IV.2.2) EPIDEMIOLOGIE DES FACTEURS DE RISQUES
En 2004 l'UNICEF et l'OMS publient que 96% des naissances
d'enfants présentant une insuffisance pondérale se produisent
dans le monde en développement et que la probabilité accrue des
nouveau-nés avec insuffisance pondérale dans une situation
économique défavorable est forte. Ici les femmes courent un plus
grand risque d'avoir un régime alimentaire déficient et sont
plus vulnérables à l'infection, ou ont tendance à se
livrer à des occupations physiquement éprouvantes pendant la
grossesse. Les facteurs de risques qui avaient été
retrouvés étaient: la grossesse gémellaire, la haute
altitude, l'analphabétisme, la taille des parents, les infections (le
VIH, le paludisme en Afrique, la syphilis, la rubéole augmentant le
risque de survenue des embryopathies et foetopathies), les conditions
socioéconomiques défavorables et les travaux pénibles
(1).
V EN AMERIQUE / EUROPE
En 2004, certains facteurs comme la race
afro-américaine, l'âge de la mère, les grossesses
multiples, les maladies maternelles, le niveau socioéconomique
défavorable de la mère, la consommation d'alcool et de cigarettes
pendant la grossesse prédisposaient au faible poids de naissance
(3).
Les accouchements multiples causés par
les techniques génésiques, les prématurités
indiquées pour causes médicales en rapport avec les complications
de la grossesse (toxémie gravidique), l'âge maternel
avancé (>35ans), les violences, le faible revenu (9%
des mères avec un faible revenu accouchaient des enfants
prématurés contre 4% des mères à haut revenu) sont
autant de facteurs qui ont été recensés par l'Institut
Canadien de la Santé Infantile (18).
D'après l'étude faite par Mollinedo et al, le
risque de faible poids à la naissance augmente lorsque le placenta de la
mère est infecté par le Plasmodium vivax, soit une
proportion de FPN de 17,9% contre 4,6% (34).
Markson et al en 1996 constatent que le risque de voir
naître un enfant de moins de 2500g serait selon une étude
américaine, double chez les femmes séropositives
(35).
En 2004, Godding note qu'en ce qui concerne le
développement et la croissance foetale, le tabagisme joue le rôle
de ralentisseur et de tératogène entraînant : un retard de
la croissance intra-utérin du foetus (diminution de son poids à
la naissance de l'ordre de 150 à 300 g) qui est encore plus grave (de
l'ordre de 400 g) chez la grande fumeuse et quand la mère inhale
profondément la fumée de la cigarette. Il entraine une diminution
de la taille du nouveau-né par la diminution de la masse non grasse
(masse musculaire et osseuse), une diminution du périmètre
crânien (< 32 cm) et du périmètre thoracique
(36).
En 2005, les pays de l'OCDE (Organisation de
Coopération et de Développement Economique) accusaient une
prévalence accrue du nombre de naissances de faible poids. Cette
situation serait la conséquence dans un premier temps d'une augmentation
de naissances multiples, ayant pour corollaire un risque accru de faible poids
de naissance, et ceci du fait de l'accroissement des traitements contre la
stérilité. Les femmes ont plus tendance à faire leurs
enfants à un âge plus avancé, ceci accroît le risque
de FPN (37).
Prisca démontre en 2007 que les femmes enceintes
exposées à certains polluants atmosphériques issus du
trafic routier et de l'industrie ont de gros risques d'accoucher un enfant
chétif au poids inférieur à la normale, surtout les femmes
de race noire (38).
D'après Lansac et al, en 1997 les grossesses chez les
adolescentes de moins de 18ans sont considérées comme à
haut risque, car du fait qu'elles sont mal acceptées et surviennent le
plus souvent chez des jeunes filles de bas niveau intellectuel, ceci
favoriserait un mauvais suivi et par conséquent un coefficient de risque
d'accouchement prématuré de PAPIERNICK (CRAP)
élevé. Ce coefficient permet de déduire si la gestante est
à risque de donner naissance à un prématuré et
tient compte du niveau socioéconomique, de l'âge, du poids, de
l'effort physique, du nombre de curetage de la mère et de certaines
pathologies ( HTA, pyélonéphrite, placenta praevia, hydramnios).
De même chez les femmes de plus de 40 ans, la grossesse est à haut
risque, ceci du fait des malformations chromosomiques
(39).
Lechtig et al en 1977, rapportent que le statut
socioéconomique bas a pour conséquence la malnutrition et les
infections chez la femme enceinte, représentant un facteur de haut
risque de FPN (40).
Lenoble, en 2006 déclare que les conséquences
du paludisme de la femme enceinte pour l'enfant qu'elle porte sont en dehors
des rares interruptions de grossesses, les fréquents petits poids de
naissance augmentant la mortalité périnatale et celle au cours de
la première année de vie (41).
