paragraphes précédents que les
besoins des producteurs en T&V sont mal identifiés et qu'en
réalité très peu de leurs préoccupations
réelles sont prises en compte. C'est sur la base de ce diagnostic
biaisé par les intérêts des différents acteurs ayant
participé à son élaboration que les besoins en formation
sont définis. Cette formation se fait donc par quinzaine sur des
thèmes techniques ne correspondant pas au besoin des producteurs dans la
période. Ceci n'est pas la seule cause du taux d'absentéisme au
cours des formations. Par exemple pendant la quinzaine où les
producteurs attendent impatiemment l'engrais NPK pour la première fumure
et que les distributeurs d'intrants mettaient à leur disposition les
pesticides pour le deuxième traitement de leur cotonnier, le
thème de formation était l'itinéraire technique du soja et
du sorgho. Ce qui est paradoxal, c'est que les thèmes de formation sont
les mêmes pour tous les encadreurs de la commune alors que les besoins de
formation comme le savent les Techniciens Spécialisés (TS) et les
encadreurs varient d'un village à un autre, d'une période de
culture à l'autre et d'un producteur à l'autre.
Déjà au niveau des encadreurs presque le tiers de leur effectif
dans la commune est absent au cours des formations mensuelles pour des motifs
comme c'est toujours les mêmes choses, les producteurs savent
déjà faire tout cela. Et quand il s'agit de répondre
ensuite à la question `'quel est votre rôle alors ?'',
on entend avec résignation
« On est beaucoup plus utile pour les GV que
pour les producteurs ; sinon lorsqu'on va dans les champs des producteurs,
ils sont toujours fiers de savoir qu'on est venu visiter leur champ et on s'en
tire avec un poulet ou des ignames et ils sont conscients que nous sommes des
agents de liaison entre la structure et eux où ils peuvent faire passer
leurs plaintes. D'ailleurs, nous sommes plus sollicités pour
résoudre les problèmes relatifs aux conflits agriculteurs -
éleveurs ou pour savoir la disponibilité en intrants que pour la
résolution de problèmes techniques comme les attaques des
ravageurs par exemple. Voilà pourquoi nous donnons toujours les
mêmes formations et conseils. »
Il ressort donc de ces propos que les encadreurs
eux-mêmes sont conscients que l'aide technique qu'ils apportent aux
producteurs est déjà connue par la plupart d'entre eux et qu'en
réalité les besoins des producteurs sont tout autres. Ces
formations reçues par les producteurs ne sont pas à leur demande
ou si c'est le cas la cause de cette hypocrisie est mal connue de nous autres.
L'aide organisationnelle n'est pas apportée par l'encadreur au groupe de
contact mais aux responsables des différentes organisations de
producteurs.
Pour les producteurs CEF le problème soulevé
plus haut ne se pose pas dans la mesure où les besoins et
problèmes réels des producteurs sont identifiés
après un diagnostic partagé entre le producteur et le conseiller.
Les autres thèmes de formation sont dégagés au cours des
discussions de groupe en salle. Le choix des thèmes traités en
salle se fait donc en fonction du calendrier de remplissage des
différents cahiers qui ne suit pas forcément l'ordre des pages,
et du déroulement de la campagne. Les séances incluent
régulièrement
- des éléments de formation où sont
apprises les notions nécessaires à l'expression et l'analyse des
résultats économiques de l'exploitation (concepts, terminologies,
méthodes de calcul) ;
- des éléments d'information sur les techniques
pratiquées par les producteurs ou sur des innovations ;
- des discussions permettant d'établir un diagnostic
sur des situations concrètes pouvant intéresser aussi bien les
exploitations retenues en exemple que toutes les autres qui connaissent des
problèmes similaires (intérêt de l'innovation,
évaluation technico-économique de l'innovation) ;
- des discussions pratiques sur la mise en oeuvre des actions
techniques (aspects logistiques).
Une conclusion partielle s'impose donc quant à
l'adéquation des formations reçues avec les besoins effectifs.
Dans le cas des producteurs en T&V, il n'y a pas adéquation, car les
producteurs ne sont pas associés ; par contre, pour les producteurs
(CEF), ce sont eux- mêmes qui identifient leurs besoins et donc les
thèmes de formation, ce qui est très important en matière
de renforcement des capacités.
5.5.3. Place des femmes
« Les spécialistes des questions techniques
donnent souvent l'impression qu'ils se refusent à considérer le
sexe des utilisateurs comme un critère supplémentaire dans
l'orientation des recherches. En public, ils affirment haut et fort que les
agricultrices ont besoin d'assistance, mais, en privé, ils regardent
cette demande comme politique et ridicule. Il n'y a, selon eux, que peu de
femmes qui travaillent la terre. De toute évidence, les principes
scientifiques fonctionnent de la même manière, sans se soucier du
sexe des personnes. » Moris (1994, 214)
En formation et visite, dans nos villages il n'y a pas de
femmes qui appartiennent à un groupe de contact en tant que chef
d'exploitation. Nous ne devons certes pas négliger les relations
anthropologiques qui placent la femme au deuxième plan de nos
sociétés à système patrilinéaire. Toujours
dans ce système, Moris nous rappelle que la femme constitue la
catégorie d'actifs agricoles la plus importante dans les exploitations
existantes. Le Bénin, et notre zone d'étude en particulier, ne
fait pas exception à ce constat. Les femmes sont dans les exploitations
de leurs époux pour les tâches comme le semis, l'amendement et la
récolte et au même moment doivent entretenir leurs propres champs.
Les champs des femmes sont généralement ceux de riz et de
cultures légumières. Le résultat est que pour
bénéficier des formations de quinzaine en réalité
il faut être productrice de riz afin d'appartenir à un groupe de
contact. Cela explique le faible nombre de groupes de contact formés par
les femmes dans le cadre du T&V, (7à 10% des groupes de contact de
la zone d'étude15(*)) alors que d'après nos enquêtes un homme
a en moyenne deux (02) femmes dans la même zone d'étude. C'est
dire donc qu'on devrait s'attendre à au moins autant de groupes de
contact constitués par les femmes que par les hommes. Les productrices
sont le socle de notre agriculture en terme général à
quelques exceptions près pour les ménages peulh de
Sonsoro où la femme ne fait pratiquement rien concernant les
travaux champêtres, mais son rôle commence à partir du
transport et de la transformation des produits récoltés. Elle
s'occupe aussi de leur vente, donc a aussi des besoins particuliers et des
compétences qui doivent être renforcées. Malheureusement
tel n'est pas encore le cas en T&V. Dans notre échantillon de 70
producteurs en T&V, tous nous confirment que l'encadreur ne discute pas
avec leurs femmes des questions d'agriculture sauf les productrices de riz et
appartenant à un groupe de contact alors que nous avons
déjà rappelé leur proportion. Nous avons aussi eu des
entretiens informels avec ces femmes qui ont exprimé des besoins
totalement différents de ceux qu'on leur donne. C'est ainsi qu'elles
insistent sur les formations en décorticage, en conservation des
différentes variétés des produits de leurs cultures ou de
ceux de leur mari dont elles sont responsables après la
récolte.
La place des femmes est toujours la même que celle
précisée plus haut elle s'occupe tout aussi bien des
travaux ménagers, champêtres que de l'éducation des
enfants ! Nous sommes donc d'accord avec Moris (1994) quand il
écrit que « les femmes s'occupent
généralement des champs de case et du ménage. Le temps
leur manque cruellement puisqu'il leur faut sans cesse partager leur attention
entre les tâches agricoles et domestiques (par exemple transporter l'eau
et surveiller les enfants) ». Le constat en CEF est que tout
le monde a droit au conseil et que les ménages où le conseil
marche sont ceux où la femme et le mari participent aux séances
de conseil. Le remplissage des cahiers de stock alimentaire en est un bel
exemple. Les hommes ont besoin de connaitre les quantités de vivriers
consommées par le ménage tout au long de l'année afin de
faire leur prévision pour la campagne à venir. Au même
moment ces vivriers constituent une source de revenus pour les femmes leur
permettant d'acheter des ingrédients pour leur cuisine. Lorsque leurs
époux leur demandent les quantités qu'elles
prélèvent elles se sentent contrôlées et ne
cèdent pas « je ne vais pas voler ton maïs,
pourquoi me contrôles-tu si tant ? » Les producteurs
CEF qui réussissent à avoir des informations correctes sont ceux
dont les femmes suivent des séances de CEF. Ce bref exemple montre que
quelle que soit l'approche, il est indispensable, pour l'obtention des
résultats escomptés que les femmes s'y voient accorder la place
qui leur revient.
5.6. Responsabilisation
des producteurs et des conseillers
5.6.1.
Obligation de compte rendu
Dans le cadre de la formation et visite, l'encadreur n'a
aucune obligation de faire des comptes rendus au producteur d'autant plus que
l'encadreur se sent dans une structure où il se place
hiérarchiquement au-dessus du producteur. On remarque toujours chez les
producteurs ce complexe d'infériorité ou d'assisté qui
fait que les rapports sont biaisés. L'encadreur collecte alors les
informations qu'il juge nécessaires dans les exploitations dans le souci
surtout de combler les vides statistiques sur la connaissance des exploitations
suivies dans la commune.
Dans le cadre du Conseil à l'Exploitation Familiale, le
producteur se considère comme un chef d'entreprise qui doit prendre des
décisions pour la survie de son entreprise et donc sollicite des
conseils. Quand ce dernier vous fournit des informations sur son exploitation,
vous devez donc lui faire part de vos observations et propositions. L'exemple
typique des comptes rendus est la réalisation des ateliers de
restitution des résultats d'analyses restitution individuelle et
restitution de groupe.
