CONCLUSION
En conclusion, le passage aux normes IFRS n'est pas seulement un
changement de référentiel comptable, c'est aussi l'adoption d'un
système totalement différent de mesure de la performance et de
communication avec les marchés. La plupart des entreprises gagneront
en transparence du fait, par exemple, de la présentation des
informations par segments et de la reconnaissance des produits
dérivés à leur juste valeur dans le bilan. Plus
généralement, c'est une information homogène, plus
détaillée et de meilleure qualité que devront fournir les
entreprises. D'autre part, l'application de ces normes induira plus de
transparence en terme de rating puisqu'elles permettront une bien meilleure
comparabilité (base harmonisée).
Mais l'adoption de ce référentiel comporte aussi
beaucoup d'écueils : ne contribuera-t-il pas, entre autres,
à un fort clivage entre les PME ou sociétés non
cotées et les grands groupes cotés ?
Nous sommes d'avis que c'est à chaque dirigeant de
juger si l'adoption des IFRS peut être intéressante pour son
entreprise. Par ailleurs, depuis 2005, les sociétés non
cotées qui établissent des comptes consolidés, peuvent
également, si elles le veulent, appliquer les IFRS. Tout cela
pourrait donc bien signifier que l'application des IFRS aux autres
sociétés non cotées (celles qui établissent
uniquement des comptes simples) pourrait se concrétiser dans un avenir
relativement proche. Les IFRS pourront se révéler une
opportunité vraiment intéressante pour les sociétés
non cotées d'une certaine importance (50 personnes, par ex.) qui
raisonnent et opèrent dans un contexte international.
Apparaît alors un problème de divulgation
d'information dans un contexte de concurrence : n'atteint-on pas
précisément ici une limite de la transparence ?
Si les normes internationales apportent très
certainement plus de rigueur et de cohérence, notamment sur les
marchés internationaux, que vont-elles réellement changer en
terme de transparence, concept si changeant et relatif ? Les
dérives ne seront-elles pas tout aussi nombreuses
qu'aujourd'hui ?
Les interrogations soulevées par les derniers scandales
boursiers remettent en cause l'establishment de la fiabilité des
informations comptables. Les différents outils d'investissement connus
et l'environnement, au sens large, de l'entreprise cotée se sont
modifiés en réaction pour rassurer les investisseurs.
Cependant, même si la loi sur la sécurité
financière et les notions d'audit interne tentent d'écarter les
problèmes liés à la comptabilité dite
« créative » et autres manipulations, des questions
peuvent encore être posées quant à la validité et la
fiabilité des informations fournies. Dans un avenir proche, et ce,
grâce aux nouvelles technologies de gestion, et à la gouvernance
d'entreprise, ces risques devraient cependant être plus réduits.
Le développement de critères sociaux et environnementaux, par
nature non financier, ouvre la question de l'évolution que ces
critères prendront pour le marché et les actionnaires.
La question reste finalement ouverte et seul l'avenir et
l'application concrète du référentiel permettront de se
faire une idée juste à ce sujet.
|