La division internationale du travail: un frein pour le développement de la RDC.( Télécharger le fichier original )par Aurélien NGOMA MAYANGI Université de Kinshasa RDC - Licence en relations internationales 2009 |
CHAPITRE III : LES CONSEQUENCES SOCIALES ET ENVIRONNEMENTALES DE LA DIVISION INTERNATIONALE DU TRAVAIL (D.I.T.) ET LES PISTES DE SOLUTION POUR LE DEVELOPPEMENT DE LA RDCSECTION I : LES CONSEQUENCES SOCIALES ET ENVIRONNEMENTALES DE LA D.I.T.§1. LA DESTRUCTION DES SERVICES PUBLICS ET DES ACQUIS SOCIAUXIl a été dit, dans le précédent chapitre, que la division internationale du travail est devenue la pièce maîtresse du capitalisme. Et les principaux pays industriels de l'occident (les Etats-Unis, en tête) ont et continuent à promouvoir ce système au niveau mondial suivant les préceptes de l'école de Chicago. Ces préceptes sont à l'origine des politiques économiques de la Banque mondiale. En effet, « à la fin des années 80, l'éclatement du bloc soviétique a permis de faire entériner sous la pression des Etats-Unis, l'approche néo-classique sous la forme dite du `consensus de Washington'(*) à travers '10 commandements' préceptes du P.A.S (Programme d'Ajustement Structurel) »91(*). A cet effet, l'application du consensus de Washington produit un effet pervers pour les pays concernés. Sa logique empêche tout espoir de développement durable pour le Sud. En effet, les reformes d'ajustement ne profitent pas aux pauvres (mais seulement au monde des affaires) et les pauvres sont les principales victimes de la rigueur des programmes d'austérité. Car les mesures prises pour réduire le déficit des paiements par un accroissement des exportations vers les pays développés se heurtent à une évolution défavorable des termes de l'échange et au protectionnisme. En plus, les pays développés déversent au, Sud leurs produits agricoles subventionnés. Et cette situation est grave pour les producteurs ruraux du Sud des produits agricoles exportés. En effet, les difficultés qu'elle crée sont à l'origine de la hausse du coût de la vie et donc de la réduction du pouvoir d'achat. C'est ainsi que cette réduction du pouvoir d'achat absorbe les améliorations de productivité obtenues ça et là. Désormais, elle se heurte à une sorte de résistance passive à travers le repli sur l'agriculture de subsistance. Aussi, cette dégradation du niveau de vie rural empêche à son tour une ponction sérieuse sur l'agriculture nécessaire pour le financement du développement : des investissements et des dépenses publiques utiles (éducation, santé, routes, etc.). Ainsi, la stagnation ou la dégradation du niveau de vie rural pousse à l'émigration vers des villes qui, faute d'industrialisation suffisante, deviennent des villes de chômeurs. Quant à ceux qui ont un emploi, le salaire réel est devenu partout stagnant ou même déclinant pour les masses. En effet, une simple crise de malaria absorbe la totalité du salaire mensuel d'un huissier. Celui d'un agent beaucoup plus gradé dans l'administration parvient juste à acheter deux sacs de ciment et celui d'un autre encore lui permet juste de faire le plein de son automobile. En outre, comme dit plus haut, les activités d'exploitation minière dont l'impulsion et le contrôle sont assumés par le capital étranger entraînent nécessairement un transfert des richesses (profits) au Nord qui l'emporte sur de nouvelles entrées des capitaux. C'est ainsi que la croissance extravertie du Congo n'est qu'une série de décollages ratés. Et au plan social, ce blocage au développement se manifeste par le chômage grandissant. Et ce chômage prend des formes diverses en partant de la débrouillardise au chômage déguisé. En effet, le transfert des richesses appauvrit la masse de la population, d'une part, et permet une intégration plus poussée de la minorité dans le système capitaliste mondial, d'autre part. A cet effet, « pour Keynes, plus nous nous soumettons à la discipline du marché mondial, moins nous maîtrisons notre destinée »92(*). Et, dans ces conditions, la corruption(*) est devenue une norme sociale acceptée en RDC. Et vu son ampleur, elle prive les populations pauvres de services publics vitaux, ce qui les plonge dans un état de désespoir propice à l'éclosion de conflits et d'actes