II-1. Les
importants sinistres occasionnés au niveau du complexe (GNL)
L'Algérie, tout autant sinon plus que de
nombreux pays, est concernée par les risques inhérents aux
aléas naturels et industriels.
Lorsqu'on sait, en effet, que la concentration de sa
population se situe sur la frange côtière la plus
vulnérable, on comprend davantage pourquoi elle réunit toutes
les caractéristiques d'un pays à risques.
Ces aléas peuvent présenter une menace grave
pour les zones habitées, gravissime si l'on tient compte des extensions
urbaines incontrôlées autour d'importantes zones industrielles et
pétrochimiques, telles qu'à Alger, Skikda, Arzew, Bejaia ou Hassi
Messaoud.
L'objectif visé dans cette étude est donc
d'alerter sur les risques potentiels futurs, sans doute encore à
l'état de latence, mais qui peuvent un jour ou l'autre, surgir à
l'état de flagrance, l'urbanisation incontrôlée pouvant
alors donner à l'événement naturel ou industriel une
intensité démultipliée et une résonance
catastrophique et pour mieux cibler notre étude, en répondant
à la problématique posée nous devons voir l'historique des
importants sinistres au niveau du complexe de SKIKDA qui sont comme
suit :
v 03 Mars 1998 : le bilan de l'explosion du gazoduc a
occasionné 7 décès, 44 blessés, 10 maisons
détruites et 50 maisons endommagées.
v 19 Janvier 2004 : le plus important sinistre depuis la
création du complexe qui à fait 27 morts et 74 blessés et
des nuages de fumés qui s'est propagés dans la ville de
SKIKDA.
v Octobre 2005 : le bilan d'une explosion au sein du
complexe a occasionné 2 morts et des nuages de fumée qui se sont
propagés.
v Juin 2006 : un autre sinistre au niveau du même
complexe aucune perte humaine mais a provoqué des dégâts
matériels et la propagation de nuages de fumée.
Comme on peut remarquer plusieurs sinistres se sont produits
sur une période de 2 ans ce qui met en cause le plan de
sécurité et de prévention HSE adopté par SONATRACH.
II-2.
L'évaluation des risques liés à l'industrie
pétrolière et l'expertise du .......sinistre de SKIKDA
a. L'évaluation des risques liés
à l'industrie pétrolière :
Le risque industriel se caractérise par un accident se
produisant sur un site industriel et pouvant entraîner des
conséquences graves pour le personnel, la population, les biens,
l'environnement ou le milieu naturel.
Nature et effets des risques
On peut classer les risques par nature et effets.
- Les risques thermiques
L'exposition à un flux thermique lié à un
incendie ou à une explosion peut provoquer des brûlures à
des degrés variables, en fonction de la distance à laquelle on se
trouve.
- Les risques de surpression
Ces effets se font sentir suite à une explosion qui
provoque une onde de surpression pouvant déstabiliser les structures
matérielles (projections, effondrement des bâtiments) et causer
des lésions chez l'homme (lésions internes au niveau des tympans
et des poumons, traumatismes).
- Les risques toxiques
Suite à une fuite de gaz toxique, l'inhalation d'une
telle substance peut provoquer l'intoxication des individus exposés.
C'est par les poumons que les produits pénètrent dans le corps.
La peau et les yeux peuvent aussi être atteints. Selon que l'on est
gravement touché ou pas, les symptômes peuvent varier d'une simple
irritation de la peau ou d'une sensation de picotement de la gorge à des
atteintes graves, comme des asphyxies ou des oedèmes pulmonaires.
- Scénarios types : BLEVE et UVCE
Le B.L.E.V.E. : "Boiling Liquid Expanding
Vapor Explosion", c'est à dire explosion de gaz en expansion provenant
d'un liquide en ébullition. Une augmentation de température,
le plus souvent causée par un incendie, fragilise le métal de la
sphère de stockage. La sphère peut éclater sous l'effet de
la pression interne. L'éclatement, s'il a lieu, entraîne une
projection de fragments et/ou missiles, et la libération du gaz liquide
qui est instantanément vaporisé. Si le gaz en question est
inflammable, il y a formation d'une boule de feu avec un rayonnement thermique
intense. Les effets sont essentiellement des effets thermiques.
L'U.V.C.E. : "Unconfined Vapor Cloud Explosion",
c'est à dire explosion d'un nuage de gaz en milieu non confiné.
Suite à une fuite de gaz combustible, le mélange du gaz et de
l'air peut former un nuage inflammable qui rencontrant une source d'allumage
peut exploser. Les effets sont essentiellement des effets de pression.
- Effets indirects
Les effets indirects peuvent se manifester sous la forme :
- d'un dégagement de fumées toxiques lors d'un incendie ou
d'une explosion. - d'une pollution accidentelle des eaux souterraines ou de
surface en cas de déversement accidentel de liquide toxique, ou par les
eaux d'extinction d'incendie.
Aux risques liés à l'industrie
pétrolière du complexe de SKIKDA, nous devons ajouter les
aléas liés à la proximité des habitations proches
des installations de SONATRACH. Ainsi, au regard du manque de communication
vis-à-vis des tiers et de l'état de vétusté du
site, la survenance d'une catastrophe majeure prend de l'ampleur.
b.
L'expertise et le l'indemnisation du sinistre de SKIKDA :
Le complexe de gaz naturel liquéfié
GNL de Skikda représente 45% des exportations gazières
algérienne, soit près de 5 milliards de dollars
Le sinistre du 19 Janvier 2004 a dévasté trois
unités centrales du complexe sur une totalité de six, il s'agit
des unités 40, 30 et 20. Et des dommages au train 10 ainsi qu'aux
utilités, bâtiments et propriétés des tiers
environnant, L'explosion a également ravagé les ateliers de la
maintenance, les magasins, le bloc administratif et celui de la
sécurité et des dizaines de véhicules ont pris feu Ce
sinistre d'un montant de 447.000.000 USD est considéré comme
étant le plus important que le marché Mondial de
l'énergie a enregistré en 2004.
D'après le directeur de l'énergie et des mines
de la wilaya de Skikda une fuite massive de gaz au niveau de l'unité 40
du complexe serait la cause directe de l'explosion, nous pouvons dire que
l'accident est d'origine humaine un rapport implique même le directeur du
complexe qui reconnaît que « cette unité n'a pas
été rénovée malgré les problèmes
qu'elle enregistrait et qui étaient (les problèmes) bien connus
». Ainsi, il ressort du rapport de l'APW une nette confirmation que
l'incident aurait pu être évité. « Le PDG de la
compagnie était en visite au complexe du GNL deux mois seulement avant
la catastrophe il a été mis au courant de la situation de
l'unité 40. Pourquoi n'avait-il pas pris la décision
d'arrêter la production de cette unité du moment qu'elle n'a pas
été rénovée comme les autres unités ? »
. La vétusté des installations du complexe (datant des
années 70), et la surexploitation de l'unité 40 ou c'est produit
l'incident sont la cause principale du sinistre.
Si on analyse toutes les installations de SONATRACH, on
trouvera que la majorité de ces dernières dates de plus de 30ans,
à titre d'exemple le complexe d'Arzew est l'une des zones
pétrochimiques les plus vielles du monde (1956). Les gestionnaires des
risques au niveau de ses différentes installations doivent prendre en
considération la vétusté des installations afin de mieux
gérer les aléas et de minimiser les ampleurs des
dégâts en cas de survenance d'une catastrophe
Fig. () L'état du complexe GNL skikda après
l'explosion
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