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La division internationale du travail: un frein pour le développement de la RDC.

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par Aurélien NGOMA MAYANGI
Université de Kinshasa RDC - Licence en relations internationales 2009
  

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§2 : FREIN

Le mot frein, du latin frenum, désigne :

1. «  organe destiné à ralentir ou à arrêter un ensemble mécanique en mouvement ;

2. (sens figuré) ce qui retient, entrave »29(*). En effet, un frein désigne, au propre comme figuré, un objet qui, soit, ralentit ou arrête un élan, soit, le retient ou l'entrave. Ici, l'objet doit être compris à partir de son origine latine (objectum). Cette dernière fait référence à la chose placée devant. Et, grâce au mot frein, l'on est arrivé à créer le verbe freiner. Celui-ci veut essentiellement dire ralentir le mouvement de quelque chose. Frein peut à la lumière de ce qui précède être pris comme synonyme des concepts suivants : entrave, obstacle et goulet ou goulot d'étranglement.

A cet effet, pris comme synonyme d'entrave, frein signifie la chose placée devant et qui gêne l'évolution. Ensuite, comme synonyme d'obstacle, frein fait référence à ce qui empêche de passer ou ce qui arrête la réalisation de quelque chose. Enfin, comme synonyme de goulet ou goulot d'étranglement, frein est la difficulté qui limite ou retarde une évolution. C'est ainsi que, dans le cadre de ce travail, nous employons frein pour désigner un facteur d'incapacité momentanée. Revenant à la langue latine, facteur (factor) veut dire celui qui fait. D'où frein égale à la chose placée devant et qui cause l'incapacité momentanée.

§3 : LE DEVELOPPEMENT

1. LE DEVELOPPEMENT : NOTION

« Le mot développement, utilisé pour ces différentes qualifications, a un contenu spécifique. Il est apparu d'abord dans l'expression sous-développement employé au lendemain de la deuxième guerre mondiale par les documents internationaux pour caractériser l'état des pays où le faible niveau de vie était considéré comme anormal par les peuples à niveau de vie élevé et ressenti également comme anormal par les dirigeants des peuples en question... Cependant, le faible niveau de vie caractéristique des pays dits sous-développés n'est que la conséquence d'une économie où les techniques modernes de production, de transport et d'échanges sont presque absentes et provoque ainsi un retard technique très considérable »30(*).

Au regard de ce qui précède, la notion du développement semble être liée à celle du sous-développement. Ainsi, c'est seulement après la deuxième guerre mondiale que les Américains s'étaient aperçus des conditions de vie en deçà de leurs, principalement chez les peuples d'Europe détruite par ladite guerre. C'est cette situation qu'ils avaient qualifiée de sous-développement. Ce dernier apparaît ici comme un état de précarité où la pauvreté constitue un fléau à combattre. C'est ce qui poussa le Président américain de l'époque Harry TRUMAN à octroyer une aide économique (Plan Marshall)(*) que l'on pourrait déjà qualifier, par déduction, dès cette époque, de pays développés. En effet, le développement suppose un changement visant au progrès, au bien-être.

Et est actuellement considéré comme sous-développé tout « pays dont les habitants ont un faible niveau de vie moyen, en raison notamment de l'insuffisance de la production agricole et du faible développement de l'industrie, autre qu'extractive, facteurs fréquemment aggravés par la croissance démographique, plus rapide que la progression du revenu national »31(*). Il convient en effet de signaler ici que « contrairement à ce qu'on imagine couramment, de manière inconsciente et par manque de sens historique, la situation habituelle de l'humanité est celle du non-développement(*). (Le développement est encore trop considéré comme normal, comme une suite logiquement enchaînée de causes et d'effets, d'actions et de conséquences, comme une voie à suivre, ouverte à tous. En réalité, le développement est un phénomène ambigu et insolite. La situation d'une économie est l'absence de tout développement authentique) »32(*).

