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Problématique des identités nationales dans la région des grands lacs: cas de la RDC et du Rwanda.( Télécharger le fichier original )par Charles-Augustin MUHINDO MUSONDOLI Université de Bunia RDC - Licence 2010 |
2.2.1. Opération TurquoiseL'Opération Turquoise est une opération militaire organisée par la France au Rwanda à la fin du génocide de 1994. Elle était dirigée par le Général français Jean Claude LA FOUCARDE. C'est une opération onusienne conforme à la Résolution 92 du Conseil de Sécurité de l'ONU. Cette opération avait l'autorisation d'utiliser le chapitre VII de la Charte de l'ONU qui autorise l'emploi de la force en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression. Ce qui est contraire au MINUARI relevant du Chapitre VI de la Charte ayant au règlement pacifique des différends et plus basé sur l'observation. Dans un appel lancé par Médecin Sans Frontières en avril 1994, cette Organisation Non Gouvernementale avait dit « On arrête par un génocide avec des médecins »25(*) et suite à la réduction des effectifs de la MINUAR que la France après d'intenses discussions auprès de l'ONU, obtiendra l'accord du Conseil de Sécurité pour conduire l'Opération Turquoise entre le 22 juin et 21 août 1994. Pour le Président français François MITTERAND, l'Opération Turquoise était limitée aux opérations à des actions humanitaires et de ne pas nous laisser aller à ce qui serait considéré comme une expédition coloniale au coeur même du territoire du Rwanda. L'opération conduite à partir de l'ex-Zaïre pénétrera le Rwanda à partir de Gisenyi et Cyangungu. L'objectif : protéger la zone humanitaire, faire cesser les massacres. Cette force était composée de 2550 militaires dont la majorité était venue de la France et des pays d'Afrique (Sénégal, Tchad, Guinée Bissau, Mauritanie, Egypte, Niger et Congo). Elle bénéficia de la couverture satellitaire de l'U.E en vue de localiser les camps des réfugiés et les colonnes en mouvement. Au sein de la zone humanitaire, l'objectif était aussi d'empêcher les affrontements entre les FAR et les FPR. Mais, en juillet l'opération eut l'accrochage avec les éléments de l'Opération Turquoise. La zone humanitaire a servi de vrai passage pour plusieurs personnalités et les membres du gouvernement intérimaire rwandais vers le Zaïre. Conçue pour sauver les vies humaines, l'Opération Turquoise n'était pas à la mesure de ses tâches. Elle fut incapable d'arrêter l'avancée d'APR. Elle fut l'objet des critiques en France aussi bien qu'au Rwanda. Les massacres de BISESERO, la non arrestation des criminels et les viols des femmes illustrent les insuffisances de cette opération. Pour preuve, il existe des plaintes à Paris et à Kigali. Et pourtant l'Opération Turquoise devrait rétablir l'autorité de l'Etat par sa neutralité. L'ordre donné était d' « affirmer auprès des autorités locales rwandaises, civiles et militaires, notre neutralité et notre détermination à faire cesser les massacres sur l'ensemble de la zone contrôlée par les FAR en les incitant à rétablir leur autorité »26(*). Patrick de Saint EXUPERY pense que cette opération était une mystification. D'où la MINUAR II * 25 Médecin Sans Frontière, On n'arrête pas un génocide avec les médecins, Rapport publié en 1994. * 26 Discours du président français François MITTERAND, Avril 1994. |
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