5.6.2. Responsabilisation
quant aux résultats de l'exploitation
Les encadreurs ne sont en rien responsables des
résultats des producteurs suivis. La preuve ils disent « nous,
on leur dit ce qu'il faut faire pour avoir les meilleurs rendements, le reste
c'est leur problème, s'ils veulent ils appliquent si non qu'est ce que
ça peut nous faire » ? C'est donc la preuve que
l'encadreur, sauf quand il est vraiment un humaniste peut être
attristé des mauvais résultats d'un producteur, en aucun cas ne
se sent responsable de cette situation. Même dans l'enseignement scolaire
les mauvais résultats des élèves sont perçus comme
en partie de la responsabilité des enseignants. Quel que soit le
système, la pédagogie ou l'andragogie, il y a toujours une part
de responsabilité du formateur. On devrait pouvoir alors commencer
à déterminer les responsabilités de chaque partie.
En CEF, le conseiller se sent concerné quant aux
mauvais résultats d'un exploitant quand bien même il ne fait que
lui proposer des pistes de solutions et que le choix final revient toujours au
producteur comme nous l'avons montré dans le chapitre 4. A ce niveau, on
peut donc dire qu'on tend vers un système où le conseiller ne
peut pas se désintéresser des résultats des exploitations
suivies puisque ces différents résultats sont discutés au
cours des ateliers de restitution des résultats de la campagne.
5.7. Technique de
labour « le corô »
Le corô est une technique de labour pratiquée
dans toute la zone d'étude. C'est une technique qui à elle seule
combine les avantages de deux autres techniques que sont :
· le semis en ligne qui facilite l'utilisation de la
traction animale pour la réalisation de la fumure minérale et
organique, des traitements phytosanitaires, du sarclobuttage et du respect des
densités. Le semis en ligne pour être exécuté
nécessite un labour à plat. Ce type de semis dont les avantages
sont bien connus des producteurs est contraignant. En effet il
nécessiterait une très forte main-d'oeuvre et serait trop
harassant surtout dans les champs de riz ;
· et le labour à plat qui favorise
l'ameublissement du sol, réduit l'entretien notamment le nombre de
sarclages, permet un meilleur enracinement et donc une mise à
disposition optimale des nutriments issus des différentes fumures pour
les racines des plantes. Une fois encore tous les producteurs reconnaissent les
avantages d'une telle technique mais tous rappellent que pour la
réalisation de ladite technique il faut disposer de boeufs de trait bien
nourris. La deuxième contrainte est que cette technique peut prendre
trois jours pour le labour d'un hectare, ensuite il faut penser à faire
un semis en ligne qui prendrait cinq jours et enfin faire face à une
poche de sécheresse. Il faut aussi disposer d'un enfant pour la conduite
des bêtes. Il en résulte donc que pour éviter de prendre
des risques d'être en retard par rapport aux pluies (parce que ne
possédant pas les moyens d'avoir une paire de bêtes ou ne
disposant pas d'actifs pouvant les entretenir, ne pouvant plus compter
que très rarement sur la minorité qui en possède parce
qu'elle aussi est soumise aux mêmes contraintes de temps), la
grande majorité des producteurs a trouvé une alternative qui
selon eux aurait un certain nombre d'atouts.
Le côrô selon les producteurs permettrait
de réaliser les équivalents de surfaces en labour à plat
avec des gains de temps triplés. Il permettrait aussi une durée
de rétention de l'eau de pluie qui serait selon eux
égale16(*) à
la moitié ; c'est dire qu'après une pluie par exemple, le
labour à plat permettait de garder le sol humide durant deux semaines et
le côrô une semaine. En plus il apparait que la technique
serait nettement plus efficace que le traditionnel billonnage direct
effectué par les producteurs du Borgou et de la Donga quand bien
même elle ne permettrait pas d'atteindre les performances d'un labour
à plat suivi d'un semis en ligne.
Ce sont donc là les raisons qui poussent les
producteurs à adopter cette technique dont eux-mêmes ne
maîtrisent pas les origines mais sont certains que la technique aurait au
moins quinze années d'existence dans l'Alibori.
Pourquoi nous intéressons-nous à cette
technique ? Simplement parce qu'elle permet de voir à quel point
les structures de vulgarisation sont indifférentes aux pratiques des
producteurs. Aucune expérimentation jusqu'à ce jour n'a jamais
été mise en place pour voir les capacités et atouts
réels de cette technique. Il a fallu notre intervention pour convaincre
deux encadreurs de la zone à mettre sur pied une démonstration/
expérimentation qui pourrait comparer le labour à plat, le
côrô et le billonnage direct sur une ou différentes
spéculations afin de pouvoir tester les connaissances empiriques des
producteurs. Un peu plus tard peut être, on pensera à inclure
cette technique dans les conseils techniques en fonction des résultats
obtenus après les expérimentations. Une autre raison de notre
intérêt concernant cette technique est qu'elle est à la
fois une technique à économie de main-d'oeuvre et de temps
contrairement au labour à plat et au semis en ligne qui
nécessitent une bonne main-d'oeuvre et assez de temps. On se demande
alors pourquoi proposer à des producteurs des techniques qui ne leur
permettent d'économiser relativement ni le temps, ni la main d'oeuvre
sachant pertinemment qu'ils sont soumis aux incertitudes climatiques donc aux
contraintes de temps et ne disposent pas de moyens pour l'entretien de leurs
exploitations. On comprend alors aisément pourquoi lorsqu'un producteur
arrive à emprunter une paire de boeufs, il ne peut que faire le
côrô.
5.8. Discussions des
résultats et conclusion partielle
Les différents résultats obtenus nous permettent
d'apprécier le type de relations existantes entre le producteur et son
conseiller ou encadreur.
Dans un premier cas, nous avons pu voir le complexe de
supériorité existant entre l'encadreur et ses producteurs, ce qui
est contraire aux règles du partenariat. Nous avons pu constater la
méconnaissance qu'ont les encadreurs des besoins et problèmes
réels des producteurs. Nous avons pu souligner aussi que cette
méconnaissance n'est pas due seulement à l'encadreur mais aux
outils qui sont mis à sa disposition et le temps qu'il a pour les
utiliser. Une des conséquences est qu'en termes de renforcement des
capacités, on continue à renforcer les mêmes
capacités. Il s'agit d'une action répétitive sans analyse
préalable concernant le passé. il apparait donc une très
faible participation des producteurs. On pourrait à la limite parler de
participation passive. Pour Enter (1995) le concept de participation à
la mise au point et à la vulgarisation des innovations repose sur le
dialogue, l'expérimentation par les cultivateurs et le renforcement des
capacités des communautés rurales à s'organiser. Ainsi On
les considère comme conservateurs, réticents au changement et
ignorants de la dégradation massive de leur environnement. De ce fait,
on ne leur demande pas de contribuer à l'identification ou à
l'analyse des problèmes, ni à la recherche de solutions.
Il est aussi indispensable qu'on rappelle le manque de
responsabilisation tant au niveau des producteurs qu'au niveau des encadreurs
peut-être dû à cette relation d'assistant à
assisté et au complexe soulevé plus haut. Il est tout de
même important de rappeler que les aides reçues sous forme de
formation sont d'ordre technique et pas organisationnelles et il n'y a pas
d'outil permettant au producteur de faire son autodiagnostic afin de solliciter
des formations sur mesure. La conclusion d'Agoua (1987) à laquelle nous
aboutissons est que dans le système Formation et Visite, la
responsabilisation des ruraux, leur préparation à assumer toutes
les tâches de développement économique, social et culturel,
ne semble pas entamé.
Quand l'encadreur commence à s'écarter de sa
fonction principale pour devenir un représentant des structures et donc
un agent qui résout principalement les différends entre
agriculteur et éleveur des questions se posent concernant sa place et
son rôle. Compte tenu de ces différents éléments
nous pouvons conclure que le producteur dans l'approche Formation et Visite est
considéré comme un bénéficiaire, et ceci en nous
référant à la définition que nous avons du mot
bénéficiaire ; le bénéficiaire est tout
exploitant qui reçoit une aide technique, organisationnelle dont parfois
il ne fait pas la demande et qui n'est pas associé à la
définition des objectifs poursuivis.
Dans un second temps où nous nous sommes
intéressés à la relation entre le producteur CEF et son
conseiller, nous avons pu constater à partir des résultats du
chapitre 4 que c'est le producteur même qui définit ses objectifs
et les soumet à l'avis du conseiller. Dans ce chapitre, il nous est
aisé de voir que des outils sont mis à la disposition du
producteur pour qu'il puisse définir lui-même ses besoins et
ensuite solliciter le conseiller sur des sujets de formation ou pour l'aider
à lever les contraintes qu'il a pu identifier. Donc les capacités
sont renforcées là où le besoin est identifié.
L'aide reçue dans ce cas alors sur demande responsabilise les
producteurs qui doivent remplir des documents qui sont à la base du
conseil. Il y a aussi beaucoup de contraintes liées au remplissage de
ces cahiers ce qui pose des questions sur la fiabilité des
données enregistrées par le producteur. Le conseiller aussi doit
faire un compte rendu à ses producteurs soit de façon
individuelle ou en salle. Il y a donc suppression de la notion d'assistant
à assisté d'Elisabeth TOE qui laisse place à celle du
partenariat défini dans notre travail comme étant un accord
écrit, verbal ou une entente morale entre le vulgarisateur ou le
conseiller avec l'exploitant par rapport au développement de
l'activité de conseil et ou de vulgarisation sur un sujet
négocié. Nous pouvons donc dire que le producteur est
considéré comme un partenaire au sein de l'approche CEF.
Somme toute, nous sommes en mesure de confirmer la
vérification de l'hypothèse 2 selon laquelle les producteurs sont
considérés comme des partenaires plutôt que comme des
consommateurs passifs dans l'approche CEF.
6. EFFETS DES DEUX
APPROCHES SUR LES PRODUCTEURS
Les chapitres précédents nous ont permis de
connaitre les processus de prise de décision des producteurs dans leurs
exploitations en relation avec les approches d'appui. Nous avons pu situer la
place et le rôle de chaque catégorie de producteurs au sein des
différentes approches. Nous avons aussi présenté les
actions menées par les différentes approches ainsi que les
conditions dans lesquelles celles-ci ont été effectuées
à travers les relations entre les différents acteurs sur le
terrain particulièrement entre les producteurs et les conseillers. On
peut donc dire que les producteurs en CEF sont considérés comme
des partenaires au sein de leur structure d'appui par leur conseiller alors
qu'ils sont considérés comme des consommateurs passifs dans le
T&V.
