La problématique du politique dans " Démocratie et totalitarisme " de Raymond Aron( Télécharger le fichier original )par Théodore Temwa Université de Yaoundé I - Diplôme d'études approfondies en philosophie 2008 |
3- Le mythe du socialismeQu'il s'agisse du marxisme-léninisme, du marxisme-nazisme ou du marxisme-maoïsme, aucun n'a réussi à réaliser l'utopie socialiste. Quiconque a des vues justes peut se rendre compte qu'aucune des justifications avancées depuis 1917 en faveur du communisme réel n'a résisté à l'expérience ; aucun des objectifs qu'il se targuait d'atteindre n'a été atteint : ni la liberté, ni la prospérité, ni l'égalité, ni la paix. Si bien qu'il a disparu sous le poids de ses propres vices plus que sous le coup de ses adversaires. Pour Raymond Aron, le socialisme repose sur un triple mythe qui, en attendant sa marche vers la démocratisation réelle, le condamne à la propagande et à l'illusion de l'espoir. Il s'agit du mythe de la révolution, du mythe de la gauche, et du mythe du prolétariat. L'unité de ces trois mythes constitue la nature du régime soviétique et partant, de l'Internationale socialiste. La gauche, s'oppose en tant que telle à la droite. On pourrait faussement croire que la gauche représente l'opposition à un pouvoir, mais même étant au pouvoir, la gauche reste la gauche. En effet, remarque Aron, La gauche se donne pour anticapitaliste et combine, en une synthèse confuse, la propriété publique des instruments de production, l'hostilité aux concentrations du pouvoir économique baptisés trusts, la méfiance à l'égard des mécanismes du marché. Serrer à gauche - keep left - sur la voie unique, c'est aller vers les nationalisations et les contrôles vers l'égalité des revenus.28(*) Ces caractéristiques se résument, poursuit Aron, en la « dissociation des valeurs », « la dialectique des régimes » et l'idéalisme. Empreinte de marxisme, mais d'un marxisme peu doctrinaire, la gauche souscrit spontanément à la philosophie de Jaurès, qui combine des éléments marxistes avec une métaphysique idéaliste et une préférence pour les réformes. Ainsi, la gauche est formée dans l'opposition, définie par les idées. Elle dénonce un ordre social imparfait comme toute réalité humaine. Mais une fois victorieuse, responsable à son tour de l'ordre social, la droite devenue opposition ou contre-révolution, elle parvient à montrer sans peine qu'elle représente non la liberté contre le Pouvoir ou le peuple contre les privilégiés, mais un pouvoir contre un autre, une classe privilégiée contre une autre. Et c'est ainsi qu'elle se ramène, selon Aron, dialectiquement à une oppression pire que celle contre laquelle elle s'était dressée. C'est cette révolution introuvable qui représente, selon Aron, le deuxième caractère mythique de la gauche. Il parle d'ailleurs de « Révolution et révolutions » car, comme nous l'avons dit plus haut, il y a, après la grande Révolution initiale, une suite interminable de révolutions internes au point où, les régimes socialistes et constitutifs de la gauche, ne savent plus ce qu'ils cherchent et où ils vont. D'ailleurs, il définit la révolution comme « la substitution soudaine, par la violence, d'un pouvoir à un autre. »29(*) Mais cette Révolution ne peut être réalisée que par le prolétariat, selon le voeu de Marx. Le mythe du prolétariat apparaît ainsi comme le troisième élément du mythe socialiste. Le prolétariat dit Aron est un concept difficile à définir. Selon la formule marxiste, « le prolétariat sera révolutionnaire ou ne sera pas. » Pour Francis Jeanson, « c'est en se refusant à son aliénation que le prolétaire se fait prolétaire 30(*)». De l'avis de Jean-Paul Sartre qui se veut plus explicite, « l'unité du prolétariat, c'est son rapport avec les autres classes de la société, bref c'est sa lutte 31(*)». Pour R. Aron, aucune de ces définitions ne dit avec précision ce qu'est réellement le prolétariat ; si celle de Sartre s'en