de violence. Ainsi dit, « la corruption a pour effet d'empêcher de nombreux pays de surmonter leurs plus grands obstacles au développement, de décourager les investissements étrangers et locaux, de saper la confiance dans les institutions publiques et d'exacerber les difficultés budgétaires en privant les gouvernements d'une part non négligeables de recettes douanières et fiscales »93(*). De ce fait, la D.I.T., en mettant en présence la RDC face aux pays développés du Nord, détruit les services publics congolais ainsi que ses acquis sociaux. Car la spécialisation de la RDC est appauvrissante. La valeur ajoutée de sa production est faible vu les conditions du commerce international et elle n'est pas susceptible de croître. C'est alors qu'elle rencontre de sérieuses difficultés pour former un capital national et recourt au capital étranger. Et l'accès à ce dernier est soumis à un ensemble des conditions attachées à l'utilisation de ces ressources : reformes d'ajustement structurel. Ces dernières se résument à la réduction des subventions, des salaires, reformes fiscales, privatisation,... Et, parlant d'ajustement structurel, l'on entend « ajuster : en économie, ce mot signifie broyer, ou, plus soft, flexibiliser. Structurel : en économie, ce mot désigne le social. En résumé, ajuster le structurel, c'est broyer le social »94(*). D'où les résultats sont les suivants : · « La dégradation des bâtiments, des infrastructure routières et des transports ; · Non accès à la santé, à l'éducation, au transport, au logement, à l'eau potable et à l'électricité ; · Perte d'emploi, licenciement massif des travailleurs, fuite des cerveaux ; · Une paupérisation au lieu de sauver la population »95(*). * En réponse à la crise de la dette du tiers-monde des années 1980, le consensus de Washington (résumé par John WILLIAMSON en dix commandements que voici : austérité budgétaire ; réorientation de la dépense publique ; réforme fiscale ; libéralisation des échanges ; élimination des barrières à l'investissement direct étranger ; privatisation des entreprises publiques ; dérégulation des marchés pour assurer l'élimination des barrières à l'entrée et à la sortie ; sécurité des droits de propriété) a été appliqué par le biais des plans d'ajustement structurel du FMI et de la Banque mondiale. Un peu partout dans le tiers-monde, les budgets sociaux ont été réduits à leur plus simple expression, les richesses publiques ont été privatisées et les frontières commerciales et financières ont été largement ouvertes aux investissements internationaux. * 91 http://www.cooperation.net/ cde.rdc/ Séminaire d'information sur la dette extérieure du Congo-Kinshasa (tiré le 02/11/2009) * 92 KEYNES, J.-M. cité par BOWLES, S., GORDON, D. et WEISSKOPF, T., L'économie du gaspillage : la crise américaine et les politiques reaganiennes, La découverte, Paris, 1986, p. 266 * Au moment où les pays libéralisent leur économie et s'ouvrent aux investissements et au commerce extérieurs, les processus de changement privatisation, passation de marchés publics et autres transactions deviennent des domaines dans lesquels la corruption a tendance à prendre de l'ampleur. Ainsi, la corruption et le manque de transparence qui l'accompagne revêtent de nombreuses formes, de la haute corruption, c'est-à-dire les sollicitations flagrantes de pots de vin en tant que condition d'obtention d'un marché, à la corruption mineure, c'est-à-dire les petites sommes généralement réclamées par des agents des douanes. Elles comprennent donc la fraude dans la passation des marchés publics, le blanchiment de l'argent et les cas classiques de conflits d'intérêt mettant en jeu des agents publics. La corruption se présente aussi sous la forme du népotisme dans les grandes sociétés, et à l'échelon des ministres au sein d'un gouvernement. * 93 ATWOOD, B., « La corruption continue de faire obstacle au développement », in Perspectives économiques, Volume 3, numéro 5, Revue électronique de l'Agence d'information des Etats-Unis, Washington, 1998, p. 18 * 94 TOUSSAINT, E. et ZACHARIE, A., op.cit, p. 16 * 95 http://www.cooperation.net/ cde.rdc/ Séminaire d'information sur la dette extérieure du Congo-Kinshasa |
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