Compte tenu des différentes réalisations
effectuées par les deux approches et des conclusions que nous avons
tirées des deux premiers chapitres de résultats, ce chapitre a
pour but de montrer les différents effets de ces réalisations sur
différents niveaux de la vie de l'exploitation. Les effets
abordés seront relatifs à trois niveaux dans l'exploitation
du producteur, dans son ménage et enfin au niveau organisationnel. C'est
aussi dans ce chapitre que nous allons apprécier la durabilité de
ces différents effets.
6.1. Dans
l'exploitation
6.1.1.
Regroupement des parcelles
L'analyse de la tendance des producteurs à regrouper
leurs parcelles en fonction de leurs réalisations s'est faite par
rapport à la comparaison dans notre échantillon, des proportions
qui ont tendance à regrouper leurs parcelles ou non. Voir graphique
n°1.
Figure n°2 : Position des parcelles
dans les champs des producteurs
Source Données d'enquête Kandi
2008.
Il ressort de ce graphique que 40% des producteurs en CEF
auraient tendance à regrouper leurs parcelles, ceci pour un meilleur
suivi contre seulement 10% dans le groupe des producteurs T&V. Cette
différence est due au fait que pour un meilleur suivi des
paramètres de l'exploitation comme la main-d'oeuvre et les assolements,
(notés par les producteurs en CEF), ceux qui avaient la
possibilité de regrouper leurs parcelles dans un même domaine
l'ont fait. Certains producteurs ont tout simplement hérité de
domaine en bloc.
6.1.2. Changement dans les
techniques de production
Tous les producteurs, toutes catégories confondues, ont
une bonne connaissance des techniques de production. Néanmoins on
constate que les producteurs en T&V appliquent très peu les
connaissances acquises sur ces techniques ; environ 9% seulement
appliquent les consignes relatives aux techniques de production contre à
peu près 60% chez les producteurs CEF. Cette différence ne se
situe pas au niveau des encadreurs ou des conseillers mais trouve son
explication dans le rôle joué par ceux-ci à
différents niveaux de la chaine de production.
1. Choix des spéculations pour les
producteurs T&V il n'y a pas un changement sensible au niveau du choix des
spéculations. Tel qu'on l'a constaté chez ces producteurs, le
choix des spéculations est fonction du prix du coton au cours de la
campagne actuelle, de la manière dont les fonds coton de la campagne
précédente ont été perçus, et de la crise
alimentaire de la saison passée. Chez les producteurs adhérents
au CEF il y a eu une modification dans le choix des spéculations en ce
sens qu'ils intègrent, en plus des données externes à eux
comme les prix des intrants, du coton et du maïs, leurs besoins
alimentaires et l'analyse technico-économique faite au niveau des
spéculations pour évaluer leur rentabilité. Les
producteurs CEF affirment que le choix des spéculations est fait en
tenant surtout compte de la rentabilité économique et de la
maitrise qu'ils ont des techniques de production relatives à la
spéculation.
2. La gestion des surfaces les producteurs CEF
disent qu'avec les conseils, ils ont tendance dans leur majorité (60%),
à regrouper leurs parcelles. Ceci s'explique principalement par trois
raisons
mettre et suivre correctement en oeuvre les règles de
l'assolement et de la rotation des cultures,
suivre les données relatives à l'utilisation
de la main d'oeuvre et des intrants,
pouvoir mieux suivre les différentes soles pour ne pas
avoir à parcourir des kilomètres afin de suivre les
paramètres cités plus haut.
Pour les 40% des adhérents CEF n'ayant pas
changé la gestion de leurs surfaces, ils affirment que cela est dû
au fait que les terres dont ils disposent sont héritées et qu'ils
n'ont pas d'autre option que de continuer à les exploiter quoique tenant
compte des règles liées à l'assolement. Pour les autres
producteurs, la dispersion des parcelles est importante en ce sens que cela
permet d'octroyer une certaine indépendance aux cadets encore membres
des Unités Domestiques de Production (UDP).
3. Les travaux mécaniques par rapport
aux travaux mécaniques, il est constaté que les producteurs en
CEF ont tendance à se regrouper pour utiliser les mêmes
équipements agricoles. Par exemple la majorité des producteurs en
CEF sans traction animale l'empruntent chez d'autres producteurs CEF. De
même, la seule Coopérative d'Utilisation du Matériel
Agricole (CUMA) rencontrée dans la zone d'étude n'est
constituée que de producteurs en CEF. Dans le cas où le
producteur en CEF ne possède ni bête ni charrue, il sait combien
il aura à dépenser pour la main d'oeuvre équivalente.
Ceci est dû au fait qu'ils ont de bonnes capacités dans la gestion
de leur temps parce qu'ils font des prévisions. Quant aux producteurs en
T&V ils ne font pas cas d'une amélioration dans les travaux
mécaniques dans la mesure où la majorité affirme avoir des
difficultés pour entretenir les bêtes qu'ils vendent en
période de soudure.
4. Maitrise des dates de semis et mise en oeuvre des
techniques culturales
Figure n°3 : Connaissance des
dates de semis et des itinéraires techniques
Source Données d'enquête Kandi
2008
Il ressort de la lecture de ce graphique que les producteurs
CEF connaissent mieux les dates de semis que ceux en T&V (CEF 90% contre
T&V 30%). Quant à la maitrise des itinéraires techniques,
elle est sensiblement la même au niveau des deux groupes. La raison
principale de cette différence est que les producteurs CEF notent dans
leurs cahiers les différentes dates auxquelles ils ont eu à
exécuter différentes opérations culturales, ils peuvent
donc à tout moment consulter leur cahier pour avoir une idée sur
les dates d'exécution des différentes opérations
culturales. Quant aux producteurs T&V, ils sont dépendants des dates
que viendra leur communiquer l'encadreur. Les 30% des producteurs T&V qui
ont une bonne connaissance des dates des opérations culturales et des
itinéraires techniques sont dans en majorité dans les villages
où est mis en place le CEF. Cette maitrise serait peut-être due
à l'interaction qu'ils ont avec les producteurs en CEF qui peuvent leur
communiquer les dates même si l'encadreur ne l'a pas encore fait.
5. Techniques de labour le tableau suivant nous
permet de comparer l'application des différentes techniques de labour
que sont le billonnage direct, le côrô et le labour
à plat suivi d'un semis au cordon.
Figure n°4 : Différentes
techniques de labour utilisées.
Source Données d'enquête Kandi
2008.
De la lecture de ce graphique, il y a presque autant (54%
contre 62,9%) de producteurs CEF que de producteurs T&V mettant en oeuvre
la technique du côrô. Cette technique a été
présentée dans le chapitre précédent. Par contre
s'agissant du labour à plat, on constate nettement qu'il y a une plus
grande proportion de producteurs CEF la mettant en pratique que de producteurs
T&V (34% contre 12,9%). Cette différence s'explique par le fait que
la seule CUMA dans la zone d'étude est constituée uniquement de
producteurs en CEF, ils ont plus accès au tracteur pour leur faire ce
labour très vite. En plus, il y a les contraintes liées à
l'application de cette technique déjà évoquées dans
le chapitre 5. En effet, elle nécessite d'avoir une très bonne
organisation, d'être capable de prévoir et de planifier. Quant au
billonnage direct il reste pratiqué en proportion très faible
quelle que soit la catégorie de producteur mais légèrement
moins pratiquée chez les producteurs en CEF (10 vs 20%) de notre
échantillon.
6.1.3. Evolution des
superficies/rendements
Le tableau suivant a été obtenu en demandant aux
producteurs d'apprécier sur trois années l'évolution de
leurs superficies emblavées et rendements en coton. Le total de chaque
groupe ne donne pas 100% parce qu'il y a une partie dans chaque groupe qui n'a
pas de tendance, c'est-à-dire au cours des trois dernières
années certains ont eu tantôt à augmenter, tantôt
à diminuer les surfaces emblavées. Ce groupe est plus important
chez les producteurs CEF, particulièrement les groupes
alphabétisés parce qu'ils constatent dès leur
entrée en conseil que les superficies qu'ils emblavaient
dépassent leur capacité. Ainsi, ce n'est en général
qu'après deux années de conseils qu'ils commencent à
augmenter leurs superficies. Quant aux producteurs T&V,
l'instabilité au niveau des surfaces emblavées est due pour sa
grande majorité à la perte ou à la vente des animaux de
trait ou au départ de certains membres de l'actif familial.
Tableau n°10 : Evolution des
superficies et des rendements en coton.
|
Superficies
|
Rendements coton
|
Tendances
en %
|
stable
|
augmentation
|
diminution
|
stable
|
augmentation
|
diminution
|
CEF
|
30
|
30
|
30
|
40
|
40
|
8
|
F&V
|
31,4
|
51,4
|
10
|
9
|
71,4
|
10
|
Source Données d'enquête Kandi
2008.
Le tableau n°10 présente l'évolution des
superficies et rendement en coton des producteurs. De l'analyse de ce tableau,
il ressort qu'il n'y a pas de différence entre les producteurs s'il
s'agit de la stabilité des superficies emblavées. Chez les
producteurs CEF, cette stabilité est accentuée dans les groupes
anciens ayant suivi la formation en français. Mais les producteurs en
F&V ont eu beaucoup plus tendance à augmenter leur superficie (50 vs
30%) sans une raison pertinente qui n'est autre que la disponibilité en
terre cultivable puis l'acquisition d'un nouveau matériel ou boeuf de
trait. Cette extensification s'inscrit dans le souci permanent comme l'a
constaté Legile (1999) d'augmenter ses chances face à la
perception du risque alimentaire ou économique. Pour Legile il s'agit
d'une stratégie anti aléatoire due au manque de prévision.
Notons que parfois ces augmentations peuvent aller jusqu'au doublement. La
conséquence est donc un mauvais entretien et donc le retour dans la
spirale de l'endettement.