Ce n'est qu'en améliorant qualitativement et durablement l'économie et son fonctionnement qu'on aboutit au développement. Et le processus d'amélioration fait penser à une prise de conscience préalable. En partant de la conscience, l'on arrive à la participation collective en vue de revaloriser les ressources pour que ces dernières puissent contribuer à transformer les conditions de vie c'est-à-dire pour arriver au bien-être. En effet, c'est l'homme qui est l'acteur, le centre d'intérêt du développement. « La personne (homme, femme et enfant) qui est à la fois le moyen et la fin de tout développement est, en grande partie, le produit de sa société. Elle peut produire la richesse si elle est formée, informée et accompagnée »33(*). Sur ce, l'homme est appelé à s'adapter continuellement aux nouvelles circonstances. Lorsqu'il change qualitativement son être, il participe au développement.

« Le développement ne peut être que la réalisation progressive d'un double potentiel : d'une part, le potentiel que représente toute collectivité humaine et tous les individus qui la composent, d'autre part, celui que constitue le milieu physique dans lequel se trouve cette collectivité, un milieu qu'elle utilise pour assurer son existence et celles des générations à venir... Il est un processus endogène et autocentré d'évolution globale spécifique à chaque société »34(*). A cet effet, nous ajoutons que le développement pris comme processus endogène fait penser à « un processus devant être amorcé et entretenu de l'intérieur même des pays, en tenant compte du potentiel de leurs ressources naturelles et humaines et en définissant le contour précis des intérêts nationaux en jeu »35(*).

Ainsi, le développement est une répercussion des transformations dans divers secteurs à partir d'une variante. Et, dans ce cadre, Richard BERGERON(*) a synthétisé ce que d'aucuns appellent le développement grâce à une analyse qui compare les propos de trois auteurs (François PARTANT, Serge LATOUCHE et Walter W. ROSTOW)(*) pouvant être étendue à tous ceux qui se sont prononcés sur le développement. Pour résumer cette analyse, il a conclu que, d'après ces auteurs, le développement est un méga processus constitué d'un ensemble de processus sectoriels ; le déploiement de chacun de ces processus sectoriels a fait l'objet de codifications et normalisations complètes ; la référence ayant servi à établir ces codes et normes, en d'autres mots ce que l'on a choisi comme modèle fut l'occident capitaliste. A ce stade, le développement serait le niveau supérieur du capitalisme. Ce modèle est alors devenu universel grâce aux injonctions de certaines institutions internationales. A la page suivante, nous avons aménagé et inscrit la figure synthèse du développement élaborée par BERGERON.

Economie dite « primaire » d'agriculture de subsistance

- infinité de producteurs, nombre restreint d'acheteurs - et peu de production des matières premières. Echanges peu monétarisés.

Economie dite « tertiaire », ou plus des 2/3 des travailleurs

Oeuvrent dans le secteur des services : nombre restreint de producteurs, infinité d'acheteurs. Echanges entièrement monétarisés

Etalement, dans une proportion de 80%, des populations sur les territoires cultivés.

Concentration, dans une proportion de 80%, des populations dans des espaces géographiques restreints

Très faible complexité de l'organisation de la collectivité, collectivité elle-même de petite taille.

Grande complexité de l'organisation de la collectivité, collectivité elle-même de grande taille. Multiplicité des institutions.

Prééminence de la famille et de la collectivité d'origine dans les rapports sociaux.

Individualisme, rapports sociaux principalement opérés par l'intermédiaire de l'argent

Structure préindustrielle

Structure post-industrielle

1) Economique

Continuum Industrialisation

2) Spatial

Continuum

Urbanisation

Modèle rural

Modèle/Systèmes urbains

3) Sociopolitique

Continuum

Internationalisation

Le village

La nation/le monde

4) Culturel

Continuum

Occidentalisation

Culture traditionnelle

Culture urbaine internationale

Pays sous-développés

Pays développés souvent appelés Occident (Les Etats-Unis d'Amérique, en tête de liste)

N.B. : Continuum est l'ensemble d'éléments tels que l'on puisse passer de l'un à l'autre de façon continue.