approche, elle ne le dit pas toujours. Non pas que ces définitions soient mal construites mais que le prolétariat, qu'on peut dire synonyme de classe englobe aussi bien les fonctionnaires mal payés, les ouvriers d'usine, les ouvriers manuels et les pauvres sans emplois. Ces trois types d'hommes n'ont ni la même conscience, ni les mêmes objectifs. Plus on se rapproche de la hiérarchie, plus on dédaigne la révolution. Mais là n'est pas le problème. Le véritable problème c'est que le prolétariat est victime d'une propagande sur sa libération. Les régimes socialistes et communistes entretiennent une confusion entre la « libération idéelle et la libération réelle », selon l'expression consacrée par Aron. La propagande marxiste, explique-t-il, tend à répandre la conscience d'une injustice fondamentale et à la confirmer par la théorie de l'exploitation. Ainsi qu'il le constate, le niveau de vie n'a pas subitement changé dans les démocraties populaires de l'Europe de l'Est soviétisée ; il a au contraire diminué, puisque les nouvelles classes dirigeantes ne consomment pas moins une moindre part du produit national que les anciennes. En clair, Là où existaient des syndicats libres, n'existent plus que des organismes soumis à l'Etat, dont la fonction est d'inciter à l'effort, non de revendiquer. Le risque de chômage a disparu, mais ont aussi disparu le libre choix du métier ou du lieu de travail, l'élection des dirigeants syndicaux, des gouvernants. Le prolétariat n'est plus aliéné, parce qu'il possède, selon l'idéologie, les instruments de production et même l'Etat. Mais il n'est libéré ni des risques de déportation, ni du livret du travail, ni de l'autorité des managers.32(*) En somme, la cumulation de ces trois mythes politiques que sont le mythe de la gauche, le mythe de la révolution et le mythe du prolétariat, forme la nature du régime soviétique, qui est, pour ainsi dire, totalitaire. Aron trouve donc qu'en plus d'être une utopie comme le sont tous les régimes politiques, le communisme est un mythe. Il est purement imaginaire, idéel et ses tentatives d'application sont exactement le contraire de ce qu'il prétend être. En 1977, soit soixante ans après le début de l'expérience totalitaire soviétique, il s'interrogeait sur la situation présente en ces termes : Que reste-t-il de deux mythes pseudo-scientifiques, l'un du marxisme - la destruction du capitalisme par ses contradictions internes -, l'autre du marxisme -léninisme, la transfiguration de la société ou même de la condition humaine par la suppression de la propriété privée des instruments de production ?33(*) Contre ce qu'il qualifie de sophismes et fausses subtilités, il donne raison à Soljenitsyne qui, dans sa Lettre aux dirigeants de l'Union soviétique, établit le constat de la faillite du marxisme (ou du marxisme-léninisme), doctrine « caduque » qui a « irrémédiablement vieilli » et qui, même dans les quelques décennies où elle était à son apogée, s'est trompée dans toutes ses prévisions et qui « n'a jamais été une science ».34(*) On remarquera que ce que critique Aron, ce n'est pas tant le marxisme dont certaines thèses sont vraies et réelles, mais les marxismes imaginaires, la « vulgate marxiste ». Les marxismes imaginaires sont de deux tendances : une tendance intellectuelle et une tendance proprement politique. La tendance intellectuelle se subdivise elle-même en deux orientations tantôt parentes, tantôt différentes. Il s'agit de l'école phénoménologico-existentialiste cautionnée par Sartre (Critique de la raison dialectique) et Merleau-Ponty (Humanisme et Terreur), et de l'école dite structuraliste d'Althusser (Pour Marx, Lire le Capital). Ces deux versions intellectuelles du marxisme qu'Aron qualifie de « saintes familles » ? en référence à l'opuscule de Marx intitulé La sainte Famille - voient en Marx un penseur inégalé et inégalable. Certes les économistes n'auraient pas pensé comme ils le