S'agissant des rendements de coton, 40% des producteurs en CEF
contre 10% en T&V affirment voir leur rendement stable. 40% des producteurs
en CEF contre 71,4% en T&V ont vu leur rendement s'augmenter. Cette
exagération dans la proportion (71,4%) des producteurs T&V ayant vu
leur rendement évolué s'expliquerait par le fait qu'ils ont de
mauvais indicateurs pour apprécier le rendement. Ils ne tiendraient pas
compte des surfaces qu'ils ont eu à augmenter, bref ils ne
ramènent pas leurs productions à l'hectare. C'est donc une
perception biaisée de la réalité qui est à la base
de ces résultats, ajoutée à un déficit de
formation. Ce déficit aisément perceptible surtout en
matière de notion de charge et de calcul de résultat, notamment
pour les vivriers, d'où la réticence à intensifier les
cultures destinées à l'alimentation comme le note Legile (1999).
Dans les deux groupes, la diminution des rendements est en
général due au mauvais entretien des cultures et à la non
disponibilité des intrants (à bonne date ou leur revente à
cause de difficultés financières).
6.2. Dans le
ménage
Les effets des approches au niveau du ménage sont
très peu ressentis au niveau de l'approche Training and Visit. Comme
nous l'ont prouvé les deux derniers chapitres, l'approche T&V ne
tient pas compte de la globalité de l'exploitation agricole
c'est-à-dire du système exploitation-famille.
6.2.1. Définition des
besoins alimentaires et la gestion des stocks alimentaires
En tenant compte de leurs besoins alimentaires, les
producteurs en CEF déterminent les surfaces
céréalières. C'est l'un des premiers
éléments dont ils acquièrent la maitrise après une
année de conseil. Tous les producteurs en CEF sont unanimes sur le fait
que c'est avec le CEF qu'ils arrivent à mieux définir leurs
besoins alimentaires. Quant à la gestion des stocks alimentaires, chaque
producteur suit dans son cahier de stock l'évolution des
quantités de vivriers. Il sait, en fonction de sa production, s'il sera
en pénurie et prend des dispositions en conséquence.
Pour ce qui concerne les producteurs T&V, la
définition des besoins alimentaires comme nous l'avons vu, ne fait pas
partie de la démarche employée. Elle participe même
très peu à la définition des surfaces
céréalières pour lesquelles il n'y a aucun raisonnement
évident semble t-il. S'agissant de la gestion des stocks alimentaires,
ces producteurs se retrouvent souvent en rupture de stock de vivrier parce que
l'ayant bradé pour obtenir des fonds indispensables à la
récolte du coton. Même les rares producteurs
bénéficiaires de prêts à la CLCAM en vue de la
récolte, se trouvent en général dans cette situation de
bradage parce que les fonds empruntés servent surtout à
résoudre les problèmes alimentaires.
6.2.2. Gestion de la main
d'oeuvre
Il pourrait paraitre bizarre que ce point se retrouve dans les
effets observés au niveau du ménage plutôt qu'au niveau de
l'exploitation. Mais comme nous l'avons déjà remarqué, les
deux (ménage et exploitation) constituent pour la majorité des
exploitations d'Afrique subsaharienne, un système indissociable. Comme
l'a souligné Ngwainmbi 2000, « l'une des
caractéristiques de l'exploitation familiale est la non quantification
du temps de travail. Cette inexistence de quantification du temps de travail
est associée à des problèmes de main-d'oeuvre que
subissent un grand nombre de nos exploitations. »
Aujourd'hui, grâce au CEF, les producteurs arrivent
à connaitre avec précision le nombre d'heures de travail de leurs
actifs familiaux, (où travaillent-ils le plus et quelle est la main
d'oeuvre la plus employée, salariale où familiale). Cette
capacité leur est conférée par le remplissage quotidien du
cahier d'utilisation de la main d'oeuvre. De l'analyse de ce cahier il ressort
que les producteurs CEF ont une meilleure connaissance de la part de la main
d'oeuvre familiale et salariale impliquée dans les tâches de
l'exploitation.
Mais cet outil permettant la gestion de la main-d'oeuvre n'est
pas sans conséquences sur le système de vie du ménage.
Témoignage d'un producteur CEF
« Depuis que je suis entré dans le CEF je
sais ce que chaque membre de ma famille fait, ainsi après la
récolte du coton et la réception des fonds, la répartition
de l'argent est fonction du nombre d'heures passées dans l'exploitation.
Donc, plus tu as travaillé plus tu as droit à une
rémunération consistante »
Ce qui est inquiétant dans cette nouvelle
manière de penser et de faire des producteurs en CEF est qu'ils ont
tendance à raisonner de plus en plus comme des entreprises capitalistes
où la rémunération est fonction du temps de travail. Ceci
est donc un peu contradictoire avec ce qu'on a toujours pensé des
exploitations agricoles familiales, comme quoi elles sont
caractérisées par une économie d'affection dans le sens
que propose Hyden17(*). Ce
qui mérite que nous attardions notre analyse sur ce point est le
rôle fondamental joué par ce type d'économie ! Il est
alors normal qu'on se demande, au cas où cette nouvelle manière
de penser des producteurs CEF se généralisait au détriment
de la persistance de l'exploitation familiale et de l'économie
d'affection comme moyen d'atténuation des risques et de la
durabilité de cette agriculture, vers où irons-nous ?
Serions-nous capables de tenir dans ce nouveau système où
l'agriculture n'est qu'une activité économique ?
6.2.3. Femmes dans le
processus
Un certain nombre d'insuffisances a été
soulevé dans les chapitres précédents relatifs au
rôle des femmes. Ces femmes, pour le cas des producteurs en T&V, sont
considérées comme la base de la survie des exploitations
familiales à travers le rôle qu'elles y jouent du point de vue de
Moris 1994 que nous partageons bien sûr. Mais il s'est fait que tout au
long de ces décennies de mise en oeuvre de l'approche T&V, elles ne
se sont pas vues accordée la place qui leur revenait dans le dispositif.
Certes le problème de la participation se pose, d'une part, pour des
raisons d'équité et, d'autre part, parce que bon nombre
d'agriculteurs d'Afrique subsaharienne sont des femmes, lesquelles sont
rarement représentées parmi les paysans pilotes du système
T&V Due et al. (1987) cité par Moris (1994). Si tel est le cas que
pouvons- nous espérer comme effet sur le ménage si ce n'est une
marginalisation de plus en plus croissante des femmes dans les dispositifs de
T&V. Quant aux femmes dans le cas du CEF nous avons pu constater que la
fiabilité des informations collectées sur le ménage est
fonction de la compréhension et de l'intégration des femmes dans
les dispositifs CEF. Ceci est un très grand défi qui peut
être relevé dans la mesure où les femmes intègrent
facilement les groupes CEF quelles que soient les activités qu'elles
mènent.
6.2.4. Dépenses du
ménage et gestion du revenu
La plupart des producteurs en CEF affirment mieux comprendre
la notion de revenu. En effet, avec le cahier journal de caisse (JC) où
chaque sortie d'argent, de tout ordre et entrée d'argent est
consignée chaque jour, nous pouvons parler d'une nouvelle vision du
revenu. A la fin de chaque mois, le point des sorties et des entrées
d'argent est fait et le producteur voit ce qui lui fait plus sortir ou entrer
d'argent dans la caisse. Ainsi, nous avons reçu les témoignages
suivants
« Avec ce que j'ai eu comme résultat les
trois premiers mois j'ai constaté qu'en réalité, je
n'étais pas pauvre mais que je dépensais mon argent
anarchiquement. »
« Avec le conseil j'ai pu constater que
l'activité qui me rapportait le plus d'argent est la politique
(participation aux réunions, au meeting et aux dons d'homme à
homme etc.) et ce qui me faisait en perdre énormément est de
faire des dons anarchiques à mes amis, comme des tours de table au
cabaret. Aujourd'hui je planifie toutes mes dépenses et je
prévois la part relative aux dons, j'ai constaté une
amélioration de mon revenu et ma famille ne manque plus de
rien.»
« J'ai constaté que c'était la
cigarette qui finissait mon argent. Avant quand ma femme vient demander 25
francs pour acheter du sel je préfère dire que je n'en ai pas et
aller dépenser cet argent pour fumer. Aujourd'hui je sais quelle
quantité de sel il me faut pour toute l'année et je me
prépare. Je n'ai pas arrêté de fumer mais grâce au
conseil j'ai pu réduire de moitié les dépenses relatives
à ce vice, c'est déjà un pas.»
« J'étais celui qui donnait l'argent de
petit déjeuner à tous les enfants de la maison. Mais après
six mois de conseil j'ai pu voir que cette activité m'appauvrissait et
donc maintenant je ne m'occupe plus du petit déjeuner des neveux
(enfants de mes frères) qui ne manquent pas de moyens pour le
faire. »
« Je ne savais pas qu'un jour je pouvais autant
réduire la quantité d'alcool que je consommais rien qu'en voyant
la part que cela amputait dans mon petit revenu. Les résultats des
analyses m'ont contraint à diminuer ma dose d'alcool pour plus disposer
d'argent pour ma famille. Je pense sincèrement que tous les producteurs
devraient bénéficier du conseil »
Il est heureux de constater à travers ces
témoignages les effets du conseil non seulement sur la gestion du revenu
et les dépenses du ménage mais aussi à travers la
conscientisation des producteurs. Beaucoup de producteurs ont diminué
les quantités d'alcool ou de cigarette consommées voire
arrêter pour d'autres. N'est-ce pas là un autre effet qui à
long terme pourrait démontrer des impacts positifs du conseil sur la
santé et le bien-être de ses adhérents ? Il a
été aussi constaté que bon nombre de producteurs CEF se
lancent dans une capitalisation de leur revenu en bétail.
Derrière le but essentiel de cette manoeuvre qui est avant tout de faire
des profits (après un à deux ans d'embouche), se cache le souci
de ne pas avoir sur soi de la liquidité afin d'échapper aux
emprunts sollicités par les frères et amis.