Cette figure synthétise la pensée selon laquelle le développement serait un projet unanimement partagé par les pays du monde de ressembler autant que possible à l'occident. A cet effet, il faille opérer des évolutions sur quatre niveaux, de façon simultanée : l'économique, le spatial, le socio-politique et le culturel. Un mot d'ordre synthétise l'évolution attendue sur chacun de ces quatre niveaux : industrialisation, urbanisation, internationalisation, occidentalisation. Cependant, il est nécessaire et indiscutable de souligner la prépondérance de l'économie sur la question du développement. Elle domine les autres composants du développement.

A cet effet, « le développement économique a au moins deux significations :

§ Il désigne la croissance économique accompagnée d'une amélioration du bien-être matériel à l'intérieur d'un pays ;

§ Il implique une amélioration de l'alimentation, des services sanitaires et des routes, la baisse de la mortalité infantile, etc.

Il n'est pas à identifier avec la croissance économique. Car cette dernière peut se manifester, mais s'accompagner d'une pauvreté en structures socio-économiques (cas des pays riches producteurs de pétrole : Irak, Arabie Saoudite, Koweït, Nigeria, Venezuela) »36(*). Et il apparaît, à la lumière des définitions données ci-haut, que la notion du développement est aussi liée à celles de croissance économique et de progrès.

Tout de même, il convient de distinguer, ensemble avec François PERROUX dans son ouvrage intitulé Economie du 20ème siècle, le développement de la croissance économique et du progrès. Le développement dépasse la simple dimension économique. Il n'est pas une notion quantifiable, il est plutôt d'ordre qualitatif tandis que la croissance économique est quantifiable ou mesurable. Il s'agit d'une augmentation soutenue, pendant une période relativement longue, de la production des biens et des services. Le progrès exprime, quant à lui, la finalité de la croissance économique et du développement c'est-à-dire la diffusion du mieux-être par l'efficacité et la collaboration de tous dans les délais les plus courts possibles et au moindre coût. Et à ce point, l'on parle de plus en plus du développement humain(*) (voir à la page suivante la figure du cercle vertueux élaborée par le PNUD)37(*).

Création de capacités humaines

Vivre longtemps et en bonne santé

S'instruire et être reproductif

Bénéficier de conditions de vie décentes

Prendre part à la vie sociale, économique et politique de la collectivité

Ressources destinées à l'enseignement, à la santé et aux communications

Emploi

Progrès de la médecine, des communications, de l'agriculture, de l'énergie et du secteur manufacturier

Croissance économique

Gains de productivité

Gains de productivité

Ressources destinées à l'initiation technologique

Evolution technologique

Cette figure montre, en effet, les liens entre la technologie (ensemble des facteurs techniques) et le développement humain. Ici, les progrès des facteurs techniques dans les domaines de la médecine, des communications, des rendements agricoles ou industriels et de l'emploi ont un effet multiplicateur. Ce système accroît les connaissances, la santé, la productivité et les revenus. Ceci permet la mise en place des moyens d'innover encore davantage pour obtenir plus de développement humain.

Ainsi, partant de précédentes définitions et suivant l'importance accordée à l'un ou l'autre critère, nous disons que le développement est considéré, dans le cadre de ce travail, comme un état de modernisation technique continue et profitable à tous ; le qualificatif technique faisant référence à l'ensemble des procédés et méthodes. Cet état s'accompagne de nouvelles techniques (industrialisation) entraînant une augmentation de la productivité. En effet, l'industrialisation fait penser à l'industrie. Cette dernière est la force la plus féconde des économies nationales. Ses activités créent beaucoup d'emplois. Elles diversifient et modernisent l'économie par une rapide introduction du progrès technique. Elles transforment des hommes et accroissent le salariat et les institutions bancaires et financières. Et c'est tout cela qui fait de l'industrialisation un indice du développement.