pensent aujourd'hui, si Marx n'avait pas existé ; mais les existentialistes et les structuralistes sont-ils des économistes ? Il s'agit, dit Aron, de deux générations de marxistes vulgaires, opposés les uns aux autres par leur langage et leurs références théoriques, proches les uns des autres par leur gauchisme de principe, leur révolutionnarisme verbal, leur indifférence à la recherche humble et nécessaire des faits.35(*) Ces deux saintes Familles, poursuit Aron, ont pour principal mobile la passion politique. L'une et l'autre s'intéressent plus aux a priori philosophiques qu'à la réalité historique. Ni Althusser, ni Sartre qui, selon Aron, n'a d'ailleurs pas lu Marx, n'ont la moindre connaissance de l'économie politique et ne s'intéressent pas à la planification ou aux mécanismes de marché. Sartre voulait fonder le marxisme en tant que compréhension de la totalité historique. Althusser veut quant à lui dégager du Capital la théorie (ou pratique théorique) qui, à l'en croire, y serait incluse ; en d'autres termes, il veut montrer la scientificité du Capital. C'est ce qui fait dire à Aron que, Les deux projets, différents, se ressemblent par leur gratuité, sinon par leur contradiction interne. Comment une philosophie qui a pour point de départ le caractère translucide et totalisant (dialectique) du pour-soi (ou de chaque expérience vécue) pourrait-elle fonder la compréhension rétrospective d'une totalité historique inachevée ? Comment un philosophe, ignorant de la science économique, pourrait-il mettre au jour, par ratiocination intellectuelle, la scientificité du Capital, également méconnue par les fidèles et les adversaires de Marx ?36(*) Ce n'est pas pour autant exempter Marx de tout reproche, mais c'est que les interprétations et les applications politiques n'ont souvent rien à voir avec ce que lui-même a dit. Concernant justement la tendance politique, ses subdivisions sont aussi nombreuses que le sont les pays qui l'imaginent et l'appliquent et les circonstances dans lesquelles ils l'imaginent et l'appliquent. Disons un mot du stalinisme, du maoïsme et du léninisme qu'Aron tient pour l'interprétation la plus fausse du marxisme; mais laissons de côté le castrisme dont l'actualité pourrait, comme nous le craignons, soulever des passions. On peut cependant rassembler toutes ces espèces en deux groupes : les optimistes et les pessimistes. Le marxisme optimiste est celui des dirigeants soviétiques qui rattachent l'orthodoxie idéologique, le terrorisme, les procès, les excès du parti à la nécessité de l'édification industrielle ; tandis que la version pessimiste est, selon Aron, celui qui reprend le mode de production asiatique, explique le régime soviétique par la bureaucratisation totale de l'existence et affirme que les phénomènes déplorables sont inséparables d'un absolutisme bureaucratique, de parti unique et d'orthodoxie idéologique. Puisque nous nous intéressons avant tout aux gouvernements qui disent mettre en application la doctrine marxiste, relevons l'écart qu'il pourrait y avoir entre la pratique et la théorie classique du marxisme. De l'avis d'Aron, par fausse interprétation de Marx et au point de vue économique, Les bolchéviks avaient seulement quelques idées directrices : la propriété publique des instruments de production et la planification. En fait ils ont immédiatement établi la propriété publique des instruments de production, ils ont essayé de planifier l'économie, et ils ont par tâtonnements, par erreurs et par succès, organisé un régime de direction économique qui peut se justifier par référence à Marx puisque celui-ci n'a jamais dit comment on devrait organiser l'économie.37(*) Au point de vue politique, la situation était complexe encore. De l'affirmation marxiste selon laquelle l'Etat est l'instrument de domination et d'exploitation utilisé par une classe aux dépens d'une autre, les différents marxistes sont parvenus à réaliser le contraire, en renforçant davantage le pouvoir de l'Etat et en sacrifiant ainsi les masses prolétariennes qu'ils devaient originellement défendre. Il y a donc là un ensemble de mystifications faussement attribuées à Marx, mais aussi un ensemble de mythes politiques dus à Marx lui-même. Pour Jean-François Revel qui abonde dans le même sens du mythe socialiste, mais qui n'a d'indulgence ni pour Marx, ni pour les marxistes, on retrouve dans les sociétés communistes de premier rayon ? celles qui ont servi de prototypes aux copies plus petites et des métropoles aux filiales satellites ? une convergence de composantes dont les résultats cumulés tendent tous à l'anéantissement des populations. Suivant son analyse, La première composante est constituée par les purges périodiques, les exécutions massives, ce que l'on pourrait appeler la destruction directe. La deuxième est une destruction indirecte ou différée, par déportation des populations, [privations, mauvais traitements ou internement dans des camps de rééducation ou de travail...] La troisième composante est l'étrange génie que déploient tous les régimes communistes pour se lancer avec une implacable détermination dans les transformations économiques, en particulier agricoles, d'une stupidité qu'on ne peut la croire entièrement involontaire. [...] La quatrième composante est l'acharnement à détruire toute culture et à prévenir toute création s'écartant des dogmes marxistes-léninistes.38(*) Le socialisme, tire-t-il la leçon, régime de propagande, de mensonge et d'illusions est de nature intrinsèquement totalitaire et criminogène. Il reste et demeure l'opium des peuples et particulièrement l'opium des intellectuels comme l'a été le lyssenkisme39(*) en Union Soviétique. Le créationnisme américain barre la voie à l'évolutionnisme mais Aron et Revel pensent que le système anglo-saxon n'est pas pour autant idéocratique. Voici ce qu'en dit Aron : Intellectuels et militants reprennent le prophétisme de Marx et tel ou tel de ses arguments avec bonne conscience, en se démarquant de l'expérience soviétique. Jurant leurs grands dieux que leur marxisme n'a rien de commun avec celui que méprise Soljenitsyne, ils continuent de « marxiser » les universités, les sciences sociales, les revues politiques ou littéraires - naïvement convaincus que leur révolution n'aboutirait pas au même despotisme, trop acharnés à détruire la société capitaliste-libérale pour s'interroger sur la société qu'ils édifieraient sur les ruines.40(*) Que les Etats capitalistes aient commis des crimes, on ne peut le nier. Tous les Etats en commettent. Outre que les démocraties capitalistes ont commis des crimes qui n'ont pas le caractère massif et constant des crimes nazis ou communistes, la différence fondamentale est ailleurs. Elle est qualitative selon Revel : les démocraties capitalistes n'ont pas besoin de commettre des crimes pour se maintenir, alors que les systèmes totalitaires, quels qu'ils soient, ne peuvent pas survivre sans en commettre. Suivant l'analyse arendtienne, le régime totalitaire ne peut tenir que dans la mesure où il est capable de mobiliser la propre volonté de l'homme pour le forcer à entrer dans ce gigantesque mouvement de l'Histoire ou de la Nature auquel le genre humain est censé servir de matériel et qui ne connaît ni naissance ni mort.41(*) Suivant cette argumentation, le socialisme entend rendre l'homme libre alors qu'il dit ouvertement s'acharner contre les idées libérales de 1789. Belle contradiction qui s'illustre dans les faits par la chosification de l'homme. Les Etats totalitaires, fils aînés du socialisme, s'efforcent sans cesse - même s'ils n'y réussissent pas toujours complètement - de démontrer que l'homme est superflu. C'est bien à cette fin qu'ils pratiquent la sélection arbitraire des groupes à envoyer dans les camps, qu'ils procèdent régulièrement à des purges dans la bureaucratie ou le politburo et à