Quant à la Formation et Visite aucune
réalisation ou action n'a été menée à
l'endroit des producteurs dans le but qu'ils abordent une meilleure gestion de
leur revenu. Certes les actions relatives à l'augmentation des
quantités produites ont pour conséquence une augmentation du
revenu ; mais, quelle est l'utilité d'augmenter le revenu si
celui-ci est mal géré ?
6.2.5. Conseil et prix de
vente des produits
Il est aisé de constater l'effet du conseil sur le prix
de cession des vivriers. En effet, la plupart des producteurs vendent
très tôt18(*)
leurs produits généralement à des prix compris entre 5000
et 12000frcs le sac de maïs de 100kg pour les producteurs en T&V.
Quant aux producteurs en CEF, les prix de vente du même sac de maïs
varient entre 8000 et 20000frcs. Cette différence n'est pas due au
hasard mais à la prévision/planification faite par les
producteurs en CEF. L'effet du conseil est que les producteurs connaissant
déjà les quantités nécessaires pour leur famille
font leurs réserves et attendant la bonne période pour revendre
le reste. Certains producteurs CEF vont jusqu'à contracter des
prêts à la CLCAM pour racheter le maïs bradé par les
autres producteurs. C'est donc une forme de diversification des
activités.
6.3. Au niveau
organisationnel
6.3.1.
Relation avec les autres membres du village
`'Comment les producteurs CEF sont-ils perçus dans
leurs villages ?'' D'après nos enquêtes, les producteurs CEF
semblent bien être estimés. Cette sympathie est due au fait qu'ils
ont une bonne connaissance des techniques de production et que les producteurs
en général sont plus disposés à apprendre de leur
pair que d'autrui. Mais cette sympathie a pourtant des limites en ce sens que
les producteurs CEF sont souvent taxés `'d'avares''.
Un aspect des effets du conseil et qui est très
important est le changement des règles d'accès à la femme
et au mariage. En effet les producteurs CEF de Sinawongourou nous ont
confié
« Dans notre village, la femme coûte
très chère, il n'est donné à n'importe qui de se
marier. Pour se marier, il faut d'abord donner une dot qui est
constituée au minimum d'une paire de boeufs de trait, d'un pagne de
qualité supérieure et à cela il faut ajouter une somme
allant de 100000 à 300000 FCFA pour les beaux parents. Nous avons
constaté qu'après le mariage, les femmes de producteurs pauvres
ou pas aisés finissaient par les abandonner au bout d'une campagne
agricole. Ceci est logique d'autant plus qu'après avoir
dépensé tout cet argent pour `'acquérir'' la femme, on n'a
plus d'argent pour faire marcher l'exploitation et les conditions de vie
deviennent de plus en plus médiocres. Nous nous sommes entendus et avons
fait la proposition aux autres producteurs pour que désormais la somme
à remettre aux beaux parents soit désormais de 50000FCFA, la cola
restant indispensable car faisant partie du cérémonial et la
paire de boeufs devenant le patrimoine de la femme pouvant permettre à
son mari de les exploiter pour les travaux dans son champ. Grâce à
cela assez de producteurs parmi nous ont pu prendre des femmes sans se voir
abandonnés très tôt, faute de bonnes conditions de
vie. »
Ce constat qui dérive de la prise de conscience des
membres du CEF à travers le souci permanent d'assurer le bien-être
de leur famille pose le problème des normes et valeurs culturelles qui
sont en train d'être modifiées. D'un point de vue anthropologique
cela pourrait être source de déséquilibre dans la
société et donc de meilleures investigations devraient être
menées pour voir si tel qu'évolue le système il n'y aurait
pas une tendance à l'acculturation.
6.3.2.
« Dons »
Les citations suivantes proviennent de producteurs en CEF et en
T&V vivant dans les mêmes villages
« Les producteurs CEF sont trop
avares »
« Ce sont eux qui connaissent les techniques de
production mais n'aiment pas participer aux
cérémonies »
« Tu veux que je dise quoi, ils sont des Blancs
seulement qu'ils ont la peau noire. Si tu vas leur demander de l'aide ou un peu
d'argent ils vont te répondre, je n'ai pas mon cahier où je dois
noter mes dépenses comme le veut le conseiller donc reviens
après »
« On nous traite d'avares ; mais, c'est
qu'ils ne comprennent pas que ce sont ces genres d'inutilité qui sont
à la base de notre pauvreté »
« Je ne fais plus des tours de table au cabaret,
les autres producteurs ne me comprennent pas, ils me traitent
d'avare »
« Moi pour les dépenses relatives aux
cérémonies, je prévois une certaine somme d'argent,
lorsque j'atteins cette limite, je ne participe plus à quoi que ce
soit »
« Le conseil m'a permis de comprendre que je
gaspillais beaucoup d'argent dans mes condiments grâce à ce que
j'enregistrais comme recettes et dépenses dans mon cahier de caisse,
logiquement j'ai réduit l'argent des condiments que je donnais à
ma femme pour préparer la sauce. Ma femme ne comprend pas ma logique et
cet acte m'a créé des problèmes au point que j'ai bien
failli la perdre. J'ai été convoqué à des
réunions familiales et malgré le bienfait de ma logique j'ai
dû abandonner la bataille »
De ces témoignages, en plus des effets
déjà notés à l'actif du CEF, nous avons la tendance
à l'individualisme qui s'accroît de telle manière que les
préoccupations d'accumulation individuelles peuvent progressivement
prendre le pas sur celles de la redistribution. La réduction des dons et
la faible participation aux cérémonies constituent des effets du
conseil qui tendent à modifier les comportements des adhérents
vers des logiques occidentales. La conséquence est l'ensemble non
négligeable de problèmes sociaux créés par ces
changements19(*).
Soulignons que Marcel MAUSS, dans son essai sur le
don, a abouti à la conclusion que le principe de
l'échange-don a dû être celui des sociétés qui
ont dépassé la phase de la « prestation
totale » (de clan à clan, et de famille à famille) et
qui cependant ne sont pas encore parvenues au contrat individuel pur, au
marché où roule l'argent, à la vente proprement dite et
surtout à la notion du prix estimé en monnaie pesée et
titrée. Nous ne pouvons pas renier l'importance du don dans notre
société, les obligations et toutes les règles qui y sont
relatives pour un fonctionnement harmonieux de notre société. Si
on en venait à une modification de ces règles liées
à l'obligation du don ne devrions-nous pas nous inquiéter et
approfondir les différents aspects mis en exergue sur les effets du
conseil à l'exploitation familiale ?
6.3.3. Vers les institutions
Le conseil facilite l'accès des
producteurs aux institutions de financement. Cette affirmation n'est pas
gratuite, elle est justifiée par le fait que les producteurs CEF sont
conscients que seul l'investissement permet de créer de la valeur
ajoutée et comme ils ont coutume à le dire « on ne se
fait de l'argent qu'avec de l'argent ». Ce qui est dommage et qui
décourage les producteurs CEF, c'est qu'ils ont eu à
rédiger des projets dont ils n'ont pas reçu le financement. Ce
financement aurait dû être obtenu de la BRS (qui n'a toujours pas
donné une suite aux dossiers) et du Programme d'Appui aux Dynamiques
Productives (PADYP) (qui devrait démarrer en 2007 pour faire suite au
PADSE mais qui se fait toujours attendre). Il se pose un problème
d'implication de toutes les structures institutionnelles capables
d'améliorer les performances des producteurs. Néanmoins, les
producteurs CEF ont plus tendance à contracter du crédit de
campagne vers la CLCAM ou les ASF (70% de l'effectif de notre sous
échantillon de producteur CEF) que les producteurs T&V (27,1%). Ceci
s'explique par le fait que les producteurs T&V ont la crainte de se voir
humiliés20(*) pour
n'avoir pas remboursé le crédit qu'ils ont utilisé non pas
pour une activité rémunératrice mais pour combler leur
déficit durant la période de soudure ou pour réaliser des
cérémonies. Les producteurs CEF, grâce à leurs
différents outils, démontrent la rentabilité de leurs
activités et peuvent accéder plus facilement au financement.
L'Institution de Microfinance est aussi assurée du bon dénouement
du crédit, compte tenu de l'accompagnement du conseiller.
6.3.4. Au niveau des OP
Dans le village de Tissarou, il existe un nombre
élevé d'OP parallèles constituées uniquement de
producteurs en T&V. Elles se créent à cause de la mauvaise
gestion et des tromperies de leurs dirigeants et se dissolvent toujours
à cause des mêmes raisons. Contrairement au Village de
Tissarou, à Sonsoro et Sinawongourou
où est mis en oeuvre le CEF, il y a peu d'OP parallèles, et le
seul réseau où aucun impayé n'a été
enregistré au cours des cinq dernières années est
géré par des producteurs CEF (ANACODEDE)
Souvent les responsables des OP proviennent des producteurs
CEF (Cf. tableau n°11).
Tableau n°11 : Pourcentage de
producteurs occupant des postes de responsabilité.
Types de Producteurs
|
Pourcentage occupant un poste de responsabilité
|
CEF
|
60
|
T&V
|
20
|
Source Donnée d'enquête Kandi
2008.
Il ressort de la lecture de ce tableau que 60% de l'effectif
des producteurs en CEF enquêtés (Sonsoro et
Sinawongourou) occupent un poste de responsabilité
(secrétaire, trésorier ou président de GV ou GVPC ou UCPC)
au sein d'une organisation qui peut être au niveau village ou commune.
Quant aux producteurs en T&V enquêtés à
Sonsoro, Sinawongourou et Tissarou, seulement 20%
d'entre eux occupent des postes de responsabilité.
L'accès à des postes de responsabilités
est plus facile pour les adhérents CEF. Ces responsabilités vont
du niveau village au niveau communal au sein des associations, groupements et
des unions. (Cela est en parfaite corrélation avec la question niveau
social sur la place des adhérents CEF dans la société mais
aussi au niveau connaissance qu'ils ont en matière de gestion.)