Il est nécessaire de retenir ici que « la technique n'est pas neutre : elle reflète et détermine le rapport du producteur au produit, du travailleur au travail, de l'individu au groupe et à la société, de l'homme au milieu ; elle est la matrice des rapports de pouvoir, des rapports sociaux de production et de la division hiérarchiques des taches »38(*). Et la croissance économique y est un facteur important pour l'amélioration des conditions de vie de la population. Il y a alors une forte capacité d'accumulation des biens, des services, des capitaux. Ce qui fait qu'il y ait une capacité progressive d'épargner et d'investir. Par ailleurs, en raison des dégâts des progrès techniques sur l'environnement, la communauté mondiale aspire maintenant au développement durable.

* 29 Le Petit Larousse Illustré 2007, op.cit, p.484

* 30 KABENGELE, D., Géographie Economique et Humaine, Tome 1, Notes de Cours, G1 RI, FSSAP, UNIKIN, 2004, p.23

* Le Plan Marshall (1948-1951) est le plan conçu par l'administration du Président démocrate américain Harry TRUMAN, sous le nom de European Recovery Program. Il sera ensuite connu sous le nom du Secrétaire d'Etat de l'époque, Georges MARSHALL (qui a été Chef d'Etat-major général entre 1939 et 1945), chargé d'en assurer la mise sur pied. Entre avril 1948 et décembre 1951, les Etats-Unis accordent, sous forme de prêts à seize pays européens, une aide de 12,5 milliards de dollars (NB : il fallait 6,28 dollars en 2001 pour obtenir l'équivalent d'un dollar de 1948). Le Plan Marshall visait la reconstruction de l'Europe dévastée au cours de la deuxième guerre mondiale. Il consistait aussi, par ailleurs, à répondre aux besoins de reconstruction de l'économie américaine dont il fallait convertir une partie de l'industrie militaire en industrie civile pour laquelle il fallait trouver des débouchés.

* 31 Le Petit Larousse Illustré 1988, Librairie Larousse, Paris, 1988, p.947

* Le non-développement signifie absence du développement. Dans ce contexte, l'humanité vit dans une situation de subsistance, ce qui signifie en réalité une pénurie fréquente voire la disette et la famine pour peu qu'un accident climatique, même mineur, vienne perturber les cycles agricoles. Cependant, cette situation de subsistance précaire et de pénurie, assez habituelle, est perçue comme inévitable et apparaît dès lors à la conscience du groupe comme normale. Les hommes subissent cet état des choses comme une fatalité, sans jamais s'y résigner totalement. En effet, ils ne disposent pas des techniques leur permettant de combattre efficacement et d'échapper à leur condition.

* 32 GOFFAUX, J., Problèmes de développement, CRP, Kinshasa, 1986, p.31

* 33 KIMPIANGA, M., Discours sur les causes du sous-développement en Afrique noire, PULL, Kinshasa, 2000, p.23

* 34 PARTANT, F., La fin du développement : naissance d'une alternative, La Découverte, Paris, 1983, Pp.28-29

* 35 NTUAREMBA, O., Le développement endogène : Données pour une nouvelle orientation théorique, Editions Universitaires Africaines, Kinshasa, 1999, p.13

* BERGERON, R., L'Anti-développement. Le prix du libéralisme, L'Harmattan, Paris, 1992, Pp.18-22

* Les propos de ce trois auteurs sont contenus respectivement dans :

§ PARTANT, F., op.cit, Pp. 15-18

§ LATOUCHE, S., L'occidentalisation du monde, La Découverte, Paris, 1989, Pp. 72-77

§ ROSTOW, W., Les étapes de la croissance économique, Seuil, Paris, 1963, Pp. 36-41

* 36 DEBOURSE, R., Economie du développement- et informations d'économie politique, Centre de Recherches Pédagogiques, Kinshasa, 2006, p.7

* Le développement humain a comme objectif, pour chaque homme ou femme : vivre longtemps et en bonne santé, acquérir un savoir et des connaissances, avoir accès à des ressources qui assurent des conditions d'existence décentes et être en mesure de prendre part à la vie de la communauté.

* 37 Figure du cercle vertueux élaborée par le PNUD repris par DEBOURSE, R., op.cit, p.47

* 38 BOSQUET, M. cité par TEVOEDJRE, A., La pauvreté, richesse des peuples, Editions ouvrières, Paris, 1978, p.33, note 19

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand