II-5 Les enseignements du
sinistre de Skikda :
§ Une catastrophe est rendue possible par le
développement d'une urbanisation n'intégrant pas le risque, car
celui-ci se définit par la quantification des pertes potentielles dues
à un événement dans une région donnée et
durant une période déterminée. Or, l'urbanisation
développée dans notre pays, n'a pas pris en compte le risque et
n'a pas non plus capitalisé et valorisé les
expériences ; elle a abouti à une situation contradictoire.
En effet, au lieu de protéger l'homme et ses biens, elle a eu pour
effet de potentialiser les dangers.
§ Les évaluations qui sont effectuées
restent sommaires et d'ordre administratif, se limitant aux aspects humains
(nombre de décès, nombre de blessés...) et financiers,
mais occultent les impacts économiques et ne situent pas les
responsabilités. La prise en compte de l'ensemble de ces
éléments devrait être de nature à inciter les
différents acteurs à s'organiser et à se mobiliser dans
le cadre d'une approche concertée et responsable.
§ S'agissant des activités économiques
proprement dites , les aléas ont un impact aussi bien sur les
populations que sur les structures physiques et les activités
économiques :interruption des activités commerciales,
financières , productives et de transports ...
§ Skikda l'a échappé belle ! De l'avis de
tous les cadres du GL1K, la ville de Skikda et ses environs auraient
été rasés de la carte si l'incendie avait gagné les
bacs de stockage du gaz situés juste à côté de
l'unité 10 qui était heureusement à l'arrêt. Il faut
savoir, en effet, que le feu est parti de l'unité 40 avant de prendre
dans la 30 puis la 20. On estime que si les citernes avaient été
touchées, la déflagration aurait anéanti tout sur un rayon
de 45 km, c'est-à-dire toute la ville de Skikda et ses habitants. Fort
heureusement, l'incendie a pu être maîtrisé par les
vaillants sapeurs-pompiers, évitant ainsi un véritable Tchernobyl
à Skikda. Cela dit, l'explosion de lundi, à 18h40, a
été entendue même à Annaba située à
110 km des lieux, ce qui renseigne sur sa violence.
Fig. (6) les limites de la zone industrielle de Skikda
Source : image satellite quick bird 20/02/2004
CABINET D'EXPERTISE INDUSTRIELLE
« HALFAOUI »
Ces éléments peuvent se combiner, produire une
réaction en chaîne et devenir une catastrophe
majeure.
Ainsi, l'accroissement des potentiels humains et
économiques dans les villes, établissements humains,
c'est-à-dire les sites urbanisés, exposés aux risques,
rendent nécessaire le besoin d'une stratégie de réduction
du risque et de ses impacts à travers le triple processus du cycle de
l'événement :
ü activités
pré-événement : la prévention.
ü activités de prise en charge de
l'événement proprement dit ;
ü activités post-événement :
reprise des activités et correction des erreurs passées.
C'est à travers ce cycle d'activités que seront
testés et évalués les dispositifs de prise en charge des
risques en relation avec le développement de l'urbanisation telle
qu'elle s'est pratiquée, telle qu'elle est appelée à se
développer et telle qu'elle devrait se développer pour
réduire le plus possible la vulnérabilité des hommes et
des biens. Suivant cette méthodologie nous entamerons la dernière
partie de notre étude qui est le plan de délocalisation des
habitats et habitants et son impact sur la prévention des risques
industriels majeures.
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