6.3.4. Dynamique du
conseil
6.3.4.1. Système de
parrainage
Le système de parrainage est à la base de
l'extension du CEF au-delà des limites que l'on ne pouvait
espérer. En effet, l'entrée dans un groupe de CEF suppose que
l'on y a été introduit par un adhérent qui devient
dès lors votre parrain. Ainsi, les premiers à
bénéficier du CEF ont été
sélectionnés sur la base de leur niveau en français,
(savoir lire, écrire et faire de calcul en langue française) ou
de leur niveau d'alphabétisation (savoir lire, écrire et faire de
calcul dans une langue nationale). Ce premier groupe recevait de l'argent
après chaque formation. Certes les perdiem, comme le
disent ces producteurs, les motivaient à venir suivre les formations. Au
bout de six mois ils ont commencé à ressentir les effets du CEF
à travers une meilleure connaissance des réalités de leur
exploitation et de leur ménage. Donc il s'est créé en ces
producteurs un besoin plus accru en connaissances du fait de l'estime que cela
leur apportait et de la satisfaction de se savoir capable de faire telle ou
telle chose. Comme dit Davallon (1996), « la motivation et la
participation des bénéficiaires aux formations sont très
importantes dans le processus d'appropriation. L'intensité de
l'investissement personnel des participants à la formation est un
facteur déterminant au succès des formations. En effet, lorsque
toutes les conditions sont réunies et que les participants ne
s'investissent pas, la compréhension et l'assimilation sont
hypothéquées. »
Oloulotan (1996) a montré que les connaissances
nouvelles acquises sont jalousement gardées au niveau de ceux-ci qui, de
ce fait, se passent pour les plus éclairés, les plus
informés et donc incontournables pour leur groupement. Dans les
échantillons observés tel ne fut point le cas, les participants
CEF ont la soif de faire passer leurs connaissances aux autres producteurs. Les
effets étaient tellement visibles sur les premiers groupes que les
nouveaux parrainés, particulièrement motivés ont suivi le
CEF en langue nationale sans recevoir de perdiem pour les formations
et achetaient eux-mêmes les cahiers nécessaires pour suivre cette
formation. Beaucoup de producteurs CEF nous ont confié avoir
constitué de petits groupes de producteurs afin de leur transmettre le
peu de connaissances qu'ils ont acquises en raison de l'insuffisance des
animateurs relais et conseillers, face à une demande de plus en plus
grandissante du conseil pour les producteurs alphabétisés.
Ceci n'est rien d'autre que la confirmation de la
participation des producteurs dans les dispositifs CEF, les niveaux de
responsabilisation et de conscientisation face au conseil qu'ils sollicitent et
la confirmation de la relation de partenariat existant entre ces producteurs et
leur structure d'appui dans l'optique commune d'arriver enfin à
l'autopromotion.
6.3.4.2. Alphabétisation fonctionnelle
Selon Agoua (1987) l'objectif de l'alphabétisation
étant de mobiliser, de former, d'éduquer, de conscientiser les
forces de travail afin de les rendre plus productives, d'en faire les vrais
maîtres de leur destin et non plus des assistés, une
stratégie pédagogique ne peut être sans la participation
des intéressés. De nombreux producteurs nous ont confié
avoir commencé à suivre les cours d'alphabétisation afin
de pouvoir profiter des nombreux bénéfices du CEF. Quant aux
autres producteurs alphabétisés et déjà dans les
dispositifs CEF, ils sont conscients que l'écrit comme ils le disent
leur a ouvert les yeux. Fort de cela et de la volonté des maîtres
alphabétiseurs et des structures d'appui nous pouvons espérer un
meilleur avenir pour l'alphabétisation fonctionnelle qui est pour
l'heure le facteur pouvant permettre l'extension du CEF à un nombre plus
élevé de producteurs car leur participation et motivation
n'étant plus hypothéquées. Mais, malgré cette
motivation, il serait pertinent de ne pas nier les difficultés
rencontrées par les producteurs dans le remplissage et l'appropriation
de ces documents et, de s'interroger donc sur la fiabilité et la
qualité des données collectées. Envisager donc le conseil
pour les analphabètes serait une solution.
6.4. Conclusion
partielle
Les résultats présentés dans ce chapitre
sont intimement liés aux conclusions tirées des deux chapitres
précédents. En effet, si nous avons pu identifier le rôle
et la place des producteurs dans chacune des deux approches, les relations et
interactions existant entre les différents acteurs à travers les
processus de renforcement des capacités, de responsabilisation
c'est-à-dire les activités effectuées dans chaque
approche, c'est dans ce chapitre que nous avons pu dégager certains
effets de ces différentes activités sur l'environnement des
exploitations agricoles, le ménage des producteurs et au sein de
l'exploitation
La principale conclusion que nous pouvons tirer des effets du
CEF est que le producteur formé peut utiliser les outils sans la
présence permanente du conseiller. Il a ainsi des connaissances sur le
fonctionnement de son exploitation et de son ménage qu'il peut
exploiter. Du point de vue technique, l'écrit lui permet de conserver
les formations, les dates et assez de connaissances qu'il peut consulter si le
besoin se fait sentir. Le CEF permet un accès plus facile aux postes de
responsabilités dans les organisations et donc un meilleur statut
social. Mais l'ensemble de ces nouvelles connaissances n'a pas que des
bienfaits, on note en effet la tendance vers l'individualisation des
producteurs et le risque de les déconnecter de leur
société. On se demande alors si le CEF peut avoir un impact
significatif sur le développement économique d'une région
ou au contraire favorise t-il une fraction minoritaire ?
Quant à la Formation et Visite, certes le niveau de
connaissance technique des exploitants s'est amélioré mais il
demeure la relation d'assistant à assisté manifestée par
le renforcement des capacités choisies par une des parties et une
absence de responsabilisation au niveau des acteurs.
Somme toute, compte tenu de la place et du rôle des
producteurs dans les dispositifs ainsi que, des relations existant entre les
acteurs, les effets identifiés chez les producteurs CEF seraient plus
durables que ceux identifiés chez les producteurs T&V. En vue de
tester cette hypothèse, il serait souhaitable d'approfondir les
recherches dans le temps et dans l'espace (plus de temps avec un
échantillon plus important).
CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
Le Conseil à l'Exploitation agricole Familiale se situe
dans la longue évolution des interventions en milieu rural,
marquée par de multiples efforts, souvent
contestables, « d'encadrement des paysans » ou de
« vulgarisation » dans le cadre de nombreux projets à
base régionale ou nationale. La vulgarisation en Afrique a souvent
été conçue dans le but de faire adopter aux producteurs,
grâce à des dispositifs d'encadrement, des techniques mises au
point par la recherche agronomique. Le système Training &
Visit de la Banque mondiale a longtemps répondu à ce
modèle. Le paysan voit son rôle réduit à
l'exécution des opérations préconisées par la
structure. Cette approche a fortement contribué à la diffusion
d'innovations techniques, mais elle a rarement permis de faire remonter
l'information concernant les pratiques et les objectifs des producteurs,
préalable indispensable au diagnostic du fonctionnement de
l'exploitation, donc au conseil. Le CEF, s'efforce en effet de renverser la
perspective en vigueur depuis de nombreuses années, tendance qui faisait
du technicien, adossé aux systèmes de recherche, le vecteur
central du transfert de technologies vers les producteurs. Sans rejeter les
différentes modalités de transfert de technologies à
travers la vulgarisation « classique » rendues souvent
nécessaires face à l'évolution rapide des techniques, le
CEF permet de renforcer la capacité du producteur à
maîtriser le fonctionnement de son exploitation, à
améliorer ses pratiques en combinant innovations endogènes et
innovations extérieures, à prendre de meilleures décisions
pour atteindre les objectifs qu'il se fixe avec sa famille. Beaucoup d'effets
encourageants ont été identifiés notamment au niveau de
l'exploitation des producteurs, de leur ménage et de leur environnement
socio institutionnel. Mais il reste que des garde-fous doivent être mis
en ce qui concerne les effets relatifs aux nouveaux comportements des
producteurs. En ce sens, les démarches de type CEF peuvent utilement
contribuer à la réforme des systèmes de vulgarisation
classique, en dotant les producteurs de capacités à
définir leurs besoins, à préciser leurs objectifs tant au
niveau de leur exploitation que de leur famille, à maîtriser leurs
actions et, plus largement, les processus de gestion concernant leurs
unités familiales de production.
C'est fort de tout ce qui précède, que nous
voudrions faire les suggestions ci-après
Pour les structures d'appui
public
· Commanditer une étude pour identifier les
préoccupations des producteurs et en déduire les besoins en
formation et en renforcement des capacités ;
· Replacer les producteurs au centre de leurs dispositifs
en leur conférant des capacités à demander des services
qu'ils estiment nécessaires ;
· Rendre prioritaire la compréhension du
fonctionnement interne des exploitations familiales ;
· Appliquer effectivement la démarche conseil au
niveau des Conseillers en Production Végétale et des Techniciens
Spécialisés ;
· Renforcer les capacités des producteurs
après un diagnostic global de leur exploitation ;
· Faire évoluer les technologies proposées
aux producteurs ;
Pour les Conseillers en Production
Végétale
· Considérer les producteurs comme des partenaires
pour écarter toute considération de subordination ;
· Faire un diagnostic global des exploitations suivies au
moins une fois en début de campagne ;
· Privilégier davantage ce que les producteurs
font, leurs objectifs et leurs résultats.
Pour les opérateurs
privés
· Financer une étude sur les effets sociaux du
CEF sur les producteurs ;
· Procéder à une démarche
méthodologique, introduisant des producteurs non
alphabétisés dans les dispositifs de conseil ;
· Rendre les outils plus faciles à remplir et
moins contraignants ;
· Rechercher des partenariats avec l'Etat, la recherche,
l'enseignement agricole et agronomique et les structures d'encadrement pour
asseoir une base institutionnelle au CEF.