En 2007, la Mission pour la Santé de l'Humanité
publie que l'infection à Plasmodium falciparum, dans les zones
de transmissions stables du paludisme, serait responsable de 8 à 14% de
cas de faible poids à la naissance (42).
V EN AFRIQUE
La situation économique
défavorable de l'Afrique en est pour beaucoup dans la survenue des
nouveau-nés de petit poids. Les femmes enceintes sont très
souvent obligées de se livrer à des travaux champêtres,
parcourent de longues distances pour aller aux consultations, ceci explique
aussi le caractère buissonnier des présences aux consultations
prénatales tel que l'ont décrit Bobossi et Letaief en 2000 et
2001 respectivement (7, 29).
Une étude menée au Bénin en 1999, par
Fourn et al, montre l'influence des complications hémorragiques au cours
des grossesses, de l'atteinte palustre, de la malnutrition des gestantes et
enfin des facteurs psychosociaux sur la survenue du FPN
(43).
En 1980 Vovor et al, après une étude concluent
que les infections surtout génito-urinaires entraînent un risque
élevé de FPN (44).
En 1990 Siala et al, soutiennent la thèse selon
laquelle la malnutrition maternelle est un facteur important d'hypotrophie
foetale (45).
En 1992 Camara et al, après une étude faite dans
le district de Guediawaye à Dakar, concluent que le statut matrimonial
(mère célibataire), l'union consanguine, l'espace inter
génésique étroit (inférieur à 24mois)
étaient également responsables du RCIU (45).
D'après une étude menée par Akpovi et
al, à Cotonou en 1998, la prévalence du faible poids de naissance
était de 21,18 % et les facteurs favorisants du FPN
retrouvés étaient : les conditions socioéconomiques
mauvaises, la consommation de tabac, la non observance du repos, la
malnutrition, les syndromes vasculo- rénaux, les métrorragies et
les infections urinaires (28).
Dans le centre du Burkina, Kabore et al en 2007, ont
répertorié les facteurs socioéconomiques, la
primiparité, les vomissements gravidiques, l'exécution des
travaux champêtres, une charge de travail importante au cours de la
grossesse comme facteurs significativement associés au petit poids de
naissance (47).
Une étude cas et témoins menée par Amine
et al de Janvier 2006 à Décembre 2007 à la
maternité universitaire de Marrakech a identifié l'âge
maternel < 18 ans, le tabagisme passif, l'HTA et toxémie gravidique,
la primiparité, l'infection et l'anémie comme facteurs de risques
du FPN (48).
Dans une étude menée par Milabyo et al au
Maniema en République Démocratique du Congo pendant la
période 2003-2004, seul l'âge de la mère avait
été identifié comme facteur de risque de survenue du FPN
(32).
En Afrique, nous constatons d'après les études
qui ont été réalisées, que les infections sont les
plus en cause, surtout le paludisme chez la femme enceinte en zone
d'endémicité.
Meuris en 1993 avait montré qu'à l'hôpital
de Rusthuru au Congo, la proportion de FPN différait selon que la femme
était parasitée ou non par le paludisme (18% contre 6%).
Au cours de la même étude, il identifie l'âge
maternel <16 ou >39 ans, la
parité > 5, la taille < 1,5m chez la nullipare comme des facteurs
favorisant la survenue du FPN (49).
V AU CAMEROUN
Tangye en 1975 a démontré que le principal
parasite du placenta est le trophozoïte de Plasmodium falciparum
(50).
Enoh en 1977, retrouve d'autres facteurs à
savoir : l'hépatite et les hémorragies du 3éme
trimestre. Il trouve que 13,04% de bébés de FPN sont
nés de femmes aux antécédents d'hémorragies
antépartum contre 6,45% pour le groupe témoin. Il trouve
également dans la même étude 16,4% et 23,1%
respectivement nouveau-nés dysmatures et pré terme chez des
multipares contre 1,6% des nouveau-nés de poids normale chez les
primipares (51).
En 1998 Tietche et al, dans la ville de Yaoundé
ont ressorti comme facteurs de survenue du retard de croissance
intra-utérin : les antécédents
familiaux d'hypotrophie, un revenu mensuel par personne dans la famille
inférieur à 25000 FCFA, un nombre de consultations
prénatales inférieur à 3, un
âge inférieur à 20 ans chez la
mère, un niveau d'études inférieur au premier cycle, le
célibat, la petite taille et certaines pathologies de la grossesse comme
l'hypertension artérielle et la toxémie gravidique, les
infections génito-urinaires, les fièvres présumées
palustres, les anémies (52).
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