1.3. Espaces publics/Espaces, Endroits vides
La référence à l'espace vide est ce qu'il
y a de plus banal dans les réponses fournies par nos informateurs quant
à la question de savoir ce qu'est l'espace public. En effet, si l'espace
vide n'est pas évoqué sommairement pour définir l'espace
public, il est tout de même cité parmi les exemples d'espaces
publics, que celui-ci soit défini comme l'espace de l'Etat, ou
comme l'espace de tout le monde. L'évocation de cet exemple est
systématique chez tous nos informateurs. Et le premier
élément d'analyse qui peut fournir une explication à cette
référence somme toute appauvrissante de la définition de
l'espace public est que l'Etat dispose de grands espaces vides dans la ville de
N'Djaména. C'est ce qu'on appelle dans le jargon de la direction
technique de la voirie de N'Djaména des « espaces
réservés » et des « aires de ventilation de la ville
». Le directeur technique de la voirie, dans la définition de
l'espace public qu'il nous fournit a commencé par cette
référence aux espaces réservés : « l'espace
public, dit-il se compose des espaces réservés (pour la
ventilation de la ville, la distraction, le sport...), les espaces construits,
notamment les ronds-points (pour l'embellissement de la ville), les rues, les
jardins publics (...) ». Définition purement fonctionnelle
puisqu'elle attache à chaque type d'espace sa fonction urbaine :
ventilation de la ville, distraction, sport, embellissement etc.
Nous présentons en passant les statistiques relatives
aux espaces publics fournies par le
Directeur ci-dessus cité. Dans son ensemble, la ville de
N'Djaména dispose de :
- quatre vingt (80) kilomètres de routes bitumés et
environ 1000 kilomètres de
routes en terre ;
- onze (11) ronds-points aménagés ;
- cinq (5) places de distractions (Jardins publics) ;
- une dizaine de zones reboisées.
Nous faisons l'économie de tout discours sur ces
statistiques que les lunettes de
l'urbaniste ou de l'ingénieur de génie urbain
peuvent rendre plus intelligibles.
A l'intersection des deux premières
représentations se trouve la notion d'accessibilité publique qui
est la caractéristique fondamentale de l'espace public telle que nous le
définissons et telle que cela transparaît d'ailleurs dans la
conception de la notion de domaine
Gestion des ordures ménagères à
N'Djaména
Perceptions, espaces urbains et gestion des ordures
ménagères à N'Djaména (Tchad)
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public au Tchad. Mais lorsque les individus accèdent
aux espaces publics, ils y déploient plusieurs comportements : ils
circulent, ils s'installent, ils vendent, ils se distraient... autant
d'occasions de production des ordures ménagères, de leur gestion
et surtout d'interaction sociales entre les individus. On y accède
également uniquement pour y abandonner les déchets produits dans
les espaces privés. Gérard Salem (1998 :110) observe que «
dans un milieu plus anonyme qu'on le croit, la règle est de
considérer les limites de la parcelle comme celles de l'espace dont on a
la responsabilité. Il est fréquent de voir des ménages
jeter leurs déchets ménagers derrière le mur de
clôture de leur parcelle, voir dans la rue. » Tout ceci non
seulement met l'espace public en contact permanent avec les ordures (ce qui est
dangereux pour la santé publique) mais également il peut
introduire du désordre dans l'agencement des espaces publics.
D'où l'importance de la réglementation de la G.O.M dans les
espaces urbains.
Quant à la troisième représentation de
l'espace public, celle qui considère l'espace public comme étant
l'espace vide, elle ne comporte a priori pas la notion
d'accessibilité publique. Pourtant les espaces vides, tels que nous
venons de le montrer, sont investis par les individus qui y déploient
moult activités.
Si telles sont les usages subséquentes aux
représentations des espaces publics, les espaces privés
bénéficient des usages plus favorables à leur
assainissement. Mais avant d'en arriver à ces usages, que signifie
espaces privés ?
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