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mémoire de maîtrise Université du Québec à
Montréal ;
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LEEUWIS, C. and BAN van den, A. (2004): Communication for
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LEGILE, A. ; GIRAUDY, F. ; (2005) :
Mission d'appui au volet « Conseil de gestion » du
Projet d'amélioration et de diversification des systèmes
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LEGILE, A. (1999) : De l'analyse des pratiques de
gestion, à la proposition d'outils d'aide à la
décision étude sur les exploitations agricoles du
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LE MOIGNE, J.L. (1988) : Systémographie de
l'entreprise. In Revue Internationale de Systèmique. GAUTIER VILLARD Ed.
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LEROY, J. (2001) : Le conseil de gestion au sud du
Tchad ; atelier nationnal de bohicon sur le conseil de gestion ;
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LONG, N. & LONG, (eds), (1992): Battlefields of knowledge.
The interlocking of theory and practice in social research and developpement,
Londres Routledge.
MAEP (2007) : Livre blanc sur le Conseil Agricole au
Bénin, Septembre.
MAUSS, M. (2006) : Essai sur le don, forme et raison de
l'échange dans les sociétés archaïques. Extrait de
l'année sociologique, seconde série, 1923-1924, t. I. ;
sociologie et anthropologie, Edition puf, 482p.
MORIS, J. (1994) : Options de vulgarisation agricole
en Afrique tropicale, CTA, 213p.
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gérer l'entreprise en Afrique piloter ; Ed Foucher.
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Bénin Rôles et stratégies de différents
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National sur le Conseil de Gestion ; Bohicon 8-11 Avril.
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ROESCH, M. (2002) :
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gestion BIM n° 7 - 26 février.
ROLING, N. (1988): Extension Science, Cambridge University
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p.
SEBILOTTE, M. (1968) : Article `'système de
culture''. Encyclopédia Universalis, pp. 239-242
ANNEXES
Annexe n°1 Guide d'entretien `'Producteur''
ü Présentation
o Nom et prénom
o Situation matrimoniale
o Comment en est-il arrivé au CEF et qu'est ce le CEF lui
a apporté
ü Le choix de l'activité
o Subit-il une influence dans le choix de ses activités ou
spéculation ? si oui
o Quel genre d'influence économique, technique,
social, ou autre ?
o comment se fait ce choix ?
o quel démarche et quel outils utilise t-il ?
Planification des activités
o A-t-il l'habitude de faire un planifier ?
o Comment ce plan est fait ? en tête ou sur papier
o D'où viennent les outils servant à faire ce
plan ?
o Lesquels utilise t-il et pourquoi ?
o Lesquels n'utilise t-il pas et pourquoi ?
ü Conduite des activités de
l'exploitation
o Exécution des tâches de l'exploitation
§ Quelles sont les tâches jugées critiques par
le producteur ?
§ Quelles sont les difficultés rencontrées au
cours de l'exécution de ces tâches ?
§ Sollicite t-il ou reçoit-il un appui du conseiller
pour l'exécution des ces tâches ?
§ Le conseiller lui offre t-il plusieurs
possibilités ? si oui comment choisit-il la plus
adaptée ?
§ Le conseiller lui dicte -il simplement la démarche
à suivre ? si oui exécute t-il les prescriptions de
celui-ci ? les modifie t-il ou les mets t-il simplement en
oeuvre ?
o Suivi de la mise en oeuvre des activités de
l'exploitation
§ De quelle manière suit-il l'évolution de ses
activités ?
· En se fixant des objectifs /
périodicité? Lesquels ?
· En utilisant des outils ? lesquels ?
· D'où lui proviennent ces outils ?
§ Lui arrive t-il de faire des
réajustements ?si oui
§ ces réajustements portent sur quoi ?
§ quels sont les indicateurs qui lui permettent de faire ces
réajustements ?
§ Est-ce le conseiller qui lui indique les
réajustements à faire ou des propositions lui sont faites et il
choisi parmi celles-ci ?
ü L'évaluation ou appréciation des
résultats de la campagne
o Comment apprécie t-il les résultats de sa
campagne ?
§ Par un simple jugement ? si oui basé sur
quoi ?
§ Par un calcul ? si oui quels outils utilise t-il et
pourquoi ?
ü Critères de choix des producteurs
o Par adhésion libre
o Par autre moyen, lequel
ü Vécu de la relation
o Lieu où se déroulent les entretiens
o Nombre de visite
o Durée de la visite
o Quel est le ratio de temps de monopolisation de la parole au
cours des visites
o Mode de communication au cours de la visite
§ Discussions de groupe
§ Discussions individuelles
ü Accès au service
o Eprouve t-il le besoin de services
d'appui ?lesquels ?
o A-t-il facilement accès à ces services ?
§ si oui, paie t-il le service ou celui-ci lui
offert ?
§ Si non est-il prêt à payer ou non ? Que
gagnera t-il en acceptant les différents services ?
ü Durant les visites d'échange
comment se déroule l'animation ?
o De quels sujets discutent-ils
§ Problèmes du ménage gestion du stock
alimentaire, scolarité des enfants, difficultés personnelles
§ Problème de l'exploitation production,
stockage, recherche de débouchés, commercialisation
§ De quoi ne discute t-il pas avec le conseiller ?
o Qu'est-ce qui préoccupe le conseiller ?
§ La finalité est-elle de faire passer son message
ou
§ Ecouter le producteur afin de mieux s'imprégner de
ses réalités
§ Comment fait t-il quand au cours des discussions un
problème est au delà de ses compétences ?
§ Comment résous t-il les problèmes extra
agricoles ?
o Facon de conseiller, comportements du conseiller envers le
producteur, arriver à dégager ses jugements.
ü Evolution du rapport superficies
emblavée/rendement
o Comment les superficies emblavées ont
évolués et pourquoi ?
o Comment les rendements ont évolués et
pourquoi ?
ü Evolution de la demande d'intrants
o La consommation en semences a-t-elle augmentée ou
diminuée ? pourquoi ?
o La consommation d'engrais a-t-elle augmentée ou
diminuée ? pourquoi ?
o La consommation d'insecticide a-t-elle augmentée ou
diminuée ? pourquoi ?
ü Diversification des sources de revenu du
ménage (volumes et régularité)
ü Y a-t-il eu diversification des sources de
revenu ?si oui
o Quels sont les types de source de revenu ?
o Evolution en volume de ces sources (de combien à
combien)
o Evolution en régularité (nombre de mois)
En relation avec l'accompagnement reçu, comment a
évolué au niveau de
Ménage
ü Processus de prise de décisions dans le
ménage
ü Participation des membres aux activités
ü Taux scolarisation des enfants
ü Meilleur harmonie et stabilité de la famille
ü Evolution du revenu, de l'épargne et de
l'endettement
Environnement
ü Relations avec les OP, GV
ü Relations avec les institutions de finance
ü Relation avec les autres membres du village
Annexe n°2 Guide
d'entretien conseiller/vulgarisateur
ü Présentation
o Nom et prénom
o Age et situation matrimoniale
o motivations
ü Le choix de l'activité
Quelle démarche est utilisée pour aider le
producteur dans le choix de ses activités ?
o Quels outils utilise t-il pour aider le producteur à
faire ce choix
Planification des activités
o Existe-t-il une démarche pour aider le producteur
à planifier ?
o Si oui qui le fait et quels ont les outils utilisés
o Comment et par qui ces outils sont conçus ?
ü Conduite des activités de
l'exploitation
o Exécution des tâches de l'exploitation
§ Comment influence t-il dans la mise en oeuvre des
activités du producteur ?
· A quel niveau intervient-il ?
o Au niveau de la période d'exécution
o Au niveau de la manière de faire
· Que propose t-il ?
o Suivi de la mise en oeuvre des activités de
l'exploitation
§ Intervient-il dans le suivi des activités du
producteur ?
§ Si oui, quels sont les outils qu'il utilise ?
§ Quels sont les indicateurs utilisés pour
apprécier l'évolution des activités du
producteur ?
§ Quel rôle joue t-il dans le réajustement des
activités du producteur ?
ü L'évaluation ou appréciation des
résultats de la campagne
o Comment apprécie t-il les résultats de
l'activité du producteur ?
§ Par des objectifs propres à lui ? si oui un
exemple et les indicateurs associés.
§ Par des objectifs concertés avec
l'exploitant ? si oui un exemple et les indicateurs associés.
o Quels sont les outils disponibles dans chaque cas ?
o Comment se fait le choix de l'outil ?
ü Durant les visites d'échange comment
se déroule l'animation ?
o De quels sujets discutent-ils
§ Problèmes du ménage gestion du stock
alimentaire, scolarité des enfants, difficultés personnelles
§ Problème de l'exploitation production,
stockage, recherche de débouchés, commercialisation
§ De quoi ne discute t-il pas avec le conseiller ?
o Qu'est-ce qui préoccupe le conseiller ?
§ La finalité est-elle de faire passer son message
ou
§ Ecouter le producteur afin de mieux s'imprégner de
ses réalités
§ Comment fait t-il quand au cours des discussions un
problème est au delà de ses compétences ?
§ Comment résous t-il les problèmes extra
agricoles ?
o Facon de conseiller, comportements du conseiller envers le
producteur, arriver à dégager ses jugements.