des liquidations massives. Le trait de génie du communisme a été d'autoriser la destruction de la liberté au nom de la liberté. Il permettait aux ennemis de la liberté d'anéantir celle-ci, ou de justifier ceux qui l'anéantissent, au nom d'un argument progressiste. Il y a là le meurtre de la personne morale, l'anéantissement de la personne juridique et la destruction de toute individualité. Selon Arendt, l'ennui avec les régimes totalitaires, n'est pas seulement le fait qu'ils manipulent impitoyablement le pouvoir politique mais l'application de leur prétendue Realpolitik où on constate un suprême dédain des conséquences immédiates plutôt qu'inflexibilité, négligence des intérêts nationaux plutôt que nationalisme, mépris des considérations d'ordre utilitaire plutôt que poursuite inconsidérée de l'intérêt personnel. Le caractère total du socialisme, son ignorance délibérée des intérêts matériels, son affranchissement à l'égard du mobile du profit, ses comportements non-utilitaires en général relèvent donc tout simplement, dit Arendt, de son essence ironique, hypocrite et démagogique. Suivant ces descriptions, le dessein socialiste est un mythe ; son « scientisme » continue à présupposer qu'il a pour objet le bien-être de l'humanité, concept profondément étranger au totalitarisme qu'il réalise. Faute de s'appuyer sur des faits, reprend Revel, ses propres preuves le condamnent, le socialisme se réduit à cette croyance superstitieuse qu'on trouve dans quelque ciel lointain une société parfaite, prospère, juste et heureuse, aussi sublime que le monde suprasensible de Platon et aussi inconnaissable que la « chose en soi » de Kant. De ce qui a été vu et su jusqu'ici, l'essence du socialisme se traduit, selon lui, dans les mauvais résultats et les atrocités du communisme. Continuer d'avoir foi en tel système reviendrait à argumenter que l'erreur des conséquences prouve l'excellence du principe. Et Aron de conclure : Si, selon le mot de Marx, il convient de distinguer ce que les hommes sont et ce qu'ils croient être, cette distinction vaut tout spécialement pour des régimes qui se réclament d'une idéologie. Ces régimes s'efforcent de sauver l'idée qu'ils se font d'eux-mêmes, même lorsqu'elle a perdu toute relation avec le réel.42(*) Ce ton apaisant voudrait signifier que la condamnation du communisme n'implique pas nécessairement l'exaltation du pluralisme. Ce dernier n'est pas moins exempt de reproches. Parce qu'ils sont d'ailleurs deux solutions opposées à un problème identique - le bien-être social - Aron se propose d'étudier davantage leurs objectifs et leurs méthodes, à travers les relations qu'ils entretiennent entre eux, lorsqu'ils sont incarnés dans des Etats. * 28 R. Aron, L'opium des intellectuels, Calmann-Lévy, Paris, 1955, p. 22. * 29 Ibid., p. 47 * 30 In « Esprit » juillet-août 1951, cite par R. Aron, ibid., p.80. * 31 Jean-Paul Sartre, « Les communistes et la paix », in les « Temps modernes », octobre-novembre 1952, n°s 84-85, p.750, cité par R. Aron, ibid., p.80-81. * 32 R. Aron, ibid., p.88. * 33 R. Aron, Plaidoyer pour l'Europe décadente, p. 62. * 34 Idem. * 35 R. Aron, D'une sainte famille à l'autre, Essai sur les marxismes imaginaires, Ed. Gallimard, Coll. « Essais », Paris, 1969, p. 9. * 36 Ibid., p.76. * 37 R. Aron, Démocratie et totalitarisme, p. 247. * 38 J. F Revel, op.cit, p. 140. * 39 Du nom de Lyssenko, Président de l'Académie des sciences de l'URSS qui congédia la science moderne de Mendel à Morgan, l'accusant de « déviation fasciste de la génétique ». Il proscrivit les engrais, les hybridations et fit exclure les biologistes authentiques quand il ne les fit pas fusiller ou déporter. À ses yeux, la science contemporaine commettait le péché de contredire le matérialisme dialectique. * 40 R. Aron, Plaidoyer pour l'Europe décadente, p.70. * 41 Hannah Arendt, Le système totalitaire, p. 224. * 42 R. Aron, Démocratie et totalitarisme, p.239. |