Annexe n°3
Principaux outils du CEF
Journal de caisse
Date
|
Culture
|
Parcelle
|
Opération de la caisse
|
Trésorerie
|
|
Activité
|
Champ
|
Ventes/Achats
|
Entrées
|
Sorties
|
Soldes
|
|
|
N°
|
Divers mouvements
|
Encaissements
|
Autres Encaissements
|
Décaissements
|
Autres Décaissements
|
Reste
|
5/7/03
|
|
|
Report
|
|
5000
|
|
|
5000
|
5/7/03
|
Maïs
|
1
|
Vente 600Kg
|
60000
|
|
|
|
65000
|
5/7/03
|
coton
|
2
|
Payement m.o
|
|
|
25000
|
|
40000
|
6/7/03
|
|
|
Don à mon frère
|
|
|
|
1000
|
39000
|
7/7/03
|
|
|
Don de Aladji
|
|
15000
|
|
|
54000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Totaux à reporter
|
60000
|
20000
|
25000
|
1000
|
54000
|
Cahier d'utilisation de la main d'oeuvre
Date
|
Culture
|
Parcelle
|
Opération Culturale
|
Main-d'oeuvre
|
Activité
|
Champ
|
|
Identification
|
Présence
|
Conditions journalières
|
Règlement prestation
|
|
|
|
Type
|
Nom/Prénoms
|
Position
|
Temps
|
Indemnités
|
|
|
Date
|
Date
|
|
|
N°
|
|
|
|
Repas
|
Nature
|
FCFA
|
Nature
|
FCFA
|
5/7/03
|
Coton
|
A
|
sarclage
|
Adam
|
RE
|
1*1
|
|
|
|
|
|
5/7/03
|
Coton
|
A
|
sarclage
|
Abibou (2)
|
SO
|
1*2
|
1*2
|
|
5000
|
|
5/7/03
|
6/7/03
|
Maïs
|
B
|
semis
|
Chabi (5)
|
GE
|
1*5
|
3*5
|
|
|
|
|
6/7/03
|
Niébé
|
C
|
sarclage
|
Orou
|
SP
|
1*1
|
3*1
|
|
|
|
|
7/7/03
|
Sorgho
|
D
|
récolte
|
Idrissou (4)
|
MOF
|
1*4
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cahier d'utilisation des intrants
Date
|
Culture
|
Champ
|
Intrants utilisés
|
Montant de la dépense
|
Activité
|
Parcelle
|
|
|
|
|
|
|
N°
|
Produit
|
Formule
|
Quantité utilisée
|
Surface
|
FCFA
|
4/6/03
|
Coton
|
1
|
NPK-SB
|
14.23.14.5.1
|
100Kg
|
0,5Ha
|
19 800
|
6/6/03
|
Maïs
|
2
|
PA
|
40.5
|
100Kg
|
0,5Ha
|
19 800
|
12/7/03
|
Coton
|
1
|
Endosulfan
|
350 EC
|
2L
|
1Ha
|
9 000
|
30/7/03
|
Coton
|
1
|
Dursban
|
350 EC
|
1L
|
1Ha
|
9 000
|
Fiche de stock
Date
|
Entrées
|
Sorties
|
Stocks
|
Règlement dettes/créances
|
Mvts
|
Qté
|
P.U
|
Montant FCFA
|
Fournisseurs
|
Qté
|
Destinations
|
Montant FCFA
|
Client
|
Qté
|
Date
|
Montant FCFA
|
4/7/03
|
Solde en stock
|
|
|
|
|
|
|
|
0
|
|
|
4/7/03
|
500Kg
|
50
|
25000
|
Parcelle A
|
-
|
-
|
-
|
-
|
500Kg
|
|
|
4/7/03
|
|
|
|
|
100Kg
|
Autocons
|
5000
|
|
400Kg
|
|
|
5/7/03
|
|
|
|
|
50Kg
|
Vente
|
3500
|
marché
|
350Kg
|
5/7/03
|
3 500
|
6/7/03
|
|
|
|
|
100Kg
|
Don
|
7000
|
église
|
250Kg
|
|
|
Annexe n°4
Tableau comparatif entre « Training and Visit » et le
« CEF »
Caractéristiques
|
« training & visit »
|
Conseil à Exploitation Familiale
|
Objectif
|
Apporter un appui global aux paysans pour la promotion de toutes
les activités de production agricole par l'usage de paquets
technologiques pour les spéculations à promouvoir
|
Aider les producteurs à la prise de décisions par
rapport à la gestion de leur exploitation familiale
|
Contexte
d'apparition
(dans les pays du
sud)
|
Dans les années 80 sites au désengagement
des Etats de certaines activités du secteur
agricole et rural
|
Fin des années 90 pour répondre à
certaines
limites des autres approches nouveaux
principes les producteurs au coeur des
décisions, approche systémique globale de
l'exploitation
|
Implication des
bénéficiaires
|
faible
|
Prise en compte des demandes et des décisions des
bénéficiaires
|
Thèmes
|
Thèmes techniques
|
Thèmes technico-économiques, financiers,
juridiques, organisationnels....
|
Le public ciblé
|
Constitution du groupe de contact ou du
groupement par l'agent selon certains
critères définis par le projet/programme.
Groupe de 15 à 20 personnes
|
Paysans volontaires alphabétisés (ou couplage
avec l'alphabétisation fonctionnelle) en
groupe de 20 à 30 personnes
|
Agents/
conseillers
|
Agent détenteur du savoir
Technicien Spécialisé formé en cascade
(1 jour / mois)
|
Conseiller rôle d'« accompagnateur
facilitateur »
Suivi de formations de remise- à niveau
(plusieurs semaines/an)
|
Méthode
|
Standardisée
|
Méthodes à adapter aux situations,
évolutive,
en fonction des publics et contextes
|
Formation
|
De façon descendante des agents aux
paysans dans les groupes de contact
(transfert de technologies et pratiques
culturales) sous forme d'ateliers thématiques
en salle ou sur le champ de démonstration
|
De façon participative et évolution en fonction
du rythme d'appropriation des outils
|
Outils
|
Champ de démonstration
Cahier d'activité
Unité de vulgarisation (toutes les
spéculations et activités prises en
compte) APNV
|
Champ d'un exploitant du groupe et des visites d'échange
d'expériences, discussion de groupe
outils cahier de stockage, cahier de la M.O, fiche parcellaire,
cahier de caisse , fiche d'inventaire de l'exploitation, etc.
|
Suivi
|
En groupe
|
En groupe et individuellement
|
Collecte de
données
|
(collectes de données pour une analyse statistique
|
Collecte par l'exploitant avec les outils pour un
référentiel de base et pour une analyse technico
économique avec le conseiller et en
groupe
|
Formulation des objectifs
|
Tactique, dont l'encadreur ne tient pas compte
|
Tactiques et stratégiques, concertés avec le
conseiller
|
Planification des activités des producteurs
|
Pas d'outil, faite au jour le jour
|
Plan de campagne
|
Evaluation des résultats de l'exploitation
|
Seulement pour le coton
|
Pour toute l'exploitation
|
Renforcement capacités en stockage et commercialisation
|
Très rare et faible
|
Effectif et fréquent
|
Place du producteur
|
Au centre du dispositif
|
Pas au centre
|
But des visites d'exploitation
|
Contrôle des essais
|
commentaire
|
Identification des contraintes des producteurs
|
Par les encadreurs et les TS, des contraintes relatives à
toute la communauté villageoise
|
Par les producteurs avec le concours du conseiller
|
Obligation de compte du conseiller
|
inexistante
|
Fréquente, pendant les restitutions individuelles ou de
groupe
|
Responsabilités par rapport aux résultats
|
Très faible
|
acceptable
|
Place du producteur
|
bénéficiaire
|
partenaire
|
Changement dans les techniques de production
|
faible
|
bonne
|
Position sociale des producteurs
|
Pas de changement
|
En évolution
|
Demande de crédit
|
De moins en moins fréquent
|
Justifiée par des calcul et des objectifs
stratégiques
|
Source : données enquête Kandi
2008.
* 1 LAVIGNE S. ; La
difficile percée d'un modèle alternatif dans les rapports
Nord-Sud : Le cas de Songha « LE BÉNIN DANS LES RAPPORTS
NORD-SUD », mémoire de maîtrise Université du
Québec à Montréal ;
www.mémoireonline.com
* 2 Les filières en
question étaient : le palmier à huile, le coton, l'arachide,
le riz, le tabac assuré par des sociétés dites
d'intervention ; la SONADER pour le palmier à huile dans
l'Atlantique, l'Ouémé et le mono ; la CFDT pour le coton
dans le Borgou ; la SATEC pour le coton et l'arachide dans le Zou ;
le BDPA pour l'arachide dans l'Atacora ; la SADEVO devenue par la suite
SONIAH pour le riz dans l'Ouémé et l'Atlantique.
* 3 Fourniture des semences
sélectionnées, approvisionnement en intrant de toute nature,
commercialisation primaire du produit, la transformation et l'exportation du
produit fini.
* 4 Voir Agoua (1978).
* 5 Cité par AGOUA F.
(1987)
* 6 BAN van der, A. ; HAWKINS H.
; BROUWERS J. et C. Boon (1994) ; La vulgarisation rurale en Afrique.
CTA-Karthala-Wageningen. pp 28-144 et 267-295.
* 7 Leeuwis C. and BAN van den
A. 2004; communication for rural innovation: rethinking agricultural extension;
third edition; Blackwell publishing, CTA, 2004, 411p.
* 8 Banikoara, Kandi, Karimama,
Malanville, Nikki, Tchaorou, Dassa, Ouèssè, Glazoué,
Bantè, Djidja, Zogbodomé et Zangnanado.
* 9 Rapport d'activité
CeCPA 2007
* 10 Ghiglione R., Matalon
B. ; les enquêtes sociologiques : théories et
pratiques ; Ed Armand Colin, Collection U, 1982
* 11 Ghiglione R., Matalon
B. ; les enquêtes sociologiques : théories et
pratiques ; Ed Armand Colin, Collection U, 1982.
* 12 Ceux ayant suivi la
formation en langue française
* 13 "discours."
Microsoft® Études 2007 [DVD]. Microsoft Corporation, 2006.
Microsoft ® Encarta ® 2007. (c) 1993-2006 Microsoft Corporation. Tous
droits réservés.
* 14 Définition de
Sébillotte M., 1968
* 15 source : rapport
annuel d'activité CeCPA KANDI 2007
* 16 En nombre de jours pendant
lesquels la couche superficielle du sol conserverait son humidité
après une pluie.
* 17 Auteur de la
théorie sur l'économie d'affection
* 18 D'octobre à
décembre, pour payer les manoeuvres qui vont récolter le coton,
et fêter la noël et le nouvel an.
* 19 Ces changements, s'ils ne
sont pas perçus comme porteur d'espoirs dans la société
vont, soit décourager le producteur, soit le faire
dériver vers une acculturation dont on ne pourrait prévoir les
conséquences.
* 20 Mais pour d'autres les
raisons sont des considérations religieuses qui stipuleraient que
l'argent emprunté ne doit pas être remboursé avec un
intérêt.
|